PARTIE 2 : L’HOMME BOULEVERSE LES GÉANTS DE LA NATURE L ES O C É A N S F A C E A U C H A N G E M E N T C L I M AT I Q U E LIVRET 10 S ommai r e 3 INTRODUCTION 4 L’ESSENTIEL 5 6 7 9 L’OCéAN ET L’ATMOSPHèRE, DES éCHANGES CONSTANTS • LE POUMON DE NOTRE PLANèTe • LES OCéANS, DES PUITS DE CARBONE • L’OCéAN AU CŒUR DU CYCLE DE L’EAU 10 11 14 LA MéCANIQUE OCéANIQUE • CONTRE VENTS ET MARéES, LES COURANTS MARINS • DES éLéMENTS PERTURBATEURS LOCAUX ET PONCTUELS 16 17 18 19 L’OCéAN ESSENTIEL POUR LES HOMMES • LE PLUS GRAND RéSERVOIR DE MATIèRES PREMIèRES DE LA PLANèTE • PIERRE ANGULAIRE DE L’éCONOMIE • DES Côtes prises d’assault 20 21 24 25 28 29 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LES ACTIVITéS HUMAINES BOULEVERSENT LES OCéANS • UN MIROIR DES ACTIVITéS HUMAINES • vers un océan sans poisson ? • BIENTÔT LES PIEDS DANS L’EAU ? • UN CAILLOU DANS L’ENGRENAGE OCéANIQUE • TROP PLEIN DE CO2 31 éPILOGUE 32 SOURCES PAGE 3 I nt ro d uction animales et végétales sur notre planète. 6,5 millions se trouvent sur la terre ferme et 2,2 millions en milieu aquatique. Or, sur ces 2,2 millions d’espèces, seules 3 à 5% ont été étudiées et un million seraient encore à découvrir ! Il y a 3,8 milliards d’années, la vie est apparue ici, au cœur des océans. Elle s’est développée en quelques millions d’années avant de gagner la terre ferme. Aujourd’hui encore, la vie sur notre planète reste fortement liée à la présence des océans. Ils jouent un rôle primordial dans l’équilibre de la planète. Partons à la découverte de cet univers fascinant et méconnu qui subit lui aussi les effets du réchauffement climatique. Découvrez la vidéo « L’océan et le réchauffement climatique » © sdecoret - Fotolia.com V ue de l’espace, la Terre ressemble à une petite bille bleue perdue dans le noir profond de l’univers. C’est pourquoi les astronautes l’ont surnommée « Planète bleue ». Cette belle couleur vient de l’immense étendue ininterrompue d’eau salée qui entoure les terres du globe. Voici l’océan. Appelé aussi océan mondial, ou planétaire, il est divisé en 5 grands ensembles : Atlantique, Pacifique, Indien, Arctique et Antarctique. Qui sont à leur tour chacun découpés en mers, golfes, baies, détroits… Au total, l’océan couvre près de 71% de la surface de la Terre ! Et pourtant, il nous est encore bien méconnu. Nous voyageons plus facilement dans l’espace que dans les profondeurs abyssales. La Lune nous est moins étrangère que les fonds marins qui nous entourent. Il faut dire qu’il n’est pas simple d’atteindre les grandes profondeurs. L’ endroit le plus profond de la planète se trouve dans le Pacifique, à l’Est des Philippines : la Fosse des Mariannes et ses 11 034 mètres détiennent le record de profondeur. Seules deux expéditions ont déjà réussi à y accéder. Pour une grande partie, les habitants du monde du silence nous sont eux-aussi étrangers. En 2011, des études américaines ont recensé 8 700 000 espèces PAGE 4 L ’ ES S E N T I E L 1 Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les forêts mais les océans qui sont le poumon le plus actif de notre planète. Ils nous fournissent plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons. 2 Les océans jouent un rôle essentiel pour la planète. En tant que puits de carbone, ils captent une partie importante des émissions de gaz carbonique, notamment dues aux activités humaines. 3 L’océan est animé par un brassage permanent. Les courants de surface et les courants profonds transportent la chaleur d’une région du globe et à une autre et participent ainsi à la régulation du climat de la Terre. 4 5 Les activités humaines ont également un impact sur l’océan. Chaque année des millions de déchets y sont déversés. La surpêche met quand à elle de nombreuses espèces animales et végétales en danger. En émettant du CO2 dans l’atmosphère, les hommes réchauffent la planète et bouleversent l’équilibre des océans : le niveau des eaux augmente, la circulation océanique est perturbée et l’eau des mers devient plus acide. CHAPITRE 1 L ’ O C é A N E T L ’ AT M O S P H è R E , D ES é C H A N G ES C O N STA N TS PAGE 6 LE POUMON DE NOTRE PLANèTE Partout dans l’océan, là où filtre assez de lumière et abondent les nutriments, vivent des organismes microscopiques : de petites algues qui portent le nom de phytoplancton ou plancton végétal. Ensemble, ces milliards de petits végétaux marins forment des nuées vertes au cœur des mers, dont les satellites photographient parfois les efflorescences massives, visibles de l’espace. Ce sont les producteurs primaires de l’océan, comme les végétaux terrestres sont ceux des forêts. les invertébrés, les poissons, les requins et jusqu’à l’homme. Le phytoplancton est indispensable à la vie. Des plus petits organismes aux plus grands prédateurs, l’ensemble de la chaîne alimentaire marine commence par ces organismes microscopiques. Le phytoplancton est mangé par le zooplancton – le plancton animal - qui va être mangé à son tour par un autre type de zooplancton, carnivore cette fois-ci. On peut remonter ainsi toute la chaîne alimentaire en passant par Pour cela il a besoin d’eau, de lumière et de dioxyde de carbone. Afin de capter le maximum de lumière, le plancton végétal se développe au plus près de la surface de l’eau. Il absorbe alors le CO2 atmosphérique dissout dans la couche superficielle de l’océan. En utilisant de l’eau, l’énergie fournie par la lumière et le dioxyde de carbone, le phytoplancton produit de l’oxygène et du glucose : c’est la photosynthèse. © Wild-Touch / SarahSitruk Les chaînes alimentaires marines dépendent donc entièrement du phytoplancton. Et la vie terrestre aussi ! Ces micro-organismes qui fournissent plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons ? Les océans sont le poumon le plus actif de notre planète. Comme les plantes sur Terre, le phytoplancton produit une réaction de photosynthèse, sous-marine cette fois-ci. PAGE 7 LES OCéANS, DES PUITS DE CARBONE C’est en grande partie grâce au microscopique phytoplancton que les océans détiennent le titre de principal puits de carbone naturel de la Terre. Par le mécanisme de la photosynthèse, ces micro-algues et les cyanobactéries - un ensemble de bactéries qui font elles aussi de la photosynthèse - jouent un rôle dans la séquestration du CO2. Leur pouvoir de captation du dioxyde de carbone est extraordinaire : chaque année, elles attrapent 70 milliards de tonnes de carbone. Parmi elles figurent le quart des émissions de CO2 dues aux activités humaines. donc du dioxyde de carbone (CO2) qui se dissout en interagissant avec les molécules d’eau (H2O). Emprisonnées dans les océans, ces quantités de carbone ne contribuent plus à l’effet de serre. © CNRS Photothèque / Frédéric ZUBERER Les masses d’eau de surface, en contact permanent avec l’atmosphère, capturent © Creative Commons Kevin Dooley Les mers du globe forment ainsi un réservoir de carbone d’une capacité 20 fois supérieure à celle de la biosphère. © Wild-Touch / Sarah Del Ben © Lucie Jourdane © Creative commons Eustaquio Santimano © Wild-Touch / Yanick Gentil PAGE 8 Q u ’ e s t - c e q u ’ u n p u i t s n a t u re l d e c a r b o n e ? Forêts, océans, mangroves et tourbières, les puits de carbone sont des réservoirs qui captent et stockent le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère. Grâce à ce processus les océans, participent à la régulation du climat. Les puits de carbone constituent un élément essentiel de la lutte contre le réchauffement climatique, car ils stockent une partie importante du gaz carbonique présent dans l’atmosphère. Les principaux puits de carbone naturels de notre planète sont les écosystèmes terrestres et maritimes, mais bien devant les forêts et les tourbières, le principal puits naturel de carbone est l’océan mondial. Pourtant ces puits naturels de carbone, sur terre comme en mer, subissent les effets des dérèglements du climat. Les chiffres sont formels : leur capacité d’absorption de CO2 diminue et cela risque de poser de graves problèmes à l’avenir, quand le carbone viendra à s’accumuler dans l’atmosphère, accentuant encore un peu plus l’augmentation des températures sur Terre. PAGE 9 L’OCéAN AU CŒUR DU CYCLE DE L’EAU L’ océan et l’ atmosphère échangent aussi de l’eau. Leur lien est très fort dans le cycle de l’eau. L’ eau océanique s’ évapore et rejoint l’atmosphère avant de se déverser à nouveau sur terre sous forme de précipitations. L’ océan libère ainsi des milliards de litres d’eau chaque seconde. Il est amusant de voir à quel point la couleur bleue que l’océan donne à notre planète est trompeuse. Car si les océans couvrent plus de 70% de la surface du globe, l’ eau ne représente que 0,023% de la masse totale de la Terre et moins d’un millième de son épaisseur ! Po u rq u o i l ’ e a u d e m e r e s t - e l l e s a l é e ? Comment ces éléments se retrouvent-ils dans l’eau ? C’est lors de son voyage à travers la planète que l’eau se charge en ions. Lorsqu’elle s’écoule sur terre et dans les rivières, l’eau s’enrichit de sels et de minéraux par dissolution des roches. Les eaux douces souterraines et de surface sont donc très légèrement « salées » à cause de ces ions. Par écoulement, ces ions sont entraînés jusqu’à l’océan. Lorsque l’eau s’évapore à nouveau, les ions demeurent dans l’océan où leur concentration augmente. Le sodium peut aussi provenir du plancher océanique duquel il a été arraché lors de la formation initiale des océans. L’autre ion dominant du sel, l’ion chlorure, provient de gaz présents à l’intérieur de la Terre. Les mers se chargent de ces ions lors des éruptions volcaniques, à terre, ou des monts hydrothermaux, des cheminées sous-marines qui rejettent de la fumée appelées fumeurs noirs. Les échanges qui se produisent entre l’océan et l’atmosphère sont au cœur de l’équilibre de notre planète. Le contact permanent © Creative Commons Steve Grosbois On dit de l’eau de mer qu’ elle est « salée » parce qu’elle contient des substances dissoutes, les sels, comme l’ion chlorure ou l’ion sodium. On trouve 30 à 40 grammes de sels dissous pour un kilogramme d’eau de mer. En proportion, 97,2% de l’eau de la planète est salée. Et seulement 2,8% de l’eau est douce. Une partie de cette eau douce est emprisonnée dans les glaces des calottes polaires ou est stockée dans les nappes souterraines, les lacs, les rivières et l’atmosphère. Au final, moins de 1% de l’eau présente sur la planète est disponible pour les besoins de l’homme. Et parmi elle, seule une infime partie est propre à la consommation. entre ces deux géants est à l’origine des grands mouvements qui animent les masses d’eau. CHAPITRE 2 LA MéCANIQUE OCéANIQUE PAGE 11 Photo : © Creative Commons abac077 Schéma : © Loïc Fontimpe CONTRE VENTS ET MARéeS, LES COURANTS MARINS Les océans sont loin d’être une vaste étendue d’eau calme ! C’est un univers tumultueux, empli de tourbillons auxquels s’ajoutent de grands courants océaniques. En soufflant, les vents agitent la surface de l’eau et mettent en mouvement les eaux de surface qui entraînent à leur tour les eaux un peu plus profondes. Les mille premiers mètres subissent ainsi la puissance des vents qui activent les grands courants de la planète : le Gulf Stream, le Kuroshio, l’Antarctique circumpolaire… Les courants ne suivent pas exactement le sens du vent. La rotation de la Terre influence leur direction. Selon si l’on est dans l’Hémisphère Nord ou Sud, les courants seront déviés plutôt à gauche ou à droite. Les courants ne sont pas les seuls mouvements qui agitent la surface des océans. La conjonction de vents très puissants, et d’une baisse de pression atmosphérique est à l’origine des tempêtes. Elles ne doivent pas être confondues avec les tsunamis. Ces vagues géantes, qui peuvent ravager les littoraux où elles s’abattent, ne sont pas liées aux vents mais aux mouvements des plaques tectoniques. Un séisme ou une éruption volcanique sous-marine provoquent le déplacement d’une énorme masse d’eau, à l’origine des tsunamis dévastateurs pour les régions côtières. Même la Lune joue les agitatrices ! Les océans sont aussi animés en surface par une force lointaine et puissante : la force gravitationnelle de la Lune. Chaque jour, cette force provoque le phénomène des marées et participe ainsi au grand brassage des eaux de surface. © Creative Commons Miwok PAGE 12 Grâce aux courants marins, les océans jouent un rôle clé dans l’équilibre du climat sur Terre. Présents dans tous les océans du globe et connectés entre eux, ils redistribuent la chaleur des eaux chaudes vers les eaux froides de la planète, des régions tropicales aux régions polaires. Cet extraordinaire système de tapis roulants de chaleur est appelé circulation thermohaline. Une fois emportée dans ce circuit, une goutte d’eau va accomplir un véritable tour du monde qui prendra près de 2 000 ans. Tombée à l’Ouest du Mexique, son voyage commence dans un courant de surface du Pacifique tropical, passe dans l’Océan Indien, contourne l’Afrique, atteint le Sud de l’Atlantique, remonte vers l’Equateur et poursuit encore vers le Nord. Arrivée aux confins du Groenland, la petite goutte d’eau va plonger dans les profondeurs et entamer son trajet de retour qui l’amènera autour de l’Antarctique, avant de remonter très lentement des abysses vers la surface. © Loïc Fontimpe © Les moteurs qui permettent aux masses d’eau de se déplacer sont les différences de température et de salinité entre les couches d’eau de l’océan : L’eau froide est plus dense que l’eau chaude. L’eau salée plus dense que l’eau douce. à l’équateur, l’eau chaude et peu salée remonte vers les régions polaires où elle se charge en sel lorsque l’eau se transforme en glace. Elle plonge alors dans les profondeurs pour revenir aux tropiques. PAGE 13 © Loïc Fontimpe Q u ’ e s t - c e q u e l e G u l f S t re a m ? L’un des courants océaniques les plus connus est le Gulf Stream. On en entend particulièrement parler dans le contexte du réchauffement climatique avec cette inquiétude : et si le Gulf Stream s’arrêtait ? Derrière cette question pointe le spectre d’une Europe du Nord recouverte par les glaces. Qu’en est-il ? Le Gulf Stream est le principal courant de l’Atlantique Nord. Il se forme à l’Est de la Floride par la rencontre de plusieurs masses d’eau parvenues jusqu’au Golfe du Mexique. Ce courant marin est souvent comparé à une rivière qui circulerait au cœur de l’océan, une rivière plus puissante qu’aucun fleuve sur terre. Son débit peut atteindre jusqu’à 140 millions de mètres cubes par seconde. Mille fois plus que le fleuve Amazone ! Le Gulf Stream est un courant chaud qui se dirige vers l’Est et le Nord-Est, il adoucit le climat du Nord de l’Europe en limitant la formation de glace de mer. Cette dérive atlantique permet aux populations de vivre sur le littoral dans un climat tempéré. Le Gulf Stream est un maillon essentiel de la circulation thermohaline. Son extrémité nord réchauffe les eaux des mers du Groenland, de la Norvège et de l’Islande. Dans ces régions, la capacité de ses eaux à plonger vers les profondeurs dépend des paramètres des eaux de surface. Si le réchauffement climatique ou la fonte des glaces viennent à diminuer leur densité, la plongée des eaux de surface pourrait être ralentie voire bloquée. L’intensité de la circulation thermohaline en serait diminuée, ce qui pourrait provoquer un refroidissement de ces régions. Le 5ème rapport du GIEC confirme qu’il est probable que le Gulf Stream ralentisse au cours du XXIème siècle. Mais son arrêt, lui, n’est pas pour demain. PAGE 14 DES éLéMENTS PERTURBATEURS LOCAUX ET PONCTUELS À cette circulation viennent s’ajouter des phénomènes perturbateurs ponctuels. C’est le cas des phénomènes El Niño et La Niña, témoins du lien étroit entre l’océan et l’atmosphère. On entend souvent dire qu’El Niño et La Niña sont des courants, et notamment qu’El Niño est un courant chaud. Or ce n’est pas tout à fait exact. Ce sont plutôt deux états opposés d’une oscillation climatique qui a lieu dans le Pacifique tropical. Ce phénomène climatique est tellement puissant qu’il a des répercussions sur l’ensemble de la planète. Les grandes vagues d’Hawaï ou de Californie, emblématiques pour les surfeurs, sont dues à de la houle longue, générée par des orages des milliers de kilomètres plus loin. Phénomène climatique normal AMérique du Sud Eau FROIDE Voilà comment les choses se déroulent en temps normal, sans l’intervention de El Niño et La Niña. Aux abords de l’Indonésie, dans le Pacifique équatorial, se trouve une immense masse d’eau très chaude, aux alentours de 30 degrés. Les alizées soufflent vers les côtes asiatiques et maintiennent cette nappe d’eau chaude dans la région. Elle entraîne une forte évaporation qui donne lieu à d’abondantes précipitations, arrosant ainsi toute l’Asie du Sud-Est, de l’Indonésie à l’Australie. A l’inverse, de l’autre côté du globe sur les côtes de l’Amérique du Sud, l’eau est beaucoup plus froide, proche de 15 degrés. Nous sommes au niveau de l’équateur, mais c’est ici que remontent les eaux froides et profondes qui charrient nutriments et plancton dont raffole la vie marine. Les poissons viennent frayer ici en abondance, assurant une pêche faste tout au long de l’année. Eau CHAUDE ASIE DU SUD-EST PAGE 15 El Niño La Niña Mais tous les trois à dix ans, à un rythme assez irrégulier, ce bel équilibre est perturbé. La pression atmosphérique augmente vers l’Asie et diminue vers l’Amérique. Les vents diminuent soudain et leur intensité n’est plus assez forte pour maintenir la masse d’eau chaude au large de l’Indonésie. Celle-ci se déplace alors et traverse l’océan Pacifique jusqu’à l’Amérique du Sud. Les eaux péruviennes se réchauffent. Les poissons se font rares et de violentes précipitations s’abattent sur l’Amérique du Sud. De son côté, l’Asie subit une terrible sécheresse. C’est ce qu’on appelle le phénomène El Niño. Cette perturbation peut durer de 10 à 14 mois. C’est alors que La Niña entre en jeu, rebattant les cartes. Les vents changent et repoussent la masse d’eau chaude vers l’Indonésie. La remontée des eaux froides au niveau du Pérou se remet alors en marche. Mais cette fois-ci, le système est accentué : les vents sont encore plus forts et les eaux encore plus froides. Voilà ce que l’on nomme La Niña. Dans leur sillage, El Niño et La Niña bouleversent complètement le climat de ces deux régions et ne sont pas sans conséquences pour les populations locales. Parmi elles, des pénuries de poissons au Pérou. Ou encore d’intenses sécheresses en Asie. Phénomène El Niño AMérique du Sud Eau CHAUDE ASIE DU SUD-EST PAGE 16 CHAPITRE 3 L’OCéAN ES S E N T I E L P O U R L ES H O M M ES PAGE 17 LE PLUS GRAND RéSERVOIR DE MATIèRES PREMIèRES DE LA PLANèTE Mais, les espèces qui peuplent les mers ne sont pas les seules ressources à intéresser les hommes. Les fonds marins renferment de véritables trésors : d’immenses réserves de matières premières et d’hydrocarbures. Les profondeurs océaniques renferment ainsi d’immenses poches de pétrole. Mais leur extraction relève du défi technologique et présente une prise de risque écologique énorme : au moindre dysfonctionnement, des litres de pétrole peuvent se répandre directement dans les profondeurs marines et détruire des écosystèmes rares et fragiles. D’autre part, 80% des réserves minérales terrestres se trouvent sous les eaux océaniques. On y trouve aussi des métaux comme le cuivre ou le cobalt, utilisés pour fabriquer les smartphones et les ordinateurs. Voilà pourquoi, pour nos sociétés, qui reposent en grande partie sur les énergies fossiles, ces réserves attisent les convoitises. © Creative Commons Romain Lefort L’océan est en premier lieu un réservoir de nourriture. Chaque jour, près de 3,5 milliards de personnes y trouvent leur première source de protéines. Autrement dit, près d’un être humain sur deux se nourrit grâce aux poissons, aux crustacés, aux coquillages… L’océan est en quelque sorte le « garde-manger » de l’humanité. © Creative Commons Seema Krishnakumar © Creative Commons Agência Brasil © Creative Commons Merlijn Hoek PAGE 18 PIERRE ANGULAIRE DE L’éCONOMIE Pêche, exploitation des ports, transport maritime, activités offshore… Le secteur maritime joue un rôle très important dans l’économie mondiale. C’est à travers la navigation que le commerce international est né. Aujourd’hui encore ce mode de transport est au cœur des échanges mondiaux, près de 90% des marchandises traversent les océans à un moment de leur commercialisation. En France, le secteur maritime représente plus d’emplois que les banques ou l’industrie automobile. Cela n’est pas dû au hasard. La France est un géant océanique. Avec ces 11 millions de km2, elle possède le deuxième plus grand espace maritime au monde derrière les états-Unis. La grande majorité de ce territoire maritime se dessine le long des côtes d’OutreMer. La Polynésie française à elle seule fait la taille de l’Europe. L’ océan représente aussi un enjeu majeur pour l’industrie pharmaceutique. La diversité animale et végétale constitue un formidable stock de molécules. La moitié des médicaments que l’on trouve en pharmacie sont issus de la nature et la recherche se penche de plus en plus sur les océans pour en élaborer de nouveaux. Les mers du globe abritent des espèces confrontées à des environnements très différents qui leur posent des défis diversifiés. La vie n’est pas la même dans les mers chaudes des tropiques, dans les océans des Pôles, dans les profondeurs des abysses ou à la surface de l’eau. A chaque étage, les espèces marines doivent trouver les clés pour s’adapter à leur environnement. L’ observation de toutes ces espèces, de la manière dont elles se comportent, des facultés qu’elles développent permet aux scientifiques d’élaborer des médicaments. L’ objectif, pour les chercheurs, est de copier les propriétés de molécules présentes dans la nature qui leur permettront de s’attaquer à des virus, de trouver des solutions contre certaines maladies. Ils partent ainsi en quête des bonnes molécules, observent les actions qui leur sont propres. Puis, une fois qu’ils ont repéré celles qui ont activité intéressante, ils les isolent et les testent en laboratoire. Ensuite, les plus prometteuses sont modifiées et adaptées pour être utilisées à des fins médicales. Il faudra alors recréer ces molécules artificiellement. Ce qui permettra de les reproduire en très grand nombre. Avec elles, de nouveaux médicaments verront le jour. PAGE 19 DES CôTES PRISES D’ASSAUT © Lucie Jourdane Deux personnes sur trois vivent au bord des océans, sur une bande de terre infime, de 60 de kilomètres de large. En France on compte ainsi 272 habitants au km2 contre 108 en moyenne sur le reste du territoire. Et la population côtière voit son nombre augmenter en période estivale. En Méditerranée, premier centre touristique au monde, les touristes affluent du monde entier pour se baigner et profiter du soleil. Mais comment les accueillir ? Pour répondre à la demande, les pays voisins ont dû construire sur les côtes des hôtels et autres infrastructures. Cette urbanisation massive des littoraux a accentué le bétonnage des paysages, repoussé la faune et la flore… L’ urbanisation à outrance des bords de mer est un réel souci écologique. Bien souvent, le littoral devient aussi le dernier refuge de populations poussées à fuir par la destruction d’autres milieux naturels. Ainsi, dans les pays d’Asie du Sud Est, la déforestation provoque l’exode vers les côtes. Au-delà de la nature empiétée, les milliers de personnes qui habitent sur les littoraux et se pressent sur les côtes en été, génèrent nécessairement d’énormes quantités de déchets et d’eaux usées. Si leur traitement n’est pas efficace, des tonnes de déchets supplémentaires partent directement dans les océans, et bouleversent l’équilibre marin. PAGE 20 CHAPITRE 4 L E C H A N G E M E N T C L I M AT I Q U E E T L ES A CT I V I T é S H U M A I N ES B O U L E V E RS E N T L ES O C é A N S PAGE 21 UN MIROIR DES ACTIVITéS HUMAINES Comment ces déchets traversent-ils les continents pour finir au cœur des océans ? La canette jetée dans la rue, le mégot de cigarette laissé au sol, le sac plastique qui s’envole : chaque déchet que l’on ne jette pas dans une poubelle pour qu’il soit recyclé a de grandes chances de finir sa course dans les océans. C’est surtout vrai pour les déchets solubles qui passent par les éviers, les toilettes, les égouts d’usine. Emportés par les vents, poussés par la pluie, ces détritus s’échouent sur les bords des rivières, sont embarqués par les flots, rejoignent les fleuves et finissent dans l’océan. Une fois dans le grand bain, les déchets plastiques mettront plusieurs centaines d’années avant de disparaître. © Creative Commons Boris Drenec © Creative Commons Viability Street Chaque année, ce sont près de six millions de déchets qui se déversent dans les océans, une quantité vertigineuse ! Ces déchets proviennent à 75% de la terre. Le reste est généré par les activités maritimes, le transport ou la pêche. Engrais, pesticides, rejets industriels sont autant de polluants. Mais c’est le plastique qui représente l’immense majorité des déchets océaniques. Trois cent millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dont plus de 10% se retrouvent dans les mers du globe. PAGE 22 UN 8ème continent... de plastique © Creative Commons Pierre Guinoiseau Sur la planète, quatre étendues de déchets similaires ont été recensées. Même l’Antarctique isolé de toute civilisation, perdu à plusieurs milliers de kilomètres de toute ville, n’est pas à l’abri de cette pollution. On retrouve des déchets jusque sur ses côtes. © CNRS Photothèque - FICHAUT Bernard L’ampleur du phénomène est telle qu’un véritable continent de plastique a été découvert en 1997 dans le Nord-Est du Pacifique. Il s’étend sur 3,4 millions de km soit six fois la superficie de la France ! L’ image du continent est un peu fausse, elle symbolise surtout l’idée d’une immense plaque compacte de déchets dérivant sur les océans. Ce sont plutôt des millions de micro particules de plastique en suspension à la surface ou dans les 30 premiers mètres de l’océan. C’est pourquoi on parle aussi de soupe de plastique. Cet amas de déchet s’est formé ici, au cœur du Pacifique, par le jeu des courants. Dans cette région du globe, les courants se rencontrent et, animés par la rotation de la Terre, ils créent un tourbillon où se sont accumulés les déchets transportés dans les eaux au fil des années. PAGE 23 La présence de déchets dans les océans et notamment de microparticules de plastique est une véritable catastrophe pour l’ensemble de la biodiversité. Chaque année, le plastique tue 100 000 mammifères marins, un million d’oiseaux et un nombre incalculable de poissons. Confondu avec le plancton, le plastique est avalé par les tortues, les mammifères… et finit par obstruer leurs systèmes digestifs. Le naufrage de l’Erika en 1999 a marqué la France. En décembre, lors d’une violente tempête, le navire maltais se brise au large de la Bretagne. à son bord il transporte plus de 30 000 tonnes de fioul qui s’écoulent alors dans l’Atlantique. La marée noire s’étend sur plus de 400 km, et atteint les côtes françaises. Le Finistère, le Morbihan, la Loire Atlantique, la CharenteMaritime, aucun département n’est épargné. Certaines zones sont couvertes d’une couche de fioul de 5 à 30 cm d’épaisseur. C’est une catastrophe. Les scènes apocalyptiques se multiplient : les plages sont recouvertes de cette substance visqueuse, les oiseaux prisonniers, les plantes asphyxiées, l’odeur du pétrole se répand… La réaction s’organise, le fioul restant dans les cuves du navire est pompé, des opérations de nettoyage du littoral se mettent en place. Les dégâts sont colossaux : au niveau écologique, sanitaire et économique. Les touristes désertent la région ; les ostréiculteurs doivent abandonner leurs cultures ; des milliers d’oiseaux meurent ; les substances réputées cancérigènes du fioul se diffusent… Des années ont été nécessaires pour nettoyer les côtes et les conséquences sont pour certaines irréparables. © Creative Commons Marie Sophie Bock Digne La biodiversité marine doit aussi faire face à des pollutions plus ponctuelles mais tout aussi dramatiques. Ce sont les fameuses marées noires. Elles surviennent de façon volontaire ou accidentelle et se traduisent par le déversement dans l’océan d’importantes quantités d’hydrocarbures. Le pétrole vient napper la surface de l’eau et dérive au gré des courants. La marée noire est ainsi repoussée vers les continents et vient polluer les côtes. PAGE 24 VERS UN OCéAN SANS POISSONS ? © Creative Commons Magali M © Creative Commons Yannick Par le passé, les pêcheurs partaient en mer avec de petites embarcations, pêchant pour se nourrir et vendre leur butin à la population locale. Les années 50 marquent un tournant. La pêche s’industrialise. De grosses embarcations sillonnent désormais les mers équipées d’immenses filets, de radars qui permettent à coup sûr de localiser le poisson. Certains navires usines sont capables de congeler le poisson, permettant aux pêcheurs de ratisser une zone sans avoir à rentrer au port. Difficile d’échapper à cette pêche intensive. Les quantités pêchées ne cessent d’augmenter. D’autant que le commerce n’est plus local mais s’exporte désormais dans le monde entier. La conséquence ? De nombreuses espèces de poissons sont aujourd’hui menacées de disparition, victimes de la surpêche. Les poissons adultes sont capturés avant d’avoir eu le temps de se reproduire, de grandir et de conserver une population pérenne. La surpêche est un véritable danger pour les poissons mais elle bouleverse également les activités humaines. Quand les quantités de poisson diminuent, ceux qui en vivent risquent de perdre leur emploi et leurs revenus. © Creative Commons F Lamiot Depuis toujours, l’océan sert de garde-manger pour les hommes. Pendant longtemps, il a été considéré comme une réserve inépuisable. Force est de constater que c’est une idée fausse. D’année en année, les stocks de poissons diminuent. Depuis le milieu du XXème siècle, la pêche a subi une profonde mutation. PAGE 25 BIENTÔT LES PIEDS DANS L’EAU ? © CNRS Photothèque / Thomas VIGNAUD Si la pollution à des effets bien visibles sur les océans, d’autres activités plus difficiles à voir les bouleversent en profondeur. Depuis plus d’un siècle, nous émettons de plus en plus de CO2 dans l’atmosphère. Puissant gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone réchauffe la Terre. On assiste depuis quelques années à une hausse mondiale des températures. L’ océan, agissant comme une plaque de fonte, stocke de plus en plus de chaleur et se réchauffe. Une eau plus chaude a des conséquences sur les écosystèmes vivant au cœur des océans qui doivent s’adapter à cette nouvelle donnée. Mais plus étonnant, en se réchauffant, l’eau fait monter le niveau des océans. Comme cela est-il possible ? Les propriétés de l’eau font qu’une masse élémentaire d’eau chaude se dilate, comme si elle gonflait, et occupe un espace plus important. C’est cette dilatation qui provoque en partie la montée du niveau des océans. Depuis 1993, les satellites altimétriques Topex et Jason1/2 observent les variations du niveau de la mer sur tout le globe. Depuis 2005, le programme international ARGO a couvert l’ensemble des océans du globe de balises de mesure de la température et de la salinité. Elles peuvent plonger jusqu’à 2 000 mètres pour effectuer des mesures très précises. Ces mesures fournissent aux chercheurs de précieuses informations. Ainsi, on apprend que chaque année le niveau des océans monte de 3,2 mm. La dilatation de l’eau est responsable d’une montée de 1,1 mm par an. La fonte d’une partie de la cryosphère, les glaces de terre, joue elle aussi un rôle important. Les glaciers représentent une augmentation de 0,9 mm/an et les calottes de glace de 0,6 mm/an. PAGE 26 Cependant l’eau ne monte pas autant sur l’ensemble de la planète. On observe de fortes disparités régionales. Par exemple, dans l’Ouest du Pacifique, l’eau est montée de 20 cm au cours des 20 dernières années. Et les prévisions annoncent d’ici 2100 une hausse de 30 cm à 1 mètre, d’après le dernier rapport du GIEC ! Au contraire, la côte Ouest Américaine perd chaque année environ 1 mm. Ces disparités sont dues aux courants marins qui font circuler les masses d’eau. Là où se concentre la chaleur, l’eau monte. Là où se trouvent les masses d’eaux froides, le niveau des océans baisse. À l’échelle du globe, certaines régions seront plus vulnérables que d’autres à cause de leur localisation. En Europe, les Pays Bas, la Camargue, et en particulier la ville de Venise sont parmi les zones les plus vulnérables à la hausse des océans. Les pays les plus riches auront plus de moyens pour lutter contre les problèmes liés à la hausse du niveau des océans. New-York s’est développée au bord de l’eau, c’est aujourd’hui une métropole de millions d’habitants qui est menacée par la hausse du niveau des océans. Mais cette ville peut mettre en œuvre des investissements considérables en place pour anticiper ce phénomène et s’en protéger. Ce n’est pas le cas du Bangladesh. Ce pays parmi les plus pauvres risque d’être en partie submergé. Une catastrophe, car avec ces 158 millions d’habitants, le Bangladesh est l’un des pays les plus peuplés au monde. © Creative Commons MorBCN La hausse régionale du niveau des océans est encore dominée par les variations normales du système. Il est pour l’heure difficile pour les scientifiques de démontrer l’influence des activités humaines régionalement, il faut attendre un signal très fort : soit des émissions de CO2 encore plus fortes. C’est dans les régions où les variations normales sont calmes que le forçage des activités humaines se fait sentir le plus vite. C’est le cas dans l’océan Atlantique par exemple où les signes anthropiques vont rapidement être visibles. Les chercheurs qui travaillent sur cette question estiment que d’ici 20 ou 30 ans, l’ensemble de l’océan mondial devrait ressentir les impacts des activités humaines. © Creative Commons Mariusz Kluzniak © Creative Commons Nathan Siemers PAGE 27 UN CAILLOU DANS L’ENGRENAGE OCéANIQUE PAGE 28 © CNRS Photothèque / Xavier FAIN © Loïc Fontimpe En se réchauffant l’océan accélère la fonte des glaces. La banquise et les calottes de glace qui ont les pieds dans l’eau se réchauffent au contact de l’océan et fondent. La fonte des glaces agit sur le niveau des océans, mais elle perturbe aussi la circulation océanique parce qu’elle libère de l’eau douce au niveau des Pôles. Plus légère que les eaux salées, l’eau douce vient tapisser la surface des océans polaires. Ces régions jouent un rôle clé dans la grande boucle océanique, c’est ici que plongent les eaux profondes. La pellicule d’eau douce relâchée par les glaces peut empêcher ou du moins diminuer cette plongée et, à terme, ralentir la circulation thermohaline. Or, si le grand tapis roulant des courants venait à ralentir, cela bouleverserait de nombreux climats locaux. Mais il est encore difficile de prévoir quels pourraient être les effets et l’ampleur de ces bouleversements. Le réchauffement des eaux du globe bouleverse aussi la capacité de puits de carbone des océans. Les scientifiques ont constaté que les eaux froides absorbent mieux le CO2 que les eaux chaudes. La très basse température de l’océan Antarctique en fait un véritable puits de carbone. Il puise entre 30 à 50% du gaz carbonique absorbé par les océans alors qu’il ne représente que 10% de la surface des océans. Mais les prévisions annoncent un réchauffement global de la planète et des océans. Ceuxci verraient alors diminuer considérablement leur capacité à absorber le dioxyde de carbone. PAGE 29 TROP PLEIN DE CO2 © Creative Commons jacme31 Nos activités émettent de plus en plus de CO2 dans l’atmosphère. L’enveloppe de la Terre étant en contact permanent avec les mers du globe, ce surplus de dioxyde de carbone se retrouve dans les océans. Il est à l’origine d’un profond bouleversement du milieu océanique : l’acidification des océans. Au contact de l’eau, le CO2 entraine une réaction chimique qui le transforme en acide carbonique. Le gaz carbonique a pour effet de diminuer le pH de l’eau et donc d’acidifier l’océan. Depuis 25 millions d’années, les océans ont un pH entre 8 et 8,3. à l’heure actuelle, le pH est à une valeur intermédiaire de 8,14. Les prévisions pour la fin du siècle sont plutôt négatives car elles annoncent un pH proche de 7,8. Cette différence de 0,3 point est importante en termes de pH, en effet l’acidité aura alors triplé. Ce changement est phénoménal pour l’écosystème qui dépend intimement de condition stable en acidité. Avec un tel changement sur le milieu océanique, le phytoplancton, les huîtres ou encore les moules vont rencontrer des difficultés pour construire leur squelette et seront donc plus vulnérables. En s’altérant, le phytoplancton deviendra moins efficace pour absorber du carbone et produire la photosynthèse. Et de nombreuses espèces constituant la richesse extraordinaire de la biodiversité océanique s’éteindront car elles ne s’adapteront pas à cette modification. L’acidification des océans est donc une grande menace sur les rôles de poumons et de puits de carbone de l’océan. Qu’est-ce q ue le pH ? Le pH (potentiel Hydrogène) est la mesure du caractère basique ou acide d’un milieu, c’est-à-dire sa capacité à céder ou prendre un ion hydrogène. Il varie entre 0 et 14, on dit que le pH est neutre à 7, acide entre 0 et 7 et basique entre 7 et 14. Avec la température et la pression, le pH caractérise le milieu dans lequel peut se développer la vie. Chaque unité de vie, des plus petites comme les unicellulaires et les bactéries, aux plus gros animaux dépend intimement de l’acidité d’un milieu. En dehors des seuils de survie, les cellules de l’organisme ne peuvent plus fonctionner. 0 14 13 1 12 2 11 3 10 4 9 8 7 6 5 PAGE 30 Les poissons-clowns, l’exemple d’une espèce emblématique en danger © Creative Commons Alain Nageant dans le récif de corail, un petit poisson orange rayé de blanc progresse de branche en branche. Il ne nous est pas inconnu. Révélé par « Le Monde de Némo », le poissonclown est un habitant emblématique des récifs coralliens. à la naissance, les bébés poissons-clowns ont grand besoin de leur ouïe qui les prévient de l’arrivée des prédateurs. Une étude menée par des chercheurs internationaux montre que ce sens vital pourrait être menacé par l’acidification océanique et donc nuire à la survie des poissons-clown. Si les prévisions climatiques de 2050 et 2100 s’avèrent réelles, en quelques années, les poissons-clowns deviendront sourds. Toutefois, il n’est pas impossible que les poissonsclowns parviennent en quelques générations à s’adapter et tolérer l’acidification des océans. PAGE 31 é P I LO G U E Les coraux sont essentiels à la vie de très nombreuses espèces marines. Ils représentent un écosystème complexe et étonnant. Mais les coraux sont un exemple de la fragilité de l’océan. Ces grands espaces multicolores paraissent inébranlables, eux qui sont capables d’encaisser la force des tempêtes et des cyclones.Et pourtant eux-aussi souffrent comme jamais. © Yann Poirier - Fotolia.com La planète bleue n’émerveille pas que les astronautes qui l’observent de l’espace. Les fonds océaniques sont un en quelque sorte la face cachée de notre planète, mais celui qui explorera les profondeurs y trouvera une richesse extraordinaire, des êtres vivants aux couleurs et aux formes multiples, habitants chaque étage des fonds marins. Ceux des profondeurs les plus basses renferment encore de nombreux mystères et restent à découvrir. Ceux des eaux limpides de surface éclatent de beauté, notamment dans les récifs coralliens. Sous la direction artistique de Luc Jacquet Équipe éditoriale Lorette Faivre - rédactrice Ismaël Khelifa - coordinateur éditorial Camille Juzeau - journaliste Juan Rodriguez – journaliste Laurent Desse – responsable pédagogique Loïc Fontimpe - schémas storyboardés Clément Champau – intégration sur le site internet SOURCES •Climat – Une planète et des hommes. Ouvrage collectif sous la direction de Michel Petit et Aline Chabreuil. Le cherche midi, 2011 •Climat et météorologie, Louis-Marie Berthelot, Fleurus, 2006 •Le climat à découvert, Ouvrage collectif sous la direction de Catherine Jeandel et Rémy Mosseri. Comité National de la Recherche Scientifique, CNRS Editions, 2011 •Zoom sur le climat, Laurent Romejko, Hachette Jeunesse, 2002 • Interview de Elodie Martinez, chargée de Recherche IRD - réalisée par Wild-Touch • Interview de Benoit Meyssignac, chercheur LEGOS - réalisée par Wild-Touch • Interview de Julien Le Sommer, chercheur en océanographie physique au LGGE, équipe MEOM - réalisée par Wild-Touch • Interview de Thierry Penduff, chercheur en océanographie physique au LGGE, équipe MEOM - réalisée par Wild-Touch •International Polar Foundation - http://www.educapoles.org •http://www.lemonde.fr •http://www.futura-sciences.com •Sciences et avenir Les images ne peuvent être réutilisées sans autorisation. Pour toute demande concernant les photos provenant du fonds CNRS Photothèque, contactez le CNRS Images : http://phototheque.cnrs.fr. Équipe des vidéos pédagogiques Sarah Del Ben - réalisatrice Sarah Sitruk - chef monteuse et infographiste Lucile Fauron - monteuse Équipe des films d’animation Loic Fontimpe - scénariste, réalisateur et dessinateur Mathieu Vavril - dessinateur Olivier Jarry - animateur Julien Pinot - animateur Olivier Lescot - animateur Sarah Sitruk - chef monteuse Équipe de production Vincent Demarthe Arnaud Thorel Antoine Barbaroux Christelle Bourgeois Validation scientifique Jérôme Chappellaz Anne-Christine Clottu-Vogel Claude Lorius Nous remercions également tous les chercheurs et experts qui nous ont aidé à concevoir et à valider nos contenus pédagogiques. Conseil pédagogique Julien Chambore Véronique De Tilly Florence Herrero Fabrice Morel Tixier Conception du site François Pumir - Responsable de projet Jules Bassoleil - Directeur artistique Pierre Rossignol - Développeur Création graphique Lucie Jourdane Sophie Grappe – Bigbang Communication WILD-TOUCH, UN TRAIT D’UNION ENTRE L’HOMME ET LA NATURE Dans le sillage du succès planétaire de « La Marche de l’Empereur » (Oscar du meilleur film documentaire en 2006), le réalisateur Luc Jacquet crée l’association Wild-Touch. Son engagement : s’appuyer sur la force émotionnelle de l’image, du cinéma et de l’art pour émouvoir sur notre planète et insuffler l’envie de la protéger. La forêt, la glace et le climat, l’eau, le corail, Wild-Touch développe des contenus audiovisuels originaux, à très forte valeur ajoutée éditoriale et émotionnelle. LA GLACE ET LE CIEL « La Glace et le Ciel » prend vie dans le sillage d’un grand film de cinéma réalisé par Luc Jacquet. Le projet multimédia conte le destin de Claude Lorius, pionnier de la glaciologie, dont l’aventure scientifique a permis de révéler au monde le changement climatique. Cinéma, télévision, web, programme pédagogique, exposition artistique, s’allient pour former un récit complet, sous le haut patronage d’un comité scientifique international de premier plan. Pour découvrir l’ensemble du programme pédagogique LA GLACE ET LE CIEL ET L’INTEGRALITE DES VIDEOS, RENDEZ-VOUS SUR www. education.laglaceetleciel.com Crédit photo couverture : © Laurent Ballesta / www.andromede-ocean.com WILD-TOUCH [email protected] www.wild-touch.org