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RÉSUMÉ
À travers le monde islamique, une famille de partis politiques que l’on appelle à tort ou à
raison « les partis islamistes modérés » enregistre des résultats électoraux exceptionnels
chaque fois qu’un de ses membres participe à un scrutin qui comporte un minimum de
transparence, notamment en Turquie, au Maroc et en Palestine. Les premières participations
des islamistes aux élections des pays du Printemps arabe confirment davantage cette règle,
comme l’illustrent les cas de l’Égypte et de la Tunisie.
Sur le plan académique, ce contexte laisse émerger une importante hypothèse. L’évolution
de bon nombre d’organisations islamistes en partis politiques qui participent activement à la
vie publique de leurs pays serait l’indice d’une sécularisation de ces organisations, animée
par une sincère conversion à la démocratie. Cette hypothétique tendance à la sécularisation
et la conversion à la démocratie de l’islamisme ferait penser à une expérience
remarquablement similaire, que l’on trouve dans le monde chrétien occidental, soit,
l’évolution théorique et organisationnelle du christianisme politique qui a donné naissance,
en réponse à un long parcours de révisions intellectuelles, à ce que l’on appelle aujourd’hui
« la démocratie chrétienne ». L’islamisme modéré serait-il en train d’évoluer vers une
sécularisation et une conversion à la démocratie selon un mode similaire à celui qui a donné
naissance aux partis démocrates-chrétiens en Occident?
Il est question dans cette thèse, préparée en cotutelle entre l’Université de Montréal au
Canada et l’École Pratique des hautes études Paris-Sorbonne en France, de vérifier
l’hypothèse susmentionnée dans un contexte bien précis. Notre recherche se limite ainsi à
l’étude d’un groupe déterminé du paysage islamiste du Maroc (Parti de la justice et du