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quelle fiabilité peut-on accorder aux chiffres estimant les adeptes de chacune de ces
communautés dans un «contexte officiellement non confessionnel» ?
En fait, depuis 1947, on ne dispose d’aucune donnée officielle récente concernant la
répartition de la population suivant les communautés. Le dernier recensement qui a donné
l’effectif de la population par leur religion majeure et non par leur confession a été fait en
1960, et après cette date là, on a annulé la question portant la mention de la religion de
l’individu recensé du bulletin des recensements, pour « éviter de marquer le particularisme»,
et s’éloigner des sujets qui sont supposés être sensibles comme la religion. Bien évidemment,
la religion est mentionnée dans les fichiers de chaque personne enregistrée à l’état civil, cela
est dû au fait que la religion
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est la source principale en matière de droit civil. De toute façon,
les données de l’état civil concernant la composition religieuse des Syriens ne sont pas
publiées. Il en découle donc que toutes les données existantes concernant la répartition de la
population syrienne par communauté, sont des simples estimations qui pourraient donner une
idée générale de la composition de la population syrienne.
Sur le plan de la répartition de la population par communauté, les estimations du poids de
chaque communauté différent selon l’étude (Tableau1). Les Musulmans sunnites constituent à
peu près 80% de la population de la Syrie, les Sunnites arabes constituent la majorité parmi
tous les sunnites. Puis les Alaouites
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, qui constituent la majeure minorité religieuse syrienne,
représentent entre 10 à 15 % de la population, les Chrétiens à peu près 5 %, les Druzes
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3 %,
les Ismaïliens
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1 %. Il y a aussi les minorités religieuses dont les adeptes constituent moins de
1 % de la population comme les Chiites : 0.4 %, et les Yazidis
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: presque 0.1 %. Les
Musulmans sunnites sont donc la communauté dominante en Syrie à la différence des pays
voisins, comme le Liban ou l’Irak, où la majorité des musulmans appartient à la branche chiite.
Cependant, il convient de dire que les Musulmans sunnites ne forment pas un «bloc
monolithique» ou une communauté homogène sans aucune différence. Car ce groupe
comprend d’importantes minorités non arabes : comme les Kurdes
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qui représentent entre 8
et 10 % de la population, mais leur représentation est sujette à caution, parce qu’il y a une
partie considérable des Kurdes qui ne sont pas enregistrés à l’état civil, ainsi qu’une partie qui
habite des foyers isolés des grandes villes en particulier à Damas (le quartier nommé
« quartier Kurde» au pied du Mont Qassioun). Les Kurdes au contraire des Alaouites et des
Druzes, ne se concentrent pas dans un gouvernorat, ils sont répartis sur les frontières Nord-
Est du pays à Al- Hassakeh, ainsi que sur les frontières Nord dans la Montagne des Kurdes au
Nord- Ouest d’Alep et dans la région d’Ain Arab, à l’Est d’Alep aussi. Aux Kurdes s’ajoutent
d’autres minorités ethniques : les Turkmènes, dont on ne dispose pas des chiffres fiables