WA L L O N I E
PR É S I D E N C E D U GO U V E R N E M E N T
PA U L MA G N E T T E
Discours sur létat de la Wallonie
Namur, le 25 mars 2015
1
INTRODUCTION
Monsieur le Président,
Chers collègues,
Le discours sur l’état de la Wallonie n’est peut-être pas encore une tradition de notre Région
mais c’était, à l’origine, un engagement. L’engagement pris à l’aube du Plan Marshall de venir,
régulièrement, évoquer ce qui constitue notre responsabilité et notre horizon : la Wallonie !
Depuis 2005, mes prédécesseurs Elio Di Rupo et Rudy Demotte ont répondu à cette volonté,
sans pour autant que l’annualité de la présentation ait été respectée.
Personnellement, je crois beaucoup aux vertus de cet exerciceParce que je crois fermement
à l’importance de l’échange parlementaire.
Alors, je ne suis pas venu vous faire un discours de chiffres. Les chiffres, l’Iweps en garantit
l’accès à tous.
Je ne veux pas, non plus, instrumentaliser notre Assemblée pour en faire le décor d’une
communication gouvernementale, ex cathedra.
C’est la raison pour laquelle j’ai laissé de côté la tribune pour introduire, de ma place, depuis
les bancs du Gouvernement, un libre échange avec vous.
Avec, je ne vous le cache pas, pour ambition de fédérer le plus large consensus possible sur le
diagnostic voire les grands axes de l’action régionale.
C’est l’exercice que nous pratiquons depuis des années avec l’ensemble des partenaires
sociaux, dans un climat dont je me félicite et avec des résultats que je pense indéniables.
Je veux porter ce même esprit au sein de notre Assemblée.
2
La dynamique de redressement de notre Région a été soutenue par des majorités diverses
depuis quinze ans et les quatre grandes familles politiques y ont été associées. Ceci témoigne
de l’existence d’une « trame » wallonne quau-delà du jeu normal de l’opposition, nous
devrions tous pouvoir partager.
C’est en tout cas dans cet esprit que je me présente devant vous, huit mois après la
constitution de l’équipe gouvernementale.
Pour vous parler, d’abord, de nos priorités absolues que sont léconomie et l’emploi (I), à
travers quelques indicateurs (I.1) mais, surtout, via les axes de notre stratégie destinés à lutter
contre nos faiblesses (I.2).
Et pour évoquer, ensuite, un peu plus avant, l’importance de la mobilisation du territoire et
la manière dont nous entendons valoriser les atouts qu’il nous offre (II).
I. L’ÉCONOMIE ET LEMPLOI
Puisque nous sommes la première année d’une nouvelle législature, je vais rapidement
rappeler les tendances du long terme dans lesquelles nous nous situons, tout en insistant sur
les chiffres de l’année écoulée. Je le ferai en évoquant les cinq paramètres qui décrivent le
mieux l’évolution de notre tissu socio-économique.
I.1. Les grands indicateurs
Quelques tendances, donc :
a) Production intérieure
Concernant la production intérieure
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, tout d’abord.
Si l’on prend comme année pivot l’année 2005, soit celle du lancement de la
dynamique « Marshall », on note que la croissance du PIB wallon (0,9% sur la période
2005-2012) est légèrement supérieure à la moyenne de l’Union européenne (0,8%)
mais également supérieure à celle de la zone « euro » (0,7 %).
Sur la même période 2005-2012, la perte de croissance engendrée par la crise
économique mondiale est quasi identique entre la Flandre et la Wallonie.
Au-delà de 2012, les données sont provisoires et, même sans cela, il convient de se
montrer prudent car les séries ont été marquées par un changement méthodologique
(passage du SEC 95 au SEC 2010) dont les conséquences sont en train d’être calculées
par l’Institut des comptes nationaux, la Banque nationale et l’Iweps. Cependant, selon
les informations de l’Iweps, ces changements méthodologiques ne devraient pas avoir
1
Le PIB correspond bien à la somme des valeurs ajoutées brutes nouvellement créées par les unités
productrices résidentes une année donnée, évaluées au prix du marché.
3
d’impact trop important sur les chiffres de la croissance actuellement en notre
possession.
b) Emploi et chômage
Concernant l’emploi les enseignements les plus pertinents nous sont donnés par la
croissance de l’emploi intérieur
2
.
Elle nous montre que, sur la période 2005-2013, la Wallonie fait aussi bien que la
Flandre (+0,7 %) et un peu mieux que la moyenne belge (+0,6%).
Et si l’on compare aux pays voisins, elle fait aussi bien que l’Allemagne (+0,7 %) et
beaucoup mieux que la moyenne européenne (+0,1 %) ou celle de la zone euro
(+0,1 %).
Sur cet élément majeur qu’est la création d’emplois, la Wallonie affiche donc une
tendance véritablement encourageante. Et ce, d’autant plus que cette croissance
s’affirme en dépit des importantes destructions d’emplois que nous avons connues ces
dernières années ; en dépit des drames sociaux d’Arcelor, Carsid, Duferco, Caterpillar,
St-Gobain ou Doosan ces jours-ci, qui ont marqué de la plus douloureuse des manières
notre activité industrielle.
Cela étant, il ne suffit pas que l’emploi augmente pour que le chômage diminue. Lévolution
démographique de la Wallonie nous impose de créer, chaque année, plus d’emplois qu’il ne
s’en libère. Si nous avions une démographie comparable à celle de l’Allemagne, nous
connaîtrions aujourd’hui en Wallonie une situation proche du plein emploi.
Les interprétations des chiffres du chômage sont également plus difficiles, étant entendu
qu’ils sont fonction des changements de la réglementation fédérale et des pratiques de
recensement des organismes de placement régionaux.
Ceci étant et compte tenu de ces précisions méthodologiques, si l’on compare 2005 à
2013, le chômage wallon au sens du Bureau international du travail - seule définition
internationalement reconnue - a diminué de 0,5 point de pourcentage ; soit une
diminution un peu supérieure à celle de la Flandre (0,4 pp.) et ce, alors que, sur la
même période, la moyenne de l’Union européenne a augmenté d’1,8 point de
pourcentage. On note, par ailleurs, au cours de cette période, une évolution
comparable entre les variations enregistrées en Wallonie et en Flandre.
Globalement, sur la moyenne 2005-2013, la Wallonie affiche encore un taux de
chômage de 10,9 %, contre 4,8 % en Flandre et 17,2% à Bruxelles. Le taux moyen de
l’Union européenne se situe, lui, à 9,1 %.
2
L’emploi intérieur (ou emploi au lieu de travail) d’une région recouvre tous les travailleurs qui
travaillent dans cette région. En y ajoutant le solde des navetteurs et le solde frontalier, on obtient
le nombre de résidents détenant un emploi, ou encore la population active occupée.
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Si l’on quitte les tendances longues pour considérer des données plus récentes, on
note qu’entre janvier 2014 et 2015, le nombre de demandeurs d’emploi a diminué de
2,8 %, soit une réduction de 7 351 personnes
3
.
La diminution de demandeurs d’emploi reste la plus marquée parmi les personnes de
moins de 25 ans (-7,1 %), suivies de celles âgées de 40 à moins de 50 ans (-5,3 %). Seuls
les demandeurs d’emploi âgés de 50 ans et plus voient leur volume croître à un an
d’écart (+2,8 %).
c) Exportations et investissements étrangers
Concernant les exportations :
Nous demeurons bien sûr conscients du déséquilibre historique existant entre les
Régions. En 2014, la Wallonie représentait 19 % du total des exportations belges,
contre 78,5 % pour la Flandre ; différentiel qui reste toujours trop élevé au-delà des
effets statistiques liés au port d’Anvers ; une réalité qui n’enlève cependant rien au fait
que l’écart entre les deux Régions se réduit graduellement depuis le début des années
2000. La part de la Wallonie dans le total du commerce extérieur belge est, en effet,
passée de 16,4 % en 2000 à 19 % en 2014.
Plus globalement, si l’on considère une période longue - de 1996 à 2014 -, qui permet
de dégager des évolutions structurelles, on note qu’avec une croissance annuelle
moyenne de 5, 9% de ses exportations, la Wallonie n’est distancée que par l’Allemagne
(+6,3 %) et les Pays-Bas (+6,3 %). Notre Région se maintient toujours au-dessus des
prestations de la Flandre (+5,7 %), de l’UE15 (+5,3 %) et de la France (+4 %).
Concernant les dernières tendances, selon les statistiques les plus récentes de la
Banque nationale, les exportations wallonnes de biens s’élèvent à 30,9 milliards
d’euros au cours des trois premiers trimestres de 2014, ce qui représente une
croissance de 2,8 % par rapport aux trois premiers trimestres de 2013. Ce résultat
confirme la relative bonne santé de notre commerce extérieur l’an dernier, et ce
malgré une modération de la croissance mondiale depuis fin 2013.
Le fait marquant du commerce extérieur wallon au cours des neuf premiers mois de
2014 est, sans aucun doute, le retour de la croissance de nos exportations sur les
marchés extérieurs à l’Union européenne (+2,6 %), après les replis de 2012 (-3,5 %) et
2013 (-1,6 %). Cette bonne performance sur les marchés extracontinentaux s’explique
principalement par les fortes hausses de nos ventes en Amérique du Sud (+21,3 %) et
en Extrême-Orient (+10,2 %).
3
Parallèlement, entre décembre 2014 et janvier 2015, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés
(DEI) est resté pratiquement stable (+0,2 %).
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Concernant les investissements étrangers :
Sur la période 2000-2014, ce sont 10,6 milliards d’euros qui ont été injectés dans
l’économie régionale par des investisseurs étrangers, contribuant à la création de près
de 26 000 emplois directs à travers la réalisation de 1 252 projets.
En termes financiers, les secteurs les plus porteurs sont, dans l’ordre décroissant : la
chimie, l’agroalimentaire, les TIC, le secteur logistique et les sciences du vivant
4
.
On notera dans ce cadre que, sur la période 2011-2014, les technologies de
l’information et de la communication constituent un des secteurs phares en termes
d’investissements étrangers ne songeons qu’à Google, au Microsoft Innovation
Center ou à PFS Web - ; secteur phare à l’instar des sciences du vivant (25,48 % et
25,21 % des investissements
5
). Ce n’est pas sans promesses pour l’orientation que
nous impulsons à notre stratégie de développement.
À côté de ces tendances longues, les enseignements de 2014 sont également
intéressants. Avec 113 projets engrangés annonçant la création de 1 951 emplois
directs et l’injection de 640 millions d’euros dans l’économie régionale, l’année
dernière apparaît comme un « très bon cru », le troisième meilleur exercice depuis
quinze ans en termes de dossiers et le quatrième en termes d’emplois.
d) PME
Quelques éléments clefs encore concernant nos PME.
À côté de l’emploi industriel qu’il faut stabiliser et développer, le secteur des PME et des
indépendants s’affirme comme celui qui offre les principales perspectives de croissance
d’emploi.
En termes de nombre d’entreprises par habitant, nous accusons un retard par rapport à la
Flandre (320 PME par 100 000 habitants en Wallonie, contre 490 en Flandre), en particulier
dans l’agroalimentaire, les services à la personne et les services de conseil aux entreprises
mais nous sommes proches d’elle dans les domaines de la production de matériaux, la chimie,
les industries manufacturières.
Nos PME sont plus petites (9 ETP en moyenne dans les PME wallonnes, contre 11 ETP).
Elles ne sont pas assez capitalisées et, ces dernières années, en raison de la crise, elles ont
ralenti leurs investissements.
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L’origine des investissements étrangers en Wallonie sur la période 2000-2014 en termes financiers
donne le classement suivant : États-Unis 2,131 milliards, Flandre 1,615 milliard, France
1,372 milliard, Italie 1,257 milliards, Allemagne 780 millions, Royaume-Uni 763 millions, Pays-Bas
614 millions, Japon 404 millions, Bruxelles 338 millions, Suède 190 millions, Canada 153 millions,
Russie 111 millions.
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TIC 25,48 %, sciences du vivant 25,21 %, Mecatech 18,23 %, agroalimentaire 15,71 %,
construction 15,37 %.
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