Les nouvelles solutions thérapeutiques
85
Par conséquent, je pense que, pendant un certain temps, cette grande association, qui gère
ses ressources de manière impeccable, a pris quelque peu ses désirs pour des réalités et a fait
montre de triomphalisme ; cependant, l’année dernière et encore cette année, ce discours
s’est infléchi et je pense qu’il témoigne d’une plus grande prudence, certainement de la part
des scientifiques et également des responsables associatifs, quant à l’information délivrée
aux familles. C’est ce que j’ai perçu. Nous sommes en train de converger vers un peu plus de
réalisme, ou un peu moins de triomphalisme, comme vous le souhaitez.
B
ÉTRICE
G
UARDIOLA
:
je souhaitais faire un commentaire à destination de M. Münnich,
pour vous dire qu’il était très agréable pour des scientifiques et des pharmacologues de
savoir qu’il existait encore une vie possible de scientifique après le séquençage du génome et
que nous étions bien contents de savoir que nous pouvions encore servir à quelque chose,
même si nous n’avions pas nous-mêmes séquencé le génome ! Je voulais donc vous remer-
cier car nous passons par des hauts et des bas, en tant que scientifiques, pour savoir si nous
avons encore un rôle à jouer...
J’avais également une question pour Donny Strosberg, qui rejoint celle de Michel Hamon.
Vous avez dit que les processus actuels de développement appliqués dans l’industrie sont
inefficaces, que l’on fera bientôt des médicaments moins chers et plus efficaces, et qu’il fau-
dra agir sur une seule voie métabolique parce qu’en agissant sur deux voies on induit des
effets secondaires : le fait de toucher à une seule voie métabolique est-il, quelle que soit la
maladie, un gage de réussite pour un médicament et une promesse d’absence d’effets
secondaires ?
D
ONNY
S
TROSBERG
:
absolument pas. Je n’avais pas beaucoup de temps et j’ai simplement
cité quelques exemples de travaux que nous avons menés. Nous avons considéré le TGF
bêta, molécule de découverte relativement ancienne, qui présente des effets dans différents
domaines, sur différentes cellules, dans différentes maladies, que nous ne savons toujours
pas très bien comment utiliser en thérapie humaine. Or, en étudiant l’intervention du TGF
bêta dans différents types cellulaires, à différents moments de développement de ces cellu-
les, nous allons pouvoir décrire effectivement le comportement du TGF bêta et de tout ce qui
vient ensuite, pour comprendre ce que nous devons développer, où nous devons agir pour,
par exemple, bloquer la fibrose pulmonaire, agir dans la fibrose hépatique, travailler sur la
fibrose rénale. Il n’est pas du tout certain que cela soit à chaque fois au même endroit de la
cascade métabolique que nous devons agir.
Comme toujours en sciences – et Hybrigenics est une société fondée sur la science, même si
elle aimerait bien se diriger vers les marchés – plus on connaît d’éléments, plus on découvre
de nouvelles questions et plus nous allons pouvoir nous montrer précis dans notre interven-
tion. C’est le point fondamental : il est essentiel d’approfondir nos connaissances et d’en
faire encore beaucoup plus qu’auparavant.
Pour en revenir au génome, nous n’en sommes qu’au début ; beaucoup de personnes ont
pensé que le séquençage du génome était un aboutissement, je dis pour ma part que c’est la
fin du début : maintenant nous pouvons enfin commencer à travailler. Je crois que la conclu-
sion doit être celle-ci.
13 orateur Page 85 Mercredi, 27. novembre 2002 8:34 08