Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
© Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 17/04/2017
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L'archétype de la femme voilée
Seule représentation de la femme arabo-musulmane dans la presse
francophone
Depuis quelques années, le hijab, voile islamique, est devenu un thème récurrent dans la presse écrite
belge. Les premières mentions remontent à 1989, faisant suite au débat français concernant l'exclusion
du lycée de Creil de trois jeunes filles voilées. Depuis, cette problématique s'est largement répandue
dans les journaux de telle sorte que l'imaginaire collectif de la femme musulmane s'est réduit à la
vision de la femme voilée, opprimée et sans voix.
La question du voile a connu trois phases majeures de surmédiatisation dans la presse écrite belge :
une première en 1989 et une deuxième en 2003-2004, toutes deux largement influencées par des affaires
françaises, puis une troisième vague en 2009-2010, concernant, elle, des affaires belges.
L'étude de cette dernière période de surmédiatisation nous a permis d'analyser en profondeur la vision de
la femme musulmane qui émane du traitement de la question dans la presse écrite belge francophone en
général, et plus particulièrement dans le journal Le Soir.
De cette étude de corpus 2009-2010, il ressort que la femme musulmane n'a de place dans les médias belges
que lorsque la question du voile est soulevée. Nous avons constaté que pendant la période analysée, 95%
des articles qui parlent de ces femmes musulmanes sont en rapport direct avec la question du hijab, les 5%
restant concernant des événements culturels ou des faits divers dont ces femmes ont été victimes.
L'image des femmes arabo-musulmanes véhiculée par les médias belges est contaminée par les stéréotypes
accolés au port du voile, notamment la soumission de la femme au diktat religieux et/ou machiste, le
communautarisme ou encore l'intégrisme. Dans ce contexte, le facteur religieux est présenté comme la cause
de la soumission de la femme et son inadaptation à la société occidentale. En général, les médias définissent
la femme voilée en opposition à l'idéal de la femme occidentale libérée et à égalité de droits avec l'homme. «
Le voile se convertit en une frontière entre le religieux et le séculier, le traditionnel et le moderne, le progrès
et l'arriération » comme l'affirme Élizabeth Pena Velasco dans L'islam dans le miroir de l'Occident : le cas de
la presse française actuelle.
Typologie des représentations
La représentation de la femme voilée dans la presse belge se décline selon trois stéréotypes.
En premier lieu, nous constatons que les médias belges considèrent comme une évidence que la femme
voilée est automatiquement une femme soumise à une volonté masculine : celle du père, du frère ou du mari.
Deuxièmement, la femme voilée est considérée comme soumise aux diktats religieux et aux traditions. De
plus, nous constatons que tant les intervenants politiques que les journalistes ont tendance à faire l'amalgame
entre les préceptes islamiques et les coutumes régionales ou nationales. Par exemple, le port de la burqa,
propre à l'Afghanistan, est considéré à maintes reprises comme une problématique qui peut s'étendre à la
totalité du monde arabe. Au delà de ces imprécisions, des expressions telles que « emprisonnées dans leurs