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Au temps de Paul, les pharisiens étaient partagés entre deux écoles rivales : celle de
Schammaï, plus stricte sur la loi, et celle de Hillel, plus libérale, représentée par son
petit-fils Gamaliel. Hillel avait résumé la loi par cette parole :
"Ne faites pas aux autres ce qui est haïssable. C’est toute la loi. Tout le reste est
commentaire".
Les pharisiens n’avaient guère de relations avec les autres Juifs. De son ascendance
pharisienne, Paul gardera le respect de la loi de Dieu (Romains 7/12 ; 1 Timothée
1/8), la connaissance approfondie de l’Ecriture (Actes 24/14) et la foi en la
résurrection des morts (Actes 23/6 ; 24/21).
Comment expliquer que Paul ait été citoyen romain ?
Quels en étaient les avantages ?
Paul a hérité la citoyenneté romaine de son père (Actes 22/28). Celui-ci l’aurait-il
achetée ? C’est peu probable de la part d’un pharisien. Différentes hypothèses ont été
émises :
— Paul a appris le métier de fabricant de tentes, probablement dans la maison
paternelle. Tarse était célèbre pour ses toiles de cilicium faites de poils de chèvres.
Or, un fabricant de tentes pouvait être fort utile à un général ou un proconsul au
moment d’une guerre. Tous deux avaient le droit de conférer le titre de citoyen
romain en échange de services rendus, et ils ne se privaient sans doute pas de payer
leurs factures sans bourse déliée. De la sorte, le père de Saul a peut-être reçu ce titre
honorifique sans le demander.
— Le père de Saul aurait été esclave à Rome dans la célèbre famille Paulus, qui
l’aurait affranchi et lui aurait conféré la citoyenneté romaine en récompense de ses
services. En souvenir de son bienfaiteur, le père de Saul aurait donné à son fils le
nom de Paulus qu’il aurait adjoint à celui de Saulus, patronyme du seul roi benjamite.
Il était fréquent d’adjoindre au nom juif un "cognonem" latin ou grec qui s’en
rapprochait par la prononciation (exemple : Jésus-Jason). D’ailleurs, même en
Palestine, la pratique de donner deux noms était courante, comme nous l’apprend une
décision jurisprudentielle de Gamaliel l’Ancien (cf. Strack-Billerbeck II, p. 636ss ;
712ss).
— Wieseler rappelle que, dans la lutte d’Octave et Antoine contre Brutus et Cassius,
Tarse ayant pris parti pour les premiers dut capituler devant les Brutus et les Cassius.
La ville fut frappée d’un sévère impôt de guerre. Comme elle ne pouvait le payer, un
grand nombre de ses habitants furent vendus comme esclaves et prirent le chemin de
Rome. Mais au moment de leur arrivée dans la capitale, la fortune avait tourné à
l’avantage d’Octave (devenu Auguste) et d’Antoine. Les esclaves furent affranchis
et, en récompense de leur loyalisme, ils reçurent le titre de citoyens romains. Appien
nous apprend que, parmi eux, se trouvaient un certain nombre de familles juives —
dont peut-être celle de Saul (Bell. civ. IV, 64 ; V, 7).
Chaque nouveau citoyen romain recevait un document attestant sa qualité. Ses
enfants devaient être enregistrés dans le mois qui suivait la naissance auprès du
gouverneur romain. Le père recevait un diptyque, c’est-à-dire une attestation sur