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Actes
Etude biblique
Alfred KUEN
Ichthus, n° 97, mars 1981, p. 6-11.
Paul avant sa conversion
— Éléments biographiques —
1. Origine et famille
Cf. Actes 6/1 ; 7/58 ; 16/37 ; 21/39 ; 22/3 & 23/16
Romains 11/1 ; 2 Corinthiens 11/22 ; Philippiens 3/5
Que savons-nous des origines de Paul ?
Il est né à Tarse en Cilicie. Il était fier de sa ville natale, centre commercial important
au carrefour des routes reliant l’Orient et l’Occident, troisième métropole
universitaire de l’Antiquité (après Athènes et Alexandrie), important foyer de vie
religieuse et philosophique.
D’après Strabon, les habitants de Tarse étaient très avides de culture et d’art. Ils
étaient même plus nombreux dans leur université que les Athéniens et les
Alexandrins dans celles de leurs villes. Tarse comptait beaucoup de riches marchands
qui aimaient jouir de la vie : près du port se dressait une statue géante de
Sardanapale, dont l’inscription cunéiforme a dû se graver dans la mémoire du jeune
Saul :
"Mange, bois et réjouis-toi ; le reste n’a pas d’importance".
Cependant, comme Saul faisait partie d’une famille juive très stricte, on peut
supposer qu’il n’a profité que très indirectement du climat culturel de Tarse, puisque
les Juifs ne devaient pas se mêler aux autres peuples. S’il a bénéficié de la présence
de cette université célèbre, c’est certainement durant le séjour qu’il fit dans sa ville
natale après sa conversion (Actes 9/30 ; 11/25).
En quelle année est-il né ?
Nous savons qu’aux environs de l’an 30, ceux qui lapidèrent Etienne "déposèrent
leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saul". Le mot neasias couvre
l’âge de 20 à 35 ans. Or, à cette époque ou peu après, Saul fut membre du Sanhédrin ;
il avait donc au moins 30 ans.
Dans l’épître à Philémon (v. 9) écrite vers l’an 62, Paul se qualifie de vieillard
(presbytès). Il avait donc dépassé la soixantaine (à moins de lire avec certains
manuscrits presbeutès, ambassadeur).
Ces deux indications nous font supposer qu’il est né à peu près à la même époque que
Jésus.
Que savons-nous de sa famille ?
Le père de Saul était hébreu et pharisien, de la tribu de Benjamin.
— page 2 —
Sa famille devait être riche, nombreuse et influente :
— en effet, une quinzaine d’années avant sa naissance, la citoyenneté romaine fut
retirée à tous les habitants de Tarse qui n’avaient pas de grande fortune ou des
propriétés terriennes importantes ;
— dans Romains 16/7 & 11, Paul saluera trois de ses parents à Rome ; il en a trois
autres à Corinthe (v. 21) ;
— Saul était très jeune lorsqu’il est devenu membre du Sanhédrin (Actes 26/10) ; il
fut chargé de mission par le Souverain Sacrificateur (Actes 9/1-2 ; 22/5) ; il devait
donc faire partie des familles influentes de cette ville. D’après Actes 23/16, la sœur
de Paul était mariée à Jérusalem. Le neveu de l’apôtre a éventé un complot ourdi
contre lui par une cinquantaine de Juifs. Ceux-ci avaient seulement mis dans le secret
les Souverains Sacrificateurs et les anciens. Probablement, l’un de ces hommes en at-il parlé chez lui, et le neveu l’a entendu soit dans sa famille soit de la bouche d’un
camarade. De toute manière, cela laisse supposer que la sœur de Paul habitait dans la
proximité des familles influentes de la communauté juive.
Saul de Tarse était donc promis à un brillant avenir dans le judaïsme.
Que signifie "Hébreu" ?
D’après la progression dans l’énumération des titres de 2 Corinthiens 11/22 (Hébreu,
Israélite, postérité d’Abraham), le mot "Hébreu" a un sens plus restreint que le mot
"Israélite".
Dans Actes 6/1, les Hébreux sont opposés aux Hellénistes. C’étaient des familles
dans lesquelles on maintenait fidèlement les traditions palestiniennes, en particulier
l’usage de l’araméen. Dans la Diaspora, la plupart des Juifs parlaient le grec ; ces
Hellénistes lisaient aussi la Bible dans la traduction grecque de la Septante, mais les
Hébreux avaient leurs synagogues dans lesquelles l’Ecriture était encore lue en
langue hébraïque. Des inscriptions ont permis d’identifier de telles synagogues à
Rome et à Corinthe. Par contre, les Hellénistes avaient leurs propres synagogues
même à Jérusalem (Actes 6/9). L’araméen était en quelque sorte la langue maternelle
de Saul (Actes 21/40 ; 22/2 ; 26/14). Jérôme prétend que sa famille aurait été
originaire de Guischala, en Galilée.
Qu’implique l’appartenance de Saul aux pharisiens ?
Les pharisiens sont apparus au milieu du II° siècle avant Jésus-Christ, comme
héritiers spirituels des Hassidims. Le nom dérive d’une racine qui signifie "séparé"
(un commentaire rabbinique pharisien traduit Lévitique 19/2 : "Vous serez saints..."
par "Vous serez séparés comme je suis séparé").
Les pharisiens déploraient les influences grecques et maintenaient strictement les lois
cérémonielles sur le sabbat, les jeûnes, les dîmes, etc... mais ils adoptaient souvent la
loi écrite en y adjoignant une tradition orale (Marc 7/5) qui était considérée comme
équivalente ("donnée par Moïse sur le Sinaï").
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Au temps de Paul, les pharisiens étaient partagés entre deux écoles rivales : celle de
Schammaï, plus stricte sur la loi, et celle de Hillel, plus libérale, représentée par son
petit-fils Gamaliel. Hillel avait résumé la loi par cette parole :
"Ne faites pas aux autres ce qui est haïssable. C’est toute la loi. Tout le reste est
commentaire".
Les pharisiens n’avaient guère de relations avec les autres Juifs. De son ascendance
pharisienne, Paul gardera le respect de la loi de Dieu (Romains 7/12 ; 1 Timothée
1/8), la connaissance approfondie de l’Ecriture (Actes 24/14) et la foi en la
résurrection des morts (Actes 23/6 ; 24/21).
Comment expliquer que Paul ait été citoyen romain ?
Quels en étaient les avantages ?
Paul a hérité la citoyenneté romaine de son père (Actes 22/28). Celui-ci l’aurait-il
achetée ? C’est peu probable de la part d’un pharisien. Différentes hypothèses ont été
émises :
— Paul a appris le métier de fabricant de tentes, probablement dans la maison
paternelle. Tarse était célèbre pour ses toiles de cilicium faites de poils de chèvres.
Or, un fabricant de tentes pouvait être fort utile à un général ou un proconsul au
moment d’une guerre. Tous deux avaient le droit de conférer le titre de citoyen
romain en échange de services rendus, et ils ne se privaient sans doute pas de payer
leurs factures sans bourse déliée. De la sorte, le père de Saul a peut-être reçu ce titre
honorifique sans le demander.
— Le père de Saul aurait été esclave à Rome dans la célèbre famille Paulus, qui
l’aurait affranchi et lui aurait conféré la citoyenneté romaine en récompense de ses
services. En souvenir de son bienfaiteur, le père de Saul aurait donné à son fils le
nom de Paulus qu’il aurait adjoint à celui de Saulus, patronyme du seul roi benjamite.
Il était fréquent d’adjoindre au nom juif un "cognonem" latin ou grec qui s’en
rapprochait par la prononciation (exemple : Jésus-Jason). D’ailleurs, même en
Palestine, la pratique de donner deux noms était courante, comme nous l’apprend une
décision jurisprudentielle de Gamaliel l’Ancien (cf. Strack-Billerbeck II, p. 636ss ;
712ss).
— Wieseler rappelle que, dans la lutte d’Octave et Antoine contre Brutus et Cassius,
Tarse ayant pris parti pour les premiers dut capituler devant les Brutus et les Cassius.
La ville fut frappée d’un sévère impôt de guerre. Comme elle ne pouvait le payer, un
grand nombre de ses habitants furent vendus comme esclaves et prirent le chemin de
Rome. Mais au moment de leur arrivée dans la capitale, la fortune avait tourné à
l’avantage d’Octave (devenu Auguste) et d’Antoine. Les esclaves furent affranchis
et, en récompense de leur loyalisme, ils reçurent le titre de citoyens romains. Appien
nous apprend que, parmi eux, se trouvaient un certain nombre de familles juives —
dont peut-être celle de Saul (Bell. civ. IV, 64 ; V, 7).
Chaque nouveau citoyen romain recevait un document attestant sa qualité. Ses
enfants devaient être enregistrés dans le mois qui suivait la naissance auprès du
gouverneur romain. Le père recevait un diptyque, c’est-à-dire une attestation sur
— page 4 —
deux tablettes qui se repliaient, contenant une copie certifiée par témoins de
l’enregistrement de la naissance. Ce diptyque était emporté dans tous les voyages, car
il garantissait l’exemption de certaines punitions ignominieuses, le procès régulier et
public en cas d’accusation et le droit d’appel à César.
2. Enfance et adolescence
Que savons-nous de l’enfance de Saul ?
"D’après les traductions rabbiniques, un Hébreu devait commencer à lire l’Ecriture à
cinq ans, apprendre la Mischna à dix, observer les préceptes à treize, étudier le
Talmud c’est-à-dire les commentaires de la Loi à quinze" (Perez de Urbel).
Le jeune Saul a probablement appris quatre langues : l’araméen dans sa famille,
l’hébreu à la synagogue, le grec et le latin dans son entourage.
A la synagogue, le hazzan lisait une phrase de l’Ecriture et tous les garçons la
répétaient en chœur. Plus tard, ils apprenaient à les écrire sur du papyrus et se
constituaient peu à peu leur propre rouleau de l’Ecriture. Le jour du sabbat, le texte
biblique était lu dans la version des Septante, à moins qu’il y ait eu une synagogue
d’Hébreux à Tarse.
A treize ans, le jeune juif devait connaître l’histoire juive, les psaumes et les
prophètes. Il devenait alors "fils de la loi" au cours de la cérémonie du Bar Mizwa.
Que savons-nous de ses études rabbiniques ?
Entre 12 et 15 ans, Saul s’est rendu à Jérusalem où il a étudié "aux pieds de
Gamaliel". L’expression est à prendre à la lettre puisque les élèves étaient assis par
terre sur des tapis, les bras croisés ou étendus sur les genoux, écoutant en silence
l’enseignement du maître et s’efforçant de le graver dans leur mémoire. Les écrits de
Paul contiennent 88 citations de l’Ancien Testament, reproduites de mémoire, ce qui
confirme l’efficacité de la méthode.
Gamaliel était le petit-fils d’Hillel et il continuait dans la même ligne que lui. On
l’appelait "le Grand Rabbin", "la Beauté de la Loi". Il enseigna de 25 à 50 après
Jésus-Christ. On prétend qu’il avait mille disciples, dont la moitié étudiait la Loi,
l’autre moitié la sagesse grecque. C’était un homme aux vues larges (Actes 5/38ss),
qui ne fut pas suivi sur cette voie par son disciple Saul (Actes 8/3 ; 9/1).
L’enseignement rabbinique inculquait la méthode d’interprétation de la Bible mise au
point par Hillel, basée sur toute une série de syllogismes : analogie, parallélisme,
contradiction, contexte, passage du général au particulier et inversement.
Outre l’interprétation biblique, les futurs rabbins devaient s’exercer à résoudre tous
les problèmes de casuistique auxquels donnaient lieu les 613 prescriptions du code
mosaïque (par exemple : est-il permis d’immoler l’agneau pascal quand la Pâque
coïncide avec la pleine lune de Nisan ?).
Qu’a-t-il fait après ses études à Jérusalem ?
— page 5 —
Vers le début de sa vingtième année, Paul est sans doute revenu à Tarse pour
apprendre un métier. Gamaliel II disait que :
"…l’étude de la Torah est excellente lorsqu’elle est combinée avec les affaires de ce
monde, car la Torah sans travail manquera son but à la longue et sera source
d’iniquité" (Pirké Aboth 2.2).
Dans un ancien traité juif, il est même dit :
"Celui qui n’apprend pas à son fils à travailler, lui apprend à voler"
(B.T.Kidduschin 99a).
Un rabbin n’était pas payé pour sa fonction d’enseignement à la synagogue. Il devait
donc subvenir à ses besoins en exerçant une activité professionnelle. Le terme de
Skénopoios (Actes 18/3) laisse à penser qu’il n’a pas seulement tissé du cilicium,
mais qu’il savait coudre (paios = faire) des tentes. C’était probablement l’industrie
dont sa famille vivait. Ces tentes étaient faites avec le poil des chèvres noires dont les
troupeaux ravageaient les pentes du Taurus. Elles servaient aux caravanes, aux
nomades et aux armées d’Asie mineure et de Syrie. On comprend que ce métier
lucratif ait donné une grande aisance à la famille de Saul.
Le jeune rabbin a probablement fait bénéficier de son enseignement l’une des
synagogues de Tarse. Mais cela ne devait pas suffire à son zèle. Dans Galates 5/11,
Paul dit : "Pour moi, frères, si je prêche encore (éti) la circoncision, pourquoi suis-je
persécuté ?". Serait-ce une allusion au temps où il aurait effectivement prêché la
circoncision parmi les païens ? Les pharisiens étaient réputés pour leur prosélytisme ;
"Vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte", leur disait Jésus (Matthieu
23/15). Saul aurait-il été missionnaire juif avant d’être missionnaire chrétien ? Ce ne
serait pas le seul exemple où la vocation chrétienne se situerait dans le prolongement
de la vocation et des dons naturels de l’homme. "Dieu ne se repent pas de ses dons et
de son appel", écrira Paul plus tard (Romains 11/29), et bien d’autres exemples
bibliques semblent indiquer qu’ils sont donnés dès la naissance (Esaïe 49/1 & 5 ;
Jérémie 1/5 ; Galates 1/15).
Peut-être est-il aussi rentré pour se marier…
3. Saul rabbin
Paul a-t-il été marié ?
La plupart des auteurs pensent que Paul n’était pas marié. Il ne l’était certainement
pas au moment où il écrivit l’épître aux Corinthiens. Cependant, d’après le mot qu’il
emploie dans Actes 26/10, "je joignais mon suffrage au vote des autres", il semble
avoir fait partie du Sanhédrin. S’il ne l’a pas été avant la persécution des chrétiens, il
a bien pu recevoir cette distinction comme récompense pour son zèle en faveur du
judaïsme. Or, un célibataire ne pouvait pas faire partie du tribunal suprême des Juifs,
dont tous les membres devaient être mariés et avoir des enfants (BT Sanhédrin 36b).
Cependant, il n’est pas certain que cette règle ait déjà été en vigueur au temps de
Paul. Il semble qu’elle n’ait été instituée qu’au temps de Rabbi Akiba, à la fin du 1°
siècle ou au début du second, pour combattre l’influence des zélotes
(R. Longenecker, Ministry and Message of Paul, Zondervam, 1976, p. 24).
— page 6 —
Si Paul a été marié, on peut supposer que sa femme l’aurait quitté après qu’il soit
devenu chrétien ou qu’elle serait décédée. On en est réduit, sur ce point, à des
conjectures, mais l’hypothèse d’une expérience de la vie conjugale s’accorderait
assez bien avec les conseils qu’il donne dans 1 Corinthiens 7/15, 29-35, 40. Elle
expliquerait pourquoi Paul connaît si bien les devoirs réciproques des époux ainsi
que les relations entre parents et enfants (cf. 1 Corinthiens 7/3-5 ; Ephésiens 5/22-33 ;
Colossiens 3/18-19).
S’il a renoncé au mariage, c’était certainement afin de pouvoir mieux exercer son
ministère de missionnaire juif itinérant, pour lequel les conseils donnés en
1 Corinthiens 7/32 étaient également valables.
Que savons-nous de son second séjour à Jérusalem ?
Etaient-ce ses succès dans son travail missionnaire qui l’ont fait remarquer par les
chefs spirituels de Jérusalem ? ou la compétence exceptionnelle dont il avait fait
preuve au cours de ses études ? Il dira plus tard : "J’étais plus avancé dans le
judaïsme que beaucoup de ceux de mon âge, étant animé d’un zèle excessif pour les
traditions de mes pères" (Galates 1/14).
Toujours est-il qu’il fut sans doute rappelé dans la capitale pour y occuper une
fonction plus importante qu’à Tarse. Les Ciliciens avaient, comme les Juifs des
provinces de la diaspora, leur synagogue à Jérusalem. Saul fut-il rabbin dans l’une
d’entre elles ? Fut-il l’un de ces Juifs de Cilicie (Actes 6/9) qui discutèrent avec
Etienne et ne purent "résister à sa sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait" (v. 10) ?
C’est peu probable, puisque les contradicteurs d’Etienne étaient des Hellénistes
(Actes 6/9) et que Saul mettait son honneur à rester "Hébreu". Mais, étant impliqué
dans le procès d’Etienne, il a certainement dû entendre son message.
Quels furent ses premiers contacts avec la foi chrétienne ?
C’est peut-être par Etienne que Saul a, pour la première fois, entendu parler de "la
Voie" (terme désignant alors le christianisme : Actes 22/4). Etienne discutait avec les
Juifs dans les synagogues des Hellénistes. De faux témoins lui reprocheront d’avoir
parlé contre le Temple et contre la loi (Actes 6/13). Ces accusations mensongères ont
dû reposer sur quelque fondement réel (comparer Matthieu 26/61 avec Jean 2/19).
Sans doute Etienne a-t-il vu que, si Jésus était le Messie, le règne de la Loi était
terminé ; d’autre part, le Temple fait de main d’homme n’avait plus de raison d’être.
C’était là un chemin dangereux que les apôtres eux-mêmes hésiteront à fouler (cf.
Actes 15/5ss). Aux yeux d’un Juif pieux, le message d’Etienne était la pire des
apostasies, car la Loi était le centre et le fondement de toute la religion juive.
L’attaquer, c’était ébranler les assises mêmes du judaïsme et, chose plus grave
encore, c’était renvoyer l’âge messianique qui semblait être à la porte (puisque les
rabbins prétendaient que le Messie viendrait le jour où tous les Juifs respecteraient la
Loi).
En pieux pharisien, Saul ne pouvait tolérer que les chrétiens ouvrent une telle brèche
dans le peuple de Dieu et l’incitent à repousser les bénédictions promises par Dieu.
— page 7 —
N’avait-il pas, pour justifier son zèle exterminateur, l’exemple de Phinées (Nombres
25/6-15) qui avait stoppé l’apostasie par son intervention énergique, ou celui de
Mattathias qui en avait fait autant deux siècles plus tôt (1 Maccabées 2/23-28, 42-48 ;
comparer l’exhortation de 2 Maccabées 6/13) ? D’autre part, les chrétiens
prétendaient que Jésus, ce prédicant crucifié par les Romains, était le Messie. Mais la
Loi ne déclare-t-elle pas maudit quiconque est pendu au bois (Deutéronome 21/23 ;
comparer Galates 3/13) ? Ces sectateurs se rendaient donc coupables d’un
épouvantable blasphème qui risquait d’attirer la colère divine sur tout le peuple juif
(Josué 22/10-20). Le zèle de Saul pour son Dieu et son peuple explique l’ardeur qu’il
a mise à persécuter les disciples de Jésus (Actes 7/58 ; 8/1 & 3 ; Galates 1/13-14 ;
Philippiens 3/6).
Mais l’attitude de ses victimes, la sérennité d’Etienne durant son martyre se sont
certainement gravées dans sa mémoire. Cependant, comme il agissait avec une
entière bonne foi (1 Timothée 1/13), il n’a pas dû en être ébranlé dans ses
convictions.
Le récit qu’il fera au roi Agrippa fait penser à une action punitive s’étendant sur un
certain laps de temps :
— "J’ai jeté en prison plusieurs des saints, ayant reçu ce pouvoir des principaux
sacrificateurs et, quand on les mettait à mort, je joignais mon suffrage à celui des
autres" ;
— "Je les ai souvent châtiés dans toutes les synagogues, et je les forçais à
blasphémer" ;
— "dans mes excès de fureur contre eux, je les persécutais même dans les villes
étrangères".
L’expédition de Damas ne fut donc pas la première du genre. D’ailleurs, le reproche
de Jésus (Actes 9/4) se rapporte à ce passé récent. „
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Actes 9/1-25
Notes bibliques
Coll.
Les Actes des apôtres — Notes bibliques et pédagogiques. Supplément au Journal
des Ecoles du Dimanche, 1983, n° 2 (fascicule « Notes bibliques », p. 39-41).
La vocation de Saul (Actes 9/1-25)
Saul de Tarse, le futur Paul, est celui qui mènera à bien la grande aventure de la
mission auprès des païens. Le récit de sa vocation précède en fait celui de la
rencontre de Pierre et Corneille. Paul rappellera lui-même les circonstances de cette
vocation devant la foule juive ameutée dans le Temple (Actes 22/1-21) et devant le
roi Agrippa et le gouverneur Festus (26/9-18). L'étude comparative de ces trois récits
mis en « synopse » est pleine d'enseignements sur l'art narratif et les insistances
théologiques de Luc. Nous nous en tenons ici aux données du chapitre 9.
— page 8 —
v. 1-2 — Saul, aspirant toujours à menacer de mort les disciples du Seigneur, alla
trouver le Grand-prêtre...
Le récit se rattache, par-dessus la geste de Philippe, au v. 3 du chapitre 8, qui
mentionnait déjà l'activité de Saul comme persécuteur de l'Eglise, à Jérusalem. C'est
sous le même angle qu'il réapparaît, avec la volonté de porter l'offensive contre les
chrétiens jusqu'à Damas. Nous ne savons rien de l'implantation de disciples en Syrie
(8/2 ne mentionnait que la Judée et la Samarie). Ils sont désignés au v. 2 comme des
hommes et des femmes « qui suivaient le chemin du Seigneur » : littéralement, « qui
étaient de la Voie » ; c'est là une expression propre au livre des Actes (7 emplois)
pour désigner métaphoriquement la doctrine chrétienne ou plutôt le « mouvement »
inspiré par Jésus. Sous-entendu : la voie du Seigneur (cf. 18/25) ou la voie du salut
(cf. 16/17). On se souvient de l'importance du thème « suivre Jésus sur son chemin »,
dans l'évangile.
v. 3 — Il faisait route et approchait de Damas, quand tout à coup une lumière venue
du ciel resplendit autour de lui.
Luc n'écrit pas que Saul a une « vision » ; il ne dit pas non plus que le Seigneur en
personne lui est « apparu », comme à Simon (Luc 24/34). En l Corinthiens 15/5-8,
Paul, qui revendique le titre d'apôtre pour avoir « vu le Seigneur » (1 Corinthiens 9/1)
assimile ce qu'il a vu aux apparitions du Ressuscité. Luc, lui, présente l'événement du
chemin de Damas comme une révélation d'un type particulier, la manifestation
visible faisant plutôt penser aux « langues de feu » de la Pentecôte (la lumière,
comme le feu, est souvent liée à la révélation de Dieu, dans l'Ancien Testament). On
peut songer aussi au Messie « illuminateur » : cf. Luc 1/79 et 2/32. — L'événement
concerne Saul et lui seul : cette lumière « l'enveloppe de son éclat » (trad. TOB).
v. 4-6 — Il tomba à terre et entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me
persécutes-tu ?...
La voix est celle du Seigneur Jésus, le texte est ici on ne peut plus clair. Tandis que
les éléments narratifs présentent d'importantes variations, le dialogue entre Saul et
Jésus est le noyau invariant des trois récits (voir 22/7-8 ; 26/14-15). Pour la première
interpellation, Luc restitue exceptionnellement la forme sémitique du nom de Saoul.
La question et le reproche sont déconcertants : comment Saul pourrait-il persécuter
un être céleste ? La réponse de la voix à la question de Saul sur son identité est
remarquablement dense :
1. Elle présente la formule « Moi, je suis » qui évoque la révélation de Dieu à Moïse
(Exode 3/14) reprise par Jésus en Luc 2/8 ; 22/70 ; 24/39 (et souvent chez Jean).
2. Elle identifie l'homme Jésus, faux Messie aux yeux de Saul, au Seigneur glorieux.
3. Elle établit un lien personnel entre ce Seigneur et les hommes et les femmes que
Saul poursuit comme hérétiques : les persécuter, c'est le rejeter lui-même (l'image de
l'Eglise-corps du Christ pourrait avoir là sa source).
4. Après l'auto-révélation du Seigneur, un ordre d'envoi est adressé à Saul.
L'ensemble du dialogue suit un schéma très classique de l'Ancien Testament (Genèse
— page 9 —
31/11-13 ; 46/2-3, etc…). Ici, la démarche proche demandée à Saul laisse en suspens
le dévoilement de la mission à laquelle Dieu le destine.
v. 7-9 — Versets descriptifs pour montrer les effets de l'événement : les compagnons
ont conscience d'une intervention extraordinaire, qui leur échappe... Saul est aveuglé
par l'éclat de l'apparition et, pendant trois jours, il reste prostré à Damas, dans un
jeûne total. L'aveuglement physique peut prendre valeur de symbole : en 26/18, on en
verra le motif transposé au plan spirituel du « passage des ténèbres à la lumière ».
v. 10-12 — Il y avait à Damas un disciple nommé Ananias. Le Seigneur lui dit dans
une vision...
Nous avons vu jouer dans le récit de Pierre et Corneille le schéma de la « double
vision » : en fait, Luc l'avait déjà utilisé en ce chapitre 9, de manière fort habile : le
Seigneur, en vision, révèle à Ananias qu'au même moment Saul le voit en vision
venir lui imposer les mains !
v. 13-16 — Ananias répondit : Seigneur, j'ai entendu bien des gens parler de tout le
mal que cet homme a fait à ceux qui t'appartiennent (« à tes saints »)... Mais le
Seigneur lui dit : ...Cet homme-là, je l'ai choisi pour porter mon nom devant les
nations païennes.
On comprend la réticence d'Ananias : le Seigneur lui demande d'aller se mettre dans
la gueule du loup ! Ce nouveau dialogue est l'occasion de révéler la mission future de
Saul, porteur du nom de Jésus dans le monde païen. Il souligne le paradoxe d'un
adversaire devenant ardent confesseur de la foi chrétienne ; davantage : d'un
persécuteur qui sera à son tour persécuté.
Curieusement, Ananias ne va pas souffler mot à Saul de cette mission particulière.
Plus tard, Paul affirmera en avoir reçu la révélation dans une vision au Temple
(22/19-21). On peut donc penser qu'Ananias figure ici le lecteur, que Luc veut sans
plus tarder mettre dans la confidence du grand dessein de Dieu sur Saul.
v. 17-19a — Ananias, son objection ayant été souverainement réfutée, obéit à l'ordre
du Seigneur. C'est un simple chrétien, dont nous ne saurons rien de plus, mais qui
représente l'Eglise accueillant en « frère » l'ancien persécuteur et qui agit au même
titre que les apôtres en imposant les mains pour la guérison et le don de l'Esprit Saint.
Saul « se levant, fut baptisé » : on pourrait presque traduire « ressuscitant... » ; le
baptême est réception d'une vie nouvelle, passage de la mort à la vie. Saul, affaibli
par son jeûne et l'expérience bouleversante qu'il vient de vivre, doit manger pour
reprendre des forces : petite note réaliste, comme Luc 8/55...
v. 19b-22... Il se mit aussitôt à proclamer dans les synagogues que Jésus, c'était lui
le Fils de Dieu (...) ; il laissait sans réponse les Juifs qui étaient à Damas, en
démontrant que Jésus est bien le Messie.
Celui qui sera témoin devant les nations païennes commence par témoigner de sa foi
nouvelle, avec la fougue d'un homme au caractère entier, auprès de ses frères juifs.
Nous retrouvons plus loin cette priorité et sa justification. A Rome encore, à la
dernière page du livre des Actes, il essaiera de convaincre ses « frères » (28/17ss).
Mais les Juifs de Damas sont « hors d'eux-mêmes », comme devant un miracle
— page 10 —
étonnant, car ils connaissent aussi bien qu'Ananias sa réputation de persécuteur
acharné de la « Voie » !
v. 23 ...Les Juifs se concertèrent pour le faire mourir...
Premier symptôme d'un conflit irréductible qui accompagnera Paul tout au long de sa
mission. La haine des chrétiens dont il était porteur se retourne maintenant contre lui.
Serviteur du crucifié, controversiste qui confond ses adversaires, comme Etienne il
est promis à la mort. Il y échappe une première fois, il la frôlera souvent encore. Sa
carrière, qui commence ici par une évasion nocturne périlleuse (v. 25), est digne d'un
roman d'aventures. „
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Actes 9/1-20
Prédication
Louis PERNOT
Méditation radiodiffusée, FPF, 15.12.2002.
Le récit de la conversion de Paul peut être lu comme un exemple type de conversion
au Seigneur. En cela, il nous concerne, nous, parce que tous nous sommes appelés à
la conversion. Bien sûr, nous ne persécutons pas l'Eglise comme le fit Paul, mais
notre cœur n'est jamais à cent pour cent converti ; sans cesse, nous sommes appelés à
reconvertir à Dieu la part de nous-mêmes qui s'en écarte, et cela suppose une
démarche particulière. Certes, le texte nous montre une conversion particulièrement
brutale, mais les choses sont peut-être là un peu condensées, cette conversion-éclair
de Paul peut, bien sûr, se faire et se refaire chez nous en beaucoup plus de temps et
d’une façon moins spectaculaire.
Mais qu'est-ce qui a converti Paul ? Un simple dialogue qui tient en trois phrases :
"Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? — Qui es-tu, Seigneur ? — Je suis Jésus
que tu persécutes"... et aussitôt, Paul se convertit.
On peut s'étonner de la simplicité, voire même de la trivialité de ce dialogue. On ne
voit pas en quoi ces quelques mots sans vrai contenu peuvent convertir Paul, et
encore moins comment cela pourrait nous aider, nous, à nous convertir. On peut donc
soupçonner qu'il y ait là quelque chose de plus profond et qui échappe à la première
lecture. Longtemps j'ai scruté ce dialogue sans en découvrir quoi que ce soit
d'intéressant et, au moment d'abandonner la recherche, j'ai eu l'idée de lire les autres
récits que le livre des Actes nous donne de cette conversion. Il y en a trois, en fait,
aux chapitres 9, 22 et 26. Or, dans ce dernier récit, Paul précise que ce dialogue a eu
lieu en hébreu ; alors, évidemment, j'ai cherché à savoir les mots que le Seigneur a
dits à Paul et les mots par lesquels Paul lui a répondu. Et cette simple phrase : "Je
suis Jésus que tu persécutes" qui convertit Paul se dit en hébreu : "Ani Yeshua asher
ata rodef". Or, radaf veut dire persécuter, et aussi rechercher, poursuivre et Yeshua,
le nom de Jésus, signifie : "Dieu-sauve". Voici donc qu’en hébreu, la phrase qui
convertit Paul a un double sens, elle peut aussi signifier : "Je suis le salut que tu
recherches". Ce qui convertit Paul, c'est de comprendre que Jésus est le salut qu'il
recherchait si fortement. Paul se montre dans toutes ses épîtres comme étant
— page 11 —
passionnément en quête d'un salut, impossible à mériter par ses propres œuvres ; sa
conversion va consister à comprendre que ce salut tant désiré, le Christ le lui offrait
gratuitement.
Aujourd'hui, nous aussi, nous sommes tous à la recherche d’une sorte de salut, de
l'accomplissement de notre existence, à la recherche de ce qui pourrait nous
permettre de dépasser notre finitude, de surmonter l'échec personnel, de nous sortir
du piège de la maladie ou de la mort. Nous désirons une vie harmonieuse, et
finalement nous sauver du sentiment d'insatisfaction profonde que peut donner notre
existence en recherchant quelque chose qui dépasse notre vie pour la sauver.
Et se convertir, c'est comprendre que le Dieu de Jésus-Christ est la réponse à la quête
de notre vie. C'est Jésus qui peut nous sauver, et accomplir notre existence. C'est ça la
conversion au Christ, c'est comprendre que Jésus est la meilleure réponse que nous
puissions choisir à la question de notre vie. Paul va comprendre cela, et c'est ainsi
qu'il se convertit ; ce n'est donc pas un dialogue superficiel de présentations
mondaines, mais un dialogue intérieur très fort et extrêmement profond.
Mais, pour arriver à pouvoir comprendre cela, il y a toute une démarche préalable qui
peut être trouvée dans le début du dialogue, et qui est résumée par deux questions
fondamentales.
La première question est "Pourquoi ?" - "Pourquoi agis-tu ainsi ?". "Pourquoi ?" ; ce
mot revient très souvent dans l'Evangile. Jésus n'arrête pas de solliciter ses
interlocuteurs en leur demandant "Pourquoi ?", "Pourquoi fais-tu cela ?"... Par
exemple, lorsque dans l'évangile de Jean, un garde frappe Jésus, Jésus lui dit
simplement : "Pourquoi me frappes-tu ?". Et incité à réfléchir, le garde s’en va,
décontenancé.
Nous devons réfléchir pourquoi nous agissons, chaque fois que nous agissons. Nous
ne devons pas vivre sans savoir où cela nous mène. Le chrétien doit avoir cette
qualité qui est louée par Notre Seigneur dans la parabole de l'intendant infidèle : "Les
enfants de ce siècle sont plus intelligents que les enfants de lumière", parce que les
enfants de ce siècle réfléchissent à leur avenir mutuel. Et souvent, nous oublions de
réfléchir à ce vers quoi nous mène notre existence. Nous cédons à l'habitude... Paul
ne savait pas ce qu'il faisait. Paul continuait d'agir par habitude, pris dans une
doctrine. La remise en cause de la question "Pour-quoi (en deux mots) agis-tu ?" est
bien la question fondamentale de la foi, celle de la visée, de l'objectif, de l'idéal de
notre vie sans laquelle notre existence ne peut que mener à rien.
La réponse de Paul, curieusement, sera une autre question, et encore plus
curieusement, une interrogation qui semble n'avoir aucun rapport avec la question
posée. Il dit : "Qui es-tu, Seigneur ?". Je pense que, par-delà un discours banal qui
ressemblerait à une sorte de "Mais qui est à l'appareil ?...", il s'agit là d'une question
très profonde. En effet, Paul devait très bien savoir que c'était Dieu lui-même qui lui
parlait. Pour un homme de la Bible, quand une voix parle du ciel, avec une grande
lumière, il ne peut s'agir que de Dieu et d'ailleurs, Paul s'adresse à la voix en disant
"Seigneur", ce qui est le titre même de Dieu.
— page 12 —
Donc, en fait, Paul répond le plus justement possible à la question du "pourquoi" par
la question du but, de l'ultime, de l'essentiel, c'est-à-dire par la question de Dieu.
Voilà aussi une question fondamentale pour notre vie et pour notre propre
conversion : finalement, quel est le Dieu dans lequel je crois. Qu'est-ce qui est
fondamental, essentiel pour moi, quel est le but de ma vie, celui qui dépasse tous les
petits objectifs humains que je peux avoir, c'est-à-dire en fin de compte : en quoi estce que je crois ? Et c'est cela la foi, par delà le côté émotionnel d'un sentiment de la
présence de Dieu que l'on a plus ou moins ; ce qui est essentiel, c'est que notre vie
soit orientée vers quelque chose, et non pas une sorte d'errance dirigée seulement par
les opportunités, par les urgences du quotidien ne nous menant à rien. La foi qui nous
sauve, c'est la visée qui dirige notre vie, et sans doute est-il essentiel de ne pas laisser
l'élaboration de cette visée, de cette foi se construire sans réflexion. Il faut prendre du
recul, réfléchir, se questionner et se remettre en question sans cesse pour savoir
vraiment en fin de compte en quoi nous croyons, quel est notre Dieu.
La conversion de Paul sera alors de penser que le Christ lui-même est la meilleure
réponse à cette question. Nous devons de même essayer de savoir comment articuler
notre existence avec le but ultime que nous voulons lui donner. La réponse
chrétienne consiste à dire que le but ultime de notre existence réside dans le Christ,
que l'on peut prendre pour sens de sa vie le message du Christ que l'on trouve dans
les évangiles, de découvrir ou de redécouvrir cette affirmation essentielle de Jésus :
"Je suis, moi, le Christ, le Salut, le but, le sens profond que tu recherches". Jésus est
mon salut. C'est dans cette grande démarche que se trouve, je crois, l'essentiel de la
vie chrétienne. Nous sommes tous appelés à nous convertir et à nous reconvertir
chaque jour. Il nous reste donc, comme Paul, sans cesse à nous arrêter sur notre
chemin pour se confronter aux deux grandes questions du "Pourquoi fais-tu cela ?" et
du "Mais qu'est-ce que je cherche, en fin de compte ?".
Il reste ensuite, comme Paul, à poser la dernière question : "Seigneur, que feraisje ?". Et, là encore, c'est une réflexion fondamentale qui est peut-être l'essence même
de la prière, de demander à Dieu, comme le fit le petit Samuel : "Parle, Seigneur, car
ton serviteur écoute". Oui, la conversion, n'est pas un changement d'état, c'est un
questionnement, une dynamique qui ne nous laisse pas sur place, mais nous envoie
en mission pour travailler dans la Vigne du Seigneur, c'est-à-dire pour se mettre au
service des réalités dans lesquelles nous croyons. Là est le Salut que nous cherchons,
là est la vie, la joie et la lumière.
Amen. „
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