L’ « effritement du salariat », la multiplication des emplois atypiques
et la précarisation des trajectoires professionnelles, loin d’avoir
remis en cause le travail comme socle de l’intégration sociale dans
les sociétés occidentales, ont contribué à le façonner comme un bien
précieux aux yeux des individus. Dans le même mouvement, la mise
en œuvre de mesures actives dans le système de protection sociale
visant à (re)mettre le plus rapidement possible les sans-emploi en
situation de travail, ont participé à désigner le travail comme un bien
moral indispensable à la dignité. Le développement de formes de
travail hors du marché de l’emploi, dans le domaine des assurances
sociales, comme dans celui de l’aide sociale publique, entraîne un
brouillage des frontières entre les statuts de salarié, de chômeur et
d’assisté. La panoplie des mesures d’insertion professionnelle, la
multiplication des injonctions au développement de l’ « employabilité »
et les soutiens financiers attribués aux travailleurs et travailleuses
pauvres participent à la remise en question de l’emploi comme support
de droits sociaux. Ces transformations sont-elles effectivement
porteuses d’émancipation pour les individus, comme le prétendent
nombre d’expert-e-s et de responsables politiques ? Remettent-
elles en question les rapports de subordination ? En quoi jouent-elles
différemment selon les trajectoires biographiques et les ressources à
disposition ?
Cette journée d’étude réunit des contributions théoriques et
empiriques sur les évolutions marquantes des systèmes de protections
sociales et du monde du travail contemporain. Conçue comme un
espace de débat, elle a pour objectif de discuter les différences,
correspondances, ou résonnances entre les trois grands processus
de paupérisation, de précarisation et d’activation et d’esquisser des
manières d’appréhender leurs répercussions sur les expériences de
travail.
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