Commissariat général au développement durable Datar, Observatoire des territoires
Service de l’observation et des statistiques
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Indicateur territorial de développement durable
grands types d’habitats : les milieux forestiers, agricoles ou bâtis. Les autres espèces, qui ne présentent
pas de biais de répartition entre les types d’habitats, sont classées parmi les espèces généralistes. À
partir des indices d’abondance des espèces sont élaborés 4 indicateurs pluri-spécifiques pour fournir
l’indice du type d’habitat considéré, en combinant par moyenne géométrique les indices des espèces de
chaque groupe. L’indice global par région regroupe toutes les espèces d’oiseaux communs suivies dans
la région. L’indicateur est la tendance d’évolution de cette série d’indices dans le temps.
Pertinence
Le suivi des espèces communes est autant nécessaire à la compréhension des évolutions en cours de la
nature que celui des espèces rares ou emblématiques. Les oiseaux apparaissent comme de bons
indicateurs de l’état de la biodiversité en raison de leur position élevée dans les réseaux trophiques et de
leur grande variété d’exigences écologiques (habitats divers pour les différentes espèces, leurs stades de
vie, leurs migrations…). Ainsi les données recueillies par le programme STOC sont importantes pour
connaître l’état des écosystèmes et comprendre les modifications qu’ils subissent. Les oiseaux communs
constituent un indicateur de l’état de la biodiversité ordinaire.
Limites et précautions
Au niveau national, le suivi concerne 65 espèces d’oiseaux. Suivant les régions, toutes les espèces ne
sont pas représentées, et les groupes de spécialisation peuvent différer. Par exemple, les espèces
spécialistes des milieux agricoles ne sont pas les mêmes en zone méditerranéenne, atlantique ou
continentale.
Analyse
Résultats au regard de l’enjeu de développement durable
Globalement, sur la période 1989-2009, les espèces spécialistes sont en déclin, de - 12 % pour les
milieux forestiers, - 25% pour les milieux agricoles et - 21 % pour les milieux bâtis, tandis que les
populations d’espèces généralistes augmentent de + 20%. Ces espèces généralistes remplacent dans
de nombreux cas les espèces spécialistes qui souffrent de la dégradation de leurs habitats.
Les indices d’abondance des espèces spécialistes, notamment de celles des milieux forestiers ou bâtis,
semblent présenter un palier sur les 10 dernières années, mais les niveaux atteints restent bas par
rapport à ceux de 1990, et probablement très inférieurs à ceux des années 1970, si on se réfère aux
tendances observées au niveau européen. La situation actuelle semble ainsi stabilisée mais à un niveau
préoccupant.
Parallèlement, les effectifs des espèces généralistes sont en nette augmentation ces 10 dernières
années. Ces tendances semblent illustrer un phénomène d’homogénéisation de la faune aviaire, les
communautés d’oiseaux s’uniformisant vers des compositions d’espèces peu spécialisées, à large
répartition. Les mêmes tendances sont observées en Europe. D’après le MNHN, ces résultats sont en
concordance avec le constat global de déclin des espèces spécialistes chez les animaux (oiseaux,
mammifères, araignées, poissons) et les plantes. La dégradation ou la perte des habitats reste la
principale menace, malgré la mise en œuvre des directives « oiseaux » et « habitats, faune, flore »
(réseau Natura 2000).
Disparités territoriales
Le calcul des quatre indicateurs par grand type d’habitats au niveau régional pour la période 2001-2009
permet d’observer une progression globale des espèces généralistes, sauf dans 6 régions ; en Provence-
Alpes-Côte d’Azur et Aquitaine, le déclin est de plus de 10 %. Les espèces spécialistes des milieux
forestiers sont en déclin dans 14 régions sur 21. La situation est plus contrastée pour les espèces de
milieux agricoles, avec de forts écarts entre régions : une majorité d’entre elles présentent une
dynamique négative et seulement 6 régions affichent une tendance positive. Ceci peut s'expliquer par le
caractère local des principaux facteurs qui influent sur l’évolution des effectifs des espèces agricoles
(modifications du paysage agricole, fragmentation et destruction d'habitats). A l’opposé, les facteurs qui
affectent les espèces forestières et généralistes sont de nature plus globale (changement climatique
notamment). Les espèces des milieux bâtis présentent elles-aussi des situations contrastées, avec
seulement 8 régions ayant une tendance positive de 2001 à 2009.