Thème : Conservation et gestion des ressources naturelles
Orientation : Préserver la biodiversité
Commissariat général au développement durable Datar, Observatoire des territoires
Service de l’observation et des statistiques
Indicateur territorial de développement durable
Indicateur territorial de développement durable
L’abondance des populations
d’oiseaux communs
par région
Le suivi des espèces communes est aussi important que celui des espèces
patrimoniales pour la compréhension des évolutions de la biodiversité. Les effectifs
des différents groupes d’oiseaux communs étudiés ont baissé au cours des années
1990. Sur la dernière décennie, ils semblent se stabiliser à un niveau bas pour les
espèces spécialistes des milieux forestiers, agricoles ou bâtis, alors qu’ils
augmentent pour les espèces généralistes. Les oiseaux spécialistes des milieux
agricoles sont en déclin dans 15 régions sur 21, les spécialistes des milieux
forestiers dans 14, et ceux des milieux bâtis dans 13. Ces évolutions pourraient
menacer la diversité de la faune aviaire par l’homogénéisation des populations,
composées de plus en plus d’espèces généralistes.
Évolution de l’indice d’abondance des populations d’oiseaux communs
entre 2001 et 2009
Note : hors Corse (en raison de la spécificité de sa faune aviaire)
Source : MNHN/CRBPO, programme STOC.
Définition
Le programme de suivi des populations d’oiseaux nicheurs communs en France a été mis en place en
1989 par le Centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux (CRBPO) du Muséum national
d’histoire naturelle (MNHN). Ce programme est appelé STOC pour « suivi temporel des oiseaux
communs ». Il repose sur le suivi annuel assuré par des centaines de volontaires sur des points
d’écoute. Pour chaque espèce, l’indice d’abondance est calculé à partir du nombre d’individus entendus
sur l’ensemble des sites suivis. Les espèces sont regroupées selon leur spécialisation par rapport à 3
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grands types d’habitats : les milieux forestiers, agricoles ou bâtis. Les autres espèces, qui ne présentent
pas de biais de répartition entre les types d’habitats, sont classées parmi les espèces généralistes. À
partir des indices d’abondance des espèces sont élaborés 4 indicateurs pluri-spécifiques pour fournir
l’indice du type d’habitat considéré, en combinant par moyenne géométrique les indices des espèces de
chaque groupe. L’indice global par région regroupe toutes les espèces d’oiseaux communs suivies dans
la région. L’indicateur est la tendance d’évolution de cette série d’indices dans le temps.
Pertinence
Le suivi des espèces communes est autant nécessaire à la compréhension des évolutions en cours de la
nature que celui des espèces rares ou emblématiques. Les oiseaux apparaissent comme de bons
indicateurs de l’état de la biodiversité en raison de leur position élevée dans les réseaux trophiques et de
leur grande variété d’exigences écologiques (habitats divers pour les différentes espèces, leurs stades de
vie, leurs migrations…). Ainsi les données recueillies par le programme STOC sont importantes pour
connaître l’état des écosystèmes et comprendre les modifications qu’ils subissent. Les oiseaux communs
constituent un indicateur de l’état de la biodiversité ordinaire.
Limites et précautions
Au niveau national, le suivi concerne 65 espèces d’oiseaux. Suivant les régions, toutes les espèces ne
sont pas représentées, et les groupes de spécialisation peuvent différer. Par exemple, les espèces
spécialistes des milieux agricoles ne sont pas les mêmes en zone méditerranéenne, atlantique ou
continentale.
Analyse
Résultats au regard de l’enjeu de développement durable
Globalement, sur la période 1989-2009, les espèces spécialistes sont en déclin, de - 12 % pour les
milieux forestiers, - 25% pour les milieux agricoles et - 21 % pour les milieux bâtis, tandis que les
populations d’espèces généralistes augmentent de + 20%. Ces espèces généralistes remplacent dans
de nombreux cas les espèces spécialistes qui souffrent de la dégradation de leurs habitats.
Les indices d’abondance des espèces spécialistes, notamment de celles des milieux forestiers ou bâtis,
semblent présenter un palier sur les 10 dernières années, mais les niveaux atteints restent bas par
rapport à ceux de 1990, et probablement très inférieurs à ceux des années 1970, si on se réfère aux
tendances observées au niveau européen. La situation actuelle semble ainsi stabilisée mais à un niveau
préoccupant.
Parallèlement, les effectifs des espèces généralistes sont en nette augmentation ces 10 dernières
années. Ces tendances semblent illustrer un phénomène d’homogénéisation de la faune aviaire, les
communautés d’oiseaux s’uniformisant vers des compositions d’espèces peu spécialisées, à large
répartition. Les mêmes tendances sont observées en Europe. D’après le MNHN, ces résultats sont en
concordance avec le constat global de déclin des espèces spécialistes chez les animaux (oiseaux,
mammifères, araignées, poissons) et les plantes. La dégradation ou la perte des habitats reste la
principale menace, malg la mise en œuvre des directives « oiseaux » et « habitats, faune, flore »
(réseau Natura 2000).
Disparités territoriales
Le calcul des quatre indicateurs par grand type d’habitats au niveau régional pour la période 2001-2009
permet d’observer une progression globale des espèces généralistes, sauf dans 6 régions ; en Provence-
Alpes-Côte d’Azur et Aquitaine, le déclin est de plus de 10 %. Les espèces spécialistes des milieux
forestiers sont en déclin dans 14 régions sur 21. La situation est plus contrastée pour les espèces de
milieux agricoles, avec de forts écarts entre régions : une majorité d’entre elles présentent une
dynamique négative et seulement 6 régions affichent une tendance positive. Ceci peut s'expliquer par le
caractère local des principaux facteurs qui influent sur l’évolution des effectifs des espèces agricoles
(modifications du paysage agricole, fragmentation et destruction d'habitats). A l’opposé, les facteurs qui
affectent les espèces forestières et généralistes sont de nature plus globale (changement climatique
notamment). Les espèces des milieux bâtis présentent elles-aussi des situations contrastées, avec
seulement 8 régions ayant une tendance positive de 2001 à 2009.
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Évolution de l’indice d’abondance des populations d’oiseaux communs
spécialistes des milieux forestiers entre 2001 et 2009
Note : hors Corse (en raison de la spécificité de sa faune aviaire)
Source : MNHN/CRBPO, programme STOC.
Évolution de l’indice d’abondance des populations d’oiseaux communs
spécialistes des milieux agricoles entre 2001 et 2009
Note : hors Corse (en raison de la spécificité de sa faune aviaire)
Source : MNHN/CRBPO, programme STOC.
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Évolution de l’indice d’abondance des populations d’oiseaux communs
spécialistes des milieux bâtis entre 2001 et 2009
Note : hors Corse (en raison de la spécificité de sa faune aviaire)
Source : MNHN/CRBPO, programme STOC.
Évolution de l’indice d’abondance des populations d’oiseaux communs
généralistes entre 2001 et 2009
Note : hors Corse (en raison de la spécificité de sa faune aviaire)
Source : MNHN/CRBPO, programme STOC.
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Données complémentaires
La liste rouge des oiseaux nicheurs menacés de France métropolitaine est parue fin 2008. Elle est
élaborée par le MNHN et le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature
(UICN), en partenariat avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), la société d’études
ornithologiques de France et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage.
Sur 277 espèces d’oiseaux nicheurs évaluées, 5 sont éteintes en métropole, comme la sarcelle marbrée,
(Marmaronetta angustirostris) ou la grande outarde (Otis tarda). 73 espèces, soit 26 %, sont menacées
de disparition sur le territoire métropolitain (dont 11 en danger critique d’extinction et 20 en danger, les
autres étant vulnérables), alors que ce taux est de 12 % au niveau mondial.
Le râle des genêts (Crex crex), classé en danger, a perdu 50 % de ses effectifs en 10 ans, en lien sans
doute avec l’intensification des pratiques agricoles et la régression des prairies naturelles. Une espèce
autrefois commune comme le bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) a perdu 60 % de ses effectifs en
moins de 20 ans et est considérée comme vulnérable, souffrant de la dégradation des habitats et des
changements climatiques.
D’autres causes de déclin peuvent être, selon les espèces, la raréfaction des proies et des ressources
alimentaires, la pollution, l’électrocution sur des lignes haute tension, ou encore des tirs ou
empoisonnements à l’encontre de certaines espèces malgré la protection réglementaire dont elles
bénéficient.
Pour en savoir plus
Source
Organisme producteur de l’indicateur : MNHN (CRBPO).
Principales sources de données mobilisées pour établir l’indicateur : observation par des professionnels
et amateurs bénévoles dans le cadre du programme STOC.
Date de diffusion ou mise à jour des données mobilisées : 2010.
Couverture, échelon territorial
France métropolitaine hors Corse (en raison de la spécificité de sa faune aviaire).
Échelle temporelle
Référence temporelle : 2009.
Année ou période de la série chronologique : 1989 à 2009 au niveau national, 2001 à 2009 au niveau
régional.
Mise à jour annuelle.
Méthodologie de l’indicateur
Le programme STOC (Suivi Temporel d’Oiseaux Communs) a été initié en 1989 par le Centre de
recherches sur la biologie des populations d’oiseaux (CRBPO) du Muséum National d’Histoire Naturelle. Il
étudie les variations dans le temps et dans l’espace des effectifs des populations d’oiseaux communs à
l’échelle de la France à l’aide de nombreux observateurs professionnels et amateurs. Il permet, par
exemple, de mettre en évidence les espèces en déclin, stables et en augmentation, notamment en
fonction des grands types d’habitats.
Le CRBPO calcule au niveau national un indice de l’évolution des populations de l’avifaune à partir de 65
espèces d’oiseaux communs. Parmi elles, citons par exemple l’alouette des champs (Alauda arvensis,
caractéristique des milieux agricoles), le pic épeiche (Dendrocopos major, typique des milieux
forestiers), le moineau domestique (Passer domesticus, en milieu urbanisé) ou le merle noir (Turdus
merula, espèce généraliste). Les évolutions des populations sont calculées à partir d’une régression
linéaire sur la période 1989-2009 pour le niveau national, et 2001-2009 au niveau régional.
Les quatre indicateurs nationaux, regroupant les espèces selon leur spécialisation par rapport à trois
grands types d’habitat, ont été repris à l’échelon régional (spécialistes des milieux agricoles, spécialistes
des milieux forestiers, spécialistes des milieux bâtis, généralistes). Pour chaque groupe, l'indicateur
renseigne sur l'évolution de la moyenne de l'indice d'abondance des espèces du groupe, depuis 2001 (ou
2002 pour certaines régions). Pour le calcul de ces indicateurs régionaux, de nouveaux groupes
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