Résister en Seine-‐Inférieure.

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Journée d'études : Histoire et mémoire de la Résistance en Seine-­‐Inférieure pendant la Seconde Guerre Mondiale du mercredi 9 décembre 2015, à l’ Université de Mont Saint Aignan. Par Pierre largesse. Introduction par Olivier Feiertag, professeur d’Histoire économique contemporaine à l’université de Rouen. Membre du GrHis (Groupe de Recherche en Histoire) de l’université de Rouen. "La Résistance, c'est un témoignage des Lumières à l'encontre de l'âge des Ténèbres". Les communications décriront les gestes de transgression, les actes de résistance, les actes de collaboration. Les études à venir débouchent sur l'histoire sociale. Première session consacrée au thème : Résister en Seine-­‐Inférieure. -­‐ Michel Baldenweck a traité de "L'évolution de la Résistance en Seine-­‐Inférieure (1940-­‐
1944)". Il a mis en évidence le socle économique (département très industrialisé). Les différences entre zones d'occupation (littoral). Le nombre de PG, de requis au STO, au total 17%. Résistants surtout des jeunes. Femmes = 5%. L'efficacité de la répression surtout au début de 1944. (Rien sur Vichy -­‐ P. L.) -­‐ Claude Malon professeur au Havre et adhérent de notre IHS Cgt 76, traite de "Collaboration et résistance dans les milieux patronaux en Seine-­‐Inférieure". 1 -­‐ Décrit le mode de production et les comportements patronaux au Havre et à Rouen. Son travail repose sur les archives de l'Epuration pour collaboration économique et l'Epuration pour collaboration financière. Les commandes allemandes étaient payées avec l'argent des Français. Principales entreprises : Transport et manutention à Rouen et au Havre. BTP au Havre. 2 -­‐ 186 entreprises juives ont été aryanisées. Il nous faut repenser la "collaboration économique". Parfois réelle et consciente, mais parfois contrainte. Analyser les réponses aux commandes allemandes "de bon gré ou mal gré. Et la valeur de l'argument patronal. Les archives conservent des pétitions d'ouvriers remerciant les patrons de leur avoir fourni du travail et évité leur départ en Allemagne. 3 -­‐ Sur les Résistances patronales. Pas d'histoire manichéenne. Analyser la collaboration économique servant parfois de couverture à des actions de Résistance. Chez Caillard au Havre, un patron est collaborateur, l'autre résistant. Dans la discussion, P. Largesse (IHS CGT 76), estime qu'il ne faut pas oublier la question de "revanche du Front Populaire" que fut la législation de Vichy et notamment la Charte du Travail : il n'y a plus de délégués d'atelier élus, mais ils sont désignés, volonté de collaboration entre les classes ; les grèves sont interdites. Ce que le patronat apprécie, naturellement. -­‐ Mason Norton, historien britannique traite de "Hiérarchie et Condition sociale des Résistants en Seine-­‐Inférieure". 2
Il s’interroge sur les différentes manières de résister Met en évidence les enseignants, fonctionnaires, cadres (peu souvent étudiés) et celui des femmes -­‐ mais celles-­‐ci, pas dans les forces combattantes. -­‐ Jean Thomas sur "La Résistance des prisonniers de guerre". Rapporte sa biographie (évadé deux fois). Souligne qu'après la Libération, le monde des PG sera "un fond de commerce électoral". Evoque l'opposition entre de Gaulle et Mitterrand surnommé "le Francisquain", parce qu’il avait été décoré de la francisque par Pétain. . Seconde session, consacrée au thème : Lieux et mémoires de la Résistance en Seine-­‐Inférieure, -­‐ Rebecca Shtasel historienne britannique nous a présenté son étude sur "Syndicalisme et Résistance ouvrière à l (usine Bréguet du Havre (1943-­‐1944)", basée sur sa thèse sur « le syndicalisme au Havre au milieu du 20e siècle ». D'emblée elle souligne que la vie revendicative se poursuit au sein de Breguet, malgré l’interdiction de la CGT. Elle souligne le rôle de Louis Eudier depuis 1936 et l'occupation de l'usine, et le rôle de Louis Le Flem à la suite de l’arrestation de celui-­‐ci en 1941. L’entreprise fabrique des pièces d’aviation pour l’Allemagne, et le personnel fait 54 heures la semaine. L'action revendicative se base sur le désir de "satisfaire l'estomac" et celui de retrouver la vie d'hier. Son travail est basé sur les rapports des Renseignements Généraux. Le 11 novembre 1943, drapeau tricolore avec la Croix de Lorraine. Des délégations de masse des ouvriers pour porter les revendications à la direction de l’entreprise. Louis Le Flem fut imposé par les ouvriers dans la structure mise en place en application de la Charte du travail de Pétain. La direction n’est pas dupe de son double jeu. Elle prend prétexte qu’il avait mis 140 heures au lieu de 75 pour terminer un travail, retard consécutif au fait que son mandat officiel lui permettait de circuler dans l’entreprise, pour le rétrograder. Il s’ensuivit une grève massive d’une heure, en protestation, malgré se souhait de Louis Le Flem qu’elle n’ait pas lieu. Il est arrêté à la suite de cette grève. Il s’évade, mais tombe du toit d’un immeuble et meurt. -­‐ Michel Croguennec, membre de notre Comité scientifique sur "Le maquis de Barneville". Ses sources : les procès-­‐verbaux des interrogatoires, les rapports d'Alie après chaque attentat contre les trains, les Archives concernant les victimes des conflits contemporains, (DAVCC) conservées à Caen. Il précise la réalité du maquis : la grotte de Barneville fut un refuge provisoire pour les FTP durant le mois d’août 1943. Trois semaines seulement à Barneville (à 4 km de Bourg-­‐
Achard) ; auparavant dans la forêt des Essarts-­‐Orival. Un groupe d’une quinzaine de FTP composé de quelques hommes expérimentés encadrant de jeunes volontaires réfractaires au STO en apprentissage depuis très peu de temps. Ce sont les GMR (Gardes Mobiles de Réserve) et non la Milice qui assistent la Feld-­‐gendarmerie et la police allemande le 24 août 1943, jour de l’attaque contre la grotte. Deux hommes sont abattus lors de l’attaque : le chef du groupe et un déserteur autrichien passé à la Résistance. Douze autres sont emprisonnés à Bonne-­‐Nouvelle. Sur ces 12, 6 seront fusillés comme otages le 8 novembre 1943 au champ de tir du Madrillet. Avec à leurs côtés 3
deux autres FTP qui n’étaient pas présents à la grotte au moment de l’assaut. Un septième Franc-­‐tireur, André Dumont, sera fusillé à Amiens en février 1944. Sur les cinq hommes restants, arrêtés à Barneville, qui n’ont pas été fusillés, quatre ont été déportés et un s’est évadé de la prison Bonne-­‐Nouvelle. Seuls trois déportés sur quatre reviendront vivants des camps. Huit jeunes fusillés FTP le même jour à Rouen : l’événement suscita une vive émotion. A la Libération, sous l’impulsion des Francs-­‐tireurs survivants et de la ville de Petit-­‐Quevilly (mairie PCF), un comité pour le souvenir du Maquis de Barneville fut fondé, organisant chaque mois d’août une cérémonie du souvenir à la grotte. En 1967, Fernand Châtel, journaliste, ancien dirigeant FTP, déporté à Sachsenhausen, relata la première histoire du Maquis de Barneville dans une plaquette éditée par la Mairie de Petit-­‐Quevilly. Pour diverses raisons, les noms de plusieurs acteurs de ce réseau FTP qui ne se limitait pas à la grotte, ne figuraient pas dans le récit qu’en donnait Fernand Châtel. L’ouverture publique des diverses archives a permis de préciser la composition exacte du groupe, faisant apparaître de nouveaux résistants FTP restés dans l’ombre après la guerre. -­‐ Alain Alexandre et Stéphane Cauchois, sur "Les figures de la Résistance dans la vallée du Cailly". Evoquent le rôle de l'abbé Kerebel à Monville, le Front Patriotique de la Jeunesse. Paul Legoupil a écrit un livre sur ce prêtre, mort en déportation. Paul Legoupil est revenu de déportation. Les auteurs décrivent l'action des syndicalistes de la Cie Française des Métaux, qui fabrique des trains d’atterrissage pour les Messerschmitt, de Valentin Feldman et d’André Pican. D'octobre 1942 au 24 janvier 1943, il y eut dans la vallée, 200 arrestations CGT et PCF. A la fin de la journée, une Table ronde réunit : -­‐ Marie-­‐Christine Hubert qui nous présenta les fonds disponibles aux Archives Départementales, Depuis 4 ans de nouvelles sources sont disponibles. Les AD ont élaboré des instruments de recherche. L'archiviste cite 51 w (Cabinet du préfet) ; 40 w (versement du préfet de région) ; fonds de la Police Judiciaire ; fonds des sous-­‐préfectures, rapports sur les attentats, ceux des commissaires (42-­‐43 w). Collecte de témoignages oraux. Il y aura bientôt un fichier "Excel" consultable aux Archives. -­‐ Jean-­‐Paul Nicolas, s'annonce d'emblée comme technicien de la raffinerie de pétrole Esso-­‐
Port-­‐Jérôme, syndicaliste CGT, membre de notre IHS Cgt 76. Il présente le Dictionnaire biographique des fusillés (1940-­‐1944), édité par le Maitron et ses dirigeants actuels. C’est l’histoire d’Henri Messager, militant syndical CGT et communiste de son entreprise, qui l’a entrainé à s’intéresser aux parcours des fusillés du département. L'histoire sociale par la biographie est une porte d’entrée à ne pas négliger lorsque l’on travaille à l’histoire sociale. Les parcours des 30.000 fusillés, d'une extrême diversité, convergent le plus souvent vers un but commun : lutter contre la barbarie. L'ouvrage de près de 2.000 pages, (comportant 4.425 biographies de fusillés après avoir passé devant un tribunal allemand ou comme otages 4
politiques internés dans les prisons françaises) est le fruit de contributions d'une centaine d’auteurs. -­‐ Jean Quellien, professeur émérite de l'Université de Caen, présente le résultat de ses travaux réalisés à partir des fiches établies pour l'attribution des 265.000 cartes de Combattant Volontaire de la Résistance, pour l'ensemble de la France. Il existe un fichier national des CVR aux archives décentralisées de la Défense à Caen. Les fiches donnent l'Etat-­‐
civil, la profession, le domicile. C'est en même temps une leçon de méthode de traitement de cette source volumineuse que Jean Quellien nous a apportée. Voici, brièvement, les questions et les résultats de ses travaux, présentés à l'aide de graphiques : • Les titres CVR sont-­‐ils représentatifs ? • Etude géographique (carte par départements) • Etude chronologique de l'engagement dans la Résistance • Etude sociologique sur un échantillon de 10.000 personnes. Par âge, par sexe, par structure socioprofessionnelle. Par rapport à la population française, des catégories sont surreprésentées : les catégories moyennes et supérieures ; des catégories sont sous-­‐représentées : les paysans. • Antécédents politiques : En Résistance, deux tiers viennent de la Gauche. • Dans la Collaboration, deux tiers viennent de la Droite. Les "périmètres" d'action ont été étudiés : la lutte armée, le sabotage des câbles allemands, le renseignement, l'aide aux aviateurs de la R.A.F. N.B. -­‐ La publication des Actes de cette Journée d'études est fermement envisagée. 
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