2007). Cette incertitude est inhérente aux opérations à terme et, à la bourse de Paris, elle est
d’autant plus importante que ces opérations ont constitué tout au long du siècle la grande
majorité des volumes qui s’y négociaient. Dès le début de la Monarchie de Juillet, elles
surpassaient d’au moins cinquante fois les opérations au comptant (Vincens 1834, t. 1, 614).
On appelle opération à terme celle par laquelle un vendeur et un acheteur s’engagent
réciproquement, l’un à livrer les titres objets du contrat, l’autre à les payer à une date
ultérieure, à un prix fixé le jour de la négociation. Dans le cadre des bourses de valeurs, les
dates et les procédures de règlement-livraison, autrement dit la liquidation, sont établies par
les autorités de bourse. Les opérations à terme peuvent se faire les « mains garnies » ou à
découvert. Dans le premier cas, le vendeur dispose lors de la conclusion du contrat des titres
(couramment déposés auprès d’un tiers), tandis que dans le second cas le vendeur n’a pas les
titres au moment de la négociation. De plus, les opérations à terme peuvent se solder soit par
l’échange effectif des titres négociés, soit par le règlement des « différences ». Si les parties
ne souhaitent pas livrer ou recevoir les titres, elles peuvent en effet effectuer une opérations
en sens contraire à la première et, à la liquidation, ne décaisser ou encaisser que la différence
entre le prix d’achat et celui de vente. Dès lors, ces opérations « différentielles », qui
représentent la plupart des opérations à terme conclues à la bourse de Paris, non plus pour
objet l’échange de titres.
Les opérations à découvert font courir aux parties un risque de défaut qui naît du délai,
que les deux parties s’accordent, entre la conclusion du contrat et le dénouement de
l’opération. Entre temps, il peut intervenir une variation inattendue de la richesse nette de
l’une de ces deux parties, qui affecte sa capacité à remplir ses obligations. Plus le dénouement
du contrat est éloigné de la négociation plus l’exposition à ce risque est élevée car la
probabilité de chocs imprévus cumulés s’accroît.
En France, la négociation de valeurs mobilières est soumise au monopole des agents
de change qui sont à la fois des officiers ministériels et des commerçants. Ils sont plus
spécifiquement des commissionnaires à qui la loi interdit de se porter contrepartie de leurs
clients et impose le secret professionnel. Le nombre d’agents de change par place financière
est fixé par les pouvoirs publics. A Paris, 60 agents sont réunis au sein de la Compagnie des
Agents de Change (CAC) dont l’organe corporatif élu, la Chambre Syndicale (CS), est
l’autorité de bourse, sous la tutelle du ministère des Finances. En marge de la bourse de ces
intermédiaires officiels (le Parquet), il s’est développé un marché concurrent (la Coulisse)
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