4
RÉSUMÉ
Notre étude se propose de mettre au jour le dynamisme et la vie de procédés
métathéâtraux proprement français qui ont pu paraître en sommeil pendant plus de deux
siècles.
À partir de pièces reposant sur les jeux de spécularité au sein du fonds dramatique
du Siècle d’Or et de celui du théâtre français du dix-septième siècle, elle compare d’abord
dans ces deux corpus les modalités de spécularité ainsi que les emprunts et aménagements
français en la matière afin d’essayer de comprendre leurs causes et de dégager les
archétypes formels, sémantiques et enfin scénographiques spécifiquement français. Elle
révèle ensuite les facteurs qui ont permis à ces procédés de retrouver une nouvelle vigueur
dans le théâtre français au vingtième siècle, tout en étudiant les changements opérés dans
ces structures spéculaires et en repérant les tendances dominantes de la modernité à cet
égard. Alors qu’un mouvement parallèle de remise à l’honneur des jeux spéculaires se
remarque sur la scène espagnole du vingtième siècle, elle met enfin en lumière le fait que
malgré la langue, ce sont les pièces spéculaires françaises qui ont inspiré maints pays
d’Amérique latine dont Cuba, où l’activité théâtrale se signale par un étonnant dynamisme,
de puissantes dramaturgies. Elle expose aussi évidemment sur les raisons de cet intérêt
différencié pour le procédé, et pour sa pratique par des auteurs français, de l’autre côté de
l’Atlantique.
En partant d’un concept nouveau recouvrant sept formes majeures de spécularité
dramatique et permettant d’établir une typologie examinant leurs modalités françaises de
création et de fonctionnement, cette thèse se donne donc pour but de retracer et mettre au
jour les transferts et les métamorphoses qu’a subis, depuis ses origines jusqu’au vingtième
siècle, ce que nous avons nommé le « théâtre à son miroir français », afin de dégager
l’universalité non seulement de ces formes mais aussi et surtout de certaines de leurs
significations et de leurs réalisations scéniques.