HISTOIRE DE LA CHIMIE Chimie, science qui étudie la matière et

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HISTOIRE DE LA CHIMIE
Chimie, science qui étudie la matière et ses transformations.
Historique
Les premiers procédés «!chimiques!» connus furent inventés par les artisans de
Mésopotamie, d'Égypte et de Chine. Les Anciens travaillaient les métaux, comme
l'or ou le cuivre, à l'état natif!; ils savaient fondre quelques minerais métalliques
(essentiellement des oxydes et des sulfures) en les chauffant au feu de bois afin
d'en extraire les métaux!; ils avaient fortuitement découvert le verre.
«!Physique!» grecque
Les quatre éléments naturels
Vers 600 av. J.-C., le philosophe grec Thalès supposa que l'eau était le principe de
toute chose. Son élève Anaximandre formula une théorie selon laquelle les choses
proviendraient de l'infini, vers lequel elles retourneraient sous l'effet de la
corruption. Anaximène considérait l'air comme l'élément fondamental. Pour
expliquer comment se constituent les solides à partir de l'air, le philosophe
introduisit les notions de condensation et de raréfaction. Ainsi, l'air, invisible en soi,
se condenserait sous l'effet de basses températures et produirait ainsi l'eau, la terre
et la matière solide en général!; en se raréfiant sous l'effet de la chaleur, il donnerait
naissance au feu.
Selon Empédocle, philosophe grec du V e siècle av. J.-C., le monde serait constitué
de quatre éléments : la terre, l'eau, l'air et le feu. Mus par la force de l'amour, ils
s'uniraient et se sépareraient sous l'impulsion de la haine. Anaxagore était
convaincu que la matière était constituée d'un nombre infini d'éléments indivisibles,
dont le mélange, réalisé par l'opération de l'intelligence éternelle, conduirait aux
choses.
La théorie atomiste :
Leucippe aurait fondé la théorie atomiste. Selon celle-ci, la matière résulterait d'une
composition particulière des atomes (du grec atomos, «!indivisible!»), particules
minuscules, identiques et indivisibles. Son élève Démocrite interpréta cette théorie
en affirmant que les choses, complexes d'atomes, se différenciaient par leurs
qualités premières, objectives (étendue, densité, inertie, dureté) et secondes,
subjectives (les choses «!émettraient!» des simulacres qui, en atteignant
l'observateur, donneraient lieu à leur perception). Cette théorie atomiste préfigure
les principes modernes de la conservation de l'énergie et de l'irréductibilité de la
matière.
D'après d'autres philosophes, en particulier Aristote, les éléments formeraient une
masse continue, ce qui exclut l'existence du vide. En revanche, pour Épicure, la
matière serait constituée de corps — agrégats d'atomes — et de vides en quantité
illimitée. Les atomes, divisibles mathématiquement mais pas physiquement,
seraient caractérisés par leur masse, leur taille et leur forme.
La théorie atomiste fut ensuite délaissée par les Grecs, mais ne fut jamais
totalement oubliée. Rétablie pendant la Renaissance, elle constitua la base de la
théorie atomique moderne.
Aristote devint le plus influent des philosophes grecs et ses concepts dominèrent la
philosophie naturaliste pendant presque deux millénaires après sa mort, en
322 av. J.-C. Selon lui, on trouverait quatre qualités dans la nature : la chaleur, le
froid, l'humidité et la sécheresse. Les quatre éléments (terre, eau, air et feu,
auxquels il avait ajouté un cinquième élément, plus volatil que le feu, l'éther, appelé
également cinquième essence) auraient chacun deux de ces qualités. Par exemple,
le feu serait chaud et sec, l'eau froide et humide, l'air chaud et humide, et la terre
froide et sèche. Ces éléments et leurs propriétés se combineraient dans différentes
proportions pour former les constituants de la Terre. Comme on peut modifier
l'importance de chaque propriété dans un élément, ces derniers devraient pouvoir
être transformés l'un en l'autre. Ainsi, le plomb pourrait être transmuté en or.
Alchimie
La transmutation des métaux :
En Égypte, la théorie d'Aristote fut admise par les artisans, en particulier à
Alexandrie, qui devint, après 300 av. J.-C., le centre intellectuel du monde antique.
Selon les artisans, les métaux terrestres tendraient à devenir de plus en plus
parfaits et à être ainsi progressivement transformés en or, et ils pensaient pouvoir
effectuer plus rapidement cette opération dans leurs propres ateliers et transmuter
ainsi les métaux courants en or, métal inaltérable par l'air, l'eau ou les acides. Cette
idée apparut en l'an 100 apr. J.-C. et domina la pensée philosophique. Un grand
nombre de traités furent publiés sur l'art de la transmutation, ou alchimie. Bien que
personne ne réussît à fabriquer de l'or, la recherche du perfectionnement des
métaux permit de découvrir certains procédés chimiques.
À la même époque en Chine, une alchimie similaire vit le jour. Le but était
également de fabriquer de l'or, même si ce n'était pas pour la valeur monétaire du
métal. Les Chinois croyaient en effet que l'or était un remède qui pouvait conférer
une longue vie et même l'immortalité à quiconque en consommait. De la même
façon que les Égyptiens, ils acquirent des connaissances chimiques pratiques à
partir de théories sans validité éprouvée.
Après le déclin de l'Empire romain, les écrits grecs furent moins ouvertement
étudiés en Occident, et furent même largement négligés à l'est de la
Méditerrannée. Cependant, au VIe siècle, une secte de chrétiens, les nestoriens,
étendirent leur influence en Asie Mineure. Ils créèrent une université à Édesse, en
Mésopotamie, et traduisirent un grand nombre d'ouvrages philosophiques et
médicaux grecs en syriaque.
Aux VIIe et VIIIe siècles, les conquérants arabes propagèrent la culture islamique
dans une grande partie de l'Asie Mineure, en Afrique du Nord et en Espagne. Les
califes de Bagdad devinrent des mécènes actifs de la science et de l'enseignement.
Les versions syriaques des textes grecs furent à nouveau traduites, cette fois en
arabe, et, avec l'enseignement du grec, les idées et la pratique de l'alchimie
fleurirent une nouvelle fois.
Les alchimistes arabes, également en contact avec la Chine de l'Est, connaissaient
l'or comme remède et partageaient l'idée grecque de la perfection de ce métal. On
pensait qu'un agent spécifique, la pierre philosophale, favorisait la transmutation,
laquelle devint l'objet de la recherche alchimique. Les alchimistes avaient
maintenant une motivation supplémentaire pour étudier les procédés chimiques, car
ces derniers pouvaient non seulement mener à la richesse, mais également
améliorer la santé. L'étude des produits et des appareillages utilisés en chimie fit un
réel progrès. Ainsi, on découvrit des réactifs importants, tels que les alcalis
caustiques et les sels d'ammonium !; l'appareillage de distillation fut régulièrement
amélioré.
La diffusion des connaissances :
Au XIe siècle, l'Occident connut une importante renaissance intellectuelle, qui fut en
particulier favorisée par les échanges culturels entre les savants arabes et
occidentaux, en Sicile et en Espagne. Des écoles de traducteurs furent fondées!;
elles contribuèrent à la transmission des concepts philosophiques et scientifiques
arabes aux érudits européens. Ainsi, les savoirs de la science grecque furent
d'abord traduits en syriaque et en arabe, puis en latin, et les écrits parvinrent
finalement dans toutes les parties d'Europe. Parmi les manuscrits les plus lus, une
grande partie concernait l'alchimie.
On peut classer ces manuscrits en deux catégories : certains étaient pratiques!;
d'autres tentaient d'appliquer les théories de la nature de la matière aux problèmes
alchimiques. La distillation était l'un des sujets pratiques traités. La fabrication du
verre ayant été largement améliorée, en particulier à Venise, on pouvait alors
construire un appareil de distillation plus efficace que celui qui avait été réalisé par
les Arabes. En conséquence, on pouvait condenser les produits les plus volatils de
la distillation. Parmi les produits importants obtenus de cette façon figuraient l'alcool
et des acides minéraux tels l'acide nitrique, l'eau régale (mélange d'acides nitrique
et chlorhydrique, qui rend l'or soluble), l'acide sulfurique et l'acide chlorhydrique.
Ces réactifs purent intervenir dans un grand nombre de réactions nouvelles. Les
Arabes transmirent le mode de fabrication de la poudre à canon à l'Occident. À
l'origine, les Chinois utilisaient cette poudre pour les feux d'artifice, mais, en
Occident, elle devint rapidement l'un des principaux outils guerriers. À la fin du
XIIIe siècle, une technologie chimique efficace fut développée en Europe.
Les autres manuscrits d'alchimie transmis par les Arabes étaient essentiellement
théoriques. Un grand nombre d'entre eux présentaient un caractère mystique,
contribuant peu au progrès de la chimie. D'autres tentaient d'expliquer la
transmutation en termes physiques. Les Arabes avaient fondé leurs théories de la
matière sur les idées d'Aristote, mais leur réflexion tendait vers une plus grande
précision, en particulier dans la composition des métaux. D'après eux, les métaux
étaient constitués de soufre et de mercure, non pas les substances familières qu'ils
connaissaient parfaitement, mais plutôt le «!principe!» du mercure, qui conférait aux
métaux un caractère fluide!; et le «!principe!» du soufre, qui rendait les substances
combustibles et les métaux corrodables. Les réactions chimiques s'expliquaient par
des variations de quantités de ces principes dans la matière.
Au cours des XIIIe et XIV e siècles, l'influence d'Aristote déclina dans tous les
domaines de la pensée scientifique. L'observation de la fusion de la matière fit
douter des explications du philosophe. Au Japon, les techniques de la trempe
avaient été perfectionnées jusqu'au XVe siècle, et des armes blanches (en
particulier des sabres et des épées) d'une qualité exceptionnelle, grâce à des
procédés aujourd'hui oubliés ou désormais inapplicables, avaient été fabriquées
par des moines-forgerons au service de seigneurs. Après 1500, les ouvrages
d'alchimie étaient apparus en nombre croissant, commme ceux concernant la
technologie. Le résultat de ces connaissances et de leur transmission fut flagrant
au XVIe siècle.
l'avènement des méthodes quantitatives :
Parmi les ouvrages les plus influents du XVIe siècle, on trouve des études
pratiques sur l'exploitation minière et la métallurgie. Ces traités s'intéressaient en
particulier aux minerais pour leur contenu en métaux de valeur, évaluation qui
nécessitait l'usage d'une balance de laboratoire, ou cadran gradué, et le
développement de méthodes quantitatives. Dans les autres domaines, les savants,
en particulier en médecine, commençaient à reconnaître la nécessité d'une plus
grande précision dans la mesure et dans les procédés de séparation des
substances, notamment en vue de la production de remèdes.
Ces méthodes furent largement développées par le médecin suisse Paracelse. Issu
d'une région minière, il s'était familiarisé avec les propriétés des métaux et leurs
composés, qu'il croyait plus efficaces que les remèdes à base de plantes utilisés
par les médecins orthodoxes. Pendant la majeure partie de sa vie, il fut impliqué
dans de violentes querelles avec le pouvoir médical de l'époque, et il fonda la
science de l'iatrochimie (usage de médicaments chimiques), précurseur de la
pharmacologie.
Paracelse et ses successeurs découvrirent un grand nombre de composés et de
réactions chimiques. À l'ancienne théorie des principes du soufre et du mercure
concernant la composition des métaux, il ajouta un troisième constituant, le sel,
partie terrestre de tout composé. D'après Paracelse, lorsque le bois brûle,
«!l'élément qui brûle est le soufre, celui qui s'évapore est le mercure et celui qui se
transforme en cendres est le sel!». Son insistance sur le soufre combustible fut
déterminante pour le développement ultérieur de la chimie.
Les iatrochimistes qui suivirent Paracelse se démarquèrent de certaines de ses
idées les plus fantaisistes, mais ils associèrent ses recettes et les leurs pour
préparer des remèdes chimiques. Enfin, à la fin du XVIe siècle, André Libavius
publia une classification des connaissances iatrochimiques dans son Alchimie,
ouvrage fréquemment considéré comme le premier manuel de chimie.
Naissance de la chimie moderne :
Dans la première moitié du XVIIe siècle, certains scientifiques se mirent à étudier
expérimentalement les réactions chimiques, non pas parce qu'elles étaient utiles
pour d'autres disciplines, mais plutôt pour leur intérêt propre. Le Flamand Jan
Baptist Van Helmont, médecin qui délaissa la pratique médicale pour se consacrer
à l'étude de la chimie, utilisa une balance pour montrer qu'une quantité définie de
sable pouvait être fondue en présence d'une base pour former le gaz à l'eau, et que
ce produit, traité par de l'acide, régénérait la quantité originelle de sable (silice).
Ainsi apparurent les prémisses des fondements du principe de conservation de la
masse. Van Helmont découvrit également que, dans un certain nombre de
réactions, un fluide aérien (le gaz carbonique) était libéré. Il appela cette substance
«!gaz!». L'existence d'un nouveau groupe de substances avec ses propres
propriétés physiques venait d'être démontrée. C'est encore à lui que l'on doit
l'invention du thermomètre.
Théorie cinétique des gaz :
Au XVIe siècle, on avait découvert comment créer un vide, ce qu'Aristote avait
déclaré impossible. Cela attira l'attention sur l'ancienne théorie de Démocrite, qui
avait supposé que les atomes se déplaçaient dans le vide. René Descartes et ses
successeurs introduisirent un concept mécanique de la matière selon lequel la
taille, la forme et le mouvement des particules expliquaient tous les phénomènes
observés. À cette époque, la plupart des philosophes naturalistes et des
iatrochimistes supposaient que les gaz n'avaient pas de propriétés chimiques!; leur
attention était donc focalisée sur le comportement physique de ces derniers.
Une théorie cinétique moléculaire des gaz prit ainsi forme. Dans ce cadre,
remarquables furent les expériences de Robert Boyle, dont les études sur
l'élasticité de l'air conduisirent à la loi qui porte son nom. Selon celle-ci, à
température constante, le volume d'un gaz est inversement proportionnel aux
pressions auxquelles il est soumis. C'est à Boyle que l'on doit également la
découverte du rôle de l'oxygène dans les combustions!; il contribua à la définition
de l'élément chimique fournie plus tard par le Français Lavoisier.
Le phlogistique :
Pendant que de nombreux philosophes spéculaient sur les lois mathématiques, des
savants tentaient d'expliquer au moyen de théories les réactions chimiques qu'ils
observaient. Les iatrochimistes prêtèrent une attention particulière au soufre et aux
théories de Paracelse. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, le médecin,
économiste et chimiste allemand Johann Joachim Becher bâtit un système
chimique autour de ce principe. Il remarqua que, lorsque la matière organique
brûlait, une substance volatile se vaporisait. Son disciple Georg Ernst Stahl en fit le
fondement d'une théorie qui survécut dans les cercles chimiques pendant près d'un
siècle, l'hypothèse du phlogistique.
Stahl supposait que, lorsqu'une substance brûlait, sa partie combustible se
dégageait dans l'air. Il appela cette partie le phlogistique, du mot grec signifiant
«!inflammable!». Selon Stahl, la corrosion des métaux était analogue à la
combustion et impliquait donc la perte du phlogistique. Les plantes absorbaient le
phlogistique de l'air et étaient donc riches en phlogistique. Chauffer la chaux ou des
oxydes métalliques au feu de bois leur redonnait le phlogistique. Par conséquent, la
chaux était un élément et le métal un composé. Cette théorie allait à l'encontre de
la conception actuelle de l'oxydoréduction, mais impliquait la mutation cyclique
d'une substance — quand bien même dans la mauvaise direction —, et certains
phénomènes observés pouvaient s'expliquer par cette mutation. Cependant, des
études récentes en histoire de la chimie montrent que l'hypothèse du phlogistique
n'avait qu'une influence mineure parmi les chimistes, jusqu'à ce qu'elle fût réfutée
par Lavoisier, dans le dernier quart du XVIIIe siècle.
Approche scientifique :
Au XVIIIe siècle, une nouvelle observation fit progresser la compréhension de la
chimie : les scientifiques constatèrent que certaines substances se combinaient
plus facilement que d'autres, ou avaient une plus ou moins grande affinité pour un
produit donné. Des tables détaillées furent établies pour montrer les affinités
relatives des composés lors de leur mélange. L'étude et l'usage de ces tables
rendirent possible la prédiction de nombreuses réactions chimiques avant leur
réalisation en laboratoire.
La chimie analytique :
Cela conduisit à la découverte de nouveaux métaux, de leurs composés et de leurs
caractéristiques. Les méthodes analytiques qualitatives et quantitatives se
développèrent : la science de la chimie analytique était née. Néanmoins, aussi
longtemps que le rôle des gaz ne fut pas estimé autrement qu'en physique, la
dimension de la chimie ne put être pleinement reconnue.
L'étude chimique des gaz
L'étude chimique des gaz, en général appelés airs, prit son essor au début du
XVIIIe siècle, lorsque le naturaliste britannique Stephen Hales mit au point le
principe de la cuve à eau, qui lui permit de récupérer les gaz émis par de
nombreuses substances chauffées et de mesurer le volume de ces gaz. La cuve à
eau devint un dispositif précieux pour la collecte et l'étude des gaz, domaine qui
progressa rapidement et conduisit à un nouveau niveau de compréhension des
gaz.
Travaux de Joseph Black :
En 1756, à Édimbourg, le chimiste britannique Joseph Black publia ses études sur
les réactions des carbonates de magnésium et de calcium : chauffés, ces
composés dégageaient un gaz et laissaient un résidu, la «!magnésie calcinée!», ou
chaux. Cette dernière réagissait avec l'«!alcali!» (carbonate de sodium) pour
régénérer les sels originaux. Ainsi, le dioxyde de carbone, que Black appelait «!air
fixe!», jouait un rôle dans certaines transformations. L'idée qu'un gaz ne pouvait pas
intervenir dans une réaction chimique était définitivement ébranlée, et déj à
quelques gaz étaient reconnus comme composés à part entière.
Travaux de Priestley
Le physicien britannique Henry Cavendish isola l'«!air inflammable!» (hydrogène) en
1766. Il introduisit également l'usage du mercure à la place de l'eau comme liquide
de confinement, au-dessus duquel les gaz étaient recueillis, rendant possible la
récupération des gaz solubles dans l'eau. Cette variante fut largement utilisée par
Joseph Priestley, qui recueillit et étudia une douzaine de gaz nouveaux. La plus
importante découverte de Priestley fut celle d'un gaz que Lavoisier nommera plus
tard oxygène, et il se rendit rapidement compte que ce gaz était un constituant de
l'air, responsable de la combustion et rendant possible la respiration des animaux. Il
remarqua que, immergées dans ce gaz, les substances combustibles brûlaient plus
facilement et que les métaux formaient plus facilement des chaux, puisqu'ils étaient
dépourvus de phlogistique. Par conséquent, ce gaz acceptait le phlogistique
présent dans la substance combustible ou le métal plus facilement que l'air
ordinaire, en partie constitué de phlogistique. Priestley dénomma ce gaz «!air
déphlogistiqué!» et prôna sa théorie jusqu'à la fin de sa vie.
Travaux de Lavoisier :
Pendant ce temps, la chimie avait fait des progrès rapides en France, en particulier
dans le laboratoire de Lavoisier, qui était troublé par l'observation suivante : les
métaux chauffés dans l'air gagnaient du poids, alors qu'ils étaient supposés perdre
du phlogistique.
En 1774, Priestley fit part à Lavoisier de sa découverte de l'air déphlogistiqué, que
le Français nomma oxygène, ouvrant ainsi la voie à l'avènement de la chimie
moderne.
Lavoisier fut l'un des premiers à réaliser des expériences rigoureuses et réellement
quantitatives. Il démontra ainsi que l'air contient environ 20 p. 100 d'oxygène et que
la combustion s'explique par la combinaison d'une substance combustible avec cet
élément. Lorsque le carbone est calciné, de l'«!air fixe!» (dioxyde de carbone) est
produit. En conséquence, le phlogistique n'existe pas. La théorie du phlogistique fut
bientôt supplantée par la conception suivante : lors de la combustion d'une
substance, l'oxygène de l'air se combine avec les constituants du combustible pour
former des oxydes de ces éléments ou composés.
Lavoisier utilisa la balance de laboratoire pour donner un support quantitatif à ses
travaux. Il donna également la définition actuelle de l'élément chimique, substance
qui ne peut être décomposée par des moyens chimiques. Il put ainsi établir le
principe de conservation de la masse, ou de la matière. Avec, entre autres, Claude
Louis Berthollet, Lavoisier remplaça l'ancien système des noms chimiques (encore
fondé sur l'usage alchimique) par la nomenclature rationnelle utilisée de nos jours,
et participa à la fondation de la première revue de chimie.
Après sa mort, en 1794, ses confrères poursuivirent son œ u vre et la chimie acquit
alors son statut de science. Par exemple, Jöns Jakob Berzelius proposa de noter
les éléments par des symboles, correspondant aux initiales ou aux deux premières
lettres de leurs noms.
On lui doit aussi d'avoir isolé le sélénium, ainsi que d'importantes études dans les
domaines de la catalyse et de l'isomérie.
Essor de la chimie
Les lois sur les gaz :
En 1804, Louis Joseph Gay-Lussac montra que les rapports des volumes des gaz
qui réagissent sont de petits nombres entiers : c'est la loi des proportions multiples
(qui implique l'interaction des atomes). Sa première loi indique que tous les gaz se
dilatent de la même façon, proportionnellement à l'augmentation de la température
(à pression constante, cette variation par degré correspond à 1/273 de son volume
à 0!°C). D'après la seconde loi, si un gaz est réchauffé tout en maintenant constant
son volume, à chaque degré d'augmentation de la température la pression
augmente de 1/273 de sa valeur à 0!°C. Gay-Lussac découvrit également le bore,
isola le cyanogène et mena des études sur l'iode. Il démontra, avec Thenard, que le
chlore est un corps simple.
En 1808, John Dalton publia son hypothèse atomique. Il considérait qu'il était
possible de déduire les masses relatives des particules ou des atomes du rapport
des masses dans les composés. Selon lui, tous les composés étaient «!binaires!»
(le rapport du nombre d'atomes des différents éléments étant égal à 1), sauf si des
éléments pouvaient former deux composés différents (auquel cas l'un des
composés aurait été binaire, l'autre ternaire) ou si les éléments pouvaient former
trois composés différents (l'un serait binaire, les deux autres ternaires). De plus, il
affirma que les masses relatives (aujourd'hui, on parle de masse atomique) de
chaque élément sont différentes — ce qui n'avait jamais été avancé auparavant. Il
établit une table des masses relatives à tous les éléments connus à l'époque, en
choisissant arbitrairement comme unité de masse celle de l'oxygène. Peu après, le
chimiste britannique Wollaston prit la valeur 10 pour l'oxygène. La théorie de Dalton
comportait de nombreuses erreurs, mais elle servit de fondement à des hypothèses
ultérieures qui allaient révolutionner la chimie théorique.
En 1811, Amedeo Avogadro supposa que des volumes égaux de gaz dans les
mêmes conditions de température et de pression ont le même nombre de
molécules. Il établit une distinction entre molécules et
atomes : une mole contient 6,023.1023 molécules (nombre d'Avogadro). En 1836,
Thomas Graham démontra que la vitesse de diffusion des gaz est inversement
proportionnelle à la racine carrée de leurs densités.
Les idées d'Avogadro furent oubliées pendant presque cinquante ans. Pendant ce
temps, une grande confusion régna parmi les chimistes dans leurs calculs. Ce fut
vers 1860 que Stanislao Cannizzaro réintroduisit les hypothèses d'Avogadro. À
cette époque, les chimistes trouvaient plus commode de prendre la masse
atomique de l'oxygène, 16, comme la valeur étalon de toutes les masses atomiques
des éléments, au lieu de prendre la valeur 1 de l'hydrogène, comme Dalton l'avait
préconisé. La masse moléculaire de l'oxygène, 32, fut alors utilisée
universellement. Les calculs furent alors standardisés et les formules établies furent
écrites.
L'électrochimie :
Au début du XIX e siècle, la précision en chimie analytique avait énormément
progressé. Les chimistes pouvaient ainsi démontrer que les composés simples
contiennent des quantités définies de leurs éléments constitutifs. Cependant, dans
certains cas, plus d'un composé pouvait être formé avec les mêmes éléments.
L'ancien problème de la nature de l'affinité chimique demeurait non résolu. Pendant
un temps, la réponse sembla résider dans le nouveau domaine de l'électrochimie.
En 1800, l'invention par Alessandro Volta de la pile électrique, première cellule
électrique véritable, fournit un nouvel outil aux chimistes et conduisit à la
découverte de métaux, tels que le sodium et le potassium. Berzelius supposa que
les forces électrostatiques positives et négatives peuvent maintenir les éléments
assemblés. Au début, ses théories furent en général admises. Comme les
chimistes préparaient et étudiaient surtout de nouveaux composés et des réactions
dans lesquelles les forces électriques n'étaient pas impliquées (composés non
polaires), le problème de l'affinité fut mis en suspens pour un certain temps.
La chimie organique :
Au XIX e siècle, les progrès les plus importants en chimie concernèrent la chimie
organique, dont on associe l'avènement à Friedrich Wöhler qui, en 1828, réussit à
transformer un composé minéral — le cyanate d'ammonium — en une substance
organique, l'urée. Dans les années 1850, Marcelin Berthelot remit en cause la
théorie communément admise aux XVIIe et XVIIIe siècles, selon laquelle les
composés organiques ne pouvaient être créés que par des organismes vivants et
sous l'effet d'une «!force vitale!». En 1857, l'Allemand Kekulé établit la théorie de la
tétravalence du carbone, ainsi que la structure hexagonale du benzène. Dans la
seconde moitié du siècle, le chimiste allemand Viktor Meyer mena d'importantes
recherches en chimie organique. L'un des créateurs de la théorie atomique,
Charles Adolphe Wurtz, découvrit les amines et le glycol. En 1869, Dimitri
Ivanovitch Mendeleïev élabora la classification périodique des éléments chimiques,
que nous utilisons encore aujourd'hui.
La chimie stucturale, qui décrit la façon dont les atomes sont liés, utilisait sa propre
logique. Cela rendit possible la prédiction et la préparation de nombreux composés
nouveaux, dont un grand nombre de colorants importants, des médicaments et des
explosifs, qui donnèrent naissance aux grandes industries chimiques, en particulier
en Allemagne.
La radioactivité :
À la fin du XIX e siècle, il semblait qu'aucun nouveau domaine important ne restait à
développer en chimie et en physique. Cette vue changea radicalement avec la
découverte de la radioactivité, en 1896, par Henri Becquerel!; en 1898, Pierre et
Marie Curie mirent en évidence des éléments radioactifs naturels : le polonium (Po)
et le radium (Ra). Au moyen de méthodes chimiques, on isola de nouveaux
éléments comme le radium et on parvint à en séparer les isotopes (notamment
grâce aux travaux de Francis Aston, ou même déjà de Joseph John Thomson). On
put également synthétiser et isoler de nouveaux éléments transuraniens.
Interdisciplinarité de la chimie :
Au XIX e siècle, d'autres domaines de la chimie apparurent. Stimulés par les
progrès réalisés en physique, des chimistes cherchèrent à appliquer des méthodes
mathématiques à leur science. L'étude des vitesses de réaction conduisit au
développement des théories cinétiques, appliquées à l'industrie et à la science
pure. On reconnut que la chaleur était due à un mouvement de particules à l'échelle
atomique, c'est- à-dire à un phénomène cinétique. La chaleur ne fut alors plus
considérée comme un composé, ce qui permit l'avènement de la thermodynamique.
La poursuite des recherches en électrochimie conduisit le chimiste suédois Svante
August Arrhenius à poser comme principe la dissociation des sels en solution qui
forment des ions, composés portant des charges électriques. L'étude des spectres
d'émission et d'absorption des éléments et des composés devint importante à la
fois pour les chimistes et les physiciens, conduisant au développement de la
spectroscopie. De plus était apparue la recherche fondamentale en chimie des
colloïdes et en photochimie. Au XIX e siècle, les études de ce genre étaient
associées à la chimie physique.
Les nouvelles théories atomiques :
Après les théories de Dalton et de Berzelius, les expériences et les observations de
Pierre Louis Dulong et Petit sur la chaleur spécifique des éléments, ainsi que celles
de Mitscherlich sur l'isomorphisme, il fallut bien revenir aux hypothèses d'Avogadro
et à une plus juste définition de l'atome. Cannizzaro a laissé une définition de
l'atome toujours d'actualité : il s'agit de la plus petite quantité d'un élément qui est
toujours entière dans la constitution de ses propres molécules et de celles de ses
composés. La nouvelle image de la structure réelle des atomes obtenue par les
physiciens résolut le vieux problème de l'affinité chimique et expliqua la relation
entre les composés polaires et non polaires. En 1902, le chimiste britannique
Ernest Rutherford supposa que, à la suite de désintégrations, les éléments
radioactifs pouvaient produire de nouveaux éléments. Selon lui, l'atome est
constitué d'un noyau de charge positive et d'électrons de charge négative, disposés
sur des orbites concentriques, les charges positives étant aussi nombreuses que
les charges négatives.
Après avoir appliqué les lois de l'électrodynamique, le physicien danois Niels Bohr
conclut que, durant son mouvement autour du noyau atomique, l'électron devrait
irradier continuellement de l'énergie, ce qui devrait entraîner une diminution du
rayon de l'orbite, au point que l'électron atteindrait finalement le noyau. Ainsi, Bohr
supposa — en contradiction avec les lois de l'électrodynamique — que l'électron,
dans son parcours sur une orbite donnée, n'émettrait ni n'absorberait d'énergie.
L'atome présente donc des couches, chacune correspondant à une énergie
particulière. Toutefois, si, à la suite d'une excitation externe, l'électron passe d'une
couche à une autre plus proche du noyau, l'atome émet de l'énergie!; dans le cas
contraire, il y a absorption d'énergie. Celle-ci est émise ou absorbée de façon
discontinue, c'est-à-dire par unités discrètes, ou quanta. Ainsi, on ne peut appliquer
les lois de l'électrodynamique aux particules subatomiques, mais seulement celles
de la mécanique quantique, théorisée par le physicien allemand Max Planck.
.
La science des matériaux :
La science des matériaux, combinaison interdisciplinaire de la physique, de la
chimie et de l'ingénierie, pilote la conception et l'élaboration des matériaux, étudie
leur structure et leurs propriétés (électriques, magnétiques, mécaniques,
thermiques). Au cours du XXe siècle, elle a connu des progrès considérables!; les
procédés d'élaboration des matériaux ont considérablement évolué. De nouvelles
techniques ont été mises au point, comme le frittage (qui a permis la synthèse des
céramiques, composés aux propriétés remarquables) ou l'hypertrempe (qui a
conduit à la préparation de matériaux amorphes, c'est- à-dire dont la structure est
semblable à celle des verres). On a également élaboré des verres métalliques —
matériaux dont la structure est intermédiaire entre celle des verres et celle des
métaux — et des verres fluorés, aux applications spécifiques.
La recherche sur les macromolécules s'amorça à la fin de la Première Guerre
mondiale. On a alors synthétisé de nombreuses matières plastiques, des résines,
des élastomères, des matériaux composites. Des progrès considérables ont
également été réalisés dans le domaine des semi-conducteurs, aux applications
nombreuses et variées, en particulier en électronique.
Les techniques d'analyse :
La chimie s'est également dotée de techniques d'analyse très performantes,
nombreuses et variées : méthodes d'analyse immédiate (centrifugation), techniques
d'analyse des constituants d'un mélange (chromatographie), méthodes d'analyse
élémentaire (spectrométries d'émission et d'absorption), méthodes d'analyse
structurale des molécules (RMN, diffraction des rayons X), techniques de
caractérisation des matériaux par bombardement de particules chargées
(microscopie électronique), etc. Par exemple, les techniques au laser permettent
d'obtenir une photographie instantanée des réactions chimiques en phase gazeuse,
toutes les femtosecondes (10-15 s).
industrie chimique :
L'industrie chimique a pour objet la transformation de composés en produits
chimiques qui répondent à un besoin.
C'est au début du XIX e siècle qu'elle apparut, avec la carbochimie, chimie
industrielle de la houille et de ses dérivés. Le procédé Leblanc, pour la synthèse de
la soude, fut mis au point en 1791 et commercialisé en Grande-Bretagne à partir de
1823, pendant la révolution industrielle. C'est l'un des tout premiers procédés à
grande échelle.
Au début du XXe siècle, l'industrie chimique allemande, bénéficiant d'une longue
tradition de recherche, connut un essor rapide, en particulier dans les domaines de
la pharmacie, des colorants et des parfums. Ainsi, l'Allemagne acquit une
prédominence scientifique jusqu'à la Première Guerre mondiale. À l'issue du conflit,
l'industrie chimique se développa dans la plupart des pays.
Au début du XXe siècle, de nombreux procédés de synthèse furent mis au point
(ammoniac, acide nitrique, Nylon) et industrialisés. En Europe, à partir de 1945, la
carbochimie fut progressivement supplantée par la pétrochimie, chimie des dérivés
du pétrole. Dans les pays développés, l'industrie chimique connut dans les années
1960-1970 un essor rapide dû à de nombreux efforts de recherche dans les
procédés de synthèse et à la découverte de matières premières abondantes et
faciles d'utilisation.
Parmi les développements les plus récents, les procédés faisant intervenir des
enzymes sont en usage croissant, en raison de leurs faibles coûts et de leurs
rendements importants. Actuellement, les laboratoires industriels s'attachent aux
méthodes utilisant le génie génétique pour faire produire diverses substances par
des micro-organismes. La chimie intervient aujourd'hui dans de nombreux secteurs,
dont les engrais, les matières plastiques, les verres, les cosmétiques, les parfums,
les pigments, les insecticides, les médicaments, les détergents, les intermédiaires
de synthèse, les catalyseurs.
LA CHIMIE PHYSIQUE
Chimie physique, domaine de la chimie qui relie la structure chimique des
composés à leurs propriétés physiques. Le terme chimie physique est
généralement appliqué à l'étude de propriétés comme la pression de vapeur, la
tension de surface, la viscosité, l'indice de réfraction, la densité, ainsi qu'à l'étude
des aspects dits classiques du comportement des systèmes chimiques, comme les
propriétés thermiques, les équilibres, les vitesses de réaction, les mécanismes de
réaction et l'ionisation. Dans ses aspects plus théoriques, la chimie physique tente
d'expliquer les propriétés spectrales des composés dans le cadre de la théorie
quantique, l'interaction de l'énergie avec la matière, la nature de la liaison chimique,
les relations entre le nombre, les états énergétiques des électrons au sein des
atomes et des molécules et les propriétés observables des systèmes qui les
composent et, enfin, les effets électriques, thermiques et mécaniques des électrons
et des protons individuels sur les solides et les liquides.
Historique :
En tant que domaine d'étude spécialisé, la chimie physique était d'abord consacrée
au problème des affinités chimiques, ou encore à la façon dont les composés
peuvent réagir les uns avec les autres. La corrosion du fer et non de l'or, le fait que
l'oxygène intervienne dans la combustion, et non l'azote, sont des exemples
classiques d'étude.
XIXe siècle :
On a d'abord cru que les réactions rapides étaient celles qui allaient jusqu'à leur
terme. Mais on réalisa cependant que le degré d'avancement et la vitesse d'une
réaction étaient indépendants. Le degré d'avancement d'une réaction est déterminé
par sa constante d'équilibre, concept introduit en 1864 par les chimistes norvégiens
Cato Maximilian Guldberg et Peter Waage!; la vitesse d'une réaction dépend entre
autres de l'affinité entre les réactifs et de la présence d'un catalyseur.
Le chimiste britannique John Dalton proposa sa théorie atomique en 1803. Elle fut
confirmée en 1811, lorsque le physicien italien Amédéo Avogadro précisa la
différence entre les atomes et les molécules des composés élémentaires. À la
même époque, les concepts de chaleur, d'énergie, de travail et de température
commencèrent également à être perçus plus précisément. La première loi de la
thermodynamique, suivant laquelle la chaleur et le travail sont interchangeables, a
été clairement énoncée pour la première fois en 1842 par le physicien allemand
Julius Robert von Mayer. La deuxième loi de la thermodynamique, selon laquelle
les processus spontanés s'effectuent avec une augmentation du désordre dans un
système, a été énoncée vers 1850 par le physicien et mathématicien allemand
Emanuel Clausius, et par le mathématicien et physicien britannique William
Thomson, devenu par la suite Lord Kelvin.
Ces découvertes permirent d'interpréter certaines propriétés des gaz, qui
représentent le plus simple état de la matière, en termes de comportement
moléculaire. Pendant la période 1860-1875, Clausius, le physicien autrichien
Ludwig Boltzmann et le physicien britannique James Clerk Maxwell montrèrent
comment rendre compte de la loi des gaz parfaits par une théorie cinétique de la
matière.
Vers la fin du XVIIIe siècle, le chimiste français Louis Berthollet, qui étudia la
vitesse et la réversibilité des réactions, et le physicien anglo-américain Benjamin
Thompson, qui tenta de déterminer l'équivalent mécanique de la chaleur,
contribuèrent aux progrès de la chimie physique. En 1824, le physicien français
Carnot publia ses études sur la relation entre la chaleur et le travail, et devint par là
même le fondateur de la thermodynamique moderne. En 1836, le chimiste suédois
Jöns Jakob Berzelius établit le rôle des catalyseurs dans la cinétique des réactions
chimiques. L'application de la première et de la deuxième loi de la
thermodynamique aux substances hétérogènes en 1875, par le physicien et
mathématicien américain Josiah Willard Gibbs, ainsi que sa découverte de la règle
des phases, jetèrent les bases théoriques de la chimie physique. Le physicochimiste allemand Walther Hermann Nernst qui, en 1906, énonça la troisième loi de
la thermodynamique, apporta également une contribution durable aux études des
propriétés physiques, des structures moléculaires et des vitesses de réaction.
Le physico-chimiste hollandais Jacobus Hendricus Van't Hoff, considéré
généralement comme le père de la cinétique chimique, fonda la stéréochimie en
1874 avec ses travaux sur les composés carbonés optiquement actifs et les
structures moléculaires asymétriques en trois dimensions. Trois années plus tard, il
relia la thermodynamique à la cinétique des réactions et introduisit une méthode
pour déterminer l'ordre des réactions.
En 1889, le chimiste suédois Svante August Arrhenius étudia l'effet de la
température sur la vitesse des réactions : il énonça la théorie de la dissociation
électrolytique, ou théorie d'Arrhénius.
XXe siècle :
Les progrès en cinétique chimique se sont poursuivis au XX e siècle avec des
études sur les structures moléculaires, les vitesses de réaction et les réactions en
chaîne, par des physico-chimistes comme Irving Langmuir, Jens Anton
Christiansen, Michael Polanyi et Nikolay Semenov. En 1923, le chimiste américain
Gilbert Newton Lewis approfondit et clarifia les principes de la thermodynamique
énoncés par Gibbs.
Avec l'émergence de la théorie quantique, la chimie physique prit un tournant
décisif dans la première moitié du XX e siècle. En 1897, le physicien allemand Max
Planck proposa une quantification de l'énergie de certains systèmes : selon lui,
l'énergie se manifeste en quantités finies, ou «!quantifiées!», de la même façon que
les niveaux d'énergie dans les atomes. En 1913, le physicien danois Niels Bohr
montra comment le concept de quantification pouvait expliquer le spectre de
l'atome d'hydrogène. Vers 1930, le physicien autrichien Erwin Schrödinger et le
physicien allemand Werner Heisenberg introduisirent la notion de fonction d'onde,
expression mathématique incluant la dualité onde-corpuscule des électrons.
Domaines de la chimie physique :
Les principales subdivisions de la chimie-physique sont : la thermodynamique
chimique, la cinétique chimique, la chimie de l'état gazeux, de l'état liquide, des
solutions, de l'état solide, l'électrochimie, la chimie des colloïdes, la photochimie et
la thermodynamique statistique.
ASTROCHIMIE
Astrochimie, branche de l'astronomie s'intéressant à la nature et à l'origine des
éléments chimiques et des composés qui constituent l'Univers. Les astrochimistes
ont principalement recours aux techniques de radioastronomie et de spectroscopie
pour analyser la matière interstellaire, les étoiles et les galaxies. Une grande partie
du travail théorique en cosmologie est consacrée à retracer la vie des éléments
chimiques, depuis le Big Bang initial jusqu'à la mort des étoiles.
Analytique, chimie, :
Analytique, chimie : branche majeure de la chimie moderne, subdivisée en deux
domaines principaux : l'analyse qualitative et l'analyse quantitative. L'analyse
qualitative d'un échantillon permet de déterminer la nature des constituants
inconnus!; l'analyse quantitative a pour but de déterminer les quantités relatives de
ces constituants.
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