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Revue Marocaine de Rhumatologie
cellulaire prédisposant à la tuberculose: altérations de la
phagocytose et du métabolisme des macrophages et des
monocytes du fait de la diminution de la production du
TNF-a et lymphopénie touchant essentiellement les cellules
T-helper [1].
Les CTC peuvent masquer la fièvre et diminuer
l’inflammation locale, expliquant le retard diagnostique
et la grande fréquence des formes disséminées et des
miliaires [10].
La tuberculose extrapulmonaire représente 26 à 67% des
formes cliniques dont les formes ostéoarticulaires sont
les plus fréquentes, elles surviennent dans 9 à 25 % des
cas. Les atteintes neuropsychiatriques, vascularitiques
et multiviscérales du LED sont plus fréquentes chez les
patients tuberculeux [10].
Infections bactériennes
Les patients ayant un LED, qui ont des déficits en protéines
de la voie classique du complément, ont une susceptibilité
d’avoir des infections à pyogènes, responsables de plus
de 80% des infections au cours du LED [9]. Staphylocoque
aureus et Escherichia coli sont les agents infectieux les
plus fréquemment isolés, représentant 50% des infections.
Les sites d’infection sont par ordre de fréquence
décroissante : urinaire, cutané, tractus respiratoire,
abdomen, infection bactérienne septicémique et système
nerveux central [1- 3,12,13].
a. Infections à pneumocoque
Les infections sévères à pneumocoque pourraient
compliquer l’évolution du LED chez 2 à 5 % des patients.
Elles sont favorisées par la baisse de l’immunité innée et
spécifique, notamment à médiation humorale. Par ailleurs,
certains polymorphismes génétiques du MBL (Mannose-
binding-lectine) et la présence d’un déficit héréditaire
de la fraction C2 du complément, majorent le risque
de développer une infection sévère à pneumocoque.
La mortalité de ces infections invasives à pneumocoque
reste élevée, avec un taux de décès associé de l’ordre
de 20 %, d’où l’intérêt potentiel de la vaccination
antipneumococcique des patients lupiques [2].
b. Infections à salmonella
Les infections à Salmonella non typhiques sont
particulièrement fréquemment rapportées au cours de
la maladie lupique. Un déficit de l’immunité cellulaire
et particulièrement du système des macrophages
peut expliquer cette prédisposition [8]. Ils sont
responsables d’un portage chronique, de formes
septicémiques ou de localisations rares (ostéoarticulaires,
urinaires,endocardiques) [1-3].
L’évolution est généralement favorable sous
fluoroquinolones [12].
c. Infections à Neisseria
Les infections disséminées à Neisseria, essentiellement
N. meningitis et N. gonorrhoeae, sont favorisées par les
déficits en fractions du complément, les dysfonctions du
système réticuloendothélial et par l’asplénisme fonctionnel.
Elles peuvent mimer en tout point une poussée lupique [1].
Les patients atteints de lupus ont un risque accru d’infection
gonococcique sévère. Les facteurs de risque d’infections
gonococciques graves chez ces patients sont le jeune
âge, le sexe féminin et la maladie rénale. L’infection peut
évoluer vers le choc septique, d’où l’intérêt du dépistage
précoce de l’infection et l’initiation d’une antibiothérapie
appropriée au cours de la maladie lupique [15].
Infections virales
Les données globales sur l’incidence des infections
virales au cours du lupus sont peu nombreuses. Il s’agit
essentiellement d’infection à virus varicelle zona (VZV).
Dans la littérature, peu de cas d’infections à Herpesviridae,
et encore moins à CMV dans le cadre d’un LED ont été
rapportés. Ces infections virales sont plus fréquentes en
cas de traitement par le CYC à fortes doses [1-16].
Il est important de garder à l’esprit la fréquence des
présentations atypiques des infections virales, qui
peuvent mimer une poussée lupique. L’absence de
recommandations propres au lupus, la prise en charge du
risque viral sera largement inspirée des recommandations
préconisées dans les autres états d’immunodépression [5].
a. Infection à virus varicelle zona (VZV)
Peu de données existent concernant la varicelle chez les
patients lupiques. Cependant, plusieurs cas de varicelle
d’évolution fatale ont été rapportés. C’est une urgence
thérapeutique qui nécessite une hospitalisation et le
recours aux antiviraux par voie intraveineuse [5].
Le zona est l’infection virale la plus commune au cours de
lupus. Sa fréquence varie entre 5 et 20% selon les séries.
L’atteinte rénale et une activité biologique importante de
la maladie sont des facteurs de risque de zona. Le zona
revêt le plus souvent un aspect localisé habituel [17]. Les
névralgies post-zostériennes sont un peu plus fréquentes
que dans la population générale. Si les surinfections
bactériennes favorisées par les corticothérapies sont
fréquentes, la dissémination est rare et les atteintes
Complications infectieuses au cours du lupus érythémateux disséminé.