le réchauffement climatique (2)

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LE RÉCHAUFFEMENT
CLIMATIQUE (2)
Les gaz à effet de serre sont les principaux acteurs du réchauffement
climatique mais d’autres paramètres interagissent avec eux. Il s’agit
d’établir des modèles fiables qui prennent en compte toute la complexité
de cette machine climatique en mouvement pour apporter des solutions.
UNE ÉVALUATION DÉLICATE
Il n’est pas facile de mettre des chiffres sur ce sujet, néanmoins, un groupe de chercheurs qui font partie du GIEC a établi une vingtaine de modèles informatisés pour
répondre à certaines questions.
q La modélisation du climat
Les experts utilisent pour modèles des maquettes numériques qui simulent la circulation des enveloppes fluides de la Terre. Celles-ci sont découpées en une série de boîtes
élémentaires: «les mailles» de respectivement 200 à 300km de côté pour les continents
et 100 à 200 km pour les océans. Pour
chaque maille, on calcule alors d’après
Rétroactions positives
les lois de conservation de la physique
(conservation de masse, d’énergie, de
et négatives
quantité de mouvement), les paramètres
de base du système qui sont la tempéraLes modèles se compliquent quand ils
ture, la pression, le vent et l’humidité. Les
doivent prendre en compte les rétroactions qui accroissent ou diminuent le
modèles utilisés sont alors évalués par
phénomène.
comparaison avec des observations
• Rétroaction positive : quand la tempéréelles ou du climat passé. On peut ainsi
rature augmente, il y a davantage de
déduire l’impact des activités humaines
vapeur d’eau dans l’atmosphère, celle-ci
sur le climat.
fait partie des gaz à effet de serre et
q Trois scénarios réalistes
accentue donc le réchauffement de l’air.
• Rétroaction négative : les nuages bas,
À partir des 20 modèles proposés
comme les stratus ou petits cumulus,
trois scénarios ont été retenus par les
réfléchissent les rayons du soleil en augmentant l’albédo, ils font donc baisser
experts : le premier qui est pessimiste
la température ; mais quand ils sont
table sur une augmentation de la teneur
plus hauts (cumulonimbus) ils exercent
en CO2 jusqu’en 2100, le modèle interméune rétroaction positive car ils sont gordiaire table sur une hausse de ce gaz jusgés de vapeur d’eau, qui est aussi un
qu’en 2050 et le troisième scénario, très
gaz à l’effet de serre.
optimiste espère une stabilisation puis
une baisse jusqu’en 2100.
Points communs : le réchauffement climatique ne fait que commencer et se poursuivra
au rythme de 0,2 °C par décennie jusqu’en 2030; tandis que des épisodes de canicule
seront plus fréquents, les épisodes de grand froid diminueront; la hausse des températures
sera plus manifeste au niveau des continents que des océans et particulièrement dans les
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hautes latitudes de l’hémisphère Nord. En ce qui concerne la pluviométrie, les précipitations moyennes augmenteront davantage surtout pour les hautes latitudes, ainsi on assistera à une différence marquée entre le nord de l’Europe plus humide et le bassin
méditerranéen plus sec; par contre en ce qui concerne les latitudes moyennes, les pluies
seront plus intenses en hiver; quant aux régions subtropicales, la pluie se fera plus rare.
Différences : elles sont au niveau des chiffres: pour le troisième scénario, on table sur
une augmentation de 1,2°C d’ici 2050, contre 1,6°C pour les deux autres. Pour les zones
tropicales, les résultats sont contradictoires annonçant tantôt une augmentation de fréquence des moussons ou tantôt une baisse.
LUTTER CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Pour éviter la catastrophe climatique, deux solutions s’imposent: soit on limite l’émission de gaz à effet de serre, soit on utilise des traitements de choc qui font partie de la
géoingénierie.
q Des solutions raisonnables
La meilleure façon de réduire le taux
de CO2 atmosphérique est de limiter son
émission. Il faut alors que chacun se
sente responsable de la planète et limite
personnellement sa consommation
d’énergie (en fait dans nos pays riches il
faudrait réduire nos émissions d’un facteur 4 pendant plusieurs décennies!) et
pour aller plus loin, il faudra favoriser les
énergies renouvelables, limiter la déforestation, repenser les villes en terme de
construction et de transports limités…
q Des traitements de chocs
Lutte active ou non ?
La grande inconnue demeure l’impact
des activités humaines sur le futur climat de la planète. Les experts du GIEC
situent la limite du danger climatique à
une augmentation de 2 °C alors que
d’autres la situent à seulement 1 °C.
Les uns préconisent des solutions raisonnables et parlent de principe de précaution (l’envoi de soufre pourrait
engendrer des rétroactions positives et
le fer mis dans les océans pourrait avoir
des effets indésirables sur les écosystèmes), d’autres des solutions plus innovantes face à l’urgence qui pourrait
s’établir.
Tout un ensemble de techniques
visant à contrôler, à l’échelle de la planète, les grands cycles naturels sont évoqués et nous entrons dans l’ère de l’«anthropocène», c’est-à-dire l’ère géologique qui voit
l’homme capable de modifier la géologie à l’échelle de la planète. C’est, par exemple, l’envoi de millions de tonnes de soufre dans la stratosphère. (Cette méthode s’inspire de
l’éruption du Pinatubo qui a eu lieu en juin 1991 aux Philippines et qui a déversé
d’énormes rejets de gaz soufrés formant un voile qui a fait baisser la température de
0,5 °C pendant quelques mois.) D’autres méthodes qui paraissent parfois farfelues sont
envisagées, il suffirait par exemple de confiner l’excès de CO2 émis dans des fonds océaniques situés à 3km de profondeur ou de les stocker dans d’anciens puits de mines ou de
pétrole, de fertiliser le plancton en le gavant de fer de manière à le faire croître et
consommer davantage de CO2 ; de poster des miroirs solaires géants ou simplement de
pratiquer le blanchiment des nuages pour augmenter l’albédo.
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