22 LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE (2) Les gaz à effet de serre sont les principaux acteurs du réchauffement climatique mais d’autres paramètres interagissent avec eux. Il s’agit d’établir des modèles fiables qui prennent en compte toute la complexité de cette machine climatique en mouvement pour apporter des solutions. UNE ÉVALUATION DÉLICATE Il n’est pas facile de mettre des chiffres sur ce sujet, néanmoins, un groupe de chercheurs qui font partie du GIEC a établi une vingtaine de modèles informatisés pour répondre à certaines questions. q La modélisation du climat Les experts utilisent pour modèles des maquettes numériques qui simulent la circulation des enveloppes fluides de la Terre. Celles-ci sont découpées en une série de boîtes élémentaires: «les mailles» de respectivement 200 à 300km de côté pour les continents et 100 à 200 km pour les océans. Pour chaque maille, on calcule alors d’après Rétroactions positives les lois de conservation de la physique (conservation de masse, d’énergie, de et négatives quantité de mouvement), les paramètres de base du système qui sont la tempéraLes modèles se compliquent quand ils ture, la pression, le vent et l’humidité. Les doivent prendre en compte les rétroactions qui accroissent ou diminuent le modèles utilisés sont alors évalués par phénomène. comparaison avec des observations • Rétroaction positive : quand la tempéréelles ou du climat passé. On peut ainsi rature augmente, il y a davantage de déduire l’impact des activités humaines vapeur d’eau dans l’atmosphère, celle-ci sur le climat. fait partie des gaz à effet de serre et q Trois scénarios réalistes accentue donc le réchauffement de l’air. • Rétroaction négative : les nuages bas, À partir des 20 modèles proposés comme les stratus ou petits cumulus, trois scénarios ont été retenus par les réfléchissent les rayons du soleil en augmentant l’albédo, ils font donc baisser experts : le premier qui est pessimiste la température ; mais quand ils sont table sur une augmentation de la teneur plus hauts (cumulonimbus) ils exercent en CO2 jusqu’en 2100, le modèle interméune rétroaction positive car ils sont gordiaire table sur une hausse de ce gaz jusgés de vapeur d’eau, qui est aussi un qu’en 2050 et le troisième scénario, très gaz à l’effet de serre. optimiste espère une stabilisation puis une baisse jusqu’en 2100. Points communs : le réchauffement climatique ne fait que commencer et se poursuivra au rythme de 0,2 °C par décennie jusqu’en 2030; tandis que des épisodes de canicule seront plus fréquents, les épisodes de grand froid diminueront; la hausse des températures sera plus manifeste au niveau des continents que des océans et particulièrement dans les 58 hautes latitudes de l’hémisphère Nord. En ce qui concerne la pluviométrie, les précipitations moyennes augmenteront davantage surtout pour les hautes latitudes, ainsi on assistera à une différence marquée entre le nord de l’Europe plus humide et le bassin méditerranéen plus sec; par contre en ce qui concerne les latitudes moyennes, les pluies seront plus intenses en hiver; quant aux régions subtropicales, la pluie se fera plus rare. Différences : elles sont au niveau des chiffres: pour le troisième scénario, on table sur une augmentation de 1,2°C d’ici 2050, contre 1,6°C pour les deux autres. Pour les zones tropicales, les résultats sont contradictoires annonçant tantôt une augmentation de fréquence des moussons ou tantôt une baisse. LUTTER CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE Pour éviter la catastrophe climatique, deux solutions s’imposent: soit on limite l’émission de gaz à effet de serre, soit on utilise des traitements de choc qui font partie de la géoingénierie. q Des solutions raisonnables La meilleure façon de réduire le taux de CO2 atmosphérique est de limiter son émission. Il faut alors que chacun se sente responsable de la planète et limite personnellement sa consommation d’énergie (en fait dans nos pays riches il faudrait réduire nos émissions d’un facteur 4 pendant plusieurs décennies!) et pour aller plus loin, il faudra favoriser les énergies renouvelables, limiter la déforestation, repenser les villes en terme de construction et de transports limités… q Des traitements de chocs Lutte active ou non ? La grande inconnue demeure l’impact des activités humaines sur le futur climat de la planète. Les experts du GIEC situent la limite du danger climatique à une augmentation de 2 °C alors que d’autres la situent à seulement 1 °C. Les uns préconisent des solutions raisonnables et parlent de principe de précaution (l’envoi de soufre pourrait engendrer des rétroactions positives et le fer mis dans les océans pourrait avoir des effets indésirables sur les écosystèmes), d’autres des solutions plus innovantes face à l’urgence qui pourrait s’établir. Tout un ensemble de techniques visant à contrôler, à l’échelle de la planète, les grands cycles naturels sont évoqués et nous entrons dans l’ère de l’«anthropocène», c’est-à-dire l’ère géologique qui voit l’homme capable de modifier la géologie à l’échelle de la planète. C’est, par exemple, l’envoi de millions de tonnes de soufre dans la stratosphère. (Cette méthode s’inspire de l’éruption du Pinatubo qui a eu lieu en juin 1991 aux Philippines et qui a déversé d’énormes rejets de gaz soufrés formant un voile qui a fait baisser la température de 0,5 °C pendant quelques mois.) D’autres méthodes qui paraissent parfois farfelues sont envisagées, il suffirait par exemple de confiner l’excès de CO2 émis dans des fonds océaniques situés à 3km de profondeur ou de les stocker dans d’anciens puits de mines ou de pétrole, de fertiliser le plancton en le gavant de fer de manière à le faire croître et consommer davantage de CO2 ; de poster des miroirs solaires géants ou simplement de pratiquer le blanchiment des nuages pour augmenter l’albédo. 59