2°) La sociologie et l`histoire ont eu des rapports conflictuels

Sociologie et histoire sociale :
Chapitre I : Etudier les faits sociaux comme des choses ? Eléments de sociologie :objets
et méthodes :
I Aux origines de la sociologie :
1°) La sociologie naît tardivement :
Née après révolution de fin XVIIIème. Sciences sociales (économie et sociologie)
issues d’une triple évolution : la sécularisation de la pensée qui conduit à analyser la société et
l’homme comme des entités autonomes, le développement général des sciences, et la
révolution industrielle et ses conséquences (division du travail, urbanisation…). Histoire de la
sociologie repose sur l’entrelacement des cadres conceptuels (positivisme, organicisme,
fonctionnalisme…), sur l’opposition des courants idéologiques (marxisme, libéralisme…) et
sur les conflits de méthodes.
Mais la date officielle de naissance de la sociologie est la fin du XIXème, avec les écrits
d’Emile Durkheim et de Max Weber. Mais les 1ers grands sociologues étaient déjà
Montesquieu, Tocqueville, Marx… La sociologie n’a pas échappé à l’évolutionnisme, c’est-à-
dire à la doctrine selon laquelle il existe un loi générale de développement de sociétés qui
permet de classer les sociétés des plus archaïques au plus modernes et de constater une
complexification des sociétés et le progrès de la civilisation. Après 45, la sociologie
américaine domine (sociologie urbaine avec l’école de Chicago (Robert Park, Burgess,
McKenzie, Wirth) ; sociologie électorale dès fin 30’s étude du comportement des électeurs :
le choix politique est déterminé par des caractéristique sociales).
2°) La sociologie et l’histoire ont eu des rapports conflictuels :
Début XXème : sociologie et histoire s’opposent. Opposition institutionnel dès la
création des chaires de sociologie à la Sorbonne et à Strasbourg. La sociologie couvre un très
grand nombre de domaines. Durkheim et ses émules considèrent que l’histoire est une
discipline subordonnée à la leur. L’histoire collecte les faits et les replace dans une
chronologie, mais c’est au sociologue de les interpréter scientifiquement. Bloch et Febvre,
professeurs d’histoire engagent un combat contre ce qu’ils appellent « l’impérialisme de la
sociologie ». L’école de Chicago bannie l’histoire de son raisonnement car, pour ces
sociologues, l’histoire d’une pratique sociale n’est pas significative, seuls importent son rôle
dans la vie sociale et sa fréquence ; les affirmations faites par les historiens ne peuvent jamais
être prouvées.
Puis histoire et sociologie se font des emprunts réciproques. Bloch et Febvre fondent
l’école des Annales se forme une coopération entre les différentes sciences humaines.
L’histoire concerne l’histoire politique, la démographie historique et l’histoire des
révolutions, alors que la sociologie traite des études des comportements politiques, de la
sociologie de la famille et de l’action collective.
Le sociologue ne s’intéresse pas nécessairement à la genèse des transformations
sociales. Il essaie d’en tirer des lois générales. Il isole dans la réalité sociale un phénomène
global qui lui sert de point de départ (ex : comment comprendre l’avènement du
capitalisme ?). L’historien lui s’intéresse aux faits tels qu’ils se présentent. Cependant la
sociologie ne peut pas faire abstraction des évènements historiques : Durkheim rappelle la
complexité des déterminations qu’une institution sociale doit à son passé.
II La sociologie de Durkheim :
1°) Durkheim fonde son approche sur l’étude des faits sociaux :
Combat contre les prénotions, c’est-dire les idées issues du sens commun. La
sociologie est la science des faits sociaux, c’est-à-dire des manières de penser et d’agir des
hommes réunis en sociétés. Tout individu est influencé par les groupements, la sociologie
étudie la manière dont cette influence s’exerce. Durkheim définit le fait social comme « toute
manière de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur chacun de nous une contrainte
extérieure ». Ils sont normaux lorsqu’ils se manifestent avec une fréquence habituelle. Il
affirme la normalité du crime (assez stable dans le temps). Dans De la division du travail
social, il réfléchit sur les causes de l’évolution des sociétés vers une plus grande
différenciation des foncions sociales : dans sociétés archaïques solidarité entre les hommes de
type mécanique (par similitude) ; dans les sociétés modernes de type organique (par
complémentarité). Division du travail = résultat mécanique de l’accroissement du volume, de
la densité de la population et des rapports sociaux.
2°) Le suicide est une exemple de fait social :
Il montre que les causes sont de nature collective. Son ouvrage Le suicide = un des
actes fondateurs de la sociologie moderne. « les suicides paraissent exprimer des
tempéraments personnels, en réalité ils prolongent un état social qu’ils manifestent
extérieurement ». Taux de suicide stable. Résultats obtenus par Durkheim : le taux de suicide
est + fort chez les célibataires et les veufs, plus élevés chez les hommes que chez les femmes,
augmente avec l’âge, le suicide est lié à la religion, plus nombreux en début de semaine qu’à
la fin, le taux croit avec la taille des agglomérations, croît avec la durée du jour. Si les suicidés
s’excluent définitivement de la vie en société, c’est déjà qu’ils sont au départ mal intégrés.
Il distingue plusieurs catégories de suicide : le S « égoïste » (insuffisante intégration
de l’individu à des groupes), le S « altruiste » (intégration excessive, individu écrasé par les
règle du groupe), le S « anomique » (lié au dérèglement des valeurs, ex : sociétés industrielles
où alternent des phases de prospérité éco et des phases de dépression).
Ses analyses seront nuancées par les travaux de son disciple Maurice Halbwachs.
Souligne l’importance de considérer les suicides « réussis » (je sais, c’est pas très gai…), mais
aussi les tentatives. De plus, fin XIX : + de S chez citadins que ruraux, maintenant tendance
inversée. Le taux de suicide augmente au cours des crises éco, baisse pendant les temps de
non-travail. Aujourd’hui, taux masculin de 3,6% contre 1,2% pour les femmes (je savais que
c’étaient elles qui nous usaient !…) et le taux le plus élevé concerne les 15-35 ans.
III La sociologie de Max Weber :
1°) Max Weber invente des concepts originaux :
Propose d’étudier les activités humaines par l’utilisation de « l’idéal type ». Ce dernier
correspond aux traits caractéristiques et singuliers d’une situation, permettant de construire un
modèle d’explication des transformations et des comportements sociaux. Il permet de faire
apparaître des relations de causalité.
Sa démarche repose sur la sociologie « compréhensive ». analyse des motifs de
certaines actions humaines et fait apparaître la signification que les individus leur donnent. Il
distingue 4 grands types d’actions humaines : l’activité rationnelle par finalité (ajustement des
moyens aux fins), l’activité rationnelle par rapport à une valeur, l’activité affective (humeurs
et passions), activité traditionnelle.
Dans les sociétés occidentales, la représentation scientifique des phénomènes naturels
s’affirme au dépens des mythes et de croyances religieuses (= selon MW « le
désenchantement du monde »). L’horizon de la modernité est, selon lui, celui de la perte de
sens. Vision pessimiste de l’histoire.
2°) L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme sont-ils liés ?
Selon MW, les protestants ont été les premiers à s’engager dans des affaires
capitalistes. Pour eux, le profit n’est pas une notion condamnable, ce qui est condamné c’est
la jouissance du profit. Réussite dans les affaires = devoir, car = preuve que le Seigneur
accorde ses grâces à ceux qui s’enrichissent. Travail protestant très efficace car est accompli
comme une vocation. Newcomen était baptiste, Darby (fonte au coke) était quaker, Watt
presbytérien. MW lui-même complètera son analyse en mettant en avant d’autres facteurs
(naissance de l’Etat-nation moderne, bureaucratie composée de professionnels, triomphe de
l’esprit rationaliste, progrès de la science.
3°) Weber distingue plusieurs formes d’autorité et de légitimité :
Il définit le pouvoir ou la puissance (match) comme « toute chance de faire triompher
au sein d’une relation sociale sa propre volonté, même contre des résistances, peu importe
sur quoi repose cette chance ». L’autorité est le droit reconnu à une personne de commander,
de se faire obéir. Les rapports de domination requièrent que les gouvernants soient regroupés
ans des organisations particulières, dont la forme la plus achevée est justement l’Etat. Pour
lui, tout rapport de domination comporte un minimum de volonté d’obéir. Elle est donc en
relation avec une conception et une représentation de ce qui est juste, = la légitimité. Il
analyse trois types d’autorité : l’autorité traditionnelle (reposant sur les coutumes qui se
transmettent de générations en générations), l’autorité charismatique (autorité du chef, talents
exceptionnels, mais fragile car « routinisation du charisme »), et l’autorité rationnelle/légale
(règlements).
IV Les méthodes d’analyse sociologiques :
Principe de base : comprendre la logique d’ensemble pour en expliquer les détails. On
distingue les méthodes de type métrique (expérimentale, interview, enquête) qui ont pour
objectif de produire des données quantitatives et comparatives, et de type clinique
(monographie) pour des données qualitatives.
1°) L’enquête par questionnaire :
Différents types : questionnaire fermé (ex : avez vous lu un journal ce matin ? (Oui-
Non), questionnaire ouvert (réponses non codifiées : ex : comment occupez vous vos
soirées ?), l’entretien non directif (conversation l’enquêteur intervient le moins possible).
Déroulement d’une enquête : problème initial, méthode utilisée (choix des questions, de
l’échantillon…) et conclusions (interprétation des données). Les questions ne doivent pas en
elle même contenir des éléments de réponses. Importance de la formulation pour ne pas
influencer l’interrogé.
2°) Les sondages d’opinion :
Technique d’enquête ayant pour but de déterminer l’opinion d’une population à partir
de questions posées oralement en interrogeant un petit groupe de personnes jugées
représentatives de cette population. Déroulement en 5 phases : mise au point du questionnaire,
choix de l’échantillon, les interviews, le dépouillement des réponses et l’interprétation.
Problèmes : choix de l’échantillon selon une méthode aléatoire ou selon une méthode
par quota (échantillon caractéristique d’une population) ; la taille de l’échantillon (+ il est
important, + c’est coûteux, mais toute réduction accroît le risque d’erreur).
3°) La monographie :
Ce sont des enquêtes effectuées sur le terrain. Elle a été initiée par les ethnologues
pour enquêter sur les sociétés dites primitives. Le chercheur s’insère dans un milieu en y
conservant la plus grande neutralité.
V Les grands courants d’analyse :
1°) Les deux grandes options théoriques :
Deux traditions s’opposent : le holisme méthodologique et l’individualisme
méthodologique. Ce débat oppose le déterminisme des structures sociales et le comportement
autonome des individus. Pour le premier, un phénomène social est considéré comme un tout
qui n’est pas réductible à des actions individuelles. Pour Durkheim l’individu naît de la
société et non l’inverse. Donc priorité de la société, de la structure sociale. L’individualisme
méthodologique postule que tout phénomène social doit être compris comme le produit et la
combinaison d’actions individuelles.
2°) les grandes écoles de pensée :
Le fonctionnalisme : théorie anthropologique et sociologique selon laquelle la société
forme un tout intégré chaque élément a une fonction utile dans le dispositif d’ensemble.
Talcott Parsons = principal représentant de l’école fonctionnaliste en sociologie. Robert
Merton propose un fonctionnalisme plus nuancé. Il distingue les fonctions manifestes et les
fonctions latentes (pas perçues de manière évidente). Il introduit aussi l’idée que ce qui est
fonctionnel pour un groupe ne l’est pas forcément pour un autre.
L’interactionnisme : courant sociologique américain (Goffman, Becker). Les actions
humaines sont expliquée non pas par des facteurs extérieurs ou par des facteurs
psychologiques intérieurs, mais par les significations que les acteurs donnent à la situation
d’interaction dans laquelle ils sont pris (regard de la société, étiquette imposée par la
société…).
Le structuralisme : analyse qui définit un fait humain en fonction d’une ensemble
organisé et qui en rend compte à partir d’un modèle explicatif. Les structuralistes (Lévi-
Strauss) considèrent les phénomènes sociaux comme des ensembles, manifestant une
solidarité interne et ayant des lois propres.
La sociologie a-t-elle un domaine d’étude spécifique ?
PLAN :
1°) La sociologie a du mal à se démarquer des autres sciences sociale :
a) sociologie et histoire
b) Sociologie et autres disciplines (philosophie, économie)
2°) La sociologie tente de s’affirmer comme une science à part entière avec son propre
domaine d’étude :
a) les analyses de Durkheim, puis de Max Weber s’efforcent de fonder la sociologie en
tant que science.
b) La spécificité de la sociologie
Conclusion : Raymond Aron dans les Dix-huit leçons sur la société industrielle lance une
boutade : selon lui les sociologues ne sont d’accord que sur une seule chose : la difficulté à
définir la sociologie.
Chapitre 2 : La France en changement
La France a connu des bouleversements profonds depuis 1945 :
- accélération puis stabilisation de l’exode rural,
- vieillissement de la population,
- accroissement du taux d’activité féminin,
- extension des classes moyennes,
- recours massif à l’immigration.
Le pb principal : l’emploi
I Les mutations de la population active :
1°) La fin des paysans constitue le changement social majeur :
Il y a 30 ans, tte étude sur la France se devait d’insister sur le pb paysan, aujourd’hui les
paysans ne représentent plus que 6% de la population active. L’accélération de la diminution
de la pop agricole depuis 1945 est spectaculaire.
2°) La montée en force du tertiaire semble irrésistible :
Le secteur tertiaire représente près de 65% des actifs contre 25% au début du XXème
siècle. Pkoi cette évolution ?
- vieillissement de la pop des pays dvpés donc accroissement des soins.
- augmentation du temps libre et des loisirs.
- travail des femmes qui conduit à rendre marchand des services domestiques.
3°) Le travail salarié est devenu pour les femmes un droit :
Dans le passé, le travail des femmes était synonyme de pauvreté. Elles occupaient des
postes peu qualifiés et représentaient une main d’œuvre attractive.
La Première Guerre mondiale marque une rupture avec les « munitionnettes » pendant que les
hommes sont au front. Après la guerre, les femmes retournent à la maison mais les mœurs se
libéralisent peu à peu et l’évolution des mentalités commence.
Puis de nouveau baisse du travail des femmes entre les deux guerres et ce jusqu’au milieu des
années 60.
L’emploi féminin reste concentré sur certains métiers ou activités (secrétaires, institutrices,
caissières…). En politique les inégalités sont flagrantes.
Un thème souvent débattu : la corrélation inverse entre l’activité féminine et la fécondité.
Les écarts de salaires entre les hommes et les femmes sont importants : globalement les
hommes gagnent en moyenne près de 30% de plus que les femmes.
Le statut des femmes s’est progressivement amélioré notamment sous l’impact du mouvement
féministe (voir p 35).
4°) En France, le système éducatif est souvent décrié :
La qualification de la population active s’est modifiée du fait de la scolarisation dans
les enseignements secondaires et supérieurs.
On a parlé de démocratisation du système d’enseignement. Cependant, il n’y a pas une
véritable égalité des chances entre les classes sociales (les enfants de familles aisées profitent
d’un univers culturel favorable).
Le système français reste quand même attaché au principe méritocratique de la IIIème
République : sélection des meilleurs quelle que soit leur origine sociale.
Dans les 70’s : augmentation importante du nb d’établissements scolaires.
En France, la clef du succès : les Grandes Ecoles sinon pb du chômage chez les jeunes et pb
de la surqualification.
5°) La population immigrée réussira-t-elle son intégration sociale ?
En France, 3,5 millions d’étrangers qui représentent 6 à 7 % de la population.
¼ des français ont au moins un grand-parent d’origine étrangère + appel à l’immigration
durant les Trente Glorieuses.
Pb de l’intégration des maghrébins actuellement (car valeurs et religion différente de la
culture européenne).
Les immigrés occupent des postes non qualifiés dans l’industrie, souvent rémunérés au SMIC.
La promotion sociale se fera sans doute sur plusieurs générations et l’intégration aussi.
L’immigration est devenu un enjeu majeur du débat politique.
II L’urbanisation et les banlieues :
1°) L’urbanisation s’essouffle :
Population rurale jusque dans les années 50’s. Milieu 70’s : 70% de la population vit en
milieu urbain.
2°) Les banlieues sont-elles à la dérive ?
Constructions des grands ensembles dans les banlieues faites après 1945 pour palier au
pb des destructions pendant la guerre, puis les banlieues accueillent les immigrés. On parle
alors de cités en difficulté.
Les banlieues posent pb : - mise à l’écart des plus pauvres.
- non-intégration des jeunes.
- violence, drogue.
Les médias donnent une image des banlieues qui n’est pas toujours réelle.
L’action gouvernementale met l’accent sur les banlieues et a par ex. essayé de créer des zones
franches dans ces quartiers pour attirer les commerces et les entreprises.
III La transformation des valeurs :
1°) Michel Crozier (MC) décrit la France comme une société bloquée :
Début 60’s, la société française caractérisée par 3 éléments :
- la rigidité de ses rapports sociaux
- la difficulté de ses membres à coopérer
- la crainte des relations de face à face
Pour MC, la France était une société bloquée qui ne pouvait changer que par des crises (d’où
mai 68).
Dans les 60’s, croissance et inflation permettent de surmonter les blocages sociaux malgré le
manque d’un consensus social.
Puis évolution avec nouveaux droits pour les travailleurs, csq : moins de blocages. Mais
certains perdurent, comme l’éducation nationale (1,2 millions de salariés et 14 millions
d’élèves) qui n’évolue pas ou peu. Le système actuel est celui de 1947, il est caractérisé par
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