Lamélioration des performances des tracteurs
Mise à jour le 30/10/2009
Les moteurs thermiques restituent en moyenne 30 % de l’énergie contenue dans le carburant consommé.
Sur le terrain, on constate que ces performances sont souvent réduites par de nombreuses inadaptations du
matériel, du carburant, de la conduite et de l’entretien des tracteurs, avec toutes les conséquences
énergétiques, environnementales et économiques que cela implique. L’usage raisonné des tracteurs
agricoles commence donc dès le choix du matériel, qui doit être adapté à l’usage auquel on le destine et
continue plus tard lors de son utilisation et de l’entretien.
Une formation sur ces thèmes peut être dispensée en Région Rhône-Alpes par la FRCUMA. Celle-ci, intitulée
« choix et usages raisonné des tracteurs agricoles » se base sur un diagnostic du moteur, grâce à un banc
d’essai, qui permet d’adapter les conseils de réglages, d’entretien, de conduite et d’utilisation du tracteur au
cas par cas. Il permet également d’appliquer ces principes au choix de matériels, chantiers et itinéraires
techniques à venir.
1. Le Banc d’Essai Tracteur
Source FRCUMA
Présentation
Le réglage du moteur du tracteur conditionne son bon fonctionnement et ses performances. Les bancs
d’essai permettent un diagnostic précis de l’état du moteur à travers l’élaboration de ses courbes
caractéristiques de fonctionnement : courbes de couple (m.N), de puissance (kW), de consommation horaire
(l/h) et de consommation spécifique (g/kWh). Ces courbes, si elles existent, sont comparées aux valeurs des
essais officiels avant mise en marché. Dans le cas contraire, ce sont des courbes moyennes des mêmes
tracteurs analysés par les bancs essais tracteurs qui sont utilisées. Les dysfonctionnements des moteurs sont
identifiés par comparaison.
Le conseiller préconise ensuite les réparations, réglages ou pratiques plus économes à mettre en place, ce
qui améliore la durée de vie
du matériel et limite sa consommation de carburant. A ce jour, 5 BET existent en
France, et un, bientôt deux, sont mises en place en Région Rhône-Alpes.
Faisabilité technique
N’importe quel tracteur de 20 à 400 ch peut passer sur le banc d’essai. Concrètement, le tracteur est raccordé
au banc par la prise de force et ce dernier le freine pour simuler une charge. Le moteur est raccordé au circuit
de carburant du banc et un débitmètre est branché pour mesurer la consommation instantanée.
Quel tracteur passer au banc ?
Un tracteur qui n’est pas passé depuis plus de 5 ans (environ 2000 h moteur) ;
Un tracteur en prévision d’achat neuf ou d’occasion (pour garantir l’état de l’organe principal : le
moteur) ;
Un tracteur dont le fonctionnement n’est pas satisfaisant ou source de questionnement pour l’utilisateur ;
Un tracteur dont les caractéristiques et notamment les régimes moteurs idéaux ne sont pas connus de
l’utilisateur ;
Un tracteur dont la consommation est supérieure à la référence présentées ci-dessous :
Ref (litres de fioul)= puissance (CV) x nombre d’heures x 0,11
Un tracteur roulant beaucoup sur route, ou fonctionnant souvent au ralenti avec de nombreux temps
d’arrêts.
Faisabilité économique
Un passage sur le banc d’essai coûte en moyenne 130 € HT (grâce aux aides ADEME et de la Région Rhône-
Alpes), il peut dans certains cas être associé à une formation VIVEA sur l’éco-conduite par exemple.
Économies
On constate en moyenne que 50 % des tracteurs présentent au moins une anomalie nécessitant un réglage
ou une intervention :
Les principaux dysfonctionnements repérés par le passage sont :
plus de 50 % des tracteurs sont suralimentés en carburant, en particulier
pour le débit de la pompe à injection ;
40 % des tracteurs sont surpuissants (risque d’usure prématurée et de
surconsommation), et 15 % manquent de puissance ;
20 % des tracteurs diagnostiqués ne valorisent pas bien le carburant du fait
d’une mauvaise combustion ;
50 % des tracteurs présentent un débit de pompe d’injection ne
correspondant pas aux réglages constructeurs.
Résoudre ces anomalies permet d’économiser en moyenne 1 à 1,5 litres de fioul par heure soit 900 l/an pour
un tracteur fonctionnant 600 h.
Retour sur investissement
Si des anomalies ont été décelées et que des réglages sont nécessaires, le coût total de l’opération est
augmenté, mais cela permet d’accroître la durée de vie de son engin.
Estimation des coûts des réglages les plus fréquents :
Réglages fréquents Coût indicatif (HT)
Tarage des injecteurs 30-50 €/injecteur
Changement des injecteurs 120-150 €/injecteur
Filtre à air 150 €
Filtre à gasoil 20-40 €
Pompe à injection 1500 €
Source : CA Drôme, communication personnelle
Dans le cas de réglages minimes (<50 €) l’opération est amortie en 350 h de fonctionnement. En moyenne on
comptera un temps de retour sur investissement en 450-600 h moteur. Les économies dépendent donc
principalement du nombre d’heures d’utilisation du tracteur et de sa consommation préalable.
Si à l’issu du diagnostic, le tracteur ne présente aucun problème de réglage, les préconisations de conduite
s’appuyant sur les courbes précises du moteur, permettent en général de diminuer le régime moteur et
d’économiser 10 à 15 % sur les consommations. Dans tous les cas, une meilleure connaissance de son
tracteur engendrera toujours des avantages.
Avantages et inconvénients
Il n’y a pas vraiment d’inconvénients au banc d’essai tracteur, il profitable pour chaque agriculteur d’un point
de vue de réduction des risques et connaissance de ses outils de travail. Le banc n’est déplacé que pour un
minimum de 6 tracteurs, il faut donc attendre qu’une session se mette en place, contacter la FDCUMA 74, la
Chambre d’Agriculture de la Haute-Savoie ou directement la FRCUMA afin de signaler votre intérêt. D’un
point de vue pratique, le tracteur à diagnostiquer doit être en état de marche avec des filtres à air neuf ou de
moins de 150 h.
2. Réglages et entretien du matériel
Un moteur bien entretenu est un moteur qui dure et qui consomme moins. Des vérifications régulières
permettent de garder le tracteur dans les meilleures conditions possibles.
Circuit de carburant
Changement périodique des filtres (au moins une fois par an)
Contrôle du débit et du calage de la pompe d’injection pour ajuster au mieux les quantités de carburant
utilisées
Tarage des injecteurs pour optimiser la combustion (après 5000h en moyenne)
Circuit d’air
Changement et entretien périodique des filtres à air
Nettoyer le filtre à air
Vérification des durites et l’état des colliers
Pneus
Augmenter la pression des pneus pour les opérations de transport (tableau de gonflage « 40 km/h »), la
baisser légèrement pour des travaux d’adhérence (« tableau 30 km/h ») et la baisser encore plus pour des
opérations nécessitant peu d’effort de traction, type semis combiné (tableau 10 km/h)
Divers
Vérifier la fluidité et la viscosité de l’huile qui permet un bon refroidissement,
Nettoyer le radiateur ou installer des ventilateurs réversibles qui permettent d’auto nettoyer les
radiateurs.
Réaliser ces actions peut apporter jusqu’à 8 % d’économies sur les consommations de carburant (Adhume,
2008).
3. Conduite économique
La conduite économique du tracteur est l’action qui apporte sans doute la meilleure économie de carburant.
Mais seule une bonne connaissance des caractéristiques propres à chaque moteur permet d’y parvenir, après
s'être assuré que son moteur est correctement réglé et entretenu. Dans le cadre des formations de la
FRCUMA Rhône-Alpes, la plupart des passages au banc d’essai sont accompagnés d’une formation à l’éco-
conduite et de conseils personnalisés sur le sujet.
Principe
Le principe de la conduite économique est de travailler aussi vite et aussi efficacement en limitant le régime
moteur. Chaque tracteur étant différent, on s’appuie donc sur les courbes caractéristiques fournies par les
constructeurs, ou mieux, sur les courbes produites par un banc d’essai, pour choisir le régime moteur auquel
travailler.
Les préconisations générales sont :
Ne pas trop accélérer (1000 et 1800 trs/min sont suffisants pour de nombreux travaux puisque les
tracteurs récents ont du couple et de la puissance même à faible régime) ;
Utiliser le rapport de boite de vitesse le plus haut que peut supporter le tracteur au travail en fonction des
courbes de couple, puissance et de consommation ;
Comme en conduite automobile, une conduite souple et sans à-coups (freinage ou accélérations
intempestifs) participe grandement aux économies de carburant.
Economies
Le régime prise de force économique permet d’économiser 1 à 3 l/h selon les cas (FDCUMA Midi-Pyrénnées).
Selon les essais de la Chambre d’Agriculture de la Creuse, avec un tracteur de 130 ch et une herse rotative de
3 m, l’économie est de 2,3 l/ha (CA de la Creuse dans CA et FRCUMA Centre).
Les boîtes de vitesse à variation continue permettent d’économiser 20 à 30 % de carburant soit 3 à 7 l/h
(FNCUMA, 2007).
Des essais dans la Creuse on montré une possibilité d’économie jusqu’à 4 l/h en instantanée sur un tracteur
de 100 ch au labour, avec une charrue 4 corps (CA et FRCUMA Centre).
Cependant, il a été esti que les économies sur les consommations moyennes à l’année s’élèvent
« seulement » à 10-15% des consommations totales (Institut de l’Élevage, 2009).
4. Une utilisation raisonnée et adaptée de son tracteur
Utiliser ses tracteurs et outils dans les meilleures conditions permet d’augmenter la durée de vie de ses
machines et d’économiser du carburant.
Pour cela, il est préférable de :
Bien lester les tracteurs en cas de risques de patinage mais penser à enlever les masses lorsqu’elles ne
sont plus nécessaire (transport sur route par exemple).
Eviter les séquences de travail trop courtes, rationnaliser les déplacements, il faut en moyenne 15 à
20 min pour qu’un tracteur monte correctement en température et 10 à 12 km pour que l’huile de
transmission arrive à sa température optimale. En conséquence, il est préférable d’effectuer tous les
travaux mécanisables en une seule fois, plutôt que de démarrer le traceur plusieurs fois pour de petites
tâches. Dans le même ordre d’idée, éteindre le tracteur à chaque arrêt n’est pas forcément une bonne
idée s’il y a surcharge de carburant à chaque démarrage.
Adapter le tracteur aux travaux réalisés. Utiliser un tracteur trop puissant, c’est déplacer une masse
superflue et consommer plus. Par exemple, un labour effectué avec un tracteur de 130 ch et une charrue
4 corps 5 km/h ou 0,36 ha/h) consomme 2,7 l/ha soit 12,7 % de plus que le même travail réali à
même vitesse avec un tracteur de 100 ch (CA de la Creuse dans CA et FRCUMA Centre ; CER France, 2008).
5. Choix du matériel
Une fois connues les caractéristiques, performances et meilleures utilisations possibles du matériel existant, il
est possible de raisonner l’achat d’un nouveau tracteur. Choisir son tracteur au plus près des besoins, c’est à
dire avec des machines dont la performance est adaptée aux travaux les plus souvent demandés et au
nombre de jours agronomiquement disponibles, est probablement la solution la plus efficace en terme
d’économie d’énergie (CA et FRCUMA Centre, 2007). Elle cumule le double intérêt d’une réduction de la
consommation directe (consommations de fioul) et indirecte (coût énergétique du matériel mis en jeu).
Un tracteur très puissant représente des consommations de fioul plus importantes et présente le risque
d’être utilisé pour des travaux qui pourrait se faire avec un tracteur plus petit et moins gourmant. Ainsi la
comparaison d’un chantier de semis avec une charrue de 4 ou 5 corps montre une économie de 4 l/ha avec
une charrue 5 corps (CA et FRCUMA Centre, 2007). L’énergie indirecte nécessaire pour fabriquer un outil plus
gros est cependant à prendre en compte, ainsi il faudrait labourer 395 ha par an sur 15 ans pour amortir
l’énergie contenue en plus dans une charrue 5 corps par rapport à une charrue 4 corps (sur la base des ratios
de la base de données PLANETE (SOLAGRO).
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