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les philosophes que je ne connais pas, les philosophes que je connais et dont j’ai parlé ; les philosophes que je connais et dont je
ne parle pas ». p. 1522, 1984.
A propos de Canguihem : l’erreur, « la racine de ce qui fait la pensée humaine et son histoire » (p. 441, 1978).
« J’ai beau dire que je ne suis pas un philosophe, si c’est tout de même de la vérité que je m’occupe, je suis malgré tout
philosophe. Depuis Nietzsche, cette question s’est transformée. Non plus : quel est le chemin le plus sûr de la vérité ? mais quel
a été le chemin hasardeux de la vérité ». p. 30, 1976.
« Il s’est trouvé que j’ai lu Nietzsche en 1953, et, aussi curieux que ce soit, dans cette perspective d’interrogation sur l’histoire du
savoir, l’histoire de la raison… est-ce qu’un sujet de type phénoménologique, transhistorique est capable de rendre compte de
l’historicité de la raison ? c’est là où la lecture de Nietzsche a été pour moi la fracture : il y a une histoire du sujet tout comme il y
a une histoire de la raison, on ne doit pas demander le déploiement à un acte fondateur et premier du sujet rationaliste. J’ai lu
Nietzsche un peu par hasard, et j’ai été surpris de voir que Canguilhem, … était très intéressé aussi par Nietzsche… ». p. 1255,
1983. « … Koyré, Bachelard, Cavaillès, Canguilhem… ». p. 1587, 1985.
« Paul Veyne l’a bien vu : il s’agit des effets, sur le savoir historique, d’une critique nominaliste qui se formule elle-même à
travers une analyse historique ». p. 853, 1980. « L’histoire nous tient lieu de philosophie ». p. 279, 1977…. « Mes livres ne sont
pas des traités de philosophie ni des études historiques ; tout au plus, des fragments philosophiques dans des chantiers
historiques ». p. 840, 1978…. « Je ne fais que de l’histoire ». p. 896, 1980….«… ce n’était pas une réflexion sur l’histoire, c’était
une réflexion dans l’histoire… une manière de faire faire à la pensée l’épreuve du travail historique » p. 1232, 1983. …« Le
recours à l’histoire… prend son sens dans la mesure où l’histoire a pour fonction de montrer que ce qui est n’a pas toujours
été ».P. 1267, 1983.
« Je ne me considère pas comme un philosophe. Ce que je fais n’est ni une façon de faire de la philosophie, ni de suggérer aux
autres de ne pas en faire… ce qui m’a le plus frappé et fasciné chez eux (Bataille, Nietzsche, Blanchot, Klossowski), et qui leur a
donné cette importance capitale pour moi, c’est que leur problème n’était pas celui de la construction d’un système mais d’une
expérience personnelle. A l’université, en revanche, j’avais été entraîné, formé, poussé à l’apprentissage de ces grandes
machineries philosophiques qui s’appelaient hégélianisme, phénoménologie… ». p. 861, 1980. …« … la phénoménologie cherche
à ressaisir la signification de l’expérience quotidienne pour retrouver en quoi le sujet que je suis est bien effectivement
fondateur, dans ses fonctions transcendantales, de cette expérience et de ces significations. En revanche, l’expérience chez
Nietzsche, Blanchot, Bataille a pour fonction d’arracher le sujet à lui-même, de faire en sorte qu’il ne soit plus lui-même ou qu’il
soit porté à son anéantissement ou à sa dissolution. C’est une entreprise de dé-subjectivation. L’idée d’une expérience limite,
qui arrache le sujet à lui-même, voilà ce qui a été important pour moi dans la lecture de Nietzsche, de Bataille, de Blanchot, et
qui a fait que, aussi ennuyeux, aussi érudits que soient mes livres, je les ai toujours conçus comme des expériences directes
visant à m’arracher à moi-même, à m’empêcher d’être le même ». p. 862, 1980. …« Klossowski, Bataille, Blanchot ont été pour
moi très importants… c’est eux qui ont fait apparaître le problème du sujet comme problème fondamental pour la philosophie
et pour la pensée moderne. Autrement dit, depuis Descartes jusqu’à Sartre… il me semble que le sujet était bien considéré
comme quelque chose de fondamental mais auquel on ne touchait pas : il était ce qu’on ne mettait pas en question… l’idée que
le sujet n’est pas la forme fondamentale et originaire, mais que le sujet se forme à partir d’un certain nombre de processus qui,
eux, ne sont pas de l’ordre de la subjectivité mais d’un ordre évidemment très difficile à nommer et à faire apparaître, mais plus
fondamental et plus originaire que le sujet lui-même, n’émergeait pas. Le sujet a une genèse, le sujet a une formation, le sujet a
une histoire ; le sujet n’est pas originaire ». p. 590, 1978.
« Depuis Socrate, la philosophie est un exercice, une expérience vécue, avant d’être discours ou proposition » (P. Hadot, Mag.
Litt., n° 2342, av. 1996)….« On sait bien que l’objectif principal des écoles philosophiques grecques ne consistait pas dans
l’élaboration, l’enseignement d’une théorie. Le but des écoles philosophiques grecques était la transformation de l’individu »
(M. Foucault, L’herméneutique…, p. 41).
« … la seule espèce de curiosité… qui vaille la peine d’être pratiquée avec un peu d’obstination : non pas celle qui cherche à
s’assimiler ce qu’il convient de connaître, mais celle qui permet de se déprendre de soi-même. Que vaudrait l’acharnement du
savoir s’il ne devait assurer que l’acquisition des connaissances, et non pas, d’une certaine façon et autant que faire se peut,
l’égarement de celui qui connaît… entreprendre de savoir comment et jusqu’où il serait possible de penser autrement…
exercice… épreuve… ascèse,… exercice de soi ». p. 1362, 1983….« … depuis l’origine de la philosophie, et peut-être au fond
jusqu’à maintenant encore et en dépit de tout, l’Occident a toujours admis que la philosophie n’est pas dissociable d’une