non nobis domine non nobis sed nomini tuo da gloriam LA

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non nobis domine non nobis sed nomini tuo da gloriam
LA VILLENEUVE DU TEMPLE AVEC LES TEMPLIERS
Louis VI « dit Le Gros », avait reçu un jour dans son palais de la Cité la visite du père Bernard,
abbé de Clairvaux, qui venait au nom de Beaudoin II, roi de Jérusalem, lui demander si deux
templiers, André et Gondemar que Beaudoin lui avait envoyés de Jérusalem, pouvaient espérer
trouver en France aide et protection et s'il était disposé à leur donner un toit pour y abriter leur
tête et une chapelle pour y prier Dieu.
Louis VI Le Gros
J'entends, avait répondu le roi, c'est une église que vous me demandez, soit, j'y songerai.
Il y songea si bien, qu'il leur donna une maison, située derrière la place de grève, voisine de
l'église Saint-Gervais dans laquelle ils s'installèrent.
Elle deviendra par la suite le « Vieux Temple ».
Eglise Saint Gervais
Mais bientôt les deux templiers en firent venir d'autres et l'ordre prit racine à Paris.
Le roi leur donna un immense terrain que l'on appela la culture du Temple et qui s'étendait de
l'entrée actuelle du faubourg du Temple jusqu'à la rue de la Verrerie.
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Vers 1140, ils reçoivent du roi Louis VII, un important domaine situé dans une zone
marécageuse, au nord de Paris, à l'extérieur de l'enceinte de Philippe Auguste, presque le long
de l'enceinte de Charles V.
C’est pour cette raison qu’elle fut dénommée la « Villeneuve du Temple ».
Louis VII le Jeune
En 1147, les templiers y tinrent un chapitre composé de cent trente chevaliers.
Le pape Eugène III et le roi Louis le Jeune y assistèrent. Ce dernier confirma d’abord les
privilèges dont ils jouissaient dans leur censive,
Dès lors on leur donna le Temple, qu’ils conservèrent jusques sous le règne de Philippe le Bel.
C’est là que fut construite la Maison du Temple, aussi nommée Enclos du Temple ou Enclos
des Templiers.
Chef-lieu de la province de France de l'ordre du Temple, elle était la plus grande Commanderie
Templière de France
Les Templiers y entreprennent d'importants travaux d'assainissement et d'aménagement.
Formé de champs à l'origine, une partie fut entourée de murs pour former l’enclos.
Cet enclos correspond au quadrilatère formé actuellement par la rue du Temple, la rue de
Bretagne, la rue de Picardie et l'axe défini par le début de la rue de la Corderie, l'extrémité nord
de la cité Dupetit-Thouars et le débouché de la rue Notre-Dame-de-Nazareth dans la rue du
Temple.
L’Enclos constituait la maison cheftaine de l’ordre du Temple en France et le siège de la
banque de l’ordre dans ce pays.
L’enclos du Temple
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Le système défensif était complété :
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Par une tour de section carrée de 10 mètres, comportant trois étages surmontés d'une
plate- forme crénelée et renforcée à chacun de ses quatre angles par d'imposants contreforts.
Elle prendra plus tard l'appellation de Tour de César. A partir de 1194, cette tour abritera le
trésor royal qui sera transféré par la suite dans le second donjon.

Par un imposant donjon appelé Grande Tour.
Les Templiers possédaient les rues entières et la totalité du quartier entourant l’enclos.
La délimitation de l’Enclos
L’ensemble comprenait comme toutes les commanderies templières une église (l’Église du
Temple), des bâtiments conventuels pour loger les moines-soldats, de vastes écuries et des
annexes.
La chapelle en rotonde s'agrandira progressivement jusqu'à devenir une imposante église
gothique. Les agrandissements de l'église seront autorisés par une bulle du pape Honorius III
édictée en 1217.
Cette église dédiée à Sainte-Marie servira de lieu de sépulture pour les hauts dignitaires de
l'Ordre décédés à Paris.
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D'après la reconstitution effectuée par Viollet le Duc, elle est orientée d'ouest, construite sur le
plan octogonal du Saint-Sépulcre de Jérusalem et comporte trois parties.
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La première partie, la nef gothique, située à l'entrée de l'édifice est caractérisée par la
claire-voie du rez-de-chaussée.
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Ensuite, la rotonde, construite sur deux étages, est enveloppée au rez-de-chaussée par
une galerie circulaire.
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La voûte de cette rotonde est de même hauteur que celle du vaisseau et s'appuie sur six
piliers disposés en cercle. Le choeur de l'église comporte quant à lui cinq travées simples
munies de hautes fenêtres de chaque côté.
Dans le mur sud de la première travée, une porte donne accès au clocher de l’église.
Le plan de l’église
A la fin du XIIème siècle et au début du XIIIème siècle, la commanderie s'étend et d'autres
bâtiments conventuels sont érigés comme la maison du maître de province, une seconde
chapelle, un cloître, un hôpital, des dortoirs, un réfectoire, des cuisines, des charniers, un
bâtiment capitulaire et des geôles.
Des fermes, des écuries et des logements pour les personnes qui y travaillaient complétaient
l'ensemble.
Le plan d’ensemble de l’Enclos
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Tout le domaine occupé par la commanderie s'étendait sur plus de 6 hectares.
Il était protégé par un mur crénelé de 8 à 10 mètres de hauteur, pourvu de plusieurs dizaines de
contreforts et flanqué par une quinzaine de tourelles ou d'échauguettes.
Au Moyen Age, le Carreau désigne le marché de plein air où les marchands déballent leurs
friperies. A l’emplacement du Carreau du Temple actuel, les Templiers possèdent un enclos et
favorisent le commerce.
L'accès à l'intérieur de cet enclos ne pouvait se faire que par une seule porte fortifiée protégée
par un pont-levis.
Reconstitution iconographique de la Porte du Temple
A la fin du XIIIème siècle, le Prieur Jean le Turc entreprend la construction d'un nouveau
donjon, d’une hauteur de 50 mètres plus connu sous le vocable « Tour du Temple ».
Reconstitution iconographique du donjon
Ce donjon, construit comme la « Tour de César » sur un plan carré, comportait quatre étages.
Il était flanqué à chaque angle de tourelles épaisses de 5 mètres de diamètres montant jusqu'au
niveau de la terrasse supérieure.
Chaque étage était constitué d'une grande salle comportant un pilier central sur lequel
s'appuyaient quatre croisées d'ogives.
L’une des tours abritait un escalier à vis, desservant les quatre étages et la terrasse, tandis que
les trois autres abritaient de petites pièces communiquant avec les salles principales.
Un cinquième étage se trouvait sur la terrasse et servait de site de guet.
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La terrasse protégée par un mur crénelé servait de chemin de ronde.
Ce cinquième niveau, ainsi que les tours étaient couverts d'une toiture pyramidale en tuiles.
La pièce du premier étage était utilisée comme salle pour les réunions du chapitre et aussi sans
doute comme salle de justice.
Les autres salles du donjon devaient abriter les « trésors » du Temple, ainsi que le trésor royal.
Du côté nord, cette tour était flanquée d'une autre construction plus petite cantonnée de deux
tourelles, par où se faisait l'accès au bâtiment principal.
La hauteur totale de l'ensemble, avec les toitures, devait être d'environ 55 mètres.
Lieu de résidence du maître de France, la Villeneuve du Temple devient également celle du
grand-maître de l'Ordre après la chute d'Acre en 1291 et prend le titre de maison cheftaine.
Henri III, roi d'Angleterre, avait habité le manoir du Temple, qu’il considérait comme le « plus
sûr séjour de Paris ».
En 1306, alors qu'il est menacé par une émeute, Philippe le Bel doit se réfugier dans l'enclos du
Temple où Jacques de Molay l'accueille avec faste.
Les transactions financières étaient au XIIIème siècle en grande partie aux mains des
Templiers.
le Temple de Paris, le principal de leurs édifices, fut ainsi le centre de l'administration des
finances royales de Philippe-Auguste à Philippe le Bel, sous Saint Louis et Philippe le Hardi.
Le trésor des rois y fut déposé. mais il n'est que vraisemblable que ce fut la grosse tour même,
succédant peut-être à la tour de César, qui reçut ce trésor, avec des pièces des archives
royales, comme aussi le trésor de l'ordre, puis des valeurs confiées par le roi d'Angleterre et par
de simples particuliers.
Philippe Auguste avait bâti un système comptable et fiscal, ancêtre de la Chambre des
Comptes, où les agents royaux venaient trois fois l’an déposer les revenus de la Couronne.
Cette pratique prit vraisemblablement fin lors du règne de Philippe IV le Bel.
« La ville » laissée par les Templiers
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L’ENCLOS DU TEMPLE APRÈS LES TEMPLIERS
Le territoire des Templiers n’est pas mort avec la dissolution de l’Ordre. Leur domaine dit du
Temple fut saisi en 1307.
Appelés Chevaliers de Rhodes à partir de 1309, puis Chevaliers de Malte depuis 1530, les
chevaliers de l’Ordre Hospitalier de Saint-Jean ont été faits héritiers des biens Templiers, par la
bulle papale du 2 Mai 1312, confirmée par un arrêt du parlement en 1313.
Ils en restèrent possesseurs - sauf ceux sur lesquels Philippe le Bel avait mis la main - jusqu'à
la Révolution. ...
Notons, que Templiers et Hospitaliers prirent naissance à-peu-près dans le même temps à
Jérusalem, au XIIème siècle et l’on croit qu’ils s’établirent à Paris peu de temps après.
Jacques de Souvré, Grand Prieur en France - fils du maréchal gouverneur de Louis XIII - fit
débuter la construction de l’hôtel des Grands Prieurs de France.
En 1667, il fit démolir les anciennes murailles et vendit une partie des terrains au nord, qui
s'étendaient jusqu'au ruisseau de Ménilmontant et sur lesquels on ouvrit les rues de Malte, de
Vendôme, d'Angoulême, etc.
En même temps, il fait abattre les murailles qui dessinent l’Enclos dans le territoire parisien, au
profit d’hôtels particuliers et de maisons locatives occupées essentiellement par des artisans.
L’hôtel du Grand Prieur fut le théâtre des plaisirs de Philippe de Vendôme, successeur de
Jacques de Souvré.
Des fameux dîners, égayés par l'abbé de Chaulieu, qui eurent lieu au Temple, vient l'expression
« Boire comme un Templier ».
Vers 1720 - 1721, le chevalier d’Orléans, fils naturel du régent, le duc d’Orléans, a obtenu le
Grand Prieuré suite à la démission du chevalier de Vendôme.
Il fit achever, perfectionner et embellir cet hôtel. »
Bien que libertin et athée, Louis François de Bourbon-Conti fut nommé en 1746 Grand Prieur
de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Paris.
Cette nomination, sollicitée auprès de Benoît XIV par Louis XV lui-même, visait à éloigner, sans
pour autant l’humilier, un prince de sang ambitieux et prompt à ourdir des intrigues.
En 1765, J.-J. Rousseau, ami du Grand Prieur, logea à l’hôtel.
Opposé à l’absolutisme et proche des Jansénistes, Conti prit du reste le parti des parlements
contre le roi et ne se rendit plus à Versailles à partir de 1756.
Il fit construire des nouveaux bâtiments dans l’enclos du Temple, qui échappait à la juridiction
du roi.
En tant que Grand Prieur de l’ordre, il avait du reste des privilèges intéressants tels que le droit
d’asile.
Il ne revint à Versailles qu'à la mort du roi, en 1774.
Il était cependant toujours aussi frondeur et Jean-François Parot laisse entendre qu’il a pu être
l'un des instigateurs secrets de l’émotion populaire de la Guerre des farines.
La guerre des farines désigne une vague d'émeutes survenues d'avril à mai 1775. En 17 jours,
180 conflits ont pu être recensés dans le bassin parisien, interprétées tantôt comme des
mouvements « anarchiques » tantôt comme l'anticipation d'une révolte rurale.
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L’historien Jean Nicolas, remarque « avec intérêt » que la maison rue de Vendôme est proche
des dépendances du Temple !
La guerre des farines désigne une vague d'émeutes survenues d'avril à mai 1775. En 17 jours,
180 conflits ont pu être recensés dans le bassin parisien, interprétées tantôt comme des
mouvements « anarchiques » tantôt comme l'anticipation d'une révolte rurale.
Le dernier titulaire du Prieuré fut le duc d'Angoulême, fils de Charles X, mais il n'eut pas le
temps d'exercer ses fonctions.
L'enclos était un lieu d'asile pour les insolvables et les criminels et le Grand Prieur seul y
exerçait la justice.
On n'y payait pas d'impôts, ce qui explique pourquoi le Temple était devenu une véritable ville
offrant mille avantages aux heureux habitants.
De nombreux artisans, affranchis chu droit du maîtrise, s'y étaient installés peu à peu et c'est là
que fut créé l'article dit de Paris.
Partie intégrante de l’Enclos du Temple, la Rotonde du Temple, construite en 1788 par
l’architecte Perrard de Montreuil, bénéficiait des privilèges d'extraterritorialité accordés à cette
enceinte. Les boutiques s’y louaient donc à prix d’or et les banqueroutiers y trouvaient un
refuge.
La rotonde
La rotonde
L'ancienne Commanderie s'était donc singulièrement modifiée.
En 1792 l'enclos du Temple formait un vaste territoire de 125 hectares, représenté aujourd'hui
par le quadrilatère compris entre la rue du Temple à l'ouest, la rue de Bretagne au sud, la rue
de Picardie à l'est et au nord par une ligne fictive parallèle à la rue Béranger.
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Cette ligne suivrait l'axe de la rue de la Corderie, dans sa première direction, passerait par
l'extrémité nord de la cité Dupetit-Thouars et aboutirait à la rue dite du Temple en face du
débouché de la rue de Notre-Dame-de-Nazareth.
On pénétrait dans cet enclos par une seule porte qui était située rue du Temple, vis-à-vis la rue
des Fontaines, dans un angle rentrant de l'enceinte, entre deux grosses tours. Cette porte avait
été reconstruite en 1650 et fut démolie vers 1810. On a retrouvé en 1906 les vestiges de ses
fondations.
L'hôtel du Grand Prieur, attribué jusqu'en 1789 au comte d'Artois, occupait exactement
l'emplacement de la partie ouest du square du Temple actuel et s'ouvrait rue du Temple
presque à l'angle de la rue de la Corderie (rue de Bretagne actuellement).
Ce palais communiquait par un passage voûté avec la fameuse grosse Tour flanquée de quatre
tourelles, contre laquelle était adossée la petite tour flanquée de deux tourelles.
A la petite tour étaient appuyés les bâtiments du chapitre.
Les bâtiments de l'ancienne commanderie comprenaient en outre une église, les restes d'un
cloître, un cimetière où avait été enterré le bailli de Suffren et divers autres bâtiments.
En plus de ces importantes constructions du palais proprement dit, de ses dépendances et des
anciens bâtiments de la commanderie, l'enclos renfermait diverses propriétés particulières qui
s'étaient élevées peu à peu sur ce territoire trop grand pour être utilisé par les seuls services du
Grand Prieur.
C'est ainsi qu'on y voyait les hôtels de l’actuel quartier du Marais.
L'hôtel des Bains, jadis du Poirier,
L'hôtel du Bel-Air,
L'hôtel de Rostaing,
L'hôtel de Chabrillan,
L'hôtel de Boisboudran,
L'hôtel de Guise,
L'hôtel de Boufflers,
L'hôtel de Vernicourt qui était dans la cour du chapitre.
Des jardins, des rues, des cours, un jardin public, une boucherie, des écuries, etc.
La Révolution fut fatale aux vestiges du Temple.
L’église, vendue comme bien national avec le cimetière qui l’entourait, fut rasée dès 1796.
Le 13 août 1792, la famille royale, qui avait campé pendant trois jours et trois nuits dans le
couvent des Feuillants, fut amenée au Temple, escortée de Manuel, procureur de la Commune
et de Pétion, maire de Paris.
Louis XVI, Marie Antoinette et le Dauphin regagnaient ainsi leur dernière demeure de vivants.
Provisoirement la famille royale fut logée dans la petite tour adossée à la grande Tour.
Cette petite tour servait depuis peu d'habitation à M. Barthélemy, « secrétaire archiviste de
l'Ordre du Temple ».
Louis XVI ne fut transféré dans la grande Tour que le 30 septembre et le reste de la famille le
26 octobre.
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Louis XVI au Temple
On fit de grands travaux pour isoler la Tour et ce fut le citoyen Palloy, le démolisseur de la
Bastille, qui fut chargé de ces travaux. Il établit un mur d'enceinte isolant la Tour des autres
bâtiments du Temple. La Tour se trouvait exactement sur l'emplacement de la rue et des
trottoirs de la rue des Archives, depuis l'aile nord de la mairie actuelle du IIIe arrondissement
jusqu'à la grille du square du Temple.
Pour une brève période, la dernière de son histoire, la Maison du Temple était devenue la
Prison du Temple. (F. de Rochegude).
C’est de cette prison que le roi et la reine partirent en 1793 pour l’échafaud et que le jeune
Louis XVII mourut en 1795.
Le 1er septembre 1792, on exhibe la tête de la duchesse de Lamballe au bout d'une pique.
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Un décret du premier consul instaure définitivement en 1802 le commerce du « vieux linge, des
hardes et des chiffons ».
L’architecte Molinos bâtit quatre hangars en bois, entre 1809 et 1811, allant de la Rotonde à la
rue du Temple.
Des rues sont percées autour, portant des noms de Perrée et du botaniste Du Petit-Thouars.
Haut lieu de la fripe, le marché a son propre vocabulaire, dont certains termes sont restés,
comme "gonzesse" (cliente, à l'origine), "braise" ou "thune" pour l'argent.
Les halles de bois
Quant à Napoléon, voulant éviter de rappeler le souvenir des Bourbons – qui ne pouvait que
nuire à sa dynastie –, il fit raser le donjon entre 1808 et 1810.
Le donjon du Temple au XVIIIe s.
Depuis, il ne reste rien de cette formidable forteresse des Templiers en dehors des noms qui
rappellent sa présence.
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L’ENCLOS DU TEMPLE AUJOURD’HUI
Plus rien ? Pas tout à fait.
Au 73 de la rue Charlot (IIIème arrondissement), on est toujours dans le périmètre du secteur
sauvegardé du Marais (PSMV).
On trouve un immeuble étroit de trois étages plus un étage sous combles, qui affiche sur sa
porte d'entrée une autorisation caduque de démolir/construire, que le temps et les barbouillages
des tagueurs ont rendu illisible.
Quand on y pénètre, on découvre un espace qui va en s'évasant sur un ensemble de petits
immeubles en déshérence totale.
Les sols sont défoncés, les bâtiments délabrés et abandonnés semblent tout droit sortis d'un
bombardement.
Si on se faufile - à ses risques et périls - dans un passage étroit sur la gauche, on découvre une
tour ancienne en pierre (photos 4b), qui s'appuie sur un mur de même facture.
La tour fait cinq mètres de diamètre pour dix mètres environ de hauteur.
Tour de l'enclos du Temple, 73 rue Charlot (IIIe)
Le PSMV stipule que les bâtiments doivent être conservés, de même que les cours pavées.
Il y a des années que cet ensemble immobilier souffre de la mésentente de ses propriétaires
sur les travaux à faire.
Il y a pourtant vingt-cinq appartements en jeu, qui pourraient retrouver leur usage naturel si un
projet de rénovation, privé ou municipal, voyait le jour.
C'est l’un des paradoxes du Marais. L'immobilier est cher mais on manque d'investisseurs
décidés à le mettre en valeur et à l'exploiter.
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Au moment où certains proposent de bâtir des tours dans nos quartiers, ou de surélever les
immeubles existants, revenons sur terre en rappelant que la rénovation de plus de cent
logements est gelée au profit de marchandises entreposées et que des opportunités de
réhabilitation d'immeubles délaissés existent.
Au 73 rue Charlot, de surcroît, mettre en valeur ce vestige exceptionnel permettrait de
conserver la mémoire d'un site disparu qui a été l'un des plus remarquables de Paris.
En guise de conclusion regardez ces photos d’une maquette anonyme de l’enclos du temple,
exposée au musée Carnavalet à Paris.
« Cette maquette datée de 1783 représente l’enclos du Temple.
Le lieu, situé alors en dehors de la ville, entouré d’une enceinte fortifiée et d’un donjon, détruit
entre 1808 et 1812, avait été fondé au 12e siècle par les chevaliers de l’Ordre du Temple.
Après la dissolution de l’Ordre en 1312, il devint la propriété de l’Ordre souverain de Saint Jean
de Jérusalem, depuis Ordre de Malte.
L’enclos formait une véritable ville dans la ville, hors de la juridiction du roi jusqu’à la
Révolution.
En 1786, il comptait environ 4000 habitants dont les plus illustres comme Jean-Jacques
Rousseau, recevaient l’hospitalité du Grand Prieur.
De nombreux édifices laïcs et religieux, et de beaux hôtels aristocratiques s’y côtoyaient.
La rotonde de Pérard de Montreuil (1781), est remplacée en 1864 par le Carreau du Temple.
A partir de1792, le donjon servit de prison à la famille royale et le petit dauphin Louis XVII y
mourut en 1795.
A la place de l’enclos se trouve aujourd’hui le square du Temple et la mairie du 3ème
arrondissement ».
Le square du Temple et la mairie du IIIème ardt.
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Anonyme. Maquette de l'enclos du Temple, 1783. Paris, Musée Carnavalet, Inv. PM 2
Anonyme. Maquette de l'enclos du Temple, 1783. Paris, Musée Carnavalet, Inv. PM 2
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Anonyme. Maquette de l'enclos du Temple, 1783. Paris, Musée Carnavalet, Inv. PM 2
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