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des situations complexes, tant pour les personnes directement concernées
dans leur singularité que pour les personnes qui sont concernées au titre
d’un mandat professionnel, institutionnel ou plus généralement pour les
personnes qui sont interpellées au nom d’un engagement social.
Sur le plan sociétal, l’éthique appliquée peut être appréhendée comme
un mode de régulation des comportements qui se distingue assez
nettement, tout en ayant des points communs avec eux, des autres modes
traditionnels de régulation des comportements que sont : la morale, les
mœurs, le droit et la déontologie. En termes de management, l’éthique
appliquée interpelle et invite à repenser, notamment, l’organisation
actuelle du travail ainsi que la manière dont nous envisageons la gestion
des personnels. Pour cette raison, l’éthique appliquée développe des
principes de gestion axés sur les valeurs personnelles, professionnelles,
institutionnelles, les valeurs partagées et l’importance du sens a donné
au travail an d’améliorer, autant que faire se peut, la qualité du « vivre-
ensemble » au travail.
C. L’éthique appliquée, pourquoi pas, mais pourquoi et pour faire quoi ?
Concrètement, au sein des organisations, l’éthique appliquée ouvre et
trace une voie, par l’intermédiaire de la formation, à une adaptabilité
et une amélioration continue des pratiques professionnelles, jusqu’à
l’éventualité théorique de tendre vers les « meilleures pratiques possibles ».
Le travail effectué par l’éthique organisationnelle semble alors tout à fait
indiqué pour accompagner efcacement les transformations sociétales
et culturelles majeures auxquelles doivent faire face, l’ensemble des
organisations des secteurs public, privé ou associatif.
D. L’éthique appliquée, d’accord, mais comment ça marche ?
La réexion sur l’agir humain est certainement aussi ancienne que
l’activité réexive elle-même, dans la mesure où, la philosophie se pose,
depuis ses débuts, de grandes questions relatives au Beau, au Vrai et
au Bien. La matérialisation concrète de ce travail réexif millénaire de
la philosophie trouve la plénitude de son expression durant le Moyen-
âge avec l’édication des cathédrales. Une cathédrale peut, en effet,
d’abord être regardée comme l’expression du Beau. La magnicence de
son architecture ayant pour fonction, entre autres choses, d’interpeller et
d’attirer en son sein le pèlerin errant. Lorsque notre pèlerin interpellé par
le Beau pénètre dans l’édice, celui-ci devient alors l’expression du Vrai,
exposant aux yeux du visiteur une multitude d’objets : vitraux, tableaux,
bas-reliefs, etc. Ces objets, sont autant de réceptacles iconographiques
des Saintes écritures et, donc, de la vérité biblique. C’est ainsi que notre
pèlerin, saisi par le Beau et instruit du Vrai, est alors, en théorie mais en
théorie seulement, outillé pour faire le Bien dès qu’il reprendra son
chemin hors de la cathédrale. Le Bien étant ici le terme qui se rapporte,
en réalité, au domaine de l’agir humain puisqu’il pose la question :
« Que faire pour bien faire ? ».