SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques 26/01/2017 8h-9h MUSOLES Axel D1 CR : PAYRASTRE Clémentine SNP Pr. A. Eusebio 14 pages Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques Plan A. Physiopathologie I. Historique II. Épidémiologie III. Les noyaux gris centraux IV. Le système dopaminergique V. Subdivision fonctionnelle des ganglions de la base VI. Mécanisme de mort neuronale VII. Physiopathologie VIII. Origine polyfactorielle B. Bases pharmacologiques I. Antiparkinsoniens II. Traitement chirurgical MP = Maladie de Parkinson. A. Physiopathologie I. Historique – 1817 : La maladie de Parkinson a été décrite par James Parkinson comme une paralysie agitante. – 1912 : Lewy décrit des anomalies histologiques, sous forme d’inclusions cytoplasmiques dans les neurones, qui portent son nom : les corps de Lewy (pas encore de lien avec la maladie de Parkinson) – 1919 : Trétiakoff montre que les lésions responsables de la MP (Maladie de Parkinson) sont les corps de LEWY que l'on retrouve principalement dans locus niger (substance noire) avec une perte sélective des neurones de la substance noire → pas encore de lien avec le déficit en dopamine – 1960-1965 : Mise en évidence d'un déficit en dopamine chez les parkinsoniens en lien avec les neurones dopaminergiques perdus – 1960-1970 : Identification de la voie dopaminergique nigrostriée, c'est-à-dire les neurones dopaminergiques qui partent de la substance noire et qui vont jusqu'au striatum – 1970 : 1ère utilisation de la Lévodopa (précurseur de la dopamine), qui améliore les symptômes de la MP – 1975 : 1ère utilisation d'un agoniste dopaminergique (Bromocriptine) – 1982 : MPTP (1-méthyl-4-phényl-1,2,3,6-tétrahydropyridine) : est un neurotoxique découvert par hasard, qui permet de recréer artificiellement les lésions de la voie dopaminergique nigrostriée, et donc de créer des modèles animaux de la MP, ce qui a permis le développement de recherches thérapeutiques et cliniques dans le cadre de la MP. – 1986 : Début de la stimulation cérébrale profonde pour traiter les symptômes de la MP, technique découverte par un neurochirurgien français. 1/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques II. Épidémiologie La maladie de Parkinson concerne entre 150 000 et 200 000 personnes en France. Sa prévalence est de 2/1000 personnes. C'est la 2ème maladie neurodégénérative, après la maladie d'Alzheimer (environ 800 000 patients en France). Incidence d'environ 8000 nouveaux cas par an (soit 15/100 000), donc maladie assez fréquente. Elle a une discrète prévalence masculine, et l'incidence augmente avec l'âge, avec 4/1000 entre 65 et 75 ans, et 4,7% entre 75 et 85 ans. L'âge de début « classique » est entre 60-65 ans, et lorsqu'on développe une MP après 75 ans, on parle de MP du sujet âgé. Quand la maladie débute après 60 ans, elle a peu d'impact sur l'espérance de vie puisque la durée d'évolution moyenne est de 18 ans. III. Les noyaux gris centraux Les noyaux gris centraux sont situés en profondeur dans le SNC et on les appelle aussi les ganglions de la base. Ce sont des noyaux de substance grise situés dans la substance blanche autour des ventricules du cerveau, et sont constitués de plusieurs noyaux qui sont pour la plupart pairs et symétriques. Ces noyaux gris centraux sont : – le noyau caudé – le putamen – le pallidum, qui est coupé en deux parties : le pallidum interne et le pallidum externe (on parle aussi de globus pallidum, et de GPI : Globus Pallidum Interne et de GPE : Globus Pallidum Externe) – le noyau sous-thalamique (NST) – la substance noire Le thalamus ne fait pas partie des ganglions de la base, il fait juste office de sortie. Le striatum correspond à l'association du striatum dorsal et du striatum ventral : – le striatum dorsal correspond à l'association noyau caudé + putamen – le striatum ventral correspond à l'association noyau accumbens + tubercule olfactif. Le striatum est donc composé de 4 parties : le noyau caudé, le putamen, le noyau accumbens et le tubercule olfactif, mais quand on parle de striatum, en général, on parle du noyau caudé et du putamen. La voie nigrostriée est la voie des neurones dont le corps cellulaire se situe dans le locus niger et qui envoient des axones jusque dans le striatum, c'est-à-dire jusque dans le putamen et dans le noyau caudé. Ce sont les neurones de cette voie nigrostriée qui synthétisent la dopamine. 2/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques IV. Le système dopaminergique Cortex D2 Striatum Voie indirecte SNc D1 Voie directe Thalamus GPe STN Mouvement excitation GPi/SNr inhibition Albin et al, 1989 DeLong , 1990 Flèche bleue = inhibition, flèche rouge = excitation Les ganglions de la base sont organisés de façon fonctionnelle, par le biais d’un certain nombre de connexions Le cortex représente l’essentiel des points d’entrée dans les ganglions de la base, et le thalamus est l’essentiel des voies de sortie, il a un rôle excitateur sur le cortex moteur, et va améliorer la motricité et permettre le mouvement volontaire. Le GPI (Globus Pallidum Interne) a un effet inhibiteur sur le thalamus, et le NST (Noyau Sous-Thalamique) a un effet inhibiteur sur le GPI. A l'état physiologique : La substance noire (qui se divise en deux parties : la pars compacta et la pars reticulata ; et ce sont surtout les neurones de la pars compacta qui sont dénervés dans la maladie de Parkinson) envoie des neurones dopaminergiques sur le striatum : c'est la voie nigrostriée. Au niveau du striatum, il existe deux types de récepteurs dopaminergiques : les récepteurs D1 et D2. CR : Il y a donc deux modes de connexion jusqu’au GPI : – Lorsque la dopamine active les récepteurs D1, on parle d'activation directe de la voie dopaminergique. Les récepteurs D1 sont activés par la dopamine au niveau du striatum, ils activent la voie directe, et il y a 3/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques donc une activation du thalamus par le GPI, ce qui active le cortex. Ceci permet donc le mouvement volontaire. CR : on a une inhibition du GPI par le striatum, le GPI inhibant lui-même le thalamus, cela aboutit à une activation du cortex. C’est la voie entre le striatum et le GPI qui est considérée comme directe. – Lorsque la dopamine active les récepteurs D2, on parle d'activation indirecte de la voie dopaminergique. Il y a inhibition du GPE (Globus Pallidum Externe), or ce GPE inhibe le NST. Il en résulte une excitation de ce NST (puisqu'on inhibe un inhibiteur, « moins par moins ça fait plus » ...) qui va permettre l'excitation de l’association substance noire/GPI, donc une inhibition du thalamus et donc du cortex. En résumé : La voie directe permet la réalisation du mouvement volontaire par excitation du thalamus puis du cortex moteur, alors que la voie indirecte est inhibitrice des mouvements parasites. A l'état pathologique : Cortex D2 Striatum D1 SNc Thalamus GPe STN GPi/SNr Mouvement Albin et al, 1989 DeLong , 1990 A l'état pathologique, il y a une perte des neurones de la pars compacta de la substance noire. – Par la voie directe : il y a moins d'excitation de la voie directe (récepteurs D1), et donc moins d'excitation du thalamus, et donc moins d'activation du cortex cérébral par la voie directe, ce qui fait qu'il y a une perte du mouvement volontaire et donc ceci explique le ralentissement moteur dans la maladie de Parkinson (bradykinésie). → moins d'activation du cortex moteur. 4/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques – Par la voie indirecte : il y a moins d'activation des récepteurs D2. Or, ces récepteurs D2 inhibent le GPE. Le GPE est donc moins inhibé dans le cadre pathologique. Comme ce GPE est moins inhibé, il va ainsi plus exercer sa fonction inhibitrice du NST : le GPE inhibe donc moins le NST. Il y a alors, in fine, moins d'activation du cortex moteur par cette voie indirecte. Par ailleurs, il faut savoir que ce NST a pour rôle d'inhiber les mouvements involontaires qui viennent parasiter les mouvements volontaires. Dans le cadre de la maladie de Parkinson, comme il y a une perte de cette inhibition des mouvements involontaires par le NST, il en résulte une apparition de tremblements de repos. En résumé : - En situation physiologique : • La voie directe active le mouvement volontaire • La voie indirecte inhibe les mouvements parasites, permettant la réalisation d'un mouvement homogène et précis. - En situation pathologique : • La perte d'activation de la voie directe diminue l'activation du cortex moteur • La perte d'inhibition de la voie indirecte entraîne l'apparition des mouvements parasites, comme le tremblement de repos dans la maladie de Parkinson. Dans la maladie de Parkinson, il y a donc une perte des neurones de la substance noire, et donc une diminution de l'activation dopaminergique sur le striatum, ce qui explique en partie la symptomatologie observée. V. Subdivision fonctionnelle des ganglions de la base Ne pas retenir la partie basse de ce schéma Il y a 3 territoires et 5 circuits. Le cortex se divise en trois parties : le cortex sensori-moteur contrôlant les sensibilités et le mouvement, le cortex associatif et le cortex limbique qui contrôle les émotions et la réflexion. Cette subdivision s'applique aussi aux ganglions de la base. Donc, même un petit noyau comme le NST est subdivisé en un territoire sensori-moteur, un territoire associatif et un territoire limbique. Le territoire sensori-moteur correspond aux aires motrices primaires et secondaires, et aussi les aires du contrôle de l'oculomotricité. Pour ces 3 grandes fonctions du cortex, il va y avoir une organisation différente, ségrégée, qui permet de garder une certaine différenciation du type d’information qui chemine dans ces structures. 5/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques Le rôle des ganglions de la base est d’assurer le contrôle des opérations qui nécessitent l’intervention du cortex et le passage vers le thalamus. VI. Mécanisme de mort neuronale La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative. On a ainsi une perte des neurones de la voie dopaminergique nigrostriée, qui se fait par apoptose principalement, et un peu par nécrose. On ne sait pas encore exactement pourquoi les patients ont une apoptose plus importante des neurones de cette voie-là... Parmi les explications possibles, on retrouve surtout le rôle du stress oxydatif (on ne sait pas vraiment s’il est direct ou s’il est le reflet d’un autre mécanisme), dont on connaît les propriétés cytotoxiques. En effet, la pars compacta est très sensible aux radicaux libres, puisqu'elle est très exposée et peu protégée contre ces radicaux libres. Les autres causes évoquées pour expliquer cette apoptose sont : un déficit du complexe protéasome (organite de « recyclage » de la cellule, dont le déficit entraînerait une accumulation de protéines inutiles), à un dysfonctionnement mitochondrial (CR : mort cellulaire par manque d’énergie), ou encore une accumulation toxique de fer dans la pars compacta... Ce sont donc des voies de recherche. VII. Physiopathologie 1. Constitution des corps de Lewy La cause principale des symptômes de la MP est une perte des neurones dopaminergiques de la substance noire. Au début de la maladie de Parkinson, les corps de Lewy se situent dans les corps cellulaires des neurones dopaminergiques de la voie nigrostriée. CR : on s’en sert comme marqueur histologique. Un corps de Lewy est en fait un agrégat de protéines insolubles, anormales, qui précipitent dans les corps cellulaires et deviennent toxiques pour le noyau cellulaire, et accélèrent ainsi l'apoptose neuronale. Ces protéines sont : – Ubiquitine, marqueur de l’inefficacité du protéasome puisqu’il est incapable de dégrader les protéines marquées par l’Ubiquitine – α-synucléine, caractéristique et vraisemblablement à l’origine de la maladie, assure normalement le transport des vésicules au niveau synaptique, essentiel de la constitution des corps de Lewy Lorsqu’on surexprime l’α-synucléine dans les corps cellulaires, et même sans dysfonctionnement du protéasome, elle va s’accumuler, former plus ou moins des corps de Lewy et aboutir à des formes de MP, notamment les formes familiales de cette maladie. Pour la MP et les autres maladies qui se caractérisent par l’accumulation d’α-synucléine dans les corps cellulaires, on parle de synucléinopathies. 6/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques 2. Évolution et histoire naturelle de la maladie de Parkinson Sur le dessin B, on voit dans les zones foncées la localisation initiale des corps de Lewy dans les formes débutantes de la maladie de Parkinson. Il y a d'abord une localisation dans les parties très profondes du cerveau avec notamment une atteinte du tronc cérébral (ce qui explique des symptômes précoces non-moteurs) par les corps de Lewy, ensuite les neurones dopaminergiques de la substance noire ce qui donnera des symptômes parkinsoniens. Puis ces derniers atteignent d'autres localisations, notamment toutes les aires du cortex, autant dans les cellules pyramidales corticales que dans les interneurones à ce niveau, ce qui explique l'aggravation de la symptomatologie clinique et l'apparition de troubles non-moteurs plus sévères. Donc, la lésion responsable de la maladie de Parkinson diffuse, au fur et à mesure des années d'évolution, du tronc cérébral vers le cortex et à l’ensemble du système nerveux (voir schéma D), on parle de Braak Staging. Une hypothèse sur l’évolution de la MP est qu’elle diffuserait sur un mode prion-like, comme les maladies à prion (provocant l’encéphalopathie spongiforme, comme la maladie de Creutzfeld-Jacob ou celle de la vache folle). Sa diffusion serait donc liée à des protéines qui s’appellent des prions, petites molécules qui ont une conformation anormale, qui lorsqu’elles rentrent dans les cellules rencontrent des prions de conformation normale et leur transmettent la conformation anormale par simple contact. Il n’y a pas une multiplication de ces protéines prions dans le système nerveux mais une transformation de l’ensemble des protéines prions du cerveau dans une conformation anormale. Dans la MP, une cellule va présenter une molécule α-synucléine anormale, ce qui va contaminer la cellule à qui elle sera présentée, dont les protéines α-synucléines vont se mettre dans une conformation anormale à leur tour et ainsi de suite… Ces α-synucléines anormales vont précipiter et former les corps de Lewy. 7/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques Cette diffusion est très lente, donc les lésions anatomopathologiques responsables de la maladie évoluent déjà depuis de nombreuses années avant l'apparition des symptômes. On observe ensuite dans l’histoire de cette maladie l’apparition de plusieurs types de symptômes. Il existe un début de perte neuronale 20 ans avant les premiers symptômes, et ce n'est que lorsqu'on passe un seuil de perte de 80% de neurones dopaminergiques que l'on observe ce début des symptômes moteurs. On distingue plusieurs stades cliniques lors de l'histoire naturelle de la maladie de Parkinson qui va entraîner chacun un type de symptôme : – Pré-physiologique : (plusieurs dizaines d’années avant la phase pré-clinique) existence d'une mutation génétique prédisposante (ex : amenant un dysfonctionnement du protéasome), notamment dans les formes familiales – Pré-clinique : où on voit des anomalies à l'imagerie, mais pas de symptômes car les pertes neuronales sont insuffisantes, et certains examens quantifient les neurones dopaminergiques dans la substance noire – Pré-motrice : (aussi appelée prodromale) signes non moteurs, dû à l’atteinte du tronc cérébral, qui apparaissent classiquement entre 5 à 10 ans avant le début des symptômes moteurs et qui sont par exemple l'hyposmie (atteinte des tubercules olfactifs, puisqu'on a vu au début du cours que le tubercule olfactif faisait partie du striatum), troubles du sommeil, constipation chronique et sévère (car il y a des corps de Lewy dans les plexus nerveux du tube digestif, systématique dans le colon, avec même une hypothèse de transmission de la maladie par le tube digestif par des facteurs environnementaux), dépression… – Pré-diagnostique : symptômes moteurs, d'abord discrets – Diagnostique : on pose le diagnostic de maladie de Parkinson, basé sur plusieurs critères et symptômes, et on ne traite qu’à ce stade-là, quand beaucoup de neurones sont déjà contaminés et que beaucoup sont morts CR : une perspective d’avenir serait de dépister la maladie pour espérer la guérir et éviter la dégénérescence neuronale après laquelle on ne peut donner que des traitements symptomatiques. 8/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques Une fois que le diagnostic de la maladie de Parkinson est posé, celle-ci répond à plusieurs stades évolutifs : Stade I : stade de la lune de miel → stade au cours duquel les symptômes moteurs sont peu sévères et le patient répond très bien au traitement dopaminergique, qui réduit alors 80% des symptômes parkinsoniens, et les patients passent plusieurs années quasiment sans aucun symptôme. Dure en moyenne environ 3 ans. Stade II : stade des complications Complications dopa-sensibles : induites par le traitement. Cette phase est liée à la fois à l'évolution intrinsèque de la maladie et au traitement par Levodopa, puisque la dopamine induit des effets secondaires à long terme et que son efficacité baisse en termes de durée (nécessite plus de prises par jour). On introduit donc ce médicament le plus tard possible. Ces complications motrices sont de deux types : – Dyskinésies de pic de dose, c'est-à-dire des mouvements involontaires induits par un surdosage en Lévodopa – Akinésie de fin de dose, c'est-à-dire une perte d'efficacité de la dopamine après 3 ou 4 heures de prise du traitement. (c’était dans le ronéo de l’année dernière mais pas dit cette année) On retrouve aussi des complications non motrices. En effet, il va y avoir des fluctuations au cours de la journée de symptômes non moteurs comme des douleurs abdominales, thoraciques, une angoisse... Stade III : Stade de déclin → phase tardive, où apparaissent des complications dopa-résistantes que sont les signes axiaux (troubles de la marche : chutes, freezing) et les signes non moteurs (démence parkinsonienne pour 90% des cas après 20 ans de maladie, une apathie, dysautonomie, confusion, délires, hallucinations...). Le patient n'est plus sensible au traitement car ces symptômes sont dus à l’atteinte du cortex et qu’il n’y a pas de neurone dopaminergique dans le cortex. Le freezing est le piétinement à la marche, les patients essaient de marcher mais leurs pieds restent collés au sol. 9/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques Ce schéma reprend ce que l'on vient de dire. Les stades évolutifs sont donc liés à la dissémination au sein du cortex des corps de Lewy. VIII. 1. Origine polyfactorielle Facteurs environnementaux : Le MPTP : neurotoxique découvert par hasard à la fin des années 70 – début des années 80 en Californie, où il y a eu un grand nombre de cas assez similaires de syndromes parkinsoniens juvéniles (20-25 ans) chez des étudiants chimistes. Ils essayaient de synthétiser leur propre héroïne, mais la drogue n’était pas assez pure et contenait un dérivé de l’héroïne en grande quantité, le MPTP, qui est un très puissant neurotoxique des neurones dopaminergiques (presque exclusivement) agissant sur la chaîne respiratoire mitochondriale et participant à sa défaillance, ce qui est un des mécanismes de la MP. On l’utilise maintenant pour créer des modèles animaux (primates, rongeurs…) de MP. Les insecticides/pesticides : son rôle dans la MP est assez dur à mettre en évidence car les symptômes de la MP apparaissent très tard après l’exposition. Il a été prouvé que certains pesticides utilisés dans la viticulture augmentent chez les viticulteurs la prévalence avec un OddRatio de 1,9, cela nécessite une exposition importante et chronique. Ainsi dans ce métier la MP est considérée comme une maladie professionnelle sous certaines conditions depuis une dizaine d’années Le tabac : on s’est rendu compte que 95% des patients parkinsoniens ne fument pas, donc le tabac serait un facteur protecteur de la MP, ou bien un trait de caractère lié à la maladie. Les agents infectieux : suite à des épisodes de grippe espagnole dans les années 1920 et 1940 il y a eu apparition chez des dizaines de milliers de patients des encéphalites léthargiques de Von Economo, avec un syndrome parkinsonien très sévère, c’était des patients totalement akinétiques (pratiquement statufiés), amélioré par la Levodopa (film « L’éveil »). Les encéphalites léthargiques sont maintenant exceptionnelles. Les traumatismes : il y a eu un débat pour savoir si les traumatismes répétés pouvaient causer la MP, avec l’exemple de Mohammed Ali qui a développé une encéphalopathie post-traumatique (bien due à des traumatismes à répétition), n’étant pas la MP. Le débat a au final infirmé cette thèse. 10/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques 2. Facteurs génétiques : Un élément qui va dans le sens des facteurs génétiques sont des études en concordance des jumeaux (monozygotes et dizygotes) : c’est une façon de voir s’il y a des facteurs génétiques pour une maladie. On regarde chez des jumeaux quand 1 des 2 est malade la proportion que l’autre le soit aussi. Cette concordance est très faible dans la MP, sauf pour les formes précoces débutant avant 50 ans. CR : en effet, au début on ne menait que des études transversales sur critères cliniques, mais pour être certains que le deuxième jumeau ne soit pas en phase pré motrice il aurait fallu le suivre dans le temps, et donc faire des études longitudinales. Mais dans des études transversales que l’on a faites en utilisant le Dat-scan (qui permet de voir les anomalies histologiques non symptomatiques) au stade préclinique on a eu des concordances bien plus élevées avec 45% pour les monozygotes et 29% pour les dizygotes. On connait l’existence de 9 gènes et 13 loci qui causent 10 à 15% des MP (10-15% de formes héréditaires de la MP) : – Formes autosomiques récessives : (parkin/Park2, PINK1, DJ1/PARK7) début précoce en général avant 20 ans liées à un dysfonctionnement du système ubiquitine-protéasome, « Parkinson juvénile » → mutation du gène de la parkine (E3-ubiquitine Ligase) : Park2 – Formes autosomiques dominantes : (SNCA, LRRK2, EIF4G1, VPS35, Park1) « formes classiques de la maladie » → essentiellement une mutation des gènes de l'α-synucléine qui sont en général des gènes qui se répètent, et plus il y a de duplication du gène, plus la MP sera sévère et précoce. Il existe aussi des facteurs de prédisposition, des mutations hétérozygotes de gènes récessifs (Parkine, PINK1, GBA) qui vont donner une susceptibilité génétique pour donner la MP. Ce sont des gènes de susceptibilité qui n’entraînent pas directement la maladie s’ils sont seuls, mais avec plusieurs de ces gènes on peut être à risque de développer la maladie. La transmission de ces gènes est plus dure à voir dans une enquête familiale. La Parkine est une forme autosomique récessive, ses 2 allèles doivent être mutés pour provoquer la MP. Si seulement un des 2 allèles est muté on sera à risque de développer la MP. Certains allèles n’ayant rien à voir avec la MP constituent quand même des facteurs de prédisposition comme le gène GBA qui est le gène de la maladie de Gaucher, fréquente, qui est une maladie de surcharge qui ne donne en général pas de symptôme parkinsonien. Mais quand on est hétérozygote pour cette mutation il n’y aura pas de développement de la maladie de Gaucher, mais un risque de développer la MP. Mutations LRRK2 : Forme autosomique dominante, présente dans le pourtour méditerranéen (surtout Afrique du Nord et MoyenOrient) qui va donner des syndromes parkinsoniens assez précoces, et qui code pour une molécule qui intervient dans le système Ubiquitine-protéasome. Ses signes cliniques sont une dystonie, des tremblements et des mouvements moins rapides. Il y a 2% de formes sporadiques, elle touche environ 20% des juifs ashkénazes (peu importe leur localisation dans le monde), 40% des berbères d’Afrique du Nord… On pense que la mutation originelle provient du Moyen-Orient et des juifs ashkénazes. 11/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques La particularité de cette mutation est que la pénétrance est incomplète, c’est-à-dire que même en ayant la mutation on ne développe pas forcément la maladie : elle est de 28% à 59 ans, 51% à 69 ans et de 74% à 79 ans. CR : les arbres généalogiques peuvent donc faire apparaitre une transmission étrange, mais la mutation est bien autosomique dominante. Histopathologie : CL, parfois absents avec dégénérescence nigrale pure, DNF… (sur la diapo mais pas abordé par le prof) 3. Signes cliniques moteurs : Le diagnostic est clinique. La MP est caractérisée par la présence d’un syndrome parkinsonien (qui N’EST PAS la MP, qui est une des causes de syndrome parkinsonien). Pour affirmer qu'il y a bien un syndrome parkinsonien, il faut la présence d'au moins 2 des 3 signes suivants (triade parkinsonienne « ART ») : – Akinésie (ou bradykinésie) : déficit d'initiation ou d'exécution du mouvement et lenteur – Rigidité : à l’examen passif, « en tuyaux de plomb » de type plastique, et roue dentée au niveau du poignet (rigidité spastique = syndrome pyramidal, rigidité plastique = syndrome parkinsonien) – Tremblement de repos : Attention, le tremblement de repos n'est présent que dans 70% des formes de la MP !! Il faut également vérifier l'absence de critères d'exclusion de la MP. Enfin, il faut observer des critères évolutifs positifs (les différentes phases de la MP) en faveur du diagnostic de la MP. CR : il n’y a pas d’examen complémentaire à réaliser, le diagnostic est purement clinique. B. Bases pharmacologiques I. Antiparkinsoniens La dopamine est synthétisée au niveau du neurone pré-synaptique. Dans la synapse, la dopamine va agir sur les récepteurs D1 et D2 au niveau des neurones post-synaptiques. Le reste de la dopamine est récupéré par la COMT (Cathécol-O-MéthylTransférase) et la MAOB (MonoAmineOxydase B), qui va dégrader cette dopamine. 12/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques On cherche à amener de la dopamine dans la fente synaptique. On comprend donc que les traitements de la maladie de Parkinson vont être : – Dopamine → LevoDopa, puisqu'elle est moins synthétisée car moins de neurones dopaminergiques. CR : c’est un précurseur de la dopamine qui entre dans le neurone pré synaptique. On ne donne pas de dopamine car elle ne passe pas la BHE, et serait transformé par les cellules périphériques en noradrénaline, avec des effets secondaires sévères. – Agonistes dopaminergiques, qui vont reproduire partiellement les effets de la dopamine. – Inhibiteurs enzymatiques : de la COMT (I-COMT) et de la MAOB (I-MAOB) (qui ont pour rôle de capter et recycler la dopamine), pour prolonger la durée de vie de la dopamine dans la synapse. Il existe une vingtaine de molécules qui ont une AMM pour le traitement de la MP, et il faut retenir +++ que les anticholinergiques ne sont plus utilisés de nos jours !!! II. Traitement chirurgical Lorsque le patient garde une bonne sensibilité à la dopamine mais qu'il a des effets secondaires très invalidants de la Lévodopa, il faut essayer de passer à un traitement de seconde ligne, qui est de la chirurgie de stimulation cérébrale profonde (chirurgie de SCP). Elle est proposée à un panel de patients qui sont jeunes (<70 ans), qui ont une bonne sensibilité à la Lévodopa (CR : mais chez qui les effets du traitement ne sont pas durables), qui n'ont pas de troubles cognitifs, et qui en sont au stade des complications motrices de leur MP. On leur fait une stimulation à haute fréquence (130 Hz) du noyau sous-thalamique, ce qui permet de l'inhiber, et donc permet une amélioration de l'activité du thalamus et du cortex moteur, Cf. schéma ci-dessous. On améliore ainsi les symptômes moteurs de la MP en restaurant le mouvement. 13/14 SYSTEME NEUROSENSORIEL ET PSYCHIATRIE – Maladie de Parkinson : physiopathologie et bases pharmacologiques Les neurochirurgiens repèrent le noyau sous-thalamique (juste au-dessus de la substance noire) grâce à une IRM et enregistrent la localisation sous forme de coordonnées (x-y-z), puis grâce à un cadre qu'on visse au crâne du patient, un robot très précis fait alors descendre l'électrode à l'endroit exact de la localisation du noyau sous-thalamique. On peut alors faire la stimulation qui est bilatérale. 14/14