Préface
L’El Niño 1997-1998 a incontestablement été un des grands sujets de l’actualité
médiatique et son nom est maintenant connu de tous. Des comptes rendus d’inon-
dations, de feux de forêts, de sécheresses, de pêcheries sinistrées, avec leur lot de
pertes en vies humaines et en matériels, ont fait régulièrement la une des jour-
naux et des magazines à travers le monde. Pour beaucoup, il s’agissait d’un nou-
veau phénomène, d’une nouvelle menace liée au changement climatique. Nous
savons que ce n’est pas le cas. El Niño est un phénomène climatique ancien et
récurrent. A la différence des saisons, qui se succèdent chaque année régulière-
ment, El Niño est irrégulier et pluriannuel, d’où, peut-être, la difficulté qu’ont
bien des gens à comprendre ses caprices.
Plusieurs décennies de recherches menées dans le cadre d’une coopération
internationale sur l’océan et le climat ont beaucoup amélioré la connaissance
scientifique d’El Niño. Et pourtant, le grand public continue de s’interroger, dési-
reux de comprendre les catastrophes nombreuses et variées associées à ce phéno-
mène. Ce n’est pas à prendre à la légère.
La communication des résultats de la recherche est importante non seule-
ment pour aider le public à mieux comprendre la science, mais aussi pour aider
les responsables politiques à prendre des décisions éclairées. Les relations entre la
production de la connaissance scientifique et la manière dont celle-ci est utilisée
est un problème sociologique intéressant. La question clé est la suivante : quelle
part des connaissances disponibles est-elle effectivement utilisée par les politiques
dans la prise de décision ?
A travers sa Commission océanographique intergouvernementale,