VertigO – La revue en sciences de l'environnement, vol6 no2, septembre 2005
VertigO, Vol 6 No 2 2
dynamiques des plantes ligneuses ont été décrits dans Ganaba et
al. (1998), Ganaba et al., (2000) et Lykke et al., (2004).
Pour répondre et mettre en oeuvre les conventions internationales
de préservation de la biodiversité et de lutte contre la
désertification à différentes échelles, il est impératif d’associer
les communautés locales dans les programmes d’aménagement et
de gestion des ressources naturelles de leur terroir. Il est
impérieux d’identifier, de prendre en compte et d’améliorer au
besoin les connaissances endogènes de gestion des ressources
naturelles pour un développement durable.
Zone d’étude
La zone d'étude est définie dans trois des quatre provinces
sahéliennes septentrionales du Burkina Faso : l'Oudalan, le Séno
et le Yagha (Barral, 1967 et 1977 ; Ganaba et al., 1998, Claude et
al., 1991). L’Oudalan et le Séno appartiennent au secteur
phytogéographique sahélien strict et le Yagha au secteur
subsahélien du domaine sahélien selon Guinko (1984), (Figure
1).
La géomorphologie de la zone d’étude se caractérise par la
présence de buttes cuirassées ou rocheuses, d’alignements
dunaires d’orientations est-ouest se succédant du nord au sud, de
glacis plus ou moins dénudés, et de mares endoréiques. La nature
sableuse des sols fait que la culture du petit mil (Pennisetum
glaucum) et du niébé (Vigna unguiculata) est dominante.
Figure 1. Zone d’étude
La saison sèche est longue d'environ 9 mois et la saison
pluvieuse 3 mois de juin à août. Les variations inter-annuelles et
spatio-temporelles de la pluviométrie engendrent des années
excédentaires (1994, 2003, 2005) et des années déficitaires à
l’origine de crises écologiques plus ou moins sévères (1972,
1984, 2004). De manière globale on observe une aridification
croissante caractérisée par une descente des isohyètes vers le sud
(Ouattara et Ouédraogo, 2004 ).
La végétation est composée de steppes arbustives dominées par
Acacia tortilis en pleine expansion et Balanites aegyptiaca, et de
brousses tigrées plus ou moins dégradées dominées par
Pterocarpus lucens en forte mortalité dans la partie
septentrionale (Ganaba et Guinko, 1995). Les bas-fonds et les lits
des mares endoréiques sont colonisés par des prairies aquatiques
constituées de bourgoutières (formation à Echinochloa ssp.) et de
Voscia cuspidata, Oryza longistaminata se développant sur des
sols hydromorphes.
Plusieurs groupes ethniques habitent la région : les plus
importants sont les Kel Tamachek (Touareg et Bella) dans
l’Oudalan, les Peuls (Djelgobé, Gaobé, Lipatko, Yagha et
Rimaïbé) dans l’Oudalan, le Séno et le Yagha et les
Gourmantchés dans le Séno et Yagha . Cette répartition ethnique
correspond aux différents épisodes historiques du peuplement.
Les Peuls du Liptako ont été repoussés de l’Oudalan en 1827 par
les Kel Tamachek dont les premiers sont les Imrad Oudalan et les
Oudalan Imajaren (Barral, 1967). Puis les Gourmantchés ont
aussi été vaincus et repoussés en 1910 de Dori vers le sud, le
sud-est et dans le Yagha par les Peuls Liptako.
D’abord la colonisation, puis l’avènement du régime politique
d’exception de 1983 au Burkina Faso, a créé des conditions
favorables à l’émancipation des populations des groupes
ethniques vivant en zone sahélienne. Les relations de
dépendances entre groupes ethniques (Sonraï-Mallébé, Peul-
Rimaïbé et Touareg-Bella) ont été définitivement abolies. Les
sujets jadis soumis à une forme d’esclavage étaient aussi astreints
aux tâches artisanales de confection d’outils, de meubles, et
autres objets pour les anciens maîtres. De nos jours ces castes
sont spécialisées dans l’artisanat du bois et des peaux pour la
vente au marché. Les Bella constituent les véritables maîtres
artisanaux de la région sahélienne par leur savoir-faire.
Méthodes d’étude
L’étude repose sur des enquêtes de type semi directif (Kintz,
1995) conduites en saison de pluies d’août à septembre 1995, en
un seul passage, des observations directes de terrain et une revue
bibliographique.
Le choix des villages est basé sur la représentativité des groupes
ethniques de chaque région géographique de la région d'étude et
de leur accessibilité. La saison pluvieuse est la période à laquelle
les agropasteurs sont revenus de la migration ou de la
transhumance dans leurs campements.