la qualité, qui permet de tenir compte simulta-
nément de la durée de vie et des préférences
des individus sur la qualité de vie au cours de
ce temps. Cet indicateur présente l’avantage
d’être commun à l’ensemble des domaines thé-
rapeutiques et permet des comparaisons entre
l’ensemble des interventions en santé bien que
la valorisation de la QALY et la capacité à inté-
grer l’ensemble du bénéfice attendu d’une
intervention sont régulièrement discutées.
La dernière approche, plus proche du calcul
économique mis en œuvre dans d’autres sec-
teurs d’activité, est l’analyse coût/bénéfice,
dans laquelle une valeur monétaire est asso-
ciée au résultat de santé. Dans cette approche,
l’intervention est jugée au regard du solde
monétaire entre ses bénéfices et ses coûts.
Au-delà des méthodes d’évaluation, régulière-
ment débattues, la question de l’interprétation
des résultats est particulièrement sensible. En
effet, l’évaluation coût/utilité produit un ratio dif-
férentiel coût/résultat estimant le coût de l’inter-
vention pour gagner l’équivalent d’une année
de vie en bonne santé. L’acceptabilité de ce coût
est jugée par le décideur public, en l’absence
de référence normative explicite en France. Par
ailleurs, le recours à ce critère s’inscrit dans la
perspective d’une maximisation des gains en
santé, indifférente à la répartition de ces gains
au sein de la population. Des approches extra-
welfaristes, développées au niveau académique,
tentent actuellement d’intégrer les éventuelles
préférences du décideur quant à la répartition
de ces gains pour refléter une éventuelle préfé-
rence collective selon laquelle un même gain
en santé pourrait avoir une valeur différente
selon le contexte (gravité de la maladie, carac-
téristiques des individus concernés…).
L’identification de l’effet causal
d’une intervention
L’identification d’un effet causal à partir de don-
nées empiriques pose également d’autres pro-
blèmes à l’économiste. L’impact, l’estimation
des écarts ne peuvent, en effet, se mesurer que
par la différence entre le résultat observé avec
ou sans intervention. Le problème tient à ce
que l’on ne peut observer, pour un même indi-
vidu, qu’une seule des deux situations («traité»
ou «non traité»). Comparer la situation
moyenne pour les traités à celle des non traités
constitue, alors, une solution naturelle. Néan-
moins, l’effet moyen du traitement est suscep-
tible d’être influencé par des variables inobser-
vables qui peuvent influencer le fait d’être traité
et/ou l’impact du traitement et, ainsi, biaiser
l’estimation des résultats. Plusieurs solutions
sont alors envisageables.
Une première option, the first best, très pratiquée
dans le domaine de l’évaluation des médica-
ments, consiste à s’appuyer sur des essais ran-
domisés et contrôlés, dans lesquels l’inclusion
dans le groupe des traités est contrôlée et déci-
dée par tirage au sort, de façon aléatoire, sans
que les personnes traitées ni celles qui adminis-
trent le traitement ne le sachent (en double insu
ou double aveugle). On perçoit, toutefois, immé-
diatement la limite d’une transposition de cette
méthode à l’évaluation de politique publique,
sociale, tant d’un point de vue éthique (rupture
de l’égalité de traitement), que pratique.
Une seconde solution, the second best, consiste
à appliquer le principe de l’évaluation aléatoire
à des expérimentations dites «sociales», i.e. des
innovations limitées dans le temps et l’espace
et au champ circonscrit. Comme les premières,
elles ont pour particularité de reposer sur une
assignation aléatoire au programme, sans prin-
cipe de double insu. Elles s’appuient, en outre,
sur une interaction évaluateur/promoteur ainsi
que sur la construction d’un système d’obser-
vation, d’un cadre et d’une méthode d’analyse,
riche d’enseignements et de connaissances nou-
velles, conduisant l’économiste à s’intéresser,
également, aux processus et dynamiques entre
acteurs. Ces méthodes ont connu de nom-
breuses applications dans des domaines variés
de politiques sociales, dès les années 1960 aux
États-Unis, l’une des plus célèbres ayant été
l’Health Insurance Experiment de la Rand Cor-
poration, évaluant l’impact de différents niveaux
de reste à charge d’assurance en santé sur le
recours aux soins et la dépense associée.
Une troisième solution consiste à construire
des dispositifs quasi expérimentaux, compa-
rant des cas – les traités – à des témoins – les
non traités – à partir de données observation-
nelles. Ces dispositifs sont couplés à des
méthodes d’échantillonnage ayant pour objec-
tif d’avoir des cas et témoins les plus proches
possibles et à des méthodes de constitution de
données sur une base longitudinale afin de
contrôler les inobservables constants dans le
temps. À titre d’exemple, l’expérimentation des
nouveaux modes de rémunération à destina-
tion des maisons, pôles et centres de santé a
été évaluée selon ces principes.
Ces différents développements méthodolo-
giques en économie de la santé autour de la
réflexion sur l’allocation de ressources rares à
des interventions et l’évaluation de l’impact de
leur rendement, pourraient être utilement
mobilisés dans le cadre de l’évaluation des
politiques d’aménagement urbain dès lors que
des hypothèses fortes sur leur lien avec la santé
sont posées.
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Territoires, incubateurs de santé ?
Les Cahiers de l’IAU îdF
n° 170-171 - septembre 2014
Construire des territoires en santé
Convier d'autres savoirs et savoirs-faire
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