Inflammation h
epatique li
ee
a l’ob
esit
e (NASH)
L’ob
esit
e est actuellement un probl
eme
majeur de sant
e publique. En France, la
derni
ere
etude
epid
emiologique Ob
epi,
dont les r
esultats ont
et
e publi
es en
2009 montre que pr
es de 50 % de la
population est en surpoids ou ob
ese.
14,5 % de la population a un index de
masse corporel sup
erieur
a 30. Aux
Etats-Unis, ces chiffres sont encore plus
inqui
etants, puisque dans certains
Etats
20
a 30 % de la population a un IMC
sup
erieur
a 30.
Les pathologies associ
ees
a l’ob
esit
esont
multiples, on retrouve des pathologies
bien connues associ
ees au syndrome
m
etabolique (insulino-r
esistance, hyper-
tension art
erielle, perturbations du bilan
lipidique, maladies cardiovasculaires) et
des complications m
ecaniques. On
observe actuellement des pathologies
emergentes associ
ees
a cette surcharge
pond
erale : d
er
egulations du syst
eme
immunitaire, augmentation de l’incidence
de nombreux cancers et des complica-
tions h
epatiques.
L’ob
esit
e est actuellement la premi
ere
cause de maladie h
epatique dans les
pays occidentaux. Les l
esions h
epatiques
observ
ees au cours de l’ob
esit
es
eten-
dent de la st
eatose isol
ee, r
eversible et
b
enigne
a l’inflammation h
epatique ou
st
eatoh
epatite (NASH) puis
a la fibrose, la
cirrhose et au carcinome h
epatocellulaire
(CHC) (Kleiner et al., 2005) (figure 1).La
st
eatose se caract
erise par une accumu-
lation de gouttelettes lipidiques dans le
cytoplasme des h
epatocytes. L’
evolution
vers la st
eatoh
epatite est caracteris
ee
par l’apparition d’infiltrats inflammatoi-
res compos
es de polymorphonucl
eaires
et de cellules mononucl
ees qui sont
principalement des lymphocytes. La
fibrose va apparaıˆtre au cours du temps
suite
a l’inflammation chronique est
repr
esent
ee le tissu cicatriciel. Le stade
ultime de la fibrose est une cirrhose sur
laquelle peut se d
evelopper un carci-
nome h
epatocellulaire. Cependant, une
etude a r
ecemment montr
e que le CHC
pouvait se d
evelopper bien avant le stade
de la cirrhose (Paradis et al., 2009).
Les d
er
egulations m
etaboliques qui
m
enent
a l’accumulation de lipides au
niveau des h
epatocytes vont toucher
toutes les
etapes du m
etabolisme lipi-
dique qui sont tr
es bri
evement : une
captation excessive des acides gras libres
produits par la lipolyse au niveau du
tissu adipeux, une accumulation de
triglyc
erides, une augmentation de la
lipogen
ese h
epatique concomitante
a
une diminution de la ß-oxydation et une
diminution de la s
ecr
etion des VLDL. On
estime que 20 % des personnes ayant
une st
eatose vont d
evelopper une NASH.
Les facteurs d
eclenchant l’apparition
Abstract: Nonalcoholic fatty liver disease (NAFLD) is the liver manifestation of the
metabolic syndrome and one of the most common liver diseases in developed countries.
NAFLD refers to a wide range of liver damage, ranging from pure steatosis to a more
severe pathology namely steatohepatitis (NASH) characterized, in addition to steatosis,
by inflammation and fibrosis. Recruitment and/or activation of inflammatory cells is a
key issue in the progression of NAFLD. Only patients showing inflammation will develop
advanced liver disease whereas patients without inflammation will remain at the
steatotic stage. The liver receives blood from the gastrointestinal tract and the systemic
venous system and is constantly exposed to food antigens, bacterial products and
potential pathogens. Consequently, a specific immune environment exists in the liver.
Innate immunity is largely developed with an enrichment of innate lymphocytes,
including both NK and NKT cells and a large amount of resident macrophages so called
Kupffer cells. Lymphocytes homeostasy is disturbed in the fatty liver: NKT and T regulator
lymphocytes are decrease, steatosis induced a higher recruitment of blood lymphocytes
and Kupffer cells show a pro-inflammatory phenotype. All together, the lipid
accumulation in the liver is correlated to the immune tolerance disruption leading to
the initiation of NASH
Key words: NASH, liver inflammation, obesity, Kupffer cells, immune tolerance
Anne-Marie CASSARD-DOULCIER
Gabriel PERLEMUTER
Inserm U996, Clamart F-92140 ; AP-HP,
H^
opital Antoine-B
ecl
ere, Service
d’h
epato-gastroent
erologie, Clamart,
F-92140 ; Univ. Paris-Sud, Kremlin-
Bic^
etre, F-94270, France
Pour citer cet article : Cassard-Doulcier AM, Perlemuter G. Inflammation h
epatique li
ee
a l’ob
esit
e (NASH). OCL 2011 ; 18(1) : 21-26.
doi : 10.1684/ocl.2011.0363
doi: 10.1684/ocl.2011.0363
OCL VOL. 18 N81 JANVIER-FE
´VRIER 2011 21
NUTRITION SANT
E
Article disponible sur le site http://www.ocl-journal.org ou http://dx.doi.org/10.1051/ocl.2011.0363
d’une inflammation sur un foie st
eatosi-
que sont encore largement discut
es. Si
ces facteurs sont mal identifi
es, il est
maintenant reconnu que le stress oxy-
dant et le microbiote intestinal, en
particulier via les endotoxines bact
erien-
nes, jouent un r^
ole majeur dans cette
etape. Cependant, le recrutement et
l’activation des cellules immunitaires
dans le foie est une
etape cl
e dans la
progression de la st
eatose pure
a l’inflam-
mation et donc
a des formes plus
avanc
ees de la maladie h
epatique. La
transition vers la NASH s’accompagne de
l’activation de cellules immunitaires
pr
esentent dans le foie qui vont produire
des cytokines et des chimiokines
(Perlemuter et al., 2007).
Immunit
e du foie
et inflammation
L’activation de l’immunit
e inn
ee est un
facteur cl
e dans le d
eclenchement de
l’inflammation, les cellules de Kupffer
(macrophages r
esidents du foie) consti-
tuant la premi
ere ligne de d
efense au
niveau h
epatique. Cette inflammation
va engendrer l’activation de la voie de
signalisation intracellulaire NFkB. La voie
NFkB, via une cascade de phosphoryla-
tions et d
ephosphorylations prot
eiques,
va orchestrer la synth
ese de cytokines et
des chimiokines pro-inflammatoires
impliqu
ees dans le recrutement et l’acti-
vation de cellules inflammatoires par le
foie. L’activation de cette voie NFkB
permet donc de corr
eler un phenotype
a un profil pro-inflammatoire (Ghosh
and Hayden, 2008).
Une immunit
e efficace est le reflet d’un
equilibre entre la r
eponse immune et la
tol
erance immunitaire. La r
eponse
immune va permettre l’
elimination de
tout pathog
ene en d
eclenchant une
r
eponse inn
ee mettant en jeu des
m
ecanismes non sp
ecifiques et si n
eces-
saire une r
eponse adaptative hautement
sp
ecifique d’un pathog
ene. La tol
erance
immunitaire permet d’
eviter le d
eclen-
chement d’une r
eponse immune anar-
chique
a des motifs du soi ou
a la flore
commensale dont fait partie le micro-
biote intestinal pr
esent
e dans la conf
e-
rence du Pr. P. Cani. Cette balance
immunitaire, lorsqu’elle est perturb
ee
va engendrer des pathologies sp
ecifi-
ques. Lorsque la tol
erance est augmen-
t
ee, on va observer une persistance des
pathog
enes, avec tous les d
eg^
ats cellu-
laires qu’ils peuvent engendrer ou le
d
eveloppement de tumeurs, parce que
les cellules du soi modifi
ees ne seront
plus
elimin
ees. Inversement, lorsque la
tol
erance est diminu
ee, on va observer
le d
eveloppement de maladies auto-
immunes ou des m
ecanismes d’inflam-
mation chronique, dues
a une r
eactivit
e
immunitaire anormalement
elev
ee.
Le foie est un organe particulier d’un
point de vue de cette balance immune.
Les trois quarts du sang qui irriguent le
NASH
Cytokines, chimiokines
pro-inflammatoires
(TNF-α, IL-6, MCP1, Rantes…)
Activation des macrophages,
recrutement de lymphocytes
Apports excessifs en
aliments riches en lipides
AGNE
lipolyse
Tissu adipeux
Accumulation
des TG
Lipogenèse
ß-oxydation
sécrétion VLDL
Accumulation
des TG
Lipogenèse
ß-oxydation
sécrétion VLDL
Fibrose
Cirrhose
Cancer du foie
Stéatose
des
des
des
des
des
des
de
es
nès
nès
nès
nès
nès
è
ès
ès
ès
s
nès
ès
nès
nès
e
e
e
e
e
e
e
e
e
e
e
on
n
n
n
Inflammation
Figure 1. De la st
eatose
a la NASH. Les l
esions h
epatiques observ
ees au cours de l’ob
esit
es
etendent de la st
eatose isol
ee
alast
eatoh
epatite
(NASH) puis
a la fibrose, la cirrhose et au cancer du foie. La st
eatose est caract
eris
ee par une accumulation de gouttelettes lipidiques dans le
cytoplasme des h
epatocytes et la st
eatoh
epatite par l’apparition d’infiltrats inflammatoires. La fibrose repr
esente le tissu cicatriciel. Les
d
er
egulations m
etaboliques qui m
enent
a l’accumulation de lipides au niveau des h
epatocytes vont toucher toutes les
etapes du m
etabolisme
lipidique : une captation excessive des acides gras libres produits par la lipolyse au niveau du tissu adipeux, une accumulation de triglyc
erides,
une augmentation de la lipogen
ese h
epatique, une diminution de la ß-oxydation et une diminution de la s
ecr
etion des VLDL. La transition vers la
NASH s’accompagne de l’activation de cellules immunitaires pr
esentent dans le foie qui vont produire des cytokines et des chimiokines.
22 OCL VOL. 18 N81 JANVIER-FE
´VRIER 2011
foie proviennent de l’intestin et de la
rate via la veine porte. De ce fait, il est
continuellement expos
e aux antig
enes
alimentaires,
a ceux provenant du
microbiote intestinale, ainsi qu’
ad
eve-
ntuels micro-organismes pathog
enes. Le
foie doit donc ^
etre capable de maintenir
un
etat de tol
erance immunitaire envers
les antig
enes intestinaux tout en
etant
capable de g
en
erer une r
eponse efficace
contre les agresseurs pathog
enes. De
plus, le foie est
egalement le cimeti
ere
d’un grand nombre de cellules apopto-
tiques et n
ecrotiques de l’organisme, y
compris celles du syst
eme immunitaire.
Afin d’assurer cette fonction, le foie est
dot
e d’une r
epartition sp
ecifique en
cellules de l’immunit
e. Le foie est en
effet un organe riche en cellules de
l’immunit
einn
ee dont le r^
ole va ^
etre
d’
eviter le d
eclenchement de toute
r
eaction immunitaire malgr
elapr
esence
de taux d’antig
enes que n’importe quel
autre organe ne tol
ererait pas, ce qui fait
du foie un organe naturellement tol
e-
rig
ene (Crispe, 2003 ; Crispe, 2009).
Environ 50 % des cellules non h
epato-
cytaires sont des cellules de l’immunit
e
(figure 2). On observe une proportion de
cellules impliqu
ees dans l’immunit
e
inn
ee telles que les macrophages et les
cellules NK
elev
ee. Les cellules NK
repr
esentent jusqu’
a 30 % du pool
lymphocytaire et 20 % des cellules non
h
epatocytaires sont des macrophages ou
cellules de Kupffer, ce qui fait du foie
l’organe le plus riche en macrophages.
Les macrophages matures et donc
r
esidents d’un tissu acqui
erent des fonc-
tions et des r
ecepteurs sp
ecifiques au
cours de leur diff
erenciation. Les cellules
de Kupffer phagocytent les cellules
parenchymateuses du foie en cours
d’apoptose et exercent une fonction de
clairance des composants bact
eriens. Les
macrophages peuvent s’orienter vers un
ph
enotype pro-inflammatoire (M1) ou
anti-inflammatoire (M2) qui va permet-
tre de moduler la r
eponse immunitaire.
Un ph
enotype M1 entraıˆnant la s
ecr
etion
de cytokines/chimiokines pro-inflamma-
toires. Une partie du pouvoir tol
erig
ene
du foie est du au fait que les cellules de
Kupffer ont un ph
enotype tol
erant.
Les cellules NKT repr
esentent 26 % des
lymphocytes h
epatiques, contrairement
% cellules hépatiques
Kupffer
20 %
lymphocytes
25 %
stellaire
1 %
LSEC
49 %
biliaire
5 %
% leucocytes
hépatiques
NKT
26 %
NK
31 %
αβT
31 %
γδT
6 %
B6 %
% cellules sanguines
NKT
NK
αβT
γδT
B
13 %
72 %
2 %
10 %3 %
Cellules de Kupffer
Pro-infammatoires M1
Anti-inflammatoires M2
Cellules NK
Lymphocytes γδT
Lymphocytes NKT
Lymphocytes Treg
1à2% des lymphocytes αβ
Lymphocytes αβT-CD4+
Lymphocytes αβT-CD8+
Lymphocytes B
Suppresseur
Activateur/Suppresseur
Immunité
innée
Modulation de
la réponse
adaptative
Réponse
adaptative
Figure 2. Distribution des populations cellulaires dans le foie humain. Environ 50 % des cellules non h
epatocytaires sont des cellules de
l’immunit
e. On observe une proportion de cellules impliqu
ees dans l’immunit
e inn
ee
elev
ee : 20 % des cellules non h
epatocytaires sont des
macrophages (cellules de Kupffer) et les cellules NK repr
esentent jusqu’
a 30 % du pool lymphocytaire. Les lymphocytes NKT, immuno-r
egulateurs
peuvent cr
eer soit un environnement tol
erog
ene soit participer
a l’immunit
e contre les pathog
enes et repr
esentent 26 % des lymphocytes
h
epatiques, contrairement au sang o
u ils ne repr
esentent que 2 %. Le foie contient, comme tous les organes, des lymphocytes B, des lymphocytes
ab-T CD4+ et CD8
+
mais ces populations repr
esentent un pourcentage 2 fois moins grand que dans le sang. Les lymphocytes gd-T qui pr
esentent
des caract
eristiques de cellules de l’immunit
e inn
ee et adaptative sont
a l’inverse 2
a 3 fois plus nombreux.
OCL VOL. 18 N81 JANVIER-FE
´VRIER 2011 23
au sang o
u elles ne repr
esentent que
2 %. Ces cellules ont une capacit
ede
r
eponse rapide et ont la facult
ede
s
ecr
eter simultan
ement des cytokines
de type Th1, comme l’IFN-g, et Th2,
comme l’IL-4, l’IL-13 et l’IL-10, et ainsi
d’orienter la r
eponse immune. En
fonction de l’environnement, les lym-
phocytes NKT immuno-r
egulateurs
peuvent cr
eer soit un environnement
tol
erog
ene via la forte production d’IL-
10, soit participer
a l’immunit
e contre
les pathog
enes, tels que les bact
eries, les
virus et les parasites, en s
ecr
etant de
l’IFN-g.
Le foie contient comme tous les organes,
des lymphocytes B, des lymphocytes ab-
T CD4+ et CD8
+
qui vont ^
etre classique-
ment impliqu
es dans la r
eponse immu-
nitaire adaptative. L
a encore, on retrouve
des diff
erences de proportions puisque le
ratio CD4+/CD8+ est l’inverse de celui du
sang p
eriph
erique. Les lymphocytes gd-T
qui pr
esentent
a la fois des caract
e-
ristiques de cellules de l’immunit
einn
ee
et adaptative expriment un r
ecepteur de
reconnaissance des antig
enes de moins
grande diversit
e. Dans le foie, on observe
que cette population (8 %) est plus
repr
esent
ee que dans le sang (2 %).
On observe
egalement des lymphocytes
Tr
egulateurs (Treg) qui sont des lympho-
cytes suppresseurs de la r
eponse immune
adaptative.
L’apparition d’une inflammation chro-
nique dans le foie peut donc ^
etre vue
comme une rupture de la tol
erance
h
epatique. Le fait que la st
eatose soit un
pr
erequis
al
evolution de la NASH
sugg
ere un r^
ole des lipides dans la
rupture de cette tol
erance. Il s’agit donc
de faire le point sur les perturbations
immunitaires et les anomalies des lym-
phocytes intrah
epatiques qui vont ^
etre
observ
ees sur un foie st
eatosique ou
dans la NASH et qui pourraient jouer un
r^
ole dans la rupture de la tol
erance
immune exerc
ee par le foie.
Les d
er
egulations
lymphocytaires dans la
NASH
Les lymphocytes NKT
La premi
ere anomalie lymphocytaire
d
ecrite dans la NASH a
et
e faite par le
laboratoire d’A-M. Diehl en 2000
(Guebre-Xabier et al., 2000). Ce groupe
a montr
e que la st
eatose h
epatique
etait
associ
ee
a une diminution du pour-
centage de lymphocytes NKT. Alors
que l’on observe un pourcentage de
21 % de NKT chez la souris t
emoin, celui-
ci est de 4 % chez la souris ob
ese ob/ob.
Les
etudes ont montr
e que cette baisse
de lymphocytes NKT
etait due
aune
augmentation de leur apoptose. On
observe par ailleurs un profil pro-inflam-
matoire des cellules NKT pr
esentes
(Li et al., 2005). Une
etude r
ecente a
montr
e que, chez l’homme, la diminu-
tion du nombre de lymphocytes NKT est
egalement corr
el
ee avec le degr
ede
st
eatose (Kremer et al., 2010).
Pour tester le r^
ole potentiel de cellules
immunitaires dans une pathologie, on
peut chez la souris restaurer le nombre
de ces cellules par un transfert adoptif.
Ce transfert consiste
a purifier des
lymphocytes
a partir d’une souris don-
neuse et
a les injecter en intraveineuse
chez une souris receveuse.
Pour tester le r^
ole potentiel des lympho-
cytes NKT dans la NASH, des transferts
adoptifs de NKT ont donc
et
er
ealis
es
chez des souris receveuses ob
eses ob/ob.
Les r
esultats sont spectaculaires puisque
seulement 12 jours apr
es le transfert on
constate une diminution de la st
eatose,
une am
elioration des transaminases
h
epatiques, reflet de l’atteinte h
epati-
que, ainsi qu’une am
elioration de la
tol
erance au glucose. La restauration
du nombre de lymphocytes NKT permet
donc de mod
erer la st
eatose et la
sensibilit
e au glucose dans des
etudes
a
court terme (Elinav et al., 2006).
Il est
egalement possible de restaurer un
nombre de cellules NKT h
epatique par
des traitements chez la souris. Le traite-
ment de souris ob
eses par des probioti-
ques, en l’occurrence un m
elange
bact
erien, le VSL3, a permis de montrer
plusieurs choses. Les probiotiques indui-
sent chez ces souris trait
ees une prise de
poids plus mod
er
ee, une am
elioration de
la tol
erance au glucose et une diminution
de la st
eatose. Cette diminution de
l’inflammation est associ
ee
a une dimi-
nution de la s
ecr
etion des cytokines et
chimiokines pro-inflammatoires et
aune
diminution de l’activation de la voie
NFkB. Mais ce qui est particuli
erement
int
eressant chez ces animaux, c’est la
restauration d’un nombre de lymphocy-
tes NKT proche de la normale. La
population de NKT est de 27 % chez
les souris t
emoins, chute
a 10 % chez les
souris ob
eses et est de 21 % chez les
souris ob
eses trait
ees (Ma et al., 2008).
Les perturbations observ
ees sur les cel-
lules NKT pourraient directement ^
etre
dues aux lipides stock
ees par le foie. En
effet, les cellules NKT qui expriment un
r
epertoire TCR restreint reconnaissent
des antig
enes de nature glycolipidique
pr
esent
es par un sous-type de mol
ecules
du complexe majeur d’histocompati-
bilit
e le CD1d. Actuellement, les lipides
endog
enes identifi
es comme capables
d’activer les cellules NKT sont issus du
m
etabolisme des c
eramides et provien-
nent principalement soit de la d
egradation
des glycosphingolipides membranaires
soit des glycosphingolipides bact
eriens.
La maturation et l’activation des lympho-
cytes NKT sont
etroitement li
ees
a
l’expression du CD1d sur les cellules
pr
esentatrices d’antig
ene qui sont les
cellules dendritiques et les macrophages.
Cependant, dans le foie, le CD1d est
egalement exprim
eparlesh
epatocytes
qui peuvent donc potentiellement pr
e-
senter l’antig
ene aux NKT (Geissmann
et al., 2005). Or, il a
et
e montr
eque
dans les h
epatocytes d’ob
eses, le CD1d
etait moins exprim
e
a cause d’un stress
du reticulum endoplasmique et que le
simple fait de stocker des lipides dans
un h
epatocytes participe
aund
efaut
des lymphocytes NKT (Yang et al.,
2007).
Les lymphocytes T r
egulateurs
(Treg)
Les lymphocytes Treg sont des lympho-
cytes suppresseurs de la r
eponse
immune. Chez l’ob
ese, le nombre de
Treg dans le foie st
eatosique est diminu
e.
Ces lymphocytes qui repr
esentent 5 %
des lymphocytes CD4+ dans un foie de
souris contr^
ole ne repr
esentent plus que
2 % dans un foie de souris ob
ese. M^
eme
si cette baisse peut paraıˆtre faible, ces
cellules sont des suppresseurs puissants
de la r
eponse immune et une telle
diminution est associ
ee
ader
eelles
dysfonctions de l’immunit
e. Si on r
ealise
un transfert adoptif de Treg chez des
souris ob
eses, on observe une normalisa-
tion des transaminases, t
emoin d’une
am
elioration de la fonction h
epatique.
De m^
eme que pour les lymphocytes
NKT, cette diminution du nombre de
Treg est due
a une augmentation de
leur apoptose. Le traitement de souris
ob
eses avec des anti-oxydants montre
que l’on peut restaurer le nombre de
Treg chez ces souris ob
eses et reverser
les anomalies h
epatiques (Ma et al.,
2007).
24 OCL VOL. 18 N81 JANVIER-FE
´VRIER 2011
La st
eatose est donc associ
ee
a des
perturbations des populations lympho-
cytaires intrah
epatique. Cependant, au
cours de la r
eponse inflammatoire acti-
v
ee en r
eponse
a un agent pathog
ene, les
cellules circulantes rec¸oivent un signal
pour migrer sur le site de l’inflammation
et cette migration est gouvern
ee par
l’action de chimiokines et de leurs
r
ecepteurs. Toute anomalie de migra-
tion peut donc g
en
erer des r
eponses
immunes inadapt
ees.
Le recrutement lymphocytaire
Afin d’
etudier les
eventuelles perturba-
tions des migrations de lymphocytes au
cours de la st
eatose, des transferts
adoptifs de lymphocytes ont
et
er
ealis
es.
Des lymphocytes provenant de souris
ob
eses marqu
es par un fluorochrome et
des lymphocytes de souris t
emoins
marqu
es par un autre fluorochrome
ont
et
e transf
er
es
a une souris receveuse
contr^
ole. On analyse ensuite les lympho-
cytes ayant migr
e vers le foie. Dans ces
conditions, il a
et
e observ
e que les
lymphocytes T CD4+ et T CD8+ mais
egalement les lymphocytes B des souris
ob
eses ont une capacit
e accrue
a migrer
vers le foie. On a donc un d
efaut
immunitaire directement li
e aux lym-
phocytes lorsqu’ils proviennent d’une
souris ob
ese. La capacit
edufoie
st
eatosique
a recruter des lymphocytes
a
egalement
et
etest
ee. Des lympho-
cytes de souris t
emoins sont transf
er
es
soit
a une souris contr^
ole soit
aune
souris ob
ese. Dans ces conditions, on
observe que quels que soient les lym-
phocytes, le foie st
eatosique induit un
recrutement augment
e des lymphocytes
par rapport
a un foie de souris contr^
ole
(Bigorgne et al., 2008). Le foie st
eatosi-
que va donc engendrer un recrutement
augment
e de lymphocytes participant
a
l’infiltrat inflammatoire dans la
NASH.
Les cellules de Kupffer
On a vu que les diff
erentes classes de
lymphocytes sont der
egul
ees. Les lipides
semblent bien interf
erer sur ces r
egu-
lations au moins via les h
epatocytes pour
les lymphocytes NKT. Le foie st
eatosique
induit un recrutement augment
edes
lymphocytes vers le foie. Les cellules de
Kupffer tr
es nombreuses dans le foie vont
^
etre les cellules majoritairement impli-
qu
ees dans la r
eponse pr
ecoce de
l’inflammation. On a vu pr
ecedemment
que les cellules de Kupffer participaient
a
la tol
erance h
epatique. Des anomalies de
la phagocytose des cellules de Kupffer
avait d
ej
a
et
e identifi
e chez les souris
ob
eses ob/ob (Lee et al., 1999). Cette
d
eficience des cellules de Kupffer pour-
rait conduire
a une clairance imparfaite
Rupture de la tolérance
Rupture de la tolérance
Kupffer
Lymphocytes
Treg
Stéatose
nombre
NKT
Cellule Dendritique
Lymphocytes
Activation
Immunité adaptative
M1
M2
+
+
+
Profil pro-
inflammatoire
des NKT
Absence de
supression
+
-
?
NASH
Tr
Tr
Tr
Tr
Tr
Tr
Tr
T
T
Tr
Tr
T
TrTr
T
T
T
T
r
T
r
eg
eg
eg
eg
eg
e
eg
eg
eg
eg
eg
e
eg
e
eg
eg
eg
e
eg
eg
eg
g
eg
eg
eg
eg
e
e
e
g
nombre
o
o
mb
mb
o
b
n
NKNK
K
T
T
T
+
+
Pr
of
i
l
pro-
in
fl
ammatoir
e
de
s
N
KT
Abse
n
c
e
de
su
p
ress
i
o
n
+
Inflammation
Figure 3. Rupture de la tol
erance dans le foie st
eatosique. Les lipides stock
es par le foie st
eatosique sont
a l’origine d’une rupture de la tol
erance
h
epatique. Ceci est associ
ee
a des cellules de Kupffer charg
ees en lipides et ayant un profil pro-inflammatoire. Les h
epatocytes st
eatosiques
diminuent le nombre de lymphocytes NKT et les NKT pr
esentes ont un profil pro-inflammatoire et sont donc activateurs de la r
eponse
inflammatoire. On a
egalement un nombre diminu
e de lymphocytes Treg qui ne peuvent plus exercer leur r^
ole inhibiteur sur l’activation
immunitaire. De plus, le foie st
eatosique
a une capacit
e
a recruter des lymphocytes augment
ee. Ce cumul de d
er
egulations immunitaires au
niveau du foie st
eatosique concourt au d
eveloppement de la NASH.
OCL VOL. 18 N81 JANVIER-FE
´VRIER 2011 25
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !