médicaments, ou d'une lésion tissulaire telle que celle provoquée par l'exposition aux rayons
ultraviolets. Une situation analogue existe pour le développement de l'anémie hémolytique à la suite
de facteurs environnementaux chez les sujets atteints d'un déficit en G6PD (v. Ch. 127), qui constitue
une anomalie biochimique génétique prédisposante.
Physiopathologie
Les mécanismes pathogéniques des réactions auto-immunes sont, bien souvent, mieux compris que
la façon dont se développent les auto-Ac. Dans certaines anémies hémolytiques auto-immunes, des
GR sont recouverts d'auto-Ac cytotoxiques (type II) ; le système du complément réagit avec ces
cellules recouvertes d'Ac comme il le fait pour des particules étrangères ainsi recouvertes, et
l'interaction du complément avec les Ac liés aux Ag de surface cellulaire aboutit à la phagocytose ou à
la lyse du GR.
Une affection rénale auto-immune peut résulter d'une réaction à médiation Ac (type II) ou d'une réaction à
complexes immuns (type III). Une réaction à médiation Ac de type II survient dans le syndrome de
Goodpasture, où l'atteinte rénale et pulmonaire est associée à la présence d'Ac anti-membrane basale
(v. Ch. 77). L'exemple le mieux connu de lésion auto-immune associée aux complexes solubles AgAc
(complexes immuns) est la néphropathie lupique (v. LUPUS ERYTHEMATEUX SYSTEMIQUE, Ch. 50 et plus
loin). Un autre exemple est la glomérulonéphrite membraneuse associée à des complexes immuns
contenant un Ag tubulaire rénal. Il n'a pas encore été prouvé que la glomérulonéphrite post-
streptococcique soit due, même en partie, à des Ac induits par le streptocoque et réagissant de façon
croisée.
Divers auto-Ac ainsi que d'autres maladies auto-immunes systémiques sont produits dans le LED (par
opposition aux maladies spécifiques d'organes). La présence d'Ac contre des éléments figurés du
sang rend compte de l'anémie hémolytique auto-immune (v. Ch. 127), de la thrombopénie et peutêtre
de la leucopénie ; les Ac anti-coagulants peuvent provoquer des troubles hémorragiques. Les Ac
antinucléaires concourent à la formation de dépôts de complexes AgAc non seulement dans les
glomérules, mais également dans les vaisseaux et la peau à la jonction dermo-épidermique. Des
dépôts synoviaux de complexes complémentfacteurs rhumatoïdes (FR)IgG agrégés se rencontrent
dans la PR. Le FR est habituellement une IgM (occasionnellement IgG ou IgA) avec une spécificité
pour un récepteur de la partie constante de la chaîne lourde d'une IgG autologue. Des complexes
complémentIgGFR peuvent également être trouvés dans les neutrophiles, où ils entraînent la
libération d'enzymes lysosomiales contribuant à la réaction inflammatoire articulaire. De nombreux
plasmocytes sont aussi présents dans l'articulation et peuvent synthétiser des Ac anti-IgG, de même
que des cellules T et des lymphokines dans les articulations atteintes, celles-ci pouvant contribuer au
processus inflammatoire. Le processus déclenchant les perturbations immunitaires est inconnu ; il
pourrait s'agir d'une infection bactérienne ou virale. Dans le LED, le faible taux sérique de complément
témoigne de l'extension des réactions immunologiques en cours ; à l'inverse de la PR, où le
complément sérique est normal, mais le complément intrasynovial abaissé.
Dans l'anémie de Biermer, des auto-Ac capables de neutraliser le facteur intrinsèque se trouvent dans la
lumière intestinale. Les auto-Ac contre la fraction microsomiale des cellules muqueuses de l'estomac
sont encore plus fréquemment retrouvés. Il est prouvé qu'une réaction auto-immune à médiation
cellulaire contre les cellules pariétales entraîne une gastrite atrophique qui, à son tour, diminue la
production de facteur intrinsèque mais permet encore l'absorption d'une quantité suffisante de
vitamine B12 pour éviter une anémie mégaloblastique. Cependant, si des auto-Ac contre le facteur
intrinsèque se développaient également dans la lumière intestinale, l'absorption de B12 cesserait et
une anémie de Biermer apparaîtrait.
La thyroïdite d'Hashimoto est associée à des auto-Ac contre la thyroglobuline, les microsomes des
cellules épithéliales thyroïdiennes, un Ag de la surface cellulaire thyroïdienne, et un deuxième Ag
colloïde. Les lésions tissulaires et finalement le myxoedème peuvent résulter de la cytotoxicité des Ac
antimicrosomes et de l'activité des lymphocytes T spécifiques. De faibles titres d'Ac sont également
retrouvés chez des malades ayant un myxoedème primitif, suggérant qu'il est l'aboutissement d'une
thyroïdite auto-immune méconnue. Une réaction auto-immune est également impliquée dans la
thyrotoxicose (maladie de Graves-Basedow), et environ 10 % des malades finissent par présenter un
myxoedème spontanément, dans un bien plus grand nombre de cas après thyroïdectomie. D'autres