BUREAU DE RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET MINIÈRES 74, rue de la Fédération - 75-PARIS-15« - Tél. 783 94-00 DIRECTION DES RECHERCHES MINIÈRES ET DES TRAVAUX A L'ÉTRANGER SÉPARATION DU NICKEL ET DU COBALT EN MILIEU AMMONIACAL PAR ADSORPTION SÉLECTIVE DU COBALT SUR LE PHOSPHATE DE TITANE par I. LAUFFENBURGER Mme Y. ROBERT Département VALORISATION des MINERAIS B.P. 818 - 45 ORLÉANS 02 Tél. 66-06-60 70 RME 016 VDM Juillet 1970 T A B L E des MATIERES Pages R ES UM E 1. P R E P A R A T I O N et PROPRIETES du P H O S P H A T E de TITANE 1.1. Préparation à partir du bioxyde 1.2. Préparation à partir du tétrachlorure 2. 3 4 A D S O R P T I O N du C O B A L T sur le P H O S P H A T E de T I T A N E 2.1. Composition chimique d'une solution de lixiviation ammoniacale 2.2. Influence de la concentration de la solution en nickel et en cobalt 2.3. Influence d'une calcination sur les propriétés du phosphate de titane... 2 . 4 . Essais par percolation sur colonne 3. 4. 5. 7 9 9 DESORPTION du C O B A L T FIXE sur le P H O S P H A T E de TITANE 11 3.1. Désorption en milieu acide fort 3.2. Désorption en milieu complexant et réducteur 3.3. Répartition du nickel et du cobalt dans une colonne 11 13 17 INTERPRETATION des R E S U L T A T S 19 4.1. 4.2. 4.3. 4.4. Rôle de la diffusion Rôle de la surface spécifique Rôle de la composition chimique C onclusion 19 19 20 23 R E C U P E R A T I O N du C O B A L T et du NICKEL 24 5.1. 5.2. 5.3. 5.4. 6. 6 Electrolyse Précipitation du sulfure Pureté des produits obtenus Aspects économiques _ CONCLUSION 24 24 25 25 26 o ooo ANNEXE : I. H. Influence de l'anion de la saumure sur la séparation nickel - cobalt 27 Adsorption du cuivre et du zinc en milieu ammoniacal sur le phosphate de titane 28 o ooo BIBLIOGRAPHIE 30 R E S U M E L a réduction sélective d'un minerai latéritique de nickel suivie d'une lixiviation par une saumure ammoniacale carbonates conduit à une solution dans laquelle le nickel et le cobalt extraits se trouvent sous forme de complexes a m minés. Le but de cette étude est de séparer ces deux éléments . Diverses méthodes de séparation ont été décrites dans la littérature (1). Elles font appel à des techniques variées : . . . . . réduction sélective à l'hydrogène , précipitation , volatilisation sélective de composés , échange d'ions , extraction par solvant . La plupart de ces méthodes s'appliquent à des solutions acides. Or , dans le cadre de cette étude, il est indispensable de séparer le cobalt et le nickel en milieu ammoniacal afin de recycler la saumure . Les échangeurs minéraux synthétiques jouissent actuellement d'un intérêt grandissant. Diverses études ont été faites, notamment sur les phosphates des métaux tétravalents : étain , titane , zirconium (2). Notre choix s'est porté sur le phosphate de titane : sa préparation est relativement simple et ses propriétés sont satisfaisantes . Nous avons d'abord examiné les principales méthodes de préparation du phosphate de titane, soit à partir du bioxyde, soit à partir du tétrachlorure . Cette dernière méthode est simple, peu onéreuse et conduit à un produit plus actif . L'étude des propriétés adsorbantes du phosphate de titane vis-à-vis du cobalt et du nickel fait apparaître une fixation préférentielle du cobalt. C e dernier est m ê m e capable de se substituer progressivement au nickel déjà fixé . Le problème de la désorption du cobalt fixé a été abordé de deux m a nières différentes : l'élution par un acide fort est possible mais entrame une dégradation importante du phosphate de titane. L'action d'un milieu complexant et réducteur conduit à la désorption du cobalt et redonne au phosphate de titane ses propriétés initiales. L a fixation du cobalt peut s'expliquer par un phénomène de chimisorption . La récupération du cobalt est envisagée soit par précipitation du sulfure, soit par electrolyse. L e nickel est extrait de la saumure par electrolyse Dans ce procédé, la consommation de phosphate de titane représente environ 10 % de la valeur du cobalt récupéré. L a pureté des produits obtenus dépasse 99 % pour le cobalt et 99,6 % pour le nickel et est susceptible d ' a m é lioration . o ooo 1.- P R E P A R A T I O N et P R O P R I E T E S du P H O S P H A T E de TITANE . Deux méthodes de préparation ont été utilisées : l'une à partir du bioxyde de titane (TÍO2) , l'autre à partir du tétrachlorure de titane (Ti CI4), tous deux produits de base de la chimie du titane . 1.1. P R E P A R A T I O N à PARTIR du B I O X Y D E . Le mode opératoire e3t le suivant : à 400 c m 3 d'acide sulfurique concentré, on ajoute, en agitant, 200 g de sulfate d'ammonium et 20 g de bioxyde de titane. On élève la température, sous agitation modérée, jusqu'à dissolution totale du bioxyde. On laisse refroidir à température ambiante la solution sulfurique de sulfate de titanyle ainsi obtenue et on ajoute 20 c m 3 d'acide phosphorique à 85 % , tout en maintenant l'agitation. L a température est progressivement élevée à 140° C et maintenue pendant deux heures. Après refroidissement, le gel ainsi produit est dilué dans cinq volumes d'eau. Après un jour, on filtre et lave à l'eau déminéralisée pour éliminer l'acide sulfurique; ces deux opérations durent plusieurs jours. Le produit recueilli est séché à 70° C . Il se présente alors sous forme de petits blocs qui se fragmentent d'eux-même lorsqu' ils sont introduits dans une saumure ammoniacale carbonatée. L'échangeur étant alors sous la forme ammonium, il suffit de le traiter par un acide dilué pour le mettre sous la forme hydrogène . Les réactions chimiques intervenant dans cette préparation sont les suivantes : TiO 2 + H S04 TiO S0 + H PO ->• Ti 0 S 0 + H 0 + 2H 0 + TiOHPO , 2 H g 0 + H S0 Le produit obtenu admet pour formule : T10(H 2P04>0,82<OH'1.18, 4 4H ' 2° Sa densité par rapport à l'eau est égale à 2,30. L'absence de raies aux clichés de diffraction des rayons X montre qu'il s'agit d'un produit amorphe. La surface spécifique, déterminée par la méthode B . E . T . , est de 111 m 2 / g . Le phosphate ainsi obtenu se présente sous forme de petits grains durs, d'aspect vitreux et dont la taille (diamètre voisin de 0,5 m m ) est parfaitement compatible avec leur emploi sur colonne. La préparation est cependant longue et onéreuse ; en effet l'obtention de 1 kg de phosphate de titane nécessite 0,45 kg de bioxyde de titane TÍO2 , 4,5 kg de sulfate d'ammonium (NH4)2 SO4 et 16 kg d'acide sulfurique . Dans la suite de cette étude, nous désignerons ce produit par " phosphate A " . 1.2. P R E P A R A T I O N à PARTIR du T E T R A C H L O R U R E . Le mode opératoire utilisé est le suivant : à 250 c m 3 de tétrachlorure de titane, on ajoute 600 g de phosphate d'ammonium (NH4)2 HPO4 . Les produits sont intimement mélangés. O n ajoute ensuite de l'eau, ce qui provoque la formation d'une masse blanche de phosphate de titane. On dilue la suspension à trois litres. Après un jour, on filtre et lave à l'eau déminéralisée pour éliminer l'acide chlorhydrique. Ces deux opérations durent une journée. L e produit recueilli est séché à 70°C . Il se présente sous forme de grumeaux blancs très friables . La réaction chimique intervenant dans cette préparation s' écrit : Ti Cl 4 + (NH 4 ) 2 HPO4 + 3 H 2 0 -• TÍOHPO4, 2H2O + 2NH 4 C1 + 2HC1. Le produit obtenu admet pour formule : TiO (H 2 P0 4 ) lt?A (0H) 0f 7 6 , 0,07 H 2 0 . Sa densité par rapport à l'eau est égale à 2,20. C'est également un produit amorphe. Sa surface spécifique est de 92 ^ Cette méthode de préparation est plus rapide et beaucoup moins onéreuse que la précédente. L'obtention de 1 kg de phosphate de titane nécessite 0, 965 kg de tétrachlorure de titane TiCl 4 et 1,365 kg de phos phate d'ammonium (NH4)2 HPO4 . Dans la suite de cette étude, nous désignerons ce produit par " phosphate B " . La capacité d'échange de cations du phosphate B a été déterminée de la manière suivante : un échantillon de phosphate est maintenu pendant quelques jours dans la saumure ammoniacale; il se trouve alors entièrement sous forme ammonium. Après lavage à l'eau , on le traite sur colonne par un volume connu d'acide chlorhydrique décinormal. Les ions ammonium sont échangés contre des ions hydrogène. L'acide contenu dans la solution écoulée est dosé . La capacité d'échange ainsi déterminée est de 4,66 milliéquivalents par g r a m m e de phosphate B séché à 70° C . o ooo 2. - ADSORPTION du COBALT sur le PHOSPHATE de TITANE . L'expérience montre que la circulation d'une solution ammoniacale de nickel et de cobalt sur une colonne de phosphate de titane conduit à une adsorption sélective du cobalt, le nickel restant en solution . Après un examen rapide de la composition chimique d'une solution de lixiviation ammoniacale, nous étudierons les propriétés adsorbantes du phosphate de titane en fonction de la concentration de la solution en nickel et en cobalt. L'influence d'une calcination préalable du phosphate de titane sera décrite ensuite . Enfin, nou3 exposerons les résultats obtenus par percolation sur colonne, point de départ d'une réalisation pratique . 2.1. COMPOSITION CHIMIQUE d'une SOLUTION de LDQVIATION AMMONIACALE . Les solutions étudiées ont été obtenues par dissolution du nickel ou du cobalt dans une saumure ammoniacale carbonatée . Une telle solution contient donc du carbonate ( 4 % CO2 ) , de l'ammoniaque ( 8 % N H 3 ) et les complexes amminés du nickel ou du cobalt (3). L a saumure ammoniacale proprement dite est caractérisée par l'équilibre suivant : NH.+ 4 + C 0 o + H n 0 vt H C 0 o 3 2 3 + NH.OH 4 . Son pH est voisin de 10 . Les complexes amminés du nickel peuvent être hexa, tétra ou dicoordonnés, ce qui constitue une importante différence avec le cobalt (4). Dans les solutions étudiées, la forme prédominante est l'ion nickel-tétrammine £Ni (NH«)¿ ~|2+ de couleur bleue . Il est connu, par ailleurs, que les complexes tétracoordonnés du nickel sont les plus stables, ce qui est en accord avec la structure électronique . Les complexes amminés du cobalt sont extrêmement n o m breux. Leur formule générale est |~ C o (NH3) g _ yl Ils sont très stables, contrairement à ceux du nickel . Dans une saumure ammoniacale carbonatée, le cobalt se trouve à l'état trivalent et sous forme de divers complexes a m minés dont les principaux sont les suivants : I C o (NH„)g L L | cobaltihexammine ou lutéocobaltique Co (NH ) ( H O ) 3 5 2 _| cobaltiaquopentammine ou roséocobaltique Co (NH o ) e (CO.) 3 5 3 J cobalticarbonatopentammine Co (NH_)_ (HCO ) o 5 — J cobaltibicarbonatopentammine C o (NH ) cobalticarbaminatopentammine . ÔD (CO N H ) ¿à 2 J La répartition du cobalt entre ces différentes formes est fonction de la concentration en ammoniac et en carbonate ainsi que dupH . 2.2. I N F L U E N C E de la C O N C E N T R A T I O N de la S O L U T I O N en N I C K E L et en C O B A L T . Nous avons examiné l'aptitude du phosphate de titane à fixer, en milieu ammoniacal carbonaté, soit du nickel, soit du cobalt . Nous avons opéré de la manière suivante : 5 g de phosphate de titane sont introduits dans un ballon jaugé de 100 c m 3 ; on c o m plète à 100 c m 3 avec la solution de l'élément étudié. L'ensemble est agité périodiquement. Après 25 jours, on dose le métal en solution. 2.2.1. E£Sjds_ejKejpjtu^^5JTÇ_ jur_lejBh^3phate A . Les résultats sont représentés sous forme de graphique : figure 1 : pourcentage de métal dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution . L'examen de ces courbes montre que le phosphate de titane présente une affinité nettement plus grande vis-à-vis du cobalt que du nickel. Les teneurs maximales observées sont égales à 0, ! pour le nickel et 7,32 % pour le cobalt; leur rapport est égal à 7,5 . 2.2.2. E Les résultats sont traduits par deux courbes : figure 2 : pourcentage de métal dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution . Il apparaît que les quantités de nickel et de cobalt fixées sont plus grandes que dans le cas précédent, atteignant respectivement 1,83 % et 10,56 % ; leur rapport est égal à 5,8 . L G phosphate de titane préparé à partir de TÍCI4 est donc plus réactif que celui obtenu à partir de TÍO2 . 2 . 2 . 3 . Essais effectués à 20 c C sur le phosphate B . Les résultats sont représentés par le graphique suivant : figure 3 : pourcentage de métal dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution . Les courbes montrent qu'il ne fixe sensiblement moins de nickel et un peu moins de cobalt que dans le cas précédent . E n effet, les teneurs maximales observées sont respectivement 0,664 % pour le nickel et 9,26 % pour le cobalt ; leur rapport est égal à 14 . Ces premiers essais font donc apparaître clairement que la différence d'affinité du phosphate de titane vis-à-vis du cobalt et du nickel est la plus grande dans les expériences effectuées à température ambiante avec le phosphate B . 2 . 2 . 4 . Ss_sais. Nous avons entrepris quelques ossais semblables aux précédents, mais avec 0,1 g de phosphate de titane. Ainsi le phosphate de titane peut se saturer en cobalt sans que la concentration de la solution soit fortement modifiée. Les résultats sont représentés par un graphique : figure jl : pourcentage do cobalt dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution . Les courbes obtenues sont semblables aux précédentes ; leur allure traduit un phénomène d'adsorption . 2 . 3 . I N F L U E N C E d'une C A L C I N A T I O N 3ur les P R O P R I E T E S du P H O S P H A T E de T I T A N E . Des échantillons de phosphate B ont été chauffés pendant deux heures à diverses températures, en vue de connaître l'influence d'une calcination préalable sur les propriétés d'adsorption. Des essais analogues aux précédents ont été effectués sur 5 g de phosphate, à 20° C , avec des saumures à 5 g/1. Les résultats sont représentés par le graphique suivant : figure 5 : pourcentage de métal dans la résine en fonction de la température de calcination . La quantité fixée de cobalt ou de nickel varie peu pour une température de calcination inférieure ou égale à 600°C; elle diminue rapidement entre 600 et 800°C, température à laquelle le phosphate est devenu pratiquement inactif. Le phosphate calciné à 1 000°C a perdu toutes ses propriétés d'adsorption. L'évolution de ces propriétés ne semble pas liée directement au départ de l'eau de constitution : en effet, le phosphate perd 16 % de son poids en eau au-dessous de 600 c C et à peine 1 % au-dessus; or c'est précisément dans ce domaine que ses propriétés subissent des variations importantes. Il semble que la calcination ait essentiellement pour effet de faire subir au phosphate amorphe une déshydratation suivie d'un réarrangement cristallin avec apparition de phases nouvelles, notamment TÍO2 et TÍP2 O7 , chimiquement inactives. 2.4.ESSAIS par P E R C O L A T I O N sur C O L O N N E . Les essais décrits plus haut nous apportent de précieux renseignements sur les propriétés adsorbantes du phosphate de titane . Effectués dans des ballons, il faut les considérer c o m m e des essais statiques. En pratique, il importe de connaître le comportement du phosphate de titane dans une colonne soumise à une percolation de la saumure contenant le nickel ou le cobalt ; il s'agit alors d'un essai dynamique . Nous avons opéré sur des colonnes de 18 m m de diamètre contenant chacune 10 g de phosphate B , soit une hauteur de 10 c m . Dans toutes nos expériences, le débit de la solution a été maintenu constant à environ 100 ml/h. L'expérience fondamentale que nous avons effectuée a pour but de déterminer la quantité maximale de cobalt que peut fixer le phosphate de titane en foncti on de la concentration de la solution . 10 Nous avons fait circuler sur des colonnes des solutions de diverses concentrations en cobalt, en grand excès , de manière à saturer le phosphate de titane. L'expérience a été réalisée conformément au tableau suivant : Concentration en cobalt gCo/1 10 5 2 1 0,5 0,2 0,2 Volume de solution utilisée cm 3 250 250 250 500 1 000 2 000 3 000 Le cobalt a été dosé en solution par colorimétrie . Les résultats sont représentés par un graphique : figure 6 : pourcentage de cobalt dans la résine en fonction de la concentration en solution ( courbe 1 ) . L e tracé de cette courbe appelle deux observations importantes : . la quantité de cobalt fixée par la résine croît avec la concentration de la solution , . la courbe peut être extrapolée aux faibles valeurs de la concentration de la solution; quand la concentration de la solution tend vers zéro, la teneur du phosphate de titane tend vers 2 , 3 % en C o . On peut remarquer enfin que la valeur obtenue pour l'essai avec la solution à 0,2 g/1 (2,5 % Co) est proche de celle obtenue au cours des essais statiques avec un grand excès de solution (2, 9% C o ) . Nous avons refait la m ê m e expérience, mais après avoir fait circuler sur chaque colonne 100 m l de saumure à 10 g Ni/1 afin de les saturer préalablement en nickel. L a quantité de nickel fixée est environ 0,6 % . L'allure de la courbe est la m ê m e que dans l'expérience précédente, mais la quantité de cobalt fixé est dans tous les cas légèrement supérieure (courbe 2). Autrement dit, la présence de nickel favorise la fixation du cobalt. Les dosages m o n trent d'autre part que le cobalt se substitue au nickel qui repasse en solution . 11 3. - DESOR PTION du C OBALT FIXE sur le PHOSPHATE de TITANE . Quand une colonne de phosphate de titane a été chargée en cobalt, il est nécessaire de réaliser les deux opérations suivantes : . l'élution du cobalt en vue de sa récupération ultérieure , . la régénération de la colonne en vue de sa réutilisation . 3 . 1 . D E S O R P T I O N en M I L I E U A C I D E F O R T . Pour éluer un élément fixé sur une résine échangeuse de cations, l'utilisation d'un acide dilué est généralement satisfaisante. Nous avons examiné l'action de divers acides sur une colonne de phosphate de titane chargée en cobalt : . l'acide acétique 1/4 est presque sans effet; il s'agit d'un acide faible ; . l'action de l'acide sulfurique 1/10 est assez lente ; . l'acide nitrique 1/10 est particulièrement efficace ; . l'acide chlorhydrique 1/4 est efficace et présente la particularité de provoquer la précipitation ultérieure, dans la solution d'élution, d'un sel complexe, le chlorure purpuréocobaltique £ C o ( N H 3 ) 5 ClJ Cl£ ; ce dernier présente l'intérêt d'être très pur et peut servir de produit intermédiaire pour la préparation de chlorure de cobalt bivalent pur ou de cobalt métallique . L'expérience montre que l'élution du cobalt et la régénération de la colonne sont possibles par un acide fort. Mais un tel traitement entraîne une dégradation importante du phosphate de titane, c'est-à-dire une dissolution partielle du phosphate au cours de chaque ékition; il en résulte deux graves inconvénients : . une consommation excessive de phosphate de de titane , . la formation d'un précipité gélatineux d'hydroxyde de titane qui provoque le colmatage de la colonne, à tel point qu'il est pratiquement i m possible d'effectuer plus de dix cycles . 12 Nous avons effectué des essais de 10 cycles chacun sur des échantillons de 10 g de phosphate de titane, séchés à 110°C jusqu'à poids constant avant et après l'expérience, afin de déterminer la perte de poids, c'est-à-dire la consommation de phosphate de titane. Les résultats dont donnés par le tableau suivant. (Nous avons opéré sur le phosphate B , sauf indication contraire) : Solutions utilisées Perte de poids par cycle : % 3 50 c m saumure 50 c m 3 HC1 1/4 4,2 50 c m 3 saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 50 c m 3 HC1 1/4 4,2 50 c m 3 saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 100 c m 3 HC1 1/4 4,4 100 c m 3 saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 50 c m 3 HC1 1/4 4,5 100 c m 3 saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 100 c m 3 HC1 1/4 5,9 50 c m 3 saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 50 c m 3 HC1 N 2,6 50 c m 0 saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 50 c m 3 IICl 1/4 (phosphate A) 2,1 Ces résultats montrent que la consommation de phosphate de titane est indépendante de la présence d'éléments métalliques dans la solution ammoniacale. Elle dépend, en premier lieu, du nombre de cycles et, en second lieu, du volume de solution écoulée. L'action de l'acide chlorhydrique normal est plus satisfaisante, mais l'élution est plus lente et moins complète. L'élution et la dégradation en milieu acide semblent liées. En effet, pour les concentrations supérieures à l'acide normal, l'élution est bonne mais la dégradation importante ; pour les concentrations inférieures, l'élution devient très lente et incomplète et la dégradation faible. Il est à noter, par ailleurs, que le phosphate A résiste mieux à ce traitement mais sa réaction lente et sa capacité moindre en condamnent l'emploi. 13 L'élution par un acide présente, en outre, l'inconvénient de provoquer un dégagement de gaz carbonique au cours d'une nouvelle phase de fixation entraînant ainsi une neutralisation partielle de la saumure . La dégradation du phosphate de titane au cours des cycles successifs fixation-élution est probablement due au contact du phosphate avec une solution alternativement acide ou basique , chaque opération rendant le phosphate plus altérable dans l'opération suivante. Une calcination préalable du phosphate de titane ne semble pas avoir d'effet notable sur sa dégradation. E n définitive, le m o d e d'élution semble avoir une importance primordiale . 3.2. D E S O R P T I O N en MILIEU C O M P L E X A N T et R E D U C T E U R . 3. 2 . 1 . R£Çhj£ÇJw_dJ_un_agent_éluant . Devant les inconvénients présentés par l'élution en milieu acide, nous avons essayé d'éluer le cobalt par des solutions salines concentrées. Nous avons utilisé les solutions des sels suivants : NaCl XC1 NH 4 C1 Mg Cl2 A NH NO NaN0 o KCN Na.S 0 Nao 30 2 ^ 3 4 NH SCN . Tous ces sels, pris individuellement, sont pratiquement sans action. Il est à noter que certains d'entre eux sont complexants (nitrite, cyanure, thiocyanate), d'autres sont réducteurs (sulfite). Nous avons examiné ensuite l'action d'un milieu à la fois c o m plexant et réducteur. L'expérience montre que l'action conjuguée d'un complexant (thiocyanate) et d'un réducteur (sulfite) permet d'obtenir la désorption du cobalt tout en rendant la colonne prête pour une nouvelle adsorption. A u cours de cette opération qui s'effectue à un p H voisin de la neutralité, une certaine quantité de phosphate de titane passe en solution par avite de la formation de complexes du titane avec le thiocyanate, mais la perte en phosphate de titane est nettement plus faible que dans le cas d'une élution par un acide fort. D e plus, l'absence de précipité d'hydroxyde de titane évite tout colmatage de la colonne. Le cobalt se trouve en solution sous forme d'un complexe rouge . Nous avons effectué des essais de 10 cycles chacun sur le phosphate B avec divers anions : chlorure, nitrate, sulfate , thiocyanate. L a perte de poids a été déterminée et le cobalt résiduel contenu dans le phosphate de titane a été dosé par fluorescence X . Les résultats sont donnés par le tableau suivant : Solutions Perte de poids par cycle : % utilisées 14 Co résiduel % 3 50 c m saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 50 c m Na Cl 20 % + Na_S0„ 5 % ¿ 3 1,3 2,37 g 50 c m saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 50 c m N H Cl 20 % + Na.S0 o 5 % 1,2 1,30 3 50 c m saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 50 c m 3 N H 4 N 0 3 60 % + Na 2 S0 3 5 % 1,4 0,81 50 cm3 saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 50 c m 3 (NH 4 ) 2 S0 4 40 % + Na 2 S0 3 5 % 1,2 1,33 50 cm3 saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 50 c m 3 N H 4 S C N 40 % + N a ^ O g 5 % 1,7 0,87 50 c m 3 saumure 50 c m 3 N H 4 S C N 40 % + Na2S03 1,7 5 % 50 c m 3 saumure 5 g Ni, 1 g Co/1 100 cm3 N H 4 S C N 40 % + Na2S03 5 % 1,4 0,60 100 c m 3 saumure 2 g Co/1 100 c m 3 NH4 S C N 40 % + Na2S0 3 5 % 1,7 1,75 1,32 1,55 2,07 1,48 1,48 2,00 1,48 1,77 100 c m 3 saumure 2 g Co/1 100 c m 3 NH4 N 0 3 60 % + Na2 S0 3 5 % en milieu N H j O H N 2,22 1,45 100 c m 3 saumure 2 g Co/1 100 c m 3 N H 4 S C N 40 % + Na 2 S0 3 0,5 % 1,51 3,56 100 c m " saumure 2 g Co/1 100 c m 3 N H 4 S C N 40 % + N a ^ O g 0,5 % en milieu HoS0¿. 0,1 N 1,37 3,50 100 c m 3 saumure 2 g Co/1 100 c m 3 N H 4 S C N 40 % + Na2S0 3 5 % en milieu H 2 S 0 4 0,1 N 100 c m 3 saumure 2 g Co/1 100 c m 3 N H 4 S C N 40 % + Na 2 S0 3 5 % en milieu N H 4 OK N 100 c m 3 saumure 2 g Co/1 100 c m 3 N H 4 N 0 3 60 % + Na2S0 3 5 % 100 cm3 saumure 2 g Co/1 100 cm3 NH4 N 0 3 60 % + Na 2 S0 3 5 % en milieu H 2 SO4 0,1 N 15 L'examen de ces résultats montre que la désorption du cobalt est possible en milieu réducteur en présence d'un anion en forte concentration ( chlorure, nitrate, sulfate, thiocyanate) . L'action du chlorure de sodium est cependant moins efficace que celle des sels d'ammonium . Pour l'ensemble de ces essais, la perte en phosphate de titane varie peu et s'établit à environ 1,5 % du poids initial par cycle adsorption-désorption. Elle est indépendante de la présence de nickel et de cobalt . Le dosage du cobalt résiduel fait apparaître que la désorption la plus efficace est obtenue avec le nitrate ou le thiocyanate. Mais dans tous les cas, il reste une certaine quantité de cobalt non extrait. Cette quantité peut être abaissée légèrement en opérant en milieu faiblement acide; elle peut être abaissée davantage en opérant en milieu ammoniacal, mais dans ce dernier cas la perte de phosphate de titane devient importante . L a désorption est également possible avec la solution suivante : N E 4 S C N 40 % + Naj>S03 0 , 5 % . La présence de sulfite, bien qu'indispensable, peut donc être réduite à une faible quantité; mais la teneur en cobalt résiduel augmente pour atteindre 3,5 % . Bans le cas du nitrate, l'efficacité de l'élution diminue sensiblement pour les faibles concentrations en sulfite . Pour vérifier la théorie de l'action conjuguée d'un complexant et d'un réducteur pour dêsorber le cobalt, nous avons fait circuler sur une colonne de phosphate de titane une saumure a m moniacale de nickel et de cobalt contenant dans un premier cas du thiocyanate, dans un second cas du sulfite, dans un troisième cas du thiocyanate et du sulfite. Alors que dans les deux premiers cas, le cobalt est fixé pratiquement normalement, dans le troisième cas il reste en solution. C'est donc bien l'action conjuguée d'un complexant et d'un réducteur qui permet la désorption du c o balt . E n conclusion, deux solutions peuvent être proposées pour dêsorber le cobalt : . l'une à base de thiocyanate : N H 4 S C N 40% + N a 2 S 0 3 5 % . l'autre à base de nitrate : NH4 N03 60% + N a 2 S 0 3 5 % R emarques : - Essai d'élution par la saumure . L'action de la saumure sur une colonne chargée en nickel seul conduit à une élution quantitative du nickel. L'action de la saumure sur une colonne chargée en cobalt seul n'entraîne qu'une très 16 faible partie du cobalt fixé. L'action de la saumure 3ur une colonne chargée en cobalt, mais préalablement chargée en nickel, provoque l'élution partielle du cobalt fixé (environ 1 % en poids de la résine). Ces faits montrent bien qu'il existe une différence fondamentale entre les modes de fixation du nickel et du cobalt . - Rôle de l'agent réducteur . Le rôle exact de l'agent réducteur au cours de la d é corption ne nous est pas connu. Maie noue avons établi que la quasi-totalité du cobalt élue est à l'état trivalent, probablement sous forme de complexe [C« (NHg)5 S C N] " extractible par la méthylisobutyleétone. Nous avons, par ailleurs, fait l'observation suivante : la solution d'élution rouge conservée à l'abri de l'air ¡.'évolue pas. L a m ê m e solution conservée à l'air devient lentement brune puis bleue violacée en quelques semaines ; elle contient alors une proportion importante de cobalt bivalent. Nous n'avons pas trouvé l'explication de ce phénomène qui semble paradoxal . 3 . 2 . 2 . Capacité^2ads^orpti£n_en_fonction du nombre de_çy_cles_ effectués . La capacité d'adsorption du phosphate de titane vis-à-vis du cobalt a été déterminée en fonction du nombre de cycles effectués. Nous avons fait circuler à chaque cycle 250 c m 3 de saumure à 2 z Co/1 . L'élution a été réalisée soit avec 100 c m 3 de solution NI-Î4 G C N 40 % + Na2S0 3 5 % , soit avec 100 c m 3 de solution N H 4 NO3 60 % + Na2S0 3 5 % . Les résultats sont représentés par un graphique : figure 7 : pourcentage de cobalt fixé en fonction du nombre de cycles effectués . La quantité de cobalt fixé par le phosphate de titane est supérieure à 3 % en poids pour le premier cycle. Elle décroît ensuite pour se stabiliser dès le cinquième cycle aux environs de 2 %. L'es3ai a été poursuivi jusqu'à 20 cycles sans difficulté . L'utilisation du nitrate ou du thiocyanate conduit au m ê m e résultat . Une partie du cobalt fixé n'est pas désorbée, quel que soit l'agent éluant. O n observe un seuil de cobalt non élue. L a valeur de ce seuil a été déterminée après le 5° et le 20° cycle. Elle vaut respectivement 2,27 % C o et 3,35 % C o dans le cas de l'élution au thiocyanate, 2,60 % C o et 3,40 % C e dans le cas de l'élution au nitrate . 17 La m ê m e expérience a été menée jusqu'à dix cycles avec les solutions d'élution suivantes : N H 4 S C N 20 % + N a 2 S 0 3 5 % NH. N O q ou 30 % + Na o S0 o 5 % . Les résultats sont semblables aux précédents, mais la quantité de cobalt fixé à chaque cycle se stabilise aux environs de 1 , 5 % . L e seuil de cobalt non élue est sensiblement plus élevé et atteint 5 , 2 % . Il importe donc que la concentration de la solution d'élution en thiocyanate ou en nitrate soit suffisamment élevée. R emarque : Nous avons effectué un essai de recyclage de la solution d'élution afin de déterminer la teneur maximale en cobalt de cette dernière. Nous avons fait circuler, à chaque cycle , 100 c m 3 de saumure à 10 g Co/1 sur une colonne de 20 g de phosphate B . L'élution a été réalisée soit avec 250 c m 3 de solution N H 4 S C N 40 % + Na2S03 5 % , soit avec 250 c m 3 de solution N H 4 N O 3 60 % + Na2S03 5 % . Après le 6° cycle environ, un début de précipitation au sein de la solution d'élution indique la saturation pour une teneur en cobalt de l'ordre de 15 g/1 . L e pouvoir éluant de la solution diminue alors rapidement . 3 . 3 . R E P A R T I T I O N du N I C K E L et du C O B A L T dans une C O L O N N E . Nous avons étudié la répartition du nickel et du cobalt dans une série de cinq colonnes de 10 g de phosphate B , aux différents stades de la fixation et de l'élution . Les résultats sont représentés sous forme de graphiques : figure 8 : répartition du cobalt et du nickel dans une série de cinq colonnes de phosphate de titane . Ces courbes appellent les observations suivantes : - le passage de 1 000 c m 3 de saumure à 5 g Ni , 1 g Co/1 conduit à une fixation importante de cobalt en tête de colonne (figure 8 a). La répartition du nickel est plus uniforme. Le nickel est remplacé progressivement mais non quantitativement par le cobalt ; - le passage ultérieur de 100 c m 3 de saumure frafche, dans le m ê m e sens, provoque un déplacement partiel du cobalt de la tête de la colonne vers le milieu ( figure 8 b). Il s'agit probablement de cobalt fixé superficiellement et facilement accessible aux réactifs chimiques. Le nickel est totalement déplacé du début de la colonne, ce qui permet d!envisager l'obtention de cobalt pur ; 18 le passage ultérieur de 250 cm** de solution d'élution au thiocyanate (figure 8 c) ou au nitrate (figure 8 d), en sons inverse, fait apparaître l'existence d'un seuil de cobalt non élue qui atteint 2% en tête de colonne . o ooo 19 4 . - INTERPRETATION des RESULTATS . L a quantité de cobalt fixé par le phosphate de titane croît en fonction de la concentration en cobalt de la solution pour tendre vers une limite, valeur pour laquelle le phosphate est saturé en cobalt. Cette valeur dépend du mode de préparation et par conséquent des propriétés du phosphate de titane. Pour une m ê m e expérience, elle est de 7,32 % C o pour le phosphate A et de 10,56 % Co pour le phosphate B . Nous avons recherché l'explication de ce fait expérimental en examinant quels pouvaient être les rôles de la diffusion, de la surface spécifique, de la composition chimique . 4 . 1 . R O L E de la DIFFUSION . Le phosphate A se présente sous forme de grains durs, compacts , d'aspects vitreux, ce qui entraîne nécessairement une diffusion lente des ions de la solution vers l'intérieur des grains. Le phosphate E est constitué de grumeaux très friables permettant une diffusion plus rapide, ce qui est en accord avec l'expérience . Par contre, l'expérience a duré suffisamment longtemps (25 jours) pour qu'un état d'équilibre soit atteint. La diffusion, bien qu'influençant la cinétique de réaction, ne permet pas d'expliquer la différence des quantités de cobalt fixé. D'autre part, une étude au microanalyseur à sonde électronique de Castaing montre que la répartition du cobalt est homogène à l'intérieur de chaque grain, ce qui indique que la diffusion a eu le tempe de se faire. Elle montre, également, que la teneur en cobalt des fines particules est un peu plus forte que celle des gros grains . 4 . 2 . R O L E de la S U R F A C E SPECIFIQUE . La surface spécifique mesurée par la méthode B . E . T . est de 111 m 2 / g pour le phosphate A et de 92 m ^ / g pour le phosphate B . L a différence est assez faible, mais en sens contraire par rapport aux phénomènes observés; en effet, il semblerait logique que la quantité de cobalt fixé soit proportionnelle à la surface spécifique dans le cas d'une adsorption superficielle . Un calcul simple montre que le cobalt pourrait se répartir sur l'ensemble de la surface en une couche d'environ 3 A d'épaisseur , ce qui est comparable à l'ordre de grandeur des diamètres ioniques . Un autre calcul montre que la surface spécifique mesurée permet d'assimiler le phosphate étudié à un ensemble de particules sphériques de diamètre 234 A pour le phosphate A et 296  pour le phosphate B . Mais dans de telles particules, une faible proportion seulement des groupements fonctionnels serait située en surface et, par conséquent, accessible aux réactifs chimiques . 20 L a surface spécifique déterminée par la méthode B . E . T . est celle qui est accessible aux molécules de gaz. C r , les ions échangeables situés à l'intérieur dec grains ( peut-être dans des canaux (5), dans le cas d'un phosphate à structure lacunaire ) ne peuvent être remplacés que par des ions et non par des molécules de gaz et n'interviennent donc pas dans la valeur de la surface spécifique . P. emarque : L a fixation, beaucoup plus faible, du nickel pourrait être due à une adsorption physique . 4 . 3 . R O L E de la C O M P O S I T I O N C H I M I Q U E . L'analyse chimique montre que la quantité maximale de cobalt que peut fixer le phosphate de titane est telle que le rapport molaire C Q avoisine la valeur de ^ . P 3~ La teneur en cobalt à saturation semble donc directement liée à la teneur en phosphate de la résine . L a détermination de la capacité d'échange de cation du phosphate B fait apparaître qu'il y a sensiblement 1 équivalent de cation échangeable pour 1 groupement phosphate . Sur trois échantillons de phosphate B contenant des quantités variables de cobalt, noue avons dosé l'ammonium échangeable. Pour cela, il suffit de faire circuler sur la colonne contenant l'échantillon un volum e connu d'acide chlorhydrique décinormal et de doser l'acide recueilli à la sortie de la colonne. Dans ces conditions, seul l'ammonium échangeable est déplacé, le cobalt n'est pas élue. L a connaissance de la teneur en a m m o n i u m total, déterminée par la méthode X J E L D A H L après attaque totale de l'échantillon, permet de calculer par différence la teneur en a m m o n i u m lié au cobalt et, par conséquent, de déterminer la relation entre les teneurs en a m m o n i u m lié et en cobalt . Les résultats obtenus sont donnés par le tableau suivant : NH4 échangeable % NH4 % NÏ-I4 total % 1 1,70 9,80 7,15 2,65 1,56 2 2,83 10,50 6,18 4,32 1,53 3 5,90 12,80 3,74 9,06 1,54 Echantillon Co NH4 lié Co % lié 21 L'examen de ce tableau montre qu'il existe entre l'ammonium lié et le cobalt un rapport pondéral constant voisin de 1, 53 qui est la valeur correspondant au complexe cobaltipentammine . A partir de ces données, il est naturel d'envisager le m é c a nisme suivant pour expliquer les résultats expérimentaux : A u cours de la phase " adsorption ", le phosphate de titane échange 3 cations ammonium contre 1 cation cobaltipentammine; la neutralité électrique est donc respectée. Nous avons vérifié qu'il ne se fixe pas de carbonate. Tout se présente donc à ce stade c o m m e un échange d'ions, mais avec une particularité : la liaison chimique qui s'établit entre le cation cobaltipentammine et le groupement phosphate. Il s'agit là d'un phénomène de chimisorption. Le cation cobaltipentammine peut donc être considéré c o m m e fixé à deux groupements phosphate par des liaisons électrostatiques ( échange d'ions ) et au troisième par une liaison du type semipolaire ( chimisorption ) . A u cours de la phase " désorption ", la liaison entre le cation cobaltipentammine et le groupement phosphate est rompue, l'anion thiocyanate ( ou nitrate ) ayant une forte affinité pour le cobalt lequel passe en solution à l'état de complexe. Parallèlement, le phosphate de titane retrouve la forme ammonium et est prêt pour un nouvel usage. Les phénomènes décrits peuvent être représentés par le schéma page suivante. 22 ADSORPTION Solution R ésine NH. Co(NH) 0 (H?0) 0 O - P - 3+ O - P ^ ¿> NH O - P ? NH, O - P - NH. Co (NHJ_ - O - P * NH. O - P_ DESORPTION Solution E ésine NH. SCN NH. SCN" NH. SCN" SCN Co(NH 3 ) 5 (SCN) SCN" O- P ^ Co (NH3)5 - O- P 3 o- p r NE. 2+ O- P i ^ ^ NH. O- P NH. O-P 23 4.4. CONCLUSION . L a fixation du cobalt sur le phosphate de titane peut s'expliquer par un mécanisme d'échange d'ions et de chimisorption. L a surface spécifique et la diffusion des ions à travers les grains de phosphate de titane conditionnent l'accès des groupements fonctionnels aux réactifs chimiques et sont liés à la cinétique de réaction . L'analyse chimique montre que 1'adsorption du cobalt par le phosphate de titane est régie par la présence des groupements phosphate. Il s'agit donc bien d'un phénomène de chimisorption, c o m m e le prouve la nécessité d'utiliser des agents chimiques judicieusement choisis pour désorber le cobalt, c'est-à-dire pour rompre la liaison chimique existant entre l'ion cobaltipentammine et le groupement phosphate. o ooo 24 5. - RECUPERATION du COBALT et du NICKEL . L a séparation du nickel et du cobalt étant réalisée, il est nécessaire de récupérer ces deux éléments, soit à l'état métallique, soit sous forme de composés chimiques . L a récupération du nickel à l'état métallique est possible par electrolyse. Elle a fait l'objet d'une étude séparée (6). L a récupération du cobalt peut être envisagée soit par electrolyse, soit par précipitation du sulfure . 5.1. ELECTROLYSE. L'electrolyse d'une solution d'élution au thiocyanate est possible, mais conduit à des réactions secondaires gênantes : oxydation anodique du sulfite, décomposition du thiocyanate, surtout en fin de réaction , avec dégagement probable de cyanogène, gaz toxique . L'electrolyse d'une solution d'élution au nitrate est également possible. Son seul inconvénient est l'oxydation anodique du sulfite qui doit être remplacé. C e point a été vérifié de la manière s vivante : une solution d'élution pratiquement épuisée en cobalt par electrolyse ne parvient pas à réaliser une nouvelle dêsorption du cobalt; mais elle retrouve ses propriétés par addition de sulfite . E n conclusion, la récupération du cobalt par electrolyse est possible, mais elle entraîne une consommation de sulfite . 5.2. P R E C I P I T A T I O N du S U L F U R E . L e cobalt peut être précipité de la solution d'élution au moyen de sulfure de sodium ou de sulfure d ' a m m o n i u m . C e dernier présente l'avantage de ne pas élever la concentration de la solution en ions sodium. Il suffit d'une filtration pour récupérer le sulfure de cobalt et recycler la solution d'élution. L a quantité de sulfure ajouté doit être voisine de la quantité stoechiométrique afin d'obtenir la floculation dr. précipité, ce qui facilite la filtration;si elle est trop faible, la solution est trouble et la séparation impossible par filtration; si elle est trop forte, la filtration est possible, mais l'excès de sulfure contenu dans la solution provoque , au cours du recyclage, un précipité noir de sulfure de cobalt sur la colonne de phosphate de titane . 25 5.3, P U R E T E des PRODUITS OBTENUS . A u cours des essais effectués sur une série de cinq colonnes de phosphate de titane, la composition de la solution ammoniacale en éléments métalliques a été la suivante : 99,6 % Ni, 0,4 % C o . L a pureté du nickel peut être améliorée soit par lf utilisation d'un plus grand nombre de colonnes en série, soit par précipitation du cobalt par le sulfure d'ammonium, ce qui entraîne une petite perte de nickel (7). L a pureté du cobalt fixé en tête de colonne est supérieure à 99% . 5.4. ASPECTS ECONOMIQUES . L a production de 1 kg de phosphate de titane nécessite 0,965 kg de tétrachlorure de titane à environ 1,5 F/kg et 1,36 kg de phosphate d'ammonium. Ce dernier produit qui est également utilisé c o m m e engrais est relativement bon marché. Le prix de 1 kg de phosphate de titane devrait revenir à environ 2 F . L a production de 1 leg de cobalt entraîne la consommation de l'ammoniac lié, soit 1,44 kg N H 3 au prix de 0,5 F/kg , c'est-à-dire 0,72 F . Elle entraîne, d'autre part, la consommation de 0,8 kg de phosphate de titane, ce qui représente 1,6 F . Le coût de ce procédé, utilisé dans les meilleures conditions, représente donc 2,3 F par kg de cobalt produit, soit 9 % du prix du eobalt qui est de 26 F A g - L a consommation de phosphate de titane peut néanmoins être plus grande dans le cas de solutions pauvres en cobalt, ce qui nécessite la percolation d'un grand volume de solution pour obtenir une teneur appréciable de la colonne en cobalt . On peut cependant affirmer que le coût du procédé représente environ 10 % du prix du cobalt . o 000 26 6.- C O N C L U S I O N . Les propriétés adsorbantes du phosphate de titane permettent de séparer le nickel et le cobalt en milieu ammoniacal par adsorption sélective du cobalt . Il suffit de faire circuler la solution de lixiviation, à température ambiante, sur une série de colonnes de phosphate de titane préparé à cet effet. A la sortie de la dernière colonne, la solution contient essentiellement du nickel. Ce dernier peut être récupéré par electrolyse. L e cobalt peut être désorbé par une solution complexante et réductrice, puis récupéré par précipitation à l'état de sulfure . Cette méthode devrait permettre de réutiliser la saumure par simple recyclage. L e coût du traitement provient de la consommation du phosphate de titane et de l'ammoniac lié au cobalt . L e procédé devrait s'appliquer, en particulier , à des solutions pauvres en cobalt en vue d'obtenir du nickel pur. Il pourrait également être utilisé c o m m e suite à la séparation partielle du cobalt par précipitation à l'état de sulfure dans le cas de solutions riches en cobalt . L e s résultats obtenus au laboratoire 3ur des solutions synthétiques devront être vérifiés et complétés par des essais à l'échelle pilote sur des solutions de lixiviation de minerai réduit . o ooo 27 ANNEXE I. I N F L U E N C E de l'ANION de la S A U M U R E sur la S E P A R A T I O N NICKEL-COBALT . Nous avons préparé quatre types de saumures à 5 g Ni , 1 g Co/1 contenant exclusivement l'un des anions suivants : carbonate, chlorure, sulfate ou nitrate . Nous avons fait circuler 500 cm** de chacune de ces saumures sur une colonne de 10 g de phosphate B . Dans tous les cas, le cobalt est adsorbe sélectivement, le nickel restant en solution . L e tableau suivant représente la quantité de cobalt fixé dans la résine en fonction de l'anion de la saumure : Anión Teneur en C o de la résine : carbonate 3,52 chlorure 3,36 sulfate 3,71 nitrate 4,31 Ces résultats montrent que le nitrate favorise légèrement la fixation du cobalt. Les effets de trois autres anions sont très voisins. Nous avons vérifié que la désorption du cobalt est possible dans tous les cas par la solution : N H 4 S C N 40 % + Na2S0 3 5 % . Elle paraît cependant meilleure dans les cas du carbonate et du sulfate 28 H. ADSORPTION du CUIVRE et du ZINC en MILIEU AMMONIACAL sur le PHOSPHATE de TITANE . Les propriétés chimiques du cuivre et du zinc présentent certaines analo gies avec celles du nickel et du cobalt; ainsi en milieu ammoniacal il se forme des complexes amminés : [eu (NH3)4] 12 + Ces éléments pouvant se rencontrer à côté du nickel et du cobalt dans certains minerais, il nous a semblé utile d'examiner leur comportement vis-à-vis du phosphate de titane . Nous avons effectué les essais en ballons jaugés, dans des conditions identiques à celles observées pour le nickel et le cobalt. Les résultats sont traduits par trois graphiques : figures 9,10 et 11 : pourcentage de métal dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution . Les figures 9, 10 et 11 représentent les résultats obtenus respectivement avec le phosphate A à 50° C , le phosphate B à 50° C et le phosphate B à 20 e C . Il apparaît que le phosphate de titane fixe généralement mieux le zinc que le ouivre. Toutefois, une petite inversion a lieu pour les faibles concentrations dans le cas du phosphate B à 50° C . Nous avons représenté de manière comparative dans le tableau suivant les teneurs maximales observées en % dans les trois expériences avec les quatre éléments étudiés : Co Zn Cu Ni phosphate A, 50°C 7,32 3,65 ,96 0,98 phosphate B, 50°C 10,56 2,69 2 ,03 1,83 phosphate B, 20°C 9,26 3,96 1 ,27 0,664 29 C e tableau donne lieu aux observations suivantes : - l'affinité du phosphate de titane vis-à-vis des quatre éléments étudiés décroît dans l'ordre : C o , Z n , C u , Ni - les résultats observés pour le cuivre et le zinc sont plus proches de ceux du nickel que de ceux du cobalt. Cela est en accord avec l'existence de la liaison chimique particulièrement forte entre le cation cobaltipentammine et le groupement phosphate . E n conséquence, si de petites quantités de cuivre et de zinc étaient présentes à côté du nickel et du cobalt dans une solution de lixiviation ammoniacale d'un minerai nickelifère, elles devraient se concentrer dans la solution d'où il est possible de les éliminer par précipitation à l'état de sulfure. L a légère perte de nickel entraîné dans la précipitation devrait être amplement compensée par la pureté du nickel restant en solution . F I G U R E 1 : Pourcentage de métal dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution» Phosphate A , 50 e C . F I G U R E 2 : Pourcentage de métal dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution Phosphate B , 50" C . T" 4 7 g/1 F I G U R E 3 : Pourcentage de métal dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution Phosphate B , 20° C . - g/1 F I G U R E 4 : Pourcentage de cobalt dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution . x phosphate A , 50 c C o phosphate B , 50 c C 7 . 5 . • phosphate B , 20°C . g/1 0.1 0,2 0.3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0.9 FIGURE 5 : Pourcentage de métal dans la résine en fonction de la température de calcination . 7 . Co 6 _ 4 . Ni 100 200 300 400 500 600 700 800 F I G U R E 6 : Pourcentage de cobalt dans la résine en fonction de la concentration de la solution . i 1 g/1 F I G U R E 7 : Pourcentage de cobalt fixé en fonction du nombre de cycles effectués . . SCN NO. 3 2 1 . cycles 10 15 F I G U R E 8 : Répartition du cobalt et du nickel dans une série de cinq colonnes de phosphate de titane . * Co • Ni 2 _ •t 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 1- t T- N° colonne F I G U R E 9 : Pourcentage de métal dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution Phosphate A , 50° C . 4 . Zn Cu 1 _ i i 3 6 g/1 FIGURE 10 : Pourcentage de métal dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution Phosphate B , 50° C . 5 . 4 . 1 _ 1 "T" 3 4 T" 6 7 -r 9 g/1 F I G U R E 11 : Pourcentage de métal dans la résine en fonction de la concentration finale de la solution Phosphate B , 20° C . 5 - 4 _ Zn Cu T" 1 T T T T" T" 7 9 g/1 30 BIBLIOGRAPHIE (1) HOUOT R . Traitement des minerais de nickel-cobalt. Annales des Mines, avril 1969, p. 9-36 . (2) PIRET J. , H E N R Y J. , B A L O N G . , B E A U D E T C . Echangeurs minéraux : phosphates d'êtain et de titane. Bulletin de la Société Chimique de France, décembre 1965, p. 3590-3596. (3) PASCAL P . 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