sontquelesprojectionsarbitrairesdesloispositives:iln'estdoncpasétonnant,ilest
mêmefatal,quelesphilosophesparviennentàfonderlesloispositivesdansledoit
naturel,maisc'estauprixd'unepétitiondeprincipe.
Évidemment,récusercettenotion,c'étaitrécuserlaquestionmêmedel'Académiede
Dijon,tellequ'ill'écritauseuilduDiscours:«Quelleestl'originedel'inégalitéparmiles
hommes,etsielleestautoriséeparlaloinaturelle.»Ainsi,paruncoupdeforcequiest
déjàunactedepolémique,Rousseaudéplacetillaquestion.Ouplutôtilluiensubstitue
uneautre.Parceque,s'inscrivantdanslatraditiondelaphilosophiepolitique,laquestion
impliquaituncertaingenred'acquiescement,implicite,àl'étatdeschoses—l'inégalité,
commesystèmesocial,àrenvoyeràuneloidel'humanité,pourvérificationde
conformité—,laproblématiqueimposéeparRousseaupermetdereporterleproblèmede
lapropriétéetdelasociétéàlanaturedel'homme,maisàlanaturedel'hommecomme
problème.
D'autrepart,sioncomparelaquestiondeDijonsoussaformulationexacte(«Quelle
estlasourcedel'inégalitéparmileshommes,etsielleestautoriséeparlaloinaturelle.»,
p.188)aulibelléqu'endonneRousseau(«Quelleestl'originedel'inégalitéparmiles
hommes,etsielleestautoriséeparlaloinaturelle.»,p.59),onnoteque,curieusement,il
substitueunenotion,celledel'origine,àuneimage,celledelasource.Risquonsune
explication:ils'agit,pourlemoment,d'éviterleseffetsinsidieuxdel'image,c'estàdirele
lien«naturel»établiainsidanslaquestionentrelaloinaturelleetl'inégalitéquien
«découlerait».Ensomme:non,l'inégaliténecoulepasdesource.CommesiRousseau,
entantquemanieurd'imagesluimême,étaitavertidudangerdel'imageimposéepar
l'Académie.
Lepointcapital,etconstammentréaffirmé,c'estquejustementl'anthropologiede
Rousseaurépondàunerevendication,àuneexigencecritique,celadèslarécusationde
laquestiondel'Académie.Lestatutdel'hommenaturel,c'estd'êtrel'imageinverséede
l'hommesocialtelqu'ilexiste.VoilàletraitdelafictiondeRousseau,quimarquecette
fictiondanssaconstitutionmêmeetpasseulementdanslavéhémencedustyle.Cette
critiquedéterminedeuxcaractéristiquesduDiscoursetsonenjeu.
D'abordlavirulencedelacritiquesociale,parexempledanslaconclusion(pp.123
124),et,quandildécritl'inhumanitéduphilosophe(p.86),deuxpassagesdanslesquels
culminel'espècedeviolencequianimeRousseaucontrel'étatsocialexistant[12].Puis
l'évocationdel'hommenaturel.Celuicirevêtdescaractéristiquesessentiellement
négatives,construitescommelaréalisationdecequel'hommesocialactueln'estpasou
biencommeladénégationdecequ'iln'estquetrop.Ilestseul(pp.8990)iln'apasle
sentimentdutemps(pp.74,94,96,103)ilestignorantetilestdépourvuderéflexion
(p.68)enparticulierilignorelescatégorieséconomiques(p.65:iln'apasdebesoins
nonsatisfaits,iln'entrepasdanslescalculsdel'ordredutempsnidanslesliaisons
économiquesouautresavecsessemblables)ilignorelescatégoriesmorales(p.82)la
formedesonbonheurestcelledel'autosuffisanced'unêtrerassembléenluimêmeeten
saseulehumanité(p.66).Lebonheurestdoncunétatpresquenégatif,unétatd'équilibre
etdesimpleaccorddesoiavecsoimême.C'estlamarque,pourainsidirevide,de
l'humanitéseulementprésenteàellemême.C'estpourquoiladescriptiondumalheurde