tours de 48 ans [4]. Contrairement aux autres types de syndrome de
Ehlers-Danlos, l’hyper-laxité ligamentaire et cutanée ne passe qu’au
second plan. En effet, la présentation initiale du type IV correspond
dans 70% des cas à une complication vasculaire ou viscérale.
La rupture artérielle peut être précédée d'un anévrisme, d'une fistu-
le artério-veineuse ou d’une dissection, mais peut également se pro-
duire spontanément. Dans 50% des cas, elle surviendra à l’étage
thoracique ou abdominal, et dans 25% des cas, au niveau cervical
oucérébral, avec par exemple un risque de dissection simultanée
des carotides et artères vertébrales [5]. Le risque de rupture viscé-
rale est également important chez ces patients. La plus fréquem-
ment reportée est la rupture gastro-intestinale, intéressant essentiel-
lement le colon sigmoïde. Une fragilité oculaire est également pos-
sible, pouvant conduire à des hémorragies ou des décollements réti-
niens. De même, les anomalies cardiaques sont fréquentes, essen-
tiellement sous forme de valvulopathies (prolapsus mitral, sténose
aortique …).
Chez la femme enceinte, les ruptures viscérales sont redoutables,
avec un risque très élevé de décès (12-25%) en fin de grossesse
et dans le post-partum immédiat [4, 6, 7], le plus souvent lié à une
rupture utérine ou artérielle. Une ligature tubaire peut ainsi légi-
timement être proposée à ces patientes, tenant compte du risque
vital que peut représenter une grossesse. La gestation est en soi
un facteur prédisposant à la dissection artérielle ou au dévelop-
pement d’un anévrysme. En effet, elle va être accompagnée d’un
stress hémodynamique physiologique : augmentation de la fré-
quence cardiaque, du volume circulant, du débit cardiaque et de
l’épaisseur de la paroi ventriculaire gauche [8]. L’utérus gravide
cause de plus une compression significative de l’aorte et des artè-
res iliaques, entraînant une augmentation de la résistance au flux
sanguin et donc une majoration de la pression intra-aortique ainsi
que de ses branches [9]. La grossesse fait ainsi partie des facteurs
prédisposant au développement d’un anévrisme de l’artère rénale
[10].
Aucun consensus n’existe actuellement quant au suivi des patients
atteints du Syndrome de Ehlers-Danlos de type vasculaire, notam-
ment parce que les ruptures artérielles ne sont pas toujours précé-
dées par la formation d’un anévrisme. Cependant, ce diagnostic
implique une information soigneuse du patient, soulignant notam-
ment l’importance d’éviter tout traumatisme (pratique d’un sport
collectif, …) et les risques encourus lors d’une grossesse. Le
patient et sa famille seront de plus sensibilisés par l’importance de
consulter un praticien en cas de douleurs inexpliquées. En effet, il
ne faut en aucun cas considérer comme acquis et permanents les
résultats d’un examen réalisé parfois quelques heures auparavant,
tenant compte du risque d’évolution surprenante comme illustré
par l’histoire de notre patiente. L’imagerie sera la moins invasive
possible, préférant l’échographie doppler ou bien encore l’IRM à
la réalisation d’une angiographie, vu le risque de dissection ou de
pseudo anévrisme secondaire à la ponction artérielle. De même, la
prise en charge sera préférentiellement conservatrice, que ce soit
pour un problème électif ou en cas d’urgence comme ce fût le cas
chez notre patiente. En effet, cette attitude a permis de préserver un
maximum de parenchyme rénal tout en évitant une convalescence
prolongée. Un tel geste aurait été d’un point de vue chirurgical
périlleux, aboutissant probablement à une néphrectomie totale,
avec de plus le risque d’une convalescence longue et difficile (len-
teur de cicatrisation, déhiscence pariétale …).
CONCLUSION
Lesyndrome de Ehlers-Danlos est une entité rare dont les compli-
cations potentiellement létales, tant vasculaires que viscérales, doi-
vent systématiquement être évoquées face à tout tableau suspect. Le
bilan diagnostic doit être le moins invasif possible, évitant notam-
ment l’exploration chirurgicale ou les examens nécessitant une
ponction artérielle. La prise en charge thérapeutique ne déroge pas
àcette règle, favorisant autant que possible le traitement conserva-
teur et non chirurgicale. Les avancées technologiques ainsi que le
savoir-faire dans le domaine de la radiologie interventionnelle ont
d’ailleurs contribué largement au succès de la prise en charge décri-
te dans le cas rapporté, menant à la survie tant de la patiente que de
son enfant.
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SUMMARY
Ruptureof the renal artery and renal parenchyma in a pre-
gnant woman with vascular form of Ehlers-Danlos syndrome
Acase of intraparenchymal renal haemorrhage associated with
renal artery dissection, occurring at the end of pregnancy in a
woman with a vascular form of Ehlers-Danlos syndrome is repor-
ted for the first time. This cases illustrates the potential risk of this
syndrome and the importance of multidisciplinary management to
ensure an appropriate diagnostic and therapeutic strategy. Magne-
tic resonance imaging is useful in this setting to elucidate complex
cases of renal colic in pregnant women presenting an increased risk
of ischaemic or haemorrhagic disorders.
Key-Words: Ehlers-Danlos, vascular type, kidney, renal artery, pre-
gnancy,renal colic
B. Debie et coll., Progrès en Urologie (2005), 15, 303-305
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