La région des Siwaliks (Nepal) a été choisie pour étudier l'influence d'un champ de surrection
déterminé par ailleurs, sur la loi d'érosion [Lague et Davy, soumis]. L'étude s'est focalisée plus
particulièrement sur la sensibilité des versants aux variations de surrection. Il est montré que le
mécanisme d'érosion principal dépend de l'aire drainée, avec un exposant de la loi A/S de l'ordre de -
0.24 (S
∼
A-0.24). Cette dépendance est en désaccord avec un modèle d'érosion des versants par
glissement de terrain. L'analyse des paramètres de la loi de puissance qui relie la pente à l'aire drainée
en fonction des taux de surrection montre que deux types de loi d'érosion peuvent satisfaire les
données: (i) une loi non linéaire sur la pente S avec un exposant n=3, ou (ii) une loi à seuil linéaire en
pente (n=1). Une valeur de n>2 est irréaliste et le deuxième type de loi apparaît donc pertinent. Ce
résultat est en accord avec les résultats expérimentaux et milite en faveur de la prise en compte d'un
seuil dans les lois d'érosion.
2.2 Détermination d'un champ de surrection par l'analyse morphologique: le cas du
Massif Armoricain
Depuis une dizaine d'années, le Massif Armorican représente un site test pour les études
géomorphologiques et les transferts de surface au sens large (cf. § "Le Massif Armoricain"). L'analyse
de l'incision et des terrasses des grands bassins versants [Bonnet et al., 2000] montre qu'il existe des
mouvements verticaux positifs contemporains de la formation du relief armoricain avec des vitesses de
surrection relatives qui varient de 0.01 à 0.1 mm/an. Une spatialisation fine des taux de surrection a été
établi à partir du formalisme de la relation pente/aire drainée [Lague et al., 2000]. L'idée générale est
qu'en tout point de la topographie d'aire drainée donnée, si (i) les processus d'érosion et de transport
sont homogènes, si (ii) la topographie est à l'équilibre dynamique, et si (iii) l'érodabilité ne dépend que
de la lithologie, alors toute variation de la pente topographique correspond à une variation de la
lithologie ou du taux de surrection. Cette méthode a été appliquée avec succès sur le Massif
Armoricain et a permis d'obtenir une carte de surrection relative globalement cohérente avec les
résultats obtenus indépendamment. Elle ouvre des perspectives intéressantes dans la mesure des
mouvements verticaux du fait de la disponibilité proche de Modèles Numériques de Terrain de haute
résolution. Les limites concernent toutefois l'hypothèse d'équilibre de la topographie, difficile à
vérifier.
2.3 Croissance des réseaux hydrographiques sur le Front Sud-Pyrénéen
Généralement, pour simplifier l'interprétation de la géométrie des reliefs naturels, les études
font l'hypothèse d'un état d'équilibre de la topographie (cf. ci-dessus). Toutefois, les différentes
simulations montrent l'intérêt de l'étude des systèmes dans les phases hors équilibre, potentiellement
riches en information en terme de conditions aux limites et de dynamique de transport. C'est pourquoi
une des études menée durant ces dernières années se focalise sur la croissance de réseaux
hydrographiques. Nous avons choisi le site d'Alfarras (Pyrénées espagnoles), qui correspond au flanc
d'un grand anticlinal (∼ 100 km de long) le long duquel se développent un ensemble d'incision
topographiques, remarquables de part leur périodicité et leur différence de développement dans
l'espace. Deux campagnes de terrain (cartographie des terrasses et GPS Différentiel) ont permis
d'établir la variabilité d'un échantillon de profils en long en fonction de la taille des bassins versants
associés et du dénivelé topographique à la bordure de l'anticlinal. On démontre que l'ensemble des
profils en long normalisés par la hauteur de cette condition aux limites convergent vers un profil
unique. Deux hypothèse peuvent expliquer cette configuration: (i) la vitesse de croissance des réseaux
est proportionnelle à la hauteur de la condition aux limites, et (ii) la vitesse de croissance des réseaux
est constante et les différences de taille des bassins s'expliquent par un retard dans l'initiation des
incision. Les premières modélisations expérimentales confirment cette première hypothèse. On ne
peut donc pas dans ce cas de figure interpreter les différences spatiales comme différentes étades dans
la croissance d'un même réseau hydrographique, démarche fréquemment utilisée en géomorphologie
(hypothèse ergodique). Les travaux en cours visent à mieux déterminer l'influence du dénivelé à la
condition aux limites sur la cinétique de croissance des incisions.
3. REPONSE DES RESEAUX HYDROGRAPHIQUES AUX VARIATIONS DU
CLIMAT
Les simulations numériques d'impact du climat sur les réseaux hydrographiques mettent en
évidence des variations de leur degré de ramification (densité de drainage) en fonction du volume des
précipitations. Le mécanisme principal mis en jeu correspond à une fluctuation spatiale de la transition
versant/réseau, c'est à dire des "têtes" des réseaux. Cette transition correspond à une valeur d'aire
drainée critique, c'est à dire à un flux d'eau, suffisante pour créer une incision topographique. Selon la