Rappels sur les anneaux et les corps.
Pr´eparation `a l’Agr´egation, ENS de Cachan. Claire Renard.
Septembre 2012
1 Rappels sur les anneaux.
1.1 D´efinitions : caract´erisations d’anneaux.
A est un anneau commutatif, unitaire, d’unit´e not´ee 1.
efinition 1 (Anneau int`egre).L’anneau Aest int`egre si pour tous aet bAtels que ab = 0,
alors a= 0 ou b= 0.
efinition 2 (Anneau noeth´erien).Un anneau Aest noeth´erien si, de facon ´equivalente,
(i)Tout id´eal Ide Aest de type fini.
(ii)Toute suite croissante d’id´eaux de Aest stationnaire.
(iii)Tout ensemble non vide d’id´eaux admet un ´el´ement maximal pour l’inclusion.
efinition 3 (Anneau principal).Un anneau Aest principal s’il est int`egre et tout id´eal est
principal (i.e. de la forme (a), o`u aA).
efinition 4 (Anneau factoriel).Un anneau Aest factoriel si :
(0) Aest int`egre.
(E)Pour tout aA\{0}, il existe uA×et p1, . . . , prirr´eductibles tels que a=up1. . . pr.
(U)La d´ecomposition pr´ec´edente est unique `a permutations pr`es et aux inversibles pr`es.
efinition 5 (Anneau euclidien).Un anneau Aest euclidien si
1. Aest int`egre.
2. Aest muni d’une division euclidienne, i.e. il existe une fonction (appel´ee stathme)v:
A\ {0} → Ntelle que si aet bAavec b6= 0, il existe qet rdans Atels que a=bq +ret
(r= 0 ou v(r)< v(b)).
Th´eor`eme 6 (Hilbert).Si Aest noeth´erien, alors A[X]est noeth´erien.
Th´eor`eme 7 (Gauss).Si Aest factoriel, alors A[X]est factoriel.
Proposition 8. L’anneau A[X]est principal si, et seulement si, Aest un corps.
FACTORIEL
ATTENTION!!!
+3INTEGRE
EUCLIDIEN +3PRINCIPAL
%-
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19
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NOETHERIEN
ATTENTION : si Aest factoriel, il n’est pas n´ecessairement noeth´erien. De mˆeme, si Aest
noeth´erien, il v´erifie la propri´et´e (E), mais pas n´ecessairement (U) et n’est donc pas n´ecessairement
factoriel.
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1.2 Exemples.
Z,k[X] o`u kest un corps, Z[i] sont euclidiens.
Z[1+i19
2] est principal mais pas euclidien.
k[Xn, n N] est factoriel mais pas noeth´erien.
Z[i5] est int`egre, noeth´erien, mais pas factoriel.
Si Aest un anneau principal qui n’est pas un corps, alors A[X] est factoriel et noeth´erien, mais
n’est pas principal. L’anneau R[X, Y ] est lui aussi factoriel, noeth´erien, mais pas principal.
1.3 Id´eaux et arithm´etique.
Si Iest un id´eal de A, il y a bijection entre les id´eaux JIet les id´eaux de l’anneau quotient
A/I.
efinition 9 (Id´eal propre).Un id´eal Ide Aest dit propre s’il est distinct de A.
efinition 10 (Id´eal premier).Un id´eal Ide Aest premier s’il est propre et que l’anneau A/I
est int`egre.
Autrement dit, Iest premier si c’est un id´eal propre et pour tous aet bA, si ab I, alors
aIou bI.
efinition 11 (Id´eal maximal).Un id´eal Iest dit maximal si c’est un id´eal propre et maximal
pour l’inclusion : si Jest un id´eal de Acontenant I, alors J=Iou J=A.
Autrement dit, l’id´eal Iest maximal si, et seulement si l’anneau quotient A/I est un corps.
IDEAL MAXIMAL +3IDEAL PREMIER
Pour tout aA, on note (a) l’id´eal engendr´e par a.
Soient aet bA.
adivise b, not´e a|bs’il existe cAtel que b=ac. De mani`ere ´equivalente, a|b(b)(a).
aet bsont premiers entre eux si pour tout dAtel que d|aet d|b, alors dA×.
aet bsont associ´es si a|bet b|a, ce qui ´equivaut `a (a) = (b). Si de plus l’anneau Aest int`egre,
cela revient `a dire qu’il existe uA×tel que a=ub.
Soit pA.pest dit irr´eductible si
1. p6= 0 et p /A×
2. si p=ab, alors aA×ou bA×.
Autrement dit, les seuls diviseurs de psont les ´el´ements inversibles et les associ´es de p.
pA\ {0}est dit premier si (p) l’est.
Lorsque Aest int`egre, on a :
ELEMENT PREMIER +3ELEMENT IRREDUCTIBLE
Proposition 12. Soit Aun anneau int`egre v´erifiant la propri´et´e (E)(par exemple noeth´erien et
int`egre). Alors les assertions suivantes sont ´equivalentes :
1. Av´erifie la propri´et´e (U)(et donc Aest factoriel).
2. Lemme d’Euclide : pour tout pirr´eductible, si p|ab, alors p|aou p|b.
3. pest irr´eductible si, et seulement si pest premier.
4. Th´eor`eme de Gauss : si a|bc et aest premier avec b, alors a|c.
2
2 Rappels sur les corps.
efinition 13 (Extension de corps.).Soit kun corps. Une extension de kest (K, i)o`u Kest un
corps et i:kKest un morphisme d’anneaux unitaires.
Remarque 14. Comme kest un corps, le morphisme iest injectif.
Le morphisme iest donc souvent sous-entendu, et on consid`ere que kest inclus dans K, not´e
(K:k) ou
K
|
k
.
Le corps Kest naturellement muni d’une structure de k-espace vectoriel (puisque si λket
xK,λ.x =λx K).
efinition 15 (Degr´e d’une extension.).Lorsque dimk(K)est finie, l’extension est dite finie. La
dimension dimk(K)est not´ee [K:k]et appel´ee degr´e de l’extension.
Th´eor`eme 16 (De la base t´elescopique.).Le degr´e d’une extension est multiplicatif. Autrement
dit, si (L:K),(K:k)et (L:k)sont trois extensions avec (L:k)finie, alors les deux autres
extensions sont aussi finies et [L:k] = [L:K][K:k].
Si (K:k) est une extension et αK, on note k[α] := {P(α), P k[X]}. C’est le sous-anneau
de Kengendr´e par ket α.
ATTENTION : En g´en´eral, k[α] et k[X] ne sont pas isomorphes, voir la suite !
Si EK, on note k(E) le plus petit sous-corps de Kcontenant ket E.
efinition 17. L’extension (K:k)est dite monog`ene s’il existe αKtel que K=k(α).
Si αK, on a k[α]k(α) = {P(α)/Q(α), P, Q k[X], Q(α)6= 0}.
Soit φ:k[X]k[α] le morphisme d’anneaux d´efini par φ(1) = 1 et φ(X) = α. Par d´efinition,
φest surjectif.
Proposition 18. Soit (K:k)une extension de corps et αK. Les propri´et´es suivantes sont
´equivalentes.
(i)Le morphisme φn’est pas injectif. Autrement dit, il existe un polynˆome Pk[X]non nul
et tel que P(α) = 0.
(ii)L’anneau k[α]est un k-espace vectoriel de dimension finie.
(iii)L’anneau k[α]est un corps.
(iv)k[α] = k(α).
efinition 19. Si αKerifie une des assertions de la proposition pr´ec´edente, αest dit alg´e-
brique sur k. Sinon, il est transcendant.
Lorsque αest transcendant, φest un isomorphisme entre k[α] et k[X].
efinition 20 (Polynˆome minimal.).Si αest alg´ebrique, il existe un unique polynˆome unitaire µα
de k[X]tel que le noyau de φsoit engendr´e par µα:ker(φ)=(µα). C’est le polynˆome minimal
de α.
Par d´efinition, k[α]'k[X]/(µα), et [k[α] : k] = deg (µα).
Remarque 21. Si k[α]est un corps, alors l’id´eal engendr´e par µαest maximal, et donc µαest
irr´eductible sur k[X].
efinition 22 (Corps de rupture.).Soit Pk[X]irr´eductible. Une extension (K:k)de kest
un corps de rupture pour Psi K=k(α)avec P(α)=0.
Existence du corps de rupture et unicit´e `a isomorphisme pr`es : K'k[X]/(P).
efinition 23 (Corps de d´ecomposition.).Soit Pk[X]non n´ecessairement irr´eductible. Une
extension (K:k)de kest un corps de d´ecomposition pour Psi :
1. Dans K[X], le polynˆome Pest un produit de facteurs de d´egr´e 1 (”Pa toutes ses racines
dans K).
2. L’extension de corps (K:k)est minimale pour cette propri´et´e.
Existence du corps de d´ecomposition et unicit´e `a isomorphisme pr`es. On le note Deck(P).
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3 Quelques crit`eres d’irr´eductibilit´e de polynˆomes.
Soit Aun anneau factoriel et Kson corps des fractions.
efinition 24. Si PA[X]est un polynˆome, le contenu de P, not´e c(P), est un pgcd des
coefficients de P. Autrement dit, si P=anXn+. . . +a1X+a0,c(P) = pgcd (an, . . . , a0)(d´efini
aux inversibles pr`es).
Si le contenu de Pest inversible, Pest dit primitif.
Proposition 25. Les polynˆomes de A[X]irr´eductibles sont :
1. Les constantes pAirr´eductibles dans A.
2. Les polynˆomes de degr´e au moins un primitifs et irr´eductibles dans K[X].
D’o`u : il suffit d’´etudier l’irr´eductibilit´e des polynˆomes de K[X], o`u Kest un corps.
Question : Soit PK[X]. Est-il irr´eductible ?
3.1 Identification.
On ´ecrit P=QR o`u Qest Rsont deux polynˆomes de K[X]. Montrer que Qou Rest un
polynˆome constant.
Par exemple, si le degr´e de Pest 2 ou 3, et que Pn’a pas de racine dans K,Pest irr´eductible.
La condition reste n´ecessaire mais n’est plus suffisante lorsque deg (P)4.
3.2 Crit`ere d’Eisenstein.
Proposition 26 (Cri`etre d’Eisenstein.).Soit P=anXn+. . . +a1X+a0A[X]primitif.
Supposons qu’il existe un ´el´ement irr´eductible pAtel que
1. pne divise pas an.
2. Pour tout i= 0, . . . , n 1,pdivise ai.
3. p2ne divise pas a0.
Alors Pest irr´eductible dans K[X], et donc aussi dans A[X]puisqu’il est primitif.
3.3 R´eduction.
Th´eor`eme 27. Soit P=anXn+. . . +a1X+a0A[X]primitif.
Supposons qu’il existe un id´eal premier Ide Atel que :
1. L’image de anpar la projection canonique AA/I est non nulle.
2. L’image de Pdans A/I[X]est irr´eductible dans (A/I)[X]ou F rac(A/I)[X].
Alors Pest irr´eductible dans K[X]et donc dans A[X].
3.4 Utilisation d’extension(s) de corps.
Proposition 28. Soit dle degr´e de P. Le polynˆome Pest irr´eductible dans K[X]si, et seulement
si pour toute extension Lde Kavec [L:K]d/2,Pn’a aucun racine dans L.
Y penser notamment lorsque l’on est dans un corps fini !
Proposition 29. Soit Pk[X]un polynˆome irr´eductible de degr´e net Kune extension de kde
degr´e mpremier avec n. Alors Pest encore irr´eductible dans K[X].
C’est ´evidemment faux si l’on ne suppose plus net mpremiers entre eux ! ! !
Un dernier crit`ere (auquel on ne pense pas forc´ement) : montrer que Pest le polynˆome minimal
d’un certain ´el´ement αdans une extension du corps K.
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