Religions, Espace public et Mobilisation

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« Religions, Espace public et Mobilisation»
L’objectif général de ce cours est de remettre en cause certaines idées préconçues
quant à la nature des engagements religieux et les relations que ces derniers
peuvent entretenir avec les engagements de type politique.
Nos rendez-vous hebdomadaires nous amènerons ainsi à repenser, du point de vue
des sciences sociales et avec les outils conceptuels de la sociologie et de la science
politique, certains débats contemporains récurrents comme ceux autour de
l’existence d’une nécessaire et automatique collusion entre islam et politique (Lewis,
Huntington). Nous analyserons par exemple le rôle des régimes tunisiens et
égyptiens dans l’apparition et le succès du référent « islamique » dans le champ
politique de la Tunisie et de l’Egypte au tournant des années 1980. L’étude des
conditions de création et de montée en puissance du Front Islamique du Salut dans
l’Algérie du début des années 1990, viendra quant à elle souligner comment la
politisation des engagements religieux musulmans, loin de constituer une évidence,
nécessite un important travail d’apprentissage et de conversion aux logiques et aux
spécificités du monde partisan. A l’inverse, la séance sur l’Union des Organisations
Islamiques en France et sa place dans l’actuel dispositif d’institutionnalisation de la
religion musulmane en France sera l’occasion de démontrer comment certaines
organisations, initialement nées dans le giron de l’islam politique, se sont distanciées
des champs partisans maghrébins ou turcs au fur et à mesure de l’insertion de leurs
membres au sein de la société française, sans que se perde nécessairement les
dispositions politiques précédemment acquises sur le terrain partisan.
Enfin, nous évoquerons également aux engagements de type catholiques en
montrant comment ces derniers, bien que généralement considérés comme non
« problématiques » au regard de leur relation avec la politique ou l’Etat français, ont
pourtant historiquement souvent été le lieu de processus de politisation ayant
participé à la transformation de la scène politique française. On analysera ainsi la
manière dont la très catholique Ligue Patriotique des Française a constitué au cours
de la première moitié du 20ème siècle un espace paradoxal de politisation pour les
femmes de la noblesse et de la bourgeoisie conservatrice française. On reviendra
aussi sur le processus de politisation de l’ordre dominicain avant, pendant et après
mai 1968.
Séance 1 : « Penser la politisation des engagements religieux en sociologie :
De quelques notions générales essentielles à la compréhension des relations
entre activités religieuses et des activités politiques »
1/ Pour une approche sociologique de « La politisation » des engagements
religieux
1.1/ Définir la « politisation »
1.2/ Les deux facettes de la « politisation des engagements religieux »
1.3 / Une approche de l’engagement politique ne se limitant pas à la vie électorale et
partisane
2/ La notion de « champ », un outil pour penser les relations entre « religion »
et « politique »
1.1/ La notion de « champ politique »
1.2/ La notion de champ religieux
1.3/ Penser activité religieuse et activité politique relationnellement
1.3.1/ Observer et Analyser l’activité politique et l’activité religieuse à partir d’une
même grille d’analyse
1.3.2/ Penser les relations existant entre sphères religieuse et sphère politique
Références :
 J. Lagroye, « les processus de politisation », in J. Lagroye (ss dir), « la
politisation », Belin, Paris,2003, pp. 359-372
 CURAPP, « la politique ailleurs », PUF, Paris, 1998, 420p.
 Lionnel Arnaud et Christine Guionnet, « Les frontières du politique.
Enquêtes sur les processus de politisation et de dépolitisation », PUR, Rennes,
2005, 323p.
Pierre Bourdieu, Propos sur le champ politique, Presses Universitaires de
Lyon, Lyon, 2000.
 P. Bourdieu, « Genèse et structure du champ religieux », dans RFS, 1971,
p 295 – 334
 Grignon Claude. Sur les relations entre les transformations du champ
religieux et les transformations de l'espace politique, Actes de la recherche en
sciences sociales. Vol. 16, septembre 1977. pp. 3-34.
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Séance 2 : Conditions de la politisation de l’islam au Maghreb- Macherek
durant la deuxième moitié du XXème siècle
1/ De la nécessité de préciser certaines notions et de déconstruire certains
stéréotypes
1.1/ Qu’est-ce que l’islamisme ?
1.1.1 / Revenir sur le contenu politique de l’idéologie islamiste
1.1.2 / Quand le fondamentalisme n’est pas le traditionnalisme
1.2/ De la remise en cause d’une confusion naturelle entre religion et politique
s’agissant de l’islam
2/ Du rôle des régimes nord-africains post-indépendance dans la politisation
de l’islam et des engagements religieux musulmans : l’exemple tunisien et
égyptien
2.1/ Quand l’Etat tente une mise sous tutelle de la sphère religieuse : réformes et
réglementation du champ religieux
2.1.1/ Le transfert des hommes du sacré dans la sphère laïque : l’exemple
tunisien
2.1.2 / Elargissement et renforcement de la sphère religieuse : l’exemple
égyptien
2.2/ Conséquence des réformes de la sphère religieuse au moment de l’ouverture
des champs politiques tunisiens et égyptiens
2.2.1/ Les racines institutionnelles et politique de la réislamisation de la sphère
politique en Tunisie.
2.2.2/ Les racines institutionnelles et politique de la réislamisation de la sphère
politique en Egypte
2.2.3 / Quels enseignements tirer des exemples tunisien et égyptien ?
3/ Les imams du Front Islamique du Salut : exemple d’une politisation
conflictuelle (1988-1989)
3.1/ Quelques éléments concernant le contexte politique algérien post-indépendance
3.2/ Pour une véritable sociogenèse de la création du FIS
3.3/ La naissance du FIS ou la mobilisation des réseaux préconstitués
3.3.1 – La manifestation du 12 novembre 1982
3.3.2 / L’université comme lieu de rencontre privilégié
3.3.3 / L’épopée du Mouvement Islamique Armé (MIA)
3.3.4 / L’implication dans la da’wa au sein des « mosquées libres »
3.4/ Des réseaux islamistes informels à la structuration partisane du FIS
3.4.1 / Revenir sur le processus de politisation préalable à la création du FIS
3.4.2/ Le FIS ou les anticipations d’une opportunité d’ouverture politique
nationale.
3.4.3 / Les anticipations de la concurrence pour représenter l’islam militant
3.5 / De la da’wa à la compétition électorale
3.5.1/ La non concomitance entre création du FIS et les préoccupations
électorales
3.5.2 / La structuration du FIS en parti politique organisé
3.5.3 / Le militantisme sociale du FIS : entre clientélisme politique et pratique
religieuses
Références :
 Gilles Kepel, Jihad, Expansion et déclin de l’islamisme, Paris, Folio, 2000.
 François Burgat, L’islamisme au Maghreb, La voix du Sud, Payot, Paris,
1995
 Malika Zeghal, « État et marché des biens religieux. Les voies égyptienne
et tunisienne », Critique Internationale, n°5, 1999, pp. 75-95.
 Séverine Labat, Les islamistes algériens. Entre les urnes et le maquis,
Paris : Seuil,1995,336p.
 Ahmed Rouadjia, Les frères et les mosquées, enquête sur le mouvement
islamiste en Algérie,Paris, Karthala, 1990, 309 p.
 Benjamin Stora, Histoire de l’Algérie depuis l’Indépendance, La
Découverte.
 M. Aït Aoudia, « La naissance du FIS : une politisation conflictuelle (19881989), in Critique Internationale, 2006, n°30, pp. 129-144
 M. Aït Aoudia, L’apprentissage de la compétition pluripartisane en Algérie
(1988-1992). Sociologie d’un changement de régime, Thèse pour le doctorat de
Science Politique, sous la direction de Bastien François, soutenue publiquement le
9/12/2008.
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Séance 3 : « L’Union des Organisations Islamique de France : de la diffusion de
l’islam politique en France à l’organisation de l’islam de France
1) A l’origine de l’UOIF : la rencontre de différentes catégories de militants de
l’islam politique et de la réislamisation (1975-1983)
1.1) 1975-1979 : Le temps de (Association des Etudiants islamiques en France
(AEIF)
1.2) 1979-1983 : De la création du GIF à la fondation de l’UOIF
1.3) Les premières années de l’UOIF (1983-1990)
2) Entre continuité et changement : évolution des préoccupations de l’UOIF au
tournant des années 1990
2.1) L’enracinement français des fondateurs de l’UOIF : s’installer en France et
après ?
2.2) Les musulmans de France ou la découverte d’un nouveau marché potentiel
2.3) Mettre à distance l’héritage politique du GIF pour s’intéresser aux « musulmans
de France »
3) Modalités et difficultés d’une conversion du champ politique au champ
religieux (1990-2000)
3.1) Reconversion de l’héritage frériste ou l’économie des coûts de la conversion
3.1.1/ Reconvertir un savoir faire organisationnelle
3.1.2 / Reconversion du discours
3.2) Inventer « l’islam de France » ou la nécessité de se distinguer de l’offre
religieuse existante et de se légitimer
3.3) S’Imposer comme un interlocuteur incontournable de l’institutionnalisation du
culte musulman en France ou le processus de reconnaissance d’une reconversion
Références :
 Samir Amghar et Amel Boubekeur, « Islam de France et contestation » in Xavier
Crettiez et Isabelle Sommier (ss dir) La France Rebelle, Paris, réédition 2006.
 S. Amghar, Les Frères musulmans français: les trois âges de l'Union des
Organisations Islamiques de France ou comment théoriser l'islamisme de la minorité,
 Samir Amghar, « L’UOIF et les enjeux d’une représentation nationale de l’islam de
France », Eurorient, n°12, 2002, p. 124.
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Séance 4 : « Naturaliser ou non les militants islamistes ? Regard sur le
processus de politisation croisée de la pratique islamique en France »
1) Quand la naturalisation n'est plus synonyme de trahison
1.1) Désacralisation des nationalités, déculpabilisation pour la naturalisation
2) Qu'est-ce qui fait de l'« islamisme » un défaut d'assimilation ?
2.1) « Islam » synonyme d'« islamisme » ?
2.2) « Radical » versus « modéré » : l'hégémonie de l'expertise policière
2.3) Le « défaut d'assimilation » des « islamistes » saisi par le juge
Références :
 Abdellali Hajjat, Les frontières de l’ « identité nationale ». Injonction à
l’assimilation en France métropolitaine et coloniale, Paris, La Découverte,
2012.
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Séance 5 : « La ligue Patriotique des Françaises : Politisation de l’engagement
féminin conservateur au début du XXème siècle »
1/ Naissance de l’Action catholique féminine en France
1.1/ Les conditions de la Création de la Ligue Patriotique des Françaises
1.2/ Le profil des cadres de la LPDF-ALP de 1902 à 1914
2/ Les répertoires de l’action politique de la Ligue Patriotique des Française
2.1/ Le positionnement politique de la LPDF
2.2/ Le combat contre la laïcisation de la société française
2.3/ L’œuvre électorale de la LPDF
3/ Un rapport à la politique défini par une double appartenance au catholicisme
et conservatisme
3.1/ La LPDF au croisement du conservatisme de droite et du catholicisme
3.2/ Un répertoire d’action se voulant spécifiquement féminin et conservateur
4 / Du refus à l’acceptation du vote féminin : les évolutions de la LPDF au sortir
de la Grande Guerre
4.1/ La remise en cause de la participation des femmes de la LPDF à la compétition
électorale par les autorités catholiques après 1905
4.2/ Recentrement de la LPDF sur l’action sociale (1906-1919)
4.3 / L’action sociale de la LPDF durant la Grande Guerre et transformation de la
relation à l’Etat de la LPDF
4.4/ Les effets de la guerre sur les femmes de la Ligue et leur rapport au politique
4.5/ Une guerre qui légitime les revendications des suffragistes en Europe
4.6/ Les étapes d’une conversion au droit de vote des femmes
Références :
 Magali Della Sudda, Une activité politique féminine conservatrice avant le droit
de suffrage en France et en Italie. Socio histoire de la politisation des femmes
catholiques au sein de la Ligue Patriotique des Françaises (1902-1933) et de
l’Union fra le donne cattoliche d’Italia (1909-1919), Thèse pour le doctorat
d’Histoire soutenue sous la direction de L. Scaraffia, le 27 novembre 2007.
 Magali Della Sudda, « Les femmes catholiques à l’épreuve de la laïcité : La
ligue Patriotique des Française ou la première mobilisation féminine de masse
(1902-1914) », in Patrick Weill (dir.), Politiques de la laïcité au 20ème siècle,
Paris, PUF, 2007, pp. 123-143
 Magali Della Sudda, « Discours conservateurs, pratiques novatrices »,
Sociétés et Représentations, n°24, 2007, pp. 213-232.
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