IRM et délais d`attente 2014, la pire année depuis 11 ans

Communiqué de presse
IRM et délais d’attente
2014, la pire année depuis 11 ans
Paris, le 7 juillet 2014La nouvelle étude de Cemka-Eval1 conduite pour IMAGERIE SANTE
AVENIR2 vient de sortir.
Elle évalue chaque année, tel un baromètre, depuis 11 ans maintenant, les délais d’attente
pour obtenir un examen IRM en France pour un patient relevant d’une situation d’urgence
oncologique. (cf. encadré en fin de document).
Cette année elle accuse 7,2 jours d’attente en plus, soit en moyenne nationale 37,7 jours,
avec des disparités régionales toujours aussi fortes.
Jamais en 11 ans d’études mesurant les délais d’attente une telle aggravation n’avait été
constatée.
Toujours plus d’inégalités territoriales
Délais moyens d’attente (jours) pour les rendez-vous d’IRM obtenus et estimés en 2014
Alors que l’étude menée pour ISA met en scène la situation d’un patient disposant d’une
ordonnance dans un contexte urgent de suspicion de métastases, on note dans cette étude
2014 que :
1 Société de conseil en économie médicale
2 Association Loi 1901 créée en 1999, Imagerie Santé Avenir réunit des professionnels de l’imagerie médicale, responsables
d’une industrie de santé et acteurs de l’offre de soins. Ils mènent au sein d’ISA, une réflexion conjointe, tel un
« observatoire » sur l’imagerie médicale française
le délai moyen national de 37,7 jours est de 17 jours plus élevé que celui estimé
acceptable par le Nouveau Plan Cancer 2014 2019 fixé à 20 jours et moins
ambitieux pourtant en la matière que le précédent Plan Cancer qui avait fixé cette
limite à 15 jours et à 10 jours dans les régions à forte mortalité par cancer.
Or, cette année aucune région à forte densité de mortalité par cancer ne passe sous
la barre des 30 jours d’attente à part le Nord Pas de Calais (26,3 jours).
Certaines régions comme la Bretagne, l’Alsace, la Lorraine atteignent même plus de
50 jours, voir même 64 jours en Basse Normandie. Les inégalités territoriales se
creusent à l’inverse de la volonté politique constamment exprimée.
Ces dernières années, même si le délai moyen stagnait autour de 30 jours, certaines
régions, dites dynamiques, montraient des résultats encourageants liés à une
politique volontariste d’installation, ce n’est plus le cas dans cette dernière étude.
Seules trois régions voient leurs délais légèrement baisser de 1 à 2 jours environ :
Midi Pyrénées, Languedoc Roussillon, PACA.
Quasi disparition des régions « dynamiques »
Délai moyen (jours) par région depuis 2006 (en bleu : les 10 régions ayant la mortalité la plus élevée par cancer)
Régions
Délai
moyen en
2006
Délai
moyen en
2007
Délai
moyen en
2008
Délai
moyen en
2009
Délai
moye
n en
2010
Délai
moye
n en
2011
Délai
moye
n en
2012
Délai
moye
n en
2013
Délai
moye
n en
2014
augmentatio
n
diminution
Alsace
49,
6
50,
5
52,
9
64,
7
55,7
46,6
46,5
+24,5%
Aquitaine
40,
1
35,
9
41,
4
41,
0
44,0
47,8
28,8
+8,7%
Auvergne
21,
8
34,
0
33,
6
44,
1
49,3
51,6
42
+34,3%
Basse Normandie
50
32,
3
38,
9
35,
8
40,4
31,6
49,7
+30,2%
Bourgogne
34,
4
33,
6
33,
4
28,
7
37,4
35,6
38
+7,9%
Bretagne
31,
4
43,
8
47,
9
43,
5
43,6
47,9
41,5
+31,3%
Centre
31,
7
38,
9
28,
3
37,
8
36,6
41
40,6
+29,6%
Champagne Ardenne
29,
2
41,
5
43,
1
29,
7
32,6
26,8
26,6
+27,1%
Corse
89
72,
0
74,
5
29,
5
40,5
75
35
+130,0%
Franche Comté
50,
2
25,
7
34,
0
24,
7
32,4
33
35,7
+1,7%
Haute Normandie
54,
7
38,
6
34,
8
30,
1
49,3
24,2
29,9
+31,8%
IDF
20,
8
25,
9
22,
6
23,
8
24,9
21,2
22,6
+33,2%
Languedoc
Roussillon
33,
6
35,
9
40,
4
40,
4
40,4
23,5
27,8
-7,2%
Limousin
42
36,
4
39,
8
19,
5
28,1
29,2
25
+45,6%
Lorraine
62,
6
58,
1
71,
3
57,
2
41,7
51,6
36,6
+37,7%
Midi Pyrénées
20
23,
3
29,
4
26,
6
25,9
27,7
34,7
-5,8%
Nord Pas de Calais
37,
8
35,
8
41,
4
39,
7
33,3
20,7
21,5
+22,3%
Pays de la Loire
45,
8
48,
0
64,
5
50,
2
58,2
62
45,4
+20,7%
Picardie
27,
9
43,
9
44,
7
40,
0
22,3
32,3
40,7
+10,3%
Poitou Charente
31,
9
41,
4
43,
7
44,
7
57,5
42,1
28,6
+76,9%
PACA
27,
8
24,
0
23,
9
28,
3
32,7
34
31,5
-4,4%
Rhône Alpes
29,
4
36,
6
33,
5
36,
7
26,6
24,3
24,2
+56,2%
Total
33,
3
34,
3
35,
4
34,
5
34,6
32,2
29,1
30,5
37,7
19,1%
Délai calculé à partir des dates de rendez-vous et des délais estimés dans les structures n’ayant pas donné de rendez vous
Enfin, le dernier plan cancer autant que le rapport du Pr Jean-Paul Vernant émettent
le souhait de se rapprocher du taux d’équipement moyen / milliers d’habitants de
l’Europe de l’ouest, soit un peu plus de 20 IRM par million d’habitants, le double du
parc dont la France dispose aujourd’hui.
En effet, la densité d’IRM en France par million d’habitants aujourd’hui est de 10,7
machines.
Le Plan Cancer 2009 2013 qui fixait un objectif de 10 IRM / million d’habitants
pour 2011 et de 12 IRM pour les régions à forte mortalité par cancer, n’est que
partiellement atteint avec trois ans de retard.
Comment expliquer de tels résultats ?
Il est patent qu’une progression de 5,9% du nombre total d’équipements IRM sur un an
(2013), soit 38 machines supplémentaires installées jusqu’à présent, n’est rien à coté du plan
de rattrapage massif souhaité par les professionnels. Cette progression, une des plus faibles
de ces 10 dernières années, ne peut avoir un impact significatif sur l’activité radiologique et
le recours à l’imagerie en coupes non irradiante (IRM).
Il est surtout évident que les médecins lassés de gérer la pénurie chronique des vingt
dernières années, se réfèrent de plus en plus au Guide du Bon Usage des Examens
d’Imagerie Médicale dont la nouvelle édition a été mise à leur disposition voici un an et demi
par la Société Française de Radiologie (SFR) et la Société Française de Médecine Nucléaire
(SFMN).
Or, les indications de l’IRM y sont nombreuses comme elles progressent aussi de manière
parfois spectaculaire dans la littérature pour certaines pathologies ou certaines spécialités
d’organes.
C’est le cas en urologie pour la prostate avec +32,10% entre 2010 et 20123, pour les
pathologies cardiaques (+24,20%) ou encore pour le système hépatobiliaire et pancréatique
(+24,40%) sur la même période. En moyenne, les indications de l’IRM croissent chaque
année d’environ 6% à 12%.
3 2013 AMR/Arlington Medical Resources, LCC
Cette progression relève des études menées et de leurs résultats en faveur d’un recours à
l’IRM qui apporte une valeur ajoutée démontrée en comparaison à d’autres modalités. Elle
est encouragée aussi par de nombreuses instances et autorités de Santé qui veillent à la
radioprotection et à la pertinence des examens.
C’est le cas de l’Autorité de Sûreté Nucléaire qui déclarait dans son rapport publié le 15 avril
dernier sur la reté Nucléaire et la Radioprotection en France en 2013 : « la maitrise des
expositions médicales aux rayonnements ionisants passe par la mise en œuvre rigoureuse
du principe de justification. Cette mise en œuvre implique le renforcement du recours aux
bonnes pratiques ainsi que la plus grande disponibilité de l’IRM en substitution au
scanner ».
Pour le professeur Frank Boudghène, Président de la Fédération d’Imagerie du Cancer au
sein de la SFR, « on ne peut que se féliciter d’un recours à l’IRM en progression. C’est un
progrès pour les patients que nous soignons, cette dynamique doit absolument être
encouragée comme le préconise le dernier Plan Cancer et le rapport du Pr Jean-Paul
Vernant ».
« L’analyse récemment présentée par la CNAMTS au Ministre de la Santé et des Affaires
Sociales et au Parlement, intitulé Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les
dépenses, proposition de l’Assurance Maladie pour 2015, qui souligne la progression des
examens IRM en France, se base uniquement sur les actes pratiqués en médecine de ville.
Elle semble ignorer tous les besoins non satisfaits des patients pris en charge dans les
filières de soins hospitalières, pour des pathologies aussi sévères que des cancers, des
AVC, des maladies neurodégénératives, pour ne citer qu’elles, et pour lesquelles le recours
à l’IRM est indispensable à diverses étapes du parcours de soins. Bien souvent, il s’agit
d’ailleurs d’un recours en première intention conformément aux bonnes pratiques
contrairement aux déclarations de la CNAMTS qui voudrait faire de l’IRM un examen de
seconde intention.» poursuit le Pr Frank Boudghène.
Rappelons que pour le seul cancer, la récente étude du Dr Ellen Benhamou et Emilie Lanoy
(IGR Villejuif) conduite pour ISA et présentée en novembre 20134 montrait que pour le seul
diagnostic initial de cancer, en comptant les examens nécessaires pour établir un diagnostic
différentiel et rechercher une extension, au moins 1/3 du nombre d’examens IRM réalisables
avec le parc disponible, devrait être dévolu à cette étape du diagnostic initial de cancer, soit
1,5 million d’examens.
Or, on sait que 30% des examens IRM sont consacrés à la neurologie, 50% à l’ostéoarticulaire
et qu’enfin l’IRM cardiaque est en plein essor. Il faut y ajouter les besoins en IRM d’urgence
et en travaux de recherche, on est encore donc loin de pouvoir répondre à toutes les
attentes.
●●●●●●●●●●●●●●
En conclusion, l’analyse que l’on peut faire de cette dernière étude sur les délais d’attente
oscille entre appel solennel à poursuivre les efforts d’équipements et reconnaissance d’une
tendance qui semble intégrer dans la prise en charge des patients au quotidien les
recommandations de bonnes pratiques et les nouvelles indications de l’IRM.
4 Accès à l’IRM en France- Prise en charge des cancers : combien d’examens IRM nécessaires ?
Quant au retard français par rapport au reste de l’Europe, l’écart reste considérable avec la
plupart des pays d’Europe de l’Ouest qui continuent à faire progresser leur parc
d’équipements IRM pour répondre au développement des nouvelles applications.
Le taux d’équipement des pays d’Europe Centrale progresse tant et si bien que certains
sont en train de dépasser la France (Slovénie, Croatie)5.
Pour l’instant en France, en un an, seules 38 machines supplémentaires ont été installées, 60
autres environ sont autorisées et devraient être opérationnelles d’ici quelques mois.
Il convient de souligner qu’à ce rythme d’installation, notre pays, dont l’utilisation optimum
de chaque machine est pourtant bien supérieure à celle des pays voisins, n’atteindra les
objectifs fixés par les différents plans de Santé publique et par les recommandations de
bonnes pratiques qu’à raison de 150 machines supplémentaires chaque année.
Cependant, les objectifs des différents SROS4 régionaux (2012 à 2016) ne permettent pas
de tenir ce rythme de croissance indispensable dans la mesure à ce jour l’objectif total
en nombre d’IRM prévu est pratiquement atteint. Une soixantaine de machines seront
installées d’ici fin 2014, pour l’ensemble des deux années à venir - 2015 et 2016 - une
centaine d’autorisations d’IRM ostéoarticulaires est déjà attribuée, épuisant ainsi dans la
majeure partie des régions, le potentiel d’autorisations prévues. Une révision rapide et
substantielle des objectifs en IRM s’impose pour faire face aux exigences exprimées dans
les différents plans gouvernementaux.
Rappel
Une méthodologie éprouvée identique depuis 2003
Un patient disposant d'une ordonnance pour une IRM lombaire à réaliser "en urgence" dans le cadre
d’une recherche d’extension d’un cancer prend un rendez-vous pour la réalisation de cet examen.
Les demandes de rendez-vous pour la réalisation des examens (fictifs) sont formulées par léphone
en suivant strictement le guide d’entretien suivant rédigé à cet effet :
« La fille du patient explique que son père a été opéré d'un cancer du colon il y a 3 mois et qu'il
présente une douleur lombaire apparue il y a peu. Il a vu son médecin cancérologue il y a quelques
jours qui a beaucoup insisté pour qu'il réalise une IRM lombaire rapidement. Étant venue se reposer
quelques temps chez elle, son père doit bénéficier de cet examen durant ce séjour. Elle cherche donc
le lieu de réalisation le plus proche possible du lieu de ce séjour.
Cette enquête sur les délais est réalisée systématiquement depuis 2003 sur l’ensemble des services
ou cabinets de radiologie disposant d’une IRM.
Quand une structure disposait de plusieurs appareils, elle n’a été contactée qu’une seule fois.
Les rendez-vous obtenus ont été systématiquement annulés à la fin de l’entretien.
Contact presse : Medical & Health Consulting
5 Dernières données du COCIR
EUROPEAN COORDINATION COMMITTEE OF THE RADIOLOGICAL, ELECTROMEDICAL AND HEALTHCARE IT INDUSTRY
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