On estime pourtant que les récifs ont perdu 20 % de leur superficie à cause de l’activité
humaine, notamment dans les zones littorales très urbanisées. Selon le bilan 2008 réalisé
par l’Initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI), 54 % des récifs mondiaux actuels
sont menacés. Parmi eux, 15 % risquent de disparaître dans les 10 à 20 prochaines années
(surtout en Asie du sud-est et dans les Caraïbes).
Les principales causes de cette détérioration sont les pratiques de remblaiement, la pêche,
la pollution générale littorale et la pression démographique croissante. Les dégradations
naturelles (cyclones, tsunamis, arrivée massive de prédateurs envahissants) et la hausse
des températures des océans liée au changement climatique concourent également à la
disparition progressive des récifs. Le blanchissement a gagné en fréquence, en distribution
géographique et en intensité au cours des 40 dernières années et rien ne prouve actuel-
lement que les coraux pourront s’adapter au phénomène.
La France, un patrimoine corallien unique au monde
La France est le seul pays au monde à posséder des récifs coralliens dans 3 océans.
Ces contextes variés leur confèrent une diversité exceptionnelle. Notre pays abrite 10 %
des récifs coralliens mondiaux (4e rang – 55000 km2), répartis au sein de huit collectivités
d’outre-mer tropicales dont l’économie locale dépend très largement de cet écosystème :
Guadeloupe, Martinique, Mayotte, Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis
et Futuna et les îles éparses de l’océan Indien. 95 % des récifs coralliens français sont situés
dans l’océan Pacifique (Polynésie française et Nouvelle-Calédonie).
Les récifs coralliens de la Nouvelle-Calédonie ont été classés au patrimoine mondial de
l’humanité en 1998. Pour la France, il s’agit là d’une reconnaissance mondiale de l’origina-
lité et de l’importance de ses récifs qui représentent 16 000 km2 de l’écosystème corallien
protégé sur les 40 000 km2 existant en outre-mer français.
L’initiative internationale pour les récifs coralliens
Cette situation exceptionnelle confère à la France une responsabilité particulière dans la
sauvegarde des récifs coralliens.
Au niveau mondial, la France est l’un des pays fondateurs de l’Initiative internationale pour
les récifs coralliens (ICRI). Les gouvernements des États-Unis, d’Australie, de la France,
de la Jamaïque, du Japon, des Philippines, de la Suède et du Royaume-Uni, avec des
agences telles que la Banque mondiale et le PNUE, ont reconnu les problèmes croissants
des récifs coralliens. Ils ont lancé l’ICRI en 1994 lors de la conférence sur les petits États
insulaires en développement. Cet engagement s’est traduit par la création, en France en
1999, de l’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor), action nationale engagée
sur décision du Premier ministre. L’initiative recouvre toutes actions et mesures prises en
faveur des récifs. Les enjeux sont la protection et la gestion durable des récifs coralliens
des collectivités de l’outre-mer.
En juillet 2009 France a pris la présidence de l’ICRI pour deux ans.
Les engagements des Grenelle Environnement et de la Mer
Au niveau national, le Grenelle Environnement et le Grenelle de la Mer ont confirmé ces
engagements en octroyant de nouveaux moyens à la protection des récifs coralliens.
Grenelle Environnement :
mise en place d’actions exemplaires en faveur des récifs coralliens, notamment par
le renforcement de l’Initiative française sur les récifs coralliens, ou des espaces et des
aires marines protégées ;
mise en place d’une stratégie locale d’adaptation aux conséquences du changement
climatique ;
réalisation, d’ici à 2010, d’un inventaire particulier de la biodiversité outre-mer ;
mise en place des dispositifs de connaissance, de gestion intégrée et de protection des
habitats et des espèces sauvages terrestres et marines, comparables aux dispositifs
existant en métropole, lorsque ces derniers ne sont pas applicables ;
mise en place, d’ici à 2020, d’une gestion intégrée exemplaire des déchets.
Grenelle Mer :
mise en place d’un réseau d’aires marines protégées ;
instauration d’une trame bleue marine pour la gestion intégrée du littoral ;
renforcement des moyens d’observation outre-mer ;
lutte contre la pollution ;
encouragement de la pratique responsable des sports nautiques ;
amélioration des performances environnementales des aquacultures ;
soutien à l’évolution des activités agricoles.