1 Contribution de l`Association Française d`Urologie au

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Contribution de l’Association Française dUrologie
au travail préparatoire du Plan Cancer 3
LAssociation Française d’Urologie (AFU), association reconnue dutilité publique, est
l’unique société savante de cette spécialité. Au total 1120 urologues en sont membres actifs,
ce qui représente plus de 95% des urologues exerçant en France (Source AFU/ CNOM).
Lurologie est une spécialité médico-chirurgicale dont la cancérologie occupe près de
la moitié du champ de son activité selon les derniers recensements (2011-2012). En effet,
les trois organes les plus souvent atteints primitivement par le cancer en France
appartiennent en effet à la sphère urogénitale : la prostate, la vessie et le rein. Ce sont donc
environ 500 urologues, équivalent-temps plein, qui se consacrent aujourdhui à l’onco-
urologie. LAFU est donc un acteur incontournable et expérimenté des traitements des
cancers relevant de sa scialité. Elle souhaite, comme elle la fait par le passé, participer
activement au Plan Cancer III.
C’est pourquoi, l’Association Française d’Urologie apporte 70 propositions axées sur la
lutte contre les inégalités face à la maladie, la recherche, la coordination et la performance
des soins, le bien être des patients, avec pour objectif, comme l’a souligné le Président
François HOLLANDE, de préparer la France "aux nouveaux enjeux liés aux progrès
médicaux".
Pr. Thierry LEBRET Dr. Xavier REBILLARD
Secrétaire Géral Secrétaire Géral adjoint
Dr. Patrick COLOBY, Président
Dr. Georges KOURI, Vice Président
Pr. Arnaud MEJEAN, Trésorier
Dr. Denis PRUNET, Trésorier adjoint
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1. Axe prévention et dépistage des cancers.
Prévention et dépistage des cancers urologiques.
La prévention et le dépistage du cancer concernent plusieurs organes de la spre
uro-génitale. Concernant les tumeurs de la vessie, il nous faut prévenir l’exposition aux
carcinogènes (exposition professionnelle ou intoxication tabagique) pour éviter la survenue
des cancers ou réduire leur gravité. Il a été montré quen plus dêtre un facteur
directement carcinogène sur l’urotlium vésical, le tabac concourt au passage du bas grade
vers le haut grade tumoral, précipitant le patient vers une évolution jorative : l’infiltration
tumorale et la diffusion métastatique. Cette diffusion métastatique a largement été étudiée et
synthétisée dans le rapport de l’AFU de 2008 (Les métastases des cancers urologiques : T.
Lebret et A. Méjean). La lutte contre le tabagisme doit être intensifiée. LAFU propose une
meilleure collaboration avec les tabacologues. Il est nécessaire, pour les patients dont le
tabac peut être à l’origine de la survenue de leur tumeur de la vessie, denvisager des
consultations de tabacologie beaucoup plus systématisées au sein dun réseau qu’il est
cessaire de renforcer.
Proposition AFU :
- Structurer la collaboration entre les urologues et les unités daddictologie pour la prise en
charge des patients fumeurs porteurs dune tumeur de la vessie. Les informations sur ces
services daddictologie pourraient être rappelées sur le site Urofrance1
Il est également souhaitable de promouvoir des actions de prévention sur les liens
entre l’alimentation, l’activité physique et les cancers. Plusieurs études montrent, pour le
cancer de la prostate ou du rein, que des béfices sont obtenus par la modification des
comportements alimentaires sur le risque dévolution de la maladie, de survenue de
métastases et même de cès.
Proposition AFU :
- Proposer un scma d’investigation et dactions afin de mieux comprendre les effets de la
nutrition sur la survenue dun cancer de la prostate ou du rein. La création dune enquête cas
témoins ou registre avec enquête alimentaire pourrait favoriser cette action.
- Diffuser et utiliser des données épimiologiques qui seront récoltées dans la cohorte
COBLANCE.
1 www.urofrance.fr site web de lAFU
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Prévention des cancers professionnels.
Le renforcement de la prévention des cancers liés à l’environnement, en particulier
dans le domaine professionnel, est également une mission à poursuivre dans le Plan
Cancer III. En ce qui concerne l’urologie, les clarations de maladies professionnelles sous-
estiment très largement ces facteurs (enqte SUMER). En effet, en France, seules 0,4%
des tumeurs de la vessie donnent lieu à une claration de présomption dune origine
professionnelle. Pourtant on estime que les toxiques professionnels peuvent être incriminés
pour près de 14 % des patients (source INCA - 2013). Le Comité de Cancérologie de l’AFU
(CCAFU) a contrib à un travail sur ces toxiques, en particulier sur les amines aromatiques,
l’arsenic et sur les hydrocarbures polycyclique aromatique. De nombreuses améliorations
des conditions de travail ont déjà été effectuées (port de masque, extraction dair, bain
étanche, modifications des huiles de lubrification), mais beaucoup dautres sont à mettre
en place.
Des recommandations ont été mises en place en avril 2012 par la société française de
médecine du travail, établies en collaboration avec l’AFU, sur la « surveillance médico-
professionnelle des travailleurs exposés ou ayant été exposés à des agents chimiques
cancérones pour la vessie ». LAFU a diffusé ces recommandations et aide à leur
implémentation. Cette action doit être renforcée.
Pour le cancer de la prostate une étude KARUprostate a été lancée pour répondre
aux interrogations sur l’impact de la chlordécone et autres dérivés organo-chlorés. Elle a
pour but daugmenter le risque de survenue du cancer de la prostate et de déterminer les
autres facteurs de risque en Guadeloupe (Pr Blanchet, Pr L Multigner au CHU de Fort de
France et INSERM Rennes).
Les études sur les facteurs réditaires doivent également être soutenues et les
travaux sur le cancer de la prostate du groupe collaboratif du Pr Olivier Cussenot, urologue
de l’Université Pierre et Marie Curie, devraient permettre de mieux identifier les cartes
gétiques de ces cancers familiaux ; ces travaux s’inscrivent dans le cadre du programme
International Cancer Génome Consortium (ICGC).
Proposition AFU :
-
Stimuler la recherche systématique des facteurs professionnels (liste de professions
exposées et liste des toxiques) pouvant être incrimis comme carcinogène au cours
des consultations durologie afin de déclarer ces informations et de constituer une
base de données. Y insérer les facteurs familiaux, une action similaire devrait être
menée pour repérer les individus et familles à risque et favoriser les enqtes
oncogénétiques.
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Prévention tertiaire des effets secondaires induits par les traitements hormonaux du
cancer de la prostate.
En accompagnement de toute prescription dhormonothérapie, l’AFU a mis à la
disposition des patients des kits hormonosanté. Ils permettent aux hommes sous castration
pour leur cancer de la prostate, de béficier dun accompagnement alimentaire et dun
« coaching » physique afin de lutter contre le syndrome métabolique et contre l’ostéopénie
induite. Ce type daction doit être renforcé et diffusé pour l’ensemble des patients dans des
programmes élargis déducation thérapeutique dont beaucoup des appels à projet restent de
fait le plus souvent ciblés sur les maladies chroniques non cancérologiques. Des actions
similaires doivent être envisagées pour les autres cancers urologiques sous la forme de
programme déducation trapeutique, notamment les tumeurs de la vessie n’infiltrant pas le
muscle. LAFU encourage la recherche dans ce domaine en attribuant annuellement une
bourse sur cette thématique.
Proposition AFU :
- Développer l’éducation trapeutique en améliorant la collaboration interprofessionnelle, en
particulier pour le cancer de la vessie et pour le cancer de la prostate sous
hormonosuppression.
Prévention des cancers dorigine infectieuse
La recherche sur la prévention des cancers génitaux dorigine infectieuse est soutenue
par l’AFU pour évaluer chez l’homme, les conséquences de l’infection par certains types de
virus HPV. C’est le cas du cancer du pénis avec le rôle du portage d’HPV dans le sperme.
Sa présence est estimée à 10 à 15% dans une population dhommes jeunes sexuellement
actifs sans lésions et jusquà 60% chez les hommes ayant des antécédents de lésions
cutanéo-muqueuses. Ces recherches sont coordonnées par le Pr Droupy, urologue au CHU
de Nîmes-Montpellier.
Stratégie diagnostique du cancer de la prostate.
En ce qui concerne le cancer de la prostate, la mortalité a reculé ces deux dernières
cennies, mais aujourdhui encore, chaque année, surviennent près de 9 000. Le dépistage
du cancer de la prostate a été lobjet de nombreux débats qui malheureusement sont
brouillés par la confusion entre dépistage, diagnostic précoce et traitement. Il est
cessaire dinformer les hommes sur les incertitudes en termes de santé publique du
dépistage, tout comme de l’intérêt individuel de la détection précoce. Il est important de
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définir les risques liés au sur-traitement (évalué à 30%), mais aussi du risque de sous-
traitement pour des cancers. Ils peuvent ensuite savérer agressifs s’ils étaient néglis. Ces
notions restent toujours à considérer en fonction de l’esrance de vie et des comorbidités
de l’individu ; le cancer de la prostate qui nétait pas un problème de santé publique quand
cette esrance de vie en bonne santé était de 60 ou 65 ans, le devient avec le
vieillissement de la population.
LAFU contribue au projet OBSERVA-PUR qui analyse les données des grandes bases
nationales de santé PMSI, SNIIRAM, ALD, Cepi-DC,.... Lobjectif est danalyser les pratiques
médicales par la consommation et le recours aux soins. La méthode consiste à repérer, dans
ces bases nationales, regroupées et chaînées par l’assurance maladie, les patients souffrant
de certaines pathologies urologiques. On observe ainsi dans le temps, les différents
traitements reçus pour chacune de des pathologies, les comorbidités et leurs prises en
charge, la consommation de soins remboursés (biologie, radiologie, actes chirurgicaux,
traitements médicaux, consultations de médecine gérale ou spécialisée). OBSERVA-PUR
porte sur la totalité de la population française des assurés sociaux et donne des résultats
pertinents dès lors que la pathologie observée est clairement finie par ses codes CIM10 et
ses traitements spécifiques médicaux ou chirurgicaux. Le travail principal porte sur les
pathologies prostatiques, dont le cancer. Les résultats concernant la prise en charge de
l’hypertrophie bénigne de la prostate ont été publiés2. Des résultats préliminaires concernant
la prise en charge du cancer de la prostate ont été insérés dans le rapport de l'OPEPS3
(Office Parlementaire d'Evaluation des Politiques de Santé) sur le dépistage et le traitement
initial du cancer de la prostate. Les résultats consolidés avec 5 ans danalyse vont l’être
prochainement. Il importe de renforcer cette première exrimentation et de la développer
pour les autres tumeurs uro-génitales. De plus la possibilité de produire des résultats
individuels de pratique afin de les comparer aux résultats nationaux agrés et aux
référentiels de pratique, contribue à favoriser l’auto-évaluation des pratiques par chaque
praticien dans le cadre de son DPC, la prise en compte de ses écarts aux recommandations
nationales et conduire à la mise en place de mesures correctrices pour leur amélioration.
Cette démarche globale est évaluée par l’Organisme DPC AFU.
Proposition AFU :
-
Clarifier par des informations simples, une pratique raisonnée de la prescription du
PSA, l’importance de l’examen clinique et la conduite à tenir face à un premier
dosage de PSA.
2 Lukacs B, et al. Management of Lower Urinary Tract Symptoms Related to Benign Prostatic Hyperplasia in Real-life Practice in France: A
Comprehensive Population Study. Eur Urol (2013)
3 Rapport de l'OPEPS sur le dépistage et le traitement initial du cancer de la prostate (2009). http://www.senat.fr/rap/r08-318/r08-3181.pdf
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