La scénographie
Le spectacle s’est conçu dans un espace vide de toute théâtralité : un hangar désaffecté de 3000m².
C’est en partant de ce lieu et du postulat que la langue de Molière n’avait pas besoin de décor pour
être forte et pertinente, que se sont décidées la mise en scène et la direction d’acteur. Cela a donné
au spectacle un souffle inattendu, offrant au spectateur une autre écoute de Molière que notre travail
sur le texte a soutenue.
La première partie [ Actes 1 et 2, Acte 3 scènes 1 et 2 ], en forme de déambulatoire le long d’un
espace volontairement ouvert et indéterminé, invite les spectateurs à suivre Monsieur Jourdain dans
son apprentissage des arts. La disposition scénique, sans cesse en mouvement, modifie constamment le
rapport acteurs/spectateurs et imprime à la pièce un rythme dynamisant l’écoute.
Pour la mascarade dont Jourdain va être le héros, l’espace scénique de la seconde partie [ De l’acte
3 scène 3 à la fin ] se veut plus théâtral, quoique éloigné du rapport traditionnel scène/salle : assis
tout autour du plateau de jeu, le public a la place du roi pour se rendre compte de l’étroitesse
d’esprit des personnages qui gravitent autour de la fortune de Monsieur Jourdain.
Le spectacle
Aussi, nous proposons aujourd’hui ce spectacle dans la forme que lui a imprimé le lieu, et pouvons le
montrer dans tout type d’espace qui permette une déambulation et cent vingt personnes assises.
La partie déambulatoire se module et se réinvente en fonction des espaces qui accueillent le
spectacle. Elle peut, aux beaux jours, avoir lieu en extérieur, l’hiver dans des halls… Nous nous
adaptons aux spécificités des lieux, utilisant les lumières existantes ou naturelles lorsque cela est
possible.
Un spectacle pour se rencontrer autour d’une écriture appartenant à notre culture commune, pour en
parler et pour en rire. Un spectacle qui s’adresse aux collèges et lycées autant qu’au public de
théâtre, dont nous revendiquons la pertinence pour susciter la discussion sur le fond ainsi que sur la
forme.
Travail de la langue
Un texte, un acteur, un public : C’est pour nous l’axiome de départ de tout théâtre, et c’est en revenant
sans cesse à ces fondamentaux que nous puisons l’essence de notre travail ; avant que de présenter
une pièce au public, l’acteur de la fidèle idée malaxe le texte, l’étudie, l’essaye, le brusque
respectueusement pour tenter d’en saisir le sens profond mais aussi les ressorts d’écriture ; ainsi
épouse-t-il au mieux le mouvement du texte pour le faire sien et trouver jouissance à sa transmission la
plus fidèle, la plus exacte qui soit.
Pour Le bourgeois gentilhomme, la lecture attentive, la répétition exigeante dans le respect du texte
nous a fait découvrir ces sens que des années de lieux communs dans les représentations avaient fini
par masquer. Loin de penser qu’il s’agit ici de la seule lecture possible, nous la revendiquons
pertinente, eu égard au respect absolu, à la virgule près, que nous avons eu de cette pièce. Quant à
la forme même du texte, la maîtrise de Molière du rythme, de la construction, des répliques qui
touchent, offre au rire une place de choix que nous nous plaisons à porter.