N° d’ordre : 2006-ISAL-0006 Année 2006 Thèse Bruit d’Alimentation et Couplage par le Substrat dans les Circuits Mixtes Présentée devant L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon Pour obtenir Le grade de Docteur Formation Doctorale : Dispositifs de l’Electronique Intégrée Ecole Doctorale : Sciences de L’Ingénieur de Lyon : Electronique, Electrotechnique et Automatique (EEA) Par Olivier VALORGE (DESS EEA) Soutenue le 10 Janvier 2006 devant la Commission d’Examen Jury : A. KAISER E. SICARD P. DAUTRICHE P. GARDA M. RENAUDIN D. SAIAS C. GONTRAND F. CALMON Directeur de Recherche CNRS Professeur Directeur Technique HEG/RSD Professeur Professeur Ingénieur Professeur Maître de Conférences IEMN, Lille Rapporteur LESIA, Toulouse Rapporteur STMicroelectronics, Grenoble LISIF, Ivry sur Seine Président TIMA, Grenoble STMicroelectronics, Crolles LPM, Lyon Directeur de Thèse LPM, Lyon Co-directeur de Thèse Thèse CIFRE préparée dans l’unité Retail de la division HEG de STMicroelectronics Grenoble en collaboration avec le Laboratoire de Physique de la Matière, UMR CNRS 5511, INSA Lyon Remerciements Remercier dignement en quelques lignes toutes les personnes ayant contribué à mes travaux ou m’ayant entouré durant cette période importante de ma vie n’est pas chose aisée tant celles-ci sont nombreuses. J’ai en effet eu la chance d’avoir pu compter sur des collaborateurs, supporters, amis et confidents omniprésents, fidèles tout au long de ces trois années de labeur, d’interrogations, de découragements, d’enthousiasme, de déceptions et finalement de réussites. L’importance de cet environnement me saute aux yeux lorsque je regarde ne serait-ce que quelques semaines en arrière. L’exercice est cérémoniel, il clôture, achève une période, presque une ère. Il faut rassembler tous ses proches, tous ses souvenirs afin de faire le deuil de cette aventure, finalement heureuse, qui en annonce d’autres et ouvre de nouvelles voies. Je veux donc associer toutes ces personnes à ces travaux de recherche mais surtout à tous ces morceaux heureux de mon existence qui se bousculent et troublent mes pensées dans cet élan nostalgique, presque mélancolique d’écriture de quelques lignes qui peuvent paraître désuètes. Je commencerais par remercier Pierre Dautriche, qui a su m’accorder la confiance nécessaire aux bons déroulements de ces travaux au sein de STMicroelectronics. Merci pour son écoute, sa disponibilité, son implication constante dans les différents projets entrepris, son enthousiasme presque enfantin lors de nos discussions passionnées. Merci pour sa bonne humeur toujours communicative et tant d’autres choses encore. Merci à Christian Gontrand et Francis Calmon, mes directeurs de thèse, toujours disponibles et ouverts. Ils m’ont offert le meilleur encadrement dont un ‘thésard’ puisse jouir, une subtile alliance entre force tranquille et enthousiasme hyperactif, débordant. Je leur suis reconnaissant et surtout admiratif de tout ce qu’ils m’ont apporté aussi bien scientifiquement que humainement. Merci à Christian pour ses idées, parfois farfelues, qui se bousculent à une vitesse proche de celle de la lumière ; merci à Francis pour son enthousiasme et l’abattage permanent d’une quantité de travail phénoménale : entre recherches de financements, corrections en tout genre, préparation de son HDR, encadrements de nombreux étudiants ... Je me souhaite de pouvoir de nouveau travailler avec des ‘personnages’ de cette ‘trempe’ ! Merci au jury de cette thèse : monsieur Garda, président de jury, messieurs Kaiser et Sicard, rapporteurs et les autres pertinents membres du jury : messieurs Renaudin et Saias. Merci au Laboratoire de Physique de la Matière de l’INSA de Lyon, merci à monsieur Guillot pour m’avoir accueilli dans ce laboratoire. Merci à l’ensemble de l’équipe RadioFréquence pour son soutien, son aide, son savoir : Cristian pour son éternel sourire, sa cuisine exotique et un peu pour son banc de bruit de phase ; Jacques le stadiste pour sa verve, son esprit critique, son cassoulet et les résultats rugbystique du weekend ; sans oublier José et Jérémy. Merci à l’ensemble du 6ème étage : Patricia et Martine : gentilles, attentionnées, disponibles et d’une efficacité redoutable ; merci aux quelques hurluberlus qui ont sévis un jour ou l’autre dans le bureau, l’antre de la ‘racaille du 6ème’ : Damien et son canard, Yoann et sa chef, Téo et son Karaoke, Lino et sa boule magique, Patrick et son accent, Anne-Sophie et son sourire permanent, Charles et son dandysme, Medhi et son assiduité sans oublier tous les autres : Arnaud, Nicolas, les deux Stéphane, Moïra et Mircea pour son aide précieuse lors des mesures de dernières minutes … De nombreuses personnes de STMicroelectronics m’ont permis de mener à bien ces travaux de recherche, je tiens à vivement les en remercier : Ludovic Girardot, Pierre Guenard, Mohamed Hachad, Rachida Bah, Yvon Imbs en font partie. Merci à Thierry Bauchon pour m’avoir permis de commencer cette thèse au sein de l’équipe de Pierre Dautriche. Une pensée particulière et reconnaissante pour Bertrand Vrignon, collègue ‘thésard’ de Crolles, avec qui les échanges ont été plus que fructueux et dont les points de vue ont toujours été pertinents. Merci à Daniel Saias pour ses raisonnements et discussions toujours emprunts d’humilité et d’enthousiasme. Des remerciements toujours, pour leur aide, leur écoute et leur disponibilité : Martial, Florence, Sylvain et Sylvain, Laurent, Eric, Grégoire. Merci à Jessy pour son esprit critique, ses analyses fines, ses compétences infinies et surtout son écoute. Il a toujours su répondre à mes attentes et interrogations pendant ces trois années. Je me réjouis de pouvoir continuer de travailler avec ce ‘grand frère’. Merci aux Arnaud, Mickaël, Thierry, Vincent, David, Gilbert, Geoffroy, Jean-Marc pour les repas toujours animés, les nombreux cafés offerts, les matinées sur les pistes, tous ces débats stériles, ces échanges de résultats sportifs et tant d’autres choses encore (Kebabs, pizzas, bières … ). Merci aux tontons flingueurs pour tout ce qu’ils m’ont appris et continueront à m’apprendre : Jeff, Pierrot, Bernard et P-O. Merci à Cécile et Jeff pour leur maîtrise du dialecte insulaire d’outre Manche. Merci à l’équipe de charme du premier : Pierrette, Brigitte, Claire, Violaine et Gaëlle, merci pour leur gentillesse et leur sourire. Merci à Jérôme et Annie sans oublier syndicat d’initiative de Lingreville. La vie d’un thésard CIFRE ne se résume heureusement pas, au désespoir de ses directeurs de thèse, au seuls labo et entreprise. L’environnement amical et familial a en effet une grande importance sur son rendement scientifique ! Comment en effet ne pas sombrer dans la folie sans avoir ça et là quelques bulles d’air permettant de respirer la réalité à plein poumon, l’espace de quelques instants. Merci donc au Rhône Sportif Rugby composé de joyeux drilles, de gens d’exception, de copains de toujours. Plus de quinze années de bons et loyaux services, d’amitié, d’essais et de bagarres sur les terrains de France ! Merci Alex les bons tuyaux pour ton long bras et tes entrées ! Merci à mes amis de toujours : Laz le fidèle, Gaby le timousse, Ludo le bellâtre, David l’expansif, Jean-Marc le lumineux et Frantz le jovial. Nos retrouvailles se font rares et sont d’autant plus précieuses. Nous continuerons de nous retrouver avec autant de bonheur pour de longues années encore : merci pour ces instants précieux, ces franches rigolades autour de merguez, ces parties de foot interminables, ces virées nocturnes toujours achevées devant une porte fermée et un videur, ces excursions de part l’Europe des plages … et tout ce que vous m’avez apportés toutes ces dernières années, il nous reste tellement de choses à fêter, à partager. Je tiens à faire part de ma reconnaissance à toute ma famille pour avoir supporter mes états lunatiques, pour avoir toujours essayer de faire preuve d’une curiosité condescendante vis-à-vis de mes obscures voir futiles travaux et préoccupations. Merci pour m’avoir entouré, fait rire, fait pleurer, pour m’avoir apporté toute cette sérénité. Merci donc à mes oncles, tantes, cousins, cousines pour leur soutien et la fierté touchante qu’ils éprouvent à mon égard : Monique, Ginette, Pierre et Serge. Merci Roger et Mercedes pour leur fille, leur famille, leur accueil, leur gentillesse, leur tapas, leur potager et un peu leurs chats… Merci Bertrand aussi fier de son petit frère que je le suis de mon grand frère, merci pour ton courage, ta présence, ta générosité dans la difficulté. Merci Poune pour m’avoir fait réaliser, à ta manière, qu’il faut manger et dormir pour vivre ! Merci Marie pour tes coups de blues, tes coups de gueule, tes coups de crayons et de génie. Merci pour tes conseils esthètes, ton recul et ta vision différente des choses. Merci pour Laurent et p’tit Pierre et les rires qu’ils nous apportent. Merci Denis pour ton beau verbe, tes voyages, ton expérience, tes amis, ton niveau respectable à PES et un peu pour ton humour. Merci grand frère ! Merci Valentine de ne pas l’avoir emmené trop loin ! Merci Maman et Papa pour m’avoir toujours donné les possibilités d’aller plus loin, plus haut. Merci pour votre soutien dans nos choix, merci pour les valeurs que vous nous avez transmises, merci pour votre humilité, votre générosité, votre courage, votre amour, votre fierté … et surtout merci pour les couches, merci pour les bises du soir, merci pour le vélo à roulettes, sans roulette, merci pour les goûters et les devoirs à la maison, merci pour le sport du mercredi, merci pour les vacances à la mer, merci pour les rédactions, merci pour les copains à la maison, merci pour les gifles, merci pour les dissertations … merci pour cette thèse. Merci ma petite Milou de m’avoir donné le goût d’aller plus loin, merci de m’avoir écouté, conseillé. Merci de m’avoir gardé les pieds sur terre, merci de nous avoir fait s’envoler. Merci pour ces soirées calmes au coin de la télé, merci pour la vie parisienne (merci la SNCF pour le TGV). Merci pour les conférences, merci pour ces beaux voyages à travers toute l’Europe. Merci pour ta patience, merci pour ton impatience. Merci pour tes rires, merci pour tes larmes. Merci simplement d’être toujours là telle que tu es… La simplicité est la sophistication suprême. Qui ne doute pas acquiert peu - Leonardo DaVinci - SOMMAIRE INTRODUCTION ...................................................................................................................................................3 LA TELEVISION NUMERIQUE TERRESTRE : UN RECEPTEUR NUMERIQUE ........................................................................3 STMICROELECTRONICS ET LA RECEPTION NUMERIQUE ...................................................................................................4 LES RECEPTEURS NUMERIQUES ET LES CIRCUITS MIXTES : DES DEFIS TECHNOLOGIQUES ............................................5 LE BRUIT OU COUPLAGE SUBSTRAT DANS LES CIRCUITS MIXTES .....................................................................................5 PREMIERE PARTIE...............................................................................................................................................7 1 2 INTRODUCTION .........................................................................................................................................................9 GENERATION DE BRUIT DANS LE SUBSTRAT ............................................................................................................9 2.1 Le bruit d’alimentation ................................................................................................... 9 2.1.1 2.1.2 2.2 Le couplage capacitif .................................................................................................... 49 2.3 Autres phénomènes de génération de bruit substrat ................................................... 53 2.2.1 2.2.2 2.3.1 2.3.2 3 3.2 3.2.1 3.2.2 3.2.3 Mécanismes............................................................................................................................................................. 53 Modélisations ......................................................................................................................................................... 54 Mécanismes de propagation ............................................................................................................................. 55 La Propagation dans différents types de substrat .................................................................................... 57 Les moyens d’isolation substrat ...................................................................................................................... 61 Modélisation de la propagation .................................................................................... 66 Méthode des éléments finis............................................................................................................................... 66 Méthode des fonctions de Green ..................................................................................................................... 67 Comparaisons entre les méthodes de modélisation................................................................................. 69 IMPACT DU BRUIT SUBSTRAT SUR LES SYSTEMES INTEGRES ................................................................................71 4.1 Mécanismes et Généralités ........................................................................................... 71 4.1.1 4.1.2 4.1.3 4.1.4 4.2 4.2.1 4.2.2 5 6 Mécanismes............................................................................................................................................................. 49 Modélisations ......................................................................................................................................................... 50 PROPAGATION DE BRUIT DANS LE SUBSTRAT ........................................................................................................55 3.1 Mécanismes et généralités de la propagation substrat ................................................ 55 3.1.1 3.1.2 3.1.3 4 Mécanismes............................................................................................................................................................... 9 Modélisations ......................................................................................................................................................... 13 Le bruit d’alimentation........................................................................................................................................ 71 Le couplage capacitif ........................................................................................................................................... 71 Autres phénomènes ............................................................................................................................................. 71 Quelques composants discrets......................................................................................................................... 73 Bruit substrat et performances des systèmes .............................................................. 75 Quelques généralités ........................................................................................................................................... 75 Quelques cas concrets......................................................................................................................................... 76 CONCLUSIONS .........................................................................................................................................................81 BIBLIOGRAPHIE.......................................................................................................................................................83 SECONDE PARTIE...............................................................................................................................................87 1 2 INTRODUCTION .......................................................................................................................................................89 SAUTS D’ALIMENTATION NUMERIQUE ....................................................................................................................89 2.1 Généralités.................................................................................................................... 89 2.1.1 2.1.2 2.1.3 2.2 Simulations et méthodes .............................................................................................. 96 2.3 Quelques cas concrets ................................................................................................ 103 2.2.1 2.2.2 2.3.1 2.3.2 2.3.3 2.3.4 3 Description .............................................................................................................................................................. 89 Méthode de simulation ....................................................................................................................................... 90 Application informatique de modélisation des sauts d’alimentation ................................................. 91 Influence des lignes d’alimentation ............................................................................................................... 97 Influence de l’activité interne .......................................................................................................................... 99 Présentation des circuits.................................................................................................................................. 103 Etude du bruit d’alimentation......................................................................................................................... 104 Impact sur la propagation des signaux digitaux ..................................................................................... 109 Bilan et état des lieux........................................................................................................................................ 110 PROPAGATION DANS LE SUBSTRAT.......................................................................................................................111 3.1 Généralités.................................................................................................................. 111 3.1.1 3.1.2 3.1.3 Description du problème rencontré.............................................................................................................. 111 Méthode de simulation ..................................................................................................................................... 111 Application d’extraction des éléments parasites substrat ................................................................... 115 1 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 3.2 3.2.1 3.2.3 3.2.4 3.2.5 4 Présentation d’un problème typique ........................................................................................................... 118 Diverses possibilités d’implémentation ...................................................................................................... 121 Comparaison des simulations ........................................................................................................................ 126 Bilan et état des lieux ....................................................................................................................................... 130 APPLICATION SUR UN CAS REEL ........................................................................................................................... 133 4.1 Circuit de Test dédié.................................................................................................... 133 4.1.1 4.1.2 4.1.3 4.1.4 4.1.5 4.1.6 5 Simulations et méthodes............................................................................................. 118 Introduction ......................................................................................................................................................... 133 Présentation du Circuit de Test ..................................................................................................................... 133 Modélisations du Circuit de Test ................................................................................................................... 141 Mesures et Simulations .................................................................................................................................... 149 Optimisation du circuit de test ...................................................................................................................... 164 Conclusions........................................................................................................................................................... 172 BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................................... 173 CONCLUSION ................................................................................................................................................... 177 ANNEXES........................................................................................................................................................... 179 BIBLIOGRAPHIE PERSONNELLE :................................................................................................................................... 181 GLOSSAIRE : ............................................................................................................................................................... 183 CALCUL DE LA REPONSE D’UN SYSTEME OSCILLANT RLC A UN COURANT D’EXCITATION .......................................... 187 ELEMENTS PARASITES INDUITS PAR UNE GRILLE D’ALIMENTATION DE CIRCUIT NUMERIQUE................................... 189 1. 2. 3. Méthode d’extraction ................................................................................................................................................... 189 Résistance, inductance propre et mutuelle d’une grille d’alimentation................................................................. 189 Capacité d’un grille d’alimentation ............................................................................................................................. 193 EXTRACTION DES RESISTANCES ET CAPACITES SUBSTRAT ........................................................................................... 195 PAR L’UTILISATION DE FONCTIONS DE GREEN.............................................................................................................. 195 SIMPLIFICATIONS ET MISE EN PLACE ............................................................................................................................ 201 DES MODELES SUBSTRAT ................................................................................................................................................ 201 1. 2. Simplification substrat d’un bloc numérique............................................................................................................. 201 Méthodes de modélisation de structures dans le substrat ..................................................................................... 205 EXEMPLE DE MODELISATION D’UN BOITIER TQFP100 ............................................................................................... 209 A PARTIR DES GRATUICIELS FASTHENRY ET FASTCAP .................................................................................................. 209 2 Introduction INTRODUCTION Le 16 octobre 2005, le premier ministre a réaffirmé la volonté du gouvernement d’accélérer le déploiement de la télévision numérique terrestre (TNT) sur le territoire français pour que « 85% des Français puissent y avoir accès d’ici le printemps 2007 » [1]. L’émergence de cette technologie en France est pourtant tardive par rapport à nos voisins européens. La France souffrirait-elle d’un retard technologique ? En réalité, dès 1998, une réflexion sur la télévision numérique terrestre est menée. Ce rapport conclu en 1999 à l’avènement inéluctable de la TNT. Le CSA autorise alors TDF à effectuer les premières expérimentations de diffusions numériques [2]. En août 2000, le dossier est relancé et la TNT est enfin dotée d’un cadre juridique par une nouvelle loi sur l'audiovisuel. Nos voisins européens (l'Angleterre, la Suède et l'Espagne) s’étaient déjà lancés dans l'aventure de la télévision du XXIe siècle en fixant depuis plusieurs années un cadre juridique à ce qu'on appelait alors la TVNT. Tout de suite, c'est la levée de boucliers chez certains opérateurs privés qui voient l'arrivée possible (et probable) de concurrents sur le réseau hertzien d'un très mauvais œil. Pas question de partager le gâteau publicitaire [3]. Aux différentes luttes politico-économiques s’ajoutent des divergences à caractère technologique : quelle norme de compression choisir ? Mpeg-2, de qualité DVD ou Mpeg-4 de meilleure définition ? De ces multiples batailles naît, après de nombreux retards accumulés, la Télévision Numérique « à la Française », récemment dénommée « Télévision Numérique pour Tous ». Cet exemple de l’actualité démontre l’influence grandissante des nouvelles technologies sur les choix de nos sociétés et surtout l’importance politique et économique de la communication de masse. La Télévision Numérique Terrestre : un récepteur numérique Techniquement parlant, la Télévision Numérique Terrestre est prête depuis plusieurs années. L’Angleterre, pionnière européenne, s’est lancée dans l’aventure dès 2002. Le principe général de fonctionnement de la TNT, aussi appelée DVB-T pour Digital Video Broadcasting Television, est connu et mis au point depuis le milieu des années 90. Un schéma de fonctionnement simplifié est donné par la figure 1. Figure 1. Principe de fonctionnement de la Télévision Numérique Terrestre [4] L’émission de programmes de télévision numérique terrestres peut être décomposée en quatre étapes : Le codage des sources (video et audio) ou compression (mpeg-2 ou mpeg-4), Le multiplexage des programmes : plusieurs sources sont en effet intégrées dans le même canal, Le transport : le signal encodé est transporté depuis le diffuseur jusqu’aux différents relais Hertziens, par liaison satellite ou fibres optiques, 3 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes La diffusion par modulation COFDM (Coded Orthogonal Frequency Division Multiplex), une norme de diffusion dont le principe général consiste à répartir aléatoirement des symboles de durée Ts (temps symbole utile) sur différentes porteuses modulées [5]. La réception de la télévision numérique terrestre se fait, comme son nom l’indique, par voie Hertzienne, à l’aide d’une antenne râteau classique. Un boîtier spécifique à la TNT, se situant entre l’antenne et le téléviseur permet de démoduler et décoder les nouvelles émissions TV. La réception numérique terrestre suit le schéma global de la réception numérique Mpeg-2 donnée sur la figure 2. Ce principe est repris par tous les boîtiers de réception numérique télévisuelle, communément appelés SetTop-Box (boîtier sur la télévision). Figure 2. Synoptique d’un récepteur numérique [5] De par les différences caractérisant les processus de modulation, le récepteur TV numérique se doit de comporter un démodulateur propre à chaque mode : câble, satellite et terrestre. Ce démodulateur transforme les données analogiques reçues en données numériques plus facilement manipulables à l’aide de divers algorithmes numériques. Le démultiplexeur extrait du flux de données numériques en entrée des données correspondant au programme télévision choisi par le téléspectateur et les répartit entre les décodeurs audio et vidéo. Ces différents décodeurs sont des dispositifs de traitement des signaux numériques. Les données additionnelles (vidéotext…) sont traitées par des décodeurs prévus à cette intention. Dans le cas de programmes cryptés, le dispositif d’autorisation d’accès est activé. En l’absence d’autorisation, les décodeurs sont inhibés. Les données décodées et décomprimées sont ensuite converties dans le domaine analogique et alors transmises respectivement à l’écran et aux haut-parleurs du téléviseur [5]. Dans la chaîne de réception de la Télévision Numérique Terrestre, différents types de circuit électronique intégré sont indispensables : Une partie analogique de réception, Une partie analogique/numérique de conversion, Plusieurs parties numériques de traitements des données numériques, Une partie de conversion numérique/analogique, Une partie analogique de sortie vers le dispositif d’affichage et de sonorisation. STMicroelectronics et la réception numérique La division HEG (Home Entertainement Group) de STMicroelectronics dans laquelle se sont déroulés ces travaux de recherches se positionne parmi les leaders mondiaux dans l’élaboration de systèmes intégrés de réception numérique. ST a d’ailleurs contribué de façon importante à la définition du standard DVB-T (Télévision Numérique Terrestre) et a été le chef de file du projet de R&D précompétitif DVBird (Digital Video Broadcasting Integrated Receiver-Decoder) de l'Union Européenne. " ST, qui a présenté le tout premier jeu de circuits COFDM dès 1998, propose aujourd'hui la solution COFDM à un seul circuit la plus économique du 4 Introduction marché ", a déclaré en avril 2001 Christos Lagomichos, Vice President et Directeur Général de la division Décodeurs Numériques de STMicroelectronics [6], et l’un des axes majeurs de la politique commerciale de STMicroelectronics est de fournir à moindre coût des solutions de haute technologie dont la télévision numérique terrestre est un exemple parmi les nombreux champs d’applications de la division HEG. Les récepteurs numériques et les circuits mixtes : des défis technologiques Or, la réduction des coûts de ces dispositifs de haute technologie, et donc leur démocratisation, passe par une intégration croissante de fonctionnalités dans les circuits intégrés sur silicium : ce sont les Systèmes sur Puce ou System On Chip. De ces contraintes économiques naissent d’évidentes contraintes technologiques liées à la conception de ces circuits dits mixtes. Ces circuits mixtes intègrent de l’analogique, mais aussi du numérique sur la même pastille de silicium. Les circuits intégrés dédiés à la réception de la TNT sont de parfaits exemples de circuits mixtes. La cohabitation de ces deux types de fonction, analogique et numérique, sur le même morceau de silicium pose de nombreux problèmes de compatibilités, principalement électromagnétiques. D’une part, les algorithmes de décodage, décompression et autres traitements numériques sont de plus en plus complexes et nécessitent toujours plus de portes logiques, de mémoires et une vitesse de fonctionnement accrue. La réduction de la taille des transistors (aujourd’hui en dessous de 100 nm) permet d’intégrer ces fonctions numériques complexes en grand nombre. L’intégration de toujours plus de composants numériques implique des niveaux d’émissions électromagnétiques de plus en plus élevés : les commutations rapides de la circuiterie numérique génèrent du bruit électromagnétique déterministe. D’autre part, les normes de transmission des signaux électromagnétiques sont de plus en plus exigeantes et leur niveau de plus en plus faible. Le ratio signal sur bruit, une donnée de performance d’un dispositif analogique, doit être le plus important possible. Les dispositifs analogiques de traitement de ces signaux sont en effet de plus en plus sensibles. La diminution de la taille de transistors est en effet accompagnée d’une diminution des tensions d’alimentation des circuits intégrés, conférant une immunité moindre de ces dispositifs aux perturbations électromagnétiques. Afin d’intégrer de plus en plus d’éléments, d’une chaîne de réception de télévision numérique par exemple, il devient indispensable de prendre en compte les interactions électromagnétiques entre circuits numériques bruyants et circuits analogiques sensibles. Différents outils de Conception Assistée par Ordinateur (CAO) en microélectronique peuvent être utilisés par les concepteurs pour permettre d’orienter certains choix technologiques lors de l’élaboration de circuits intégrés mixtes. Malgré toutes les précautions prises, il est très fréquent d’observer des phénomènes de perturbation importants sur les circuits intégrés sortant de fabrication, impliquant des disfonctionnements ou le non-respect du cahier des charges de départ. Plusieurs versions d’un même circuit sont généralement nécessaires pour comprendre et maîtriser les phénomènes incriminés. Le temps perdu à corriger les disfonctionnements constitue un retard de mise sur le marché d’un produit, et de l’argent dépensé en manipulations et opérations diverses d’investigations ou de corrections des erreurs de conception rencontrées Le bruit ou couplage substrat dans les circuits mixtes Une enquête rapide menée en début de thèse sur les différents circuits intégrés rencontrant des difficultés de conception, a très vite désigné un suspect commun, cause prétendue de tous les maux in silicis : le couplage substrat. Nous avons pu observer auprès de concepteurs de tous bords, une certaine circonspection vis-à-vis du phénomène. Dans la bataille l’opposant au bruit substrat, ennemi impalpable et volatile, le concepteur ne pouvait compter, parmi ses alliés, que son expérience et sa réflexion. De plus, comme nous le montrerons dans ce document, le couplage par le substrat n’est pas un phénomène complexe en soit, mais il implique beaucoup d’éléments de nature différente d’un circuit intégré dans son application. La prise en compte de ce phénomène fait appel à un spectre large de connaissances électroniques et électriques non limité à la simple dénomination 5 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes mixte analogique et numérique. Il est en effet nécessaire de considérer le circuit dans son application entière pour appréhender correctement le couplage par le substrat dans les circuits mixtes. L’objectif principal de ces travaux de thèse consiste à donner l’éclairage le plus précis possible des phénomènes mis en jeu sous l’appellation diffuse de bruit substrat, mais aussi de permettre la quantification de ces mécanismes, préalable à toutes les démarches d’optimisation du fonctionnement d’un circuit mixte. Ce travail s’adresse à un public large, incluant plusieurs métiers de la microélectronique : la conception de circuit imprimé, la conception de boîtier pour circuit intégré, la conception d’architecture, et bien entendu la conception numérique et analogique de circuits intégrés. Nous avons donc fait le choix peu conventionnel de le diviser en deux parties, presque indépendantes : Une première partie théorique : « Couplage par le substrat : mécanismes et modélisation ». L’objectif de cette partie est de rendre perceptible de manière simple les phénomènes incriminés dans le couplage par le substrat. Ces différents phénomènes sont donc décrits, des pistes de modélisation possible sont données. Différentes clés et méthodes, que nous avons utilisées, sont exposées afin de permettre une mise en place rapide d’un modèle électrique permettant d’évaluer, de mettre en cause ou de disculper le couplage par le substrat dans un circuit mixte. La liste des méthodes fournies n’est pas exhaustive. En effet, de nouveaux ou d’autres outils de conception microélectronique peuvent tout à fait être utilisés ou mis en place par le concepteur. Cette première partie se veut la plus pédagogique possible afin de rendre visibles les ‘fantômes’ du substrat. Une deuxième partie pratique : « Couplage par le substrat : Méthodes, Simulations et Mesures ». Cette partie complète les informations de la première partie par des résultats expérimentaux. Des méthodes décrivant des possibilités de modélisation du couplage par le substrat sont données et différentes études sur des cas concrets sont montrées. Un circuit de test dédié au couplage par le substrat a été conçu dans le cadre de ces travaux de thèse. Ce circuit ainsi que les nombreux résultats en provenant sont présentés en détail dans cette deuxième partie. La prise de conscience de l’efficacité des méthodes mises en place et des nombreuses perspectives et enjeux qu’elles entrouvrent serviront de conclusion à cette thèse et aussi à ces trois années de recherches pratiques. [1] [2] [3] [4] [5] [6] 6 Le Nouvel Observateur, le 16 octobre 2005, www.nouvelobs.com. TDF, "La TNT en quelques dates," 2005, www.tdf.fr. R. Pietton, "Histoire de la TNT : des débuts chaotiques," france5, 2005, www.france5.fr. "La génèse de la TNT," tvnt.net, 2005, www.tvnt.net/genese_V2.htm. L. Grimaud, "DVB-T Principe de fonctionnement Perspectives d'implantation en France Etat de développement actuel des récepteurs," Conservatoire National des Arts et Métiers, 2000. "STMicroelectronics Introduit un Démodulateur COFDM à un Seul Circuit pour la Télévision Terrestre Numérique," STMicroelectronic, 2001, www.st.com. PREMIERE PARTIE Couplage par le substrat : Mécanismes et Modélisation Résumé : Les mécanismes et phénomènes incriminés dans le couplage par le substrat sont décrits. A partir de la compréhension de ces phénomènes, des méthodes de modélisation et simulations sont données. Des comparaisons entre différents outils permettant de modéliser et simuler les divers mécanismes sont données au fur et à mesure des descriptions. Les différents mécanismes mis en jeu dans le bruit substrat sont classés dans trois grandes parties : - La génération des perturbations susceptibles de transiter dans le substrat, - La propagation des tensions et courants parasites dans le substrat du circuit intégré, - La réception des perturbations substrat par les victimes potentielles du bruit substrat. SOMMAIRE 1 2 INTRODUCTION .............................................................................................................................................9 GENERATION DE BRUIT DANS LE SUBSTRAT ....................................................................................................9 2.1 Le bruit d’alimentation........................................................................................................................9 2.1.1 Mécanismes...................................................................................................................................9 2.1.1.1 Les lignes d’alimentation ....................................................................................................10 2.1.1.2 L’impédance du cœur du circuit..........................................................................................10 2.1.1.3 Le courant de fonctionnement ............................................................................................11 2.1.1.4 Les sauts d’alimentation et de masse.................................................................................13 2.1.2 Modélisations...............................................................................................................................13 2.1.2.1 Integrated Circuit Emission Model [12] ...............................................................................13 2.1.2.2 Les lignes d’alimentations...................................................................................................15 2.1.2.3 L’impédance de cœur du circuit..........................................................................................30 2.1.2.4 Les courants dynamiques de consommation .....................................................................39 2.2 Le couplage capacitif .......................................................................................................................49 2.2.1 Mécanismes.................................................................................................................................49 2.2.1.1 Capacités MOS des transistors ..........................................................................................49 2.2.1.2 Capacités drain/substrat et source/substrat .......................................................................49 2.2.1.3 Capacités interconnections/substrat...................................................................................49 2.2.1.4 Capacités caissons/substrat ...............................................................................................50 2.2.2 Modélisations...............................................................................................................................50 2.2.2.1 Modèle SPICE du transistor ...............................................................................................50 2.2.2.2 Source de Thévenin équivalente ........................................................................................50 2.2.2.3 Comparaisons entre les méthodes .....................................................................................51 2.3 Autres phénomènes de génération de bruit substrat.......................................................................53 2.3.1 Mécanismes.................................................................................................................................53 2.3.1.1 Ionisation par impact...........................................................................................................53 2.3.1.2 Courant de fuite de grille.....................................................................................................53 2.3.1.3 Courant photo-induit ...........................................................................................................53 2.3.1.4 Courant de fuite des diodes polarisées en inverse.............................................................54 2.3.2 Modélisations...............................................................................................................................54 2.3.2.1 Modèle SPICE du transistor ...............................................................................................54 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 2.3.2.2 Source de Thévenin équivalente ....................................................................................... 54 PROPAGATION DE BRUIT DANS LE SUBSTRAT................................................................................................ 55 3.1 Mécanismes et généralités de la propagation substrat .................................................................. 55 3.1.1 Mécanismes de propagation....................................................................................................... 55 3.1.1.1 Effet résistif ........................................................................................................................ 55 3.1.1.2 Effet Capacitif..................................................................................................................... 55 3.1.1.3 Effet de peau ou effet pelliculaire....................................................................................... 56 3.1.2 La Propagation dans différents types de substrat ...................................................................... 57 3.1.2.1 Les substrats conducteurs ................................................................................................. 57 3.1.2.2 Les substrats résistifs......................................................................................................... 58 3.1.2.3 Les substrats isolants : SOI ............................................................................................... 60 3.1.3 Les moyens d’isolation substrat ................................................................................................. 61 3.1.3.1 Les anneaux de garde ....................................................................................................... 61 3.1.3.2 Les couches enterrées....................................................................................................... 62 3.1.3.4 La connexion de la face arrière.......................................................................................... 63 3.1.3.5 Isolations diverses.............................................................................................................. 63 3.1.3.6 Efficacité de certaines méthodes ....................................................................................... 64 3.2 Modélisation de la propagation ....................................................................................................... 66 3.2.1 Méthode des éléments finis ........................................................................................................ 66 3.2.1.1 Synopsys Taurus-Medici [31]............................................................................................. 66 3.2.1.2 Comsol Femlab [28] ........................................................................................................... 66 3.2.1.3 Cadence Substrate Noise Analyst [19] .............................................................................. 66 3.2.2 Méthode des fonctions de Green ............................................................................................... 67 3.2.2.1 Fonctions de Green............................................................................................................ 67 3.2.2.2 Fonctions de Green et propagation dans le substrat......................................................... 67 3.2.3 Comparaisons entre les méthodes de modélisation .................................................................. 69 4 IMPACT DU BRUIT SUBSTRAT SUR LES SYSTEMES INTEGRES .......................................................................... 71 4.1 Mécanismes et Généralités ............................................................................................................ 71 4.1.1 Le bruit d’alimentation................................................................................................................. 71 4.1.2 Le couplage capacitif .................................................................................................................. 71 4.1.3 Autres phénomènes.................................................................................................................... 71 4.1.3.1 Transconductance substrat................................................................................................ 71 4.1.3.2 Boucle de contre-réaction .................................................................................................. 72 4.1.3.3 Bruit thermique................................................................................................................... 73 4.1.3.4 Pertes substrat et effet de retard ....................................................................................... 73 4.1.4 Quelques composants discrets .................................................................................................. 73 4.1.4.1 Composants actifs.............................................................................................................. 74 4.1.4.2 Composants passifs........................................................................................................... 74 4.2 Bruit substrat et performances des systèmes................................................................................. 75 4.2.1 Quelques généralités.................................................................................................................. 75 4.2.2 Quelques cas concrets ............................................................................................................... 76 4.2.2.1 Convertisseur Sigma/Delta ................................................................................................ 76 4.2.2.2 Oscillateur commandé en tension...................................................................................... 77 4.2.2.3 Amplificateur ...................................................................................................................... 78 5 CONCLUSIONS ........................................................................................................................................... 81 6 BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................................... 83 3 8 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 1 Introduction L’intitulé ‘couplage substrat’ englobe plusieurs phénomènes. Le substrat est un milieu où peuvent s’établir des différences de potentiel qui induisent une propagation de courants parasites. Comme l’illustre la Figure I.1, nous pouvons le décomposer en trois parties distinctes : la génération de perturbations, la propagation de ces perturbations dans le substrat du circuit, la réception des tensions parasites par les victimes du couplage substrat. Partie bruyante Partie sensible Propagation substrat Figure I.1 : Le couplage substrat Ce chapitre se décompose donc en trois parties, suivant ce même schéma logique : Génération de bruit dans le substrat, Propagation du bruit dans le substrat, Réception des tensions parasites substrat. 2 Génération de bruit dans le substrat Plusieurs mécanismes, de nature différente, peuvent créer des perturbations susceptibles de se propager dans le substrat d’un circuit intégré. Ces différents phénomènes impliqués dans la génération de bruit substrat sont ici décrits. Une bonne compréhension de ces mécanismes devrait permettre de les modéliser d’une manière optimale et ainsi de les prendre en compte lors des futurs développements de circuits intégrés. La circuiterie digitale est désignée coupable de perturbations dans la quasi-totalité des circuits mixtes actuels [1]. Nous décrirons donc principalement le bruit généré par des composants de type MOS, brique de base des circuits logiques actuels. L’ensemble des phénomènes liés à l’activité digitale est communément appelé ‘bruit de commutation digitale’. 2.1 Le bruit d’alimentation Le bruit d’alimentation ‘digital’ a été identifié comme étant une des principales sources de bruit transitant par le substrat [2]. La complexité grandissante des circuits, et par conséquent une consommation de plus en plus importante, implique, malgré une diminution des tensions d’alimentation, de prendre en compte lors de la phase de conception, les phénomènes liés à l’alimentation des circuits numériques [3]. 2.1.1 Mécanismes Les différentes lignes d’alimentation d’un circuit électronique ne sont pas idéales, et induisent, surtout à l’échelle submicronique, des éléments parasites, susceptibles de perturber l’apport de courant aux différents transistors du circuit [4]. Ces éléments parasites, telles des résistances, inductances (propres et mutuelles) et autres capacités, impliquent lors des commutations internes du circuit, des sauts et chutes de tension des alimentations et masses. Ces perturbations sont transmises dans le substrat via les différentes structures de polarisation substrat de ce circuit. 9 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 2.1.1.1 Les lignes d’alimentation Avant de parvenir au cœur même d’un circuit, le courant d’alimentation doit parcourir plusieurs structures, qui sont autant d’obstacles à son passage. Pour une application classique électronique, le courant doit traverser [5] : Les lignes d’alimentation du circuit imprimé et leurs composants passifs et actifs (capacité, résistance, inductance, régulateurs de tension …), Les pistes métalliques du boîtier du circuit, Les fils de connexion entre le boîtier et le silicium, plus communément appelé bondings, Les interconnexions métalliques sur le silicium. La Figure I.2 montre un chemin typique depuis l’alimentation vdd (en rouge) et la masse gnd (en bleu), que doit emprunter le courant d’alimentation d’un circuit intégré. Figure I.2 : courant d’alimentation d’un circuit intégré dans son application Chacune de ces structures implique des éléments parasites. Principalement, ce sont des inductances, mutuelles et propres, des capacités et des résistances sur ces lignes. Ainsi, afin de prédire le comportement de l’alimentation d’un circuit intégré, il devient nécessaire de prendre en compte tout ou partie de ces éléments, selon le degré de précision voulu. 2.1.1.2 L’impédance du cœur du circuit Un circuit intégré présente aux bornes de son alimentation une impédance, susceptible d’interagir avec l’impédance de l’alimentation. Cette impédance est en fait la mise en parallèle des impédances de chacun des composants élémentaires du circuit, si l’on considère que tous sont connectés au même point d’alimentation. Dans le cas d’un circuit digital, essentiellement constitué de MOS de type N et P, cette impédance est largement capacitive dans le domaine de fréquence courant des circuits numériques, à savoir 1MHz-1GHz [6]. En dessous de 1 MHz, il faut prendre en compte les courants de fuite entre l’alimentation et la masse qui peuvent être modélisés par une résistance en parallèle avec la capacité de coeur. Cette résistance est principalement due à la mise en parallèle de toutes les résistances des canaux des MOS en parallèle. Si individuellement, ces résistances sont fortes, la mise en parallèle de celles-ci peut aboutir à une résistance dont l’impact est non négligeable. Une partie élémentaire d’un circuit digital, un inverseur, ou plutôt une chaîne de deux inverseurs en cascade est considérée et illustrée par la Figure I.3 : Figure I.3 : Deux inverseurs MOS en cascade 10 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation A cette structure physique, correspond le schéma électrique, donné par la Figure I.4. Les impédances ayant les valeurs les plus significatives ont été ajoutées à ce schéma électrique. Vdd Vin A CGpmos CDBpmos Cvddinterc Rinterc CDBnmos Rinterc Cgndinterc B CNWELL CGnmos Gnd Figure I.4 : Schéma électrique de deux inverseurs MOS en cascade Lorsque l’on applique une tension nulle à l’entrée de l’inverseur A, le NMOS de celui-ci est bloqué, son canal est fortement résistif. Le PMOS lui est passant, son canal est faiblement résistif. L’alimentation du système voit donc l’entrée de l’inverseur suivant, soit une capacité NMOS et une PMOS, mais aussi l’interconnexion métallique entre les deux inverseurs, que l’on peut assimiler à un réseau RC [7]. Il faut ajouter à cela l’ensemble des capacités et résistances parasites des PMOS et NMOS de l’inverseur A : Capacité/conductance drain/substrat, notée CDB sur la figure I.4, Capacité/conductance source/substrat, non notée sur la figure I.4, Capacité/conductance source/drain, non notée sur la figure I.4, Capacité/conductance grille/source, notée CG sur la figure I.4, Capacité/conductance grille/drain, non notée sur la figure I.4, Capacité/conductance grille/substrat, non notée sur la figure I.4. Tous ces composants parasites sont pris en compte dans les modèles MOS classiques de simulation SPICE tel que le Philips MM9 [8]. Lorsque la tension en entrée de l’inverseur A devient positive, le PMOS ne conduit plus le courant, alors que le NMOS devient conducteur. D’autres éléments parasites, dus cette fois-ci au NMOS, sont appliqués à la masse du circuit. Ainsi, l’impédance équivalente aux bornes d’une porte logique varie en fonction de son état logique interne, suivant le ratio de PMOS et NMOS commutés [6]. Un autre élément parasite est la capacité de la diode polarisée en inverse que forment les caissons dopés N d’isolation des PMOS avec le substrat P. Pour un circuit numérique complet, les caissons de type N de toutes les portes logiques forment un caisson commun qui n’est rien d’autre qu’une grande jonction PN polarisée en inverse entre la masse et l’alimentation du bloc numérique. 2.1.1.3 Le courant de fonctionnement Seuls des éléments passifs de l’alimentation d’un circuit électronique ont été décrits. Or, le problème que pose le bruit d’alimentation, c’est justement son aspect dynamique. Cette dynamique perturbante est liée à l’activité du circuit, qu’il soit numérique ou analogique. Une circuiterie numérique a une activité régulière, cadencée par une horloge, et des transitions ‘franches’ entre 0 et 1. Cet activité implique des courants consommés, dans la plupart des cas, très variables, et donc source de perturbations beaucoup plus gênantes qu’un circuit analogique. On peut assimiler un circuit logique à un ‘enchevêtrement’ d’inverseurs, de tailles différentes. En effet, le fonctionnement des portes logiques peut se ramener, de façon plus ou moins directe, à une combinaison d’inverseurs. Chaque inverseur, lors de sa commutation, ‘appelle’ un pic de courant, fonction de sa taille et de la capacité qu’il doit charger. Pour un modèle simplifié d’inverseur, il est aisé d’évaluer la forme du courant absorbé par ses transistors. 11 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes On considère l’inverseur de la Figure I.5, les tailles des grilles du PMOS Mp et du NMOS Mn étant respectivement données par les longueurs et largeurs de grilles lPMOS, wPMOS, lNMOS et wNMOS, les paramètres µn, µp, Coxn, Coxp, Vthn et Vthp sont des données propres à une technologie. Cvddinterc et Cgndinterc sont les capacités que forme l’interconnexion métallique de sortie avec l’alimentation et la masse de l’inverseur. Vdd Cvddinterc = Cp Vin Cgndinterc = Cn Gnd Figure I.5 : Un inverseur MOS et se capacités de sortie A partir des équations classiques de fonctionnement d’un MOS, en régimes triode et de saturation données cidessous [9], w ⎛ 1 ⎞ . ⎜ (V G S − V th ) .V D S − .V D S 2 ⎟ régim e triode l ⎝ 2 ⎠ 1 w 2 = .µ .C ox . . (V G S − V th ) régim e de saturation 2 l I D = µ .C ox . ID nous pouvons donner une évaluation au premier ordre des courants absorbés par les MOS, mais aussi la tension de sortie de l’inverseur, tout ceci en fonction des capacités de sortie de l’inverseur, des caractéristiques de la technologie employée et de la tension appliquée à l’entrée de l’inverseur. Les représentations graphiques des solutions des équations données sont tracées à l’aide d’un outil d’analyse mathématique [10]. La tension d’entrée est assimilée à une rampe passant de 0 à 3.3 V en un temps dénommé transition que l’on fait varier entre 0.1 et 1 nanoseconde. Les capacités de sortie de l’inverseur sont aussi des paramètres qui peuvent varier. Les formes de courants et tensions de la Figure I.6 sont alors obtenues. tension de sortie courant du NMOS courant du PMOS 4V Cn=Cp=5fF Cn=Cp=10fF Cn=Cp=20fF tension d'entrée 3V 0.3mA 2V 1V 0.1mA 4V 0.3mA tension d'entrée 3V 0.2mA 2V 0.1mA 1V 0 1 ns 2 ns 0 1 ns 2 ns 0 1 ns 2 ns Figure I.6 : Courants consommés et tension de sortie d’un inverseur MOS Le courant consommé par un inverseur en commutation est un pic dont la largeur et la hauteur sont dépendants du temps de transition du signal d’entrée, mais aussi des charges de sortie de l’inverseur. Lorsqu’un front montant est appliqué en entrée, le NMOS consomme plus que le PMOS, car celui-ci est passant et doit ‘tirer’ le signal de sortie vers la masse. Le PMOS conduit peu de courant, lorsque les deux transistors sont passants. Un courant de fuite de très courte durée s’établit entre l’alimentation et la masse. Ce courant de fuite dépend fortement de la transition d’entrée : plus elle est rapide, plus le temps pendant lequel les deux transistors 12 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation conduisent sera court, et donc le courant de fuite faible. Pour les technologies les plus récentes, ce courant de fuite peut être important. Lorsqu’une transition descendante est appliquée en entrée, les pics de courants principaux sont de formes similaires. Cette fois-ci, c’est le PMOS qui doit amener la tension de sortie à la tension d’alimentation, alors que le NMOS fuit. La consommation globale d’un circuit numérique peut être assimilée à une somme de pics de courant sur l’alimentation et sur la masse, ‘demandés’ par chaque porte logique du système. 2.1.1.4 Les sauts d’alimentation et de masse Le bruit d’alimentation d’un circuit numérique est le fruit de l’interaction des différents éléments décrits précédemment. En effet, les composants parasites des lignes d’alimentation forment avec l’impédance du cœur digital des réseaux ‘RLC’, dont les oscillations sont entretenues par les pics de courant régulièrement ‘appelés’ par les portes logiques de l’ensemble numérique. Nous pouvons globaliser cette approche à tous les types de circuits électroniques, les différentes fonctions de transfert des parties décrites, changeant selon le type de système. Un système complet peut donc être caractérisé par une ou des fréquences de résonance, qui seront les fréquences principales perturbantes. Si ces oscillations sont sources de perturbation pour les parties du circuit alentour, elle peuvent aussi causer le dysfonctionnement du circuit perturbateur lui-même [11]. En effet, si les sauts ou les chutes d’alimentation sont trop importants, il se peut que le circuit numérique ne fonctionne plus, car étant sous-alimenté durant un période due aux oscillations naturelles de l’alimentation. Ce point est repris plus en détail dans la deuxième partie de ce document. 2.1.2 Modélisations Une bonne compréhension des différents facteurs responsables du bruit d’alimentation d’un circuit intégré, permet de mettre en place des méthodes et modèles précis du phénomène. Notre choix s’est porté sur un standard en devenir, qui devrait permettre la mise en place du modèle d’alimentation pour un circuit intégré de manière plus efficace, car offrant des utilisations possibles très variées : le modèle ICEM (Integrated Circuit Emission Model) [12]. Une description de ce modèle est faite. Les différents moyens d’extractions utilisés, ayant permis la mise en place de ce modèle lors de ces travaux de recherche, sont exposés. 2.1.2.1 Integrated Circuit Emission Model [12] Cette méthodologie a pour champ d’application la compatibilité électromagnétique (CEM) des circuits intégrés. Elle permet de modéliser, à partir de mesures ou de simulations, les émissions conduites et rayonnées d’un circuit électronique intégré dans son environnement d’application, à savoir sur son circuit imprimé. Les émissions conduites se propagent dans les structures physiques, telles les lignes d’alimentation, ou de données d’un circuit imprimé. Les émissions rayonnées se propagent dans l’air : ce sont des ondes électromagnétiques causées par les variations des courants de fonctionnement des circuits intégrés [12]. Les émissions électromagnétiques parasites d’un System On Chip, sont principalement dues aux forts courants d’alimentation transitant dans le circuit lors de son activité [13]. B. Vrignon et al. obtiennent une bonne précision en utilisant ce modèle pour la prédiction des sauts d’alimentation et de masse, et ce au-delà de 2,5 GHz, pour une application numérique [14]. De plus, cette méthode a été proposée comme standard à l’IEC (International Electrotechnical Commission) [12], ce qui dans le futur, pourrait faciliter l’élaboration des modèles pour chaque nouveau circuit microélectronique. Le choix de cette méthode pour simuler les sauts d’alimentation d’un circuit digital parait donc bien naturel. La structure de ce modèle s’articule autour de deux principaux éléments, comme le montre la Figure I.7 : 13 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure I.7 : Architecture de base du modèle ICEM [12] Le sous-modèle PDN, ‘Passive Distribution Network’, décrit les structures électriques du système électronique : les lignes d’alimentation. Ce bloc prend en compte aussi bien le circuit imprimé, le package que le silicium, selon le degré de précision voulu. Concernant le format de description des différents éléments constituant ce PDN, ce modèle est très ouvert, car il autorise l’utilisation de divers moyens de modélisation des impédances d’alimentation : netlists de type SPICE, description haut niveau de type VHDL-AMS, table de valeurs et tous les ‘formats’ acceptés par le simulateur électrique utilisé. Le sous-modèle IA, ‘Internal Activity’, décrit l’activité interne du circuit, en termes de courants absorbés. Ce bloc décrit la consommation de courant dynamique du circuit dont on veut mettre en place le modèle ICEM. Ici encore, le choix de description de l’activité interne d’un circuit est très ouvert. Le modèle complet se connecte au monde externe grâce au bus EP, ‘External Port’. Plusieurs modèles ICEM peuvent ainsi être connectés les uns aux autres afin de mettre en place le modèle ICEM d’un ‘System On Chip’ complexe. Nous verrons par la suite qu’il est possible d’étendre ce modèle pour prendre en compte le couplage substrat. Les deux sous-modèles sont connectés via les IP (Internal Port). Un modèle ICEM très simple, utilisant des éléments discrets, est donné sur la Figure I.8. Ce modèle, dit de niveau 1, décrit l’impédance du circuit intégré par un simple réseau RLC entre l’alimentation et la masse du circuit : une résistance et une inductance globales de l’alimentation et la capacité de cœur Cic. L’activité interne du circuit est modélisée par une source de courant. Figure I.8 : Un modèle ICEM très simple à 4 entrées [12] Le modèle ICEM un peu plus complexe, dit de niveau 2, du même circuit est donné sur la Figure I.9. La partie numérique, nommée Core, est alimentée par deux paires d’alimentation VccCorePDN et VssCorePDN. La capacité de cœur numérique, notée Cic et CicVcc est de même valeur entre les deux modèles ICEM : 3.15 nF. L’activité interne du circuit est modélisée ici encore par une source de courant. Dans ce modèle, plus précis, figure une partie analogique alimentée par une paire d’alimentation nommée VccAnalPDN et VssAnalPDN. L’activité analogique est encore ici modélisée par une source de courant. 14 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Figure I.9 : Modèle ICEM complexe à 10 entrées [12] La mise en place de ce modèle peut être effectuée de plusieurs manières : A partir de mesures sur le circuit intégré (impédances, courants, tensions, paramètres S et autres méthodes de mesures [12]) A partir de simulations/extractions du circuit intégré. Nous choisissons la deuxième méthode, car ce modèle doit nous permettre de faire des prédictions sur un circuit en cours d’élaboration. Nous décrivons donc, dans la suite de ce chapitre, les différents outils et méthodes utilisés pour la mise en place du modèle ICEM des circuits intégrés. 2.1.2.2 Les lignes d’alimentations Comme nous l’avons vu, il est nécessaire de prendre en compte tous les éléments de l’alimentation d’un circuit électronique intégré, afin de prédire le plus finement possible les sauts d’alimentation et de masse de celui-ci. Nous exposerons ici, les différentes méthodes utilisées pour obtenir les éléments parasites de chacune des structures physiques de l’alimentation : le circuit imprimé, le package (boîtier) et ses bondings (fils de connexion) et enfin le silicium. 2.1.2.2.1 Influence de la longueur de ligne La mise en place d’un schéma électrique équivalent pour une ligne d’alimentation, doit faire l’objet des mêmes égards que pour les lignes de transmission de signaux. Une ligne peut être modélisée par une cellule RLC, en veillant à ce que le critère du ‘λ/10’ soit respecté [7]. Si la longueur de la ligne dépasse le dixième de la longueur d’onde du signal à propager, celle-ci doit être divisée en plusieurs tronçons RLC afin de garantir une meilleure précision lors des simulations. Ce critère est donné par les équations suivantes : L m ax = v = λ v = 10 10.fm ax c εr λ en m , Fm a x en H z v en m .s -1 , ε r : perm ittivité rela tive, c = 3.10 8 m .s -1 Considérons une ligne d’alimentation dont la longueur est égale à deux fois la longueur maximale donnée par la règle du ‘λ/10’. Il suffit de scinder la cellule RLC de cette ligne en deux cellules équivalentes, de telle manière 15 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes qu’elle se comporte en basses fréquences, de la même manière qu’une seule cellule. L’impédance caractéristique de la ligne doit être gardée. La Figure I.10 donne un aperçu de la manière dont une ligne peut être modélisée et scindée. R Vin L L R R/2 Vout C Vin L/2 L/2 R/2 R/2 C/2 L/2 C/2 L/2 R/2 Vout Figure I.10 : Modèle discret de ligne Pour certains types de lignes, dont l’impédance caractéristique est connue, il suffit d’utiliser directement les modèles distribués de ligne, fournis par les différents outils de simulation. 2.1.2.2.2 L’effet de peau ou effet pelliculaire Les courants à haute fréquence ne se propagent pas dans les conducteurs comme le courant continu ou à basse fréquence. Au lieu d'utiliser la totalité de la section du conducteur, ils se cantonnent dans les couches proches de la surface du conducteur. La densité de courant décroît de façon exponentielle au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la surface. L'épaisseur moyenne e (en m) de la "peau" dans laquelle circulent les courants HF peut être estimée à l'aide de la formule: e= ρ π .µ 0 .µ r .f e : épaisseur m oyen ne en m ρ est la résistivité électrique du matériau en Ω.m (18.10-9 pour le cuivre), µ0 la perméabilité magnétique du vide (4 π .10-7) en H/m, µr la perméabilité relative du matériau (proche de 1 pour le cuivre) et f la fréquence en Hz. 2.1.2.2.3 Calculs et abaques Il s’agit ici de donner les différents abaques et équations, qui permettent d’évaluer les éléments parasites induits par différentes structures d’une ligne d’alimentation d’un circuit intégré. a. Le circuit imprimé Nous considérons ici les lignes d’alimentation comme des lignes de transmission sur circuit imprimé. Les équations suivantes proviennent donc de documents traitant des lignes de transmission sur circuit imprimé [15]. Ces équations considèrent que les lignes d’alimentation sont de section et forme rectangulaires. Les valeurs données par le calcul sont donc des impédances caractéristiques de ligne, des capacités, inductances et résistances par unité de longueur. Ces valeurs permettent d’évaluer les impédances, et n’ont pas la prétention de modéliser ‘à la perfection’ ce type de ligne. Quelques petits rappels sur le calcul des caractéristiques de lignes : Z0 = L0 C0 Z 0 : im pé da n ce ca ra cté risqu e e n o h m Les équations suivantes nous donnent le calcul de Z0 et C0. Connaissant Z0 et C0, le calcul de L0 s’effectue de la façon suivante : L 0 = C 0 .Z 0 2 L 0 : inductance lin éique en H .m -1 C 0 : capacité linéique en F.m -1 Différentes équations permettent d’obtenir ces valeurs, selon les hypothèses et simplifications émises. Ainsi, les résultats obtenus, selon la formule utilisée, peuvent diverger. Il s’agit simplement d’avoir une approximation permettant de modéliser le comportement d’une ligne de manière réaliste. 16 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Les formules suivantes, permettent d’évaluer l’impédance caractéristique et la capacité linéique de quatre types de structure de ligne sur circuit imprimé. εr est la permittivité relative de l’isolant du circuit imprimé, W la largeur de la ligne, T son épaisseur et H l’épaisseur du diélectrique en m. De petits schémas, à coté des formules, permettent d’assigner les bonnes valeurs à ces différents paramètres. Ils représentent des coupes transversales de ces différents types de lignes sur circuit imprimé. La ligne microstrip (micro ruban) 87 Z0= ε r + 1 .4 1 ⎛ 5 .9 8H ⎞ . ln ⎜ ⎟ ⎝ 0 .8 W + T ⎠ 2 6 . 4 (ε r + 1 . 4 1 ) C0= en ohm e n p F .m ⎛ 5 .9 8 H ⎞ ln ⎜ ⎟ ⎝ 0 .8 W + T ⎠ -1 La ligne microstrip enterrée Z0= C0= ⎛ 1 .9 ( 2 H + T ln ⎜ ⎜ 0 .8 W + T ⎝ 60 εr )⎞ en ohm ⎟ ⎟ ⎠ 1 .4 1 ε r e n p F .m - 1 ⎛ 3 .8 1 H ⎞ ln ⎜ ⎟ ⎝ 0 .8 W + T ⎠ La ligne strip (ruban) ⎡ ⎛ - 1 .5 5 H 1 ⎞ ⎤ ⎟⎥ H ⎝ ⎠⎦ ε r' = ε r . ⎢1 - e x p ⎜ ⎣ Z0= C0= 60 ε r' ⎛ 5 .9 8 H ⎞ . ln ⎜ ⎟ ⎝ 0 .8 W + T ⎠ 5 5 . 5 (ε r ' ) en ohm e n p F .m ⎛ 5 .9 8 H ⎞ ln ⎜ ⎟ ⎝ 0 .8 W + T ⎠ -1 Double ligne strip Z 01 = 80 Z 02 = C 0 1 /2 = εr 80 εr ⎛ 1 . 9 (2 H + T ln ⎜ ⎜ 0 .8 W + T ⎝ ) ⎞ ⎛1- H ⎞ ⎟ 4 H1 ⎠ ⎛ 1 . 9 (2 H + T ln ⎜ ⎜ 0 .8 W + T ⎝ ) ⎞ ⎛1- H 4 (H + C + T 111εr ⎟⎜ ⎟ ⎠⎝ ⎟⎜ ⎟⎜ ⎠⎝ ⎡ ⎤ 2 (H - T ) ln ⎢ ⎥ ⎣⎢ 0 . 2 6 8 W + 0 . 3 3 5 T ⎥⎦ en ohm ⎞ ⎟ en ohm ) ⎟⎠ e n p F .m -1 A ces capacités et inductances parasites, la résistance série par unité de longueur de la ligne sur le circuit imprimé peut être ajoutée. Elle se calcule de manière très simple à partir de la formule classique de calcul de résistance linéaire : 17 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes R= 1 σ .S e n Ω .m -1 S est la section de la ligne, en m² et σ (σ =1/ρ) la conductivité du matériau en S.m-1. Il est judicieux, lors du calcul de cette résistance de ligne, de prendre en compte l’effet de peau (skin effect). Si l’on prend en compte cet effet de peau, il ne faut pas calculer S, la section de la ligne, en fonction de l’épaisseur totale de la ligne, mais bel et bien en fonction de l’épaisseur de peau, calculée pour la fréquence désirée avec l’équation donnée en 2.1.2.2.2. S est calculé de la manière suivante dans le cas de conducteur de section rectangulaire de largeur W et d’épaisseur T : ( )( S = W - 2 . e pe au . T - 2 . e pea u ) en m 2 epeau est l’épaisseur de peau en m, W la largeur de la piste en m et T son épaisseur en m. Ces formules permettent de mettre en place un modèle d’alimentation du circuit imprimé de manière rapide. Remarque : Les alimentations sont souvent des plans conducteurs de grande surface. Nous supposerons que ces plans sont parfaitement équipotentiels et n’induisent aucun élément parasite. Exemple d’application : Considèrons un petit circuit, alimenté par une piste de 1 mm de largeur, sur une longueur de 20 mm. Un petit rectangle de 1 mm par 0,25 mm permet de relier la piste d’alimentation au boîtier du circuit. Le type de circuit imprimé est double couche, avec plan de masse sur la face arrière. La couche diélectrique a une permittivité relative 4.3 et une épaisseur de 1 mm. Les couches métalliques sont en cuivre, de conductance 59,6.106 S/m et d’épaisseur 35 µm. Une représentation de cette ligne d’alimentation, très simple, est donnée en Figure I.11. Figure I.11 : Exemple de modélisation d’une ligne d’alimentation de circuit imprimé Dans un premier temps, le calcul pour la grande piste donne les résultats suivants : R0=0.48 Ω/m ; Z0=71,68 Ω ; C0=76.57 pF/m ; donc L0=393,4 nH/m ; Pour une telle ligne de 20 mm de longueur, nous avons donc les caractéristiques suivantes : R=9,6 mΩ ; C=1.53 pF ; L=7.87 nH et Fmax=758 MHz ; D’après la règle du ‘λ/10’, une seule cellule RLC (cf. Figure I.10), donnant le schéma électrique de la ligne de 20 mm permet de modéliser cette dernière correctement jusqu’à une fréquence de 758 MHz. Au-delà, il faut scinder la cellule principale, en N cellules identiques, afin d’obtenir une modélisation jusqu’à la fréquence N x 758 MHz. Le petit bout de piste restant a pour caractéristiques les valeurs calculées suivantes : R0=1.91 Ω/m ; Z0=81.27 Ω ; C0=46.57 pF/m ; donc L0=307.58 nH/m Pour une longueur de 1 mm nous avons donc les valeurs R, C et L suivantes : R=1.91 mΩ ; C=0.466 pF ; L=0.308nH et Fmax=15.36 GHz Afin d’obtenir un modèle électrique de la ligne d’alimentation, les deux réseaux RLC obtenu, caractérisant chaque morceau de la ligne, sont mis en cascade. 18 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Remarque : Il est nécessaire pour la modélisation des lignes d’alimentation d’un circuit imprimé de prendre en compte l’effet de peau. En effet, à 10MHz, dans le cuivre, l’épaisseur de peau calculée est de 21.7 µm ; et à 500MHz, 3.07 µm. Cette épaisseur est inférieure au 35 µm d’épaisseur du cuivre utilisé pour les pistes électriques. La résistance série de la ligne d’alimentation s’en trouve donc augmentée. A 500 MHz, la résistance par unité de longueur de ligne est plus de 10 fois supérieure à celle calculée en continu. b. Les composants passifs discrets Tout comme les lignes d’alimentation en cuivre du circuit imprimé, les composants discrets soudés présentent des éléments parasites qui peuvent devenir gênants en hautes fréquences. Ces éléments, pour une alimentation, sont la plupart du temps des capacités de découplage, des résistances de filtrage, des selfs de choc ou encore des éléments actifs, comme des régulateurs de tension. Tous ces composants ont des résistances, des inductances et capacités parasites. Certains fabricants de ces composants, proposent des modèles électriques équivalents, de type SPICE. Il existe même des logiciels, fournis par les fabricants, qui donnent les schémas électriques équivalents de condensateurs, résistances et autres inductances [16]. La Figure I.12 est une capture d’écran d’un logiciel donnant le schéma équivalent d’un condensateur de 2.7 pF. Il est aussi possible d’extraire le schéma équivalent d’un composant passif à partir de la mesure. Un modèle SPICE équivalent peut en effet être créer, à partir de mesures sur un composant discret, et notamment à partir de la mesure de sa fréquence de résonance. Un exemple de modélisation d’un condensateur de type CMS est donné en Figure I.13. Cette modélisation a été effectuée par Pierre Guenard, dans le laboratoire de mesure de STMicroelectronics de Grenoble, avec un appareil de type HP/Agilent 4395A. L’appareil fournit directement le modèle RLC équivalent, avec une précision fine dans la gamme 10Hz à 500MHz. Il est possible de monter beaucoup plus haut en fréquence, en utilisant un analyseur de réseau plus performant. Des logiciels, du type IC-EMC [17] ou encore ADS de Agilent [18], permettent à partir des mesures paramètres S, d’obtenir des réseaux RLC un peu plus sophistiqués, permettant d’avoir un modèle précis dans une gamme de fréquences beaucoup plus large. Figure I.12 : Capture d’écran du logiciel Johanson de modélisation de condensateur CMS [16] 19 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure I.13 : Modélisation d’une capacité CMS à partir de la mesure Divers modèles sont aussi disponibles dans les librairies standards des outils de simulation électrique type Cadence Virtusoso [19] ou Agilent ADS [18]. c. Le package et ses bondings Le boîtier est une partie très importante du circuit, qu’il ne faut surtout pas négliger. Celui-ci est important pour une multitude de raisons dont l’alimentation en courant du système électronique. Ici encore, les parasites sur les lignes d’alimentation du package, sont fonction de la longueur de ces lignes d’alimentation. Selon le type de package utilisé, ces lignes sont plus ou moins longues et diverses stratégies d’alimentation sont possibles afin de limiter ces effets parasites. Les principaux types de packages couramment utilisés sont les suivants : Les boîtiers à broches : il s’agit du format le plus couramment rencontré. Il regroupe de nombreux types de boîtiers : QFP (Quad Flat Pack), TQFP, LQFP, PQFP, DIP, SOP, VQFP, PLCC (cf. glossaire)… Le principe reste identique : des broches métalliques, le plus souvent du cuivre étamé, forment les ‘pattes’ du circuit, et sont connectées à la pastille de silicium (le circuit intégré) à l’aide de fils dits de bondings en or ou en aluminium. Le tout est encapsulé dans une résine, une céramique ou différents matériaux, selon le type de boîtier. Chaque boîtier a ses spécificités mécaniques, thermiques ou électriques. Le nombre de connexions possibles varie de quelques unités à quelques centaines de broches. La longueur des lignes d’alimentation, les éléments parasites qu’elles induisent sont donc fortement dépendants du package utilisé. Ce type de package offre une possibilité intéressante : la présence d’un plan de masse métallique à l’intérieur du boîtier, sur lequel est collée la puce. Ce plan de masse, directement soudable sur le circuit imprimé de l’application, car dépassant de la face arrière de la puce, peut servir pour la connexion de bondings supplémentaires et permet de meilleures performances thermiques et électromagnétiques du circuit. Cette connexion arrière peut se décliner sous deux formes : l’une appelée slug et l’autre exposed pad. La Figure I.14.a donne un aperçu d’un package à broches, ici un TQFP 36 broches. La Figure I.14.b décrit les différentes possibilités pour la connexion de la face arrière du boîtier : a) Vue en 3D d’un boîtier TQFP b) Coupes de différentes structures de LQFP Figure I.14 : Boîtier TQFP 36 broches [20] Les boîtiers à boules : ce format est utilisé pour les circuits comportant plusieurs centaines à quelques milliers d’entrées/sorties. Là encore, plusieurs types sont regroupés dans cette famille : BGA (Ball Grid 20 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Array), XBGA, LCBGA, LBGA, PBGA (cf. glossaire)… Le principe est un peu plus complexe. La puce en silicium est collée sur un substrat de type circuit imprimé. Sur la face arrière de ce substrat, une matrice de boules métalliques assure le contact avec la carte mère de l’application. Ces boules sont reliées à la face supérieure du substrat par des réseaux de routage complexes de type circuit imprimé amenant à des empreintes concentriques, autour du silicium. Ces empreintes sont connectées à la puce à l’aide, une fois encore, de fils de bonding. Si les boules de connexions offrent des impédances parasites réduites, il n’en est pas de même du routage de connexion du substrat. Celui-ci peut être très complexe et ainsi très difficile à extraire et modéliser pour un package entier. Une famille très proche est celle de PGA (Pin Grid Array) où les boules sont remplacées par des broches verticales. La Figure I.15 donne des représentations de ce type de boîtier : puce balls Figure I.15 : Boîtier PBGA 280 boules et coupes d’un boîtier BGA [20] Les Flip-Chips : Il s’agit du type de boîtier le plus récent et le plus prometteur du point de vue électromagnétique. En effet, les fils de bonding ne sont plus utiles pour connecter le circuit de silicium aux broches du boîtier, ou directement sur un circuit imprimé : pour assurer la connexion entre les deux parties, des boules métalliques, nommées ‘bumps’, sont collées sur des plots de contact de la face avant du silicium. La puce est ensuite retournée (flip) et directement collée sur le circuit imprimé du boîtier ou de l’application. La longueur des connexions peut ainsi être limitée au maximum. balls bumps Figure I.16: Boîtier Flip-Chip BGA et coupes de différents types de Flip-Chip [20] Mis à part la famille des flip-chips, les circuits de silicium sont connectés aux broches métalliques du boîtier via des fils de métal, en or ou en aluminium, appelés bondings. Ces fils, très fins, de l’ordre de 30 microns de diamètre, impliquent inductances, résistances, et capacités parasites. Les broches métalliques du boîtier ont, elles aussi, une impédance non négligeable. Deux broches et bondings adjacents d’un package (boîtier), peuvent être schématisés électriquement comme le montre la Figure I.17. Cette cellule de base peut toujours être divisée en plusieurs afin de respecter la règle du ‘λ/10’. Les valeurs calculées sont alors divisées par le nombre de cellules à créer, sauf pour le coefficient de couplage K, qui reste identique. Il existe une modélisation similaire, de type éléments RLC discret, dérivée de la modélisation IBIS d’un circuit intégré. Le modèle IBIS est une solution permettant de modéliser un circuit intégré dans son application [21]. Il faut maintenant pouvoir déterminer une valeur pour chaque élément de ce schéma. 21 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure I.17 : Schéma électrique de bondings adjacents d’un boîtier Voici les méthodes d’approximation des valeurs parasites, selon le type d’élément : les résistances : une valeur typique que l’on pourra utiliser est la résistance linéique d’un bonding, évaluée à 30 mΩ/mm. On peut aussi utiliser la même équation de base que pour les circuits imprimés, en prenant en compte l’effet de peau. Pour les broches du package, en cuivre étamé de section rectangulaire, il faut en diminuer la section de l’épaisseur de peau ainsi : ep : épaisseur de peau ρ.L S R= avec ( S = 2 .e p . w + t-2 .e p t : épaisseur ) ρ ep= π . µ 0 . µ r .f w : largeur Pour les bondings de section circulaire, il faut les approximer par des tubes creux, dont la section est l’épaisseur de peau. La surface de propagation du courant est donnée par : ep : épaisseur de peau R= ρ .L S avec ( S = π . D .e p - e p 2 D : diamètre du bonding ep= ) ρ π .µ 0 .µ r .f les capacités : il faut considérer plusieurs cas pour évaluer les capacités parasites d’un boîtier. Il coexiste dans un boîtier classique, deux types principaux de géométrie de base, qui autorise une évaluation ‘grossière’ des valeurs de ces capacités entre les interconnexions. Géométrie de section rectangulaire : on utilise l’équation très simple de calcul de la capacité entre deux plans conducteurs donnée ci-dessous : e S C= ε 0 .ε r .S e en F ε0 étant la permittivité diélectrique du vide et εr la permittivité relative du matériau d’encapsulation. Le matériau utilisé est en général du plastique, de permittivité relative autour de 4. Cette équation nous permet de calculer les capacités des broches du boîtier entre elles ainsi que celles avec le plan de masse du circuit imprimé de l’application. La surface capacitive S considérée est celle due aux surfaces en regard dans le boîtier, e étant la distance entre le conducteur et le plan de masse. Cette 22 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation approximation ne prend pas en compte les effets du bord des broches. Ces effets ont tendance à augmenter la valeur de la capacité. Pour prendre en compte les effets de bord d’une interconnexion au dessus d’un plan de masse, il faut utiliser une équation un peu plus complexe [22]. w et t sont la largeur et l’épaisseur de l’interconnexion en m, L sa longueur et h sa distance par rapport au plan de masse toujours en m. Deux équations sont données. La première donne la capacité de la ligne et la seconde une capacité linéique en fonction de la section de la ligne. 0.222 0.728 ⎞ ⎛ ⎛ w.L ⎞ ⎛t⎞ ⎛t⎞ ⎟ en F CL=ε. ⎜1.15 ⎜ +2.8 ⎜ ⎟ . ( w+L ) +4.12 ⎜ ⎟ ⎟ ⎜ ⎟ ⎝ h ⎠ ⎝h⎠ ⎝h⎠ ⎝ ⎠ W, t L h 0.222 ⎞ ⎛ ⎛w⎞ ⎛t⎞ ⎟ C=ε. ⎜1.15 ⎜ ⎟ +2.8 ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎝h⎠ ⎝h⎠ ⎝ ⎠ en F.m-1 ε étant la permittivité absolue du matériau dans lequel sont les structures d’interconnexion. Enfin, pour évaluer la capacité de couplage entre plusieurs interconnexions parallèles au dessus d’un plan de masse, le jeu d’équations suivantes [23], issues des relations précédentes, peut être utilisé : s w, t Cc L h Cf’ Cp Cf’ 0 .2 2 2 ⎞ ⎛ w ⎛ t ⎞ ⎟ C f = ε .L . ⎜ 0 .0 7 5 + 1 .4 ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ h ⎝h⎠ ⎝ ⎠ C p= ε . Cc et C f'= Cf 1+ Cf’ Cp Cf h s w .L h C s ,m ilie u = C p + 2 C f' en F et C s ,b o rd= C p + C f + C f' 0 .2 2 2 ⎞ 1 .3 4 ⎛ w t ⎛ t ⎞ ⎛h⎞ ⎟.⎜ ⎟ C c = C f -C f'+ ε .L . ⎜ 0 .0 3 + 0 .8 3 -0 .0 7 ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎝ s ⎠ h h ⎝h⎠ ⎝ ⎠ w et t etant les largeurs et épaisseurs des lignes en m, S la distance entre deux interconnexions consécutives et h la hauteur de celles-ci par rapport au plan de masse de la structure toujours en m. Les différentes capacités calculées sont expliquées de la manière suivante : o Cp est la capacité entre le plan de masse et la face en regard de l’interconnexion. Nous utilisons l’équation de la capacité entre deux plans. o Cf et Cf’, les capacités latérales avec le plan de masse, appelées aussi capacités ‘frindge’. Cf est la capacité latérale d’une ligne en bord de structure et Cf’ au milieu de la structure, la ligne étant entourée de deux autres lignes. o Cp est la capacité de couplage entre deux lignes consécutives, nous la calculons à partir des autres capacités et de la surface en regard des interconnexions. géométrie de section circulaire : fils de bonding. Il faut considérer deux cas différents pour calculer les capacités parasites des fils de bonding. La capacité entre 2 fils C12, dite bifilaire, et la capacité d’un fil avec le plan de masse C1m. Les équations utiles sont les suivantes : 23 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes R C12 = ε . L π .L ⎛ d ⎞ ⎟ ⎝ 2.R ⎠ d R C1m = ε . L d en F arcCosh ⎜ 2.π .L ⎛d ⎞ arcCosh ⎜ ⎟ ⎝R ⎠ en F les inductances : ici encore, les inductances parasites d’un boîtier sont aussi bien causées par les fils de bonding que par les broches en cuivre étamé. Dans un premier temps, une règle simple permet d’évaluer ces inductances. Un coefficient d’inductance par unité de longueur donne des résultats assez proches de la réalité. Pour les fils de bonding, on peut considérer une inductance linéique de 1 nH/mm et 0,5 nH/mm pour les broches du boîtier. Il reste à déterminer la longueur de chaque structure. Un jeu d’équations un peu plus élaborées [24], donne des valeurs du même ordre, mais permet aussi d’évaluer les inductances mutuelles et donc les coefficients K de couplage entre les interconnexions. inductance propre : R L d L t Lpropre= L propre = w µ 0 .L 2.π µ0 .µr ⎛ 2h ⎞ . ln ⎜ ⎟ 2π ⎝R⎠ en H.m-1 ⎡ ⎛ 2.L ⎞ 1 0.447 ( w+t ) ⎤ . ⎢ln ⎜ ⎥ ⎟+ + 2.L ⎣⎢ ⎝ w+t ⎠ 2 ⎦⎥ en H inductance mutuelle : d L t L mut = µ 0 .L 2.π ⎡ ⎛ 2.L . ⎢ ln ⎜ ⎣ ⎝ d d⎤ ⎞ ⎟ -1+ ⎥ L ⎠ ⎦ en H w coefficient de couplage L1 M12 L2 Km= L 12 L 1 .L 2 Remarque : Il est possible d’extraire les inductances des fils de bonding avec ces équations. Il suffit de considérer les fils comme des géométries de section rectangulaire. 24 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Exemple d’application : Considérons un circuit alimenté par une structure typique d’un boîtier à broches, donnée par le schéma suivant : Simplifications des structures vdd gnd Lpin Lbond Figure I.18 : Exemple de modélisation d’une ligne d’alimentation d’un boîtier Ce petit exemple, dans lequel les géométries sont simplifiées, permet de mettre rapidement en place un modèle d’alimentation d’un circuit, avant que tout ‘design’ ne soit élaboré. Nous considérerons donc uniquement les longueurs de broches et de fils de bonding Lpin et Lbond. Ces deux longueurs sont identiques et mesurent 4 mm. Les bondings sont en or de diamètre 30 µm et écartés de 0,5 mm. Leur distance moyenne avec le plan de masse est de 2 mm. Les broches sont de section carrée de 0,25 mm de coté et espacées de la même valeur. La moitié de la valeur de la broche est noyée dans le plastique, l’autre étant à l’air libre. Elles sont à une distance moyenne de 1,5 mm du plan de masse. Avec les valeurs de conductivité du cuivre et de l’or, respectivement 59,6.106 et 45,2.106 S/m, et une permittivité diélectrique relative du plastique du boîtier de 4, on obtient les valeurs R, C, L et K suivantes : pour les broches R1=R2=1 mΩ à 0 Hz et R1=R2=23 mΩ à 500 MHz C12=0.14 pF C1m=C2m=23.6 fF L1=L2= 2.64 nH et L12= 1.52 nH ; donc Km= 0.57 pour les fils de bonding R1=R2=125 mΩ à 0Hz et R1=R2=300 mΩ à 500 MHz C12=0.25 pF C1m=C2m=0.16 pF L1=L2= 4.31 nH et L12= 1.52 nH ; donc Km= 0.35 Pour les deux structures, la fréquence maximale associée à la longueur de ligne critique calculée est de 3.8 GHz. Autant dire que la mise en cascade des deux réseaux RLC calculés est largement suffisante pour une modélisation approximative de l’alimentation du boîtier. d. Les éléments sur le silicium Les tensions d’alimentation sont amenées aux différents transistors du circuit, à l’aide de lignes de connexion métalliques, dont les caractéristiques varient en fonction de la technologie employée. Celles-ci sont de section rectangulaire. Les différentes équations présentées précédemment peuvent donc être appliquées à ces structures de la même manière que pour le package. Ces méthodes permettent de faire des premières approximations des éléments parasites des lignes d’alimentation sur le silicium. Il est nécessaire de se pencher un peu plus sur une structure d’alimentation particulière aux circuits numériques : les grilles d’alimentation et de masse. Ces structures permettent d’alimenter toutes les cellules digitales d’un bloc numérique, de la manière la plus uniforme possible, en diminuant au maximum les résistances d’accès. La Figure I.19 montre comment sont constituées ces grilles. 25 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure I.19 : Structure d’une grille d’alimentation digitale Les cellules logiques sont directement connectées à l’alimentation et à la masse par des rails en métal inférieur, le plus proche du silicium. Ces lignes sont connectées, avec des morceaux de métal, appelés vias, à des rails de métal verticaux, de niveau supérieur. Ce sont des rails larges et épais de niveau supérieur beaucoup moins résistif. Ces rails verticaux sont eux-mêmes connectés à des rails horizontaux de même nature et de niveau supérieur. Les rails verticaux et horizontaux supérieurs forment un maillage très dense, donnant une certaine uniformité à la distribution du courant dans le circuit. Les grilles d’alimentation et de masse ont la même architecture et sont enchevêtrées comme le montre la Figure I.19. La Figure I.20 donne une idée de la densité de ce type de grille d’alimentation dans une technologie actuelle de 90 nm. Figure I.20 : Grilles d’alimentation et de masse digitale de 270 µm x 270 µm en technologie 90 nm. Ces grilles impliquent évidemment des éléments parasites : résistances, capacités et inductances. Une étude, présentée en annexe A.2, nous permet de tirer des enseignements généraux sur ce type de grille et de donner certaines tendances : La résistance ‘vue’ par chaque cellule logique est uniforme, sauf en bordure de grille, ou elle est supérieure, car alimentée que d’un seul coté. Cette résistance est en majeure partie due aux ‘vias’ entre le métal supérieur vertical et les rails de métal de connexion inférieurs. La capacité entre la masse et l’alimentation varie linéairement avec la surface du circuit. Nous pouvons donc déterminer une capacité surfacique de la grille d’alimentation. Pour une technologie CMOS récente, de 90 nm, la capacité surfacique est de l’ordre de 30 pF/mm². L’inductance entre deux points de la grille varie linéairement avec la distance entre ceux-ci. Cette inductance linéique est inférieure à 0.4 nH/mm. Les grilles de masse et d’alimentation sont fortement couplées électromagnétiquement, ce qui se traduit par un coefficient de couplage supérieur à 0,9. 26 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 2.1.2.2.4 FastHenry et FastCap FastHenry et FastCap sont des gratuiciels développés par le M.I.T [25]. Ces outils permettent d’extraire des éléments parasites de structures électriques, et cela de manière assez fine. Les géométries des lignes d’alimentation ou de transmission sont fournies aux outils à l’aide de fichiers de format textuel, assez clairs dans la syntaxe. Un autre gratuiciel, FastModel [25], réalise une interface graphique liant les deux outils et simplifie la mise en œuvre de ces outils en donnant des indications visuelles sur les structures entrées dans l’outil. fastModel : cette interface graphique fait le lien entre les différents outils et en simplifie l’utilisation. Les longues lignes de commande nécessaires aux diverses extractions sont remplacées par des fenêtres avec des champs à remplir très explicites. De plus, une fenêtre d’affichage graphique, permet la vérification, pas encore la modification, des géométries fournies à l’outil. La Figure I.21 est une capture d’écran de la fenêtre principale de cet outil. Figure I.21: Capture d’écran du logiciel gratuit FastModel [25] fastHenry : cet outil extrait les inductances, propres et mutuelles, mais aussi les résistances pour certains types de géométries dans les trois dimensions de l’espace. Deux formes de base permettent de modéliser les structures électriques voulues : le brin, de section rectangulaire et le plan de masse. Ces deux types d’éléments peuvent être maillés de manière plus ou moins fine, afin d’obtenir des résultats plus précis, au détriment du temps de calcul informatique évidemment. Un aspect intéressant de cet outil est qu’il prend en compte l’effet de peau. La Figure I.22 illustre les géométries de base de fastHenry et une possibilité de structure complète: Figure I.22 : Brin de base pour FastHenry selon différents maillages et un exemple de structure complexe Le fonctionnement de cet outil est basé sur des équations analytiques, du même type que celles précédemment données. Ces équations sont appliquées sur chaque brin de la structure décrite. Les résultats des extractions sont donnés sous forme matricielle. Il faut choisir la ou les fréquences pour lesquelles les inductances et résistances de la structure sont extraites. Une matrice d’impédances complexes est ‘retournée’, pour chaque fréquence d’extraction choisie. Divers petits programmes permettent la conversion de ces matrices en netlists utilisables par les outils de simulation de type SPICE. La documentation [25], très complète de ce gratuitciel, donne plus d’indications sur les diverses possibilités de l’outil. 27 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes fastCap : cet outil suit le même schéma de fonctionnement que fastHenry, mais extrait des capacités. Les structures de bases sont des triangles ou rectangles. Les capacités entre ces formes de base sont extraites, toujours à partir d’équations analytiques. La syntaxe des fichiers d’entrée est un peu plus complexe, car toutes les facettes d’une structure doivent être décrites. De plus, il faut créer un jeu de fichiers (un fichier par nœud extrait est une bonne solution) liés les uns aux autres par un fichier ‘liste’ principal. Un des atouts de cet outil est la possibilité de définir différentes zones de permittivité diélectrique. Ici encore, un maillage fin permet une meilleure précision au détriment du temps d’extraction. La mise en place de cet outil est un peu plus complexe. Des petits programmes peuvent créer des structures de base, telles des sphères, plans, tétraèdres, parallélépipèdes. Ces structures de base peuvent aider à la mise en place d’une structure plus complexe. En sortie, on obtient une matrice de capacités : les éléments de la diagonale sont les capacités entre chaque nœud et la masse (à l’infini), les autres éléments donnant les capacités entre les nœuds. De petits programmes peuvent encore convertir ces données en fichiers exploitables. La Figure I.23 montre différentes possibilités de structures. Figure I.23: Géométries de base pour FastCap selon différents maillages et un exemple de structure Cet ensemble de logiciels offre des possibilités intéressantes pour la modélisation de lignes d’alimentation. Il est très facile de les utiliser pour des structures simples, et le temps d’extraction est relativement court. Des études simples, sur le couplage entre lignes de transmission sur un circuit intégré, ou encore sur des lignes d’alimentation, sont très aisées. Cependant, afin d’utiliser ces outils sur des structures un peu plus complexes, il est impératif de réaliser un certain nombre de petits programmes et applications faisant office d’interfaces entre les différents outils utilisés lors de la conception d’un circuit intégré. La modélisation d’un boîtier complet à l’aide de ces outils est donnée en annexe A.5. 2.1.2.2.5 Méthode Eléments finis et autres méthodes Une autre méthode, permettant de modéliser ‘finement’ les différentes structures d’alimentation dans les trois dimensions spatiales est l’utilisation de la méthode des éléments finis [26]. La méthode des éléments finis est un des voies les plus efficaces et les plus générales de la simulation numérique. Cette méthode consiste à diviser la structure à étudier, en morceaux de base : cette étape s’appelle le maillage. On applique à chaque élément du maillage les équations du problème. Les conditions aux limites du système doivent être clairement définies. Le système d’équations obtenues est résolu à l’aide d’algorithmes appropriés d’analyse numérique. Finalement, une solution numérique au problème posé est obtenue. Le développement de techniques efficaces pour le choix des points de discrétisation (maillage adaptatif) et la résolution des systèmes sont deux aspects très importants de la recherche actuelle et ont une forte influence sur les résultats obtenus. Dans le cas de la résolution de problèmes électromagnétiques, il faut utiliser les quatre équations de Maxwell. Divers outils permettent de telles extractions : HFSS et Q3D de Ansoft [27] FemLab de Comsol [28] RFE3 de Field Precision [29] 28 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Les quelques images suivantes, provenant du logiciel FemLab, illustrent les possibilités de tels outils. Résolution du Système d’équations Maillage de la structure Affichage de la solution Figure I.24 : Modélisation d’une inductance avec Femlab. La modélisation complète d’une alimentation d’un circuit intégré, utilisant la méthode des éléments finis, est toujours possible, mais demande énormément de temps de calcul. Par exemple, pour modéliser un boîtier, il est indispensable de simplifier le problème en ne modélisant qu’un quart de celui-ci, et en extrapolant ensuite les résultats à un circuit entier par symétrie. Ces simplifications effectuées, plusieurs heures de calculs sont nécessaires à l’outil pour extraire les éléments parasites d’un boîtier, tout cela sans compter le temps passé à modéliser la structure en trois dimensions. De plus, la maîtrise d’un tel outil n’est pas évidente, sachant que le maillage choisi a une incidence plus qu’importante sur les résultats obtenus. Cette solution, la plus précise, nécessite un certain niveau d’expertise. La modélisation des boîtiers au sein de STMicroelectronics, où les logiciels HFSS et Q3D de Ansoft sont utilisés, est la tâche à plein temps d’un expert. Divers modèles de boîtiers ont été pré-caractérisés et leurs caractéristiques sont fournies dans des documents spécifiques. Un autre outil, disponible dans l’environnement ADS de Agilent, permet de modéliser les lignes d’un circuit imprimé de manière précise. Il s’agit de l’outil Momentum de Agilent [18], utilisant la méthode des moments [30] pour résoudre les problèmes d’électromagnétisme. Cet outil considère le milieu comme une superposition de couches et ne travaille pas réellement dans les trois dimensions de l’espace. On parle de résolution 2.5D. Ici encore, une bonne expertise de l’outil est indispensable pour obtenir des résultats corrects. Le maillage des modèles entrés dans l’outil est aussi primordial. Le temps d’extraction peut aussi s’avérer très long. 2.1.2.2.6 Comparaisons entre les méthodes Nous effectuons des comparaisons rapides entre les différents types d’outils présentés. La structure de base pour ces comparaisons est un ensemble de deux lignes parallélépipédiques identiques, parallèles et placées 10 µm au dessus d’un plan de masse. La Figure I.25 est une représentation de cette structure. 10 µm 100 µm 10 µm 120 µm 120 µm Figure I.25 : Structure de comparaison entre les différents outils et méthodes Le tableau suivant récapitule les différentes valeurs extraites selon les différentes méthodes et différents maillages pour les méthodes numériques. 29 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Résistances R1=R2 Calcul manuel à @10MHz Calcul manuel à @1GHz FastHenry et FastCap @10MHz FastHenry et FastCap @1GHz Ansoft Q3D @ 10 MHz Ansoft Q3D @ 1 GHz Agilent Momentum 17,57 mΩ Inductances propres L1=L2 Inductances mutuelles M12 Capacités avec le plan C1=C2 Capacité de couplage C12 57,8 pH 30 pH 2,85 fF 1,35 fF 26,48 mΩ 17,6 mΩ (1) et (2) 57 pH (1) et (2) 27,32 mΩ (1) et 36,6 mΩ (2) 52,7 pH (1) et 51,64 pH (2) 17,2 mΩ (5) 57,3 pH 26,0 mΩ (5) 40,7 pH 17,58 mΩ (7) 86 pH 30 pH (1) 27,3 pH et (2) (1) et (5) 29,9 pH (5) (5) 22,6 pH (5) (7) 19 pH (2) (7) 2,64 fF et 2,78 fF (3) (4) 1,36 fF et 1,49 fF 2,8 fF (6) 1,7 fF 2.6 fF (7) 1.27 fF (3) (4) (6) (7) Tableau I.1 : Comparaisons entres les différentes méthodes d’extraction d’éléments parasites (1) (2) : extraction fastHenry de 854 filaments en 1,092 secondes : extraction fastHenry de 1190 filaments en 3,415 secondes (3) (4) (5) (6) : extraction fastCap de 182 faces en 0,12 secondes : extraction fastCap de 7940 faces en 1,38 secondes : extraction Q3D de 352 éléments en 83 secondes : extraction Q3D de 558 éléments en 39 secondes (7) : extraction Momentum de 12 éléments en 27 secondes De manière globale, les valeurs de résistance, d’inductances et de capacités sont du même ordre de grandeur, et ce quelque soit la méthode employée. Les valeurs d’inductances extraites avec Momentum sont cependant assez éloignées de celles obtenues avec les autres méthodes. 2.1.2.3 L’impédance de cœur du circuit L’évaluation de l’impédance entre l’alimentation et la masse d’un circuit est un élément essentiel à la mise en place du modèle ICEM d’un circuit intégré. Nous exposons ici différentes méthodes d’obtention de cette impédance, en fonction de l’état d’avancement de la conception du circuit intégré. La précision de la valeur extraite dépend fortement de la méthode utilisée. Pour un circuit digital, l’impédance du cœur, entre la masse et l’alimentation, est principalement de nature capacitive dans la gamme de fréquences de fonctionnement d’un circuit numérique. Nous considérerons donc, en première approximation, qu’il s’agit uniquement d’une capacité dont nous cherchons à déterminer la valeur de manière simple. Comme nous l’avons vu en 2.1.1.2, cette capacité est essentiellement due : Aux capacités MOS des grilles des transistors des portes logiques, Aux capacités drain/substrat des transistors des portes logiques, Aux capacités Nwell de la diode PN polarisée en inverse que forme le caisson N d’isolation des PMOS avec le substrat P, Aux capacités dues aux interconnexions métalliques liant les portes logiques entre elles. Nous pouvons identifier les différentes structures sur la Figure I.26. 30 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Grilles MOS interconnexion caisson Nwell drains Figure I.26 : Inverseur CMOS Nous avons donc la relation suivante, permettant d’évaluer la capacité de cœur d’un circuit digital, valable pour toutes les méthodes de calcul : Ctotal = ΣCgrille + ΣCdrain + ΣCinterc +ΣCNwell Remarque : Les différentes méthodes proposées permettent de modéliser la capacité de cœur digital d’un circuit numérique de type CMOS à caisson N. La majorité des technologies STMicroelectronics utilisent ce type de caisson. La logique de calcul reste cependant la même pour une technologie CMOS à caisson P. 2.1.2.3.1 Calculs de base Il s’agit ici de calculer de manière simple, à partir d’équations, la contribution de chaque élément sur l’impédance globale de cœur d’un circuit digital. a. Les capacités MOS Une capacité MOS peut se calculer à partir de sa surface et de différents paramètres, inhérents à une technologie. La valeur de cette capacité dépend du régime auquel est soumis le MOS, suivant qu’il est en régime d’accumulation, de désertion ou d’inversion. Un PMOS dans un circuit digital est en désertion lorsque sa tension de grille est égale à la tension d’alimentation. Il est en inversion lorsque sa tension de grille est nulle. Pour un NMOS, il faut tenir le raisonnement inverse. En inversion, un canal permettant le passage des charges entre le drain et la source du transistor, se forme sous la grille du MOS. La capacité entre la grille et la source du MOS est donc uniquement due à l’épaisseur d’oxyde de grille (en négligeant le recouvrement de la grille avec la source) : C grille=C ox= εox.S Tox en F où S est la surface de la grille du transistor en m², Cox est la capacité d’oxyde du MOS, εox la permittivité de l’oxyde de grille et Tox son épaisseur. En désertion, il n’existe pas de canal sous le MOS : il est ‘bloqué’. Une zone désertée par les porteurs existe sous la grille, une capacité de déplétion vient se mettre en série avec la capacité d’oxyde. Les charges sont amenées vers la source du MOS via le substrat. La capacité de la grille avec la source du MOS est déterminée en mettant en série la capacité d’oxyde précédemment calculée et la capacité Cd de déplétion : C 1 g r ille= 1 C C d= S . Φ f= ox + 1 Cd en F q . ε s i.N s u b 4Φf ⎛ N ⎞ k .T . ln ⎜ su b ⎟ q n i ⎝ ⎠ avec en F en V 31 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes S étant la surface de la capacité MOS en m², εsi est la permittivité du silicium (1,04.10-10 F/m), q la charge de l’électron (1,6.10-19C), Nsub le dopage sous la grille en cm -23 Volts, k la constante de Boltzmann (1,38.10 2 -2 -3 , 2Φf le potentiel de surface en forte inversion en -1 m .kg.s .K ), T le température en Kelvin et ni la densité -3 intrinsèque de porteurs dans le silicium (1,45.1010cm à T=300K). En première approximation dans un circuit numérique complexe, les transistors en régime d’inversion et en régime de désertion sont en proportion à peu près équivalente. En connaissant la surface totale de grilles du circuit, la capacité pour les NMOS et pour les PMOS est approximée par : 1 ⎛ C .C ⎞ Cgrille= . ⎜⎜ Cox+ ox d ⎟⎟ 2 ⎝ Cox+Cd ⎠ en F b. Les capacités drain/substrat La valeur de la capacité drain/substrat dépend non seulement de sa surface, mais aussi de son périmètre. Le drain d’un MOS a en effet une certaine profondeur dans le substrat. La capacité drain/substrat globale peut être décomposée en deux composantes : une surfacique et une autre linéaire (fonction de son périmètre). Cdrain=Cs+Cp en F Ces deux capacités peuvent être calculées de la même manière, en connaissant la surface capacitive de chacune des structures. Dans le cas de la capacité surfacique, il s’agit bien évidemment de la surface du drain. Dans le cas de la capacité de périmètre, la surface capacitive est calculée de la manière suivante : en m 2 S p=p drain.e drain Pdrain étant le périmètre du drain et edrain sa profondeur dans le substrat. Dans le cas de commutations digitales, il faut de nouveau dissocier deux cas : lorsque le drain est soumis à une tension nulle, la jonction PN n’est pas polarisée. La capacité de jonction se calcule ainsi : C s 0= V b= ε si . S en F 2 ε si ⎛ 1 1 ⎞ .⎜ + ⎟ .V q ⎝ NA ND ⎠ b ⎛ N .N kT . ln ⎜ A 2 D ⎜ n q i ⎝ ⎞ ⎟⎟ ⎠ avec en V NA étant le dopage en accepteurs (type P) : le dopage du drain pour le PMOS et du substrat pour le NMOS, ND étant le dopage en donneurs (type N) : le dopage du drain pour les NMOS et du substrat pour les PMOS. S est la surface de la capacité. Vb est le potentiel de barrière ou potentiel de diffusion de la diode PN non polarisée en Volts. Lorsque le drain est soumis à une tension égale à la tension d’alimentation, la jonction PN est alors polarisée en inverse, la capacité de cette jonction peut se calculer ainsi, à partir de la capacité Cs0 de jonction non polarisée : C s 1= C s0 V 1 - a lim Vb en F Valim est la tension appliquée à la diode polarisée en inverse en Volts. Nous pouvons encore considérer que les drains polarisés en inverse et non polarisés sont en proportion identique. Nous avons alors la relation suivante, valable pour la capacité surfacique mais aussi de périmètre. ⎛ ⎜ Cs ⎜ C s ,m o y= . 1+ 2 ⎜ ⎜ ⎜ ⎝ 32 1 V 1 - a lim Vb ⎞ ⎟ ⎟ ⎟ ⎟ ⎟ ⎠ en F Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation c. Les capacités Nwell Les caissons dopés N dans une technologie de type CMOS à caisson N, permettent d’isoler les PMOS du substrat P, comme le montre la Figure I.26. Ces caissons sont polarisés par la tension d’alimentation et forment ainsi une jonction PN polarisée en inverse avec le substrat. Le calcul de la capacité liée à ces caissons utilise les mêmes équations que celles utilisées pour le calcul des capacités de drain polarisé en inverse. La profondeur des caissons, leur surface, leur périmètre, mais aussi les dopages sont des paramètres propres aux caissons ‘Nwell’. d. Les capacités d’interconnexions Les interconnexions métalliques induisent aussi des capacités susceptibles de modifier l’impédance globale de cœur du circuit intégré. Des capacités parasites existent entre les différentes structures métalliques (les différentes interconnexions), mais aussi entre les lignes métalliques et le substrat qui forme un plan de masse. Les lignes d’interconnexions métalliques sont de formes parallélépipédiques, les différentes équations proposées en 2.1.2.2.3 (donnant des calculs de capacités entre lignes et plan de masse) peuvent être utilisées. 2.1.2.3.2 Evaluations en fonction de la surface du circuit Les méthodes données dans la partie précédente ne sont pas applicables à un circuit intégré complet, sous peine de passer des heures sur sa machine à calculer, même pour un circuit de petite taille. Certains calculs simples, qui à partir de la surface du circuit numérique, donneraient des valeurs réalistes de la capacité de cœur digitale, pourraient s’avérer forts utiles. Pour chaque type de capacité à extraire, il faut donc déterminer une capacité surfacique dont nous allons détailler les méthodes de détermination. a. La capacité due aux transistors Nous utilisons une méthode mise au point par Ludovic Girardeau, ingénieur chez STMicroelectronics Rousset. Elle consiste à extraire, à l’aide de simulations SPICE, la capacité de cœur d’un circuit de base, d’une certaine surface. Cette méthode permet d’évaluer les capacités internes des portes logiques, c'est-à-dire les capacités de grille et de drain. Elle ne prend en compte ni les interconnexions, ni les capacités de caissons Nwell. Nous déterminons ainsi la capacité surfacique de grille et de drain du bloc digital d’une certaine technologie. Ce circuit est très simple et donc très rapide à simuler avec les simulateurs de type SPICE. Le schéma de simulation est le suivant : Figure I.27 : Schéma de simulations de portes NAND en cascade Deux types différents de simulation nous permettent d’obtenir la capacité de cœur des dix portes NAND en cascade : simulation temporelle. A partir du courant IVDD1 absorbé par les dix portes logiques, de la tension d’alimentation VDD1 et de la période du signal d’entrée, nous déterminons Ccoeur : C coeur= 1 VDD1 T ∫I VDD1.dt en F 0 33 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes simulation fréquentielle. A partir du courant IVDD1 absorbé par les dix portes logiques et de la tension d’alimentation VDD1, on détermine Ccoeur : C coeur= 1 I . VDD1 2.π .f VDD1 en F Connaissant la surface de ces dix portes NAND, il devient facile de déterminer la capacité surfacique numérique d’une technologie donnée. Remarque : En basse fréquence, en dessous de 1 MHz, il est nécessaire dans la modélisation ICEM du circuit, de prendre en compte la résistance parallèle à la capacité de cœur du circuit, modélisant les courants de fuite entre la masse et l’alimentation. Cette résistance peut facilement être obtenue en simulant la résistance statique entre la masse et l’alimentation. b. La capacité Nwell-substrat La capacité de ces jonctions des diodes PN polarisées en inverse est directement proportionnelle à leurs surfaces et à leurs périmètres. Or, dans un circuit numérique d’une technologie CMOS à caisson N, la disposition de ces caissons est régulière avec une alternance de caissons Nwell et de substrat P comme le montre la figure suivante : b a Figure I.28 : Distribution des caissons Nwell d’un bloc digital A partir de la taille du bloc digital caractérisé par a et b, il est aisé de définir la surface de Nwell et son périmètre. La largeur Hnwell des caissons et l’espacement δnwell entre ceux-ci sont typiques d’une technologie. Les équations suivantes permettent de trouver facilement l’aire et le périmètre de Nwell d’un bloc digital : Snwell=a.b. ⎛ ⎞ Hnwell b et Pnwell =2. ⎜ a+Hnwell . ⎟ Hnwell + δ nwell H + δ nwell nwell ⎠ ⎝ Pour calculer la capacité équivalente de ces caissons, il suffit de réutiliser les formules précédentes donnant la capacité d’une diode PN polarisée en inverse. c. La capacité due aux interconnexions Il est très difficile d’évaluer les capacités dues aux interconnexions métalliques. La complexité d’un routage digital, sa non homogénéité, empêchent d’utiliser une démarche comme celle utilisée pour l’évaluation des capacités de grilles et de drains des portes logiques. Nous pouvons cependant déterminer un pire cas, où le routage serait le plus dense possible, et extraire les capacités de ce pire cas avec les outils du type fastCap. Dans les récentes technologies microélectroniques, il existe plusieurs couches de métal, jusqu’à 12 dans les technologies les plus récentes. Chaque niveau a une direction préférentielle : verticale ou horizontale. De manière statistique, autant de PMOS que de NMOS sont passants, donc il existe autant d’interconnexions connectées à l’alimentation du système qu’à la masse. Le pire cas, c'est-à-dire le cas où la capacité d’interconnexion entre la masse et l’alimentation est maximale, est obtenu avec une alternance d’interconnexions à la masse et à l’alimentation sur chaque niveau de métal en considérant le substrat comme un plan de masse. La Figure I.29 illustre un tel cas de figure. 34 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Figure I.29 : Densité d’interconnexions maximale d’un circuit digital Il ‘suffit’ ensuite d’extraire la capacité entre la masse et l’alimentation d’une telle structure, à l’aide d’outils appropriés, sur une surface donnée, afin de déterminer la capacité surfacique d’interconnexion maximale entre la masse et l’alimentation d’une certaine technologie. Une approche plus réaliste consiste à récupérer ce type d’informations sur des ‘designs’ existants dans une technologie donnée, et de les extrapoler aux circuits en cours d’élaboration. Lors de la conception d’un circuit numérique, l’extraction des éléments parasites des lignes de transmission des signaux est une étape obligatoire. A partir d’un ‘layout routé’ du circuit numérique, des outils d’extraction d’éléments parasites (StarRCXT de Synopsys [31]) réalisent des modèles électriques équivalents, de type réseaux RC, des interconnexions métalliques. Ces informations sont stockées sous forme de fichier et existent dans la base de données du circuit fini. Un petit script permettant de faire la somme de toutes les capacités des interconnexions avec la masse du fichier a été réalisé. Si cette opération est effectuée sur plusieurs fichiers d’éléments parasites de circuits dont les surfaces sont connues, nous pouvons déduire une valeur moyenne de la capacité d’interconnexions surfaciques des circuits digitaux dans une technologie donnée. Remarque : Pour un même circuit, plusieurs fichiers d’éléments parasites peuvent être extraits. Chacun correspond à des conditions différentes de température, de tension d’alimentation et prend en compte les variations possibles des tailles des géométries dans une certaine technologie (variations technologiques). Il existe des fichiers ‘pire cas’, où les capacités sont maximales, et ‘meilleur cas’ où les capacités sont minimales. 2.1.2.3.3 Utilisation des librairies et outils standards Il existe un certain nombre d’outils de Conception Assistée par Ordinateur, dédiés au monde numérique, dont l’utilisation détournée peut fournir des valeurs approximées des capacités internes d’un circuit digital. Les outils servant aux analyses temporelles d’un circuit numérique sont les plus intéressants. Ce type de logiciel permet de calculer, de manière rapide et approchée, les temps de propagation des différents signaux digitaux, sortant de portes logiques et transitant dans le circuit. Il vérifie que ces signaux arrivent dans l’intervalle de temps désiré à l’entrée des portes logiques suivantes. Ces temps de propagation sont, comme nous l’avons montré en 2.1.1.3, fonction des charges de sortie des portes logiques, que nous nommerons ‘portes logiques de niveau 1’. Ces charges de sortie sont en fait des capacités d’entrée d’autres portes logiques, de ‘niveau 2’, ajoutées aux capacités des interconnexions métalliques entre les portes et des capacités de sortie (de drain) des cellules de ‘niveau 1’. Les charges d’entrée et de sortie des différentes portes logiques sont fournies à l’outil à l’aide de librairies contenant divers éléments décrivant le fonctionnement de ces cellules numériques. Ces librairies sont réalisées lors de caractérisations poussées des cellules numériques, en fonction de la température, de la tension d’alimentation et divers paramètres pouvant faire varier leur comportement. Les informations concernant les interconnexions (éléments parasites de type RC) dépendent de l’état d’avancement de l’élaboration du design. Elles peuvent être évaluées par des wire-load models (évaluations statistiques des résistances et capacités de routage) [32], ou encore extraites des géométries physiques du circuit, une fois le circuit ‘routé’. L’extraction du routage s’effectue à l’aide de logiciels d’extraction d’éléments parasites [31]. Il suffit alors de faire la somme, à l’aide de scripts adéquats, de toutes les capacités de sorties, d’entrées et d’interconnexions de toutes les cellules du circuit numérique. Cette approche permet une bonne évaluation de la capacité interne d’un circuit digital : 35 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Elle n’ajoute presque pas d’opérations supplémentaires lors de l’élaboration du circuit : elle peut s’insérer lors des analyses temporelles de manière imperceptible. Elle peut s’effectuer à chaque analyse temporelle. Selon l’avancement du circuit, l’évaluation de la capacité sera plus ou moins précise, notamment à cause de l’évaluation des capacités d’interconnexions. Plusieurs types d’outils, manipulant des données sur la propagation des signaux, sont capables d’effectuer ce genre d’opérations. Remarque : Certains éléments ne sont pas définis dans les différentes librairies. En effet, l’outil ‘connaît’ les capacités des cellules, uniquement à leur frontière : en entrée et en sortie. Ainsi, tous les transistors et capacités situés entre l’étage d’entrée et de sortie de la porte logique ne sont pas pris en compte. 2.1.2.3.4 Caractérisation individuelle des portes logiques Une approche encore plus fine, proposée par Van Heijningen et Al [33], consiste à extraire l’impédance interne de chaque cellule digitale lors de longues phases de caractérisation. L’impédance interne de chaque cellule suit le schéma électrique suivant : Cw Vdd Rw substrat Cc Gnd Rs Figure I.30 : Schéma électrique équivalent de l’impédance interne d’une porte logique Cc étant la capacité interne de la porte due aux transistors (capacités de grille et de drain), Cw étant la capacité du caisson Nwell et Rw la résistance entre le caisson et le nœud substrat, enfin Rs étant la résistance entre la masse de la cellule et le nœud substrat. Des simulations de type SPICE sur chaque cellule logique, permettent de donner des valeurs aux divers paramètres modélisant l’impédance de cœur d’une porte logique. Toutes les cellules étant caractérisées, les impédances de toutes les portes logiques d’un circuit sont mises en parallèle pour obtenir l’impédance globale du circuit. Cette méthode offre des avantages et des inconvénients : Cette modélisation est plus précise car elle ne prend pas uniquement en compte l’effet capacitif des portes logiques. La mise en parallèle des impédances est rapide. Cette méthode est éprouvée et des comparaisons entre mesures et simulations montrent sa pertinence. Elle ne prend pas en compte les interconnexions entre les différentes cellules. La capacité due aux caissons Nwell n’est pas la somme des capacités Nwell des cellules logiques prises individuellement. En effet, les caissons Nwell des différentes portes logiques se recouvrent dans un circuit digital réel. La capacité globale de caissons Nwell dans un circuit numérique complet est donc inférieure à la somme des capacités Nwell des cellules numériques individuelles. 2.1.2.3.5 Simulation SPICE complète La méthode de simulation offrant la plus grande précision, dans le but de modéliser l’impédance interne d’un circuit digital, est celle de type SPICE. En utilisant la même méthodologie que celle décrite en 2.1.2.3.2, il est possible d’extraire de manière très précise la capacité de cœur d’un circuit digital. De plus, les éléments parasites (réseaux RC) extraits des lignes d’interconnexions peuvent être ajoutés au schéma de simulation du circuit. Cette simulation prend en compte tous les éléments du circuit ayant de l’influence sur la capacité interne du bloc numérique. Cependant, malgré des simulateurs de type SPICE de plus en plus performants et rapides, simuler des circuits électroniques de plusieurs millions de transistors est une tâche plus que compliquée. La mémoire et le temps 36 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation de traitement nécessaires augmentent de manière exponentielle avec le nombre de transistors sur le circuit. La simulation SPICE d’un circuit numérique devient très rapidement impossible. 2.1.2.3.6 Extraction par la mesure Il peut être intéressant de déterminer la capacité interne d’un circuit de manière expérimentale. Des moyens pour obtenir cette impédance interne à partir de mesures sont décrits dans le document de proposition de standardisation du modèle ICEM [12]. Ces mesures s’effectuent à l’aide d’un analyseur d’impédance et d’un circuit non soudé, dans son boîtier. A l’aide de l’analyseur d’impédance, il est possible d’obtenir ce type de courbe qui représente la variation de l’impédance entre l’alimentation et la masse du système, en ohm, en fonction de la fréquence: Figure I.31 : Impédance d’un circuit intégré dans son boîtier en fonction de la fréquence [12] Cette méthode permet non seulement de déterminer la capacité de cœur du circuit intégré, mais aussi les résistances et inductances des lignes d’alimentations du package. L’extraction des différents paramètres s’effectue ainsi : La résistance Ric est la valeur de l’impédance à la fréquence de résonance du circuit, notée f2. Sur la Figure I.31, la valeur de Ric est de 0.8 Ω. L’impédance du circuit est de nature capacitive en dessous de cette fréquence f2. L’impédance décroît de 20dB par décade jusqu’à f2. En prenant une fréquence quelconque, notée f1, en dessous de f2, Cic est déterminé de la manière suivante : Cic= 1 2π . f1 . abs(Z c) en F Abs(Zc) est le module de Zc à la fréquence f1. Sur la Figure I.31, f1 est égale à 12 MHz et Zc vaut 4 Ω. Nous obtenons donc à partir de la formule précédente une capacité interne Cic de 3.31 nF. L’impédance du circuit est de nature inductive au dessus de la fréquence f2. Elle augmente de 20dB par décade après la fréquence f2. En prenant une fréquence quelconque notée f3, au dessus de f2, Lic est déterminée de la manière suivante : L ic= abs(Z l) 2π . f3 en H Abs(Zl) est le module de Zl à la fréquence f3. Sur la Figure I.31, f3 est égale à 500 MHz et Zl vaut 6 Ω. Nous obtenons donc à partir de la formule précédente une inductance d’alimentation Lic de 1,91 nH. 37 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Remarque : En basse fréquence, en dessous de 1 MHz, il est nécessaire dans la modélisation ICEM du circuit, de prendre en compte la résistance parallèle à la capacité de cœur du circuit, modélisant les courants de fuite entre la masse et l’alimentation. Cette résistance peut facilement être obtenue en mesurant l’impédance statique entre la masse et l’alimentation. La valeur de cette résistance est de l’ordre du kΩ pour les circuits actuels de taille moyenne. 2.1.2.3.7 Comparaisons entre les différentes méthodes Des comparaisons entre différentes méthodes d’extraction de la capacité interne d’un circuit numérique sont ici proposées. Ces comparaisons sont effectuées sur un petit circuit numérique de 260 x 260 µm², composé d’environ 4000 transistors, dans une technologie BiCMOS 0,35 µm. Le tableau I.2 donne les capacités extraites avec les différentes méthodes, ainsi que les temps de traitements associés : Capacité extraite (pF) Temps de traitements (s) Evaluation surfacique (méthode 10 NAND) 19,7 pF X Evaluation surfacique + extraction interconnexions 23,33 pF 1s PrimeTime : somme des capacités des nœuds 12,16 pF 2s PrimeTime : somme de capacités + wire load model 20,26 pF 2s PrimeTime : capacités + extraction interconnexions 18,41 pF 2s 15,6 pF 145 s 18,0 pF 149 s SPICE (simulation fréquentielle) SPICE + extraction interconnexions Tableau I.2 : Comparaison de méthodes d’extraction de la capacité interne d’un circuit numérique de 260 x 260 µm² La capacité surfacique de la technologie utilisée a été évaluée avec la méthode des dix NAND. Sa valeur est de 292 pF/mm². L’extraction des interconnexions a été effectuée avec Arcadia, un outil d’extraction d’éléments parasites. La somme des capacités de tous les fils de ce circuit, déduite du fichier d’éléments parasites extrait, est de 3.592 pF. Nous avons utilisé l’outil d’analyse temporelle de SYNOPSYS PrimeTime [31] dans trois cas différents : sans prendre en compte les interconnexions, en les évaluant à l’aide de wire load models [32], A partir d’extraction des interconnexions StarRCXT de SYNOPSYS [31] sur le layout du circuit. 2.1.2.3.8 Variations de la capacité de cœur digital Jusqu’ici, nous avons considéré que la capacité interne d’un bloc numérique est constante au cours de l’activité digitale. En réalité, comme le montrent Baradoglu et Al [6], cette capacité varie au cours du temps. Elle est fonction de l’état logique interne de la circuiterie digitale. Il suffit de prendre l’exemple d’une porte logique de base : une NAND à 2 entrées. Des simulations SPICE ont été effectuées afin de déterminer la capacité interne d’une telle porte, en fonction de différents états logiques et de sa tension d’alimentation. L’état logique de la porte change avec la valeur des signaux aux entrées de la porte. La Figure I.32 montre la variation de cette capacité. 38 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Figure I.32 : Capacité interne d’une porte NAND selon différents états logiques [6] Ainsi, la capacité interne d’un circuit numérique complet varie au cours de son activité. L’auteur de la publication propose une solution permettant de prendre en compte ces variations de capacités : chaque cellule doit être caractérisée dans tous ses états logiques possibles. Lors de la simulation globale du circuit, les modèles adéquats seront choisis par le simulateur, en fonction de l’état logique interne du bloc digital. Ces variations de capacité interne impliquent des variations de la fréquence de résonance du circuit. Par exemple, une variation de 45% de cette capacité interne engendre une variation de 25% de la fréquence de résonance du circuit. 2.1.2.4 Les courants dynamiques de consommation Les courants absorbés sur l’alimentation et la masse d’un circuit numérique durant son activité, sont certainement les éléments les plus difficiles à extraire pour la réalisation du modèle ICEM d’un circuit intégré. Le nombre de transistors dans un circuit digital, toujours de plus en plus élevé, cause de sérieux problèmes en termes de temps de traitement et de mémoire nécessaires. Nous essayons ici de donner un certain nombre de pistes sur les possibilités de modélisation de ces courants. 2.1.2.4.1 Les différentes sources de courant Dans la description du modèle ICEM, une seule source de courant modélise l’activité interne du circuit. D’autres types de modélisation [33] dissocient le courant absorbé par les PMOS, sur l’alimentation, du courant rejeté dans la masse par les NMOS du circuit intégré. La deuxième solution donne une meilleure précision mais est aussi plus difficile à modéliser. Le modèle ICEM propose de moyenner ces deux courants afin d’en obtenir qu’un seul. Pour la réalisation d’un modèle rapide, il vaut mieux utiliser une seule source de courant. Cependant, si la meilleure précision possible est requise, il faut alors modéliser l’activité interne du circuit par deux sources de courant et deux capacités de cœur digital. La Figure I.33 donne le schéma électrique des deux cas possibles : Iint Ccoeur Ipmos Inmos Cpmos Cnmos a) Courant de consommation simple b) Courants de PMOS et NMOS dissociés Figure I.33 : Deux modèles différents de l’activité interne Pour que ces deux modèles soient équivalents, il faut respecter certains critères : C coeur= Cnmos . Cpmos Cnmos + Cpmos et Iint=Ipmos . Cpmos Cnmos + Inmos . Cpmos+Cnmos Cpmos+Cnmos 39 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 2.1.2.4.2 Calculs et Abaques Nous donnons ici divers moyens rapides et utiles pour réaliser les sources de courant du modèle ICEM à mettre en place. Il s’agit à chaque fois de description temporelle du courant absorbé. Nous considérerons le courant absorbé comme un pic triangulaire, comme l’illustre sur la Figure I.34 : Figure I.34 : Modèle triangulaire équivalent du courant consommé [34] a. Sans informations de consommation du circuit Le document décrivant le modèle ICEM donne une méthode simple pour évaluer le courant consommé par un circuit digital dont on ne connaît pas la consommation. Le tableau I.3 donne quelques valeurs caractéristiques de différentes technologies. La porte NAND est la porte logique de base des librairies de cellules numérique. Elle est composées de 4 transistors et est une unité de base de la surface des circuits numériques. Technologie CMOS Année Tension d’alimentation (V) 0,35 µm 0,25 µm 0,18 µm 0,13 µm 0,09 µm 0,065 µm 1995 1997 1999 2001 2003 2005 5 – 3,3 5 – 2,5 2,5 – 1,8 2,5 – 1,2 1,2 – 1 1,2 - 1 Densité de portes NAND (mm-2) 18000 36000 78000 130000 220000 480000 Fréquence d’horloge (MHz) Capacité (nF.mm-1) Courant moyen (mA.mm-2.MHz-1) 16 - 300 40 – 450 50 – 900 100 – 1200 150 – 1800 200 - 3000 0,15 – 0,3 0,2 – 0,4 0,3 – 0,6 0,4 – 0,8 0,8 – 1,6 1,5 - 3 0,5 – 1 0,5 – 0,1 0,55 – 1,1 0,48 – 0,96 0,8 – 1,6 1,5 - 3 Tableau I.3 : Quelques valeurs caractéristiques de consommation de circuits CMOS digitaux. Connaissant la surface du circuit digital, on peut en déduire le nombre de portes. A chaque coup d’horloge, entre 10 et 20 % des portes logiques commutent dans les circuits numériques classiques. Nous pouvons donc facilement en déduire le courant statique consommé par le circuit. Le temps pendant lequel est absorbé le courant (la base du triangle de courant) a une valeur de l’ordre de la nanoseconde. Par exemple, un circuit CMOS 0,13 um de 35 mm2, fonctionnant à 200 MHz avec une activité de 20 % a les caractéristiques suivantes : Capacité de cœur : 14 nF < Ccoeur < 30 nF, Consommation statique : 0,7 A < Imoy < 1,3 A Pic de courant de 2 ns de largeur : 3,8 A < Imax < 6,7 A Remarque : Les valeurs données sont des valeurs typiques de circuits CMOS. Chaque circuit est cependant unique et les valeurs calculées à l’aide du tableau peuvent être très éloignées de la réalité, ce qui montre la complexité de la tâche de modélisation des courants internes de circuits numériques. b. Avec des informations de consommation du circuit A partir de la consommation statique du circuit intégré, il est possible d’évaluer la hauteur du triangle de courant, sachant que l’on considère toujours sa base comme étant le cinquième de la période d’horloge du circuit. Il suffit pour cela de multiplier par 10 la valeur du courant moyen pour avoir la valeur pic du courant consommé. Par exemple, si un circuit consomme 1 A de courant moyen, avec une fréquence principale d’horloge de 200 MHz, on aura un courant pic de 10 A étalé sur 1 ns. La représentation graphique d’un tel courant sur quelques périodes d’horloges est donnée sur la Figure I.35. 40 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 10 8 ) A( t n ar u o C 6 4 2 0 0 5 10 15 20 Temps (ns) Figure I.35 : Modèle triangulaire équivalent d’un courant moyen de 1 A D’autres informations peuvent aider à réaliser un modèle de courant un peu plus fin. Par exemple, l’activité de l’arbre d’horloge d’un circuit numérique représente à peu près 20% de la consommation du circuit. A partir de l’intervalle de temps de commutation de l’arbre d’horloge, aussi appelé skew, le pic de courant associé à l’activité de l’arbre d’horloge peut être déduit. On peut alors superposer ce pic à un autre pic modélisant l’activité des autres cellules, celui-ci étant étalé sur la moitié de la période d’horloge par exemple. Connaissant la durée d’un pic et sa valeur moyenne, alors la hauteur de ce pic est donnée par cette simple formule : Imax=2 . Imoy f . ∆t en A Imoy étant le courant moyen consommé, f la fréquence de fonctionnement du circuit et ∆t la durée du pic de courant. Par exemple, si un circuit fonctionnant à 200 MHz consomme 1 A de courant moyen, soit 0,2 A pour l’arbre d’horloge et 0,8 A pour le reste du circuit. L’arbre d’horloge commute en 0,3 ns et le reste du circuit en 3 ns. On obtient la forme de courant suivante, superposition des deux pics de courants : 6 5 ) A( t n ar u o C 4 3 2 1 0 0 5 10 15 20 Temps (ns) Figure I.36 : Modèle triangulaire complexe prenant en compte l’arbre d’horloge Remarque : L’arbre d’horloge est un réseau de buffers et d’inverseurs en série et en parallèle qui permet de distribuer l’horloge de synchronisation de la manière la plus uniforme possible dans le circuit numérique. Ces méthodes sont des exemples de la manière dont le courant interne consommé par un circuit digital peut être modélisé. Chaque circuit est particulier et possède ses propres paramètres (arbre d’horloge, bus de données commutant simultanément, logique asynchrone …). Une bonne connaissance du circuit et de son fonctionnement permet de modéliser au mieux le courant consommé par celui-ci. L’étude peut cependant être restreinte. En effet, dans les circuits numériques actuels, 80% des portes logiques utilisées sont des inverseurs, des buffers ou des portes NAND. 2.1.2.4.3 Simulation de type SPICE Il s’agit du mode de simulation donnant les résultats les plus précis, tous les transistors du circuit étant modélisés de manière très fine. Il ‘suffit’ de simuler le circuit dont on veut connaître la consommation et de récupérer les courants consommés par le circuit dans des fichiers. Les sources de courant du schéma de simulation globale feront référence à ces fichiers. Evidemment, les simulations SPICE, même avec les 41 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes simulateurs et ordinateurs actuels, demandent énormément de temps et de mémoire. Seuls les circuits de taille modeste peuvent faire l’objet de ce type de simulations. Le partitionnement d’un gros circuit en plusieurs souscircuits est envisageable, mais la tâche est ample… Ainsi, d’autres méthodes permettant de simuler la consommation dynamique d’un circuit numérique ont été développées. 2.1.2.4.4 Diverses méthodes a. Somme des courants individuels Une première approche intuitive consiste à caractériser les courants absorbés par chaque cellule logique de base afin de générer une bibliothèque de courants absorbés lors de commutation. Par la suite, il faut faire la somme des courants en fonction de l’activité du circuit numérique [33]. Nous avons choisi d’explorer cette voie grâce aux travaux de Benoît Fabin et Richard Meffre [35]. Dans un premier temps, il s’agit donc de caractériser toutes les cellules d’une librairie digitale. Plusieurs paramètres sont susceptibles de faire varier les courants consommés par une porte logique lors de commutations : les charges de sortie, les pentes des signaux d’entrée, son état logique interne, la tension d’alimentation du circuit et sa température de fonctionnement. Tous ces paramètres doivent être pris en compte lors de la caractérisation. Le nombre de simulations nécessaires pour caractériser une seule porte peut être très important. Ce nombre varie en fonction des entrées et sorties du circuit, du nombre d’états logiques possibles, mais aussi des valeurs que prennent les paramètres de caractérisation. Par exemple, si l’on cherche à caractériser une porte NAND à 2 entrées et une sortie, avec 3 valeurs de pentes de transition d’entrée possibles, 3 valeurs de capacités de sortie et 10 cas possibles de transitions logiques : il faut effectuer 3 x 3 x 3 x 10 = 270 simulations. Les nombreuses formes de courant simulées sont sauvegardées dans des fichiers qui constituent une librairie de caractérisation. Cette phase de caractérisation est donc longue mais n’a besoin d’être effectuée qu’une seule fois pour la caractérisation d’une librairie de cellules logiques d’une technologie donnée. Par la suite, il faut faire la somme des contributions de chaque porte logique du circuit pour en décrire la consommation globale. Les événements survenant dans le circuit numérique, sont donnés au programme ‘sommateur’ par l’intermédiaire d’un fichier ‘vecteurs d’activité’, donnant les différentes transitions logiques pour chaque cellule du circuit, en fonction du temps. Ce fichier d’activité est fourni par un outil de simulation fonctionnelle du type VHDL, beaucoup plus rapide que les simulations de type SPICE, car ne simulant que le fonctionnement logique du circuit. Les simulations fonctionnelles sont difficiles à mettre en place, et peuvent prendre beaucoup de temps. De plus, les fichiers d’activité interne, selon le circuit et le temps de simulation, peuvent être très volumineux. Certaines autres données sont nécessaires pour que le ‘sommateur’ effectue ‘le bon choix’ parmi toutes les courbes de courants disponibles dans les librairies de caractérisation des cellules. Ces paramètres sont les charges de sortie et les pentes des transitions d’entrée de chaque cellule. Des fichiers générés par un logiciel d’analyse temporelle comme PrimeTime de SYNOPSYS [31] contiennent toutes ces données. Cette méthode présente un certain nombre d’inconvénients et nécessite des améliorations : les fichiers de caractérisation sont trop volumineux, nécessité de vecteurs d’activité pour évaluer le courant interne d’un circuit, peu de valeurs possibles pour les paramètres de caractérisation, sous peine d’augmenter encore la taille des fichiers de caractérisations. De nombreuses améliorations restent à effectuer, mais ces travaux nous ont permis de valider la démarche globale et d’entrevoir des possibilités intéressantes pour la modélisation des courants consommés par un circuit digital. La Figure I.37 [35] illustre l’organisation des différents programmes permettant d’effectuer la somme des courants : 42 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Figure I.37 : Ordinogrammes de la somme de courants internes d’un circuit numérique [35] Bogliolo et Al. amènent des solutions aux problèmes posés par la caractérisation des cellules logiques [36]. Ils proposent un modèle symbolique des portes CMOS prenant en compte les variations des courants internes dues aux différents paramètres sur les entrées et sorties des portes logiques. Les courants de consommations des cellules numériques sont approximés par des triangles, dont les caractéristiques sont définies à partir des transitions d’entrée et des capacités de charges de sorties. b. Approche statistique : chaîne de Markov Pour effectuer la somme des courants individuels de chaque porte, un fichier d’activité interne du circuit numérique est, comme nous l’avons vu, indispensable. Ce fichier est dans certains cas, assez difficile à obtenir, car demandant beaucoup de temps de traitement, mais aussi de travail de la part du concepteur. Nous décrivons ici une approche alternative intéressante : une approche statistique utilisant les chaînes de Markov. Remarque : Une chaîne de Markov est une suite de variables aléatoires (Xn) telle que, pour chaque n, Xn+1 soit indépendante de Xk, pour k inférieur ou égal à n-1. Considérons les transitions logiques aux entrées d’une porte logique élémentaire comme des variables aléatoires. L’évènement qui a lieu à l’instant t, une transition logique n, dépend de l’événement de l’instant t-∆t, ou de la transition n-1, mais pas de l’instant t-2∆t et n-2. Ce raisonnement motive l’utilisation des chaînes de Markov pour modéliser de manière statistique l’activité numérique d’un circuit intégré. En considérant une seule entrée de la porte, α étant la probabilité de transition 0 vers 1 de cette entrée et β la probabilité de 1 vers 0, à partir de la matrice de probabilité définissant la chaîne de Markov définie en fonction de α et β et d’une matrice donnant les courants consommés par la porte en fonction de son état logique et des transitions logiques qu’elle subit, on peut obtenir la densité spectrale du courant d’alimentation absorbé par la porte logique [37]. En appliquant cette méthode à toutes les portes logiques du système, nous modélisons, de manière statistique, le courant consommé par le circuit. Il faut additionner les contributions spectrales de toutes les portes du circuit, pondérées par les coefficients α i et βi. Pour obtenir une représentation temporelle du courant électrique consommée par le circuit, il faut effectuer une transformée de Fourier inverse. 43 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes La principale difficulté de cette méthode est de définir des valeurs réalistes de coefficients α et β pour chaque porte logique. Ces coefficients ne sont pas faciles à déterminer. Cette approche de Markov permet néanmoins de gagner du temps de traitement informatique par rapport à une simulation statistique de type Monte Carlo classique, tout en donnant des résultats similaires [37]. Cette voie intéressante n’a pas encore été explorée en détails, mais elle semble être une alternative élégante et rapide. c. Modélisation VHDL-AMS Le VHDL-AMS [38] est un puissant langage de description des circuits électroniques. C’est en fait une évolution du langage VHDL (Very High Speed Integrated Circuits Hardware Desription Langage) utilisé pour la simulation de circuits numériques. Ce langage de description récent permet de faire de la co-simulation analogique/numérique. L’intérêt de l’utilisation d’un tel langage pour la modélisation du courant d’alimentation digital devient dès lors évident. L’utilisation de ce langage permet des temps de simulations beaucoup plus courts que lors de l’utilisation de simulateur de type SPICE classique. Nous présentons brièvement ici, une méthode éprouvée et exposée par Richard Perdriau dans sa thèse [39]. Cette méthode a été évaluée sur des technologies récentes de 90 nm de longueur de grille par Rachida Bah, de l’équipe R&D ’Analog and Mixed Signal IPs’ de STMicroelectronics Rabat en Tunisie. Le principe est le suivant : le circuit principal est divisé en sous-blocs dont sont extraits des netlists de type SPICE. Ces sous-blocs sont simulés au niveau transistor. A partir de ces simulations, des modèles VHDL-AMS comportementaux des blocs sont construits et contiennent les informations de consommations dynamiques en fonction de divers paramètres de ces sous-circuits. Les netlists SPICE de chaque sous-circuit sont remplacées dans le schéma de simulation global par les modèles équivalents VHDL-AMS générés. Le nouveau schéma de simulation du circuit nécessite un temps beaucoup plus court de traitements informatiques que le schéma SPICE complet. Remarque : Il a été montré par Baradoglu et Al. que dans le cas d’un circuit intégré réel, où la ligne d’alimentation n’est pas parfaite, le courant total consommé par le circuit, n’est pas égal à la somme de courants individuels de chaque porte [6]. Les sauts d’alimentations, induits par les courants dynamiques de fonctionnement du circuit, modifient la tension d’alimentation de chaque porte au cours du temps, et donc leur courant consommé. Toutes les méthodes montrées utilisent des caractérisations de blocs numériques ne prenant pas en compte leur environnement de fonctionnement et donc les sauts d’alimentation susceptibles d’en modifier la consommation. 2.1.2.4.5 Divers outils de CAO L’objectif de ces travaux étant de fournir une méthodologie avancée aux concepteurs de circuits mixtes, nous présentons ici différents outils de Conception Assisté par Ordinateur, rencontrés lors de nos travaux, susceptibles de nous fournir ces précieuses informations sur la consommation dynamique de courant d’un circuit numérique complexe. a. Synopsys PrimePower Ce logiciel, dérivé de PrimeTime [31] (un outil d’analyse temporelle), a pour objectif principal de simuler la puissance instantanée consommée par un circuit numérique, lors de son activité. De cette puissance instantanée, il est facile de déduire le courant consommé, en considérant que la tension d’alimentation constante. Sa mise en place est facile, car fonctionnant comme son très proche cousin PrimeTime, utilisé tout au long de la phase de design chez STMicroelectronics. La puissance de chaque porte logique du circuit est calculée à partir l’équation de base de l’énergie électrostatique d’une capacité : P= 1 C . V2 2 en W Ainsi, à chaque transition logique, donnée par un fichier d’activité, PrimePower calcule pour chaque porte, l’énergie qu’elle doit fournir pour charger sa capacité de sortie (l’entrée d’une autre porte), mais aussi les 44 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation capacités internes (les transistors internes) de la porte elle-même. Une librairie de caractérisation donne pour chaque cellule numérique les énergies internes consommées pour chaque transition logique possible. Ainsi, PrimePower donne une information d’énergie ne tenant pas compte du temps pendant lequel cette énergie charge les capacités de sortie du circuit. Le pas de temps, pendant lequel l’énergie ‘migre’ dans la capacité, est donné par l’utilisateur, il n’est pas calculé. Il s’ensuit certaines incohérences : par exemple si deux inverseurs chargent une capacité identique, mais avec un signal d’entrée de pentes différentes, l’outil donnera des pics de puissance équivalents. La Figure I.38 illustre ce cas de figure avec différents temps de charge de la capacité et des pas de temps. 0.06 W ne ec na ss i u P 0.06 spice t=2ns PP pas de 1 ns PP pas de 0.5 ns 0.04 0.02 0 spice t=1ns PP pas de 1ns PP pas de 0.5 ns 0.04 0.02 0 1 2 3 Temps en ns 4 5 0 0 1 2 3 4 5 Temps en ns Figure I.38 : Comparaison entre simulations PrimePower et SPICE PrimePower demeure cependant très utile. Il permet d’avoir une évaluation assez fine du courant dynamique consommé par un circuit digital et est surtout très rapide à mettre en place et à utiliser. De plus, il possède un mode ‘vectorless’, permettant de travailler sans vecteur d’activité, l’outil ayant des algorithmes de modélisation statistique. b. Apache RedHawk [40] Cet outil est utilisé pour simuler les sauts d’alimentations dans un circuit numérique complexe. Il modélise donc le courant dynamique consommé par un circuit intégré. La méthode de modélisation ressemble fortement à celle décrite en 2.1.2.4.4 : la somme des courants individuels. Une longue phase de caractérisation des cellules logiques est nécessaire. Un moteur de simulations électriques rapide, remplace le simulateur SPICE classique. Un aspect intéressant de cet outil est son fonctionnement en mode ‘vectorless’, sans vecteur d’activité, utilisant des données statistiques que l’on peut pondérer à volonté. Un ordinogramme de fonctionnement de RedHawk est donné sur la Figure I.39. Des comparaisons entre mesures et simulations montrent de bonnes correspondances en ce qui concerne les sauts d’alimentation [41]. Figure I.39 : Ordinogramme de redHawk et comparaisons entre mesures et simulations de la tension d’alimentation d’un circuit fonctionnant à 200MHz [41] 45 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes c. Cadence VoltageStorm VoltageStorm [19] est un outil de la société Cadence dont l’utilité première est de prédire les chutes de tension d’alimentation dans un circuit intégré. Il est généralement utilisé en mode statique : les chutes de potentiel statiques de l’alimentation sont évaluées. L’alimentation est modélisée sous forme d’un réseau RC. Les courants statiques consommés par chaque porte logique sont en fait des évaluations des courants de fuite statiques des transistors MOS en fonction de leur taille. La combinaison de ces deux éléments permet de calculer les chutes de potentiel de l’alimentation à divers points du circuit. Il possède cependant un mode dynamique, utilisant les vecteurs d’activité précédemment décrits. Le principe de fonctionnement est celui de la somme des courants individuels. Chaque cellule est caractérisée individuellement, puis le courant global est déterminé à partir de la contribution de chacune d’elles. Cet outil fonctionne de plus de manière hiérarchique, ce qui peut simplifier la tâche de manière drastique pour les circuits de taille importante. Les résultats sont donnés sous forme d’une cartographie des chutes de potentiel : Figure I.40 : Exemple de cartographies de chutes d’alimentation dans des circuits intégré calculées par le logiciel VoltageStorm de Cadence [19] Une utilisation détournée de cet outil peut permettre d’extraire le courant de consommation globale du circuit. Ce logiciel est couramment utilisé sur de nombreux projets STMicroelectronics et des librairies de caractérisation de certaines technologies sont disponibles. Cependant, la mémoire nécessaire et le temps de traitement sont déjà très importants en utilisant le mode statique. Ainsi, lors du développement de circuit, cette étape n’est pas effectuée, car elle demande trop de temps. VoltageStorm est donc généralement utilisé lors de phases de débogage de circuits, lorsque les causes possibles de disfonctionnement sont recherchées. L’utilisation de l’outil en mode dynamique semble être difficile à mettre en place et est même déconseillée par le fournisseur pour les circuits de plus de 200000 portes. 2.1.2.4.6 Extraction par la mesure A partir de mesures externes du courant consommé par un circuit imprimé, par la méthode de mesure 1Ω par exemple [42], nous pouvons déduire le courant interne du circuit intégré. La fonction de transfert du réseau d’alimentation du circuit (Passive Distribution Network du modèle ICEM) est nécessaire pour déterminer le courant interne à partir du courant externe mesuré. Dans le domaine fréquentiel, l’opération est aisée, il suffit d’appliquer la formule suivante : Iint(j.ω) = PDN(j.ω) . Iext(j.ω) en A PDN(j.ω) est la fonction de transfert du réseau passif d’alimentation. Une transformation de Fourier inverse sur le spectre du courant interne obtenu permet de trouver une représentation temporelle de ce courant. La Figure I.41 est un exemple de ce que l’on obtient comme courant dynamique interne en fonction du courant mesuré externe : 46 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Figure I.41 : Exemple de courant interne obtenu à partir de mesures externes [43] 2.1.2.4.7 Comparaisons des méthodes Nous avons évalué différentes méthodes d’extraction du courant interne d’un circuit digital. Il s’agit d’un petit circuit numérique en technologie BICMOS 0,35 µm. Sa taille est de 260 x 260 µm². Il est composé d’environ 4000 transistors, fonctionne à 20 MHz et consomme 1mA. Des comparaisons temporelles et fréquentielles ont été effectuées. Les résultats de ces comparaisons sont donnés sur les figures I.42 et II.43. De toute évidence, les écarts entre les différents courants extraits sont assez importants. Le circuit sur lequel ont été effectuées ces simulations est très petit et à priori beaucoup plus facile à simuler qu’un circuit de taille normale. Les temps des traitements informatiques nécessaires pour les différentes extractions ainsi que les consommations moyennes calculées du circuit sont donnés dans le tableau suivant : Courant moyen de Temps d’extraction du consommation courant SPICE 0.89 mA 655 secondes Somme 1.08 mA 25 secondes PrimePower 1.12 mA 14 secondes Evaluation 1 mA X Tableau I.4 : Comparaisons des courants moyens extraits et des temps d’extraction 47 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure I.42 : Comparaison temporelle des courants de consommation extraits Figure I.43 : Comparaison fréquentielle des courants de consommation extraits Caractériser de la manière la plus fine possible les courants de consommation d’un circuit de grande taille est un des objectifs majeurs de la plupart des concepteurs d’outils dédiés à la conception microélectronique. Nous pouvons raisonnablement penser que des outils performants et rapides verront le jour d’ici peu. 48 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 2.2 Le couplage capacitif Le bruit d’alimentation, décrit dans la partie précédente, est la principale source de bruit dans le substrat. Les sauts de masse d’un circuit, induits par son activité, se propagent dans le substrat via différentes structures de polarisation du substrat. Il existe un autre type de couplage avec le substrat : il s’agit du couplage capacitif avec différents types de signaux du circuit intégré. Les structure de transport de signaux peuvent en effet être couplées capacitivement avec le substrat. Nous décrivons ici ces structures et proposons des moyens pour modéliser ce type de couplage. 2.2.1 2.2.1.1 Mécanismes Capacités MOS des transistors Les entrées des transistors d’un circuit numérique, les NMOS, sont couplées au substrat commun du circuit par leur capacité MOS de grille. Ainsi, des signaux numériques digitaux peuvent se propager dans le substrat grâce à cette liaison capacitive. Dans le cas du PMOS, le couplage est indirect car les PMOS sont placés dans un caisson d’isolation N comme le montre le Figure I.44 : Transitions digitales d’entrée NMOS PMOS caisson Nwell SUBSTRAT Figure I.44 : Schéma de couplage par capacités MOS de grille d’un NMOS et d’un PMOS 2.2.1.2 Capacités drain/substrat et source/substrat Les drains et source des PMOS et NMOS d’une porte logique forment des diodes PN avec le substrat (P pour les NMOS et N pour les PMOS). Ces diodes sont polarisées en inverse et se comportent donc comme une liaison capacitive entre le plot et le substrat. Dans un circuit digital, les drains de PMOS et NMOS sont en général connectés à des signaux digitaux, alors que les sources sont connectées à la masse pour les NMOS et à l’alimentation pour les PMOS. Ainsi, les drains transmettent des signaux digitaux dans le substrat, alors que les sources transmettent les sauts d’alimentation et de masse (cf Figure I.45). Sauts de masse Transitions digitales Sauts d’alimentation de sortie NMOS PMOS caisson Nwell SUBSTRAT Figure I.45 : Schéma de couplage par les capacités de drain et de source d’un NMOS et d’un PMOS 2.2.1.3 Capacités interconnections/substrat Les interconnexions métalliques reliant les différentes portes logiques, transistors ou composants du circuit, forment avec le substrat, assimilé à un plan de masse, des capacités. Les signaux transitant par ces interconnexions sont donc couplés de manière capacitive au substrat comme le montre la Figure I.46. Les niveaux de métal les plus proches du substrat sont les plus critiques. Transitions digitales ou analogiques NMOS PMOS caisson Nwell SUBSTRAT Figure I.46 : Schéma du couplage capacitif des interconnexions métalliques 49 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 2.2.1.4 Capacités caissons/substrat En technologie CMOS, afin d’isoler électriquement les PMOS du substrat P (technologie CMOS à caisson N) ou les NMOS du substrat N (technologie CMOS à caisson P), des caissons de dopage opposé au substrat sont implantés. Ces caissons, forment avec le substrat des jonctions PN polarisées en inverse afin d’isoler électriquement les éléments dans le caisson du substrat principal. Ces jonctions PN en inverse ont un comportement capacitif qu’il faut prendre en compte. Ainsi, les fluctuations de tensions à l’intérieur de ces caissons, sont transmises dans le substrat par une liaison capacitive (cf. Figure I.47). NMOS PMOS caisson Nwell SUBSTRAT Figure I.47 : Schéma du couplage capacitif des caissons Nwell avec le substrat 2.2.2 2.2.2.1 Modélisations Modèle SPICE du transistor L’utilisation d’un modèle SPICE du transistor permet de simuler plusieurs types de couplage capacitifs. Par exemple, le modèle de MOS MM9 [44] de Philips prend en compte les effets capacitifs de la source, du drain et de la grille avec un nœud substrat nommé bulk. Ce nœud bulk est une entrée/sortie du modèle de MOS. Il est généralement court-circuité à la source du transistor. Les simulations SPICE utilisant ce modèle peuvent donc être utilisées pour caractériser les courants injectés dans le substrat de manière capacitive par une porte logique constituée de NMOS et PMOS. Ces différentes capacités sont calculées à partir des paramètres de chaque MOS (longueur et largeur de grille, grille inter-digitée, dopages …). Dans le cas particulier d’un inverseur, le signal d’entrée de l’inverseur est transmis au substrat via la capacité de grille du NMOS et via la capacité de grille du PMOS en série avec la capacité du caisson Nwell. Le signal inversé, de sortie de l’inverseur, est transmis au substrat par les drains des MOS. Enfin les sources des MOS propagent les sauts de masse et d’alimentation du circuit. 2.2.2.2 Source de Thévenin équivalente Nous modélisons ces différentes sources de perturbations substrat par leur générateur de Thévenin équivalent. Dans le cas du transistor MOS, nous amenons les différentes sources de perturbation du MOS vers un nœud nommé bulk, de manière identique au MM9 du MOS [44]. Ainsi, les différentes sources de Thévenin peuvent être mises en parallèle pour n’en former qu’une seule. V1 Z1 V2 Z2 Vb Vb Vn Zb Zn Figure I.48 : Mise en parallèle de générateurs de Thévenin La mise en parallèle de plusieurs générateurs de Thévenin donne un générateur de Thévenin équivalent tel que : Zb = n ∑ i=1 50 n 1 1 Zi et Vb = Zb . Vi ∑Z i=1 i Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 2.2.2.2.1 Détermination de la tension de la source a. Tension de la grille et du drain Pour un MOS (P ou N), nous pouvons ramener les tensions parasites substrat de la grille et du drain à un seul générateur de Thévenin. Ainsi, pour un inverseur simple, constitué d’un PMOS et d’un NMOS, deux générateurs de Thévenin équivalents sont nécessaires : un pour chaque type de MOS. Les tensions des signaux d’entrée et de sortie de l’inverseur sont les tensions de deux générateurs de Thévenin en parallèle formant la source équivalente du MOS. Ce principe est illustré sur la Figure I.49. Dans le cas d’un circuit numérique, ces tensions sont des créneaux avec un certain temps de montée ou de descente et un certain délai du signal digital. Ces valeurs de temps de montée ou de descente et de délai peuvent être obtenues à partir : de simulation SPICE, d’une analyse temporelle. b. Tension d’une interconnexion Pour une interconnexion, nous utilisons un générateur de Thévenin par interconnexion dont on veut connaître la perturbation. La tension de ce générateur de Thévenin est le signal digital transitant dans cette interconnexion : il s’agit aussi d’un créneau défini par son temps de montée ou de descente et son délai. Ces paramètres sont obtenus de la même manière que précédemment. 2.2.2.2.2 Détermination de l’impédance de la source a. Capacité de la grille et du drain Les impédances de ces sources de perturbation sont capacitives. Il faut calculer la capacité grille/substrat et la capacité drain/substrat. Pour la capacité MOS, celle-ci dépend de la surface de grille. Pour les capacités de drains et de sources, celles-ci dépendent de la surface mais aussi des périmètres de drain et de source des MOS. Les formules permettant de calculer ces différentes capacités sont données en 2.1.2.3.1. Ces capacités peuvent ainsi aussi être déterminées à partir de simulations de type SPICE des transistors concernés. b. Capacité d’une interconnexion On considère le substrat comme un plan de masse. La capacité entre le fil d’interconnexion et ce plan de masse peut se calculer à l’aide des formules données en 2.1.2.2.3. 2.2.2.3 Comparaisons entre les méthodes Nous considérons un inverseur CMOS en technologie bicmos 0,35 µm. Un créneau de 0 vers 3.3 V est appliqué en entrée, avec un temps de montée de 0,5 ns. La charge de sortie de cet inverseur de 100 fF. La source de Thévenin équivalente au nœud bulk du NMOS de cet inverseur est modélisée de deux manières différentes : à partir de simulation SPICE : elle permet d’obtenir l’impédance de sortie du nœud bulk et la tension à vide de ce nœud. à partir d’un analyse temporelle et de calculs de capacités : l’analyse temporelle nous renseigne sur le délai et le temps de montée de la tension de sortie. Nous déterminons les capacités grille/substrat et drain/substrat à partir de calculs. Les capacités grille/substrat et drain/substrat sont 0.63 fF et 1.45 fF lorsque le NMOS est bloqué. Les délais et temps de montée du signal de sortie sont calculés à l’aide de l’outil d’analyse temporelle PrimeTime. Les valeurs données par l’outil sont répertoriées dans le tableau suivant : Capacité de sortie Cload=10 fF Capacité de sortie Cload=100 fF Transition d’entrée Délai Transition Délai Transition Tin= 0.1ns 0,078 ns 0,047 ns 0,23 ns 0,047 ns Tin= 0.5ns 0,13 ns 0,16 ns 0,27 ns 0,16 ns Tableau I.5 : Valeurs des délais et transitions de sortie calculés par PrimeTime pour un inverseur Le schéma équivalent du nœud bulk du MOS est le suivant lorsque le NMOS est bloqué en début de transition d’entrée: 51 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Pmos Vin Vout Vout Rs Cload Cdrain Cload Vbulk Vbulk Nmos Cgrille Vin Figure I.49 : Générateur de Thévenin équivalent à la tension bulk du NMOS d’un inverseur La résistance Rs est la résistance du canal P du PMOS passant. Le courant de chargement de la capacité Cload passe en effet par ce canal. Pour ce PMOS, cette résistance est évaluée à 2 kΩ. Pour comparer les résultats des deux différents modèles, le nœud bulk du NMOS et du modèle simplifié sont chargés par une résistance de 100 Ω. Cette résistance correspond à la résistance substrat réelle entre le nœud bulk et la source du NMOS. Les résultats sont illustrés par les courbes de la Figure I.50. Capacité de sortie Cload=100 fF Capacité de sortie Cload=10 fF Temps de transition d'entrée T=0.1 ns Temps de transition d'entrée T=0.5 ns 10 mV 5 mV 0 Modèle SPICE MM9 2 mV Modèle d'analyse temporelle 0 -1 mV 1 ns 2 ns 1 ns 2 ns Figure I.50 : Tensions du nœud bulk du NMOS d’un inverseur en fonction de la capacité de sortie de l’inverseur et du temps de transition du signal d’entrée. 52 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 2.3 Autres phénomènes de génération de bruit substrat Un certains nombre d’autres phénomènes peuvent induire des courants et tensions parasites susceptibles de se propager dans le substrat. 2.3.1 2.3.1.1 Mécanismes Ionisation par impact Lorsqu’un transistor MOS est en régime de saturation, un fort champ électrique se crée dans la zone de déplétion du canal, près du drain. Une partie des porteurs de cette région récupère assez d’énergie pour devenir des porteurs ‘chauds’. Lorsque ces porteurs ‘chauds’ se dispersent, ils peuvent dissiper leur excès d’énergie en créant de nouvelles paires électron/trou. Ce phénomène se nomme l’ionisation par impact. Pour un transistor NMOS, les trous créés par l’ionisation par impact sont évacués dans le substrat, créant ainsi un courant substrat parasite. Ce courant peut induire des fluctuations de potentiel substrat du circuit intégré se propageant jusqu’aux parties sensibles [45]. L’ionisation par impact dans les PMOS est considérablement plus faible que dans les NMOS, le coefficient d’ionisation des trous étant moins important que celui des électrons [46]. NMOS PMOS caisson Nwell Courants d’ionisation par impact SUBSTRAT Figure I.51 : Ionisation par impact dans un inverseur CMOS 2.3.1.2 Courant de fuite de grille Un courant de fuite de grille apparaît lorsqu’il existe un très fort champ électrique dans la région très fine de superposition du drain et de la grille. Ce champ forme une profonde zone de déplétion dans le drain. Lorsque la chute de tension dans cette zone est suffisamment importante, les électrons de valence migrent par effet tunnel, générant des trous transmis au substrat [45]. Ce courant parasite est très faible devant les autres phénomènes, notamment celui d’ionisation par impact. NMOS PMOS caisson Nwell Courants de fuite des grilles SUBSTRAT Figure I.52 : Courant de fuite des grilles d’un inverseur CMOS 2.3.1.3 Courant photo-induit Les porteurs chauds peuvent aussi évacuer leur excédent d’énergie en émettant des photons. Ces photons sont réabsorbés par le substrat, en créant de nouveau des paires électron/trou. Les photons peuvent se propager sur des distances importantes avant d’être absorbés dans le substrat. Toutes les protections capacitives ne peuvent empêcher leur propagation. Ce phénomène n’a cependant pas été mis en évidence lors de mesures sur des circuits classiques [45]. NMOS PMOS caisson Nwell Courants photo-induits SUBSTRAT Figure I.53 : Courants photo-induits dans un inverseur CMOS 53 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 2.3.1.4 Courant de fuite des diodes polarisées en inverse Les drains et sources des NMOS et PMOS sont polarisés en inverse dans un circuit numérique. Ces jonctions PN polarisées en inverse ont un courant de fuite très faible devant les autres courants parasites injectés dans le substrat. Dans les technologies actuelles, la résistance équivalente de fuite est de l’ordre de 1TΩ [45]. NMOS PMOS caisson Nwell Courants de fuite des drains et sources SUBSTRAT Figure I.54 : Courant de fuite des sources et drains d’un inverseur CMOS 2.3.2 2.3.2.1 Modélisations Modèle SPICE du transistor Tous les phénomènes cités précédemment ne sont pas forcément inclus dans les modèles de MOS courants. Les modèles MM9[44], Bsim3V3[47], EKV[48] modélisent l’ionisation par impact, ainsi que les courants de fuite des grilles, drains et sources. Les courants photo-induits sont très difficiles à modéliser. Ce phénomène est pour l’instant négligé. 2.3.2.2 Source de Thévenin équivalente Les équations décrivant ces phénomènes (ionisation par impact, courants de fuite, courants photo-induits …) sont très complexes. Pour modéliser ces phénomènes, nous utilisons donc la caractérisation à l’aide des simulations SPICE. Le nœud bulk des MOS d’un schéma de simulation SPICE rend compte de tous ces phénomènes décrits (si le modèle de MOS choisi est bon), y compris les couplages capacitifs avec la grille et le drain du MOS. Il est possible de construire un générateur de Thévenin équivalent à toutes ces sources. La tension de cette source de Thévenin est la tension simulée du nœud bulk ‘en l’air’. Son impédance peut être déterminée à partir de simulations dans le domaine fréquentiel. La simplification de ces phénomènes en un seul générateur de Thévenin, (ou plusieurs si l’on veut simuler en prenant en compte des variations de paramètres, comme la température ou la tension d’alimentation), permet de simplifier drastiquement le futur schéma de simulation global et permet d’éviter une simulation au niveau transistor gourmande en temps de traitement informatique. Vbulk Zbulk VD VG Bulk Figure I.55 : Méthode de modélisation des perturbations bulk. 54 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 3 Propagation de bruit dans le substrat Le substrat d’un circuit intégré est un milieu de propagation des perturbations électromagnétiques créées par l’activité d’une partie du circuit. Nous décrivons ici divers aspects de ce mode de propagation : Son origine physique, La propagation dans différents types de substrat, Les moyens d’isolations existants utilisés, Les méthodes de modélisation existantes. 3.1 Mécanismes et généralités de la propagation substrat La propagation des courants parasites dans le substrat peut être ramené aux problèmes typiques de propagation de signaux dans des milieux diélectriques conducteurs. Il faut donc résoudre la loi d’Ohm généralisée avec des conditions limites définies [49] en négligeant le courant de diffusion : r r J = E ( σ + j. ω . ε ) E étant le champ électrique (V.m-1), J la densité de courant électrique en (A.m-2), σ la conductivité électrique (S.m-1) du matériau et ω la pulsation du champs électrique (s-1) enfin ε la permittivité diélectrique du matériau (F.m-1). Afin de simplifier la caractérisation de la propagation des courants et tensions parasites dans le substrat, nous posons certaines conditions [50] : Les jonctions liées aux caissons sont toujours polarisées en inverse. Si cette condition n’est pas respectée, il peut en résulter des courts-circuits au niveau des alimentations. Les comportements spécifiques aux semi-conducteurs ne sont pas considérés ici (apparition d’une couche d’inversion, zone de charges d’espace …). Les effets de latch-up (activation des transistors parasites dans le substrat) ne sont pas considérés. La longueur d’onde maximale considérée est très supérieure à la taille du circuit intégré. Les effets inductifs sont donc négligés. 3.1.1 3.1.1.1 Mécanismes de propagation Effet résistif Dans un semi-conducteur dopé, la conductivité est donnée par l’équation suivante : ( σ = q . p . µp + n . µn ) en S.m-1 où q est la charge de l’électron (C), µp et µn sont les mobilités des porteurs libres (m2.V-1.s-1) ,trous et électrons, dont les concentrations dans le matériau sont nommées respectivement par p et n (m-3). La mobilité de porteurs est limitée par la vitesse de saturation des porteurs. Cette limitation existe lorsqu’un fort champ électrique (>50kV/cm) est appliqué au semi-conducteur. 3.1.1.2 Effet Capacitif Le silicium a une permittivité diélectrique égale à 103,5 pF.m-1. En considérant un petit morceau cubique de silicium, et son schéma électrique équivalent : Cs Rs Figure I.56 : Schéma électrique équivalent d’un morceau de substrat. 55 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes L’impédance entre deux surfaces opposées du morceau de silicium peut être exprimés par : ZS = RS 1+ j . 2π . f . R S . CS en Ω La représentation graphique du module de cette impédance est donnée sur la Figure I.57 en considérant Rs=1kΩ et Cs=1pF. 1000 | s Z | 0 600 s Z > -pi/4 200 0 1 MHz Fc 100 MHz Fréquence -pi/2 1 MHz 10 GHz Fc 100 MHz Fréquence 10 GHz Figure I.57 : Impédance d’un morceau de substrat homogène. Le substrat peut être considéré comme purement résistif en dessous d’une certaine fréquence de coupure déterminée avec la formule suivante : fC = σ 2π . ε en Hz La permittivité diélectrique du silicium étant considérée comme indépendante de son dopage, cette fréquence de coupure ne dépend que de sa conductivité, autrement dit de son dopage. Le tableau I.6 donne différentes valeurs de fréquence de coupure en fonction de divers dopages de substrat de type P. Niveau de dopage [ cm-3 ] Conductivité [ S.cm-1 ] Résistivité [ Ω .cm ] fc [GHz] 1014 7,96.10-3 125 1,2 15 -2 12,7 12 1,4 >100 0,035 >1000 10 10 16 7,87.10 0,714 18 28,57 10 Tableau I.6 : Comparaison entre les fréquences de coupure d’un substrat en silicium en fonction de son niveau de dopage ou de sa résistivité [51]. 3.1.1.3 Effet de peau ou effet pelliculaire Comme dans tout conducteur, le courant haute-fréquence dans le substrat d’un circuit intégré ne se propage pas dans toute l’épaisseur du substrat mais dans l’épaisseur de peau. La formule permettant de calculer cette épaisseur est donnée en 2.1.2.2.2. Connaissant l’épaisseur du circuit intégré, il est possible de déterminer la fréquence à partir de laquelle l’effet pelliculaire doit être pris en compte. La Figure I.58 illustre la variation de l’épaisseur de peau dans des substrats de silicium de différentes conductivités électriques. Figure I.58 : Epaisseur de peau dans le silicium en fonction de la conductivité et de la fréquence. 56 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 3.1.2 La Propagation dans différents types de substrat Les courants parasites peuvent donc se propager dans le substrat suivant trois régimes différents, en fonction de leur fréquence : Le régime quasi-statique : le substrat est considéré comme résistif. Le régime quasi-diélectrique : il faut prendre en compte le comportement capacitif. Le régime de hautes fréquences : l’effet de peau modifie la propagation des signaux en augmentant la résistivité du substrat. Les caractéristiques d’un substrat dépendent du type de wafer (plaquette de silicium) utilisé, mais aussi de la connexion arrière de la puce et de son boîtier. Il est important de comprendre l’influence du type de substrat utilisé et de la connexion arrière sur la propagation des signaux parasites dans le substrat d’un circuit intégré. Il existe deux types principaux de substrat conducteur : les bons conducteurs et les résistifs. A cela s’ajoutent les nouveaux substrats isolants, ou SOI (Silicon On Insulator). 3.1.2.1 Les substrats conducteurs 3.1.2.1.1 Processus technologiques Ce type de substrat est obtenu en faisant croître une couche de silicium épitaxiée faiblement dopée (1015 cm-3), donc résistive (~20 Ω.cm), sur un substrat fortement dopé (1019 cm-3), donc faiblement résistif (~0,05 Ω.cm). Une mince couche d’oxyde de silicium, isolante, se forme à l’arrière de la puce lors de son exposition à l’air libre, empêchant un bon contact ohmique avec le boîtier, si aucun traitement chimique spécifique coûteux n’est effectué avant l’assemblage du circuit intégré. La puce de silicium est collée sur le métal du boîtier à l’aide d’une colle de type époxy, conductrice ou non. ρepi (~20 Ω.cm) eepi (~6 µm) ρbulk (~0,05 Ω.cm) esubstrat (~400 µm) εoxyde ρepoxy Connexion métallique arrière Figure I.59 : Coupe d’un substrat conducteur avec couche épitaxiée. 3.1.2.1.2 Propagation des signaux Le substrat de ce type de wafer étant très conducteur, il peut être considéré comme un nœud unique [52]. Les courants parasites doivent donc ‘traverser’ la couche épitaxiée résistive, pour ensuite se propager ‘facilement’ par le substrat conducteur. (a) (b) a) distance entre les plots < 4 eepi b) distance entre les plots > 4 eepi Figure I.60 : Lignes de courants et tensions dans un substrat conducteur avec couche épitaxiée. Les illustrations de la Figure I.60 sont issues de simulations de propagation statique dans des milieux conducteurs à l’aide d’un logiciel utilisant la méthode des éléments finis [28]. Chaque ligne de courant représente à peu près 20% du courant total. Nous avons simulé le courant entre deux plots d’un substrat conducteur : le premier étant à une tension de 1V, le second à la masse, et ceci pour des distances différentes entre les plots. Pour une distance inter-plots supérieure à 4 fois l’épaisseur épitaxiée, aucune ligne de courant ne passe par cette couche épitaxiée. Lorsque la distance est inférieure à 4 fois l’épaisseur épitaxée, le courant 57 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes passe aussi bien par la couche épitaxiée que par le substrat [50]. Nous obtenons donc deux schémas électriques équivalents pour la propagation résistive des courants parasites dans un substrat résistif, en fonction de la distance entre 2 plots dans le substrat : D < 4. eepi D > 4. eepi Rl Rv Rv Rv Rv (a) (b) a) distance entre les plots < 4 eepi b) distance entre les plots > 4 eepi Figure I.61 : Modèles résistifs d’un substrat conducteur avec couche épitaxiée résistive. La résistance entre 2 plots carrés de 20 µm x 20 µm en fonction de la distance inter-plots, sur un substrat conducteur (0,05 Ω.cm) de 300 µm d’épaisseur avec couche épitaxiée résistive (10 Ω.cm) de 5 µm d’épaisseur, est représentée sur la courbe suivante : 5,8k m h O ne ec na sti és R 5,6k 5,4k E . 4 5,2k 5k 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 distance en microns Figure I.62 : Résistance entre 2 plots carrés de 20 µm x 20 µm en fonction de la distance dans un substrat conducteur avec couche épitaxiée, extraite avec la méthode de Green. Nous retrouvons bien sur la Figure I.62, le comportement attendu, à savoir une résistance inter-plots constante à partir d’une distance supérieure à 4 fois l’épaisseur épitaxiée de 5 µm. Il est possible de déduire Rv de la Figure I.62 : Rv =2870 Ω. Ri varie avec la distance entre 40 kΩ et 250 kΩ. 3.1.2.2 Les substrats résistifs 3.1.2.2.1 Processus technologiques Les substrats peu dopés sont caractérisés par un dopage homogène de concentration en dopant proche de 1015 cm-3 . Cela correspond à une résistivité du substrat de 15 Ω.cm. esubstrat (~400 µm) ρbulk (~15 Ω.cm) εoxyde ρepoxy Connexion métallique arrière Figure I.63 : Coupe d’un substrat faiblement dopé. 58 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 3.1.2.2.2 Propagation des signaux Le substrat étant résistif, il ne peut pas être considéré comme un nœud unique. Il faut alors l’envisager deux cas différents pour la propagation : Sans connexion face arrière : l’oxyde de silicium et/ou l’époxy isolant empêchent un bon contact ohmique entre l’arrière de la puce et la partie métallique du boîtier en contact. Connexion face arrière : un traitement chimique adéquat ainsi qu’un dépôt métallique sur l’arrière de la puce permet un bon contact avec la partie métallique du boîtier. a. Sans connexion face arrière Des simulations du même type que précédemment nous permettent de tirer des conclusions qualitatives : (a) (b) a) Distance entre les plots < esubstrat b) Distance entre les plots > esubstrat Figure I.64 : Lignes de courants et tensions dans un substrat faiblement dopé sans connexion arrière. Quelle que soit la distance entre les plots, le schéma électrique équivalent de propagation est une résistance unique entre les plots dont la valeur varie avec la distance : D Rl Figure I.65 : Modèle résistif d’un substrat faiblement dopé sans connexion arrière. b. Avec connexion face arrière (a) (b) a) Distance entre les plots < esubstrat/2 b) Distance entre les plots > esubstrat Figure I.66 : Lignes de courants et tensions dans un substrat faiblement dopé avec connexion arrière. Si la distance entre les plots est inférieure à la moitié de l’épaisseur du substrat, la majorité du courant passe d’un plot à l’autre sans passer par la connexion arrière. A partir d’une distance égale à la moitié de l’épaisseur du substrat, le courant passe aussi par la connexion arrière. La propagation dans un substrat faiblement dopé avec une connexion de la face arrière peut être modélisé par les schémas électriques suivants : D < esubstrat/2 D > esubstrat/2 Rl Rl Rv Rv a) Distance entre les plots < esubstrat/2 b) Distance entre les plots > esubstrat Figure I.67 : Modèles résistifs d’un substrat faiblement dopé avec connexion arrière. 59 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes La résistance entre 2 plots carrés de 20µm x 20 µm en fonction de la distance inter-plots, sur un substrat résistif (6.667 Ω.cm) de 50 µm d’épaisseur avec face arrière connectée et non connectée, est représentée par les courbes suivantes : 9k face arrière non connectée face arrière connectée 8k m h O n e e c n at si s é R 7k 6k 5k 0 2 / E 10 20 30 40 50 60 distance en microns 70 80 90 100 Figure I.68 : Résistance entre 2 plots carrés de 20µm x 20 µm en fonction de la distance dans un substrat faiblement dopé avec et sans face arrière connectée, extraites avec la méthode de Green. 3.1.2.3 Les substrats isolants : SOI Cette technologie possède plusieurs avantages potentiels sur les autres technologies traditionnelles, notamment au niveau de la haute densité d’intégration et des problèmes de ‘latch-up’. Elle induit surtout de plus faibles capacités parasites. Néanmoins, elle reste à l’heure actuelle très coûteuse. 3.1.2.3.1 Processus technologiques Dans le processus SOI, une couche mince de silicium cristallin est épitaxiée sur un isolant tel que le saphir ou le spinelle d'aluminium de magnésium par exemple. Plusieurs masques et techniques de dopage sont ensuite utilisés pour former les NMOS et les PMOS. esubstrat (~400 µm) Isolant (saphire, spinelle d’aluminium de magnésium …) εoxyde Connexion métallique arrière ρepoxy Figure I.69 : Coupe d’un substrat de type Silicium On Insulator. 3.1.2.3.2 Propagation des signaux Du fait de sa caractéristique isolante, la propagation résistive n’est plus à prendre en compte pour ce type de substrat. Le couplage est donc uniquement capacitif. En basses fréquences, il n’existe donc pas de couplage par le substrat. Cependant, en hautes fréquences, le couplage par le substrat se fait de manière capacitive. Par exemple, un substrat en saphir de 200 µm d’épaisseur et de permittivité diélectrique relative 10,6 est considéré : deux plots carrés de 200 µm x 200 µm sont placés sur un circuit de 1000 µm par 1000 µm. Chacun d’eux a une capacité avec l’arrière de la puce de 50 fF. La Figure I.70 illustre ce cas de figure. La capacité entre les deux plots est donc de 25 fF (deux capacités de 50 fF en série). A 1 GHz, une telle capacité est équivalente à une résistance de 6kΩ approximativement et 1,2 kΩ à 5 GHz. Le couplage existe donc en haute fréquence, même pour un substrat de type SOI. Pour un circuit digital de grande taille, la capacité totale avec la face arrière est nettement supérieure et peut être évaluée par la surface totale de circuit numérique. La capacité avec la partie métallique du boîtier, sur laquelle est collée la puce, est de l’ordre du pF. Le couplage capacitif doit donc être pris en compte pour des fréquences plus basses. 60 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 200 µm 200 µm 200 µm 1000 µm 1000 µm Figure I.70 : Propagation capacitive dans du SOI. 3.1.3 Les moyens d’isolation substrat Nous exposons ici un certain nombre de moyens permettant d’atténuer la propagation des signaux parasites dans le substrat. Cette liste n’est pas exhaustive, mais donne les principales techniques mises en œuvre dans les circuits mixtes actuellement conçus. Nous considérons dans les descriptions suivantes un substrat de type P, le plus couramment utilisé dans les technologies STMicroelectronics. 3.1.3.1 Les anneaux de garde Les anneaux de garde sont des structures communément utilisées pour diminuer l’impact du bruit substrat sur un circuit analogique par exemple. Comme leur nom l’indique, il s’agit d’anneaux dopés P, dopés N ou diélectriques placés autour de la partie à isoler : la victime ou l’agresseur. Ils sont obtenus par implantation ionique à faible énergie et haute dose dans le cas des anneaux dopés, et par oxydation d’une ‘tranchée’ réalisée dans le substrat pour les anneaux diélectriques [53]. Les anneaux de type P ou N doivent être polarisés pour être efficaces. Une bonne polarisation, c'est-à-dire très propre, avec le minimum d’effets parasites, induit une efficacité accrue de la structure d’anneaux de garde vis-à-vis du couplage par le substrat. Il ne sert à rien de prévoir des anneaux de garde N ou P, si ceux-ci ne peuvent pas être alimentés de manière correcte. Les anneaux de garde ont une structure physique représentée par la Figure I.71. Partie victime ou perturbatrice Vue de dessus Vue transversale Anneau de garde Figure I.71 : Structure physique d’un anneau de garde substrat. 3.1.3.1.1 Anneaux P Les anneaux de garde du type P sont les plus utilisés. Ils agissent comme un point d’impédance très faible dans le substrat, évacuant les courants parasites de surface. Pour que les courants parasites soient évacués correctement, les anneaux de garde doivent être connectés à une masse propre, c'est-à-dire avec une connexion induisant le minimum d’éléments parasites. Les anneaux de type P sont autant de points de polarisation du substrat P, gardant celui-ci le plus ‘froid’ possible : une tension de polarisation stable. 3.1.3.1.2 Anneaux N Les anneaux de type N, en plus d’être un point permettant d’évacuer les courants parasites de surface, induisent des zones de charges d’espace (diode PN en inverse) autour de la zone à protéger. Cette zone de charge d’espace agit comme un anneau diélectrique isolant. L’anneau doit être alimenté par une tension positive, de la manière la plus propre possible encore une fois. Il est possible de ne pas alimenter un anneau N, la zone de charge d’espace subsiste, mais l’efficacité de la structure est fortement diminuée. 61 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 3.1.3.1.3 Anneaux diélectriques ou ‘trench’ Ces ‘tranchées’ de diélectrique forment une barrière diélectrique de surface aux perturbations substrat. L’avantage de ce type de structure est l’absence de polarisation externe nécessaire. Cependant, cette structure ne permet pas d’évacuer les courants parasites substrat, mais de les ‘dérouter’. De plus, toutes les technologies ne disposent pas de cette possibilité. 3.1.3.1.4 Anneaux concentriques Différents types d’anneaux de garde peuvent coexister de manière concentrique sur un circuit. L’isolation obtenue en est d’autant plus efficace mais augmente le nombre de polarisations nécessaires. Nous avons décrit ici les anneaux de garde P, N et diélectrique ; d’autres types d’isolation utilisant les mêmes principes peuvent être mis en place : des murs d’isolation, des prises substrats et toutes sortes de formes variées selon la géométrie du circuit intégré. 3.1.3.2 Les couches enterrées Nous avons montré la capacité des anneaux de garde et autres structures surfaciques à évacuer ou ‘dérouter’ les courants parasites substrat de surface. Pour isoler une partie d’un circuit intégré des courants parasites de profondeur, un autre type de structure existe : les couches enterrées. Il s’agit en fait de couches dopées P, N, ou diélectriques, placées en profondeur, sous les composants du circuit intégré, à quelques microns. Elles sont obtenues par implantation ionique à très forte énergie et très fortes doses et sont donc faiblement résistives. Ces couches doivent aussi être polarisées par de prises substrat ‘plongeant’ jusqu’à la couche enterrée. Partie victime ou perturbatrice Vue de dessus Vue transversale Couche enterrée Figure I.72 : Structure physique d’une couche enterrée. 3.1.3.2.1 Couches P Le principe est le même que pour les anneaux de garde. Elle est obtenue par implantation ionique d’accepteurs en profondeur. La couche P est une zone de faible impédance susceptible d’absorber une partie des perturbations substrat de profondeur. 3.1.3.2.2 Couches N Cette couche est obtenue par implantation ionique de donneurs en profondeur. Les mêmes principes d’isolation que pour les anneaux de garde N caractérisent les couches enterrées N : isolation électrique et capacitive des courants de profondeur. 3.1.3.2.3 Couches diélectriques Cette couche diélectrique de profondeur est obtenue par implantation ionique d’oxygène en profondeur. Les courants de perturbations substrat de profondeur sont ‘déroutés’ par la couche enterrée. 3.1.3.3 Le caissonnage Afin d’absorber aussi bien les courants de surface que ceux provenant des couches plus basses du substrat, la combinaison des deux structures précédentes, anneaux de garde et couches enterrées, peut être utilisée pour réaliser ce que l’on nomme le caissonnage : 62 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Partie victime ou perturbatrice Vue de dessus Vue transversale Caisson d’isolation Figure I.73 : Structure physique d’un caisson d’isolation. Le caissonnage diélectrique fait partie de la famille des nouvelles technologies de type SOI. Le caissonnage le plus couramment utilisé est de type N. En effet, un tel caisson induit une double jonction PN tête-bêche polarisée en inverse. Cette double jonction offre une isolation capacitive efficace, mais aussi une référence de tension substrat stable, tel un point ‘froid’. La capacité de la double jonction dépend de sa taille. Cette technique est aussi connue sous la dénomination ‘triple well’. Remarque : Un petit caisson N d’isolation permet de mieux rejeter les hautes fréquences parasites, sa capacité équivalente est en effet proportionnelle à sa taille. 3.1.3.4 La connexion de la face arrière Un autre moyen d’évacuer les courants parasites substrat est de connecter la face arrière du circuit intégré à une masse propre. Certaines opérations, ayant un coût non négligeable, sont nécessaires avant d’arriver à ce résultat. Il faut désoxyder la face arrière, la métalliser et enfin la coller sur son support métallique dans le boîtier avec une colle époxy conductrice. A très hautes fréquences, ce type d’isolation est inutile. En effet, les courants hautes fréquences se propagent dans les couches superficielles du substrat : c’est l’effet de peau. Ainsi, l’épaisseur de propagation des courants parasites n’atteint pas l’arrière de la puce, connectée à la masse. Cette isolation est donc inutile. Par contre, en basse fréquence, la majorité des courants substrats est absorbée par ce grand plan de masse. Une fois encore, il faut que la connexion à la masse de l’arrière de la puce soit la plus propre possible. 3.1.3.5 Isolations diverses 3.1.3.5.1 Utilisation de circuits différentiels Un des moyens de s’affranchir au maximum du couplage substrat, du point de vue de la victime, est d’utiliser des structures analogiques de type différentiel [54]. Le bruit substrat ajoute une composante parasite de mode commun aux diverses circuiteries analogiques. Le bruit différentiel a un ordre de grandeur nettement inférieur. L’utilisation des circuits différentiels est d’ailleurs courante pour augmenter le taux de réjection de bruit d’alimentation d’un circuit analogique. Figure I.74 : Utilisation d’un structure différentielle dans les circuits intégrés [54]. 63 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 3.1.3.5.2 Anneau de garde actif Une solution d’isolation originale est proposée par Fukuda et Al [55], il s’agit d’un anneau de garde actif. La tension substrat est recueillie par un plot P connecté à l’entrée d’un amplificateur inverseur. La tension inversée est injectée dans le substrat via un autre plot P et compense ainsi la tension substrat parasite. Figure I.75 : Schéma de fonctionnement de l’anneau de garde actif [55]. Un tel dispositif atténue efficacement le bruit substrat sur une bande de fréquence assez étroite : entre 100 Hz et 2MHz. De plus, l’amplificateur prend une place non négligeable sur le circuit intégré : 608 µm x 154 µm en technologie 0,35 µm. 3.1.3.6 Efficacité de certaines méthodes Certaines méthodes d’atténuation du bruit substrat ont été évaluées par différents auteurs. Les illustrations qui suivent donnent un aperçu des gains en isolation obtenus en utilisant ces techniques. Cependant, tous les circuits ont leurs propres caractéristiques, et étendre ces ratios d’isolation à tous les circuits et à toutes les technologies est un raccourci que nous ne prendrons pas. Nous décrirons dans les chapitres suivants, des méthodes de simulations qui permettent de faire le choix parmi les différentes solutions d’isolation possibles tout en prenant en compte les spécificités du circuit et de sa technologie. Les premières comparaisons proviennent d’un article de David K. Su [56]. Les tensions pic à pic engendrées par la commutation d’un inverseur sont comparées en fonction de différentes configurations d’isolation substrat. Les premières comparent la tension substrat mesurée avec et sans isolation de type anneau de garde P. Cet anneau est situé à différentes distances de la source de perturbation et est polarisé de deux manières différentes : avec une polarisation dédiée ou avec la même polarisation que la source perturbante. Les résultats suivants comparent l’efficacité d’anneaux P, N et P+N dans les deux types principaux de substrat à partir de simulations au niveau composant. ) V m n e( c pi à c pi t ar st b u s n oi s n e T 14 substrat résistif sans anneau P 12 anneau P et N anneau N anneau P sans anneau avec anneau P 10 8 0 6 20 40 substrat conducteur 4 2 0 60 6um 22 um polarisation dédiée 6um 22um polarisation globale configuration de l'anneau de garde anneaux P et N anneau N anneau P sans anneau 0 2 4 6 8 tension substrat pic à pic (en mV) Figure I.76 : Comparaisons de tensions substrat suivant différentes configurations d’isolation [56]. 64 10 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Les comparaisons suivantes ont été exposées lors d’une conférence sur les techniques d’isolation RF en 2002 [57]. Dans un premier temps, l’influence de différents paramètres sur l’efficacité d’un anneau de garde de type P est exposée. L’impédance de polarisation de l’anneau est assimilée à une inductance, dont la valeur varie. Un anneau de garde P mal polarisé, est beaucoup moins efficace, surtout en hautes fréquences. Figure I.77 : Influence de l’alimentation d’un anneau de garde P et comparaisons avec le caissonnage d’isolation N [57]. Les mêmes auteurs comparent une isolation du type anneau de garde P (courbes bleue et rouge) avec une isolation par caissonnage N (tripleWell, courbes noire, rose et verte). Les polarisations des structures d’isolation sont des paramètres des simulations effectuées. Ainsi, les structures d’isolation sont polarisées via une inductance de 0,5 nH (rose et verte) ou de manière parfaite (bleu et rouge). De plus, le caissonnage est connecté sur une polarisation dédiée (rouge et rose), ou sur l’alimentation globale du circuit (noire). L’incidence de l’inductance de polarisation sur l’efficacité d’isolation est ici redémontrée. Les sorties de deux dispositifs numériques sont comparées : le premier dispositif a une structure classique, le second une structure différentielle. Enfin, Fukuda et Al [55] donnent des spectres de tension substrat mesurée avec leur dispositif d’anneau de garde actif en fonctionnement et inactivé. Figure I.78 : Tensions de sortie de dispositifs numériques : classique et différentiel [54] et spectre de tension substrat avec et sans anneau de garde actif [55]. 65 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 3.2 Modélisation de la propagation Nous proposons ici un état des lieux des différentes méthodes de modélisation de la propagation substrat existantes. Toutes ces méthodes ont un point commun, elles ne considèrent pas l’effet de peau en hautes fréquences mais se ‘contentent’ de modéliser la propagation dans le substrat sous son aspect résistif, voire même capacitif. 3.2.1 Méthode des éléments finis Comme nous l’avons décrit précédemment, la méthode des éléments finis décompose le problème posé en multiples petits éléments. Les différentes équations physiques du phénomène que l’on souhaite simuler sont appliquées à chaque élément. La taille du système d’équations à résoudre dépend du nombre d’éléments finis du problème global. 3.2.1.1 Synopsys Taurus-Medici [31] Taurus-Medici est un outil industriel de simulation de composants microélectroniques de la société Synopsys. Il peut prédire les caractéristiques électriques, thermiques et optiques des composants semi-conducteurs. De ce fait, les équations appliquées au système que l’on veut simuler sont des équations typiques de la résolution de problèmes en microélectronique. Les problèmes posés peuvent être en deux ou trois dimensions. La précision des prédictions ainsi que le temps de simulation dépendent fortement du maillage, autrement dit, du nombre d’éléments élémentaires décomposant le problème. Cet outil est le plus précis, mais aussi, de loin, celui qui nécessite le plus de temps de traitements informatiques, le nombre d’équations, proportionnel au nombre de nœuds, à résoudre étant très important. 3.2.1.2 Comsol Femlab [28] Il s’agit d’un outil de résolution des éléments finis multifonctionnel. Il est capable de résoudre des problèmes de nature différente, selon les équations régissant le milieu et le type de simulation à effectuer. Il est donc probablement possible d’utiliser les lois physiques spécifiques aux semi-conducteurs. Nous simplifions cependant le problème en considérant dans un premier temps la propagation dans le substrat comme une propagation de courant électrique dans un milieu diélectrique imparfait. Nous pouvons donc pour cela utiliser le mode de simulation de la propagation d’ondes électromagnétiques de Femlab pour une analyse fine. Les équations de Maxwell sont ici résolues. Comme dans tous les outils de modélisation de substrat microélectronique, le substrat est alors considéré comme une superposition de couches conductrices diélectriques. Afin de simplifier encore le problème, nous pouvons utiliser le mode ‘propagation statique dans un milieu conducteur’ de Femlab. Ce module utilise la loi d’Ohm généralisée, afin de déterminer les résistances équivalentes du substrat. Le substrat est ici modélisé par une superposition de couches de différentes conductivités électriques. Pour modéliser l’effet capacitif du substrat, nous pouvons alors considérer le substrat comme une superposition de couches diélectriques et utiliser le mode ‘électrostatique’ de Femlab qui pose le système d’équations à partir de l’équation de Poisson. Après résolution du système, nous pouvons déterminer les capacités équivalentes entre chaque point substrat désiré. Ainsi, une analyse du comportement électromagnétique du substrat permet une modélisation fine du comportement du substrat. Avec deux analyses rapides, une électrocinétique et une électrostatique, nous obtenons le comportement résistif et capacitif du substrat. 3.2.1.3 Cadence Substrate Noise Analyst [19] Cet outil, anciennement dénommé SubstrateStorm, est l’outil de référence dédié à l’extraction RC du substrat. Il est implémenté dans l’interface Cadence de conception de circuit intégré. Il extrait, à partir de la topographie d’un circuit intégré, une netlist de type SPICE, décrivant un réseau RC modélisant la propagation des courants parasites dans le substrat du circuit intégré. Il est aussi capable de dresser une cartographie en couleur des perturbations substrat de surface. SNA considère le substrat comme une superposition de couches conductrices diélectriques, dont les caractéristiques sont obtenues à partir de profils de dopage et autres 66 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation données technologiques. Cet outil est capable d’extraire le substrat dans les 3 dimensions de l’espace, de manière véritable, prenant en compte les inclusions des caissons dans le substrat, contrairement aux méthodes utilisant les fonctions de Green, décrites un peu plus loin. SNA partitionne le substrat du circuit en multiples éléments parallélépipédiques : c’est le maillage. A chaque élément du maillage correspond un réseau RC à 6 branches, comme le montre la figure suivante : C R Figure I.79 : Schéma électrique équivalent d’une maille de substrat SNA L’assemblage des schémas électriques équivalents de toutes les mailles du système donne une matrice ‘gigantesque’ d’éléments RC. Cette matrice est ensuite réduite, par des méthodes d’analyses numériques adéquates, afin de réduire le nombre d’éléments de la matrice au strict minimum. Cette simplification se fait en fonction du domaine de fréquence de modélisation désiré. Plus la fréquence maximale est haute, plus la matrice de sortie d’extraction contiendra d’éléments. La matrice finale d’éléments RC est retournée sous forme d’une netlist de type SPICE directement utilisable dans l’environnement Cadence de simulation. 3.2.2 Méthode des fonctions de Green Nous décrivons et explorons ici une méthode de modélisation de la propagation par le substrat un peu plus élégante que la méthode des éléments finis : il s’agit de la méthode des conditions limites, avec utilisation des fonctions de Green. 3.2.2.1 Fonctions de Green Une fonction de Green peut être employée pour résoudre une équation différentielle non homogène avec des conditions limites définies. Si l’on considère un opérateur linéaire différentiel quelconque L dans 3 dimensions, la fonction de Green G(r,r’) est définie telle que : L% G (r,r') = δ (r-r') où δ est la fonction de Dirac La solution de l’équation L% φ (r) = f est donnée par : φ ( r) = ∫G ( r,r') . f ( r') d 3r' o ù V e s t le d o m a in e c o n s id é ré V La fonction de Green est la réponse d’un système à une source ponctuelle δ. Pour obtenir la réponse du système à l’excitation f, il faut intégrer la fonction de Green pondérée par f sur le domaine du système. 3.2.2.2 Fonctions de Green et propagation dans le substrat Le problème est décomposé en deux étapes dont les raisonnements sont identiques : L’utilisation de la loi d’Ohm dans le milieu conducteur pour modéliser la propagation résistive : r r j=σ.E r div(j) ou encore ∆V = σ (∆ = ∇ 2 : laplacien) L’utilisation de l’équation de Poisson dans le milieu diélectrique pour modéliser la propagation capacitive : ∆V = - ρ ε Le substrat est considéré dans les deux cas comme une superposition de couches conductrices ou diélectriques. Ce mode d’extraction du substrat ne peut donc pas prendre en compte les inclusions des caissons N dans le substrat P par exemple. L’extraction ne peut pas se faire véritablement dans les trois dimensions de l’espace. Il faut donc trouver les fonctions de Green GR(r,r’) (Ohm) et GC(r,r’) (Poisson), telles que : 67 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes δ (r-r') σ ∆ GR (r,r') = et ∆ GC (r,r') = δ (r-r') ε Une fois les fonctions de Green déterminées, on peut en déduire l’expression des potentiels VR et VC d’une surface S, induits par une densité de courant j et par une densité de charges appliquées ρ à une surface S’ : Surface de courant injecté ou charges appliquées Surface de potentiels électriques induits SUBSTRAT Figure I.80 : Surfaces d’intégration de la fonction de Green Pour obtenir les potentiels électriques de surface, il faut utiliser l’intégrale suivante [49]: VR = 1 S . S' ∫∫ r div(j) . GR dS dS' et VC = S S' 1 S . S' ∫∫ρ . G C dS dS' S S' Connaissant VR en fonction d’un courant injecté I, on peut déterminer la résistance équivalente entre deux surfaces du substrat. Et connaissant VC en fonction de la quantité de charges Q, on peut déterminer la capacité équivalente C entre deux surfaces du substrat. La principale difficulté consiste à déterminer une fonction de Green utilisable. Cette fonction de Green est déterminée à partir des conditions aux limites du système. 3.2.2.2.1 Limites à l’infini Une première approche permettant de déterminer une fonction de Green utilisable, consiste à considérer le substrat comme un plan infini, d’une certaine épaisseur, constitué de 2 couches conductrices ou diélectriques. La fonction de Green dans ce cas est de la forme: G = ⎛ σ - σ2 ⎞ an . ⎜ 1 ⎟ ⎝ σ1 + σ 2 ⎠ ∞ ∑ n= 0 r2 + (b n n + c n.z ) 2 [58] où an, bn et cn sont des constantes, σ1 et σ2 sont les conductivités respectives des 2 couches, r est la distance entre les deux points x et x’ et z la profondeur de ces points. Différents outils utilisent une telle fonction de Green, notamment l’ancien extracteur de substrat de la société Cadence : Substrate Coupling Analyst, intégré dans l’environnement Virtuoso de conception de circuits intégrés. Un autre outil, mis au point à L’Université Technique de Delft, aux Pays-Bas, par l’équipe de Nick van de Meijs [59] utilise ce type de fonction de Green. Le désavantage de cette technique est une perte de précision dans les résultats obtenus lorsque les contacts que l’on cherche à extraire sont localisés en bord de puce. Dans ce cas de figure, la conductance et la capacité extraite sont surévaluées. Pour remédier à ce problème, il faut utiliser une fonction de Green prenant en compte les bords du circuit intégré. 3.2.2.2.2 Limites en bord de puce Si l’on considère les conditions limites du système comme étant les bords de la puce, il faut utiliser la fonction de Green suivante, calculée par Gharpurey [49] : G(x,y,z,x',y',z') = ∞ ∑ m, n = 0 68 fmn . cos(δ.x).cos(δ.x').cos(ζ.y).cos(ζ.y') [49] Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation Le détail des calculs de fmn et de la fonction de Green est donné en annexe A.3. Cette méthode a été implémentée dans le cadre de la thèse dans une petite application permettant de faire des extractions substrat de manière rapide entre des géométries simplifiées. Cette application est présentée dans la deuxième partie. Une autre méthode, montrée dans une publication récente de [60], décompose en éléments de base (des contacts circulaires) les contacts substrat de formes variées. Les résistances et capacités entre ces éléments de base se calculent rapidement. Les résistances entre les contacts substrat sont déterminées à partir de ces matrices de contacts circulaires. 3.2.3 Comparaisons entre les méthodes de modélisation Dans un premier temps, nous comparons des résistances équivalentes entre deux plots substrat, extraites de deux manières différentes : avec la méthode des éléments finis (Femlab) et avec la méthode des fonctions de Green. Les deux plots carrés de 20 µm de côté sont placés sur un morceau de substrat de 200 µm x 200 µm. La distance entre ces deux plots varie de 1 µm à 100 µm Ces comparaisons ont notamment servi à valider les algorithmes de la petite application d’extraction substrat créée utilisant la fonction de Green de 3.2.2.2.2. Deux types de substrats différents ont été considérés : Un résistif : il est constitué de deux couches. La première de 300 µm d’épaisseur avec une conductivité de 20 Ω.cm et la seconde de 10 µm d’épaisseur avec une conductivité de 1 Ω.cm. Un conducteur : il est constitué de deux couches. La première de 300 µm d’épaisseur avec une conductivité de 0,01 Ω.cm et la seconde de 10 µm d’épaisseur avec une conductivité de 15 Ω.cm. Les courbes de la Figure I.81 montrent les résultats obtenus selon les méthodes employées. Les effets de maillage, induisant des ‘cassures’ dans les courbes de résistance sont observés. Le maillage employé pour l’extraction de résistance utilisant Femlab comporte 40000 éléments. Davantage de mailles apportent davantage de précision, mais aussi davantage de temps de calcul. 4.4 Résistance entre les plots (en kΩ) Résistance entre les plots (en kΩ) 1 0.9 0.8 0.7 0.6 Méthode de Green 0.5 FEM (femlab) (a) 0.4 0.3 20 40 60 80 100 Distance entre les plots (en µm) 120 4.3 4.2 4.1 4.0 Méthode de Green 3.9 FEM (femlab) (b) 3.8 3.7 20 40 60 80 100 120 Distance entre les plots (en µm) a) Dans un substrat résistif b) Dans un substrat conducteur Figure I.81 : Résistances extraites entre deux plots substrat entre lesquels la distance varie. Dans un deuxième temps, nous comparons les résultats fournis par le logiciel Substrate Noise Analyst de Cadence, avec la méthode de Green implémentée. Pour ce cas de comparaison, nous utilisons les données de conductivité d’un substrat existant : ceux d’une technologie bicmos 0,35 µm de STMicroelectronics. Ce substrat est résistif, environ 15 Ω.cm. Les résistances sont extraites entre deux plots carrés de 50 µm de coté placés sur un substrat de 20 mm x 20 mm. La distance entre ces plots varie de 1 µm à 9000 µm. Les discontinuités observées sur la courbe de résistances extraites par SNA sont encore liées aux différents maillages employés lors de l’extraction. Comme tous les outils utilisant la méthode des éléments finis, le maillage utilisé a énormément d’influence sur les résultats obtenus. Une des principales difficultés rencontrées lors de l’utilisation de SNA est la détermination du maillage adéquat. 69 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Résistance entre les plots (en kΩ) 1.1 0.9 0.7 Substrate Storm Méthode de Green 0.5 0.3 0.1 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 Distance entre les plots (en µm) Figure I.82 : Comparaison de résistances extraites avec SNA et la méthode de Green. 70 9000 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 4 Impact du bruit substrat sur les systèmes intégrés Nous décrivons sommairement les principaux modes de réception du bruit propagé par le substrat : dans les composants discrets dans un premier temps, puis au niveau d’un système analogique complet dans un second temps. La plupart des éléments décrits ici proviennent en grande partie d’un livre très complet traitant du bruit substrat dans les circuits intégrés [61]. 4.1 Mécanismes et Généralités Les mécanismes de réception des tensions parasites substrat peuvent être considérés comme étant symétriques des phénomènes d’injection de bruit dans le substrat. Les perturbations substrat peuvent être perçues par un système électronique sensible par : ses alimentations, des couplages capacitifs avec le substrat, divers autres phénomènes linéaires et non linéaires. 4.1.1 Le bruit d’alimentation Comme nous l’avons vu en 2.1, l’alimentation d’un circuit intégré, analogique ou digital, est connectée au substrat via différentes structures de polarisation. Si les sauts d’alimentation sont les principales sources d’injection de courants parasites dans le substrat, la réception par la structure d’alimentation d’un circuit des tensions parasites substrat, est le mode principal de réception du bruit substrat. Le comportement est ici totalement symétrique, une bonne modélisation de l’alimentation du circuit perturbé est aussi importante que celle du circuit perturbant. 4.1.2 Le couplage capacitif Comme pour le bruit d’alimentation, le couplage capacitif avec le substrat de différentes structures physiques d’un circuit intégré se définit par un comportement symétrique de la génération de perturbations. Des courants parasites peuvent être injectés dans le substrat, mais aussi reçus par ces capacités parasites. Des signaux sensibles peuvent ainsi être perturbés par le substrat de manière capacitive par : Les capacités interconnexions/substrat, Les capacités caissons/substrat, Les capacités MOS/substrat. 4.1.3 Autres phénomènes D’autres phénomènes, linéaires et non linéaires peuvent modifier le fonctionnement normal d’un composant microélectronique, lorsque celui-ci est soumis à des tensions parasites substrat. Cependant, le substrat luimême, sans propager de tensions parasites, peut aussi induire des disfonctionnements de certains composants. 4.1.3.1 Transconductance substrat Les composants MOS (transistor et capacité) sont très sensibles aux fluctuations de la tension substrat. La cause principale de cette sensibilité est la transconductance substrat. La tension de seuil Vt des composants MOS est fortement dépendante de la tension du substrat. Pour une concentration uniforme de dopant NA, l’expression de la tension de seuil est approchée par [61]: Vt = Vt0 + 2.q.ε . NA . Cox ( 2.φf + Vsb - 2.φf ) 71 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Où ε est la permittivité diélectrique du substrat, NA la concentration d’impureté, Cox la capacité surfacique de l’oxyde, 2Φf le potentiel d’inversion et Vsb la tension du substrat. Cet effet peut être représenté par un paramètre gmb, dénommé transconductance substrat [61]. Le rapport entre la transconductance substrat et la transconductance d’un MOS peut s’écrire : 2.q.ε . NA gmb = gm 2.C ox. 2φf + Vsb Dans les technologies actuelles, ce rapport fluctue entre 0,1 et 0,3. Les transistors MOS sont donc particulièrement vulnérables aux tensions parasites substrat. La Figure I.83 est la représentation graphique matérialisant l’impact de la tension substrat VBS sur la caractéristique IDS(VGS) d’un transistor NMOS. La tension de pincement du transistor NMOS augmente avec la tension VBS du substrat. Figure I.83 : Courbes IDS(VGS) d’un NMOS en fonction de la tension substrat VBS. 4.1.3.2 Boucle de contre-réaction Un composant microélectronique n’a pas nécessairement besoin d’un ‘voisin bruyant’ pour être victime du couplage substrat : il peut ‘polluer’ lui-même son fonctionnement, par l’intermédiaire du substrat. Comme nous l’avons montré en 3.1, le substrat entre deux points peut être assimilé à une résistance, ou une impédance de manière plus globale. Pour les composants actifs, cette impédance, entre deux pôles, peut avoir un impact non négligeable sur leur fonctionnement. Cette impédance parasite peut en effet jouer le rôle de boucle de contreréaction pour un composant actif. Nous pouvons prendre pour exemple un transistor NPN monté en émetteur commun, dont le schéma électrique est donné en Figure I.84. Q1 Ccs Vin Vout Cbs Rbs Rbc Rcs Figure I.84 : Schéma électrique d’un transistor NPN en émetteur commun. Les capacités Ccs, Cbs et les résistances Rcs, Rbs et Rbc sont des éléments parasites induits par le substrat. La résistance Rbc crée une boucle de contre-réaction modifiant le comportement du transistor NPN et diminuant ses performances. Les boucles de réaction ne concernent pas uniquement les composants discrets, mais 72 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation peuvent exister dans des circuits complexes, comme des amplificateurs. Ces boucles peuvent même induire des oscillations spontanées entretenues, si le critère de Barkhausen est satisfait, c'est-à-dire si le gain en boucle ouverte du système, entre l’entrée et la boucle de retour, est égal ou supérieur à -1. 4.1.3.3 Bruit thermique Le substrat étant un milieu à pertes, il occasionne du bruit thermique associé aux pertes résistives. Cela peut être un problème dans les applications qui nécessitent un seuil très bas de bruit thermique. La tension efficace du bruit thermique, ou bruit blanc, est donnée par : Un = 4.k.T.R.B où T est la température de fonctionnement en K, k la constante de Boltzmann égale à 1,3806503 × 10-23 m2.kg.s-2.K-1, B la bande passante considérée en Hz et R la résistance en Ω. Par exemple, une résistance de 1kΩ à 300K, si on considère une bande passante de 5GHz, induit un bruit thermique de tension efficace 0,288 mV. En considérant de nouveau le schéma électrique d’un transistor NPN en émetteur commun de la Figure I.84, chaque résistance parasite substrat peut être assimilée à un générateur de bruit thermique. Le bruit couplé à l’entrée de cet amplificateur a l’impact le plus significatif sur le ‘ratio signal sur bruit’ du système, car il est amplifié par le transistor. Il est possible de diminuer ce type de bruit en utilisant un substrat très conducteur. 4.1.3.4 Pertes substrat et effet de retard Les pertes dans le substrat dégradent les facteurs de qualité des composants passifs, tels les inductances ou les capacités. Les inductances microélectroniques sur un substrat en silicium ont un facteur de qualité inférieur aux inductances externes pour deux raisons principales : La résistance des métallisations. Les pertes dans le substrat. Il a été montré que pour des fréquences proches de la résonance d’une inductance, les pertes substrat jouent un rôle crucial dans l’abaissement du facteur Q de qualité de l’inductance. Yue et al. [62] montrent qu’une augmentation du facteur de qualité peut être réalisée quand la résistance substrat est nulle ou infinie. Des effets similaires sont observés pour les capacités microélectroniques. De plus, comme nous l’avons vu en 2.2, le substrat peut être assimilé à un grand plan de masse vis-à-vis des interconnexions métalliques. Ce grand plan de masse induit des capacités parasites avec les interconnexions qui ralentissent les temps de propagation des signaux transitant. Ces capacités parasites sont d’autant plus importantes que la distance entre les connexions métalliques et le substrat est faible. Le substrat induit donc un effet de retard sur les signaux se propageant dans les diverses interconnexions métalliques d’un circuit intégré microélectronique. 4.1.4 Quelques composants discrets Nous donnons ici les principaux mécanismes de réception des tensions parasites substrat d’un certain nombre de composants discrets microélectroniques. Un petit schéma donnant une coupe transversale du composant concerné est donné pour chaque cas. 73 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 4.1.4.1 Composants actifs 4.1.4.1.1 Transistors bipolaires C a. Transistor NPN vertical Le couplage est principalement de type capacitif, entre le caisson N du collecteur du transistor et le substrat de type P-. b. Transistor PNP latéral Le couplage est principalement de type capacitif, entre le caisson N de la base du transistor et le substrat de type P-. B E N+ P N N+ Substrat P- Ccs B C E P+ P N N+ Substrat P- Cbs c. Transistor PNP vertical Le couplage est principalement de type capacitif, entre le caisson N de la base du transistor et le substrat de type P-. C B E P+ N+ P N Substrat P- Cbs 4.1.4.1.2 Transistors MOS a. Transistor NMOS Il existe deux types de couplage : Le capacitif : avec le drain, la source et la grille La transconductance substrat S G D N+ N+ Cgs Css Cds Substrat Pb. Transistor PMOS Les modes de couplage sont les mêmes que pour le NMOS, mais il existe un caisson N ajoutant une capacité parasite série. S P+ D P+ N Substrat P- Cnwell 4.1.4.2 G Composants passifs 4.1.4.2.1 Résistances a. Résistances diffusées La résistance diffusée dans un caisson N présente une capacité parasite due à la jonction PN polarisée en inverse. Contact1 N+ N Cns 74 Contact2 N+ Substrat P- Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation b. Résistances polysilicium et métallique Il existe une capacité parasite entre le substrat et le polysilicium ou le métal de la résistance. L’oxyde d’isolation fait office de diélectrique. Contact1 Contact2 oxyde Cps Substrat P- 4.1.4.2.2 Capacités a. Capacités polysilicium/substrat Il existe une capacité parasite entre le substrat et la diffusion N. Il s’agit d’une jonction PN polarisée en inverse Contact1 N Cns b. Capacités métalliques Le facteur de qualité diminue à cause des pertes substrat. Il existe de plus des capacités parasites entre les armatures de la capacité et le substrat. Contact2 Contact1 Ccs Substrat PContact2 oxyde Substrat P- 4.1.4.2.3 Inductances a. Inductances polysilicium Le facteur de qualité de l’inductance diminue à cause des pertes dans le substrat. De plus, comme pour les résistances polysilicium, une capacité parasite entre le polysilicium et le substrat, injecte les perturbations substrat dans l’inductance. b. Inductances métalliques Il en est de même pour les inductances métalliques, le facteur de qualité est faible à cause des pertes dans le substrat et un couplage capacitif entre le substrat et l’inductance dégrade encore les performances de l’inductance. 4.2 Bruit substrat et performances des systèmes L’impact du substrat sur un système complexe est difficile à maîtriser. Quelques grandes lignes sont données ici, mais aussi quelques exemples concrets provenant d’études sur des circuits réels. 4.2.1 Quelques généralités L’intégration de systèmes radiofréquences sur un même substrat n’est pas chose aisée. Ces applications nécessitent en effet une multitude de circuits microélectroniques très différents : des amplificateurs, des mélangeurs, des oscillateurs, des convertisseurs de fréquence, des convertisseurs analogique/ numérique et inversement, des amplificateurs de puissance, des circuits digitaux bande de base… Il est théoriquement possible de les intégrer sur une seule puce de silicium. La principale difficulté de ce genre d’intégration est la maîtrise des interférences entre les différents blocs : Un couplage entre l’amplificateur de puissance de sortie et l’amplificateur faible bruit d’entrée du système peut exister. Malgré les différents filtres disposés tout le long de la chaîne radiofréquence, un couplage fort existe par le biais du substrat que l’on ne peut pas rendre sélectif en fréquence. 75 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Dans la plupart des circuits de ce type, la fréquence d’horloge de la circuiterie digitale est de quelques dizaines de MHz. Le bruit de commutation généré par cette horloge a des harmoniques perturbants de quelques GHz. Ces harmoniques haute fréquence sont propagés dans le substrat jusqu’aux composants sensibles, dont le domaine de fonctionnement est justement de quelques GHz. En plus de ces harmoniques des signaux digitaux, les basses fréquences peuvent aussi perturber le fonctionnement de la chaîne RF. Ces signaux basse fréquence peuvent moduler d’autres signaux de plus haute fréquence et ainsi générer des pics de perturbations à des fréquences inattendues. Des composantes continues peuvent être générées en sortie de fonctions d’échantillonnage ou de mélange. Par exemple, une perturbation substrat sur un échantillonneur peut engendrer une composante continue en sortie de celui-ci. La fréquence propre d’un oscillateur peut être altérée par la présence d’interférences près de la fréquence d’oscillation. Ces interférences modifient le bruit de phase de l’oscillateur. Ce phénomène s’appelle le ‘frequency pulling’. Des boucles d’oscillation peuvent exister à cause des effets substrat (boucle de contre-réaction), dans les étages grand gain d’un transmetteur RF par exemple. Il peut exister d’autres phénomènes perturbants susceptibles de compliquer l’intégration d’une chaîne RF. Ces difficultés sont bien souvent difficiles à anticiper mais un certain nombre de problèmes peuvent être facilement évités. Par exemple, si un grand circuit digital commute à une certaine fréquence, les informations concernant la fréquence fondamentale de commutation et de ses harmoniques doivent être prises en compte lors de l’élaboration du système radiofréquence. 4.2.2 4.2.2.1 Quelques cas concrets Convertisseur Sigma/Delta Blalack et al. [63] montrent l’effet de la commutation d’un gros circuit numérique sur un convertisseur A/N de type Σ∆. Ainsi, un front de commutation du numérique qui arrive au même moment que l’horloge d’échantillonnage du convertisseur, engendre une diminution importante du rapport signal sur bruit du circuit (Figure I.85). Le signal perturbateur sur le substrat influence les courants des transistors par le changement de la tension de seuil et par un couplage capacitif avec la grille, la source et le drain du transistor. L’augmentation du nombre de portes en commutation dans le circuit, conduit à l’augmentation de la capacité du circuit numérique par rapport au substrat (« capacité substrat »). Une telle augmentation engendre une forte diminution (jusqu’à 30 dB pour une capacité de 20 pF) du rapport signal sur bruit du circuit. b) effet de la « capacité substrat » pour des retards a) influence du retard entre le front ascendant de l’horloge différents entre les fronts des générateurs de bruit par rapport à l’horloge d’échantillonnage Figure I.85 : Effet de la commutation du numérique sur un convertisseur Σ∆ (SNR - rapport signal sur bruit, SNDR rapport signal sur bruit avec distorsion) [63]. 76 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 4.2.2.2 Oscillateur commandé en tension Floyd et al. [64] font une comparaison entre les caractéristiques de circuits RF réalisés sur des substrats résistifs ou conducteurs. Les oscillateurs réalisés sur les deux substrats ont été comparés par l’analyse du bruit de phase. Une amélioration de 8 dB a été constatée dans la région 1/f² (300 kHz à 1 MHz) pour l’oscillateur réalisé sur le substrat résistif (Figure I.86.a)). Les facteurs de qualité des inductances et capacités des oscillateurs dépendent fortement du type de substrat sur lequel ils sont réalisés. Un substrat résistif implique moins de perte qu’un substrat conducteur, les courants de Foucault induits dans le substrat y sont nettement moins élevés. a) bruit de phase d’un VCO en fonction de la résistivité du substrat [64]. b) bruit de phase d’un VCO selon différentes structures d’inductance [65] . c) bruit de phase d’un VCO modulé par des commutations digitales [65]. Figure I.86 : Influence de la résistivité du substrat sur le bruit de phase d’un oscillateur contrôlé en tension. Andrei et Al [65] ont effectué une étude poussée sur l’impact du bruit substrat sur le bruit de phase d’un oscillateur contrôlé en tension. Des mesures de bruit de phase de l’oscillateur avec différentes structures d’inductances montrent l’impact des pertes dans le substrat sur de tels dispositifs. Différents moyens d’isolation substrat ont été utilisés pour la réalisation des inductances du système : un écran substrat (ES) constitué de caissons N et P, un anneau de garde P optimisé (AG-O) et un anneau de garde P non-optimisé (AG). Ces différentes techniques améliorent le facteur de qualité des inductances du dispositif. Le bruit de phase de l’oscillateur s’en trouve amélioré (Figure I.86.b). Des mesures de bruit de phase ont aussi été effectuées lors de commutations digitales de réseaux d’inverseurs situés à proximité de l’oscillateur. La fréquence de commutation est très basse, environ 100Hz et module la fréquence d’oscillation de l’oscillateur (Figure I.86.c). Pour des fréquences perturbantes plus réalistes, de l’ordre de la dizaine de MHz, des raies apparaissent de part et d’autre de la raie principale de l’oscillateur. La fréquence de ces raies est la fréquence de l’oscillateur plus ou moins la fréquence perturbante comme le montrent Soens et Al. dans une publication récente [66]. Ces raies sont suffisamment éloignées de la raie principale de l’oscillateur pour ne pas perturber son fonctionnement. La Figure I.87 illustre le type de perturbations mesurées autour de la fréquence de l’oscillateur : Figure I.87 : Influence de perturbations digitales sur le bruit de phase d’un oscillateur [66] Des études récentes ont pour objet l’impact du bruit substrat sur les oscillateurs contrôlés en tension [67]. 77 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 4.2.2.3 Amplificateur 4.2.2.3.1 Amplificateur à source commune a) sans inverseur en commutation. b) inverseur commutant à 10 µm. c) inverseur commutant à 80 µm. Figure I.88 : Densités spectrales de puissance à la sortie d’un amplificateur en source commune [68]. Samavedam et al. [68] montrent l’influence de la commutation d’un inverseur sur un amplificateur en source commune, le circuit étant réalisé sur un substrat conducteur. L’étude est faite dans le domaine fréquentiel et montre une forte variation de l’impact de la perturbation en fonction de la distance de séparation entre la source (l’inverseur) et la victime (l’amplificateur). Sur la Figure I.88, sont affichés les spectres à la sortie de l’amplificateur, obtenus avec une sinusoïde (d’une fréquence de 10 MHz) à l’entrée et/ou avec l’inverseur commutant à une fréquence de 27 MHz, pour des distances de séparation de 10 µm et 80 µm. 4.2.2.3.2 Amplificateur faible bruit Soens et al. [69] présentent le comportement d’un amplificateur faible bruit (LNA : Low Noise Amplifier) fonctionnant dans la bande 4-6 GHz, soumis à des perturbations substrat dans une technologie à substrat résistif. D’abord, ils mettent en évidence que, dans un circuit différentiel, une perturbation à l’entrée du LNA produit une dégradation de l’ordre de 20 dB (à 5 GHz) du gain en puissance. Ensuite, les auteurs montrent l’impact de la commutation d’un séquenceur pseudo aléatoire fonctionnant à 100 MHz sur le LNA (Figure I.89 a et b). Les perturbations générées à 100 MHz n’atteignent pas le spectre du LNA en raison de l’atténuation dans le substrat et de la structure différentielle du circuit. a) sans l’activité du numérique (une sinusoïde à 5.1 GHz en b) avec la commutation des étages numériques (une entrée) sinusoïde à 5.1 GHz en entrée) Figure I.89 : Spectres d’un amplificateur faible bruit sur substrat résistif [69]. Xu et al [70] ont fait le même type d’étude sur un amplificateur faible bruit d’une chaîne radiofréquence d’un récepteur GPS en technologie CMOS 0,5 µm à substrat conducteur avec couche épitaxiée. Des réseaux d’inverseurs émulent l’activité d’un circuit digital sur le même substrat que l’amplificateur. La fréquence amplifiée par l’amplificateur faible bruit est de 1,575 GHz. Cette fréquence est ici perturbée par les harmoniques de la fréquence d’horloge digitale de 40 MHz (Figure I.90 a et b). En effet, la fréquence de fonctionnement de 78 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation l’amplificateur faible bruit est basse. Elle est perturbée par les harmoniques de l’horloge de fonctionnement de la partie numérique (b). a) émulateur digital éteint b) émulateur digital en marche (40 MHz) Figure I.90 : Spectres d’un amplificateur faible bruit d’un récepteur GPS [70]. 79 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 5 Conclusions Du fait de la complexité croissante des circuits intégrés et de la versatilité du marché microélectronique, la phase de conception se doit d’être rapide pour répondre à la fameuse devise ‘time to market’. Des approches de plus en plus macroscopiques sont utilisées alors que paradoxalement, la diminution de taille des transistors met en avant des phénomènes physiques de plus en plus complexes pouvant mettre à mal le fonctionnant d’un circuit intégré. Le couplage par le substrat est un de ces phénomènes. Le bruit substrat est un ensemble de mécanismes mettant en jeu la totalité des éléments d’une application électronique : le circuit imprimé et ses composants, le boîtier du circuit intégré et ses interconnexions, les lignes métalliques sur le silicium, l’activité électrique du circuit électronique, le type de substrat du circuit intégré et les moyens de protection utilisés. Chaque élément a donc son influence sur le couplage substrat et tous doivent être pris en compte lors de l’élaboration de circuits intégrés robustes, fiables et vendables. Ce travail a été réalisé dans l’optique de donner des clés et outils aux concepteurs microélectroniques désireux de prendre en compte l’impact éventuel du bruit substrat sur les performances d’un circuit intégré. De manière générale, la source principale de perturbations substrat est causée par les sauts d’alimentation et de masse de la partie numérique d’un circuit mixte. Comme ces sauts d’alimentation sont répartis uniformément sur la surface du bloc numérique perturbant, nous pourrons considérer cette source de bruit comme une source globale. D’autres perturbations peuvent transiter par le substrat d’un circuit intégré. Les divers signaux du circuit intégré peuvent être couplés de manière capacitive au substrat. Ce type de source, dans le cas général d’un circuit mixte, peut être considérée comme locale. En effet, un fil d’interconnexion éloigné de la victime potentielle du bruit substrat aura un impact négligeable, ce qui n’est pas le cas pour un fil d’interconnexion à proximité de la partie sensible du circuit intégré. Il existe d’autres phénomènes induisant des tensions et courants parasites dans le substrat de manière locale. Ces autres phénomènes, peu mis en évidence par la mesure dans la littérature, peuvent en première approximation être négligés. La propagation dans le substrat des tensions et courants parasites se ramène à un problème classique de propagation dans un milieu diélectrique imparfait qu’est le substrat de silicium. La propagation dans le substrat a des caractéristiques différentes selon le type de substrat utilisé : conducteur, résistif ou isolant. Des outils performants permettant la modélisation de ce type de propagation existent et peuvent être utilisés de manière systématique. La réception des perturbations substrat par les dispositifs intégrés peut être appréhendée en effectuant un raisonnement symétrique de celui effectué pour la génération des tensions et courants parasites dans le substrat. De manière globale, une tension parasite substrat peut induire une variation de la tension d’alimentation et de masse de la partie victime du couplage par le substrat. De manière plus locale, des signaux sensibles peuvent être perturbés par les tensions parasites substrat de manière capacitive. Enfin, il existe d’autres phénomènes plus complexes, telle la transconductance substrat pour un transistor MOS, pouvant causer le dysfonctionnement global d’un dispositif intégré. Nous proposons par la suite différentes possibilités nous permettant de prendre en compte le couplage par le substrat lors de la phase de conception d’un circuit intégré mixte. 81 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 82 Partie I : couplage substrat, mécanismes et modélisation 6 Bibliographie [1] X. Aragonès, J. L. González, F. Moll, and A. Rubio, "Noise Generation and Coupling Mechanisms in Deep-Submicron ICs," IEEE Design & Test of Computers,vol. 19, no. 5, pp 27-36 2002. [2] P. Larsson, "Measurements and Analysis of PLL Jitter Caused by Digital Switching Noise," IEEE Journal of Solid-State Circuits, vol. 36 no 7, pp. 113-1119, 2001. [3] B. D. McCredie and W. D. Becker, "Modeling, Measurement, and Simulation of Simultaneous Switching Noise," IEEE Transactions on Components, Packaging, and Manufacturing Technology, vol. 19 no 3, pp. 461-472, 1996. [4] P. T. M. V. 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Un exemple de simulation du couplage par le substrat dans un circuit virtuel est donné. Enfin, un circuit de test, décliné sous plusieurs versions a été créé. Ce circuit est décrit, modélisé, simulé, mesuré et enfin optimisé. Différentes comparaisons entre mesures et simulations sont données et semblent confirmer la pertinence des modèles mis en place. SOMMAIRE 1 2 INTRODUCTION ...........................................................................................................................................89 SAUTS D’ALIMENTATION NUMERIQUE ............................................................................................................89 2.1 Généralités.......................................................................................................................................89 2.1.1 Description...................................................................................................................................89 2.1.1.1 Mode commun ....................................................................................................................89 2.1.1.2 Mode différentiel .................................................................................................................90 2.1.2 Méthode de simulation ................................................................................................................90 2.1.3 Application informatique de modélisation des sauts d’alimentation ............................................91 2.1.3.1 Principes .............................................................................................................................91 2.1.3.2 Présentation générale.........................................................................................................93 2.2 Simulations et méthodes..................................................................................................................96 2.2.1 Influence des lignes d’alimentation .............................................................................................97 2.2.1.1 Résistance d’alimentation...................................................................................................97 2.2.1.2 Inductance d’alimentation ...................................................................................................98 2.2.1.3 Capacité de cœur du circuit et de découplage ...................................................................98 2.2.2 Influence de l’activité interne .......................................................................................................99 2.2.2.1 Fréquence d’horloge et fréquence de résonance...............................................................99 2.2.2.2 Consommation globale du circuit......................................................................................101 2.2.2.3 Temps de transition des signaux logiques .......................................................................101 2.2.2.4 Temps de commutation (‘skew’) .......................................................................................101 2.2.2.5 Dispersion de l’horloge de synchronisation ......................................................................102 2.2.2.6 Utilisation d’une logique asynchrone ................................................................................102 2.3 Quelques cas concrets ..................................................................................................................103 2.3.1 Présentation des circuits ...........................................................................................................103 2.3.1.1 Premier circuit : petite surface ..........................................................................................103 2.3.1.2 Second circuit : surface moyenne.....................................................................................103 2.3.1.3 Troisième circuit : grande surface.....................................................................................103 2.3.2 Etude du bruit d’alimentation .....................................................................................................104 2.3.2.1 Modélisations ....................................................................................................................104 2.3.2.2 Simulations .......................................................................................................................107 2.3.3 Impact sur la propagation des signaux digitaux ........................................................................109 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 2.3.3.1 Description de la méthode ............................................................................................... 109 2.3.3.2 Résultats des simulations ................................................................................................ 109 2.3.4 Bilan et état des lieux................................................................................................................ 110 3 PROPAGATION DANS LE SUBSTRAT ............................................................................................................ 111 3.1 Généralités.................................................................................................................................... 111 3.1.1 Description du problème rencontré .......................................................................................... 111 3.1.2 Méthode de simulation.............................................................................................................. 111 3.1.2.1 Modèle ICEM-étendu ....................................................................................................... 112 3.1.2.2 Bruit d’alimentation........................................................................................................... 113 3.1.2.3 Couplage capacitif............................................................................................................ 114 3.1.3 Application d’extraction des éléments parasites substrat......................................................... 115 3.1.3.1 Principe ............................................................................................................................ 115 3.1.3.2 Présentation générale...................................................................................................... 115 3.2 Simulations et méthodes............................................................................................................... 118 3.2.1 Présentation d’un problème typique ......................................................................................... 118 3.2.2.1 Alimentations.................................................................................................................... 119 3.2.2.2 Sources de perturbations................................................................................................. 119 3.2.2.3 Propagation dans le substrat ........................................................................................... 120 3.2.2.4 Victimes du couplage substrat ......................................................................................... 120 3.2.3 Diverses possibilités d’implémentation..................................................................................... 121 3.2.3.1 Circuit de base et redistribution des alimentations .......................................................... 121 3.2.3.2 Connexion de la face arrière............................................................................................ 122 3.2.3.3 Substrat conducteur ......................................................................................................... 123 3.2.3.4 Anneau de garde de type P ............................................................................................. 123 3.2.3.5 Caissonnage N................................................................................................................. 124 3.2.3.6 Bilan des paramètres à ajuster ........................................................................................ 125 3.2.4 Comparaison des simulations................................................................................................... 126 3.2.4.1 Circuit de base et redistribution des alimentations .......................................................... 126 3.2.4.2 Connexion de la face arrière............................................................................................ 127 3.2.4.3 Substrat conducteur ......................................................................................................... 128 3.2.4.4 Anneau de garde de type P ............................................................................................. 128 3.2.4.5 Caissonnage N................................................................................................................. 129 3.2.5 Bilan et état des lieux................................................................................................................ 130 4 APPLICATION SUR UN CAS REEL ................................................................................................................ 133 4.1 Circuit de Test dédié ..................................................................................................................... 133 4.1.1 Introduction ............................................................................................................................... 133 4.1.2 Présentation du Circuit de Test ................................................................................................ 133 4.1.2.1 Circuit intégré ................................................................................................................... 133 4.1.2.2 Circuit imprimé d’évaluation............................................................................................. 140 4.1.3 Modélisations du Circuit de Test .............................................................................................. 141 4.1.3.1 Circuit imprimé d’évaluation et ses composants.............................................................. 141 4.1.3.2 Circuit intégré ................................................................................................................... 144 4.1.4 Mesures et Simulations ............................................................................................................ 149 4.1.4.1 Impédance du réseau d’alimentation ............................................................................... 149 4.1.4.2 Impédance statique du substrat....................................................................................... 150 4.1.4.3 Lignes de mesures........................................................................................................... 154 4.1.4.4 Tensions substrat............................................................................................................. 155 4.1.5 Optimisation du circuit de test................................................................................................... 164 4.1.5.1 Diverses configurations possibles.................................................................................... 164 4.1.5.2 Version optimisée du circuit d’évaluation......................................................................... 168 4.1.6 Conclusions .............................................................................................................................. 172 5 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................................ 173 88 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 1 Introduction La diminution de la taille des transistors MOS permet une intégration croissante d’applications sur une même puce de silicium. Cette diminution de taille implique des tensions d’alimentation de plus en plus faibles et des distances de plus en plus courtes entre blocs numériques perturbateurs et analogiques sensibles. De nouvelles contraintes sont à prendre en compte lors de l’élaboration de circuits mixtes, certains phénomènes électriques ayant été jusqu’alors négligés. Le bruit d’alimentation digital, ainsi que le bruit substrat font partis de ces phénomènes. Il n’existe pas dans la division HEG de STMicroelectronics Grenoble, de méthode simple permettant de prendre en compte ces phénomènes dès les premières étapes de conception d’un circuit mixte. Nous proposons donc des méthodes de simulation rapides permettant de guider le concepteur d’une application intégrée mixte dans les choix technologiques, de boîtier, d’architecture, d’alimentation et autres facteurs ayant un impact significatif sur le bruit d’alimentation et le bruit substrat d’un circuit intégré. Une étude sur les sauts d’alimentation numérique est montrée dans un premier temps. Une autre étude, ayant pour objet la propagation des signaux parasites dans le substrat oriente le choix entre diverses configurations possibles d’un circuit mixte afin que celui-ci soit le plus performant possible. Ces méthodes sont utilisables à différents moments lors de la réalisation du circuit. La précision des données entrées varie selon l’état d’avancement du projet. Enfin, une étude complète avec élaboration d’un circuit de test, simulations et mesures, valide les différentes méthodes mises en place. 2 Sauts d’alimentation numérique Les sauts d’alimentation induits par l’activité d’un circuit numérique, peuvent causer des perturbations pour les blocs à proximité, mais aussi des dysfonctionnements du circuit numérique lui-même. 2.1 Généralités Afin de décrire de manière efficace le bruit d’alimentation, nous pouvons le considérer comme étant la somme de deux composantes principales [1] : Le mode commun, Le mode différentiel. 2.1.1 Description 2.1.1.1 Mode commun Le bruit d’alimentation en mode commun est causé par un déséquilibre entre le courant d’alimentation entrant dans le système et le courant sortant du système. Ce déséquilibre peut aussi être induit par une dissymétrie du réseau d’alimentation du circuit (si le nombre ou la longueur des fils de bondings d’alimentation et de masse ne sont pas identiques par exemple). Le bruit en mode commun n’affecte pas le fonctionnement local du circuit. Cependant, ce mode commun fait varier les niveaux de tension des signaux d’entrée/sortie d’un bloc numérique, perturbant ainsi l’interfaçage avec les autres blocs, alimentés par des réseau d’alimentation différents [1]. De plus, ce mode augmente le niveau des émissions électromagnétiques d’un circuit intégré en raison des changements brutaux des tensions d’alimentation et de masse d’un système électronique. Le mode commun du bruit d’alimentation peut s’écrire : ∆VMC(t) = ∆Valim(t) + ∆Vmasse(t) 2 Les tensions ∆Valim et ∆Vmasse sont les sauts d’alimentation et de masse d’un circuit en activité. 89 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 2.1.1.2 Mode différentiel La seconde composante du bruit d’alimentation est le mode différentiel. Elle est causée par les oscillations de type ‘RLC’ issues du couplage des inductances et résistances du boîtier avec la capacité de cœur de circuit. Le mode différentiel change localement la tension d’alimentation du circuit pouvant ainsi causer la modification des temps de propagation des signaux logiques [2]. Durant l’oscillation du réseau RLC, les tensions d’alimentation et de masse sont déphasées de 180°. La tension d’alimentation différentielle peut s’écrire : ∆VMD(t) = ∆Valim(t) - ∆Vmasse(t) Lors de l’élaboration d’un circuit numérique, la tension d’alimentation est considérée constante, ce qui, nous le verrons par la suite, est loin d’être le cas. La tension différentielle d’un circuit varie significativement et peut provoquer de graves disfonctionnements notamment à cause de la désynchronisation des signaux numériques. La Figure II.1 de [3] illustre l’impact du bruit d’alimentation sur la propagation de signaux logiques : en pointillé le signal numérique sans bruit d’alimentation et en trait plein, avec bruit d’alimentation. Un certain nombre de transitions peuvent donc disparaître ou au contraire apparaître, causant des dysfonctionnements difficilement prévisibles. Figure II.1 : Impact du bruit d’alimentation sur la propagation de signaux digitaux [3] 2.1.2 Méthode de simulation Nous utilisons la méthode ICEM décrite dans la partie précédente. Il s’agit de mettre en place un réseau d’alimentation avec des éléments du type R, L et C du circuit intégré dans son application modélisant le circuit imprimé, le boîtier du circuit, les lignes d’alimentation sur le silicium et enfin la capacité de cœur. L’activité interne est modélisée par une source de courant représentant les pics de courant absorbés par le circuit lors de son fonctionnement. Des simulations transitoires ou fréquentielles du modèle ICEM mis en place, permettent de prédire le comportement de la tension d’alimentation de la circuiterie numérique. Les niveaux de tension critiques, ainsi que les fréquences perturbantes, sont ainsi pointés et permettent l’optimisation de l’implémentation du circuit intégré. Cette étude de l’alimentation peut être effectuée dès le début de la phase d’élaboration. Cependant, l’évaluation des divers éléments du modèle ICEM à mettre en place peut s’avérer une étape difficile pour un concepteur du monde digital. Nous avons donc créé une application qui en quelques instants de manipulation, montre les tensions et courants d’alimentation susceptibles d’être observés sur l’alimentation d’un circuit numérique en cours d’élaboration. 90 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 2.1.3 Application informatique de modélisation des sauts d’alimentation Cette application a été implémentée avec le langage Java, afin que celle-ci soit portable sur la plupart des systèmes d’exploitation et intégrables dans des pages Internet de type html sans difficulté majeure. 2.1.3.1 Principes Le schéma de fonctionnement de l’application respecte celui du modèle ICEM. Il faut dans un premier temps déterminer le réseau passif d’alimentation puis ensuite l’activité interne. Les simulations temporelles et fréquentielles du modèle obtenu permettent de tirer quelques enseignements quant au comportement des alimentations lors de l’activité d’un circuit logique. 2.1.3.1.1 Réseau d’alimentation Le réseau passif d’alimentation du système peut être obtenu à partir d’évaluations ou de mesures. Pour cette application simple, nous considérons uniquement les sauts d’alimentation en basses fréquences induits par le boîtier et la puce de silicium. Le circuit imprimé est supposé parfait, le boîtier et le circuit sont les seuls éléments modélisés. Seuls les éléments parasites les plus significatifs de la ligne d’alimentation seront schématisés. a. Evaluations Les lignes d’alimentation sont réduites à des inductances résistives entre lesquelles il existe un coefficient de couplage électromagnétique K. Ces inductances sont principalement dues aux effets parasites des fils de bonding mais aussi des broches du boîtier du circuit [4]. Il est possible d’évaluer leurs valeurs inductives et résistives en fonction de leurs caractéristiques géométriques (longueur, section, matériau …) à partir de formules et abaques donnés en I.2.1.2.2. Un autre élément primordial est la capacité de cœur du circuit. Elle peut aussi être déterminée à partir de calculs donnés en 2.1.2.3 de la première partie de ce document. Nous obtenons donc le schéma RLC de simulation suivant qui permet de simuler la tension d’alimentation en mode commun et différentiel : Rvdd Lvdd K Valim Rgnd Iqctivité Ccoeur Lgnd Figure II.2 : Schéma simplifié d’un réseau d’alimentation évalué. b. Mesures Il est possible aussi de déterminer l’impédance d’alimentation du réseau en utilisant la méthode décrite en première partie (paragraphe 2.1.2.3.6). Le réseau d’alimentation est alors un simple modèle RLC dont les valeurs sont extraites à partir de l’évolution de l’impédance entre l’alimentation et la masse du système en fonction de la fréquence. Ce schéma de simulation permet d’obtenir la tension d’alimentation en mode différentiel, mais pas en mode commun. Rvdd Lvdd K Valim Rgnd Ccoeur Ralim Lalim Iactivité Valim Ccoeur Iactivité Lgnd Figure II.3 : Equivalence entre les schémas d’un réseau d’alimentation évalué et mesuré. 91 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Les schémas évalués et mesurés d’un réseau d’alimentation d’un circuit intégré sont équivalents entre la masse et l’alimentation interne (tension d’alimentation différentielle) si : L alim = L vdd + L gnd - 2.K. L vdd . L gnd en Henry et R alim = R vdd + R gnd en Ohm 2.1.3.1.2 Activité interne L’activité interne du circuit est modélisée par le courant absorbé par celui-ci à chaque coup d’horloge. Ce courant est une somme d’impulsions dont les caractéristiques (délai, temps de montée, temps de maintien, temps de descente, période, courant maximal et courant minimal) peuvent être évaluées à partir des fréquences de fonctionnement, des temps de commutation moyens et de la surface du circuit numérique. Il est aussi possible d’utiliser des outils dédiés déjà présentés au paragraphe 2.1.2.4 de la première partie. Le courant d’activité d’un circuit peut être obtenu à partir de la mesure du courant externe ou de la tension d’alimentation et du modèle du réseau passif d’alimentation. L’implémentation d’une telle fonctionnalité pourrait s’avérer intéressante. 2.1.3.1.3 Simulations du système Deux méthodes distinctes sont utilisées pour simuler le système RLC excité par des impulsions de courant : Une méthode temporelle, Une méthode fréquentielle. Ces deux approches différentes donnent sensiblement les mêmes résultats et sont complémentaires. a. Analyse temporelle L’analyse temporelle se fait pas à pas. Le courant d’excitation du réseau RLC, ou courant interne d’activité, est une suite discrète de points donc de segments. Connaissant la réponse sous forme analytique du système à une excitation du type iint(t) = α . t + β (Annexe A.1), nous pouvons déterminer des morceaux de courbes pour chaque segment du courant d’activité. Les conditions initiales de chaque partie n sont données par les conditions finales de la partie n-1. Les conditions initiales du système au temps t=0 sont les suivantes : La tension de la capacité est égale à la tension d’alimentation, Le courant circulant dans la capacité est nul. Ce type d’analyse montre le régime transitoire du système avant l’établissement du régime permanent, jusqu’à ce que la tension et le courant en fin de période d’horloge soient les mêmes qu’en début de cycle : le régime permanent est alors atteint. b. Analyse fréquentielle L’analyse fréquentielle qui peut utiliser la transformée de Laplace. Si nous résolvons le système d’un point de vue fréquentiel, nous avons pour un réseau RLC simple de la Figure II.3, la tension aux bornes de la capacité de cœur du circuit donnée par : VCcoeur (p) = Valim(p) - L alim.p + R alim . Iint(p) L alim.C coeur.p2 + R alim.Ccoeur.p + 1 où Iint(p) est la transformée de Fourier du courant d’activité interne modélisé, Valim(p) celle de la tension d’alimentation. p est un complexe tel que p = j . 2 . π . f , avec f variant entre la fréquence minimale et maximale de résolution du système. Ce type de résolution donne le régime permanent au contraire de l’analyse temporelle. La réponse fréquentielle du système est ainsi obtenue. A l’aide d’une transformée de Fourier inverse rapide, la réponse temporelle en régime permanent du système oscillant est déduite. Cette analyse, utilisant la transformée de Laplace, peut tout de même permettre de simuler le régime transitoire du système en 92 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures considérant la tension d’alimentation comme une rampe entre 0V et la tension d’alimentation dont le temps de montée est nul. Les deux analyses proposées peuvent être complémentaires : l’une donnant le régime transitoire du système et l’autre le régime permanent. 2.1.3.2 Présentation générale Un bref descriptif de l’application informatique de modélisation de sauts d’alimentation est ici donné. Quelques captures d’écran donnent un aperçu de l’interface graphique de l’application. 2.1.3.2.1 Réseau d’alimentation Un premier onglet de l’application permet de modéliser le réseau passif d’alimentation du circuit. Cet onglet propose deux alternatives : une modélisation par la mesure ou un modélisation par évaluations. a. Mesures La méthode de calcul des paramètres équivalents a été donnée dans le paragraphe 2.1.2.3.6 de la première partie. A partir de trois valeurs particulières de la courbe d’impédance d’alimentation d’un circuit intégré [5], l’outil donne des valeurs à la résistance, à l’inductance et à la capacité du réseau RLC simplifié. La Figure II.4 est une capture d’écran de l’onglet de modélisation de l’impédance d’alimentation par la mesure : Figure II.4 : Onglet de modélisation d’impédance d’alimentation à partir de la mesure de l’application informatique dédiée aux sauts d’alimentation dans un circuit intégré numérique. Il est possible de remplir les champs L et C directement si les valeurs sont connues. Sinon, ces valeurs sont calculées automatiquement à partir des valeurs particulières de la courbe du module de l’impédance mesurée de l’alimentation du circuit. La fréquence de résonance et le facteur de qualité du réseau RLC sont aussi calculés dès que toutes les données nécessaires sont entrées dans l’application. Ces valeurs sont calculées à l’aide des formules suivantes : ω0 = 1 L.C et Q= L . ω0 R Avec un coefficient de qualité Q au dessus de 0,5, la solution du système est dite pseudopériodique : le réseau d’alimentation présente des oscillations amorties. En dessous de 0,5, le régime est dit amorti, il n’y a pas d’oscillation spontanée du système mais uniquement un amortissement de type exponentiel. La possibilité d’exporter le schéma de l’alimentation sous un format SPICE est donnée, afin de permettre la simulation du système par un simulateur SPICE externe. Un bouton permet de passer du mode modélisation à partir de mesures à celui de modélisation par évaluations à n’importe quel moment. Le schéma utilisé par le simulateur sera le dernier mode exploré par l’utilisateur. 93 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes b. Evaluations L’onglet modélisation du réseau d’alimentation par évaluation se présente ainsi : Figure II.5 : Onglet de modélisation d’impédance d’alimentation à partir d’évaluation de l’application informatique dédiée aux sauts d’alimentation dans un circuit intégré numérique. Les différentes valeurs R, L, K et C peuvent être entrées directement à l’aide des champs de saisie textuelle. Pour la détermination de R, L et K, une boîte à outils peut être utilisée en appuyant sur le bouton ‘Filling Help’. Cette boîte à outils donne des évaluations des valeurs de R, L et K en fonction du type de boîtier utilisé et de différentes caractéristiques des lignes d’alimentation (longueur, section, matériau…). La valeur de la capacité de cœur numérique peut aussi être évaluée à partir de la capacité surfacique propre à chaque technologie, notée Ca, donnée par la méthode des 10 NAND (donnée en 2.1.2.3.2 de la première partie), ou déterminée par l’utilisateur. La surface totale de la partie numérique du circuit notée Ad et la capacité surfacique Ca donnée permettent de calculer la valeur de Cc. 2.1.3.2.2 Activité interne L’application offre plusieurs possibilités pour modéliser le courant interne consommé : Considérer le courant comme une somme d’impulsions de courant, Récupérer un courant donné par un autre outil en important des données dans un fichier de type ASCII (PrimePower, simulations SPICE …). L’onglet de modélisation du courant interne se présente ainsi : Figure II.6 : Onglet de modélisation du courant et aide pour la détermination des paramètres d’un impulsion de courant. 94 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Les caractéristiques des impulsions de courant formant le courant total modélisé sont données sous une forme de tableau dans lequel des lignes peuvent être ajoutées ou retirées. Une ligne donne les paramètres d’une impulsion. Une petite aide (Figure II.6), s’ouvrant à l’aide du bouton ‘Carac.’, permet de remplir les différents champs du tableau à partir de valeurs caractéristiques d’un circuit numérique telle la fréquence, le temps de maintien, le délai, le temps de transition moyen et le courant consommé moyen. Une représentation graphique des impulsions créées dans la même fenêtre graphique donne un aperçu du ‘gabarit’ de courant modélisé. Une fois les impulsions définies, un bouton ‘MODEL !’ fait la somme de toutes les impulsions donnant une seule forme de courant qui sera utilisée pour l’étape suivante : la simulation. Ce courant peut être sauvegardé dans un fichier sous un format ASCII. Il est aussi possible de lire un fichier de type ASCII provenant de sauvegardes précédentes ou d’autres outils de modélisation du courant d’activité logique du circuit intégré. 2.1.3.2.3 Simulations et résultats a. Analyse temporelle Pour effectuer une analyse temporelle, seuls le temps total de simulation et la valeur de la tension d’alimentation du système sont nécessaires. Le pas de résolution est déterminé de manière automatique. La simulation est relativement rapide après avoir utilisé le bouton ‘Start Transient’ et les résultats sont représentés graphiquement dans une fenêtre dédiée, comme le montre la Figure II.7. Figure II.7 : Onglet de simulation de l’application informatique et résultats temporels. Différentes valeurs caractéristiques de la tension différentielle sont affichées : la tension minimale, maximale et enfin moyenne. Différents signaux peuvent être observés. Il est aussi possible d’effectuer un agrandissement à volonté à l’aide de la souris dans la fenêtre d’affichage. Les courbes affichées peuvent être exportées sous format ASCII en vue de traitements ou exploitations des données. Une transformée de Fourier rapide peut être appliquée aux différentes courbes temporelles calculées afin d’obtenir une représentation fréquentielle des résultats en utilisant le bouton ‘Spectrum’. b. Analyse fréquentielle L’onglet de simulation fréquentielle est le même que celui de l’analyse temporelle. Les fonctionnalités sont les mêmes. Il faut entrer la valeur de la fréquence de résolution minimale, qui correspond au pas fréquentiel de résolution. Plus cette valeur sera faible, plus le nombre de raies dans les résultats de la simulation sera important et les résultats précis. La simulation est ici encore rapide après utilisation du bouton ‘Start Spectral’. Les résultats affichés sont les modules du spectre des différents signaux du circuit simulé. Il est possible de passer en affichage temporel grâce à une transformée de Fourier inverse rapide grâce au bouton ‘Trans.’ Sous la fenêtre graphique. La Figure II.8 donne les résultats de simulations fréquentielles. 95 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure II.8 : Onglet de simulation de l’application informatique et résultats fréquentiels. c. Validation des méthodes de simulation implémentées Afin de valider les méthodes de simulation et l’implémentation du logiciel, quelques comparaisons des résultats de l’application avec ceux obtenus à l’aide d’un simulateur SPICE analogique commercial ont été effectuées. Les résultats des comparaisons sont donnés sur la Figure II.9 : Figure II.9 : Comparaison des tensions de masse et d’alimentation simulées avec l’application dédiée. 2.2 Simulations et méthodes L’outil mis en place permet des simulations rapides du comportement de l’alimentation d’un circuit numérique intégré. Il est intéressant de voir l’impact de divers paramètres pouvant influencer le bruit d’alimentation d’un circuit intégré. Nous simulons donc un petit circuit numérique dont les caractéristiques principales sont les suivantes : Technologie 250 nm, Surface digitale de 5 mm² (capacité de cœur égale à 1.585 nF), Résistances d’alimentation et de masse de 0,1 ohm, Inductances d’alimentation et de masse de 1 nH et coefficient de couplage K=0.5, Consommation globale de 50 mA, Une tension d’alimentation de 1 V, Fréquence d’horloge de 20 MHz, Temps de maintien (‘skew’) et de transitions moyens de 0,5 ns. 96 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 2.2.1 Influence des lignes d’alimentation Dans un premier temps, nous faisons varier les éléments passifs du réseau d’alimentation du système, afin d’en connaître l’incidence. 2.2.1.1 Résistance d’alimentation Une forte résistance sur une ligne d’alimentation implique une chute de potentiel continu importante. Cependant, cette résistance peut diminuer le facteur de qualité du circuit résonant : Q= L alim . ω0 avec ω0 = R 1 L alim . Calim Une diminution du facteur de qualité du système oscillant induit un amortissement des oscillations spontanées et donc une fréquence de résonance moins perturbante dans le spectre du bruit d’alimentation. L’ajout d’une résistance série sur une ligne d’alimentation est une technique de diminution du bruit d’alimentation pour les petits circuits consommant peu. Si la consommation de courant du circuit est trop importante, la chute de potentiel d’alimentation statique le sera aussi, pouvant causer le disfonctionnement du circuit et un échauffement excessif. En faisant varier la résistance d’alimentation et de masse du petit circuit décrit entre 0,05 et 0,5 Ω, nous pouvons observer ces phénomènes d’amortissement de la perturbation d’alimentation, ainsi qu’une diminution de la contribution spectrale de la fréquence de résonance du circuit. La Figure II.10 et le Tableau II.1 montrent l’incidence de la variation de la résistance d’alimentation sur l’oscillation de la tension différentielle d’alimentation du circuit intégré modélisé. Figure II.10 : Influence de la résistance d’alimentation sur le bruit d’alimentation : simulation temporelle et sa transformée de Fourier rapide. Résistances d’alimentation Fréquence de résonance Facteur de qualité Q Tension minimale Tension Maximale Tension moyenne R=0,1 Ω (réf.) 125,4 MHz 3,9 0,32 V 1,53 V 0,99 V R=0,05 Ω R=0,2 Ω 126,3 MHz 122,3 MHz 7,9 2.0 0,30 V 0,34 V 1,73 V 1,33 V 0,998 V 0,98 V R=0,5 Ω 98,2 MHz 0,8 0,34 V 1,06 V 0,95 V Tableau II.1 : Influence de la résistance d’alimentation sur le bruit d’alimentation 97 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 2.2.1.2 Inductance d’alimentation La fréquence de résonance et le facteur de qualité de l’oscillateur RLC dépendent de la valeur inductive des lignes d’alimentation. Une augmentation de l’inductance de la ligne d’alimentation implique une diminution de la fréquence de résonance et l’augmentation du facteur de qualité. Plus l’inductance des lignes d’alimentation est importante (plus la ligne est longue), plus les oscillations de l’alimentation seront lentes et peu amorties. La Figure II.11 et le Tableau II.2 illustrent l’incidence de l’inductance d’alimentation sur les fluctuations de la tension différentielle d’alimentation du système intégré. Figure II.11 : Influence de l’inductance d’alimentation sur le bruit d’alimentation : simulation temporelle et sa transformée de Fourier rapide. Inductances d’alimentation Fréquence de résonance Facteur de qualité Q Tension minimale Tension Maximale Tension moyenne L=1 nH (réf.) 125,4 MHz 3,97 0,32 V 1,53 V 0,99 V L=0,5 nH 175,9 MHz 2,81 0,42 V 1,41 V 0,99 V L=2 nH 89,0 MHz 5,61 0,30 V 1,63 V 0,99 V L=5 nH 56,4 MHz 8,88 0,55 V 1,41 V 0,99 V Tableau II.2 : Influence de l’inductance d’alimentation sur le bruit d’alimentation Une inductance élevée n’induit pas forcément une amplitude de la perturbation plus importante, comme le montrent les caractéristiques du Tableau II.2 lorsque l’inductance d’alimentation a une valeur de 5 nH. L’amplitude de la perturbation d’alimentation dépend de la fréquence de résonance mais aussi de la fréquence de fonctionnement du circuit numérique comme nous allons le voir par la suite. 2.2.1.3 Capacité de cœur du circuit et de découplage La capacité du cœur numérique a aussi de l’influence sur la fréquence de résonance du circuit et sur le facteur de qualité du système oscillant équivalent. La fréquence de résonance diminue lorsque cette capacité augmente, tout comme le facteur de qualité. Figure II.12 : Influence de la capacité de cœur sur le bruit d’alimentation : simulation temporelle et transformée de Fourier 98 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Capacités de cœur Fréquence de résonance Facteur de qualité Q Tension minimale Tension Maximale Tension moyenne C=1,5 nF (réf.) 125,4 MHz C=0,5 nF 224,5 MHz 3,97 0,32 V 1,53 V 0,99 V 7,07 -0,60 V 2,76 V 0,99 V C=3 nF C=5 nF 90,5 MHz 69,4 MHz 2,89 2,24 0,63 V 0,77 V 1,23 V 1,12 V 0,99 V 0,99 V Tableau II.3 : Influence de la l’inductance d’alimentation sur le bruit d’alimentation Comme le montrent la Figure II.12 et le Tableau II.3, l’amplitude de l’oscillation ne dépend pas uniquement du facteur de qualité et de la fréquence de résonance, mais aussi de la fréquence de l’horloge du système. Remarque : Les différentes valeurs prises par les éléments parasites de l’alimentation (résistance, inductance et capacité) ne sont pas des valeurs forcément réalistes, elles ont été choisies arbitrairement afin de montrer clairement l’incidence de chaque élément sur le bruit d’alimentation d’un circuit intégré. Le courant moyen et la capacité de cœur d’un circuit numérique sont des paramètres dépendant l’un de l’autre. Les valeurs choisies ne tiennent pas compte de ces relations. 2.2.2 Influence de l’activité interne 2.2.2.1 Fréquence d’horloge et fréquence de résonance La fréquence de fonctionnement d’un circuit numérique a une incidence cruciale sur l’amplitude de l’oscillation spontanée de l’alimentation d’un circuit intégré. La stratégie d’alimentation dépend de la fréquence de résonance du circuit intégré, mais aussi de sa fréquence de fonctionnement [6]. Il est nécessaire de discerner deux cas d’analyse : Lorsque la fréquence de fonctionnement est inférieure à la moitié de la fréquence de résonance, Lorsque la fréquence de fonctionnement est supérieure à la moitié de la fréquence de résonance. 2.2.2.1.1 Frésonance/2 > Fhorloge Les pics de courant de l’activité interne ont une fréquence double de celle de fonctionnement du circuit numérique. En effet, un pic de courant est appelé lors du front montant de l’horloge et un autre lors du front descendant. Ces pics amorcent les oscillations spontanées du réseau RLC formé par le circuit intégré et son boîtier. Ces oscillations, du point de vue de la tension différentielle, commencent toujours par un minimum. Les conditions initiales de l’oscillation engendrée par le pic de courant n sont les conditions finales de l’oscillation engendrée par le pic n-1. Si la fréquence de résonance est un harmonique impair de la fréquence d’horloge, l’amplitude de l’oscillation est minimale : le pic de courant d’activité interne doit tirer vers le bas une tension qui est maximale (sommet d’une oscillation). Lorsque la fréquence de résonance est un harmonique pair de la fréquence d’horloge, alors l’amplitude de l’oscillation est maximale : le pic de courant d’activité interne doit tirer vers le bas une tension qui est déjà minimale (creux d’une oscillation). Ce raisonnement est illustré par la Figure II.13 où l’on voit une oscillation amorcée par un signal d’une certaine fréquence, dont la fréquence de résonance est un harmonique impair, et une oscillation excitée par un autre signal dont la fréquence de résonance est un harmonique pair. D’un point de vue fréquentiel, en décomposant le courant d’activité interne en série de Fourier, les harmoniques pairs sont prépondérants (front montant de l’horloge puis front descendant). Si l’un d’eux se trouve dans le pic de résonance du circuit intégré, le bruit d’alimentation sera plus fort comme le montre la Figure II.14 et plus faible si le pic de résonance est ‘à cheval’ entre deux raies d’excitation du courant interne. 99 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure II.13 : Influence de la fréquence de fonctionnement sur le bruit d’alimentation d’un circuit numérique, approche temporelle. La fréquence de résonance du système est de 175 MHz. Figure II.14 : Influence de la fréquence de fonctionnement sur le bruit d’alimentation d’un circuit numérique, approche fréquentielle. La fréquence de résonance du système est de 175 MHz. 2.2.2.1.2 Frésonance/2 < Fhorloge Si la fréquence d’horloge du circuit est supérieure à la moitié de la fréquence de résonance du boîtier, la valeur pic à pic de la tension différentielle décroît avec l’augmentation de la fréquence. En effet, la fonction de transfert de l’alimentation est un filtre passe-bas de second ordre. Plus la fréquence augmente, plus la réponse en tension du courant d’excitation est faible. La Figure II.15 illustre ces propos. Figure II.15 : Influence de la fréquence de fonctionnement sur le bruit d’alimentation d’un circuit numérique, approche fréquentielle lorsque Fhorloge > Frésonnance/2. Remarque : Ces analyses reposent sur le schéma très simplifié RLC de modélisation du réseau d’alimentation. Il existe dans un circuit réel d’autres fréquences de résonances dans des gammes de fréquences plus hautes. Le raisonnement reste cependant identique : il faut éviter de faire coïncider pics de résonance et fréquence d’horloge x 2 pour minimiser l’amplitudes des oscillations. 100 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 2.2.2.2 Consommation globale du circuit Plus un circuit intégré consomme de courant en fonctionnement pour une même fréquence d’horloge, plus les pics de courant de l’activité interne seront importants et donc les oscillations de l’alimentation de grande amplitude. Si nous faisons varier la consommation du circuit d’étude entre 1 et 100 mA (toujours des valeurs excessives pour plus de clarté dans les graphiques), nous pouvons observer l’effet de la consommation du circuit sur le bruit d’alimentation. Figure II.16 : Influence de la consommation sur le bruit d’alimentation : simulation temporelle et transformée de Fourier 2.2.2.3 Temps de transition des signaux logiques Le temps de transition des signaux logiques est le temps nécessaire à un signal pour passer d’un état logique à l’autre. Nous considérons que le temps de montée et le temps de descente de ces signaux, dans un circuit numérique, sont identiques. Nous définissons aussi le temps de transition des signaux comme étant aussi le temps de montée de l’impulsion de courant. Ainsi, connaissant le temps moyen de transition des signaux logiques dans un circuit numérique, nous en déduisons le temps de montée et de descente de l’impulsion correspondante. Comme nous l’avons montré dans une étude précédente [7], l’augmentation du temps moyen de transitions logiques dans un circuit numérique, peut réduire les perturbations électromagnétiques qu’il génère. Le bruit d’alimentation est une de ces perturbations. Pour une même consommation moyenne, en abaissant la valeur des transitions, le courant de consommation sera beaucoup moins dynamique, donc moins perturbant. Figure II.17 : Influence du temps de transition numérique moyen sur le bruit d’alimentation : simulation temporelle et transformée de Fourier rapide 2.2.2.4 Temps de commutation (‘skew’) Un autre facteur important caractérisant l’activité interne d’un circuit digital est l’intervalle de temps entre la première bascule logique recevant le signal d’horloge et la dernière. Cet intervalle de temps est couramment dénommé ‘skew’. Lors de la conception d’un circuit numérique, les concepteurs tentent de minimiser ce ‘skew’. Si le ‘skew’ est faible, beaucoup de portes logiques commutent en même temps, ce qui implique une impulsion haute et étroite de courant d’activité interne, donc des perturbations d’alimentation plus importantes. A contrario, un ‘skew’ élevé revient à étaler dans le temps les courants de commutation et ainsi en diminuer 101 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes l’impact sur le bruit substrat. La Figure II.18 montre l’influence de ce temps de commutation sur le bruit d’alimentation généré. Figure II.18 : Influence du temps de commutation numérique moyen sur le bruit d’alimentation : simulation temporelle et transformée de Fourier rapide 2.2.2.5 Dispersion de l’horloge de synchronisation Une approche alternative intéressante, permettant d’étaler dans le temps les courants internes d’activité d’un circuit numérique et ainsi d’en diminuer l’impact au niveau des émissions et conductions parasites électromagnétiques peut être mise en place. Il s’agit de la méthode de dispersion de l’horloge de synchronisation (Spread Spectrum Clock). Pareschi et al. proposent un générateur d’horloge dispersée permettant d’étaler le spectre de l’horloge, donc le spectre des courants absorbés [8]. Figure II.19 : Comparaison entre les spectres de puissance d’une horloge modulée (spread spectrum) et une horloge non modulée (no spread). Un telle technique peut s’avérer judicieuse pour diminuer les perturbations d’alimentation et substrat d’un circuit numérique de grande taille. La Figure II.19 montre la comparaison des spectres d’une horloge étalée en trait plein et une non étalée en pointillé. Le désavantage d’un telle technique réside dans le fait que le nombre de fréquences perturbantes ne se limite plus seulement aux seuls harmoniques de l’horloge numérique, mais à des raies beaucoup plus larges. 2.2.2.6 Utilisation d’une logique asynchrone Une autre approche, permettant de diminuer l’activité numérique, consiste à désynchroniser les signaux logiques : c’est la logique asynchrone. L’absence d’horloge de synchronisation implique un courant d’activité numérique étalé dans le temps. La consommation globale du circuit est aussi plus faible du fait de l’absence d’un arbre d’horloge constitué d’inverseurs et d’amplificateurs. L’activité d’un arbre d’horloge dans un circuit numérique représente environ 15 % de la consommation globale du circuit. Bouesse et Al. ont présenté deux versions d’un même circuit : un synchrone et un autre asynchrone [9]. Les spectres des courants absorbés par le circuit synchrone et le circuit asynchrone sont donnés en Figure II.20. 102 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures a) spectre du courant d’activité de la version synchrone b) spectre du courant d’activité de la version asynchrone Figure II.20 : Comparaison entre les spectres de courant d’activité d’un circuit numérique [9]. 2.3 Quelques cas concrets Quelques circuits réels ont fait l’objet d’analyses du bruit d’alimentation en utilisant l’application informatique dédiée. Ces circuits sont au nombre de trois, de surfaces différentes et réalisés dans la même technologie CMOS de 90 nm de longueur de grille. Deux d’entre eux, les plus gros, ont connu des problèmes de fonctionnement et sont à l’origine de cette étude des sauts d’alimentation d’un circuit digital. 2.3.1 Présentation des circuits 2.3.1.1 Premier circuit : petite surface Ce petit circuit n’a montré aucun dysfonctionnement majeur, ses caractéristiques sont les suivantes : Surface digitale : 1,5 mm², Consommation moyenne : 20 à 30 mA, Fréquence principale de fonctionnement : 100 MHz, Stratégie d’alimentation : 4 paires de fils d’alimentation d’un boîtier TQFP. 2.3.1.2 Second circuit : surface moyenne Ce circuit de taille moyenne a connu des problèmes de fonctionnement. Le bruit d’alimentation a été clairement désigné comme étant la cause de ces dysfonctionnements. Un meilleur découplage de l’alimentation sur le circuit imprimé a en effet permis de régler en partie les problèmes. Les caractéristiques de ce circuit sont les suivantes : Surface digitale : 11,5 mm², Consommation moyenne : 500 mA, Fréquences principales de fonctionnement : 200 MHz, 50 MHz et 25 MHz, Stratégie d’alimentation : 9 paires de fils d’alimentation dont 7 doublées (double fil de bonding afin de diminuer la résistance par 2), boîtier TQFP. 2.3.1.3 Troisième circuit : grande surface Ce circuit de taille importante a connu des problèmes à priori liés à des chutes d’alimentation importantes. En effet, le circuit fonctionne à une tension supérieure à la tension nominale. Il a de plus été observé en mesure, d’importantes chutes de potentiel de l’alimentation statique du système lorsque l’activité de celui-ci augmente. Ses caractéristiques sont les suivantes : Surface digitale : 33 mm², Consommation moyenne : 1 A, Fréquences principales de fonctionnement : 216 MHz, 108 MHz et 54 MHz, 103 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Stratégie d’alimentation : 14 paires de fils d’alimentation, les fils de masse sont connectées à un plan métallique du boîtier (arrière de la puce : slug), donc plus courts, moins inductifs et moins résistifs, boîtier TQFP. 2.3.2 Etude du bruit d’alimentation 2.3.2.1 Modélisations La Figure II.21 rappelle le schéma électrique simple permettant de simuler les sauts d’alimentation d’un circuit numérique. Rvdd Lvdd K Valim Rgnd Ccore Iqctivité Lgnd Figure II.21 : Schéma électrique de simulation de sauts d’alimentation d’un circuit numérique. 2.3.2.1.1 Premier circuit a. A partir d’évaluations L’alimentation du circuit est faite de manière symétrique. Chaque bonding peut être modélisé par une résistance de 500 mΩ et une inductance de 5 nH évaluées avec les formules données en première partie. Cela donne de manière globale une inductance de masse et d’alimentation équivalente, de valeur 1,25 nH et une résistance de 125 mΩ. Le coefficient de couplage entre les bonding est de 0,6, calculé avec FastHenry [10]. Les valeurs de capacités du circuit sont évaluées à partir de sa surface. La capacité surfacique de la technologie de 90 nm est d’environ 0,8 nF/mm². Nous obtenons les caractéristiques de lignes d’alimentation suivantes : Rgnd = Rvdd = 125 mΩ, Lgnd = Lvdd = 1,25 nH, K = 0,6, Ccore = 1 nF. Pour les caractéristiques du courant interne, nous prendrons les valeurs suivantes : Imoy = 20 mA, Fhorloge = 100 MHz, Transition moyenne = 0,5 ns, Temps de commutation (skew) = 0,3 ns. b. A partir de mesures Des mesures permettant de déterminer les impédances d’alimentation et donc les réseaux RLC équivalents de ces alimentations, ont été effectuées pour les deux premiers circuits étudiés et partiellement pour le troisième circuit. Des mesures du coefficient de réflexion entre deux broches d’alimentation, à l’aide d’un analyseur de réseaux Agilent E5070B couplé à une paire de pointes sous binoculaire, ont, dans un premier temps, été faites. Une plage de fréquence de 500 KHz à 1 GHz a été choisie. A partir du vecteur complexe du coefficient de réflexion mesuré, il est possible de déterminer l’impédance complexe entre les deux pointes de mesure, donc l’impédance de l’alimentation du circuit. La formule suivante est utilisée : Zalim = 50 . 104 1+ S11 1 - S11 où S11 est le coef ficient de réf lexion mesuré (50 Ω est l’impédance du port de l’appareil de mesure) Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures A partir de cette impédance, il est possible de déterminer la capacité, la résistance et l’inductance du réseau RLC équivalent, comme cela est montré en 2.1.2.3.6 de la première partie. Cependant, l’appareillage utilisé ne permet pas de polariser avec la tension nominale d’alimentation le circuit lors de la mesure. Cette polarisation change dans des proportions non négligeables la capacité interne du circuit. Nous utilisons donc une autre méthode pour déterminer la capacité de cœur d’un circuit intégré. Ce type de mesure nous permet cependant d’obtenir l’inductance et la résistance équivalentes pour une seule paire d’alimentation du circuit. Pour modéliser le réseau d’alimentation complet, il faut extrapoler les valeurs obtenues pour une paire d’alimentation à l’ensemble de paires d’alimentation du circuit intégré. La Figure II.22 donne une représentation graphique de l’impédance mesurée pour le premier circuit entre 500 KHz et 1 GHz. L’impédance mesurée est comparée avec l’impédance évaluée entre une paire d’alimentation, en considérant la capacité interne sans polarisation, celle mesurée avec le capacimètre HP 4284A sans aucune polarisation. Figure II.22 : Comparaison entre la mesure et l’évaluation de l’impédance entre deux broches d’alimentation du circuit 1. Les mesures de capacités de cœur ont été faites avec un capacimètre HP 4284A relié à des pointes sous binoculaire permettant de mesurer directement la capacité entre deux broches d’alimentation d’un circuit intégré en basse fréquence. La capacité et la résistance parallèles internes sont mesurées à 500 KHz avec une polarisation de 1V correspondant à la tension d’alimentation nominale de ces circuits en technologie CMOS 90 nm. Les valeurs évaluées d’une paire d’alimentation sont : Reval = 1 Ω, Leval = 4 nH et Ceval1 = 0,63 nF. Les valeurs déterminées à partir de la mesure sont : Rmes = 0.68 Ω, Lmes= 5.5 nH, Cmes = 0,63 nF lorsque le circuit n’est pas polarisé et Cmes = 1,03 nF lorsque le circuit est polarisé. Les mesures sont en accord avec les évaluations du réseau d’alimentation pour une paire d’alimentation. Afin d’extrapoler les résultats des mesures au circuit entier, comportant 4 paires d’alimentation, l’inductance et la résistance équivalentes sont divisées par 4. La capacité de cœur, elle, reste identique. 105 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 2.3.2.1.2 Second circuit a. A partir d’évaluations Les caractéristiques de l’alimentation sont les suivantes : Rgnd = Rvdd = 26 mΩ, Lgnd = Lvdd = 0,55 nH, K = 0,6, Ccore = 9 nF. Pour les caractéristiques du courant interne, nous prendrons les valeurs suivantes : Imoy = 500 mA, Fhorloge = 200, 50 et 25 MHz, Transition moyenne = 0,5 ns, Temps de commutation (skew) = 0,5 ns. b. A partir de mesures La même méthode de mesure que pour le circuit précédent est utilisée. Il faut différencier deux cas de modélisation d’une paire d’alimentation pour ce circuit intégré. En effet, il possède plusieurs paires d’alimentation doublées (deux fils de bonding en parallèle pour la même connexion) et quelques paires simples. Des mesures sur les deux types de paire d’alimentation ont été effectuées. Les résultats de ces mesures et des évaluations correspondantes sont donnés sur la Figure II.23. Pour l’évaluation de l’impédance de la paire simple d’alimentation, les valeurs suivantes ont été utilisées : Reval = 1Ω, Leval = 6 nH et Ceval = 4,2 nF. Seule la résistance change pour l’évaluation de l’impédance d’une paire doublée d’alimentation : Reval = 0,5 Ω. Les valeurs extraites à partir de la mesure sont très similaires : Rmes est de 0,7 Ω pour l’alimentation doublée et 0,9 Ω pour l’alimentation simple, Lmes 6,5 nH et 7,5 nH. Cmes vaut 4,5 nF lorsque le circuit n’est pas polarisé et 10 nF lorsqu’il est polarisé. La première évaluation du réseau d’alimentation est donc assez précise. Figure II.23 : Comparaison entre la mesure et l’évaluation de l’impédance entre deux broches d’alimentation du circuit 2. 2.3.2.1.3 Troisième circuit a. A partir d’évaluations Les lignes de masse sont reliées au slug du circuit. Les fils de bonding d’alimentation et de masse sont donc de tailles différentes, les valeurs des éléments parasites le sont aussi. Les caractéristiques de l’alimentation sont les suivantes : Rgnd = 15 mΩ, Rvdd = 30 mΩ, Lgnd = 0,15 nH, Lvdd = 0,38 nH, K = 0,4 (les fils de masse longent les fils d’alimentation sur une plus courte distance) Ccore = 25 nF. 106 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Pour les caractéristiques du courant interne, nous prendrons les valeurs suivantes : Imoy = 1 A, Fhorloge = 216, 108 et 54 MHz, Transition moyenne = 0,5 ns, Temps de commutation (skew) = 0,8 ns. b. A partir de mesures Pour ce troisième circuit, la mesure du coefficient de réflexion de l’impédance entre deux broches d’alimentation du circuit n’a pas été possible, pour des raisons mécaniques. En effet, la connexion de masse de ce circuit se situe à l’arrière du boîtier. Or, l’espacement entre les pointes de mesure de l’analyseur de réseau E5070B est de 0,5 mm. Cette distance est beaucoup trop faible pour pouvoir connecter simultanément une broche d’alimentation et l’arrière de la puce. Seule la capacité de cœur de ce circuit a pu être mesurée à l’aide du capacimètre HP 4284A. La valeur mesurée de cette capacité est de Cmes = 16,5 nF lorsque le circuit n’est pas polarisé et 30 nF lorsque celui-ci est polarisé sous 1V. L’évaluation de cette capacité en fonction de la surface est de 25 nF. Ici encore, l’évaluation de la capacité interne est en accord avec les mesures. 2.3.2.2 Simulations Afin de modéliser d’éventuelles variations de l’activité interne de chaque circuit, nous avons ajouté une impulsion de courant à basse fréquence, de 10 MHz, représentant 5% de la consommation totale du circuit. Les représentations graphiques des courants internes d’activité modélisés sont données sur la Figure II.24. Figure II.24 : Courants d’activité interne modélisés des circuits 90 nm étudiés. A l’aide de l’outil dédié, nous effectuons les simulations pour chaque circuit. Les résultats des tensions différentielles simulées sont donnés sur la Figure II.25 d’un point de vue temporel et sur la Figure II.26 d’un point de vue fréquentiel : 107 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure II.25 : Tensions différentielles d’alimentation simulées des circuits 90 nm étudiés, analyse temporelle. Figure II.26 : Tensions différentielles d’alimentation simulées des circuits 90 nm étudiés, analyse fréquentielle. Nous observons sur les spectres de perturbation de l’alimentation des circuits, que dans le cas du circuit de grande taille (circuit 3), la tension différentielle d’alimentation a une composante basse fréquence (autour de 50 MHz : sa fréquence de résonance) assez importante. Du point de vue de la fréquence d’horloge de 216 MHz, ce pic de résonance peut apparaître comme une composante quasi continue gênante pour le bon fonctionnement des portes logiques du système. A chaque discontinuité rencontrée lors de l’activité du circuit (ici modélisée par la raie de fréquence 10 MHz), le circuit entame un cycle d’oscillations spontanées dû à la résonance du système. Ces oscillations peuvent induire une tension d’alimentation très basse pendant un cycle entier d’horloge du circuit numérique, et donc perturber la propagation des transitions logiques durant ce cycle. Nous verrons l’impact que peut avoir une telle composante fréquentielle sur la propagation des signaux numériques en 2.3.3. Le Tableau II.4 résume les résultats des simulations effectuées sur les trois circuits digitaux : Circuit intégré CMOS 90 nm Fréquence de résonance Facteur de qualité Q Tension minimale Tension Maximale Tension moyenne Circuit 1 158 MHz 4,0 0,87 V 1,09 V 0,99 V Circuit 2 80 MHz 4,25 0,5 V 1,33 V 0,97 V Circuit 3 53 MHz 2,6 0,78 V 1,07 V 0,95 V Tableau II.4 : Tableau récapitulatif du bruit d’alimentation simulé de 3 circuits digitaux en technologie CMOS 90 nm. 108 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 2.3.3 Impact sur la propagation des signaux digitaux 2.3.3.1 Description de la méthode Afin de simuler la propagation d’un signal numérique, sous influence des sauts d’alimentation, nous avons connecté un petit circuit logique à l’alimentation précédemment modélisée. Ce circuit est en fait une chaîne de quatre inverseurs connectés à l’alimentation perturbée, plus un cinquième de sortie connecté, lui, à une alimentation propre. Cet étage de sortie permet de comparer de manière plus claire les signaux entrés dans la chaîne avec ceux en sortie, en s’affranchissant des transitoires de l’alimentation perturbée. Le schéma de simulation est le suivant : Lvdd Valim Rvdd Ccore Lgnd Iactivité Vin Vout Rgnd Figure II.27 : Schéma électrique de simulation de la propagation d’un signal numérique dans une chaîne d’inverseur alimenté par un réseau bruité. Pour comparer le comportement de cette chaîne d’inverseurs dans les différents circuits modélisés, il suffit de changer les paramètres de l’alimentation avec ceux calculés dans la partie précédente et de comparer les temps de propagation du signal d’entrée Vin dans la chaîne d’inverseurs. Les résultats des simulations sont exposés sous forme de ‘diagrammes de l’œil’ (eye diagram). Pour superposer les différentes transitions numériques, elles sont translatées de n fois la période d’horloge. Cette technique permet de mieux rendre compte des décalages dans le temps induits par les sauts d’alimentation que subissent les signaux numériques propagés dans la chaîne d’inverseurs. Sur ces diagrammes, nous avons ajouté la transition logique (délai et pente du signal) calculée par l’outil d’analyse de synchronisation PrimeTime en mode ‘pire cas’ (propagation lente des signaux digitaux). Cette transition calculée définit la limite maximale que les signaux propagés ne devraient pas dépasser. Si les signaux simulés dépassent cette limite, cela signifie que l’outil d’analyse temporelle définit mal les temps de propagation limites des signaux digitaux. Une analyse temporelle n’assure donc pas le concepteur de la bonne synchronisation interne du circuit numérique. 2.3.3.2 Résultats des simulations Après avoir effectué une analyse temporelle de la cascade d’inverseurs avec un simulateur SPICE, nous obtenons pour le signal de sortie du réseau, un délai de 0,24 ns par rapport au signal d’entrée et un temps de transition logique de 0,05 ns. Ces valeurs ont été obtenues pour une simulation temporelle dite ‘pire cas’ avec une tension d’alimentation de 0,9 V et une température de 125 °C. Les ‘diagrammes de l’œil’ obtenus sont donnés sur la Figure II.28 pour deux tensions d’alimentation différentes. Figure II.28 : Diagrammes de ‘l’œil’ de la propagation des signaux logiques subissant un bruit d’alimentation. 109 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 2.3.4 Bilan et état des lieux L’influence des sauts d’alimentation sur la propagation des signaux logiques est bien illustrée par la Figure II.28. Un petit circuit, ayant une fréquence de résonance assez haute, voit ses signaux numériques moins perturbés par les sauts d’alimentation qu’un circuit de grande taille ayant une fréquence de résonance basse. Les signaux sortant de la chaîne d’inverseurs devraient arriver en même temps sur le diagramme de l’œil. Les signaux numériques sont en fait dispersés à cause des fluctuations de la tension d’alimentation du circuit numérique. Pour le circuit le plus gros, des signaux sont même plus lents que le ‘pire cas’ prévu par l’analyse temporelle. Il ne s’agit pourtant que d’une chaîne de quatre inverseurs. Qu’en serait-il pour un chemin logique plus grand ? Une fréquence de résonance très basse par rapport à la fréquence de fonctionnement numérique peut induire des dysfonctionnements graves, si une oscillation spontanée de cette basse fréquence est engendrée. L’augmentation de la tension d’alimentation du circuit intégré permet de diminuer la sensibilité des signaux numériques vis-à-vis du bruit d’alimentation. La description du fonctionnement réel des différents circuits simulés suit le même schéma logique : le circuit de petite taille fonctionne parfaitement ; une nette augmentation de la tension d’alimentation est nécessaire au bon fonctionnement du circuit le plus grand ; le circuit de taille moyenne a dû faire l’objet d’optimisations au niveau des capacités de découplage de l’alimentation sur le circuit imprimé et une légère hausse de sa tension d’alimentation est aussi nécessaire. Ces différentes observations vont dans le sens de l’hypothèse de dysfonctionnements liés aux sauts de l’alimentation. La prédiction de ces sauts d’alimentation ainsi que leur prise en compte lors des analyses temporelles de vérifications deviennent indispensables pour la conception des circuits intégrés numériques de dernière technologie. Des analyses complètes, utilisant des outils de modélisation de sauts d’alimentation [11], sont en cours pour le troisième circuit. 110 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 3 Propagation dans le substrat Nous avons exposé une méthodologie simple d’évaluation des sauts d’alimentation dans un circuit digital. Le bruit d’alimentation est une des principales sources de perturbations substrat. En y ajoutant le phénomène de propagation substrat des signaux parasites et les phénomènes locaux d’injection de courant dans le substrat, il devient possible de modéliser de manière rapide, l’impact de ces perturbations sur un bloc sensible à proximité. 3.1 Généralités 3.1.1 Description du problème rencontré De nombreuses techniques connues d’isolation du couplage substrat existent ; elles ont été présentées en 3.1.3 de la première partie. Le bon choix parmi celles-ci est primordial pour le fonctionnement optimal du futur circuit mixte. En effet, les contraintes en début de conception d’un circuit sont nombreuses : boîtier, nombre de lignes d’alimentation disponibles, technologie microélectronique envisagée, surface de silicium maximale, structures d’isolation substrat possibles… Le concepteur doit ‘jongler’ avec ces différentes contraintes afin d’optimiser au mieux le futur circuit. Les choix sont souvent effectués sans autre certitude que celle du concepteur. Nous proposons donc un ensemble de méthodes permettant d’aiguiller le concepteur vers une solution optimale, minimisant le couplage par le substrat. Ces méthodes comparatives sont rapides à mettre en place et peuvent être affinées au fur et à mesure de l’avancement du projet et ceci en fonction des outils de conception microélectronique à disposition. 3.1.2 Méthode de simulation Nous décomposons les sources de perturbations substrat en deux phénomènes distincts, comme cela est le cas pour la plupart des modélisations proposées par différents auteurs [12], [13], [14]. La Figure II.29 [14] illustre ces phénomènes. Figure II.29 : Le couplage substrat dans les circuits mixtes [14]. La première source de bruit substrat est globale, car elle est injectée sur l’ensemble de la surface d’un bloc numérique : il s’agit du bruit d’alimentation. La seconde source est locale, injectée de manière ponctuelle : il s’agit du couplage capacitif des signaux logiques, via les capacités MOS, drain/substrat ou métal/substrat, comme nous l’avons vu dans la première partie, ou encore de l’ionisation par impact sous la grille des MOS. Ces deux phénomènes, un global et un local, sont liés (nous venons de montrer dans le paragraphe 2.3.3 l’influence des sauts d’alimentation sur la propagation des transitions logiques), nous les considérerons indépendants pour simplifier les schémas de simulation. 111 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 3.1.2.1 Modèle ICEM-étendu Nous avons donc choisi d’utiliser une approche en phase d’être standardisée permettant de modéliser le comportement du point de vue compatibilité électromagnétique d’un circuit intégré dans son application. Un tel modèle pourrait donc avoir de multiples utilités. Nous étendons ce modèle afin de prendre en compte les phénomènes en rapport avec le substrat du circuit intégré. Nous considérons le bruit substrat sous deux aspects principaux : Le bruit substrat à caractère global, Le bruit substrat à caractère local. SN Sub-Model Substrate Voltage IA Sub-Model Substrate Port Access PDN Sub-Model Internal Port Access External Port Access 3.1.2.1.1 Modèle de bruit substrat global Nous considérons ici les sauts d’alimentation digitale comme seule source de bruit substrat. Les chutes de potentiel de l’alimentation sont considérées comme uniformes sur l’ensemble de la surface du circuit intégré. La grille d’alimentation digitale est donc assimilée à un nœud unique. Modèle ICEM Classique Figure II.30 : Modèle ICEM-étendu pour le couplage substrat. Pour simuler la propagation des sauts d’alimentation dans le substrat, nous ajoutons un module ‘Substrate Network’ au modèle ICEM standard (Figure II.30). Ce modèle permet de simuler le bruit d’alimentation d’un circuit intégré se propageant dans le substrat. Comme les sauts d’alimentation sont uniformément répartis sur la surface de la puce, ce bruit est le bruit substrat global du circuit intégré. Pour simuler l’impact de cette tension substrat sur le comportement de différents composants, il faut relier leur modèle électrique respectif aux nœuds de tension substrat correspondant. 3.1.2.1.2 Modèle de bruit substrat local Les autres phénomènes d’injection de courants parasites dans le substrat sont uniques pour chaque transistor commutant (ionisation par impact, couplage capacitif avec les signaux …). Si le bruit substrat global lié à ces phénomènes locaux est considéré, le nombre de transistors commutant de l’état haut à l’état bas et inversement étant très important, il est probable que statistiquement, les effets s’annulent lorsque la victime est très éloignée de ces sources [15]. Les phénomènes dits locaux doivent alors être pris en compte lorsqu’ils sont situés très près de la victime du bruit substrat ou lorsque le concepteur juge problématique tel ou tel signal et/ou transistor, du fait de sa puissance, de sa taille, de sa fréquence de commutation… La modélisation de telles sources s’effectue en utilisant une source de Thévenin équivalente connectée à un réseau substrat modélisant la propagation des perturbations dans le substrat. 112 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures V1 Z1 V2 Z2 Vs1 Vs2 SN Sub-Model Vn Zn Vs3 Figure II.31 : Modèle de substrat prenant en compte les phénomènes locaux d’injection de courants parasites dans le substrat. 3.1.2.1.3 Modèle complet du bruit substrat Pour simuler les deux contributions au bruit substrat que sont le bruit substrat global et le bruit substrat local, il suffit de lier les deux modèles mis en place au modèle ICEM classique : Le sous-modèle ‘Local Noise Injectors’ Le sous-modèle ‘Substrate Network’ LNI Sub-Model SN Sub-Model Substrate Voltage IA Sub-Model Substrate Port Access PDN Sub-Model Internal Port Access External Port Access Substrate Port Access Modèle ICEM Classique Figure II.32 : Modèle ICEM-étendu pour le couplage substrat. 3.1.2.2 Bruit d’alimentation Nous considérons ici uniquement les éléments passifs du circuit mixte susceptibles de modifier la propagation des tensions parasites substrat. Ces éléments sont : Le boîtier et ses lignes d’alimentation et de polarisation, Le substrat du circuit intégré : le milieu propageant ces perturbations. La source active de courant, modélisant l’activité interne du circuit numérique est remplacée par une source de courant fréquentielle (AC). Cette source de courant permet d’injecter une perturbation de type bruit blanc : tous les harmoniques injectés ont la même norme. La victime est modélisée par son réseau passif d’alimentation. Ainsi, nous pouvons obtenir les différentes tensions de masse, d’alimentation, induites par un courant d’activité d’un circuit logique de type bruit blanc à l’aide d’une simulation dans le domaine fréquentiel. Les résultats fréquentiels obtenus caractérisent la transmission des perturbations numériques propagées par le substrat. La Figure II.33 donne le schéma électrique global utilisé pour simuler la transmission des perturbations générées sur la partie analogique par les sauts d’alimentation de la partie numérique d’un circuit mixte. 113 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure II.33 : Schéma électrique global de simulation des perturbations substrat générées sur la masse de la partie analogique d’un circuit mixte par les sauts d’alimentation. Ce schéma est la base des différents schémas de simulation que nous proposons ultérieurement. Ces différents schémas de simulation permettent de comparer et finalement d’aider à choisir les différentes possibilités de réalisation d’un circuit mixte qui s’offrent au concepteur. Il est composé de trois parties principales : Le numérique agresseur, Le substrat de propagation, L’analogique victime. Comme la Figure II.33 le montre, les parties numériques et analogiques peuvent être modélisées de manière similaire en utilisant les méthodes précédemment décrites de modélisation des réseaux passifs d’alimentation. Pour modéliser la propagation dans le substrat, nous utilisons des extracteurs substrat fournissant des réseaux RC ou R selon la gamme de fréquence et la géométrie du circuit intégré étudié. Une méthode d’extraction substrat simple est décrite en 3.1.3. 3.1.2.3 Couplage capacitif Pour simuler une source de bruit ponctuelle, un schéma électrique similaire à celui utilisé pour les sauts d’alimentation peut être mis en place. La source de bruit est modélisée par une source fréquentielle de tension de type bruit blanc (puissance constante sur la plage de fréquence déterminée) avec son impédance. Une simulation fréquentielle permet ainsi d’identifier les caractéristiques en fréquence de la propagation des signaux parasites dans le substrat. La Figure II.34 est le schéma électrique de base utilisable pour simuler la propagation des tensions parasites générées par une source de perturbations locale : Figure II.34 : Schéma électrique global de simulation des perturbations substrat générées sur la masse de la partie analogique d’un circuit mixte par les phénomènes locaux. 114 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Le réseau RC substrat a été simplifié en un réseau R pour la visibilité du schéma. La capacité Clocal peut être ramenée à un autre type d’impédance, selon la source locale de perturbations (une capacité s’il s’agit du couplage du substrat avec une interconnexion, une résistance s’il s’agit d’ionisation par impact sous un MOS). La modification des divers éléments des réseaux d’alimentation analogique et numérique et les simulations associées, peuvent aider à choisir les meilleures configurations au niveau de la propagation des perturbations locales dans le substrat. 3.1.3 Application d’extraction des éléments parasites substrat 3.1.3.1 Principe L’extracteur de parasite substrat, implémenté en langage Java pour une portabilité facilitée, utilise les fonctions de Green afin de générer un maillage RC du substrat [16]. Le substrat est considéré comme une superposition de couches condutrices de différentes résistivités et de différentes permittivités diélectriques. A partir d’une liste de contacts de forme rectangulaire, sur la surface du silicium, l’outil retourne une matrice de résistances, ou de capacités. La fonction de Green est décrite en première partie (3.2.2.2). Le noyau utilisé prend en compte les bords de puce, il est de la forme : ∞ G(x,y,z,x',y',z') = ∑ fmn . cos(δ.x).cos(δ.x').cos(ζ.y).cos(ζ.y') [16] m, n = 0 Cette fonction est une série en deux dimensions m et n. Fmn est une fonction de m et n calculée à partir de la taille et du profil de conductivité du substrat ; x et y sont les coordonnées du point où est appliqué un courant élémentaire ; x’ et y’ les coordonnées du point où est induite par le courant élémentaire la tension substrat ; δ et ς sont des fonctions de m et n calculées à partir de la taille du substrat considéré. La démonstration de l’obtention de ce noyau est donnée en annexe A.3. 3.1.3.2 Présentation générale L’extraction du substrat se déroule en trois étapes, le logiciel se présente donc sous trois onglets différents. En premier lieu, il est nécessaire de décrire le substrat dans lequel se propagent les signaux parasites. Ensuite, il faut donner les différentes géométries du circuit : taille de la puce, localisation et forme des contacts substrat. Finalement, une fois les données utiles entrées dans l’outil, un dernier onglet permet de calculer les différentes valeurs de résistances et capacités parasites entre les contacts de surface du substrat. La Figure II.35 résume l’utilisation de cet outil informatique : Figure II.35 : Fonctionnement de l’outil informatique d’extraction des résistances et capacités substrat. 115 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 3.1.3.2.1 Profils de résistivité et de permittivité du substrat Dans le cas de l’extraction du substrat par la méthode de Green, le substrat est considéré comme une superposition de couches diélectriques et/ou conductrices. Ces couches sont donc caractérisées par : Leur épaisseur en µm, Leur résistivité en Ω.cm, Leur permittivité diélectrique relative. Les caractéristiques de ces couches sont à saisir dans l’application sous la forme d’un tableau dont les champs peuvent être remplis individuellement. Des lignes peuvent être ajoutées ou soustraites au tableau en appuyant sur les boutons ‘Add’ et ‘Del’. Il faut alors définir les caractéristiques de chaque couche en remplissant les champs adéquats. Pour information, l’épaisseur totale des couches, normalement égale à l’épaisseur de la puce de silicium, est calculée et affichée à chaque changement observé dans le tableau. Une option ‘backside’ permet de définir si l’arrière de la puce est métallisé donc conducteur, ou non. Il est aussi possible de sauvegarder et de lire le profil du substrat dans un fichier de type ASCII grâce aux boutons ‘load’ et ‘save’. Enfin, des profils enregistrés de technologies existantes, peuvent être chargés à l’aide du dernier bouton, mis sur ‘b6g’ (une technologie BiCMOS 0,35 µm de STMicroelectronics). Une capture d’écran donnée dans la Figure II.36. Dans ce cas de figure, la permittivité relative du substrat est considérée constante, quelle que soit la couche définie. Il s’agit de la permittivité relative du silicium de valeur 11,7. Figure II.36 : Capture d’écran du premier onglet de définition d’un profil substrat de l’application d’extraction des résistances et capacités substrat. 3.1.3.2.2 Données géométriques Une fois les propriétés du substrat entrées dans l’outil, les données géométriques du circuit intégré sont nécessaires. Il faut d’abord déterminer la taille de la puce, rectangulaire dans la plupart des cas. Les contacts substrat des circuits numériques et analogiques sont définis par des surfaces rectangulaires sur le silicium. Ces surfaces sont considérées comme équipotentielles. Les effets de profondeur de caisson des contacts ne sont pas pris en compte dans l’algorithme d’extraction. Les rectangles de contact substrat sont fournis à l’outil sous une forme de liste récapitulant les noms des nœuds associés aux géométries, les coordonnées de l’angle inférieur gauche de chaque rectangle et enfin sa taille, largeur et hauteur. Le même système d’ajout et de suppression de ligne du tableau de géométries que le premier onglet de définition des couches substrat est employé. Les données peuvent être sauvegardées dans un fichier de type ASCII. Enfin, une vue des géométries entrées dans l’outil est actualisée dans une fenêtre graphique spéciale. La Figure II.37 est une capture d’écran du second onglet de l’application permettant d’entrer les données géométriques du circuit à l’extracteur. 116 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Figure II.37 : Capture d’écran du second onglet de définition des géométries de surface de l’application d’extraction des résistances et capacités substrat. 3.1.3.2.3 Extraction des résistances et des capacités Après la saisie des différentes informations sur la technologie et sur le circuit, l’extraction du réseau RC substrat peut s’effectuer. L’algorithme d’extraction fait plusieurs itérations avant de converger vers une solution acceptable. Plus le nombre d’itérations est important, plus les résultats obtenus sont fins. Le nombre d’itérations peut être défini de manière manuelle, si l’utilisateur souhaite avoir une précision maximale, ou de manière automatique avec une précision donnée relativement bonne. Le nombre d’itérations automatiques est calculé à partir du rapport entre la plus grande dimension de la puce et la plus petite dimension des contacts substrat. Des d’explications sur l’algorithme d’extraction substrat sont données en annexes A.3. Les résistances et capacités sont extraites indépendamment en appuyant sur les boutons dédiés. Après un temps d’extraction plus ou moins long, selon le nombre d’itérations, les résultats d’extraction sont affichés sous forme matricielle, comme le montre la Figure II.38 : Figure II.38 : Capture d’écran du troisième onglet d’extraction des résistances et capacités de l’application d’extraction substrat. Les résistances ou capacités entre les nœud i et j sont affichées sur la ième ligne et jème colonne des matrices. Les éléments diagonaux sont les résistances et capacités entre les nœuds concernés et l’arrière de la puce (backside). Les résultats peuvent être exportés dans des fichiers textuels de différents format : matlab ou netlist de type SPICE. Remarque 1 : La précision d’extraction peut être améliorée en décomposant un contact substrat en plusieurs rectangles, tel un maillage [16]. Remarque 2 : Les géométries de contact sont des équipotentielles. Des contacts non-uniformes ne peuvent pas être modélisés en utilisant cette méthode. Cette remarque est importante à prendre en compte lors de la modélisation d’anneaux de garde : le modèle obtenu isole de manière uniforme, ce qui n’est pas le cas dans la réalité. 117 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes L’utilisation très simple permet de modéliser très rapidement la propagation substrat dans un circuit intégré. D’autres outils existent et permettent des extractions du même type, comme substrateStorm [17]. L’avantage de cette application tient dans sa mise en œuvre aisée. La mise en place de modèles simples de simulation de couplage par le substrat peut s’appuyer sur cet outil. 3.2 Simulations et méthodes Nous proposons ici une méthode ‘complète’ permettant faire des choix technologiques et pratiques lors de la conception d’un circuit intégré pour minimiser l’impact du couplage substrat. Nous appuyons notre méthode par une étude de cas virtuels, basée sur des données réelles. Remarque : Dans cette étude, nous ne prenons pas en compte l’incidence des entrées/sorties du circuit, formant une couronne autour du circuit intégré (‘padring’). La même démarche logique peut cependant être suivie. 3.2.1 Présentation d’un problème typique Nous considérons pour cette étude un circuit mixte dont les caractéristiques sont les suivantes : Technologie 0,13 µm, Substrat résistif de 10 Ω.cm, Taille de 5 mm x 5 mm, dont 10 mm² de numérique, Consommation numérique de 0,3 A, Fréquence de l’horloge logique de 100 MHz, 10 broches du boîtier sont disponibles pour l’alimentation des parties numérique et analogique mais aussi pour les polarisations des éventuelles structures d’isolation substrat. Chaque connexion aux broches externes du circuit (fils de bonding) a une inductance de 5 nH et une résistance de 0,25 Ω (boîtier de type TQFP). Deux fils de bonding adjacents ont un coefficient de couplage K de 0,6. Il est possible de diminuer la résistance parasite des fils de bonding en les doublant. Cette technique ne diminue cependant pas l’inductance globale du double bonding. La connexion de la face arrière du boîtier du circuit est considérée comme parfaitement ramenée à la masse. Nous considérons pour cette étude qu’une partie de la circuiterie analogique, un inverseur CMOS par exemple. Cet inverseur possède trois surfaces de contact avec le substrat : La masse analogique avec un plot de type P, L’alimentation analogique avec un caisson de type N, Un nœud quelconque, situé entre les deux autres contacts, la partie de substrat située sous le canal d’un NMOS par exemple. Ces trois surfaces de contact avec le substrat sont susceptibles de ‘capter’ les perturbations générées par le circuit digital à proximité, et ainsi causer les dysfonctionnements de l’inverseur CMOS analogique. La topographie de ce circuit virtuel est donnée par la Figure II.39. Surface d’alimentation analogique Surface d’un point particulier analogique Surface de masse digitale PARTIE ANALOGIQUE PARTIE DIGITALE 5 mm Surface de masse analogique 5 mm Figure II.39 : Topographie d’un circuit intégré d’étude pour l’optimisation du couplage par le substrat. 118 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 3.2.2 Méthodologie de modélisation du problème Nous décrivons ici comment évaluer chaque partie du schéma électrique de simulation du couplage substrat dans le circuit virtuel de démonstration. Les schémas électriques mis en place sont très simples et ne modélisent pas de manière fine les différentes parties d’un circuit intégré mixte au-delà du GHz. 3.2.2.1 Alimentations Les méthodes décrites tout au long de ce document sont utilisées pour la modélisation des alimentations des deux type de blocs : numérique et analogique. Les 10 fils d’alimentation du boîtier disponibles sont distribués entre la partie numérique et la partie analogique par paire. Dans les circuits intégrés, les fils de bonding d’alimentation sont généralement appairés. Le couplage électromagnétique existant entre la paire de fils d’alimentation diminue leur inductance globale et leur rayonnement. Si le boîtier n’a pas de connexion face arrière (slug), il existe une capacité entre le plan métallique du boîtier, permettant de coller la puce de silicium, et le plan de masse du circuit imprimé de quelques pF. Nous prendrons la valeur de 1pF (à calculer en fonction de la surface des plans métalliques, de l’épaisseur et de la permittivité du plastique du boîtier). Les modèles de base de l’alimentation des blocs numériques et analogiques sont donnés ci-après. 3.2.2.1.1 Bloc numérique : Trois paires de bonding sont utilisées. La capacité surfacique de la technologie CMOS de 130 nm est évaluée à 700 pF/mm². Les données du réseau d’alimentation de la partie numérique sont les suivantes : LgndDig = LvddDig = 1,66 nH, RgndDig = RvddDig = 83,33 mΩ, K = 0,6 , Ccoeur = 7 nF. 3.2.2.1.2 Bloc analogique : Pour la simplicité de la démonstration, nous choisissons de définir le bloc analogique comme étant un amplificateur inverseur MOS constitué d’un PMOS et d’un NMOS, donc l’impédance interne peut être considérée comme une capacité Cana en parallèle avec une résistance Rana. Cet inverseur est alimenté, dans le schéma de base, par deux paires de fils d’alimentation. Les caractéristiques du réseau passif de la partie analogique sont les suivantes : LgndAna = LvddAna = 2,5 nH, RgndAna = RvddAna = 125 mΩ, K = 0,6, Cana = 500 fF, Rana = 1 kΩ. Le schéma de simulation du couplage substrat du circuit utilisera donc ces valeurs pour la configuration de base. Ces valeurs vont varier en fonction des techniques d’implémentation envisagées et testées. 3.2.2.2 Sources de perturbations La partie numérique est ici considérée comme la source de perturbation. Comme nous l’avons dit précédemment, cette source peut être divisée en deux parties : une source de perturbations globales et une source de perturbations locales. 119 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 3.2.2.2.1 Perturbations globales Les perturbations globales sont les sauts d’alimentation numérique engendrés par l’activité du bloc numérique. Afin de caractériser la propagation des signaux parasites générés par les courants absorbés par la circuiterie logique, la source de courant équivalente au courant interne d’activité est une source de type bruit blanc. 3.2.2.2.2 Perturbations locales Les sources locales de perturbations sont difficiles à déterminer et à modéliser, elles peuvent en effet être situées n’importe où. Nous considérerons donc le pire cas, une source de tension de type bruit blanc présentant l’impédance substrat la plus faible possible avec la partie analogique victime : la frontière du bloc analogique et du bloc numérique. Une longue bande longeant la frontière des deux ‘mondes’ est la surface de contact par laquelle ‘entre’ la perturbation locale substrat. Ce cas particulier a peu de chance d’être retrouvé dans un circuit réel, il s’agit d’un cas d’étude permettant de faire des simulations comparatives et de trouver les configurations conférant le plus d’immunité au bruit possible au circuit mixte intégré. 3.2.2.3 Propagation dans le substrat Un réseau RC est utilisé pour modéliser la propagation dans le substrat des perturbations générées par le circuit numérique. Ce réseau est obtenu avec l’application élaborée pour l’extraction des résistances et capacités substrat décrite en 3.1.3. Le substrat est résistif (10 Ω.cm), l’arrière de la puce flottant, non métallisé. La topographie du circuit, entrée dans l’outil est visible sur la capture d’écran de la Figure II.40. Figure II.40 : Vue substrat d’un circuit intégré dans l’application informatique dédiée d’extraction des résistances et capacités substrat. 3.2.2.4 Victimes du couplage substrat La partie subissant les perturbations substrat est la partie analogique. Elle est caractérisée par trois points d’injection de bruit substrat possible : La masse, directement couplée au substrat dans le cas de base par un plot de type P (gndAna sur la Figure II.40), La zone substrat sous le canal du NMOS du système analogique (netAna sur la Figure II.40), L’alimentation du système analogique (vddAna sur la Figure II.40), couplée au substrat via une capacité due à un caisson N d’isolation avec le substrat P. Cette capacité dépend de la surface et du périmètre du caisson N, ici de 0,03 mm² et de 0.8 mm. La capacité d’une telle structure en technologie 0,13 µm est de 1,5 pF. 120 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Nous identifions trois moyens de caractériser l’impact du bruit substrat sur une telle structure : La tension différentielle d’alimentation induite par les perturbations : une chute du potentiel d’alimentation du dispositif analogique affecte son fonctionnement et sa fonction de transfert. La tension en mode commun d’alimentation : la présence d’une tension de mode commun sur l’alimentation d’un circuit analogique peut induire des décalages de tension entre les entrées/sorties du dispositif et son environnement. La tension différentielle entre la masse et le substrat du NMOS : le courant circulant dans un MOS dépend de sa tension grille/substrat. Une variation de potentiel entre le substrat et la masse d’un NMOS induit un courant parasite dans le canal de celui-ci, donc un dysfonctionnement ou des pertes de performances. Les tensions et courants observés pour caractériser l’impact du bruit substrat sur le bloc analogique du circuit peuvent être différents, en fonction du type de dispositif perturbé. C’est au concepteur de choisir quels tensions ou courants parasites peuvent être induits par les perturbations substrat dans le dispositif pour caractériser la sensibilité du système analogique au couplage par le substrat. 3.2.3 Diverses possibilités d’implémentation Comme nous l’avons vu dans la première partie traitant des mécanismes du bruit substrat, le couplage par le substrat est un phénomène complexe. Il est nécessaire de prendre en compte tous les éléments d’un circuit intégré afin de pouvoir modéliser correctement leurs effets. La modification de divers éléments d’un système intégré (réseau d’alimentation, géométrie, technologie employée …) change les caractéristiques du bruit substrat du circuit. Nous donnons une liste non exhaustive de différentes possibilités de modification s’offrant au concepteur de ce circuit d’étude pouvant avoir un impact non négligeable sur le couplage par le substrat. Ces modifications sont prises en compte dans les différents schémas électriques de simulation mis en place. 3.2.3.1 Circuit de base et redistribution des alimentations Le schéma électrique correspondant au circuit de base utilise les valeurs de résistances, inductances, capacités et autres composants parasites données en 3.2.2. La gestion des alimentations est une possibilité de modification du design du circuit pouvant avoir un impact non négligeable sur le bruit substrat. Les 5 paires d’alimentation peuvent donc être distribuées de différentes manières : 4 paires d’alimentation numérique et une paire d’alimentation analogique, 3 paires d’alimentation numérique et 2 paires d’alimentation analogique (configuration de base de 3.2.2.1), 2 paires d’alimentation numérique et 3 paires d’alimentation analogique. La possibilité d’une seule paire d’alimentation numérique n’est pas proposée. En effet, une seule paire de fils implique une chute de tension statique de l’alimentation numérique trop importante pour assurer son bon fonctionnement ( ∆Valim = Ralim x Iconso = 0,5 Ω x 0,3 A = 0,15 V sur une tension d’alimentation de 1V …). Deux paires d’alimentation est déjà un cas limite mais nous le gardons pour cette étude. Le schéma électrique de simulation correspondant à cette configuration de base est donné dans la Figure II.41 pour la modélisation de la perturbation globale. 121 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes VddDig MUTIND LvddAna Cnwell Cdig Edig VddAna LvddDig RvddDig Iint Kdig Cana Rana netAna RvddAna Kana MUTIND Eana substrat gndDig RgndDig Cback gndAna LgndDig LgndAna RgndAna Figure II.41 : schéma électrique de simulation du bruit substrat global dans la configuration de base. Dans ce schéma électrique, nous pouvons identifier : La partie numérique à gauche, La partie analogique à droite, Le réseau RC substrat extrait avec l’application informatique dédiée au centre, La capacité de la face arrière du boîtier avec le plan de masse du circuit imprimé Cback, La capacité Nwell entre le caisson d’isolation substrat de l’alimentation du bloc analogique et la surface d’injection substrat considérée. Remarque : Pour le numérique la capacité Nwell est incluse dans la capacité Cdig. La résistance entre cette capacité Nwell et la masse de la partie numérique est négligeable, les contacts substrat sont nombreux sur toute la surface du circuit numérique. Cette capacité est donc mise en parallèle avec les capacités MOS et d’interconnexions du circuit numérique. Le schéma électrique permettant de modéliser l’impact d’une source de perturbation ponctuelle est très similaire au précédent. La source de courant représentant l’activité interne du circuit logique est remplacée par une source de tension parasite. La Figure II.42 est le schéma électrique utilisé pour les simulations en utilisant l’outil d’Agilent ADS. RvddDig LvddDig VddAna vddDig Cdig Edig MUTIND Kdig LvddAna Cnwell Vlocal netAna Rana RvddAna Cana Kana MUTIND Eana substrat gndDig RgndDig LgndDig Cback gndAna LgndAna RgndAna Figure II.42 : Schéma électrique de simulation du bruit substrat local dans la configuration de base. 3.2.3.2 Connexion de la face arrière Comme nous l’avons vu dans la première partie, une possibilité intéressante consiste à connecter la face arrière de la puce de silicium à une masse, via le boîtier. Afin d’assurer un bon contact de la face arrière, il est indispensable d’effectuer un traitement spécifique sur la puce, souvent onéreux. Il faut ôter la couche d’oxyde à l’arrière de la puce et y déposer une fine couche métallique de contact. Trois cas sont donc proposés : Aucun traitement chimique effectué, mais la connexion arrière du boîtier est mis à la masse, La face arrière de la puce est désoxydée et métallisée, le boîtier n’est cependant pas connecté à la masse, La connexion de la face arrière est optimale : le traitement chimique est spécifique ainsi que la connexion du boîtier à une masse propre. 122 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Les modifications du schéma électrique permettant de simuler de tels cas sont simples. Pour prendre en compte un traitement chimique de la face arrière de la puce, il suffit de cocher l’option ‘backside connected’ dans l’outil d’extraction substrat présenté en 3.1.3. Celui-ci considérera ainsi une dernière couche très conductrice lors de l’extraction des résistances et des capacités substrat. Pour considérer une connexion de masse de l’arrière du boîtier du circuit intégré, il faut remplacer la capacité Cback, dans les Figure II.41 et Figure II.42, par un fil court-circuitant la masse et l’arrière de la puce. 3.2.3.3 Substrat conducteur Il peut aussi s’avérer intéressant d’exploiter d’autres technologies, ayant une résistivité substrat différente. Pour cette étude, nous envisageons l’utilisation d’un substrat très conducteur (13 mΩ.cm). L’avantage d’un tel substrat à faible résistivité est de permettre une évacuation plus facile des tensions parasites. Il faut donc ajouter des points dits ‘froids’ de tension : une connexion de la face arrière du circuit est parfaite pour évacuer les courants et tensions parasites. Les mêmes configurations qu’en 3.2.3.2 sont donc utilisées, mais avec un substrat conducteur. Le réseau RC du substrat conducteur est obtenu en changeant les caractéristiques du substrat lors de sa définition dans l’application dédiée. 3.2.3.4 Anneau de garde de type P D’autres moyens d’isolation substrat ont été présentés dans la première partie de ce document. Un des moyens les plus utilisés pour l’isolation substrat est l’anneau de garde de type P. Cet anneau, situé autour de l’agresseur ou de la victime, permet d’évacuer vers la masse les signaux parasites substrat. D’excellentes caractéristiques de connexion à la masse de tels dispositifs de protection sont donc nécessaires. Nous explorons ici diverses possibilités de topographie et de polarisation du circuit intégré. Comme le montre le Figure II.43, il est possible d’utiliser un anneau unique autour de la partie numérique ou de la partie analogique, mais aussi d’utiliser deux anneaux : un autour de chaque partie. PARTIE ANALOGIQUE PARTIE ANALOGIQUE PARTIE ANALOGIQUE PARTIE NUMERIQUE PARTIE NUMERIQUE PARTIE NUMERIQUE A B C Anneau de garde de type P Figure II.43 : Différentes possibilités d’ajout d’anneaux de garde de type P : A : autour du numérique, B : autour de l’analogique, C : autour du numérique et de l’analogique Le schéma électrique de simulation d’une telle structure varie peu. En fonction du nombre d’anneaux de garde implémentés, des entrées/sorties du module RC du substrat sont ajoutés. Ces nouvelles connexions doivent être mises à la masse du système en utilisant des fils de bonding disponibles. Diverses configurations de polarisation sont possibles. Nous avons choisi d’utiliser de 1 à 4 fils de bonding pour polariser les anneaux de garde. La configuration d’alimentation s’en trouve donc changée, 6 à 9 fils de connexion sont disponibles pour l’alimentation des deux parties du circuit intégré. Dans le cas où un nombre impair de fils d’alimentation reste disponible, le fil restant sera utilisé pour connecter la masse digitale du circuit. Dans le cas où un seul anneau de garde est ajouté, nous utilisons un ou deux fils de bonding pour le polariser. Dans le cas où deux anneaux 123 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes de garde ont été ajoutés, un à deux fils de bonding par anneau sont utilisés. Nous rappelons que chaque fil de bonding a une inductance de 5 nH et une résistance parasite de 250 mΩ. 3.2.3.5 Caissonnage N Un autre type d’isolation déjà évoqué permet non seulement d’évacuer les courants et tensions parasites, mais aussi d’isoler, de manière électrique, les composants d’un même substrat les uns des autres. Il s’agit du caissonnage N ou encore triple-well. Les caissons N d’isolation doivent être polarisés par une tension positive afin de polariser en inverse la jonction PN qu’ils forment avec le substrat P. Nous utilisons les mêmes configurations que pour l’isolation de type anneau de garde P (Figure II.43) : Le numérique dans un caisson N, L’analogique dans un caisson N, Le numérique et l’analogique dans deux caissons N séparés. Ici encore, 1 à 4 fils de connexion du boîtier sont consacrés à la polarisation de ces structures d’isolation. Le caisson N d’isolation peut être polarisé de deux manières différentes : Avec l’alimentation du bloc isolé, Avec une polarisation dédiée. 3.2.3.5.1 Polarisation substrat et alimentation communes Dans ce cas, le caisson N d’isolation est polarisé avec la même source de tension que l’alimentation du bloc isolé. Si le bloc est considéré comme la partie bruyante du circuit, les fluctuations de l’alimentation sont propagées dans le substrat par la grande surface de contact que forme le caisson. Si le bloc est la victime, la grande surface de contact substrat du caisson N, absorbe les perturbations substrat et les transmet à son réseau d’alimentation. Une meilleure solution consiste à séparer la polarisation du caisson d’alimentation de l’alimentation du circuit. 3.2.3.5.2 Polarisation substrat et alimentation dédiées Le caisson N d’isolation est polarisé avec une source de tension différente de l’alimentation du circuit. Cette technique est dénommée ‘split power’. Pour un circuit constitué de transistor MOS, le caisson N d’isolation et les sources des PMOS forment des capacités de jonction. De manière globale, il existe donc une capacité de jonction entre le caisson d’isolation à polarisation dédiée et l’alimentation du circuit MOS. Ce caisson isole aussi les NMOS du circuit du reste du substrat. Il existe une capacité de jonction entre le substrat des NMOS caissonnés et le caisson N, mais aussi entre le caisson N d’isolation et le reste du substrat. La méthode de modélisation d’un caisson N, avec polarisation dédiée ou non, et des parties qu’il isole à partir de l’application informatique d’extraction est donnée en annexe A.4. Remarque : De la même manière, la masse d’un circuit peut être dissociée de la polarisation substrat. Cette technique s’appelle ‘Split Ground’. La masse du circuit isolé et la polarisation de son substrat sont couplées par une capacité de jonction due aux jonctions PN en inverse que forment les sources des NMOS avec le substrat P dans le cas d’un circuit MOS. La modélisation de ce type d’isolation est présentée en annexe A.4. 124 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 3.2.3.6 Bilan des paramètres à ajuster Alimentation Numérique 3 paires de fils 2 paires de fils 4 paires de fils Alimentation Analogique 2 paires de fils 3 paires de fils 1 paire de fils Type de substrat Résistif(15Ω.cm) Résistif(15Ω.cm) Résistif(15Ω.cm) Face arrière 3 paires de fils 2 paires de fils Résistif(15Ω.cm) 3 paires de fils 2 paires de fils Résistif(15Ω.cm) Substrat conducteur Le Tableau II.6 récapitule les différentes possibilités d’implémentation investiguées : 3 paires de fils 2 paires de fils conducteur(0.1Ω.cm) 3 paires de fils 2 paires de fils conducteur(0.1Ω.cm) 3 paires de fils 2 paires de fils conducteur(0.1Ω.cm) Cas n°9 3 fils de masse et 2 fils d’alimentation 2 paires de fils Résistif(15Ω.cm) Cas n°10 2 paires de fils 2 paires de fils Résistif(15Ω.cm) 3 fils de masse et 2 fils d’alimentation 2 paires de fils Résistif(15Ω.cm) 2 paires de fils 2 paires de fils Résistif(15Ω.cm) 2 paires de fils 2 paires de fils Résistif(15Ω.cm) 2 paires de fils 1 paire de fils Résistif(15Ω.cm) 3 fils de masse et 2 fils d’alimentation 2 paires de fils 2 paires de fils 2 paires de fils 3 fils de masse et 2 fils d’alimentation 2 paires de fils 2 paires de fils 2 paires de fils 2 paires de fils 2 paires de fils Résistif(15Ω.cm) 2 paires de fils 1 paire de fils Résistif(15Ω.cm) 3 fils de masse et 2 fils d’alimentation 2 paires de fils 2 paires de fils 2 paires de fils 3 fils de masse et 2 fils d’alimentation 2 paires de fils 2 paires de fils 2 paires de fils 2 paires de fils 2 paires de fils Résistif(15Ω.cm) 2 paires de fils 1 paire de fils Résistif(15Ω.cm) Cas n°4 Cas n°5 Cas n°6 Cas n°7 Cas n°8 Cas n°11 Cas n°12 Cas n°13 Anneaux de garde P+ Cas n°1 (référence) Cas n°2 Cas n°3 Stratégie alimentation Cas étudié Cas n°14 Cas n°17 Cas n°18 Cas n°19 Cas n°20 Cas n°21 Cas n°22 Cas n°23 Cas n°24 Cas n°25 Cas n°26 Caissons N+ polarisés sur une source dédiée Cas n°16 Caissons N+ polarisés sur l’alimentation commune Cas n°15 Résistif(15Ω.cm) Résistif(15Ω.cm) Résistif(15Ω.cm) Résistif(15Ω.cm) Résistif(15Ω.cm) Résistif(15Ω.cm) Résistif(15Ω.cm) Résistif(15Ω.cm) Protection substrat utilisée X X X Face arrière métallisée et connectée Face arrière métallisée et flottante Face arrière métallisée et connectée Face arrière métallisée et flottante Face arrière non-métallisée et flottante Anneau P+ autour du numérique : 1 fil Anneau P+ autour du numérique : 2 fils Anneau P+ autour de l’analogique : 1 fil Anneau P+ autour de l’analogique : 2 fils Anneaux P+ autour de l’analogique et du numérique : 2 x 1 fils Anneaux P+ autour de l’analogique et du numérique: 2 x 2 fils Caisson N+ autour du numérique : 1 fil sur l’alimentation commune Caisson N+ autour du numérique : 2 fils sur l’alimentation commune Caisson N+ autour de l’analogique : 1 fil sur l’alimentation commune Caisson N+ autour de l’analogique : 2 fils sur l’alimentation commune Caissons N+ autour de l’analogique et du numérique : 2 x 1 fils sur l’alimentation commune Caissons N+ autour de l’analogique et du numérique: 2 x 2 fils sur l’alimentation commune Caisson N+ autour du numérique : 1 fil sur polarisation dédiée Caisson N+ autour du numérique : 2 fils sur polarisation dédiée Caisson N+ autour de l’analogique : 1 fil sur polarisation dédiée Caisson N+ autour de l’analogique : 2 fils sur polarisation dédiée Caissons N+ autour de l’analogique et du numérique : 2 x 1 fils sur polarisation dédiée Caissons N+ autour de l’analogique et du numérique: 2 x 2 fils sur polarisation dédiée Tableau II.5 : Tableau récapitulatif des différentes configurations évaluées du circuit virtuel d’étude. 125 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 3.2.4 Comparaison des simulations Les résultats des différentes simulations fréquentielles sont présentés sous forme de courbes d’atténuations de tensions (en dB) en fonction de la fréquence pour chaque technique d’isolation substrat évaluée. Les sources de perturbations globales ou locales sont des générateurs de courant ou de tension de type bruit blanc. Les courbes d’atténuations obtenues caractérisent donc la propagation substrat de ces perturbations. Ce type d’analyse permet de comparer l’atténuation du couplage par le substrat des diverses techniques les unes par rapport aux autres et ainsi de choisir le meilleur compromis. Nous présentons ici les résultats obtenus à partir de modélisations de sources globales de perturbations substrat (sauts d’alimentation 3.1.2.2) afin de réduire le nombre de représentations graphiques dans les parties suivantes. Cependant, les simulations de sources locales ont été effectuées. Leurs résultats sont comparables à ceux obtenus à partir de simulations de sources globales et amènent aux mêmes conclusions. Trois types de fonction de transfert substrat sont donnés pour chaque jeu de simulations : Entre la perturbation globale substrat et la tension différentielle d’alimentation du bloc analogique (notée alimentation différentielle), Entre la perturbation globale substrat et la tension en mode commun de l’alimentation du bloc analogique (notée mode commun), Entre la perturbation globale substrat et la tension différentielle entre un nœud analogique particulier (sous le canal d’un NMOS par exemple) et la masse analogique (notée nœud analogique). Ces trois fonctions de transfert donnent une idée claire de l’efficacité de chaque technique d’isolation substrat utilisée. Le schéma électrique de la Figure II.44 donne ces différentes tensions : VddAna LvddAna Cnwell RvddAna VDiff et VMC netAna substrat Cback Cana Rana Kana MUTIND Eana VDiff et VMC Vnoeud Vnoeud PARTIE DIGITALE gndAna LgndAna RgndAna Tensions Alimentation différentielle et de mode commun PARTIE ANALOGIQUE Tension du nœud analogique Figure II.44 : Tensions analogiques observées sur le circuit virtuel d’étude. 3.2.4.1 Circuit de base et redistribution des alimentations Les configurations d’alimentation de ce circuit sont données en 3.2.4.1. Les représentations graphiques des résultats sont données sur la Figure II.45. Les pics de résonance de l’alimentation numérique et analogique sont nettement discernables sur les courbes de tension différentielle. Le premier pic correspond à l’alimentation numérique : la fréquence de résonance diminue avec le nombre de paires de fils d’alimentation numérique, l’inductance globale de l’alimentation augmente en effet. Le second pic de résonance, plus haut, correspond à l’alimentation de la partie analogique : sa fréquence augmente avec le nombre de paires de fils d’alimentation analogique. Les valeurs de ces fréquences de résonance peuvent être évaluées à partir des valeurs des inductances, résistances et capacités des lignes d’alimentation données en 3.2.2.1. 126 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Configuration de base : 3 paires d’alimentations digitales, 2 paires d’alimentations analogiques Configuration 1 : 2 paires d’alimentations digitales, 3 paires d’alimentations analogiques Configuration 2 : 4 paires d’alimentations digitales, 1 paires d’alimentations analogiques Figure II.45 : Atténuations des tensions parasites avec différentes configurations d’alimentation du dispositif. Comme le montrent les courbes représentatives de la tension d’alimentation analogique induite par les sauts d’alimentation numérique, il paraît plus judicieux de favoriser les connexions analogiques au détriment des connexions numériques. En effet, une bonne connexion de l’alimentation analogique lui confère une meilleure immunité. Il en est autrement du nœud analogique qui, alors que la masse du dispositif analogique est rendue plus stable par une bonne connexion, lui est flottant et subit les perturbations numériques de la même manière. Il s’en suit une tension différentielle nœud analogique / masse analogique plus importante aux fréquences inférieures à la fréquence de coupure du réseau d’alimentation analogique. 3.2.4.2 Connexion de la face arrière Les configurations du circuit d’évaluation avec traitement spécifique de la face arrière sont données en 3.2.3.2. La configuration dans laquelle la face arrière du circuit est connectée à la masse sans être métallisée n’apporte rien par rapport à la configuration de base. En effet, les effets de cette connexion n’apparaissent qu’en hautes fréquences (la capacité entre l’arrière de la puce et le plan de masse du circuit imprimé est court-circuitée et ne vaut que quelques pF), les modèles mis en place ne prétendant pas modéliser les phénomènes de couplage par le substrat au-delà du GHz. Les résultats des simulations sont montrés sur la Figure II.46. 126 dB 58 dB 58 dB Configuration de base : 3 paires d’alimentations digitales, 2 paires d’alimentations analogiques Configuration 1 : face arrière métallisée et connectée à la masse Configuration 2 : face arrière métallisée et flottante Figure II.46 : Atténuations des tensions parasites avec différentes configurations de la face arrière du circuit intégré. 127 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes D’après les résultats obtenus, une connexion de la face est utile uniquement dans le cas où une métallisation après désoxydation de l’arrière du silicium est effectuée. Si la face arrière est métallisée mais flottante, la couche métallique est un chemin de basse impédance pour les pertrubations substrat, le bruit d’alimentation analogique augmente de quelques dB (courbes rouges). Il ne sert donc à rien de métalliser la face arrière d’un circuit intégré si celle-ci n’est pas connectée à une masse propre. Cette opération de métallisation est de plus onéreuse et peut être rédhibitoire pour les produits à faible coût. Dans le schéma de simulation, la face arrière est considérée connectée de manière parfaite à la masse. Pour les fréquences en dessous du GHz, cette hypothèse est plausible. 3.2.4.3 Substrat conducteur La méthode de simulation exposée peut permettre de faire un choix technologique pour l’implémentation d’un circuit mixte, notamment en ce qui concerne l’utilisation d’un substrat conducteur. Le détail des paramètres du schéma de simulation utilisé est donné en 3.2.3.3. Comme le montrent les courbes de la Figure II.47, un substrat conducteur n’a aucun intérêt, du point de vue du couplage par le substrat, si la face arrière du composant n’est pas métallisée et connectée à la masse. Les perturbations substrat sont propagées plus facilement dans un substrat conducteur, mais peuvent aussi être évacuées de manière beaucoup plus efficace. Configuration Configuration Configuration Configuration de base : 3 paires d’alimentations digitales, 2 paires d’alimentations analogiques, substrat résistif 1 : substrat conducteur, face arrière métallisée et connectée à la masse 2 : substrat conducteur, face arrière métallisée et flottante 3 : substrat conducteur, face arrière non métallisée et flottante Figure II.47 : Atténuations des tensions parasites avec un substrat conducteur. 3.2.4.4 Anneau de garde de type P Les anneaux de garde sont un des moyens à disposition du concepteur de circuits mixtes pour atténuer la propagation substrat des signaux parasites. Les différentes possibilités de placement d’anneaux de garde de type P dans le circuit d’évaluation sont décrites en 3.2.3.4. Les graphiques de la Figure II.48 illustrent les résultats des simulations. Ces dispositifs de protection sont d’autant plus efficaces que leur polarisation est propre, les inductances et résistances parasites faibles [18]. L’isolation de la partie analogique donne de meilleurs résultats, la double isolation est le meilleur choix. 128 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration de base : 3 paires d’alimentations digitales, 2 paires d’alimentations analogiques 1 : anneau de garde P autour du digital polarisé par un seul fil de connexion 2 : anneau de garde P autour du digital polarisé par deux fils de connexion 3 : anneau de garde P autour de l’analogique polarisé par un seul fil de connexion 4 : anneau de garde P autour de l’analogique polarisé par deux fils de connexion 5 : anneaux de garde P autour des deux parties polarisés par deux fils de connexion 6 : anneaux de garde P autour des deux parties polarisés par quatre fils de connexion Figure II.48 : Atténuations des tensions parasites avec anneaux de garde P. 3.2.4.5 Caissonnage N Le caissonnage N, autrement appelé ‘triple-well’ est une technique d’isolation qui dépend fortement de la polarisation qu’il est possible de lui appliquer. Une polarisation propre confère une efficacité accrue au dispositif et inversement, une polarisation bruitée, peut induire des effets allant dans le sens inverse de l’isolation recherchée. De plus, les capacités de jonctions polarisées en inverse entre le caisson N et le substrat P induisent avec les inductances et résistances de polarisation de nouveaux pics de résonance dans la fonction de transfert substrat. Ces pics peuvent détériorer l’atténuation des tensions parasites substrat, selon leur fréquence. 3.2.4.5.1 Polarisation substrat et alimentation communes Ce type de protection a des effets favorables pour des fréquences basses. Paradoxalement, comme le montrent les résultats de la Figure II.49, un caissonnage de la partie numérique (un caisson de grande surface, donc une capacité importante dans les configurations 1 et 2) offre une meilleure isolation de l’alimentation analogique vis-à-vis du couplage substrat. Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration de base : 3 paires d’alimentations digitales, 2 paires d’alimentations analogiques 1 : caisson N autour du digital avec l’alimentation par un seul fil de connexion 2 : caisson N autour du digital avec l’alimentation par deux fils de connexion 3 : caisson N autour de l’analogique avec l’alimentation par un seul fil de connexion 4 : caisson N autour de l’analogique avec l’alimentation par deux fils de connexion 5 : caissons N autour des deux parties avec l’alimentation par deux fils de connexion 6 : caissons N autour des deux parties avec l’alimentation par quatre fils de connexion Figure II.49 : Atténuations des tensions parasites avec caissonnage N (triple-well) sans polarisation dédiée. 129 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 3.2.4.5.2 Polarisation substrat et alimentation dédiées L’application d’une polarisation dédiée des caissons d’isolation N est une solution nettement plus avantageuse du point de vue couplage par le substrat comme le montre la Figure II.50. La configuration la plus avantageuse est bien entendu celle utilisant la double isolation par caissonnage, avec une polarisation des caissons N la plus propre possible. Les nouvelles fréquences de résonances induites par les caissons d’isolation sont discernables sur la courbe d’atténuation de la tension différentielle d’alimentation. La première ‘bosse’ de la courbe verte (configuration avec double caissonnage des configurations 5 et 6) correspond à la fréquence de résonance de l’alimentation numérique et la seconde à celle du caisson N d’isolation de la partie digitale avec ses fils de polarisation. La troisième est due au caisson N d’isolation de la partie analogique avec son réseau RLC de polarisation. Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration de base : 3 paires d’alimentations digitales, 2 paires d’alimentations analogiques 1 : caisson N autour du digital polarisé par un seul fil de connexion 2 : caisson N autour du digital polarisé par deux fils de connexion 3 : caisson N autour de l’analogique polarisé par un seul fil de connexion 4 : caisson N autour de l’analogique polarisé par deux fils de connexion 5 : caissons N autour des deux parties polarisés par deux fils de connexion 6 : caissons N autour des deux parties polarisés par quatre fils de connexion Figure II.50 : Atténuations des tensions parasites avec caissonnage N (triple-well) avec polarisation dédiée. Une observation peut paraître surprenante : un caisson polarisé par deux fils au lieu d’un seul, semble moins efficace. En fait, nous avons considéré le nombre total de connexions disponibles comme constant. Ainsi, un fil de connexion en plus pour la polarisation du caisson d’isolation est un fil en moins pour l’alimentation ou la masse du bloc numérique. Il apparaît donc qu’il est plus judicieux de favoriser la connexion de la masse numérique que la polarisation du caisson d’isolation. Il est imprudent d’étendre cette conclusion à l’ensemble des circuits mixtes. En effet, d’autres phénomènes, qui ne sont pas pris en compte dans ce modèle simple, tel le couplage électromagnétique entre fils de bonding, peuvent avoir des effets opposés. 3.2.5 Bilan et état des lieux La méthode de simulation de propagation des perturbations substrat dans un circuit mixte peut permettre de faire des choix rapides parmi différentes solutions d’isolation substrat possible. Afin de faire un état des lieux un peu plus précis, les différentes courbes, offrant la meilleure isolation pour chaque technique explorée, sont données sur les mêmes graphiques sur le Figure II.51. 130 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration Configuration de base : 3 paires d’alimentations digitales, 2 paires d’alimentations analogiques 1 : face arrière métallisée et connectée à la masse 2 : substrat conducteur, face arrière métallisée et connectée à la masse 3 : anneaux de garde P autour des deux parties polarisés par quatre fils de connexion 4 : caisson N autour de l’analogique polarisé par deux fils de connexion 5 : caissons N autour des deux parties polarisés par deux fils de connexion Figure II.51 : Atténuations des tensions parasites selon différentes configurations. Selon le domaine de fréquence du circuit analogique, les courbes précédentes peuvent permettre de faire des choix sur les différentes techniques d’isolation substrat. Différentes techniques peuvent même être couplées. La liste des cas exposés n’est pas exhaustive, et beaucoup d’autres configurations peuvent être envisagées. Les différents cas exposés permettent surtout d’illustrer de manière claire la méthodologie proposée en montrant les divers moyens à mettre en œuvre pour effectuer ces simulations de manière rapide. Il s’agit en fait d’un aperçu des possibilités d’une telle méthode. Les modèles mis en place ont été extraits de manière rapide mais peuvent être affinés au fur et à mesure de l’avancement de la réalisation du circuit et en fonction des divers outils de conception microélectroniques disponibles. Afin de rendre encore plus rapide cette méthode, une automatisation et des liens entre les différents outils sont indispensables. Enfin, des comparaisons entre les prédictions obtenues avec cette méthode de modélisation du couplage substrat et des mesures sur silicium sont indispensables à sa validation et sa réutilisation sur des circuits réels. 131 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 4 Application sur un cas réel Les différentes études proposées précédemment dans ce document sont théoriques. L’application des principes et méthodes décrites est l’objet de cette partie pratique. 4.1 Circuit de Test dédié Un circuit de test a été spécialement élaboré dans le cadre de ce travail de thèse. Ce circuit ainsi que les différents travaux dont il a fait l’objet, sont présentés. La quantité d’informations considérable générée à partir de ce circuit a imposé un certain nombre de choix pour l’élaboration de cette présentation. Seuls les éléments les plus significatifs sont ici présentés. 4.1.1 Introduction Ce circuit de test aurait pu être créé afin de valider, affiner ou encore infirmer les méthodes et hypothèses mises en place pour la modélisation du couplage par le substrat dans les circuits mixtes données dans les parties précédentes de ce document. Pour des raisons chronologiques, le raisonnement inverse a été appliqué. La première version de ce circuit a été en effet élaboré dans les premiers mois de ces travaux de recherche. L’opportunité de concevoir et de faire réaliser un circuit s’est très vite présentée et a été saisie. Les premières études ont donc été dirigées vers la conception de ce véhicule de test. La conception, les simulations et surtout les mesures effectuées sur ce circuit ont servi à appréhender et comprendre les phénomènes du couplage substrat. La conception d’un tel circuit nous a permis d’acquérir une certaine expérience vis-à-vis du bruit substrat dans les circuits mixtes en se confrontant à de nombreux domaines de la microélectronique. Il a été réalisé avec les moyens et connaissances ‘du moment’ et peut être critiqué de part ses nombreuses imperfections. Son exploitation a été cependant fructueuse et a révélé la pertinence des méthodes de simulations mises en place. 4.1.2 Présentation du Circuit de Test Nous présentons le circuit intégré de test créé ainsi que les différentes déclinaisons de celui-ci. Plusieurs versions de ce circuit existent en effet, chaque version apportant son lot d’améliorations. Afin de pouvoir exploiter pleinement ce véhicule de test, une carte d’évaluation, déclinée elle aussi en plusieurs versions, a été élaborée. 4.1.2.1 Circuit intégré 4.1.2.1.1 Généralités a. Technologie et boîtier Ce circuit a été réalisé dans une technologie BiCMOS SiGe de 0,35 µm de longueur de grille sur substrat résistif (15 Ω.cm) avec hétérojonction SiGe (la base des transistors bipolaires est en silicium-germanium pour une ‘rapidité’ accrue). Cinq niveaux de métal sont utilisables. Tous ces niveaux sont en aluminium, sauf le dernier, en alliage d’aluminium et de cuivre afin de permettre de créer différents composants radiofréquences de qualité (inductance, capacité) car ce métal est faiblement résistif. Cette technologie a été choisie pour des raisons pratiques et financières. Il s’agit d’une technologie STMicroelectronics parmi les moins coûteuses, car déjà éprouvée, dans laquelle il est possible d’élaborer des circuits mixtes (numérique MOS et analogique MOS ou bipolaire). De plus, pour des raisons de planification des dates d’envoi des circuits intégrés en fabrication, il a été jugé plus pratique de concevoir un circuit dans cette technologie BiCMOS6g. Les circuits conçus dans cette technologie peuvent être envoyés en fonderie environ tous les trois mois, pour des coûts modestes par comparaison avec ceux engendrés par les dernières technologies CMOS de STMicroelectronics. 133 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes La taille de ce circuit a été fixée à 6,25 mm², soit 2,5 x 2,5 mm, afin de pouvoir figurer à moindre coût sur des masques multi-projets. Le prix des masques de photolithographies est en effet divisé par le nombre de circuits présents sur le jeu de masque multiprojets et par la surface respective de chaque circuit. Cette taille modeste permet cependant d’intégrer un certain nombre de fonctionnalités intéressantes. Un autre paramètre important concernant le circuit intégré est son boîtier indispensable à son utilisation. Ce boîtier doit pouvoir contenir la puce de silicium, mais aussi offrir assez de connexions externes. Un boîtier type QFN (Quad Flat No-Lead, carré plat sans broche de connexion) de 5 x 5 mm² possédant 28 (4 x 7) connexions externes a été choisi. Ce type de boîtier possède de très courtes connexions par fils de bonding et un plan de masse arrière permettant une bonne isolation vis-à-vis des perturbations électromagnétiques. Ces caractéristiques en font un très bon boîtier plutôt utilisé pour les applications radiofréquences, dans lesquelles il faut minimiser les longueurs de lignes. Une photographie du boîtier utilisé est donnée sur la Figure II.52 : Figure II.52 : Boîtier VQFPN 5x5 du circuit de test. b. Implémentation physique et fonctionnalités Le véhicule de test est un circuit mixte contenant une partie logique bruyante et une partie analogique victime. Ces deux parties sont totalement indépendantes, leurs uniques interactions sont les perturbations électromagnétiques, dont celles se propageant par le substrat. La partie digitale est composée de quatre réseaux d’inverseurs générant les perturbations. Ces réseaux sont commandés par un dispositif logique configurable permettant de faire varier les paramètres de commutation des inverseurs. Ces quatre réseaux sont localisés autour de ‘leur victime’ : la partie analogique. La partie analogique est un oscillateur commandé en tension (OCT ou Voltage Controlled Oscillator VCO) fonctionnant à 4,5 GHz [19]. Cet oscillateur utilise la technologie STMicroelectronics BiCMOS6g (ce qui fut une motivation supplémentaire d’utilisation de ce procédé microélectronique pour l’élaboration de ce premier ‘testchip’). La connectivité avec le monde extérieur est une étape importante lors de l’élaboration d’un circuit intégré. Pour ce circuit de test, les signaux suivants doivent être assignés à une broche du boîtier : la masse et l’alimentation numérique : 3 paires d’alimentation ont été choisies (6 connexions), une masse pour polariser un anneau de garde P d’isolation (1 connexion), 2 bus de 3 bits (6 connexions) pour contrôler la logique interne de commande des inverseurs, 1 signal d’horloge numérique externe et 1 signal de remise à zéro (2 connexions), 2 masses pour le bloc analogique (2 connexions), 2 signaux de sortie de la partie analogique (2 connexions), 1 alimentation de l’OCT et 1 alimentation de l’étage de sortie de l’OCT (2 connexions), 1 signal de contrôle de la fréquence de l’oscillateur (1 connexion), 1 signal de polarisation de l’oscillateur (1 connexion), 1 signal de polarisation de l’étage de sortie de l’oscillateur (1 connexion), 4 connexions à des points de mesure substrat sur le circuit intégré (4 connexions). 134 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Afin d’éviter que les perturbations électromagnétiques générées par les entrées/sorties de la partie digitale du circuit ne perturbent le fonctionnement des entrées/sorties de la partie analogique, les alimentations de celles-ci sont séparées. Ces cellules d’entrée/sortie, communément appelées ‘pad’, permettent la connexion des fils de bonding sur la pastille de silicium. Elles sont placées à la périphérie du circuit intégré, en couronne, et forment ce qui est appelé le ‘padring’. Pour ce circuit de test, deux ‘padrings’ dissociés existent : un ‘padring’ analogique (signaux 12 à 21) et un ‘padring’ digital. La topographie du circuit ainsi que la récapitulation de l’assignement des différents signaux sur le boîtier sont données sur la Figure II.53. Logique de commande 28 Anneau d’isolation P 27 26 25 1 Réseaux d’inverseurs 24 23 22 4 2 3 21 20 19 3 OCT 4 Oscillateur contrôlé en tension 18 17 5 6 1 7 8 9 10 11 2 16 15 12 13 14 Partie digitale bruyante Partie analogique sensible 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. reset : remise à zéro numérique horloge numérique polarisation anneau de garde P masse numérique 1 alimentation numérique 1 signal de commande numérique power1 signal de commande numérique power2 point de mesure substrat 1 alimentation numérique 2 masse numérique 2 point de mesure substrat 2 alimentation de l’OCT alimentation de l’amplificateur de l’OCT point de mesure substrat 4 polarisation de l’amplificateur de l’OCT polarisation de l’OCT masse de l’OCT 1 signal de sortie de l’OCT 1 signal de sortie de l’OCT 2 masse de l’OCT 2 tension de contrôle de l’OCT point de mesure substrat 3 masse numérique 3 alimentation numérique 3 signal de commande numérique place0 signal de commande numérique place1 signal de commande numérique place2 signal de commande numérique power0 Figure II.53 : Implémentation du circuit de test et connexions avec l’extérieur. Le circuit de test est donc constitué de trois parties principales : une source de perturbations numériques : les réseaux d’inverseurs, une victime de ces perturbations : l’oscillateur contrôlé en tension, des points de mesure directe du bruit substrat. Ces différents dispositifs sont décrits de manière plus précise dans les paragraphes suivants. Pour chaque élément, une petite partie bibliographique donne les différentes méthodes d’injection, de réception et de mesure du bruit substrat rencontrées dans différentes publications. 4.1.2.1.2 Source perturbante numérique a. Différentes possibilités explorées Des inverseurs ou réseaux d’inverseurs ont été utilisés comme source de perturbation substrat dans de nombreux travaux. Su et Al. utilisent un simple inverseur chargé par une capacité de 0,2 pF et commandé par un signal d’horloge généré par un oscillateur en anneau embarqué sur le silicium [20]. Un inverseur BiCMOS dans un premier temps [21], puis un réseau d’inverseurs commandés à 10 MHz [22] sont utilisés comme source de perturbations du substrat par l’équipe de A. Rubio. Un simple inverseur CMOS est utilisé par Samavedam et Al. [23]. Nagata et Al. génèrent des tensions substrat parasites à l’aide de trente inverseurs en parallèles [24]. Avant d’implémenter une source de bruit substrat réelle, constituée d’un circuit digital CMOS WLAN de plus de 220000 portes logiques [12], une équipe de l’IMEC de Louvain en collaboration avec l’Université Catholique de Louvain a effectué une étude de l’impact d’une chaîne d’inverseurs sur le bruit substrat [25]. Un émulateur de 135 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes circuit digital a été réalisé par Xu et Al. dans le cadre de leur travaux sur l’impact du couplage substrat sur un récepteur GPS. Cet émulateur est constitué de 9 amplificateurs (buffers) à sortie 3 états dont la charge respective est de type capacitive (des capacités de jonctions PN en inverse) et variable, à l’aide de multiplexeurs [26]. Ces différentes études, brièvement présentées ici, ont permis de choisir le type de structure à mettre en place pour générer du bruit dans le substrat du circuit de test. b. Source de perturbation implémentée dans le circuit de test La partie active de l’injecteur de bruit substrat est constituée de quatre réseaux d’inverseurs complètement identiques, placés autour de l’OCT. Ces réseaux d’inverseurs peuvent être commandés à l’aide d’une configuration externe des signaux logiques place0, place1 et place2. Ces quatre réseaux sont constitués selon le schéma de la Figure II.54 : in1 IV4 in2 IV8 in3 IV16 in4 in5 IV32 16 x IV16 16 x IV16 in6 16 x IV16 in7 in8 16 x IV16 Figure II.54 : Schéma logique des réseaux d’inverseurs du circuit de test. Les entrées ‘in1’ à ‘in8’ constituent un bus de commande du réseau d’inverseur. Ce bus est commandé par le bloc logique configurable du circuit. Le nombre derrière le nom des inverseurs (‘IV4’, ‘IV8’ …) est proportionnel à la puissance que peut délivrer chaque inverseur. Les quatre premières lignes d’inverseurs servent à caractériser l’injection de bruit de quatre inverseurs de la librairie de portes logiques de la technologie BiCMOS6g (‘IV4’, ‘IV8’, ‘IV16’, ‘IV32’). Les quatre lignes d’inverseurs suivantes sont destinées à fonctionner comme étage de puissance, afin d’injecter une perturbation plus ou moins forte dans le substrat. Ces quatre lignes sont ainsi constituées de seize inverseurs ‘IV16’ en parallèle. La configuration de commutation d’un réseau d’inverseurs est déterminée par les trois signaux externes de programmation nommés ‘power0’, ‘power1’ et ‘power2’. Tous ces inverseurs sont ‘attaqués’ par un signal d’horloge extérieur, dont la fréquence peut donc être aisément modifiée. De plus, la charge de tous les inverseurs est identique : il s’agit d’une entrée de bascule logique équivalente à une capacité de 9 fF. Quatre réseaux de bascules ont donc aussi été implémentés sur le circuit de test. Il faut ajouter à cette charge, les fils de routage reliant les sorties des inverseurs aux entrées des bascules. Leur longeur n’etant pas identique, la valeur de la capacité équivalente varie entre 250 fF et 571 fF. Enfin, un bloc de commande a aussi été créé. Ce bloc de commande est configurable à partir de bus externes ‘place’ et ‘power’ et délivre le signal d’horloge aux différents réseaux d’inverseurs, selon la configuration souhaitée. Un mode dit ‘placebo’ a été implémenté pour uniquement faire fonctionner la logique de commande, sans ‘attaquer’ un seul réseau d’inverseurs, ceci dans le but de ‘calibrer’ le bruit généré par la logique de commande seule. De plus, afin de limiter les effets sur le substrat de ce bloc logique et des réseaux de bascules (les charges des inverseurs), ceux-ci sont isolés dans un anneau de garde P polarisé à l’aide d’une connexion dédiée. La structure du générateur de bruit substrat implémenté dans le véhicule de test est assez souple et permet de : moduler la puissance injectée dans le substrat, changer la localisation des sources de perturbations, mesurer l’impact de la logique de configuration embarquée, 136 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures caractériser l’impact sur le substrat d’un certain nombre d’inverseur de la libraire BiCMOS6g. 4.1.2.1.3 Source perturbée analogique L’impact du couplage substrat sur différentes structures analogiques a fait l’objet de plusieurs études un peu plus détaillées en 4.2.2 de la première partie de ce document : sur un convertisseur sigma/delta [27], sur des amplificateurs à source commune [28] et faible bruit [29] et [30], et enfin sur des oscillateurs contrôlés en tension [31-34]. Pour notre part, nous avons choisi de ‘perturber’ le fonctionnement d’un oscillateur contrôlé en tension entièrement intégré fonctionnant à 4.5 GHz réalisé en technologie BiCMOS6g 0,35 µm. Cet OCT utilisant un circuit résonant LC, est basé sur une structure différentielle à deux transistors croisés [35]. La conception initiale de cet oscillateur a été réalisée dans le cadre d’un projet RMNT ARGOS (LPM étant partenaire) et particulièrement dans une action coordonnée par France Telecom R&D [19]. La disponibilité de cet oscillateur dans la technologie BiCMOS6g de STMicroelectronics a grandement motivé le choix de cette technologie pour la réalisation du circuit de test. Une optimisation des principales caractéristiques électriques de cet oscillateur a été reprise par Raoult [36] dans un travail précèdent. Une étude sur l’impact du substrat sur cet oscillateur a été menée par Andrei [32]. Cette étude détermine les éléments les plus sensibles de l’oscillateur aux perturbations substrat (les inductances) mais aussi l’impact des commutations digitales sur le bruit de phase de l’oscillateur. 4.1.2.1.4 Dispositifs de mesure et d’injection de bruit substrat En plus d’observer l’impact des commutations logiques sur les performances d’un circuit analogique, certaines structures implémentées sur le silicium permettent de mesurer directement les tensions parasites substrat à divers endroits d’un circuit intégré. a. Différentes possibilités explorées La mesure de la tension de drain d’un NMOS placé dans le substrat est un premier moyen de mesure de la tension substrat. La source et la grille de ce NMOS sont polarisées, la tension du drain est mesurée via une ligne 50 Ω et un oscilloscope. Cette technique est employée par divers auteurs [20 , 21 , 30]. La Figure II.55 illustre cette technique de mesure. Une autre approche, menée par une équipe de l’IMEC de Louvain en collaboration avec l’Université Catholique de Louvain (KUL), consiste à amplifier la tension substrat à l’aide d’un amplificateur différentiel faible bruit [37]. Cette technique est utilisée dans plusieurs de leurs travaux [12, 25, 3841]. Un schéma simplifié de cet amplificateur est donné en Figure II.55. a) Mesure du drain d’un NMOS [20] b) Amplificateur différentiel faible bruit [37] Figure II.55 : Dispositifs de mesure de la tension substrat. 137 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Différentes techniques d’échantillonnage de la tension substrat peuvent aussi permettre de mesurer de manière précise les perturbations substrat. Fukuda et Al proposent une technique basée sur un comparateur de tension à bascule ‘latch’ [42]. Deux étapes se suivent lors de l’acquisition d’une tension substrat : l’autocalibration du capteur différentiel et la mesure comparative. Une autre technique d’échantillonnage embarquée, permettant la mesure directe de tensions et courants est proposée par Vrignon et Al. [43]. Cette technique est appliquée à la mesure de courants et tensions d’alimentation de circuits numériques. Cependant, cette technique d’échantillonnage peut être adaptée à la mesure des tensions parasites substrat. Elle part de la supposition que le profil de la tension parasite est le même à chaque période de l’horloge numérique du système. Cette technique de mesure consiste à échantillonner la tension substrat à un instant t1, puis le point suivant à un instant t1+thorloge+∆t. Comme les signaux mesurés sont périodiques, la valeur de la période étant la celle de l’horloge numérique, la tension mesurée en t1+thorloge+∆t correspond à celle mesurée en t1+∆t. A partir d’un certain nombre de coups d’horloge numérique, le signal global de perturbation est reconstitué. La Figure II.56 illustre le schéma du système d’échantillonnage utilisé ainsi que le chronogramme d’une phase d’échantillonnage. Figure II.56 : Dispositif de mesure de tension d’alimentation par échantillonnage différé [44]. b. Dispositif de mesures substrat implémenté dans le circuit de test Etant donné le temps très court imparti (2 à 3 semaines) et la connectique restreinte pour réaliser le circuit de test, les dispositifs de mesure de tension substrat embarqués sont de simples plots P+ de mesure. En plus d’être des points de mesure, ces plots peuvent être utilisés comme points d’injection de perturbation dans le substrat. Ces plots, mesurant 20 µm x 20 µm, créent une liaison ohmique entre le substrat et les fils de connexion métalliques. Dix-huit de ces points de mesure ont été ajoutés sur toute la surface du circuit de test. Quatre d’entre eux sont directement reliés à l’extérieur via des fils de bonding afin de permettre des mesures de tension substrat lorsque le circuit est en activité. Deux de ces quatre plots de mesure sont situés à l’intérieur de l’oscillateur : un, proche d’une inductance et un autre, proche d’un transistor bipolaire de la paire différentielle de l’OCT. Ces différentes localisations ont permis d’identifier les parties les plus sensibles au couplage substrat dans l’oscillateur commandé en tension [32]. Les deux autres plots de mesure substrat sont situés dans la partie digitale du circuit de test. Les plots de mesure substrat non connectés au boîtier du circuit permettent de 138 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures faire des mesures sous pointes afin de mesurer les impédances statiques entre ces différents plots substrat. Ces mesures sont détaillées en 4.1.4.2. 4.1.2.1.5 Implémentation du circuit de test Le circuit intégré d’évaluation a été implémenté en utilisant les outils d’implémentation physique, de vérification et de simulation numériques et analogiques disponibles sur le site de Grenoble de STMicroelectronics. L’expérience acquise au cours de deux années de travail en tant qu’ingénieur de conception a été mise à profit pour réaliser ce circuit. La vue CAO ainsi qu’une photographie du circuit achevé sont données sur la Figure II. 57. Réseaux d’inverseurs Oscillateur contrôlé en tension Logique de commande et charges des inverseurs Points de mesure substrat connecté à l’extérieur du circuit Figure II. 57: Vue CAO et vue réelle du circuit intégré de test. Ce circuit intégré a été implémenté sous 4 versions différentes, chacune d’elle apportant des améliorations ou corrections. Ces versions sont les suivantes : Version 1 : la version de base présentée ici, Version 2 : cette version a été implémentée principalement pour corriger une erreur de conception dans la partie numérique. Un bus digital était inversé dans la version de base du circuit de test. Cette inversion avait pour conséquence de faire commuter non pas les 4 lignes de 16 inverseurs en parallèle en configuration de puissance injectée maximale, mais les 4 inverseurs seuls (‘IV4’, ‘IV8’, ‘IV16’ et ‘IV32’). Nous avons profité de cette nouvelle version pour changer les inductances de l’oscillateur. Des inductances avec écran substrat, présentant un meilleur facteur de qualité ont été ajoutées. Version 3 : elle a été envoyée en même temps que la version 2. Un nouvelle logique de commande, dans laquelle les temps de transition des signaux numériques ont été augmentés, a été intégrée. Cette version de la logique de commande, dite faible bruit, a servi à appuyer des résultats pour une publication à la conférence ISIE à Ajaccio en 2004 [7]. Un autre type d’inductance a aussi été utilisé dans cette version. Ces inductances présentent des anneaux de garde optimisés, remplaçant l’écran substrat de la version précédente, afin d’augmenter leur facteur de qualité. Version 4 : cette dernière version est aussi présentée en détail dans cette partie. Il s’agit d’une version optimisée moins bruyante. Divers paramètres du circuit ont été modifiés afin que le niveau de perturbations substrat soit le plus bas possible. De plus, les points de mesure substrat à l’intérieur du VCO ont été déplacés pour permettre d’injecter des tensions parasites substrat à des localisations différentes. 139 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 4.1.2.2 Circuit imprimé d’évaluation L’élaboration de cette carte de test a été effectuée, tout comme le circuit de test lui-même, en collaboration avec Cristian Andrei, dont les travaux ont été plusieurs fois cités et concernent l’oscillateur contrôlé en tension [32]. Le circuit imprimé a été réalisé en quatre couches d’un matériel isolant RO4003 (fabriquant Rogers). L’empilement des couches est : cuivre (35 µm) – isolant (0,508 mm) – cuivre (18 µm) – colle (0,1 mm) – cuivre (18 µm) – isolant (0,508 mm) – cuivre (35 µm). Les dimensions de la carte sont de 120 mm sur 100 mm. 4.1.2.2.1 Alimentation du système Les lignes d’alimentation ont fait l’objet d’égards particuliers quant à leur réalisation afin d’éviter au maximum les éléments parasites qu’elles peuvent induire. Ainsi, chaque alimentation (numérique et analogique) est connectée à l’aide d’un connecteur SMB. Toutes les alimentations sont des plans métalliques se divisant en ‘doigts’ d’alimentation découplés avec différentes capacités à proximité du circuit intégré. Les capacités les plus performantes en hautes fréquences sont de faibles valeurs et sont localisées au plus près du circuit intégré. Les autres, de fortes capacités sont plus éloignées. 4.1.2.2.2 Configuration du système La configuration des étages numériques peut être faite sur la carte par des commutateurs à deux positions permettant de donner des valeurs aux signaux place et power. L’horloge numérique est externe et connectée à un connecteur SMA. Un bouton poussoir permet de remettre à zéro le système numérique du circuit de test en forçant le signal reset à 0. Tous ces signaux numériques sont redirigés vers un connecteur de type bus parallèle afin d’être commandés par un module externe, un ordinateur de commande par exemple. Cette dernière fonctionnalité n’a pas été exploitée durant ces travaux. 4.1.2.2.3 Lignes de mesures Toutes les lignes de mesure de cette carte de test sont des lignes 50 Ω connectée à des connecteurs SMA : Les 4 points de mesure substrat, Les 2 signaux de sortie de l’oscillateur contrôlé en tension. La largeur de ces lignes de mesure a été déterminée à partir d’un petit module de calcul d’impédance de ligne fournie par le fabricant de substrat pour circuit imprimé [45]. Une largeur de ligne de 1,04 mm est nécessaire pour obtenir des lignes de mesure ayant une impédance caractéristique de 50 Ω pour un substrat RO4003 de 0,508 mm d’épaisseur. 4.1.2.2.4 Implémentation de la carte d’évaluation La carte d’évaluation est déclinée sous trois versions différentes. Deux cartes sont réalisées avec des supports pour boîtier QFN (Quad Flat No lead). Ces supports permettent un changement rapide des circuits à tester. Ils sont fixés à la carte mécaniquement (par des vis), le contact entre la broche du boîtier et la carte se faisant par l’intermédiaire de micro-ressorts métalliques (fabriquant STMicroelectronics) ou par un polymère conducteur (fabricant WELLS-CTI) qui permet un contact électrique dans un axe vertical. La puce est serrée mécaniquement sur les contacts du support. La première carte, que nous avons appelée CT1 (Figure II.58.a), est réalisée avec le support STMicroelectronics. La deuxième (CT2), représentée sur la Figure II.58.b, est réalisée avec le support de WELLS-CTI ; elle dispose de deux alimentations (polarisations) supplémentaires, respectivement pour l’oscillateur (circuit différentiel et circuit oscillant) et pour le buffer. La troisième carte CT3, représentée sur la Figure II.58.c, garde la même architecture que la carte CT2, le boîtier étant soudé cette fois directement sur la carte. De plus, pour cette carte, les capacités de découplage des alimentations sont plus proches de la puce. Pour la version CT2, ces capacités ne peuvent pas être placées plus près en raison des contraintes de montage mécanique du support. 140 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures a) CT1 – carte à support STMicroelectronics b) CT2 – carte à support WELLS-CTI c) CT3 – carte avec boîtier soudé directement Figure II.58 : Cartes d’évaluation du circuit intégré de test. 4.1.3 Modélisations du Circuit de Test Afin de simuler le comportement du circuit intégré de test, les différentes parties de celui-ci, suivant le modèle ICEM déjà présenté, doivent être modélisées. Nous décrivons pour chaque élément modélisé le mode opératoire suivi ainsi que les outils utilisés en commençant par la carte d’évaluation et enfin le circuit intégré luimême. 4.1.3.1 Circuit imprimé d’évaluation et ses composants Les différentes lignes d’alimentation et de mesure du circuit imprimé ont été modélisées à partir des équations donnant les impédances caractéristiques de lignes de circuit imprimé données en 2.1.2.2.3 de la première partie. Nous rappelons que le substrat utilisé pour le circuit imprimé est du RO4003 de 0.508 mm d’épaisseur de Rogers Corporation. La permittivité diélectrique relative de ce substrat est de 3,4. Ces données nous permettent de calculer l’impédance caractéristique des différentes lignes à modéliser. 4.1.3.1.1 Alimentation du système a. Lignes sur le circuit imprimé Les alimentations numériques et analogiques du circuit intégré de test sont des plans métalliques reliés à des connecteurs SMB. Nous considérerons ces plans métalliques comme des lignes d’alimentation parfaites. A proximité du circuit intégré, des ‘doigts’ métalliques d’alimentation vont connecter le circuit imprimé aux traces faisant le contact avec le support du circuit intégré. Ces doigts, de 9 mm de longueur et 1,1 mm de largeur sont découplés au plan de masse à proximité par trois capacités, régulièrement espacées et de valeurs différentes. Ces morceaux de lignes métalliques, entre les capacités de découplage, ont été modélisés en calculant leur impédance caractéristique, et donc leur inductance, résistance et capacité équivalentes. La structure physique de ces lignes d’alimentation est illustrée sur la Figure II.59: 3 mm Figure II.59 : Structure d’alimentation du circuit imprimé. 141 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Chaque morceau de ligne de circuit imprimé est donc modélisé par une cellule RLC dont les caractéristiques sont déterminées à partir de formules de calcul d’impédance de ligne. Chaque tronçon entre les capacités mesure 4 mm. Il est donc modélisé par un réseau RLC dont les valeurs sont : R = 0,18 mΩ, Zc = 43,7 Ω et C0 = 125,6 pF/m donc C = 0,5 pF et L = 0,95 nH. b. Capacités de découplage Les capacités de découplage sont au format CMS. Le même type de capacité de découplage a été caractérisé par Ludovic Girardeau de STMicroelectronics Rousset pour des travaux similaires. Des modèles des capacités CMS ont été dès lors créés à partir de mesures à l’aide d’un analyseur de réseaux. Le modèle équivalent, entre 0 et 500 MHz de cette capacité CMS est donné par la Figure II.60: Figure II.60 : Modélisation d’une capacité CMS à partir de la mesure L’inductance et la résistance parasite d’une telle capacité sont principalement dues aux longueurs de connexion du composant. Le format des capacités utilisé étant identique, il est probable que les valeurs de ces éléments parasites soient du même ordre. Nous utilisons donc le même modèle, en changeant uniquement la valeur de la capacité et en la faisant correspondre à celle dont le modèle équivalent est mis en place. c. Support STMicroelectronics Le support (socket) de connexion du circuit de test induit aussi des éléments parasites qui doivent être pris en compte pour la mise en place du schéma de simulation du circuit intégré. Des micro-ressorts sont les dispositifs assurant le contact entre la puce et le circuit imprimé. Chaque broche du circuit intégré est connectée au circuit imprimé grâce à un micro-ressort. Nous avons modélisé cet ensemble de micro-ressorts dans fastHenry et fastCap [10] afin d’en extraire les éléments parasites. L’ensemble de ces micro-ressorts est noyé dans du plastique de permittivité relative proche de 3. Les données physiques du constructeur d’un micro-ressort (Figure II.61.a) et enfin la vue en trois dimensions entrée dans fastHenry et fastCap du support (Figure II.61.b) sont données : a) Un micro-ressort et ses caractéristiques électriques b) Modèle 3D des micro-ressorts du support STMicroelectronics Figure II.61 : Micro-ressort et disposition des micro-ressorts dans le support STMicroelectronics 142 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Les valeurs extraites à l’aide de fastCap et fastHenry donnent : une inductance propre de 2,3 nH par micro-ressort (donnée constructeur 1,3 nH), un coefficient de couplage de K = O,6 entre deux micro-ressorts consécutifs, une résistance de 10 mΩ par micro-ressort, une capacité de 0,4 pF entre 2 micro-ressorts consécutifs et de 0,1 pF entre chaque micro-ressort et la masse (à l’infini). Ces différentes valeurs permettent d’établir un réseau RLC équivalent au support du circuit intégré. Un petit programme permet d’écrire directement une netlist SPICE à partir des données extraites par fastHenry et fastCap. Cette netlist sera directement importée dans le schéma de simulation globale du circuit intégré de test. Remarque : Les données du constructeur indiquent une inductance propre de 1,3 nH par micro-ressort. Pour le schéma de simulation mis en place, nous utilisons les données extraites par fastHenry, soit 2,3 nH par micro-ressort. 4.1.3.1.2 Lignes de mesures Etant donné que le dispositif de mesure du couplage substrat est très simple et n’amplifie ou n’adapte pas les tensions substrat mesurées, il est nécessaire de modéliser au mieux les lignes de mesures dans le schéma de simulation du système global afin de prendre en compte les divers effets parasites qu’elles peuvent induire. a. Connecteurs SMA Chaque ligne de mesure est connectée aux divers instruments à l’aide de connecteurs SMA. Des mesures et modélisations du SMA seul ont été effectuées sur ce type de modélisation par Ludovic Girardot, toujours à l’aide d’un analyseur de réseau entre 0 et 500 MHz. Nous utiliserons donc le modèle qui nous a été fourni et dont l’illustration est donnée en Figure II.62. Figure II.62 : Schéma électrique équivalent d’un connecteur SMA entre 0 et 500 MHz. b. Lignes sur le circuit imprimé Les lignes de mesures du circuit imprimé ont des caractéristiques calculées telles que chaque ligne présente une impédance caractéristique de 50 Ω. Une largeur de ligne de 1,04 mm est nécessaire pour atteindre ce but. Nous modélisons ici les 4 lignes de mesures ou d’injection de bruit substrat. Ces lignes ont des longueurs différentes. Les caractéristiques linéiques de ces lignes de mesures sont les suivantes : ZC = 50 Ω C0 = 120 pF/m donc L0 = 0,3 µH/m Connaissant les longueurs de chaque ligne de mesure, il est aisé de calculer leur modèle équivalent, en prenant en compte les différents critères donnés dans la première partie, dont celui du ‘λ/10’. Les différentes lignes de mesures sont définies par les longueurs suivantes : Ligne de mesure 1 : 92 mm Ligne de mesure 2 : 65 mm Ligne de mesure 3 : 52 mm Ligne de mesure 4 : 49 mm Des modèles de lignes existent dans les outils de simulation classique. A partir des données géométriques de la ligne, ils construisent un modèle de ligne. Nous avons aussi modélisé ces lignes de mesures avec Momentum d’Agilent. Les résultats en simulation sont très proches de ceux obtenus avec les modèles de lignes 143 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes proposées par les différents outils de simulation électrique. La Figure II.63 donne une illustration en 3 dimensions des lignes de mesure du circuit imprimé d’évaluation : Figure II.63 : Modèle en 3 dimensions de lignes de mesure du circuit imprimé. Les lignes de mesure sont aussi perturbées par le support de connexion du circuit intégré. Nous avons déjà décrit la modélisation de ce support en 4.1.3.1.1. 4.1.3.2 Circuit intégré Nous avons modélisé différentes parties du circuit imprimé d’évaluation. La modélisation du circuit intégré luimême est une étape nécessaire à la mise en place d’un modèle de simulation reflétant fidèlement le comportement du substrat du circuit intégré de test. 4.1.3.2.1 Réseau d’alimentation et lignes de mesures a. Le boîtier du circuit Les fils de bonding du boîtier mais aussi les broches métalliques induisent des éléments parasites. Le boîtier a été modélisé de deux manières différentes : avec un outil utilisant la méthode des éléments finis (HFSS de Ansoft), avec les gratuiciels fastCap et fastHenry. Pour des raisons de simplicité, seuls les fils de connexions sont pris en compte dans la méthode utilisant fasHenry et fastCap. Une netlist des éléments RLC du boîtier est fournie par les différents outils. Les représentations en trois dimensions du boîtier modélisé sont données sur la Figure II. 64. a) Modèle 3D pour HFSS [46] b) Modèle 3D pour fastCap/fastHenry [10] Figure II. 64 : Modèles 3D du boîtier du circuit de test 144 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Nous prendrons la netlist fournie par HFSS, car celle-ci prend, à priori, en compte les broches métalliques du boîtier. Pour donner un ordre de grandeur des valeurs des éléments parasites du boîtier, nous considérons deux broches consécutives du boîtier. Les éléments parasites pour ces deux broches sont : inductance propre de chaque connexion L = 1.3 nH, résistance de chaque connexion R = 70 mΩ, Capacité de chaque connexion avec la masse C1 = 7 fF, Capacité entre deux connexions consécutives C12 = 70 fF, Coefficient de couplage entre deux connexions consécutives K = 0.3 b. Les éléments du silicium Diverses comparaisons entre mesures et simulations ont montré la nécessité de modéliser un certain nombre de structures d’alimentation sur le silicium du circuit intégré. Une partie importante à modéliser, dans le cas de ce circuit de test, est la liaison d’alimentation entre les diverses instances d’entrée/sortie (Pad). Cette liaison est formée de deux anneaux concentriques : un d’alimentation et un de masse. Pour extraire les éléments parasites des structures d’alimentation, fastCap et fastHenry sont utilisés. Une netlist de type SPICE sortie de ces outils nous permettra d’intégrer dans le modèle complet de simulation la structure d’alimentation sur le silicium. La Figure II.65 donne une représentation en trois dimensions de la connectique d’alimentation sur le silicium extraite avec fastHenry et fastCap : Figure II.65 : Modèle en 3 dimensions de la structure d’alimentation sur silicium du circuit intégré de test. Les lignes de mesure de différents plots substrat sont aussi modélisées, ce qui permet de prendre en compte un certain nombre d’autres phénomènes induisant du bruit sur les lignes de mesures. En effet, certaines lignes de mesure sont très proches de rails d’alimentation. Un fort couplage électromagnétique existe entre ces deux structures, parasitant la mesure directe de la tension substrat. 4.1.3.2.2 Courant interne d’activité et capacité de cœur a. Courant interne d’activité des divers blocs logiques Il existe 9 blocs numériques à l’intérieur du véhicule de test : une logique de commande configurable, 4 réseaux d’inverseurs bruyants, 4 réseaux de bascules chargeant les inverseurs. Le courant absorbé par les réseaux de bascule est négligeable vis-à-vis des autres sources de courant du système digital. Les autres sources de courant ont été obtenues à partir de simulations temporelles de type SPICE des différents circuits digitaux. Les blocs numériques ont été simulés individuellement, et selon toutes les configurations possibles lors du fonctionnement normal du circuit de test. Les capacités de charge et les temps de transition d’entrée de chaque bloc digital ont été déterminés à partir d’analyses temporelles du circuit avec un outil dédié déjà présenté, PrimeTime de SYNOPSYS. Les courants absorbés par ces blocs ont été sauvegardés dans des fichiers textuels pour ensuite être réutilisés dans le schéma de simulation global du circuit. Quelques exemples de courants absorbés sur l’alimentation vdd par la logique de commande et par un réseau d’inverseur sont donnés sur la Figure II.66. 145 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes a) Courant de la logique de commande b) Courant d’un réseau d’inverseur Figure II.66 : Courants consommés simulés pour diverses configurations de commutation d’un réseau d’inverseur. b. Capacité de cœur des divers blocs numériques Deux méthodes différentes, donnant sensiblement les mêmes résultats, ont été utilisées pour définir les capacités de cœur de tous les blocs numériques du circuit intégré d’évaluation. La première méthode est celle de la simulation fréquentielle SPICE des blocs concernés (2.1.2.3.5 de la première partie), dont les interconnexions ont été extraites. La deuxième méthode est celle employant l’outil d’analyse temporelle. La somme de toutes les capacités de sorties des cellules logiques d’un bloc numérique est effectuée (2.1.2.3.3 de la première partie). Les interconnexions sont aussi extraites de géométries réelles du circuit. Les valeurs de capacités extraites sont les suivantes : commande logique : Cméthode1 = 35 pF, Cméthode2 = 37 pF; réseau d’inverseur1 : Cméthode1 = 18.5 pF, Cméthode2 = 20 pF; réseau d’inverseur2 : Cméthode1 = 39.1 pF, Cméthode2 = 42 pF; réseau d’inverseur3 : Cméthode1 = 36.2 pF, Cméthode2 = 38 pF; réseau d’inverseur4 : Cméthode1 = 19.3 pF, Cméthode2 = 20 pF; réseaux de bascules : Cméthode1 = 0 pF, Cméthode2 = 0 pF; Les réseaux d’inverseurs 2 et 3 ont des valeurs de capacité de cœur plus élevées. En effet, ces réseaux sont plus éloignés des réseaux de charges capacitives (réseaux de bascules), les interconnexions sont plus longues, donc les capacités des interconnexions de sortie plus importantes. c. Capacité de cœur de l’oscillateur L’oscillateur possède des capacités de découplage de son alimentation de forte valeur. Ces capacités sont importantes à modéliser, car elles forment avec les inductances des lignes d’alimentation de l’oscillateur, un réseau RLC susceptible de modifier la fonction de transfert des perturbations dans le substrat. D’après le schéma électrique de l’oscillateur, la capacité totale de découplage de son alimentation est de 40 pF. Nous avons effectué des simulations SPICE de type AC sur l’oscillateur afin de déterminer cette capacité. A 10 MHz, pour une tension AC imposée de 1V, un courant de 2,66 mA est absorbé par l’alimentation de l’oscillateur. A cette fréquence, l’impédance d’alimentation de l’oscillateur peut être considérée comme uniquement capacitive. La valeur de cette capacité peut être déterminée à partir de la formule suivante : C= I avec ω = 2 . π . f V.j.ω Nous trouvons par la simulation, une valeur de la capacité de cœur de l’oscillateur contrôle en tension de 42,6 pF. 146 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 4.1.3.2.3 Propagation substrat Le choix de l’outil permettant de modéliser la propagation par le substrat s’est porté sur SNA de Cadence [17] (anciennement dénommé SubstrateStorm). Les diverses données technologiques nécessaires à l’utilisation de cet outil existent dans les fichiers de configuration de la librairie de la technologie BiCMOS6g. L’extraction du substrat du circuit de test s’en est trouvée donc grandement simplifiée. La Figure II.67 illustre le déroulement des opérations permettant d’obtenir le modèle de propagation du substrat du circuit intégré : Figure II.67 : Vue CAO du modèle substrat du circuit intégré d’évaluation. A partir des données géométriques du circuit intégré, l’outil d’extraction substrat détermine les différents points d’entrée dans le substrat (plots de polarisation, anneaux de garde, caisson N d’isolation …) et extrait des résistances et capacités entre ces différents nœuds. Pour simplifier encore la tâche de l’outil, nous ne considérons que les perturbations liées aux sauts d’alimentation, donc uniquement les plots de polarisation substrat liés aux alimentation et aux masses du circuit intégré (plots P pour la polarisation du substrat P et plots N pour la polarisation des caissons N). Toutes les structures du circuit de test possédant des plots de polarisation du substrat doivent être prises en compte dans le modèle de propagation substrat. Les différents plots de mesures ne doivent pas être omis ainsi que toutes les cellules du circuit intégré. Une vue substrat de chaque cellule a donc été créée. Cette ‘vue substrat’ ne contient que les éléments sous la surface du silicium. Un élément qui a une grande importance dans la propagation des perturbations substrat est une structure physique nommée ‘scribeLine’. Il s’agit d’un anneau dopé P faisant le tour du circuit et connecté à un anneau similaire de métal réduisant la résistance de cette ‘scribeLine’. Cette ‘scribeLine’ a une utilité mécanique, lors de la découpe des puces du disque de silicium (wafer) en fabrication. Cet anneau affleure les différentes cellules d’entrée/sortie (pad) du circuit (Figure II.68). Il représente un chemin de faible impédance pour les perturbations substrat entre les entrées/sorties du circuit intégré. Il faut donc ne pas oublier d’inclure cette ligne de découpe dans la topologie du circuit lors des différentes extractions substrat. L’influence de cet anneau substrat sur la propagation dans le substrat des tensions et courant est détaillée en 4.1.4.2.2. Actuellement, les temps d’extraction et la mémoire nécessaire sont très importants : environ 2h d’extraction et 2 Go de mémoire nécessaire pour l’extraction du circuit de test sur une station SUN Ultra60 avec 2 Go de mémoire vive. Ce circuit est très petit et des extractions sur des circuits réels semblent difficiles. Des méthodes de simplification des blocs digitaux et des géométries substrat ont été mises au point et permettent de gagner du temps et de la mémoire tout en gardant une certaine précision. Cette méthode de simplification est détaillée en annexe A.4. En utilisant ces simplifications, le temps d’extraction du circuit de test n’est plus que de 10 minutes pour une mémoire nécessaire de 200 Mo sur la même machine. La précision des résultats est discutée dans la partie suivante. 147 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Une netlist de type SPICE, donnant les résistances et capacités entre les points d’entrée substrat est retournée. La Figure II.71 illustre le modèle SPICE obtenu du circuit de test. Les points d’accès substrat définis y apparaissent et sont les points de connexion aux modèles des autres parties du circuit : les structures d’alimentation et les sources de courant des différents blocs. Les masses et alimentations des 4 réseaux d’inverseurs sont dissociées ainsi que celles de la logique de commande et de l’oscillateur. L’anneau de garde est un autre point d’accès substrat, ainsi que les 4 plots de mesures externes. Ligne de découpe (scribeLine) Cellules d’entrée/sortie Plot de mesure ext3 Réseaux d’inverseurs Anneau d’isolation P Logique de commande configurable Oscillateur commandé en tension Plot de mesure ext2 Réseaux de bascules (charges) Plots P de mesure substrat Plot de mesure ext4 Caisson dopé P Ligne de découpe (scribeLine) Plot de mesure ext1 Caisson dopé N sub4 sub3 sub1 sub2 VddVCO Vddcom Vddres4 Vddres3 Vddres2 Vddres1 Figure II.68 : Vue CAO du modèle substrat du circuit intégré d’évaluation. Panneau GndVCO Gndcom Gndres4 Gndres3 Gndres2 Gndres1 SUBSTRAT Figure II.69 : modèle SPICE modèle substrat du circuit intégré d’évaluation. 148 Plots P de mesure substrat Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 4.1.3.2.4 Quelques particularités liées au circuit de test Le circuit de test implémenté possède un certain nombre de particularités par rapport à un circuit mixte réel. Ces particularités influencent grandement le couplage par le substrat. Nous avons donc du les prendre en compte dans le modèle électrique équivalent mis en place. D’une part, certaines lignes de mesures (cf Figure II.65) sont très proches des lignes d’alimentation du circuit. Un couplage électromagnétique entre ces lignes existe et perturbe donc la mesure de la tension substrat. Ce couplage est partiellement pris en compte lors de la modélisation des lignes de mesures et d’alimentation du silicium avec l’outil fastHenry (cf 4.1.3.1.2). Une autre particularité très importante de ce circuit intégré est la longueur des fils de sortie des réseaux d’inverseurs. Le caractère inductif de ces lignes ne peut pas être négligé. En effet, lorsque les NMOS des inverseurs sont passant, ces lignes forment avec les lignes d’alimentation une boucle inductive de forte valeur. La longueur de ces lignes n’a pas été prise en compte dans le modèle de simulation électrique mis en place. Une extraction sous fastHenry nous donne une valeur inductive de presque 2 nH pour les lignes les plus longues et de 0,83 nH pour les plus courtes. Dans un circuit mixte réel, la longueur des interconnexions des signaux logiques est plus courte et surtout elles ont une disposition beaucoup plus aléatoire. Les différents modèles obtenus : le circuit imprimé, le socket, le boîtier, les lignes sur le silicium, le substrat, les sources de courant des différents blocs ; sont assemblés dans le schéma électrique de la Figure II.70. Logique de commande Lignes de mesures Réseaux d’inverseurs Figure II.70 : Schéma ICEM-étendu total du circuit de test. Ce schéma électrique permet d’effectuer des simulations très rapides. En effet, une simulation temporelle sur une période de 100 ns ne prend quelques dizaines de seconde. Un très grand nombre de simulations comparatives est donc réalisable facilement. 4.1.4 Mesures et Simulations Diverses mesures sur le circuit intégré de test ont permis de valider ou d’affiner les modèles mis en place pour les différentes structures du modèle ICEM étendu. 4.1.4.1 Impédance du réseau d’alimentation Des mesures de l’impédance d’alimentation du circuit intégré de test, peuvent permettre de valider en partie le modèle d’alimentation mis en place. Le protocole de mesure est le même que celui utilisé en 2.3.2 : une première mesure du coefficient de réflexion d’une paire d’alimentation du circuit et une mesure de capacité interne avec un capacimètre. Les trois paires d’alimentation de la partie logique du circuit ont fait l’objet de ces mesures. Concernant l’extraction de la capacité interne, la mesure sur les trois paires d’alimentation donne quasiment la même valeur. Cette valeur est de 150 pF. Elle est proche des 164 pF estimés pour le circuit digital, qui est la somme des capacités évaluées de tous les blocs numériques du circuit de test. Les mesures des coefficients de réflexion de chaque paire d’alimentation sont comparées aux résultats de simulations des paramètres S11 de chaque paire d’alimentation du boîtier et du circuit intégré. Pour ces simulations, nous 149 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes avons ramené les capacités des différents blocs numériques à des valeurs inférieures, pour tenir compte du fait que pendant les mesures de réflexion, ces blocs numériques ne sont pas polarisés. Chaque capacité est divisée par 1,25. Ce ratio provient du rapport de la capacité interne mesurée avec polarisation de 3,3 V de 150 pF et celle obtenue sans polarisation de 120 pF. La Figure II.71 donne les différentes courbes d’impédances mesurées et simulées entre 500 KHz et 1 GHz pour les trois paires d’alimentation digitale du circuit de test. Figure II.71 : Comparaison des impédances d’alimentation mesurées et simulées du circuit de test. A partir de ces courbes d’impédances, il est possible de déterminer les paramètres RLC équivalents de chaque paire d’alimentation du circuit. Ces paramètres sont répertoriés dans le Tableau II.6. Résistance R Inductance L Capacité C Paire d’alimentation 1 Mesurée simulée 1,29 Ω 1,45 Ω 2,48 nH 3,19 nH 120 pF 120 pF Paire d’alimentation 3 Mesurée Simulée 2,46 Ω 2,45 Ω 3,86 nH 3,77 nH 120 pF 120 pF Paire d’alimentation 3 Mesurée simulée 2,18 Ω 1,87 Ω 3,3 nH 3,48 nH 120 pF 120 pF Tableau II.6 : Comparaison des impédances d’alimentation mesurées et simulées du circuit de test. Le modèle du réseau d’alimentation a un comportement similaire au véritable réseau d’alimentation du circuit intégré de test. La précision de l’ensemble reste en effet correcte. Le boîtier, mais aussi les lignes métalliques sur le silicium, semblent être modélisés de manière assez fine jusqu’à 500 MHz. 4.1.4.2 Impédance statique du substrat Différentes mesures et extractions du substrat du circuit de test sont effectuées dans le but de valider le modèle de simulation de la propagation des tensions et courants parasites dans le substrat. 4.1.4.2.1 Protocole de mesures Des mesures de résistance entre tous les plots du substrat du circuit de test ont été faites. Ces mesures ont été effectuées à l’aide de pointes reliées à un ohmmètre de précision et d’une table munie d’un microscope binoculaire. Les plots de mesure substrat ajoutés sur la surface du circuit sont au nombre de 18, dont 4 directement reliés à l’extérieur du circuit. D’autres prises substrat peuvent être utilisées pour effectuer des mesures de résistance. Il s’agit de la masse digitale, de la masse analogique et enfin de l’anneau de garde P isolant la commande logique du circuit intégré. Le nombre total de contacts substrat, entre lesquels il est possible de mesurer une résistance est de 21. Ces 21 plots substrat induisent 210 mesures de résistance. Ces 210 mesures sont autant de points de comparaison possible avec le réseau R du substrat extrait au moyen des outils conventionnels de CAO. Pour comparer les résultats des extractions substrat avec les mesures, il faut convertir la matrice de résistances extraites, en une matrice de résistances mesurées. Une résistance mesurée entre deux points est déduite de la tension qui s’établit entre ces deux points lorsque un courant I est imposé. 150 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Considérons la matrice de conductances extraites par un outil d’extraction notée G. Soit V la matrice de tension induite et I la matrice des courants imposés, d’après la loi d’Ohm il vient : I= G. V donc Rmesuré = Vinduit = Gextrait -1 . Iimposé Cette simple opération matricielle est effectuée très rapidement avec le logiciel matlab [47]. 4.1.4.2.2 Comparaisons mesures et extractions Les nombreuses comparaisons effectuées entre les matrices de résistances extraites et les matrices mesurées ont permis de montrer quelques paramètres importants à prendre en compte lors de l’extraction du substrat avec l’outil substrateStorm [17] et ainsi d’affiner les modèles de propagation substrat mis en place. Afin de visualiser de manière rapide les différences entre la matrice de résistances mesurées et la matrice de résistances extraites, nous utilisons une représentation graphique d’une matrice d’erreurs relatives. Cette matrice d’erreur est le quotient de la matrice de résistances extraites sur la matrice de résistances mesurées. La représentation graphique colorée de la matrice d’erreur est agrémentée de quelques valeurs caractéristiques de la dispersion des erreurs entre les deux matrices : L’erreur maximale, L’erreur minimale, L’erreur moyenne, L’écart type, Le rapport de l’écart type sur la valeur moyenne. Les valeurs de résistances mesurées sous pointes sur le silicium sont récapitulées dans le Tableau II.7. Dans ce tableau, la masse digitale est notée gnddig, la masse analogique gndvco, l’anneau de garde P piso, les plots substrat mesurables de l’extérieur ext1 à ext4 et enfin les 14 plots substrat p1 à p14. 151 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes gnddig gnddig gndvco piso ext1 ext2 ext3 ext4 p1 p2 p3 p4 p5 p6 p7 p8 p9 p10 p11 p12 p13 p14 0 16.2 7.3 280 169 77 272 226 252 267 261 271 264 267 266 263 265 240 232 230 249 gndvco piso ext1 ext2 ext3 ext4 p1 p2 p3 p4 p5 p6 p7 p8 p9 p10 p11 p12 p13 p14 0 0 22 298 158 62 289 249 278 288 288 298 303 305 300 299 297 280 260 210 286 0 0 0 271 172 83 267 234 260 272 267 278 267 269 265 265 273 246 249 187 256 0 0 0 0 449 363 547 514 544 554 546 559 549 548 549 543 560 463 503 479 541 0 0 0 0 0 218 419 384 407 427 420 435 423 425 428 427 425 424 410 360 436 0 0 0 0 0 0 350 310 341 351 350 359 366 368 363 362 358 338 328 271 347 0 0 0 0 0 0 0 486 536 560 571 567 558 559 554 551 532 531 512 482 557 0 0 0 0 0 0 0 0 498 509 510 514 524 523 517 514 504 484 472 439 516 0 0 0 0 0 0 0 0 0 527 530 537 549 551 545 544 537 512 501 463 538 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 412 542 563 566 560 555 551 536 526 465 544 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 532 555 558 551 547 544 534 524 461 540 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 566 570 560 558 556 532 522 467 544 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 467 457 488 549 520 508 460 544 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 491 454 545 519 508 459 539 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 465 551 520 507 456 538 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 546 516 505 457 540 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 520 510 476 554 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 468 450 527 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 429 504 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 434 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Tableau II.7 : Tableau de résistances substrat mesurées sous pointes. a. Détermination de la grille d’extraction Il est possible de définir différentes possibilités de grilles d’extraction pour l’outil d’extraction substrat substrateStorm [17]. Ces différentes grilles sont adaptatives aux géométries du circuit intégré. Divers paramètres permettent de moduler la finesse des pas de la grille auto-adaptative. Il existe pour l’utilisation de cet outil au sein de STMicroelectronics une dizaine de grilles d’extraction prédéfinies utilisables. Nous avons donc comparé les résultats obtenus pour les différentes grilles avec les mesures de résistance substrat. Le Tableau II.8 résume les caractéristiques de la variation du rapport de dispersion par rapport à la mesure de chaque extraction. Chaque grille d’extraction a un nom particulier. Comme le montre le Tableau II.8, les résultats des extractions varient énormément en fonction de la grille utilisée. Disp. Max Disp. Min Disp. Moy Ecart type Ecart./moy. C1 Fine1 Fine2 NoOv VC1 WCS1 GridC1 GridC2 WCT1 WCT2 2,15 0 ,35 1,17 0,26 0,22 2,91 0,6 1,39 0,39 0,27 2,25 0,55 1,05 0,26 0,24 2,37 0,41 0,97 0,21 0,22 1,72 0,02 0,92 0,31 0,33 2,14 0,35 1,18 0,27 0,23 1,63 0,07 0,65 0,2 0,31 1,72 0,5 1,14 0,16 0,14 2,37 0,41 0,97 0,21 0,22 1,82 0,03 1,12 0,32 0,28 Tableau II.8 : tableau des caractéristiques de dispersion des erreurs d’extraction suivant différentes grilles d’extraction. La grille la plus précise semble être la grille GridC2. Plusieurs autres extractions (notamment concernant les différentes configurations d’extraction montrées dans la suite de cette partie), non reportées dans ce rapport, vont dans le même sens. Pour l’extraction du substrat, nous utiliserons donc cette grille d’extraction. b. Influence de la ligne de découpe externe Une fois la meilleure solution d’extraction déterminée, nous pouvons examiner l’influence de divers paramètres des modèles substrat du circuit intégré afin de déterminer les paramètres les plus importants. Un paramètre très important, dans le cas du circuit de test implémenté, est la prise en compte de la ligne de découpe ou encore ‘scribeLine’. Cette ligne de découpe est un chemin de basse impédance entre la masse numérique et la masse analogique. Cette ligne passe en effet à proximité des cellules d’entrées/sorties numériques et analogiques du circuit. Ces cellules ont des plots de polarisation substrat, liés à la masse numérique dans le cas des entrées/sorties numériques et à la masse analogique pour les entrées/sorties analogiques. Nous avons donc pris en compte cette ligne de découpe dans les nouveaux modèles du substrat. Nous avons considéré deux cas qui peuvent être pris en compte par l’outil d’extraction substrateStorm : 152 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 1er cas : la ligne de découpe est considérée comme résistive, 2ème cas : la ligne de découpe est considérée comme un nœud unique. Ces deux cas de figure ont pu être explorés grâce à l’aide indispensable d’Alejandro Chimeno de STMicroelectronics Crolles, qui a mis en place de manière très rapide les différents fichiers nécessaires pour la prise en compte de cette ligne de découpe. Cette ligne de découpe influence surtout les mesures entre les masses numérique et analogique, comme le signifie la Figure II.72 montrant les représentations graphiques de deux matrices d’erreurs : une première sans les effets de la ligne de découpe et la seconde modélisant une ligne de découpe conductrice, comme étant un nœud unique. Dans le cas où la ligne de découpe n’est pas prise en compte, la résistance entre les masses digitale et analogique est surévaluée et représentée par un carré rouge (flèche) dans la représentation graphique de la matrice d’erreurs d’extraction sur la Figure II.72.a. Le cas où la ligne de découpe est résistive est strictement identique. Cette surévaluation disparaît lorsque la ligne de découpe est prise en compte comme un nœud unique (Figure II.72.b). a) Ligne de découpe non incluse b) Ligne de découpe incluse Figure II.72 : Distribution des erreurs d’extraction : influence de la ligne de découpe. En réalité, la ligne de découpe ne peut pas être considérée comme un nœud unique : elle est résistive. Elle est de plus ‘doublée’ par un anneau de métal, lui aussi résistif. La réalité se situe donc entre le fait de considérer une ligne de découpe comme très conductrice ou de ne pas considérer cette ligne de découpe. La modélisation de la structure de la ligne de découpe ne peut donc pas être fidèlement modélisée : il faut prendre aussi bien en compte l’extraction des éléments parasites du substrat que ceux de la ligne métallique. Ce type de structure est aussi rencontré dans le cas des anneaux de garde, souvent doublé d’un anneau métallique de connexion. Le fait de considérer cette ligne de découpe comme infiniment conductrice induit des erreurs dans les extractions de résistances des plots de mesure situés très près de la masse analogique : les plots ‘ext2’ et ‘ext3’. Les résistances entre ces plots et la masse digitale sont surévaluées lorsque la ligne de découpe est supposée parfaite et sous-évaluées lorsque cette ligne de découpe n’est pas prise en compte. Les autres irrégularités observées dans les matrices d’erreurs sont le fruit des effets de maillage de l’outil d’extraction substrat. c. Simplification des géométries ‘substrat’ Le temps d’extraction de ce circuit de test est environ de 2h et la mémoire nécessaire de 2 Go, ce qui est très important pour un circuit de petite taille. Ces limitations sont dues au maillage très dense, qui est fonction de la complexité des géométries du circuit intégré. Certaines méthodes de simplification de ces géométries sont proposées [13]. Il s’agit de garder une certaine précision des géométries sur le contour d’un bloc, et d’être beaucoup moins précis dans les zones centrales du bloc à modéliser. Cette méthode de simplification est détaillée en annexe A.4. Nous avons donc comparé des extractions complètes, sans simplifications et des extractions à partir de modèles simplifiés. La Figure II.73 donne les représentations des matrices d’erreurs d’extraction dans les cas d’une extraction complète et d’une extraction simplifiée : 153 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Disp. Max : 1,72 Disp. Min : 0,5 Disp. Moy : 1,14 Ecart type : 0,167 Ecart./Moy. : 0,14 Disp. Max : 1,71 Disp. Min : 0,33 Disp. Moy : 1,22 Ecart type : 0,12 Ecart./Moy. : 0,10 a) Extraction normale b) Extraction avec blocs simplifiés Figure II.73 : Distribution des erreurs d’extraction : simplification des modèles substrat. Outre qu’elles permettent de gagner du temps d’extraction et de la mémoire (environ 10 fois plus vite pour 10 fois moins de mémoire), les techniques de simplifications des blocs digitaux semblent améliorer la précision des résultats. Nous rappelons que l’outil d’extraction substrat substrateStorm [17] effectue des opérations de réduction de matrices. Les matrices à simplifier étant beaucoup moins volumineuses dans le cas de l’extraction utilisant des modèles simplifiés, les algorithmes de simplification de matrice s’en trouvent plus efficaces. Les différentes mesures des résistances substrat et les différentes comparaisons avec les réseaux extraits nous ont permis de connaître les limitations des modèles substrat mis en place. Les comparaisons entre mesures et extractions montrent une corrélation acceptable pour les basses fréquences, lorsque le substrat est considéré comme résistif. Pour la technologie BiCMOS6g, de résistivité 15 Ω.cm, la fréquence en dessous de laquelle le substrat peut être considéré comme purement résistif est de 10,9 GHz (calculée d’après la formule de la première partie 3.1.1.2). 4.1.4.3 Lignes de mesures Pour appuyer la validité de la méthode de mesure directe du couplage par le substrat, il est essentiel de prendre en compte l’effet des lignes de mesure. Les modèles électriques des quatre lignes de mesure directe doivent être ajoutés dans le schéma global de simulation du circuit de test. Les diverses parties des modèles des lignes de mesure (connecteurs SMA, lignes 50 Ω, support, boîtier, lignes sur silicium et substrat) ont été décrites précédemment. Pour valider les modèles de lignes mis en place, il faut confronter ces modélisations avec des mesures réelles. Le coefficient de réflexion en entrée S11 de chaque ligne de mesure a été extrait à l’aide d’un appareil HP8510C. Cet appareil est un analyseur de réseaux fonctionnant entre 45 MHz et 20 GHz (disponible au LPM). Nous l’utilisons entre 45 MHz et 5 GHz, pour mesurer uniquement le coefficient de réflexion avec le premier port de l’appareil. Pour obtenir le coefficient de réflexion de chaque ligne de mesure à partir de la simulation, nous utilisons le mode ‘S-Parameter’ de l’outil de simulation Virtusoso de Cadence [17]. Les comparaisons entre coefficients de réflexion mesurés et simulés sont données sur la Figure II.74. Les mesures et simulations sont en bonne corrélation en dessous de 1 GHz. Au-delà, les modèles ne semblent pas être suffisamment précis. Un petit bémol tout de même concernant les lignes ‘ext2’ et ‘ext3’, dont la précision est moins bonne en dessous du GHz par rapport aux autres lignes de mesure. Les plots de mesure substrat de ces lignes sont situés dans l’oscillateur, très proches de la masse analogique du système. Nous avons montré en 4.1.4.2.2 que le réseau R du substrat montre des imprécisions pour ces deux plots de mesure. 154 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Figure II.74 : Paramètres S11 de réflexion des lignes de mesures du circuit de test, comparaisons mesures et simulations. Les différences observées entre les mesures et les simulations des coefficients de réflexion proviennent de la modélisation imparfaite du substrat. De plus, en dessous de 1 GHz, les réflexions et autres effets de retard sont principalement dus aux longueurs des lignes 50 Ω de mesure du circuit imprimé. La modélisation des autres éléments de la ligne de mesure paraît donc superflue, mis à part l’impédance terminale, qui n’est autre que le substrat du circuit. Ces lignes sont très longues : une carte d’évaluation avec des lignes plus courtes serait plus précise et donnerait des mesures de meilleure qualité. 4.1.4.4 Tensions substrat Le circuit de test implémenté possède plusieurs configurations d’injection de bruit dans le substrat. Ces différentes configurations possibles vont permettre de valider le schéma prédictif du couplage substrat mis en place précédemment et donc la méthode de modélisation du couplage par le substrat dans les circuits mixtes. Les divers paramètres modifiables dans ce véhicule de test sont : La localisation des mesures de tensions substrat, La localisation de l’injection de bruit substrat, La puissance injectée dans le substrat, La fréquence des perturbations injectées, La configuration de l’alimentation de la circuiterie numérique. Pour chaque configuration testée, nous comparons les résultats des simulations du modèle ICEM étendu du circuit de test avec des mesures. Seules des simulations temporelles sont effectuées. Afin d’illustrer les résultats de manière fréquentielle, nous effectuons une transformée de Fourier rapide de chaque signal temporel suivie d’une conversion de la tension mesurée en une puissance de dBm en utilisant l’équation suivante : 2⎞ ⎛V PdBm = 10 . log ⎜ subst rat ⎟ + 30 ⎜ ⎟ 50 ⎝ ⎠ Deux types de mesures sont effectués : Une mesure temporelle à l’aide d’un oscilloscope Agilent DCA-J 86100C, entrée 50 Ω, ayant une fréquence de coupure de 10 GHz, 155 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Une mesure fréquentielle à l’aide d’un analyseur de spectre Agilent E4404B, entrée 50 Ω, ayant une bande passante entre 9 KHz et 6,7 GHz. Ces mesures ont été effectuées au laboratoire d’analyse des circuits défectueux de la division HEG de STMicroelectronics Grenoble avec l’aimable collaboration de monsieur Pierre Guenard. 4.1.4.4.1 Localisation des points de mesure Il existe quatre plots de mesure substrat sur ce circuit de test permettant la mesure de la tension substrat à divers endroits du circuit lorsque celui-ci est en fonctionnement (cf. Figure II.68). Les comparaisons entre les tensions substrat mesurées sur ces différents plots sont données sur la Figure II.75. Pour cette série de comparaisons, une rangée de 16 inverseurs ‘IV16’ commute dans les réseaux ‘3’ et ‘4‘ du circuit intégré. Cette configuration de puissance permet d’injecter des perturbations de puissance moyenne dans le substrat. La fréquence de commutation des inverseurs est de 20 MHz. Figure II.75 : Comparaisons entre mesures et simulations des tensions substrat sur les 4 plots de mesure. Comme nous pouvons l’observer sur ces premiers résultats de mesure, considérer uniquement les sauts d’alimentation comme perturbation substrat donne des résultats très corrects. Le modèle mis en place ne donne cependant pas la même précision pour tous les plots de mesure. Une résonnance autour de 300 MHz est observée sur tous les plots de mesure. Cette résonnance est la résonnance du réseau d’alimentation formée du 156 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures boîtier et de la capacité de cœur du circuit. Sur les mesures, il existe un léger décalage en fréquence des harmoniques de l’horloge qui devraient être 40, 60, 80 … MHz. Ce décalage provient du générateur de signal utilisé qui ne délivre pas tout à fait un signal à 20 MHz. Les plots situés dans l’oscillateur donnent les moins bons résultats. L’oscillateur n’a été que sommairement modélisé par son alimentation et la capacité de découplage de celle-ci. Ce système est plus complexe et nécessite donc une étude plus fine. De plus, nous avons montré en 4.1.4.2.2 et 4.1.2.3 que le modèle substrat donne des résultats peu précis pour ces plots de mesures, situés dans l’oscillateur. Pour les plots situés en-dehors de l’oscillateur, les résultats de la simulation sont en bonne corrélation avec les mesures. Pour la suite du travail de comparaison entre les mesures et les simulations suivant diverses configurations, seul le plot nommé extnoise4 sera observé, celui-ci donne en effet les meilleurs résultats simulés. 4.1.4.4.2 Localisation des injecteurs de bruit Ce circuit de test configurable possède plusieurs plots de mesure permettant de connaître la tension substrat à divers endroits du circuit (cf. Figure II. 57). Il offre aussi la possibilité d’injecter des tensions parasites dans le substrat depuis divers endroits. En effet, les quatre réseaux d’inverseurs peuvent être commandés suivant six configurations différentes. Une seule rangée de 16 inverseurs ‘IV16’ par réseau commute à 20 MHz. a. Réseau d’inverseurs ‘1’ Figure II.76 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par le réseau d’inverseurs ‘1’ sur le plot de mesure extnoise4. b. Réseau d’inverseurs ‘2’ Figure II.77 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par le réseau d’inverseurs ‘2’ sur le plot de mesure extnoise4. 157 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes c. Réseau d’inverseurs ‘3’ Figure II.78 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par le réseau d’inverseurs ‘3’ sur le plot de mesure extnoise4. d. Réseau d’inverseurs ‘4’ Figure II.79 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par le réseau d’inverseurs ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4. e. Réseaux d’inverseurs ‘1’ et ‘2’ simultanément Figure II.80 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les réseaux d’inverseurs ‘1’ et ‘2’ sur le plot de mesure extnoise4. f. Réseaux d’inverseurs ‘3’ et ‘4’ simultanément Figure II.81 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les réseaux d’inverseurs ‘3’ et ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4. 158 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures g. Réseaux d’inverseurs ‘1’, ‘2’, ‘3’ et ‘4’ simultanément Figure II.82 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les réseaux d’inverseurs ‘1’, ‘2’, ‘3’ et ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4. Nous observons une bonne corrélation entre les mesures et les simulations pour la plupart des cas simulés. Cependant, les comparaisons de configurations mettant en jeu l’activité des réseaux d’inverseurs ‘1’ et/ou ‘2’ montrent toutes des différences entre mesures et simulations de même nature. Figure II.83 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les réseaux d’inverseurs ‘1’ et ‘2’ sur le plot de mesure extnoise4 : défauts du modèle simulé. Comme le montre la Figure II.83, cette différence se situe en début de seconde oscillation, lorsque l’horloge effectue un front descendant et les inverseurs un front montant. Un pic important se superpose aux deux oscillations dans le cas des simulations et seulement lors de la première oscillation dans le cas des mesures. Nous expliquons ce phénomène par une limitation du modèle d’activité interne des réseaux d’inverseurs. Le modèle utilisé implique que le courant entrant par l’alimentation dans le réseau d’inverseurs et le courant en sortant par la masse soient identiques. Alimentation des inverseurs Masse des inverseurs Alimentation des inverseurs Alimentation des charges Masse des inverseurs Masse des charges Figure II.84 : Modèles électriques simplifiés des réseaux d’inverseurs. Ainsi, un pic de courant circule dans la masse des inverseurs aussi bien lors d’un front montant que d’un front descendant de l’horloge. Un fort couplage électromagnétique existe entre le fil de mesure du plot ‘extnoise4’ et le fil de masse des réseaux d’inverseurs ‘1’ et ‘2’. Ainsi, le courant circulant dans le fil de masse implique, dans le modèle de simulation, une tension parasite dans le fil de mesure quel que soit le front d’horloge en entrée des inverseurs. En réalité, le courant ne circule dans le fil de masse que lors d’un front montant de l’horloge, 159 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes lorsque la sortie des inverseurs est ‘tirée’ vers la masse. Ce pic n’apparaît donc que lors du front montant de l’horloge lors des mesures. Pour confirmer cette hypothèse, nous utilisons un modèle différent pour les réseaux d’inverseurs. Ce modèle prend en compte le fait que les capacités que doivent charger les inverseurs, les bascules de charge dans ce cas, ne sont pas polarisées avec les mêmes potentiels que les inverseurs euxmêmes. Il en résulte une modélisation plus fine, prenant en compte la circulation réelle des courants entre les inverseurs, leur alimentation et leur charge. La Figure II.84 donne une illustration du nouveau modèle électrique des réseaux d’inverseurs. Le résultat d’une simulation utilisant cette nouvelle modélisation des réseaux d’inverseurs est donné sur la Figure II.85. Ce modèle des réseaux d’inverseur n’a pas été conservé car il en résulte une certaine instabilité lors de la simulation, donnant lieu à des erreurs de simulation bloquant l’outil. De plus, ce type de modèle est justifié dans le cas de ce circuit de test où les réseaux d’inverseurs sont très éloignés de leur charge. Pour un circuit numérique réel, il est possible de considérer une alimentation et une masse identique pour une porte logique et sa charge, donc d’utiliser le premier modèle de la Figure II.84. Figure II.85 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les réseaux d’inverseurs ‘1’ et ‘2’ sur le plot de mesure extnoise4 en utilisant le nouveau modèle pour les réseaux d’inverseurs. Le pic de la deuxième oscillation disparaît effectivement. Nous pouvons donc en déduire que le couplage électromagnétique entre la ligne de mesure et la ligne d’alimentation est mieux pris en compte avec le nouveau modèle des réseaux d’inverseurs. 4.1.4.4.3 Puissance injectée dans le substrat Le circuit intégré de test permet de moduler la puissance injectée dans le substrat. Différentes configurations de puissance injectée sont donc testées. La fréquence de commutation des inverseurs est toujours de 20 MHz. a. Inverseurs ‘IV4’ des réseaux ‘3’ et ‘4’ (puissance minimale) Figure II.86 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les inverseurs ‘IV4’ des réseaux ‘3’ et ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4. 160 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures b. Inverseurs ‘IV32’ des réseaux ‘3’ et ‘4’ Figure II.87 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les inverseurs ‘IV32’ des réseaux ‘3’ et ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4. c. 4 rangées d’inverseurs ‘IV16’ des réseaux ‘3’ et ‘4’ (puissance maximale) Figure II.88 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les quatre rangées de 16 inverseurs ‘IV16’ des réseaux ‘3’ et ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4. Pour les faibles puissances injectées dans le substrat, lorsque les inverseurs seuls commutent (‘IV4’, ‘IV8’, ‘IV16’ et ‘IV32’), l’activité de la logique de commande ‘dissimule’ les courants de commutation des inverseurs. De plus, les faibles niveaux de tension mesurés sont fortement perturbés par d’autres mécanismes de couplage électromagnétique non pris en compte dans les modèles électriques du circuit de test mis en place. Pour les forts niveaux d’injection de courant dans le substrat, lorsque beaucoup d’inverseurs commutent, les modèles d’activité interne utilisés ne permettent pas de modéliser correctement les réseaux d’inverseurs. En effet, comme le montrent Baradoglu et Al., à partir d’un certain seuil d’activité numérique, le fait de considérer le courant total consommé comme la somme de tous les courants d’activité des portes logiques n’est plus une approximation correcte [1]. En d’autres termes, les sauts d’alimentation provoqués par l’activité numérique modifient le courant absorbé par le circuit intégré. Pour confirmer cette hypothèse, les modèles des blocs numériques du circuit de test sont remplacés par leur modèle SPICE complet au détriment de la mémoire et du temps de simulation nécessaires. La Figure II. 89 donnant les résultats des simulations en utilisant des modèles SPICE des blocs numériques confirme cette hypothèse, le niveau de simulation diminue et recolle aux mesures. 161 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure II. 89 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les quatre rangées de 16 inverseurs ‘IV16’ des réseaux ‘3’ et ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4 en utilisant le modèle SPICE des blocs numériques. 4.1.4.4.4 Fréquence des perturbations injectées L’horloge du dispositif étant externe, il est très facile de modifier la fréquence de commutation des inverseurs perturbants. Pour ces comparaisons entre mesures et simulations, les inverseurs d’une rangée d’inverseurs ‘IV16’ des réseaux ‘3’ et ‘4’ commutent simultanément. Les fréquences pour lesquelles les mesures ont été effectuées sont de 10 MHz, 20 MHz (cas de référence) et 50 MHz. a. Fréquence d’horloge à 10 MHz Figure II.90 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les réseaux d’inverseurs ‘3’ et ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4 commutant à 10 MHz. b. Fréquence d’horloge à 50 MHz Figure II.91 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les réseaux d’inverseurs ‘3’ et ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4 commutant à 50 MHz. 162 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 4.1.4.4.5 Diverses configurations de l’alimentation a. Connexion des alimentations Le circuit intégré de test est alimenté par une seule paire d’alimentation du boîtier au lieu de trois dans le cas normal. Il en résulte une inductance d’alimentation plus importante. Cette inductance plus forte implique une diminution de la fréquence de résonance du circuit de test. Figure II.92 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les réseaux d’inverseurs ‘3’ et ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4 avec une seule paire de fils d’alimentation numérique connectée. Nous observons effectivement une diminution de cette fréquence de résonance. La diminution de cette fréquence est beaucoup plus importante pour les mesures (160 MHz) que pour les simulations (220 MHz). Les longueurs des fils d’interconnexion entre les inverseurs et leur charge n’ont pas été prises en compte. Or, ces fils très longs impliquent de fortes valeurs inductives. Pour prendre en compte ces fils de connexion dans le modèle de simulation, il faut remplacer les modèles des réseaux d’inverseurs en prenant en compte l’inductance des fils d’interconnexion comme le schéma de la Figure II.93 le montre : Alimentation des inverseurs Alimentation des inverseurs Alimentation des charges Linterco Masse des inverseurs Masse des inverseurs Masse des charges Figure II.93 : Modèles électriques simplifiés des réseaux d’inverseurs prenant en compte le caractère inductif des interconnexions. L’utilisation de ce modèle pour un bloc numérique est particulière à ce circuit de test comme le sont les interconnexions entre les inverseurs et leurs charges. La Figure II.94 donne les résultats de simulations obtenues avec une telle modélisation. Ceux-ci sont en meilleur accord avec les mesures. Figure II.94 : Comparaisons entre mesures et simulations prenant en compte les longueurs des interconnexions sur le plot de mesure extnoise4 avec une seule paire de fils d’alimentation numérique connectée. 163 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes b. Influence du support du boîtier Une carte d’évaluation sur laquelle le circuit de test est directement soudé a été créée (cf. Figure II.58). Cette nouvelle carte permet de s’affranchir des éléments parasites induits par le ‘socket’. L’absence du ‘socket’ se traduit par une diminution de l’inductance globale de l’alimentation et donc par une augmentation de la fréquence de résonance. Les mesures et les simulations, illustrées sur la Figure II.95, confirment cette hypothèse. La fréquence de résonance passe de 330 Mhz à 360 MHz pour les simulations et de 370 MHz à 400 MHz pour la mesure. Figure II.95 : Comparaisons entre mesures et simulations de la tension substrat générée par les réseaux d’inverseurs ‘3’ et ‘4’ sur le plot de mesure extnoise4 sans le ‘socket’ de connexion. 4.1.5 Optimisation du circuit de test Le circuit de test est décliné sous quatre versions différentes. La dernière version implémentée profite de l’expérience acquise au cours de ces trois années de travaux. Il s’agit d’une version optimisée à partir de la méthode de simulation du couplage substrat mise en place. L’objectif était de créer la version la moins bruyante possible sans créer un nouveau circuit, mais en apportant des modifications mineures. Ce travail d’optimisation et les résultats obtenus sont décrits dans cette partie. 4.1.5.1 Diverses configurations possibles Pour modéliser le couplage substrat du circuit de test, seuls les sauts de masse et d’alimentation ont été pris en compte. Le modèle de simulation mis en place précédemment permet de voir l’incidence de divers éléments de l’application sur le bruit substrat. Nous proposons donc de diminuer le plus possible le bruit substrat généré par le circuit de test en faisant varier un certain nombre de paramètres du circuit intégré dans son application. Dans cette étude d’optimisation du circuit de test, nous considérons trois parties de l’application sur lesquelles nous pouvons ‘jouer’ afin de réduire au maximum l’impact des fluctuations d’alimentation et de masse sur les tensions parasites substrat du véhicule de test : Les éléments externes : l’environnement du circuit intégré, Les éléments internes : le circuit intégré lui-même, La propagation dans le substrat du circuit intégré. a. Les éléments externes Nous avons déjà vu l’impact du support boîtier sur le bruit substrat généré par le circuit de test en 4.1.4.4.5. D’autres éléments du circuit imprimé peuvent être changés pour que le circuit soit moins bruyant. Les capacités de découplage d’alimentation du circuit ont une grande influence sur les sauts d’alimentation d’un circuit intégré, donc sur le bruit substrat. Nous montrons par simulation l’influence des capacités de découplage les plus proches du circuit intégré en faisant varier leur valeur entre 10 pF et 10 nF. Les modèles de capacité utilisés ont une résistance et une inductance parasites comme montré en 4.1.3.1.1. La Figure II.96 donne les représentations graphiques des résultats obtenus. 164 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Figure II.96 : Influence de la capacité de découplage du circuit imprimé sur la tension substrat du circuit de test. Ces capacités filtrent les sauts d’alimentation à l’extérieur du circuit mais pas à l’intérieur. Une grande capacité de découplage aux bornes du circuit intégré agit comme une alimentation parfaite (ici à partir de 1 nF), les seules résonances sont à l’intérieur du circuit. Une faible capacité de découplage implique une résonance supplémentaire à l’extérieur du circuit. Pour la capacité de 10 pF, cette résonance est à 310 MHz, très proche de la résonance du circuit seul (330 MHz). Pour la capacité de 100 pF, un pic de résonance à 220 MHz s’ajoute a celui du circuit intégré. Un bon découplage du circuit imprimé permet de s’affranchir de la composante externe au circuit du bruit d’alimentation. Une autre technique permet de diminuer, de filtrer le bruit d’alimentation du circuit imprimé : il s’agit de mettre une résistance série d’amortissement sur les lignes d’alimentation. Cette résistance série diminue le facteur de qualité du réseau RLC de l’alimentation, et diminue donc les oscillations de la ligne d’alimentation du circuit imprimé. Figure II.97 : Influence de la résistance d’alimentation du circuit imprimé sur la tension substrat du circuit de test. 165 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Cette technique est utilisable sur les petits circuits intégrés consommant très peu. Une chute continue du potentiel d’alimentation importante peut nuire au fonctionnement du circuit lui-même. La Figure II.97 donne les résultats de simulations dans lesquels une résistance d’amortissement du circuit imprimé ajoutée varie entre 1 Ω et 10 Ω. b. Les éléments internes Les mêmes techniques de réduction des sauts d’alimentation externes peuvent être utilisées pour les sauts internes du circuit intégré : l’ajout de capacités internes de découplage et de résistances série d’alimentation. Des capacités internes de découplage peuvent être ajoutées dans tous les espaces disponibles du circuit intégré. Ce moyen d’augmenter la capacité de découplage interne d’un circuit numérique est d’ailleurs utilisé de manière classique pour la conception de circuits numériques. Il existe des cellules de la taille des cellules logiques, qui sont des capacités MOS entre l’alimentation et la masse numérique et qui sont ajoutées dans les interstices du circuit numérique après placement des portes logiques. Ces capacités permettent d’augmenter le découplage global du circuit numérique, mais sont aussi des réservoirs locaux de charge à proximité des cellules logiques. D’ailleurs, CMOS RSB (Reduced Supply Bounce) est une famille de circuits logiques utilisant ce type de découplage interne qui supprime jusqu’à 67% du bruit de l’alimentation généré lors de la commutation du numérique [48]. Les circuits de base sont réalisés à partir d’une technologie CMOS, avec l’utilisation de capacités de découplage dans chaque étage logique. Il est très facile dans le schéma de simulation d’ajouter des capacités embarquées de découplage et des résistances séries d’amortissement de l’alimentation. Dans le cas du circuit de test, nous ajoutons une capacité de découplage par paire d’alimentation numérique. Leur valeur varie entre 20 pF et 300 pF. Il en est de même pour les résistances embarquées d’amortissement dont la valeur varie entre 1 et 10 Ω. Les résultats de ces simulations sont donnés sur les Figure II.98 et Figure II.99. Figure II.98 : Influence de la capacité de découplage embarquée sur la tension substrat du circuit de test. 166 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures L’augmentation de la capacité interne du circuit diminue la fréquence de résonance du circuit intégré, mais augmente le facteur de qualité du réseau RLC oscillant constitué. Les résultats des simulations confirment cette approche théorique. Il est donc préférable d’avoir une grande capacité interne de découplage, pouvant jouer le rôle de ‘réservoir’ de charge permettant de répondre aux besoins en courant dynamique des portes logiques du circuit numérique. Figure II.99 : Influence de la résistance d’alimentation embarquée sur la tension substrat du circuit de test. La résistance d’alimentation embarquée induit les mêmes effets que la résistance d’alimentation sur le circuit imprimé : le facteur de qualité diminue avec la valeur de cette résistance, les oscillations sont donc amorties plus efficacement. c. La propagation dans le substrat Nous avons vu en 3.2.3 qu’il est possible de limiter l’impact du bruit substrat sur un circuit mixte en modifiant la propagation des tensions parasites dans le substrat. Dans le circuit existant, un anneau d’isolation P entoure la logique de commande des inverseurs. Cet anneau est placé pour limiter l’impact du circuit de commande sur la tension substrat mesurée. D’autres structures d’isolation peuvent être placées dans le circuit. Nous évaluons ici différentes possibilités de limitation de la propagation substrat. Le premier cas est le plus simple : aucun dispositif d’isolation n’existe. Le second dispositif est un anneau P autour de la partie logique bruyante (le cas de référence, celui du circuit implémenté). Cet anneau de garde P peut être polarisé par la masse numérique, afin de récupérer un fil de bonding supplémentaire pour la masse numérique du circuit de test : il s’agit du troisième cas d’étude. Des caissons N peuvent isoler la partie bruyante numérique ou le plot de mesure de la partie analogique sensible (technique ‘triple-well’). Les résultats des simulations sont exposés sur la Figure II.100: Figure II.100 : Influence de différents dispositifs d’isolation substrat sur la tension substrat du circuit de test. Le caisson d’isolation N autour de la partie analogique sensible est la meilleure technique d’isolation substrat en basse fréquence. La surface du caisson N doit être la plus petite possible afin d’avoir une capacité de 167 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes jonction inverse de la diode PN formée, la plus faible possible. Une faible capacité peut filtrer des fréquences plus hautes. Dans le cas de ce circuit de test, il s’avère que l’anneau de garde P ajouté autour de la commande logique est presque inutile. L’atténuation de la tension substrat est quasiment identique à celle obtenue sans dispositif de protection substrat. Pour être efficace, un anneau de garde P doit être polarisé le plus proprement possible. Dans le cas de ce circuit de test, la ligne de connexion de cet anneau d’isolation ne permet pas d’évacuer efficacement les perturbations substrat. De plus, l’anneau isole la partie de commande, liée par l’alimentation aux inverseurs. Les sauts d’alimentation induits par l’activité de la commande sont donc propagés dans le substrat par les réseaux d’inverseurs. 4.1.5.2 Version optimisée du circuit d’évaluation 4.1.5.2.1 Résumé et choix techniques d’optimisation Les résultats des simulations menées sont résumés dans le Tableau II.9. Pour chaque cas simulé, cinq valeurs caractéristiques sont données : La valeur efficace de la tension de perturbation substrat (RMS), L’atténuation de cette valeur efficace par rapport au circuit normal, La raie spectrale la plus importante de la perturbation substrat, La puissance de cette raie en dBm, L’atténuation de la raie principale en dB. Paramètres du circuit de test évalués Tension efficace (RMS) en mV Circuit de référence Cpcb = 10 pF Cpcb = 100 pF Cpcb = 1 nF Cpcb = 10 nF Rpcb = 1 Ω Rpcb = 2 Ω Rpcb = 5 Ω Rpcb = 10 Ω Csi = 3 x 20 pF Csi = 3 x 50 pF Csi = 3 x 100 pF Csi = 3 x 300 pF Rsi = 1 Ω Rsi = 2 Ω Rsi = 5 Ω Rsi = 10 Ω Sans anneau P Anneau P à la masse Niso digital Niso analogique 2,55 mV 2,45 mV 2,00 mV 2,70 mV 2,71 mV 2,41 mV 2,26 mV 1,67 mV 1,34 mV 1,94 mV 1,35 mV 0,94 mV 0,45 mV 2,22 mV 1,79 mV 1,14 mV 0,68 mV 2,33 mV 2,52 mV 2,24 mV 1,04 mV Atténuation de la tension efficace en dB O dB 0,34 dB 2,11 dB -0,5 dB -0,5 dB 0,5 dB 1,0 dB 3,7 dB 5,6 dB 2,4 dB 5,5 dB 8,7 dB 15 dB 1,2 dB 3,1 dB 7 dB 11,5 dB 0,8 dB 0,1 dB 1,1 dB 7,8 dB Fréquence principale de la perturbation 320 MHz 320 MHz 520 MHz 400 MHz 400 MHz 320 MHz 320 MHz 360 MHz 560 MHz 280 MHz 200 MHz 160 MHz 240 MHz 320 MHz 360 MHz 440 MHz 440 MHz 360 MHz 320 MHz 360 MHz 400 MHz Puissance de la fréquence principale -39,6 dBm -39,9 dBm -42.5 dBm -39,1 dBm -39,0 dBm -40,2 dBm -41,3 dBm -46,0 dBm -46,7 dBm -40,5 dBm -43,5 dBm -47,2 dBm -56,1 dBm -39,7 dBm -42,8 dBm -47,4 dBm -51,8 dBm -39,8 dBm -37,7 dBm -40,1 dBm -51,3 dBm Atténuation de la fréquence principale 0 dB 0,3 dB 2,9 dB -0,5 dB -0,6 dB 0,6 dB 1,7 dB 6,4 dB 7,1 dB 0,9 dB 3,9 dB 7,6 dB 15,5 dB 0,1 dB 3,2 dB 7,8 dB 12,2 dB 0,2 dB -1,9 dB 0,5 dB 10,7 dB Tableau II.9 : Tableau récapitulatif de l’influence de divers paramètres sur la tension substrat du circuit de test. A partir de ces valeurs, nous déterminons quels moyens utiliser pour générer la version faible bruit optimisée du circuit de test. Les techniques les plus faciles à mettre en œuvre sont choisies : L’ajout de capacités de découplage embarquées, L’ajout de résistances d’amortissement sur les lignes d’alimentation dans le circuit intégré, L’isolation dans un caisson N de la partie victime des perturbations substrat. En ajoutant les différentes atténuations attendues à partir du Tableau II.9 pour chaque technique utilisée, une atténuation globale de 25 à 37 dB peut être évaluée pour la fréquence la plus perturbante. L’étape suivante consiste à simuler le schéma électrique équivalent de cette version faible bruit du circuit de test. Pour évaluer les performances du circuit faible bruit, nous ajoutons une capacité embarquée de 3 x 300 pF et une résistance d’alimentation sur silicium variant entre 2 et 10 Ω. Les résultats des simulations sont donnés pour deux plots de 168 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures mesure différents : un plot de mesure dans le même substrat que les réseaux d’inverseurs et un autre plot isolé dans un caisson d’isolation N (‘triple well’). Figure II.101 : Tension substrat simulée sur le plot dans le substrat du circuit de test optimisé. Figure II.102 : Tension substrat simulée sur le plot isolé dans du Niso du circuit de test optimisé. 4.1.5.2.2 Implémentation de la version optimisée Les différentes structures ajoutées au circuit de test optimisé sont ici présentées. Ces structures ont été choisies afin de réduire au maximum le couplage par le substrat tout en minimisant les modifications physiques du circuit intégré de base. a. Capacités de découplage embarquées Des capacités de découplages embarquées ont été réalisées de différentes manières. En premier lieu, de petites capacités, de la taille des cellules logiques de la technologie ont été créées et remplissent les nombreux vides dans chaque bloc numérique du circuit. Ces petites capacités ajoutées ont une valeur totale de 90 pF. De plus, un module capacitif a été développé. Ce module est une superposition de deux types de capacités : des capacités MOS et des capacités entre niveaux métalliques dites ‘MIM’. La superposition de ces deux structures permet d’obtenir une capacité surfacique du dispositif importante, de l’ordre de 4 fF/µm². Outre le fait qu’elles sont dotées d’un fort pouvoir capacitif, ces structures ont un bon comportement en fréquence. En effet, les capacités MOS ont un faible facteur de qualité en haute fréquence, alors que les capacités métalliques ont un fort coefficient de qualité en haute fréquence. La superposition de ces deux types de capacité permet de couvrir une large gamme de fréquences avec un facteur de qualité optimal. La taille de la capacité créée est de 175 µm x 115 µm et une valeur de 80 pF. Huit capacités ont été ajoutées au circuit de test. La capacité totale de découplage ajoutée est donc de 730 pF. Des capacités de valeur supérieure auraient pu être ajoutées : le circuit de test présente en effet beaucoup de place disponible. Cependant, afin de rester le plus proche possible des cas réels de circuits mixtes, la superficie totale des structures ajoutées a été limitée. La Figure II.103 donne des illustrations des différentes capacités élaborées : 169 12 µm 115 µm Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 175 µm Figure II.103 : Layouts des capacités embarquées générées et implémentées dans le circuit de test faible bruit. b. Résistances d’alimentation Une résistance configurable en polysilicium a été ajoutée sur chaque ligne d’alimentation des blocs digitaux. Cette résistance est composée de trois résistances en parallèle : une de 20 Ω, une deuxième de 10 Ω et une troisième de 5 Ω. Ces résistances sont reliées par une branche de métal supérieur possédant des points de ruptures. Ces points de rupture lorsqu’ils sont coupés à l’aide d’un faisceau laser, permettent de déconnecter une ou deux résistances du réseau de résistances d’amortissement d’alimentation. Six configurations de résistance d’alimentation sont donc possibles : 20, 10, 6.7, 5, 3.3 et 2.8 Ω. La Figure II.104 donne une illustration 90 µm du réseau de résistances d’alimentation configurable. 20 Ω 10 Ω 5Ω 130 µm Figure II.104 : Layout du réseau de résistances d’amortissement de l’alimentation configurable. Les opérations de configuration avec un faisceau laser ont été effectuées dans le laboratoire HEG de STMicroelectronics. L’appareillage est constitué d’un microscope binoculaire couplé à un faisceau laser dont la puissance et la trajectoire sont modulables. Il faut dans un premier temps dissoudre le dessus du boîtier afin de mettre à jour le circuit intégré. Les connexions sont ensuite ‘détruites’ sous le faisceau laser. c. Caisson d’isolation N : technique triple-well Sur les quatre plots de mesure de tension substrat disponibles, nous avons caissonné un seul d’entre eux. Le caisson d’isolation N de ce plot est polarisé par la tension d’alimentation de l’oscillateur contrôlé en tension à proximité. Le plot isolé est le plot de mesure nommé ‘extnoise4’. Un seul plot de mesure étant isolé, il est possible de déterminer l’efficacité de ce moyen d’isolation substrat en comparant les mesures des autres plots. d. Implémentation du circuit Le circuit optimisé se présente sous l’aspect donné par l’illustration de la Figure II.105. 170 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures Plot de mesure substrat isolé dans un caisson N Plot de mesure substrat non isolé Capacité embarquée de découplage Résistance d’amortissement d’alimentation Figure II.105 : Layout du circuit de test optimisé pour le couplage substrat. 4.1.5.2.3 Mesures du bruit substrat de la version optimisée Le dernier circuit optimisé est sorti de fabrication en avril 2005. Quelques mesures comparatives avec les simulations du modèle faible bruit mis en place permettent de juger de l’efficacité de l’optimisation du circuit intégré de test. La résistance Rsi est une résistance d’amortissement configurable en polysilicium, placée sur les lignes d’alimentation numériques du circuit de test. a. Plot de mesure non-caissoné Figure II.106 : Tension substrat mesurée sur le plot dans le substrat du circuit de test optimisé. 171 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes b. Plot de mesure caissonné Figure II.107 : Tension substrat mesurée sur le plot isolé dans du Niso du circuit de test optimisé. Les résultats de mesure montrent une atténuation importante du bruit substrat dans la nouvelle version du circuit de test, en bonne corrélation avec les simulations effectuées. Dans le cas du plot isolé dans un caisson N, nous avons une atténuation de la fréquence perturbante principale de plus de 25 dB. 4.1.6 Conclusions La réalisation et l’étude de plusieurs versions d’un circuit de test ont permis de mettre en évidence un certain nombre de points clés pour la modélisation du couplage par le substrat dans les circuits mixtes. Tous les éléments du circuit intégré ont leur importance : Le circuit imprimé, Les divers composants de l’alimentation du circuit, Le boîtier du circuit intégré, Le circuit intégré lui-même, L’activité et les courants absorbés par le circuit intégré, La propagation dans le substrat. Malgré les nombreux défauts des structures de test implémentées, les modèles, générés à partir d’outils classiques de conception microélectronique, permettent de simuler assez fidèlement les tensions substrat parasites engendrées dans de nombreuses configurations. Cette étude a permis de mettre en place une méthodologie de modélisation pour chaque module du modèle ‘ICEM-étendu’, et donc de tirer partie de tous les outils de conception à disposition. Cette méthodologie mise en place a permis de créer un circuit beaucoup moins bruyant et donc de valider l’approche ‘ICEM-étendu’ pour le couplage par le substrat. L’expérience acquise à partir de ce circuit de test ainsi que les nombreux défauts mis à jour par cette étude, permettront de réaliser des structures de test beaucoup plus performantes et plus proches des circuits mixtes réels. Une modélisation plus fine, de chaque partie d’une application mixte, permettra d’obtenir des résultats de plus en plus proches de la réalité. L’application de cette méthode sur un circuit mixte réel est en cours de réalisation. Les premières modélisations montrent qu’il est tout à fait possible, avec les moyens actuels, de mettre en place un modèle ‘ICEM-étendu’ pour un circuit mixte comportant quelques millions de transistors. 172 Partie II : couplage substrat, méthodes, simulations et mesures 5 Bibliographie [1] M. Badaroglu, G. Van der Plas, P. Wambacq, L. Balasubramanian, K. Tiri, I. Verbauwhede, S. Donnay, G. G. E. Gielen and H. J. 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[25] M. van Heijningen, M. Baradoglu, S. Donnay, G. G. E. Gielen, and H. J. De Man, "Substrate Noise Generation in Complex Digital Systems: Efficient Modeling and Simulation Methodology and Experimental Verification," IEEE Journal of Solid-State Circuits, vol. 37 no 8, pp. 1065-1072, 2002. [26] M. Xu, "Substrate Noise in Mixed-Signal Integrated Circuits," Stanford CA, Center for Integrated Systems Stanford University, 2001. http://www.imse.cnm.es/esd-msd/WORKSHOPS/IMEC2001/PRESENTATIONS/3d_min_xu.pdf (consulté le 16/12/2005) [27] T. Blalack and B. A. Wooley, "The Effects of Switching Noise on an Oversampling A/D Converter," presented at IEEE Integrated Solid-State Circuits Conference, San Francisco; CA, February1995, p.200-201 [28] A. Samavedam, A. Sadate, K. Mayaram and T.S. Fiez, "A Scalable Substrate Noise Coupling Model for Design of Mixed Signal IC’s," IEEE Journal of Solid-State Circuits, vol. 35, pp. 895-904, 2000. [29] C. Soens, C. Crunelle, P. 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Vandersteen and M. van Heijningen, "Measuring Mixed-Signal Substrate Coupling," IEEE Transactions on Instrumentation and Measurement, vol. 50 no 4, pp. 959-964, 2001. [38] M. van Heijningen, J. Compiet, P. Wambacq, S. Donnay, M. G. E. Engels and I. Bolsens, "Analysis and Experimental Verification of Digital Substrate Noise Generation for Epi-Type Substrates," IEEE Journal of Solid-State Circuits, vol. 35 no 7, 2000. [39] M. Badaroglu, M. van Heijningen, V. Gravot, J. Compiet, S. Donnay, G. G. E. Gielen and H. J. De Man, "Methodology and Experimental Verification for Substrate Noise Reduction in CMOS Mixed-Signal ICs With Synchronous Digital Circuits," IEEE Journal of Solid-State Circuits, vol. 37 no 11, pp. 1383-1395, 2002. [40] M. Badaroglu, M. van Heijningen, S. Donnay, Y. Zinzius and Georges Gielen, "BANDIT Embedding analog-to-digital converters on digital telecom ASICs," Deliverable ICD-D1.4.2, IMEC, KUL, Ericsson. 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Aucune méthode de conception prenant en compte ces phénomènes de manière précise n’existait au sein de la division HEG de STMicroelectronics. Seules l’expérience et la réflexion des concepteurs permettaient de faire des choix, souvent critiques pour le bon fonctionnement du circuit intégré. Ces choix impliquent de nombreux éléments d’un circuit intégré : la technologie, le circuit imprimé de l’application, le boîtier, l’architecture du circuit intégré et son implémentation physique. Un large spectre de compétences et connaissances est donc nécessaire à la prise en compte du bruit d’alimentation et du couplage par le substrat dans les circuits mixtes. Nous avons, dans une première partie, décrit les phénomènes et mécanismes mis en jeu dans le bruit d’alimentation et dans le bruit substrat en les décomposant en trois parties principales : La génération des courants et tensions parasites, La propagation de ces courants et tensions parasites, La réception de ces courants et tensions parasites. La bonne compréhension de ces différents phénomènes amène à l’élaboration de méthodes de modélisation de ceux-ci. Ces modèles tirent partie des outils de conception microélectronique à disposition des concepteurs de STMicroelectronics et peuvent être mis en place dès les premières étapes de conception et s’affinent au fur et à mesure de l’avancement du projet. De petites études comparatives donnent un aperçu des possibilités offertes par chaque outil de conception assisté par ordinateur disponible. Les diverses réflexions inspirées par la compréhension des phénomènes mis en jeu dans le bruit d’alimentation et le couplage par le substrat ont abouti à l’utilisation et l’extension d’un modèle en cours de standardisation dans le domaine de la compatibilité électromagnétique des circuits intégrés : le modèle ICEM (Integrated Circuit Emission Model) et ICEM-étendu. La modélisation ICEM complète d’un circuit mixte permet de prévoir le comportement du futur circuit intégré et ainsi d’orienter les choix de conception. La mise en application des principes décrits dans la première partie est l’objet de la seconde partie de ce travail de thèse. Des applications informatiques ont été créées afin de simplifier certains aspects de la modélisation du bruit d’alimentation d’un circuit numérique et de la propagation des tensions parasites dans le substrat. Des méthodes permettant de modéliser le bruit d’alimentation ou le couplage par le substrat dans un circuit mixte sont détaillées et s’appuient sur un certain nombre de cas concrets. Ces méthodologies sont applicables à n’importe quel circuit mixte en cours d’élaboration. Un certain nombre de ‘passerelles’ restent cependant à être élaborées afin de simplifier la mise en place des différents modèles de simulation du bruit d’alimentation et du couplage par le substrat. Ces différents liens entre les outils informatiques permettront de rendre l’étape de modélisation du bruit d’alimentation et du couplage par le substrat d’un circuit intégré rapide et utilisable par quiconque. Afin de valider les différentes méthodes et modélisations du couplage par le substrat, un circuit de test a été créé. Ce circuit de test est décrit ainsi que les différentes modélisations dont il a fait l’objet : Le circuit imprimé, Le ‘socket’, Le boîtier du circuit intégré, Le circuit intégré : la distribution de son alimentation et son activité interne. De nombreuses comparaisons entre mesures et simulations valident les différents modèles élaborés et l’approche ICEM-étendu pour modéliser le couplage par le substrat dans les circuits mixtes. La méthode mise en place a permis une optimisation du circuit de test : une version générant très peu de bruit substrat a été réalisée et des mesures ont permis de mettre en évidence la perspicacité des moyens d’atténuation du couplage substrat implémentés dans cette version faible bruit. L’étude poussée de ce circuit d’évaluation a 177 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes permis de mettre en relief les mécanismes principaux du couplage par le substrat dans les circuits mixtes mais aussi les nombreux défauts dont souffre le circuit d’évaluation. L’application de la méthodologie ICEM-étendue à un circuit mixte réel, de plusieurs millions de transistors et la mise en place d’un protocole de mesure de la tension substrat beaucoup plus subtil, permettront d’affiner les modèles électriques et la méthodologie globale ICEM-étendu pour l’appliquer aux circuits mixtes futurs. Une étude sur un cas réel, un circuit mixte de 30 mm² en technologie 0,13 µm, démarrée il y a peu, met en évidence un certain nombre de points critiques, sur lesquels des études poussées devront être menées : La modélisation du circuit imprimé et surtout de ses lignes d’alimentation n’est pas encore systématique. La mise en place rapide d’un modèle du boîtier du circuit intégré est nécessaire. La demande croissante de ce type de modélisation est désormais prise en compte, et des moyens simples devraient être à disposition des concepteurs dans peu de temps. Des modèles prédéfinis de tout ou partie des différents boîtiers existant chez STMicroelectronics sont en effet en cours d’élaboration. La modélisation du courant interne d’activité d’un circuit numérique est difficile à obtenir en l’état actuel. Les différents outils utilisés demandent plusieurs jours et de nombreuses heures de travail pour fournir des résultats à la précision plus que contestable. La grille d’alimentation numérique est-elle négligeable ? Les éléments parasites induits par le boîtier d’un circuit intégré ont tendance à être diminués (technologie Flip-Chip), l’influence de la grille d’alimentation numérique ne devient donc plus négligeable et complique encore la modélisation ICEM d’un circuit mixte. L’extraction du réseau RC du substrat n’est pas chose aisée sur un circuit de grande taille si toutes les géométries et contacts substrat sont pris en compte. Les méthodes de simplification mises en place donnent cependant des résultats encourageants, puisque l’extraction du substrat du circuit mixte réel étudié est rapide et surtout possible avec les outils informatiques actuels. La prise en compte des sources locales de perturbations (couplage capacitif, ionisation par impact …) ne peut pas être effectuée pour la totalité d’un circuit mixte. Il faut ‘filtrer’ ces sources locales en ne modélisant que les plus significatives. Ce travail de thèse permet, je l’espère, en plus d’explorer un certain nombre de pistes et de soulever de nombreuses interrogations, d’éclaircir les mécanismes et phénomènes impliqués dans la dénomination obscure de ‘bruit substrat’ et de résourdre, au moins partiellement les problèmes rencontrés pour une optimisation du fonctionnement des circuits mixtes. Mais il reste beaucoup à faire, de nombreuses pistes ont été explorées, de nombreuses interrogations ont été soulevées qui demanderont des recherches et développements à venir. 178 ANNEXES BIBLIOGRAPHIE PERSONNELLE : .........................................................................................................................181 GLOSSAIRE :..................................................................................................................................................183 CALCUL DE LA REPONSE D’UN SYSTEME OSCILLANT RLC A UN COURANT D’EXCITATION .........................................187 ELEMENTS PARASITES INDUITS PAR UNE GRILLE D’ALIMENTATION DE CIRCUIT NUMERIQUE .....................................189 1. Méthode d’extraction......................................................................................................................189 2. Résistance, inductance propre et mutuelle d’une grille d’alimentation..........................................189 3. Capacité d’un grille d’alimentation .................................................................................................193 EXTRACTION DES RESISTANCES ET CAPACITES SUBSTRAT ...................................................................................195 PAR L’UTILISATION DE FONCTIONS DE GREEN ......................................................................................................195 SIMPLIFICATIONS ET MISE EN PLACE....................................................................................................................201 DES MODELES SUBSTRAT ...................................................................................................................................201 1. Simplification substrat d’un bloc numérique ..................................................................................201 2. Méthodes de modélisation de structures dans le substrat ............................................................205 EXEMPLE DE MODELISATION D’UN BOITIER TQFP100 ..........................................................................................209 A PARTIR DES GRATUICIELS FASTHENRY ET FASTCAP ..........................................................................................209 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 180 Annexes Bibliographie Personnelle : Valorge O., Andrei C., Calmon F., Garreau J.-F., Dautriche P. Reducing Ground and Substrate Noise Generation in Mixed-Signal Designs. 5th International Workshop on Electromagnetic Compatibility of Integrated Circuits, novembre 2005, Munich, Germany. Andrei C., Valorge O., Calmon F., Verdier J., Gontrand C. Substrate Noise impact on a 4.5 GHz VCO for different inductor shield structures. Analog VLSI workshop, Octobre 2005, Bordeaux. Valorge O., Andrei C., Vrignon B. et al. 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Journées Nationales du Réseau Doctoral de Microélectronique, 2004, Marseille, p266268. 181 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 182 Annexes GLOSSAIRE : BGA : Ball Grid Array. Type de boîtier pour circuit intégré. Des boules, placées sous le boîtier, assurent le contact avec le circuit imprimé de l’application. Bonding : Fil reliant le circuit en silicium au boîtier. Ces fils, fabriquée le plus souvent avec de l’or, sont soudés d’un côté au plot d’entrée/sortie du circuit intégré et de l’autre côté aux pistes métalliques (‘lead’) du boîtier. Ces fils, très inductifs, sont une source importante de fluctuation de tension lors de fortes variations de la consommation en courant du circuit intégré. Buffer : Cellule amplificatrice permettant à un signal d’attaquer une charge. CEM : Compatibilité Electromagnétique (EMC en anglais). C’est l’aptitude d’un dispositif, d’un appareil ou d’un système à fonctionner dans son environnement électromagnétique de façon satisfaisante et sans produire luimême des perturbations électromagnétiques intolérables pour tout ce qui se trouve dans cet environnement. La CEM s’occupe depuis peu du domaine des circuits intégrés, notamment au niveau des méthodes de mesures et des techniques visant à améliorer la compatibilité des circuits avec leur environnement, en terme d’émissions parasites et de bruit toléré. CMOS : Complementary Metal Oxide Semiconductor. C’est le nom de la technologie utilisant des transistors MOS de canal N et de canal P. Design : Etape dans la conception des circuits intégrés correspondant à la phase de développement et de simulation des schéma électriques. La phase de design est suivie du ‘layout’. Par extension, le design représente également la vue au niveau schéma électrique des circuits intégrés. DIP : Dual Inline Package. Type de boîter pour circuit intégré constitué de 2 lignes parallèles de broches métalliques de connexion. E/S ou I/O ou IO : Entrées / Sorties (‘Inputs / Outputs’). Cellules dans les circuits intégrés qui permettent de faire l’interface entre la carte électronique et le coeur du circuit intégré. Lorsque le signal peut seulement entrer dans le circuit, on parle uniquement d’entrée ; s’il ne peut que sortir du circuit, on parle de sortie ; enfin s’il peut au choix entrer ou sortir du circuit intégré, on parle d’entrée / sortie et de signal bidirectionnel. Les cellules d’E/S gèrent un grand nombre de protocoles de communication de données (USB1, USB2, LVDS, SATA, UDMA, PCI.). GND : Noeud, également appelé VSS, correspondant à la masse de l’alimentation. Sa valeur est de 0V. IBIS : Input/Output Buffer Information Specification. ICEM : Integrated Circuit Emission Model Layout : Etape dans la conception des circuits intégrés correspondant à la phase de dessin physique des circuits intégrés. Par extension, le layout représente la vue au niveau dessin des circuits intégrés. LBGA : Low profile Ball Grid Array. Type de boîtier BGA. 183 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes LCBGA : Low Cost Ball Grid Array. Type de boîtier BGA. Lead : Piste métallique à l’intérieur des boîtiers qui permettent de relier le ‘bonding’ au circuit imprimé. LQFP : Low profile Quad Flat Pack. Type de boîtier QFP Package : il s’agit du boîtier dans lequel le circuit microélectronique est placé afin d’être protéger mais aussi de communiquer avec le monde extérieur. Il existe différents types de boîtier, selon l’application et les conditions dans lesquelles doit fonctionner le circuit intégré. PBGA : Plastic Ball Grid Array. Type de Boîtier BGA. PCB : Printed Circuit Board. Abréviation pour désigner les cartes électroniques, également appelé circuit imprimé. PGA : Pin Grid Array. Type de boîtier pour circuit intégré. Des broches, placées sous le boîtier, assurent le contact avec le circuit imprimé de l’application. PLCC : Plastic Leaded Chip Carrier. Type de boîtier pour circuit integré. Ce boîtier est carré avec des broches métalliques sur ses 4 cotés. PQFP : Plastic Quad Flat Pack. Type de boîtier QFP. QFP : Quad Flat Pack. Type de boîtier pour circuit intégré. Ce boîtier est carré avec des broches métalliques sur ses 4 cotés. SOP : Small Outline Package. Type de boîtier pour circuit intégré. SPICE : Simulated Program with Integrated Circuit Emphasis. Simulateur pour les circuits électroniques. TQFP : Thin Quad Flat Pack. Type de boîtier QFP. VDD : Tension positive de l’alimentation. Sa valeur typique varie selon la technologie considérée. La tension des blocs digitaux est de 1.8V en technologie 0.18µm, 1.2V en 0.12µm et 1.0V en 90nm. Pour les blocs analogiques, les tensions varient de 1.8V à 5V selon les technologies et les applications. VHDL, VHDL-AMS : Very high-speed integrated circuit Hardware Description Language (Analog and Mixed Signal). Langage de description de systèmes logiques. Le VHDL-AMS permet en plus de modéliser des systèmes mixtes. VQFP : Very thin Quad Flat Pack. Type de boîtier QFP. VSS : Noeud, également appelé GND (‘ground’), correspondant à la masse de l’alimentation. Sa valeur nominale est de 0V. 184 Annexes XBGA : Xicor Ball Grid Array. Type de boîtier BGA 185 Annexes Annexe A.1 : Calcul de la réponse d’un système oscillant RLC à un courant d’excitation L’objet de cette annexe est de présenter les équations utilisées pour connaître la réponse d’un système oscillant RLC à un courant d’excitation. Le schéma électrique considéré est le suivant : R L iL iC E C I(t) Pour calculer la tension Vc aux bornes de la capacité C, nous utilisons deux méthodes distinctes : Une méthode temporelle directe, Une méthode utilisant la transformée de Laplace. 1. Résolution directe La tension Vc aux bornes de la capacité peut être calculée de deux manières différentes : VC = - 1 C ∫ i (t) . dt ou c Vc = E - R.iL(t) - L . d iL(t) dt (1) De plus, en utilisant la loi des mailles, il vient : I(t) = iC(t) + iL(t) (2) A partir de ces trois équations, l’équation différentielle générale permettant de connaître la réponse du système RLC au courant I(t) est donnée par : L.C. d² iL(t) d i (t) + R.C. L + iL(t) = I(t) dt² dt (3) Le courant d’excitation périodique est décomposé en une suite de portions de droites. L’équation du courant I(t) peut être donnée par : I(t) = a.t + b (4) L’équation différentielle à résoudre devient donc : L.C. d² iL(t) d i (t) + R.C. L + iL(t) = a.t + b (5) dt² dt Une solution particulière à (5) est donnée par : iL(t ) = α.t + β α = a et β = R.C.a + b (6) Pour trouver facilement la solution sans second membre de (5), nous introduisons ω0 la pulsation propre du circuit et le facteur de qualité Q : 187 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 1 L.C ω0 = et Q= L. ω0 R Il faut donc résoudre l’équation sans second membre de (5) donnée par : d² iL(t ) ω0 d iL(t) + . + ω02 . iL(t) = 0 (7) dt² Q dt Il existe trois solutions distinctes de (7), dépendantes de la valeur de Q : Si Q > 0,5, le régime est pseudopériodique : -ω0 .t iL(t ) = A . e 2.Q . cos (ω' .t + φ ) avec ω' = ω0 . 1 - 1 4Q² (7a) Si Q=0,5, le régime est apériodique critique : iL(t ) = ( A1 . t + A 2 ) . e-ω0 . t (7b) Si Q<0,5, le régime est apériodique : iL(t) = A1 . eX1 .t + A 2 . eX 2 .t avec X1,2 = -ω0 ± ω0 . 2Q 1 −1 4Q² (7c) La solution générale de (5) est la somme de la solution particulière (6) et de la solution sans second membre (7a-b-c). Les constantes Ax sont déterminées à partir des conditions initiales de tension aux bornes de la capacité et du courant dans l’inductance. Pour la première portion de droite de courant, le courant est considéré nul ainsi que la tension de la capacité. Pour les portions suivantes, les conditions initiales sont les conditions finales des précédentes pulsations. En résolvant pas à pas pour chaque segment de courant, il est possible d’obtenir la réponse total du système RLC à une excitation quelconque de courant. Les autres courants et tensions sont déduits du courant iL(t) : VC(t) = E - R . iL(t) - L diL(t) dt et iC(t) = I(t) - iL(t) 2. Résolution par transformée de Laplace En transformant les différentes fonctions à l’aide de la transformée de Laplace, nous obtenons l’équation suivante à résoudre : L.C.p².iL(p) + R.C.p.iL(p) + iL(p) = I(p) (8) Il vient directement : iL(p) = I(p) . 1 L.C.p² + R.C.p + 1 (9) Pour obtenir I(p), nous posons de plus p = j.2.π.f. Une transformée de Fourier rapide de I(t) est effectuée. IL(p) est alors aisément obtenu et iL(t) par transformée de Fourier inverse rapide. 188 Annexes Annexe A.2 : Eléments parasites induits par une grille d’alimentation de circuit numérique L’objet de cette annexe est de donner un ordre de grandeur aux éléments parasites (capacité, résistance et inductance) induits par une grille d’alimentation de circuit numérique, dont les caractéristiques géométriques sont données dans le paragraphe 2.1.2.2.3.d de la première partie de ce document. 1. Méthode d’extraction L’extraction des éléments parasites induits par une grille d’alimentation de circuit numérique a été faite ici avec les outils d’extraction d’inductances, résistances et capacités maintenant bien connus que sont fasthenry et fastcap [1]. A partir de géométries en trois dimensions, ces gratuiciels nous donnent les valeurs d’inductance, résistance et capacité de ces géométries les unes par rapport aux autres. Il a donc fallu dans un premier temps générer les fichiers d’entrée pour fasthenry et fastcap. Ces fichiers doivent être une vue physique des différentes grilles d’alimentation que l’on veut tester. Des routines matlab [2] ont été écrites afin de générer ces fichiers de manière automatique. Dans ces routines, les paramètres de la technologie et des grilles d’alimentation sont utilisés afin de générer une grille correcte d’alimentation. Les grilles de masse et d’alimentation sont créées de manière simultanée. Résumons le fonctionnement de ces routines : un motif de base de la grille d’alimentation est créé et répété dans l’espace selon x et y afin d’obtenir la grille d’alimentation désirée. La figure 1 suivant illustre cette démarche : Figure 1. Motif de Base d’une grille d’alimentation et grille d’alimentation constituée de 5x5 motifs Nous pouvons donc obtenir une grille d’alimentation de la taille souhaitée. Une grille suffisamment grande doit être créée afin de permettre l’extrapolation des résultats obtenus à une grille réelle d’un circuit digital. Cependant, une grille trop grande demande trop de mémoire et un temps d’extraction rédhibitoire, il s’agit donc de faire le bon choix de la taille de la grille à extraire. A titre d’exemple, un grille de 500 x 500 µm², comportant environ 20000 éléments, nécessite 700 Mo de mémoire et 10 minutes de temps de calcul afin d’en extraire les inductances, et simplement 200 Mo et à peine une minute pour en extraire la capacité. 2. Résistance, inductance propre et mutuelle d’une grille d’alimentation a) Etude qualitative Les trois valeurs de R, L et M pour la grille d’alimentation sont extraites à l’aide de fasthenry. Deux méthodes d’extraction ont été effectuées afin de mieux comprendre la répartition des inductances et résistances d’une grille d’alimentation. Dans un premier temps, une approche qualitative sur une grille très petite est décrite. Nous considérons une grille d’alimentation de 210 x 210 µm² pour la technologie CMOS 90 nm. Les inductances, résistances et mutuelles inductances entre divers chemins de courant sont évaluées. Nous considérons une alimentation extérieure connectée au milieu du bord gauche de la grille sur le métal supérieur, comme si ce point était connecté à un plot d’alimentation. Les parasites entre ce point et les points en contact avec le 189 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes substrat sont extraits, comme si on se plaçait du point de vue d’une cellule logique, afin d’évaluer l’impédance que voit cette cellule entre elle-même et l’alimentation de la grille tel que le montre le schéma suivant : Point d’alimentation de la grille Points d’alimentation des cellules Figure 2. Schéma d’approche qualitative de l’impédance d’une grille A partir de cette extraction, trois valeurs différentes peuvent être extraites : les résistances de masse et d’alimentation (similaires) entre le point d’alimentation et la cellule logique, l’inductance propre de masse et d’alimentation (similaires) entre le point d’alimentation et la cellule logique, la mutuelle inductance entre la masse et l’alimentation du point d’alimentation à la cellule logique. Afin de voir l’influence de la distance entre le point d’alimentation et le point d’appel de courant (emplacement de la cellule logique active), nous traçons des diagrammes donnant les différentes valeurs de résistances et inductances en fonction de la position des points dans la grille d’alimentation. Ces diagrammes sont donnés sur la figure 3 : Figure 3. Distribution des résistances, inductances propres et mutuelles pour une grille d’alimentation digitale de 210 µm x 210 µm. Premières observations : distribution de résistances Nous observons grâce à ces graphiques que la résistance vue par les cellules logiques augmente avec la distance mais surtout cette résistance est essentiellement due aux ‘vias’ de connexion entre les différents métaux de la grille d’alimentation. En effet, les bordures sont plus ‘résistives’ car un seul ‘via’ les alimente d’un seul côté alors que les cellules au centre de la grille sont alimentées par plusieurs ‘vias’ de part et d’autre. La résistance varie de 0,5 à 0,8 Ω. Les bordures d’une grille d’alimentation sont des endroits critiques en ce qui concerne la résistance d’accès. Secondes observations : distributions des inductances propres et mutuelles Ici, aucune influence des ‘vias’. La distribution des inductances semble uniquement varier en fonction de la distance entre l’alimentation et la cellule. En effet, la propagation des courants dans ce type de grille se fait principalement dans le plan de la puce. Les ‘vias’ étant de composante en z, il paraît naturel que ceux-ci n’aient que très peu d’influence sur le champ électromagnétique global généré par la grille. Il semble judicieux de définir un paramètre inductance par unité de longueur, caractéristique d’une grille d’alimentation pour une technologie donnée. L’inductance propre varie de 0 à 0,2 nH pour une distance maximale de 210 µm. Les 190 Annexes inductances mutuelles entre la masse et l’alimentation suivent la même logique, avec des valeurs légèrement inférieures. Ces inductances mutuelles impliquent un coefficient de couplage des inductances K variant entre 0 et 0,8, selon la distance, soit un couplage très fort entre la masse et l’alimentation. La valeur de l’inductance mutuelle varie de 0 à 0,09 nH. b) Etude quantitative Tous ces résultats sont valables pour des grilles très petites, donc peu courantes dans l’intégration numérique actuelle. Il faut élargir cette étude à des grilles de taille plus grande. Pour cela, il est nécessaire de faire un certain nombre de simplifications. Différents niveaux de simplifications nous permettent d’évaluer, de borner les inductances propres et mutuelles équivalentes entre deux points de la grille d’alimentation. Ces différents niveaux de simplification sont décrits ci-dessous : 1er niveau : les effets du métal inférieur (métal 1) sont négligés. Le nombre de géométries s’en trouve considérablement amoindri. 2ème niveau : A partir du premier niveau de simplification, une seule direction de la grille, verticale ou horizontale, est considérée. La composante de l’autre direction est simplifiée en diminuant progressivement le nombre de rails jusqu’à les considérer comme des courts-circuits de part et d’autre de la grille, comme le montre le schéma 4 suivant : Figure 4. Niveaux de simplification de la grille d’alimentation pour des extractions sur de larges grilles. Selon le niveau de simplifications, la précision des inductances extraites sera plus ou moins grande. Le niveau 1 est le plus précis. Le niveau 2A donne une borne supérieure au niveau1 en terme d’inductance propre et de coefficient de couplage entre la masse et l’alimentation. En effet, les chemins possibles (maillage plus grossier) pour le courant de grille sont moins nombreux que dans le cas du niveau 1, donc le nombre d’inductances en parallèle, donc la valeur de l’inductance équivalente est plus forte. Et ainsi de suite pour les différentes configurations du niveau 2A jusqu’au niveau 2D, ou les extrémités de la grille sont considérées comme des équipotentielles. Ainsi, la valeur extraite de cette configuration est la borne inférieure de l’inductance propre extraite ; tous les chemins horizontaux possibles sont ‘utilisés’, toutes les inductances propres des rails rouges sont mises en parallèle. Le coefficient de couplage K est ici maximisé, la longueur de connexion métallique de masse et d’alimentation en regard est là aussi maximale. Il s’agit de vérifier ces affirmations par diverses extractions, selon diverses configurations de simplifications et de tailles de la grille d’alimentation. Un pas fixe en microns entre les rails verticaux est donné ; la taille de la grille est un autre paramètre. Les inductances propres et mutuelles de différentes grilles sont extraites entre chaque extrémité milieu de celles-ci. Une grille carrée sera toujours considérée afin de simplifier les extractions. Le jeu de courbes suivantes est obtenu : 191 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Figure 5. Extractions des inductances mutuelle et propre d’une grille d’alimentation selon différents modèles de simplification. Nous observons que l’extraction réelle semble bien bornée par les différentes courbes provenant des extractions simplifiées. Ainsi, une évaluation de l’inductance équivalente par unité de longueur peut être donnée. Celle-ci est comprise (après régression linéaire) entre 0,3 et 0,4 nH/mm. La mutuelle inductance est bornée par les mêmes valeurs. Il apparaît donc utile de visualiser le coefficient de couplage inductif K entre la masse et l’alimentation tel que K=M/L : Figure 6. Comparaison du coefficient de couplage K d’une grille d’alimentation selon différents modèles de simplification. Le coefficient de couplage K tend très vite vers des valeurs très proches de 1 lorsque l’on s’éloigne du bord de la grille, et ce, quel que soit la borne observée, supérieure ou inférieure. Une grille de 1 x 1 mm² a un coefficient K de 0,90. Nous pouvons donc conclure sans prendre de risque, que pour une grille de taille supérieure, ce coefficient sera supérieur. c) Comparaison avec les inductances de bonding du boîtier Les inductances de bonding ont une valeur d’inductance par unité de longueur d’à peu près 1 nH/mm. Lors de l’alimentation d’un bloc numérique, les fils de bonding d’alimentation et de masse sont appairés afin de diminuer 192 Annexes l’inductance globale d’alimentation. En effet, selon le schéma électrique simplifié de la figure 7 nous avons : Lequ = L1 + L2 - 2.K. L1.L 2 . L1 Lequ L2 Figure 7. Schéma électrique simplifié d’une paire de fils de bonding d’alimentation. Des valeurs typiques d’inductance pour un package TQFP100 donnent : L1=L2=1nH/mm, K=0,5 donc Lequ = 1 nH/mm Les valeurs obtenues précédemment pour une grille d’alimentation CMOS 90 nm donnent : L1=L2=0,4 nH/mm (borne supérieure), K=0,9 donc Lequ=0,08 nH/mm Les valeurs d’inductance par unité de longueur sont plus de dix fois inférieures dans le cas d’une grille d’alimentation (borne supérieure) que dans le cas de fils de bonding d’un boîtier. Selon le rapport de la taille de la grille sur la taille d’un fil de bonding d’alimentation, l’effet inductif de la grille d’alimentation peut être négligé par rapport à celui du boîtier. Dans ce cas, il est considéré que les fils de bonding et la grille d’alimentation ont une inductance mutuelle très faible entre eux. 3. Capacité d’un grille d’alimentation La méthode d’extraction de la capacité entre les grilles d’alimentation et de masse d’un circuit numérique est beaucoup plus simple. Cette capacité est extraite à partir de la vue en 3 dimensions des grilles d’alimentation et de masse (cf figure 1) grâce au gratuiciel fastCap [1]. Des capacités extraites à partir de grilles de différentes tailles permettent de donner une évaluation de la capacité surfacique de grille d’alimentation d’une certaine technologie microélectronique. Le tableau 1 résume les capacités extraites de différentes grilles d’alimentations d’une technologie CMOS de 90 nm : Taille de la grille extraite Capacité extraite 400 µm x 400 µm 2,6 pF 1000 µm x 1000 µm 18,7 pF 2000 µm x 2000 µm 69 pF Tableau 1. Capacités extraites de grilles d’alimentation de différentes tailles. De ces valeurs extraites, nous déduisons une capacité surfacique de la grille d’alimentation de la technologie CMOS de 90 nm de l’ordre de 18 pF/mm². [1] "fastFieldSolvers.", www.fastfieldsolvers.com [2] MathWorks, "Matlab."; www.mathworks.com 193 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 194 Annexes Annexe A.3 : Extraction des résistances et capacités substrat par l’utilisation de fonctions de Green L’objet de cette annexe est de donner le détail et la démonstration des algorithmes utilisés pour l’extraction des résistances et capacités entre des plots de contact dans un substrat considéré comme une superposition de couches conductrices ou diélectriques. La démonstration est faite pour le cas de l’électrostatique en partant de l’équation générale de Poisson : ∆V = - ρ ε où V est le potentiel en V, ρ la charge en C et ε la permittivité diélectrique du milieu. Le raisonnement est cependant identique pour le cas de l’électrocinétique, où l’équation de Poisson est remplacée par une forme de la loi d’Ohm (les courants de diffusion sont négligés) : r r J= σ .E où J est la densité de courant en A.m-2, E le champ électrique en V.m-1 et σ la conductivité du milieu en S. Un forme différente de la loi d’Ohm est donnée par : ∆φ = - r div(J) σ r dρ div(J) est équivalent à dt où Φ est le potentiel en V, J la densité de courant, σ la conductivité du milieu et ρ la charge volumique. La divergence de J n’est pas nulle car un courant externe est imposé. Ce courant implique une variation temporelle de la charge volumique. Le raisonnement de la résolution électrostatique du problème est donc le même pour la résolution électrocinétique. Cette méthode provient de la thèse de R. Guarpurey [1] et est ici décrite en détails. 1. La fonction électrostatique de Green dans un milieu conducteur Considérons une charge localisée en P (x’, y’, z’) dans la couche supérieure d’une superposition de couches diélectriques comme le montre la figure 1 : Figure 1. Modèle de superposition de couches diélectrique pour un substrat. Le potentiel en q (x,y,z) induit par la charge en P est la solution de l’équation de Poisson donnée par : ∆G ( x,y,z,x' ,y' ,z' ) = - δ ( x-x' ) . δ ( y-y' ) . δ ( z-z' ) εN (1) Considérons G telle que G = X ( x,x' ) . Y ( y,y' ) .Z ( z,z' ) . L’équation (1) devient alors 195 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Y.Z. δ ( x-x' ) . δ ( y-y' ) . δ ( z-z' ) d2X d2Y d2Z + X.Z. + X.Y. = 2 2 2 εN dx dy dz (2) La satisfaction des conditions à la limite de la puce, c'est-à-dire une composante tangentielle du champ électrique nulle en bordure de puce est traduite par : dG = 0 dx x =0 / x = a et dG = 0 dy y =0 / y = b Les dimensions de la puce étant données par a et b, nous posons : ⎛ m. π . x ⎞ ⎛ n. π . y ⎞ X = cos ⎜ ⎟ ; Y = cos ⎜ b ⎟ où m ∈ [0, ∞ ) et n ∈ [0, ∞ ) (m et n entiers) a ⎝ ⎠ ⎝ ⎠ L’équation (2) devient donc : ∞ ∞ ⎛ m.π . x ⎞ ⎛ n. π . y ⎞ cos ⎜ ⎟ . cos ⎜ b ⎟ . a ⎝ ⎠ ⎝ ⎠ m= 0 n= 0 ∑∑ 2 ⎡ d2Z ⎛ ⎛ m. π . x ⎞2 δ ( x-x' ) . δ ( y-y' ) . δ ( z-z' ) ⎛ n. π . y ⎞ ⎞ ⎤⎥ ⎢ 2 - ⎜⎜ + ⎜ b ⎟ ⎟⎟ . Z = ⎜ ⎝ a ⎠⎟ εN ⎢ dz ⎥ ⎝ ⎠ ⎠ ⎦ ⎝ ⎣ (3) Pour simplifier l’expression de cette équation, nous la multiplions par cos(m.π.x/a).cos(n.π.y/b) et intégrons l’ensemble entre 0 et a et O et b. L’équation (3) devient : 2 2 δ ( z-z' ) a.b ⎡ d2Z ⎛ ⎛ m. π . x ⎞ ⎛ n. π . y ⎞ ⎞ ⎤⎥ ⎛ m. π . x' ⎞ ⎛ n. π . y' ⎞ ⎟. Z = . ⎢ 2 - ⎜⎜ + .cos ⎜ . cos ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎟ ⎟ ⎜ εN 4 ⎢ dz a ⎝ b ⎠ ⎠⎟ ⎦⎥ ⎝ ⎠ ⎝ b ⎠ ⎝⎝ a ⎠ ⎣ (4) ⎛ m. π.x ' ⎞ ⎛ n. π.y ' ⎞ Si nous posons Z(z,z' ) = Z' (z,z' ).cos ⎜ ⎟ .cos ⎜ b ⎟ , en substituant dans (4) nous avons : a ⎝ ⎠ ⎝ ⎠ ⎤ δ ( z-z' ) a.b ⎡ d2Z . ⎢ 2 - γ mn2. Z⎥= 4 ⎢⎣ dz εN ⎥⎦ 2 où γ mn = 2 ⎛ m. π . x ⎞ ⎛ n. π . y ⎞ ⎜ a ⎟ + ⎜ b ⎟ ⎝ ⎠ ⎝ ⎠ (5) Lorsque z ≠ z' , δ (z-z' ) = 0 . La solution générale de l’équation différentielle (5) est de la forme : Z' = A.e-γ mn.(d+ z) + B.eγ mn.(d+ z) (6) Nous posons le postulat suivant : le point source et le point d’observation sont situés dans les couches diélectriques supérieures, ce qui se traduit par -d< (z,z' ) ≤ 0 . Nous considérons dans un premier temps la solution de Z’ dans la région telle que z<z’, que nous noterons Z’bas. L’arrière du substrat étant supposé conducteur et à la masse en z=-d nous avons Z’bas =0, ce qui nous permet de déterminer les constantes A et B de (6) telles que A = -B. L’expression de Z dans la couche diélectrique inférieure (ε0) est donc de la forme ( Zbas' = A 0. e-γ mn.(d+ z) - eγ mn.(d+ z) ) Les conditions de continuité du potentiel et du champ électrique aux interfaces des couches diélectriques εk et εk+1 doivent être satisfaites : Zbas ' k = Zbas ' k +1 et ε k. dZbas ' k dZ ' = ε k +1. bas k +1 dz dz L’expression de Z’ dans chaque couche étant donnée par (6), le système d’équations suivant doit être résolu : 196 Annexes ⎧A k.e-γ mn.(d+ dk) + Bk.eγmn.(d+ dk) = A k +1.e-γmn.(d+ dk+ 1) + Bk +1.eγmn.(d+ dk+ 1) ⎪ ⎨ ⎪ε k. -γ mn.A k.e-γ mn.(d+ dk) + γ mn.Bk.eγ mn.(d+ dk) = ε k +1. -γ mn.A k +1.e-γ mn.(d+ dk+ 1) + γ mn.Bk +1.eγmn.(d+ dk+ 1) ⎩ ( ) ( ) Ce système d’équations permet de déterminer une relation entre les paramètres (Ak+1, Bk+1) et (Ak, Bk) avec la condition initiale A0=-B0=1 (valeur arbitraire) : ⎧ ⎪A k = ⎪⎪ ⎨ ⎪ ⎪Bk = ⎩⎪ ⎛ ε ⎞ ⎛ 1 ⎡ ε ⎞⎤ . ⎢Bk −1.e2.θk. ⎜1- k −1 ⎟ + A k −1. ⎜1+ k −1 ⎟⎥ ε ε k ⎠⎦⎥ 2 ⎣⎢ k ⎠ ⎝ ⎝ (7) ⎛ ⎛ ε ⎞⎤ 1 ⎡ ε ⎞ . ⎢Bk −1. ⎜1+ k −1 ⎟ + A k −1.e−2.θk. ⎜1- k −1 ⎟⎥ 2 ⎢⎣ εk ⎠ ⎝ ⎝ ε k ⎠⎥⎦ où θ k = γ mn. ( d-dk ) et 1 ≤ k ≤ N . Dans la couche supérieure N, nous avons : Zbas' = A N.e-γ mn.(d+ z) + BN.eγ mn.(d+ z) si -d1 ≤ z ≤ z' ≤ 0 En z=0, le champ électrique tangent doit être nul. Nous en déduisons l’expression Zhaut’, lorsque le point d’observation est ‘au-dessus’ du point source : ( Zhaut' = C. e-γ mn.z + eγ mn.z ) si z' ≤ z ≤ 0 La fonction Z’ doit être symétrique : la permutation du point d’observation et du point source doit donner des résultats équivalents. Ainsi, les fonction Zbas’ et Zhaut’ peuvent s’écrire de la manière suivante : ( )( ) . (e Zhaut ' = C. A N.e-γ mn.(d+ z' ) + BN.eγ mn.(d+ z' ) . e-γ mn.z + eγ mn.z ( -γ mn.(d+ z) Zbas ' = C. A N.e γ mn.(d+ z) + BN.e -γ mn.z' γ mn.z' + e ) (8) ) La possibilité d’intervertir Zbas’ et Zhaut’ et vice et versa permet de satisfaire la condition de continuité de Z’ en z=z’. Pour déterminer la constante C, nous intégrons l’équation (5) sur la discontinuité z=z’. Nous obtenons z' + δ dZ 4 = dz z' -δ a.b. ε N (9) En z=z’+δ, Z est donnée par Zhaut’, en z=z’- δ, Z est donnée par Zbas’. En substituant Zhaut’ et Zbas’ de (8) dans (9), il est possible d’obtenir la valeur de C C= 2 a.b. ε N. γ mn . 1 BN.e -A N.e−γ .d γ .d Ainsi, pour m>0 et n>0, la fonction électrostatique de Green est donnée par ( )( ⎡ 2. A .e-γmn.(d+ zbas) + B .eγ mn.(d+ zbas) . e-γmn.zhaut + eγmn.zhaut N N ⎢ −γ.d γ.d ⎢ ε γ a.b. . N mn. BN.e -AN.e m= 1n= 1 ⎣ ∞ G(x,x' ,y,y' ,z,z' )= ∞ ∑∑ ( ) ) ⎤⎥ . cos ⎛ m.π . x ⎞.cos ⎛ n.π . y ⎞ ⎥ ⎦ ⎜ ⎝ a ⎟ ⎠ ⎜ ⎝ b ⎟ (10) ⎠ où Zbas=min(z,z’) et Zhaut=max(z,z’). Lorsque (m=0, n>0) ou (m>0, n=0), l’expression de G est équivalente à celle trouvée en (10), la constante de 2 est remplacée par 1. Pour le cas où (m=n=0), l’équation (5) devient 197 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes δ ( z-z' ) a.b d2Z . 2= 4 dz εN (11) La solution générale de l’équation différentielle (11) est de la forme Z=A.z+B. L’expression de Zbas’ est Zbas' = D.z' .(z+ d) où D est une constante à déterminer et d l’épaisseur de la superposition de couches diélectriques. L’expression de Zbas’ dans n’importe quelle couche du substrat peut être donnée par Zbas' = C.z' .(A k.z+ Bk) Les conditions de continuité du potentiel et du champ électrique aux différentes interfaces entre les couches diélectriques nous permettent de déduire le système d’équations suivant : ε k −1 ⎧ ⎪A k = ε .A k −1 k ⎪ ⎨ ⎛ ε k −1 ⎞ ⎪ ⎪Bk = ⎜ ε -1⎟ .dk.A k −1 + Bk −1 ⎝ k ⎠ ⎩ avec A0=1 et B0=d. Nous pouvons donc déduire AN et BN. En appliquant le principe de symétrie déjà énoncé, nous avons Zbas '= C. ( A N.z+ BN ) Zhaut '= C. ( A N.z' + BN ) En intégrant l’équation différentielle (5) sur la discontinuité z=z’ nous obtenons C= 1 a.b. ε N.A N Ainsi pour m=n=0 nous avons G0,0(x,x' ,y,y' ,z,z' )= 1 . ( A N.zbas + BN ) a.b. ε N.A N 2. Extraction de la capacité substrat entre des géométries de surface Une fois que la fonction de Green du milieu a été déterminée, il est possible de calculer le potentiel résultant de n'importe quelle distribution connue de charge dans le substrat. L'utilisation de la fonction de Green pour l'extraction parasite est illustrée par la figure 2. La figure 2 considère un diélectrique à une seule couche d’une épaisseur finie 'd '. Deux contacts sont définis sur la surface, et les capacités équivalentes entre les deux contacts extérieurs doivent être déterminées. La fonction de Green G(r, r ') est déjà déterminée. L’utilisation de la fonction de Green résout ce problème en déterminant la distribution de charge sur les contacts induisant un potentiel presque constant sur les surfaces des contacts. 198 Annexes Figure 2. Extraction du substrat en utilisant la méthode de Green. Une charge unitaire est distribuée sur un contact et le potentiel résultant de cette charge sur le même contact et tous autres contacts est déterminé au moyen de la relation intégrale ∂G ⎞ ⎛ ∂φ φ (r)= ρ(r' ).G(r,r' ) + ε. ⎜ G. .dS' − φ. ∂n ∂n ⎟ ∫ ∫ ⎝ V ⎠ S Le potentiel étant défini aux frontières du système, nous nous trouvons dans le cas des conditions de Dirichlet. Le second terme de cette équation différentielle peut donc être négligé (le champ électrique tangentiel est nul aux frontières du substrat). Il faut donc résoudre l’équation différentielle suivante : ∫ φ (r)= ρ(r' ).G(r,r' ) V Le potentiel de n’importe quel point d’un contact est représentatif du potentiel du contact. En d’autres termes, le potentiel moyen sur tout le volume du contact peut être considéré comme étant le potentiel du contact. De plus, si une charge unitaire est appliquée sur toute la surface du contact i induisant un potentiel sur un autre contact j, le potentiel de j peut être calculé, donc la capacité Cij à partir de φi (r)= Qj V.V j i ∫ ∫ G.dv .dv j or C= i Vi Vj Q V donc 1 1 = pij = Cij V.V j i ∫ ∫ G.dv .dv j i Vi Vj En substituant G par la fonction de Green trouvée auparavant et en considérant deux contacts rectangulaires i et j dont les données géométriques sont données par x1, x2, y1, y2 et x3, x4, y3, y4 (cf. figure 3), il est possible de déterminer la capacité entre deux contacts rectangulaires. y x4,y4 x2,y2 b j i x3,y3 x1,y1 a 0 x Figure 3. Extraction du substrat en utilisant la méthode de Green. Cette capacité se calcule en utilisant l’équation suivante, donnant le potentiel du contact i, induit par une charge unitaire répartie sur le contact j. 199 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes pij = ⎧ ⎛ x2 ⎞ x1 ⎞ ⎞ ⎛ x4 ⎞ x3 ⎞ ⎞ ⎛ ⎛ ⎛ ⎛ ⎪ ∞ ∞ ⎜ sin ⎜ m. π. ⎟ − sin ⎜ m. π. ⎟ ⎟ . ⎜ sin ⎜ m. π. ⎟ − sin ⎜ m. π. ⎟ ⎟ BN a².b² ⎝ a ⎠ a ⎠⎠ ⎝ a ⎠ a ⎠⎠ ⎪ ⎝ ⎝ ⎝ ⎝ + ⎨ fmn.Cmn. . 4 a.b. ε N.A N ⎪m= 0 n= 0 m².n². π (a2 − a1) . (a4 − a3 ) ⎪⎩ ∑∑ ⎛ y2 ⎞ y1 ⎞ ⎞ ⎛ y4 ⎞ y3 ⎞ ⎞ ⎫ ⎛ ⎛ ⎛ ⎛ ⎜ sin ⎜ n. π. ⎟ − sin ⎜ n. π. ⎟ ⎟ . ⎜ sin ⎜ n. π. ⎟ − sin ⎜ n. π. ⎟ ⎟ ⎪ b ⎠ b ⎠⎠ ⎝ b ⎠ b ⎠⎠ ⎪ ⎝ ⎝ ⎝ ⎝ .⎝ ⎬ − − b b . b b ( 2 1) ( 4 3 ) ⎪ ⎪⎭ Avec Cmn=0 pour (m=n=0), Cmn=2 pour (m=0 ou n=0) et Cmn=4 pour (m>0 et n>0). La fonction fmn est donnée par fmn= 1 a.b.εN.γ mn . AN.e-2.γmn.d + BN BN-AN.e-2.γmn.d 2 avec γ mn = 2 ⎛ m.π . x ⎞ ⎛ n.π . y ⎞ ⎜ a ⎟ + ⎜ b ⎟ ⎝ ⎠ ⎝ ⎠ En considérant toutes les combinaisons entre contacts, dans un système à N contacts, une matrice de potentiels induits sur les contacts par une charge Q sur les autres contacts peut être générée telle que [Φ ] = [P]. [Q] La matrice [P] est la matrice de ‘coefficients de potentiel’. La matrice inverse de cette matrice lie un vecteur de charges induites par le vecteur de potentiels : c’est la matrice de ‘coefficients capacitifs’ [Q ] = [c] . [ Φ ] La charge de chaque contact i peut être exprimée à partir des potentiels des contacts et des capacités contact à contact Qi = Ci0 . Φi + Ci1 . ( Φi − Φ1)+ Ci2 . ( Φi − Φ2 ) + ... + CiN . ( Φi − ΦN ) Ci0 est la capacité entre le contact i et la masse. A partir de cette expression et éléments de la matrice [c], nous avons N Cim = -cim ; Ci0 = cii + ∑c im avec m ≠ i m= 1 Un seul contact peut être divisé en plusieurs sous-contacts pour davantage de précision. La charge sur un contact est alors calculée lorsque tous les sous contacts sont mis au même potentiel unitaire. La méthode la plus efficace pour diviser un contact est de le diviser très finement en bordure de contact et plus grossièrement au centre du contact. Pour calculer les résistances substrat, la méthode est strictement la même. Il suffit de remplacer ε par 1/σ dans l’ensemble des expressions analytiques données et de considérer la matrice conductance [g] à la place de la matrice capacité [c] pour déterminer les différentes résistances substrat. Un courant I réparti sur l’ensemble du contact est considéré plutôt qu’une charge Q. [1] 200 R. Gharpurey, "Modeling and Analysis of Substrate Coupling in Integrated Circuits," thesis in Engineering-Electrical Engineering and Computer Sciences. Berkeley: University of California, 1992. Annexes Annexe A.4 : Simplifications et mise en place des modèles substrat L’objet de cette annexe est de décrire les différentes méthodes de mise en place et de simplification des modèles substrat de blocs numériques. La simplification des géométries substrat permet en effet d’obtenir un gain important en temps d’extraction substrat sans occasionner une perte de précision significative des résultats. 1. Simplification substrat d’un bloc numérique a) Généralités Afin d’extraire les éléments parasites substrat en limitant au maximum les temps de traitement et de la mémoire informatiques nécessaires, il est indispensable de simplifier, de réduire les géométries des contacts et structures dans le substrat. Koubab et Al. proposent un certain mode de simplification de l’ensemble des contacts substrat d’un bloc, numérique ou analogique, d’un circuit intégré mixte [1]. Cette méthode consiste à garder une grande précision à la périphérie d’un bloc en gardant les géométries originales des structures substrat, et de diminuer cette précision au fur et à mesure de l’éloignement des bordures du bloc. Dans le cas d’un circuit mixte complet, les simplifications peuvent être encore plus importantes. Un point sensible du circuit est considéré : la précision des géométries substrat diminue avec leur éloignement de ce point sensible. Les figures 1.a et 1.b illustrent cette méthode de simplification. Blocs perturbants par le substrat Bloc sensible a. b. Figure 1. Méthode de simplification des géométries du substrat de bloc dans un circuit intégré b) Simplification de blocs numériques Un bloc numérique est constitué de nombreuses portes logiques distribuées de manière régulière. Chaque porte logique du circuit dispose de prise substrat de polarisation et d’un caisson N pour isoler les PMOS du substrat P. De manière globale, un bloc numérique est une matrice très régulière de prises substrat et de caissons N. Ces blocs numériques sont considérés comme des blocs perturbants. Un premier niveau de simplification consiste à garder la couronne externe de contacts substrat et les caissons N du bloc numérique à simplifier. Un deuxième mode de simplification existe : la matrice de contacts substrat est remplacée par un contact de surface équivalente. Les caissons N ne sont plus pris en compte dans cette méthode de simplification. Nous la modélisons dans ce cas, par une capacité de valeur équivalente entre la masse et l’alimentation du bloc numérique simplifié. Ces deux niveaux de simplification sont illustrés sur la figure 2. 201 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes SIMPLIFICATION 1 SIMPLIFICATION 2 Figure 2. Méthodes de simplification d’un bloc numérique Afin de valider ces différents niveaux de simplification, nous avons effectué plusieurs comparaisons entre des extractions substrat du même bloc, simplifié ou non. Nous proposons donc une méthode utilisant substrateStorm [2]. Celle-ci consiste à ‘balader’ un plot autour du bloc à différentes distances et différentes orientations. Les coefficients de transmission S21 entre la masse et le plot de caractérisation, mais aussi entre l’alimentation et le plot de caractérisation sont ensuite simulés. Ext1 Ext2 Ext3 Ext4 Ext5 Caisson N Ext6 Prise substrat Métal 1 Figure 3. Méthode de validation de la simplification des blocs numériques Il existe 6 positions différentes du plot de caractérisation. Pour chaque position, la résistance en fonction de la distance plot/bloc est extraite à l’aide de substrateStorm [2]. Les trois types de bloc, normal et simplifié étant caractérisés, il suffit de comparer les coefficients de transmission S21(f) simulés entre chaque bloc, afin d’évaluer la précision obtenue avec la méthode de simplification. La capacité due aux caissons N a une valeur de 5,5 pF. La mise en place du modèle simplifié 2 d’un bloc numérique est donnée par la suite. Le schéma de simulation permettant d’extraire les coefficients de transmission est donné par la figure 4. SUBSTRAT Figure 4. Schéma électrique de simulation des coefficients de transmission du substrat. Les résultats des simulations des coefficients de transmission entre la masse du bloc numérique et les plots sont donnés sur la figure 5. 202 Annexes Figure 5. Coefficients de transmission simulés entre la masse du bloc et les 6 plots de caractérisation. Les résultats des simulations des coefficients de réflexion entre l’alimentation du bloc numérique et les plots sont donnés sur la figure 6. Figure 6. Coefficients de transmission simulés entre l’alimentation du bloc et les 6 plots de caractérisation. Les deux méthodes de simplification donnent des résultats très corrects et permettent surtout un gain de temps d’extraction important, de l’ordre de 5 pour la méthode de simplification 1 et de 30 pour la méthode de simplification 2. D’autres analyses non exposées ici, nous permettent de dire que la méthode de simplification 2 203 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes est nettement suffisante lorsque la distance avec le plot de caractérisation est supérieure à 50 µm. En dessous, il faut utiliser la méthode de simplification 1. Pour illustrer l’efficacité de ces modes de simplification, nous avons effectué quelques simulations de propagation de tension et courant dans un substrat conducteur avec un outil utilisant la méthode des éléments finis : Femlab [3]. Nous comparons, à l’aide de ces simulations, la propagation des courants et tensions dans un substrat conducteur entre une matrice de contacts substrat et un plot puis entre un contact de surface équivalente à la matrice et le même plot. Une tension de 1 V est appliquée au plot alors que la matrice de contacts est mise à la masse. La figure 7 montre les représentations des résultats obtenus dans deux plans différents du substrat : les lignes de courants (flêches rouges) et les tensions dans le substrat (couleurs). Figure 7. Lignes de courant et tension substrat entre une matrice de plots et un plot et son modèle simplifié. Il est équivalent de remplacer une matrice de contact par un contact de même surface du point de vue de la propagation des courants et tensions dans un substrat conducteur si les contacts de la matrice sont supposés être tous au même potentiel. Nous pouvons donc déduire différents niveaux de simplification des prises substrat d’un circuit mixte complet, selon le niveau de précision désiré et les postulats du concepteur : distance entre la victime et l’agresseur, sauts d’alimentation comme unique source de perturbation substrat, sauts d’alimentation uniformes sur la surface du circuit intégré : aucune influence de la grille d’alimentation. L’ensemble de schémas de la figure 8 illustre les diverses possibilités de simplification des prises substrat d’un circuit mixte complet : 204 Annexes Partie analogique sensible MODELE SUBSTRAT COMPLET Partie analogique sensible MODELE SUBSTRAT SIMPLIFIE 2 Partie analogique sensible MODELE SUBSTRAT SIMPLIFIE 1 Partie analogique sensible MODELE SUBSTRAT SIMPLIFIE 3 Figure 8. Différents niveaux de simplification d’un modèle substrat d’un circuit mixte. 2. Méthodes de modélisation de structures dans le substrat Nous décrivons ici, à partir du niveau le plus élevé de simplification d’un bloc numérique ne prenant pas en compte les caissons de type N mais uniquement les contacts substrat, comment modéliser certaines structures substrat comportant des caissons. L’outil d’extraction substrat implémenté lors de ces travaux de thèse (cf paragraphe 3.1.3 de la deuxième partie) peut permettre d’extraire ces modèles simplifiés du substrat. Cet outil extrait en effet uniquement des résistances et des capacités entre des prises contact du substrat. Toutes les structures complexes de caisson et de dopage de type différent ne sont pas prises en compte. Pour modéliser ces structures complexes à l’aide de l’outil d’extraction Java ou à partir d’une modélisation simplifiée, il faut suivre les méthodes suivantes. a) Caissons N d’un bloc numérique Comme nous l’avons vu précédemment, le substrat d’un bloc numérique classique est constitué de caissons N d’isolation des PMOS et de prises substrats de polarisation disposés de manière régulière. Ce caisson implique une capacité de jonction PN en inverse. La valeur de cette capacité peut être évaluée à partir des méthodes de calcul données en 2.1.2.3.1 de la première partie. Le schéma électrique équivalent du substrat d’un bloc numérique couplé à un contact substrat est donné en figure 9. 205 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes CNwell Vdd Vdd RVdds Rsub Gnd CNwell Plot RGnds1 Gnd Plot RGnds2 Figure 9. Schémas électriques équivalents du substrat d’un bloc numérique. Dans le cas d’un bloc numérique de grande dimension, la résistance Rsub devient négligeable : les surfaces en regard des caissons N et des contacts substrat est très importante. Le schéma électrique équivalent du substrat d’un bloc numérique est simplifié comme le montre le schéma de droite de la figure 9. La résistance RGnds2 est en fait la mise en parallèle de RVdds et RGnds1. Comme la surface des caissons N est égale à la surface des contacts substrat, les résistances RVdds et RGnds sont équivalentes. RGnds2 est la résistance substrat extraite entre la masse et le plot avec le modèle substrat simplifié. CNwell est la capacité équivalente des caissons N du bloc numérique, évaluable à partir de leur surface et de leur périmètre selon les calculs du paragraphe 2.1.2.3.1 de la première partie. Cette méthode de modélisation est très proche de l’extraction complète comme le montrent les résultats de la partie précédente. b) Polarisation substrat séparée : stratégie ‘split ground’ La stratégie ‘split ground’ consiste à polariser le substrat P avec une masse dédiée, différente de celle utilisée pour les MOS du circuit numérique. Des contacts substrat, sur toute la surface du bloc numérique, permettent de polariser le substrat. La masse du circuit numérique est connectée aux sources des NMOS du circuit. Ces sources, des plots N, forment avec le substrat une capacité de jonction PN en inverse. Nous pouvons modéliser cette structure ‘split ground’ de manière simple, en couplant la masse numérique à la polarisation substrat par une capacité Cs, somme de toutes les capacités source/substrat des NMOS du circuit numérique (cf 2.1.2.3.1 de la partie I), et en couplant l’alimentation numérique à la masse par la capacité Nwell décrite précédemment. La figure 10 donne le schéma électrique équivalent de la stratégie ‘split ground’, en fonction de la résistance entre le circuit numérique et le plot Rsub, la capacité de source Cs et la capacité des caissons N CNwell. La résistance Rsub est extraite à partir du modèle substrat simplifié du bloc numérique. Vdd Gnd CNwell Cs Gnds Plot Rsub Figure 10. Schéma électrique équivalent du substrat d’un bloc numérique avec stratégie ‘split ground’. c) Caisson d’isolation N : stratégie ‘triple well’ Une seconde technique d’isolation substrat des circuits numériques est la technologie ‘triple well’. Toute la circuiterie numérique est enfermée dans un caisson N comme nous l’avons décrit en 2.1.2.3.1 de la première partie. La résistance entre le caisson d’isolation nommé NISO provient de l’extraction simplifiée. Il faut extraire aussi deux capacités parasites : la capacité entre la masse du circuit numérique et l’alimentation numérique, nommée CNwell puis la capacité entre le caisson NISO et le substrat nommée CNiso. La figure 11 donne le schéma électrique équivalent d’une telle structure d’isolation. 206 Annexes CNiso Vdd Gnd Rsub Plot CNwell Figure 11. Schéma électrique équivalent du substrat d’un bloc numérique avec stratégie ‘Niso’. Remarque : Dans tous les schémas électriques équivalents fournis, l’outil d’extraction java dédié, ou l’extraction simplifiée, permet d’extraire la résistance substrat. Les capacités sont à extraire d’une autre manière, en utilisant les données technologiques et géométriques du circuit numérique. [1] A. Koukab, K. Banerjee and M. Declercq, "Modeling Techniques and Verification Methodologies for Substrate Coupling Effects in Mixed-Signal System-on-Chip Designs," IEEE Transactions on Computer-Aided Design of Integrated Circuits and Systems, vol. 23 no 6, 2004. [2] Cadence Design System, http://www.cadence.com. [3] Comsol, "Femlab," http://www.comsol.com 207 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes 208 Annexes Annexe A.5 : Exemple de modélisation d’un boîtier TQFP100 à partir des gratuiciels fastHenry et fastCap L’objet de cette annexe est de donner un exemple de modélisation de boîtier de circuit intégré à partir des freeware fastHenry et fastCap [1]. Une photographie de ce boîtier est donnée sur la figure 1. Figure 1. Photographie d’un boîtier TQFP 100. 1. Modélisation du boîtier Pour sa modélisation, le boîtier est décrit en deux parties : Les fils de bonding, Les broches du boîtier. Les données géométriques des fils de bonding sont fournies par l’outil dédié de ‘packaging’ sous forme de fichiers textuels. A partir de routines informatiques créées sous Matlab [2], nous créons de fichiers textuels d’un format supporté par les gratuiciels fastHenry et fastCap. Les fichiers décrivant les géométries des broches du circuit sont aussi générés à partir de scripts Matlab. La structure des broches d’un boîtier TQFP est très régulière. Le programme informatique de génération des fichiers décrivant ces géométries effectue de nombreuses boucles. Tous les fichiers contenant les descriptions géométriques sont ensuite concaténés afin d’obtenir le fichier d’entrée des différents outils d’extraction de parasites substrat. Une partie du fichier du boîtier utilisé pour fasHenry, décrivant les deux premières connexions du boîtier, est donnée à la fin de cette annexe à titre d’exemple. Pour corriger les éventuelles erreurs de modélisation, nous utilisons le gratuiciel fastModel [1] permettant de voir graphiquement le contenu des fichiers de géométries. Cet outil permet aussi d’exporter des vues en 3 dimensions des structures à extraire. La figure 2 donne la structure en 3 dimensions du boîtier TQFP 100 modélisé. Figure 2. Structure en 3 dimensions du boîtier TQFP modélisé pour fastHenry et fastCap. 2. Extraction du boîtier 209 Bruit d’alimentation et couplage substrat dans les circuits mixtes Les inductances et résistances parasites sont extraites à l’aide de fastHenry. Un temps de traitement de 120 minutes est nécessaire pour l’obtention de la matrice 100 x 100 de résistances et inductances. Pour l’extraction des capacités parasites, il faut lancer fastCap. Le temps est plus court, une vingtaine de minutes suffit pour obtenir la matrice de capacité du boîtier. Une troisième étape est nécessaire pour pouvoir utiliser les matrices fournies par fastHenry et fastCap. Une routine, créée sous Matlab, permet de lire les matrices pour ensuite sortir une ‘netlist’ exploitable par un outil de simulation électrique. Pour alléger la ‘netlist’, une option permet de négliger certaines valeurs de capacités, inductances et mutuelles si celles-ci sont en dessous d’un certain seuil. Le modèle électrique utilisé pour deux connexions consécutives est donné par la figure 3. Figure 3. Schéma électrique de bondings adjacents d’un boîtier Le temps ce traitement est d’un dizaine de minutes. Il faut donc compter plus de deux heures d’extraction pour obtenir un modèle électrique du boîtier TQFP100 en utilisant fastCap et fastHenry. Une extraction du même boîtier en utilisant d’autres outils, type éléments finis (HFSS, Q3D de Ansoft [3] par exemple), peut prendre plusieurs jours. Une partie de la ‘netlist’ complète du boîtier TQFP100 est donnée ci-dessous. Cette ‘netlist’ ne décrit que les deux premières broches du boîtier. Exemple d’une ‘netlist’ extraite à partir de fastHenry et fastCap ** This file has been generated with Matlab. *It is supposed to model a TQFP100 package subckt TQFP100_package in_1 out_1 in_2 out_2 slug gnd R1_1 (in_1 n1_1) resistor r=0.098 R1_2 (out_1 n2_1) resistor r=0.098 L1_1 (n1_1 n_1) inductor l=3.67n L1_2 (n2_1 n_1) inductor l=3.67n K1_2_1 mutual_inductor coupling=0.51 ind1=L1_1 ind2=L2_1 K1_2_2 mutual_inductor coupling=0.51 ind1=L1_2 ind2=L2_2 K1_3_1 mutual_inductor coupling=0.38 ind1=L1_1 ind2=L3_1 K1_3_2 mutual_inductor coupling=0.38 ind1=L1_2 ind2=L3_2 C1_slug (n_1 slug) capacitor c=82.13f C1_gnd (n_1 gnd) capacitor c=115.85f C1_2_1 (n_1 n2) capacitor c=197.20f C1_3_1 (n_1 n3) capacitor c=29.31f C1_4_1 (n_1 n4) capacitor c=10.63f R2_1 (in_2 n1_2) resistor r=0.095 R2_2 (out_2 n2_2) resistor r=0.095 L2_1 (n1_2 n_2) inductor l=3.47n L2_2 (n2_2 n_2) inductor l=3.47n K2_3_1 mutual_inductor coupling=0.54 ind1=L2_1 ind2=L3_1 K2_3_2 mutual_inductor coupling=0.54 ind1=L2_2 ind2=L3_2 K2_4_1 mutual_inductor coupling=0.39 ind1=L2_1 ind2=L4_1 K2_4_2 mutual_inductor coupling=0.39 ind1=L2_2 ind2=L4_2 C2_slug (n_2 slug) capacitor c=71.47f C2_gnd (n_2 gnd) capacitor c=77.78f C2_3_1 (n_2 n3) capacitor c=198.60f C2_4_1 (n_2 n4) capacitor c=24.62f C2_5_1 (n_2 n5) capacitor c=7.93f ends TQFP100_package 210 Annexes Exemple d’un fichier de géométries pour fastHenry * broches 1 et 2 d’un TQFP 100 .Default z=0 sigma=5.8e1 .Units um * Wire [pin1] Bonding N[pin1][0] x=-3029.0 y=2116.5 z=875.0 N[pin1][1] x=-3029.0 y=2116.5 z=908.23351287841797 N[pin1][2] x=-3029.0 y=2116.5 z=1175.0 N[pin1][3] x=-3493.0 y=2614.4 z=1175.0 N[pin1][4] x=-5349.0 y=4606.0 z=875.0 N[pin1][5] x=-5369.453 y=4627.9473 z=875.0 E[pin1][0] N[pin1][0] N[pin1][1] w=66.46702575683594 h=66.46702575683594 sigma=4.403346543372963E1 E[pin1][1] N[pin1][1] N[pin1][2] w=22.0 h=22.0 nwinc=3 nhinc=3 rw=2 rh=2 E[pin1][2] N[pin1][2] N[pin1][3] w=22.0 h=22.0 nwinc=3 nhinc=3 rw=2 rh=2 E[pin1][3] N[pin1][3] N[pin1][4] w=22.0 h=22.0 nwinc=3 nhinc=3 rw=2 rh=2 E[pin1][4] N[pin1][4] N[pin1][5] w=79.76043 h=13.293405 nwinc= 3 nhinc=1 sigma=4.403346543372963E1 *Pin 1 Broche N1Pin1 x=-8000.00 y=6000.00 z=0.00 N2Pin1 x=-7400.00 y=6000.00 z=0.00 N3Pin1 x=-7400.00 y=6000.00 z=800.00 N4Pin1 x=-7000.00 y=6000.00 z=800.00 N5Pin1 x=-5760.00 y=5000.00 z=800.00 N6Pin1 x=-5350.00 y=4600.00 z=800.00 N7Pin1 x=-5160.00 y=4450.00 z=800.00 E1Pin1 N1Pin1 N2Pin1 w=220.00 h=150.00 E2Pin1 N2Pin1 N3Pin1 w=150.00 h=220.00 E3Pin1 N3Pin1 N4Pin1 w=220.00 h=150.00 E4Pin1 N4Pin1 N5Pin1 w=220.00 h=150.00 E5Pin1 N5Pin1 N6Pin1 w=220.00 h=150.00 E6Pin1 N6Pin1 N7Pin1 w=220.00 h=150.00 * Wire [pin2] Bonding N[pin2][0] x=-3027.5 y=1863.5 z=875.0 N[pin2][1] x=-3027.5 y=1863.5 z=908.23351287841797 N[pin2][2] x=-3027.5 y=1863.5 z=1175.0 N[pin2][3] x=-3500.2 y=2324.7000000000003 z=1175.0 N[pin2][4] x=-5391.0 y=4169.5 z=875.0 N[pin2][5] x=-5412.4727 y=4190.45 z=875.0 E[pin2][0] N[pin2][0] N[pin2][1] w=66.46702575683594 h=66.46702575683594 sigma=4.403346543372963E1 E[pin2][1] N[pin2][1] N[pin2][2] w=22.0 h=22.0 nwinc=3 nhinc=3 rw=2 rh=2 E[pin2][2] N[pin2][2] N[pin2][3] w=22.0 h=22.0 nwinc=3 nhinc=3 rw=2 rh=2 E[pin2][3] N[pin2][3] N[pin2][4] w=22.0 h=22.0 nwinc=3 nhinc=3 rw=2 rh=2 E[pin2][4] N[pin2][4] N[pin2][5] w=79.76043 h=13.293405 nwinc= 3 nhinc=1 sigma=4.403346543372963E1 *Pin 2 Broche N1Pin2 x=-8000.00 y=5500.00 z=0.00 N2Pin2 x=-7400.00 y=5500.00 z=0.00 N3Pin2 x=-7400.00 y=5500.00 z=800.00 N4Pin2 x=-7000.00 y=5500.00 z=800.00 N5Pin2 x=-5790.00 y=4500.00 z=800.00 N6Pin2 x=-5380.00 y=4170.00 z=800.00 N7Pin2 x=-5190.00 y=4030.00 z=800.00 E1Pin2 N1Pin2 N2Pin2 w=220.00 h=150.00 E2Pin2 N2Pin2 N3Pin2 w=150.00 h=220.00 E3Pin2 N3Pin2 N4Pin2 w=220.00 h=150.00 E4Pin2 N4Pin2 N5Pin2 w=220.00 h=150.00 E5Pin2 N5Pin2 N6Pin2 w=220.00 h=150.00 E6Pin2 N6Pin2 N7Pin2 w=220.00 h=150.00 *equivalences .equiv N6Pin1 N[pin1][5] .equiv N6Pin2 N[pin2][5] *external .external N1Pin1 N[pin1][0] .external N1Pin2 N[pin2][0] * Frequency range of interest. .freq fmin=1e8 fmax=1e8 ndec=1 * All input files must end with: .end [1] "fastFieldSolvers," http://www.fastfieldsolvers.com [2] MathWorks, "Matlab," http://www.mathworks.com [3] Ansoft, "HFSS, Q3D," http://www.ansoft.com nwinc= 3 nhinc=3 rw=2 rh=2 sigma=4.403346543372963E1 sigma=4.403346543372963E1 sigma=4.403346543372963E1 rw=2 rh=1 nwinc= 3 nhinc=3 rw=2 rh=2 sigma=4.403346543372963E1 sigma=4.403346543372963E1 sigma=4.403346543372963E1 rw=2 rh=1 211