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b) Le nez
Par voie directe en flairant comme sait le faire un chien de chasse, nous recevons via les fosses nasales les messages
olfactifs là encore leur interprétation se faisant par analogie, l’éventail des odeurs rencontrées est très large voire infini.
Quelle joie de retrouver une odeur, de lui donner un nom, dire elle me rappelle "l’odeur du foin juste fané, oui mais c’est du
foin de montagne… la seconde coupe…" ou "la chair de ce poulet n’a aucune odeur, pourquoi l’ai-je acheté, pourquoi est-il
arrivé chez le marchand, pourquoi a t’il un label ?…" on se sent encore plus trompé par tous ceux qui on certifié seulement
une forme, une ressemblance mais dénué d’expression, un poulet muet.
L’odeur des fruits au moment où on les coupe, l’odeur des plats cuisinés, d’une potée, d’un œuf au plat au beurre, d’une
tomate de jardin associée à une huile d’olive si fruitée que certains peuvent y retrouver la note d’artichaut frais.
c) Le toucher
Ce fruit est-il mûr, le toucher nous informe . Le toucher d’une pêche n’est pas supporté par tous. Le toucher d'un fromage
informe sur son stade d’affinage, a-t-il le moelleux que j’attends ? Non ? alors je l’attendrai deux jours à condition de le laisser
mûrir dans une ambiance voisine de 10° de température, car à 4° je le "tue". Lorsque l’on fait une pâte à pain ou un gâteau,
le toucher nous fait passer d’un collant à un lisse douillet qui amène la pâte faite à vous quitter, vous l’avez fait naître, elle n’a
plus besoin de vous, elle s’en va vers son nouveau destin, la cuisson.
d) L’audition
En coupant une tranche de pain on est déjà prévenu sur son croustillant, pour une pomme ce sera par son croquant. En
écoutant le bruit du cigare pressé entre les doigts on est informé sur son stade d’humidité ou de sécheresse. En faisant la
cuisine on est guidé pour les préparations par les bruits, ceux de la préparation qui mijote, ne sont pas ceux qui bouillonnent
ou de la friture.
Avoir conscience de tous ces signaux qui sont captés par nos sens qui les transmettent à notre cerveau en vue de
reconnaissance est une démarche qui ne peut être faite que par nous-même, car c’est nous qui allons boire et manger. S’en
remettre aux autres pour ce choix , serait aliéner sa liberté. Evidemment si l’on ne connaît pas, il ne faut pas hésiter à
demander à quelqu’un qui lui sait, et ne demande qu’à nous apprendre.
Ces reconnaissances ne prennent que quelques secondes, mais combien d’heures de plaisir nous offrent-elles ensuite.
2) La seconde période
Est l’acte de consommer au travers de la manducation qui va vous amener à dilacérer, mâcher, saliver, déglutir, afin de
profiter d’un ensemble de stimulations gustatif, tactile, chimique commune, olfactive par voie rétro nasale auditive,
thermique…
Tout ce qui va se passer dans la bouche va alors confirmer les phases de reconnaissance précédentes. C’est la gorgée ou la
bouchée de la vérité car chacun est un. Les stimulations en bouche vont vite et si l’on n’y a pas pris garde on se trouve avoir
aval "é sans avoir goûté c’est à dire profité du contenu émotionnel de l’aliment. C’est un peu comme si l’on avait tourné les
pages d’un livre sans le lire. La phase de reconnaissance est bien là pour nous préparer à recevoir et éviter le gaspillage. Les
stimulations arrivent dans un ordre dispersé. Parfois le tactile s’impose, puis l’olfaction ou c’est le monde des saveurs qui
parle en premier à moins que les structures chimiques les devancent. Mais ce qui est certain c’est qu’elles composent un
ensemble que nous allons présenter dans un ordre logique, sachant que parfois il est heureux que la réalité s’éloigne de la
logique.
- Stimulations thermiques : C’est le contact du chaud et du froid sur le palais. Chacun possède un seuil d’acceptabilité
thermique . Ceux qui trouvent le contact trop chaud devront attendre, ceux qui le trouve trop froid doivent regretter de ne pas
s’être pressés pour arriver à temps. On connaît l’importance de ce facteur en particulier dans le service des vins qui a un
degré près proposera un registre différent. De même un potage froid sera entre autre plus épais que s’il est chaud , paraîtra
plus acide, mais sucré…Il y a donc une température optimale d’expression pour tout et une d’acceptabilité pour chacun.
- Les saveurs : On parle le langage de la langue puisque c’est sur celle-ci que les signaux sont perçus par l’intermédiaires
des bourgeons gustatifs qui y sont localisés. L’usage veut que nos attitudes alimentaires se retrouvent autour de quatre
grandes familles de saveurs, le sucré, le salé, l’amer, l’acide. Quatre grandes tendances qui vont nous placer en plus ou
moins dépendants de ces sensations, comme par exemple, celui qui a besoin de deux à quatre morceaux de sucres dans sa
tasse de café ou celui qui resale sans avoir goûté. Ce qui est merveilleux c’est que ces saveurs sont variées, l’acidité du
citron par son acide citrique n’est pas celle de la pomme par son acide malique, celle du vin par son acide tartrique n’est pas
celle de l’oseille ou de la rhubarbe par leur acide oxalique. Il en va de même pour toutes les autres saveurs auxquelles on
raccroche la saveur umami qui serait plutôt attachée au habitudes alimentaires asiatiques.