QU’EST-CE QUI DÉTERMINE L’EFFICACITÉ D’UNE
PSYCHOTHÉRAPIE ? BRÈVE MISE À JOUR SCIENTIFIQUE
Marine Jaeken, Lesley L. Verhofstadt, Nady Van Broeck
« Bulletin de psychologie »
2015/3 Numéro 537 | pages 237 à 242
Il s’agit d’une importante revue de la littérature réalisée par des psychologues
chercheuses et enseignantes à l’université, certaines étant aussi cliniciennes
d’orientation « pratiques empiriquement validées ». Ces auteurs affirment
courageusement - que cette revue de la littérature incluant de nombreuses
recherches empiriques permet d’affirmer qu’aucune thérapie n’induit plus de
changements thérapeutiques qu’une autre, que celles-ci soient évaluées par le
thérapeute, le client et des observateurs. Et les auteures de poursuivre que même
si cette question continue à faire lobjet de débats animés dans la littérature
scientifique, le fait est que des décennies de recherches n’ont pas permis de
montrer la supériorité d’une intervention psychologique ou d’un ensemble de
techniques pour le traitement de troubles spécifiques.
Abordant le rapport de l’Inserm (France) concluant à l’absence d’effets positifs
pour la méthode psychodynamique, les auteures signalent que la mise en évidence
d’une série de limites ayant mis en cause la validité du rapport, celui-ci a été retiré
du site ministériel de la santé. Elles ajoutent qu’au delà de ce rapport, il faut
reconnaître que les difficultés méthodologiques sont inhérentes au principe même
de validation de toute intervention et que ce fait remet en cause la pertinence de
telle démarche. Elles affirment en outre, que les interventions empiriquement
validées ne semblent pas être plus efficaces que les autres types d’interventions à
visée thérapeutique « de bonne foi ». Elles soulignent enfin le risque de priver les
praticiens de la liberté de choisir l’intervention qu’ils vont utiliser selon les
besoins individuels de leurs clients. Seules, quelques différences « modestes »
existeraient en ce qui concerne les psychothérapies avec les enfants. Les auteures
concluent qu’à ce jour, les données scientifiques ne permettent pas d’affirmer
qu’un type de psychothérapie est plus efficace qu’un autre chez les adultes, même
dans le cadre de troubles spécifiques.
Cela implique que le fait de se centrer uniquement sur des techniques spécifiques
empiriquement validées est insuffisant. Car le psychothérapeute compétent
intègre des éléments utiles, issus de courants différents, tout en restant en accord
avec sa personnalité, son style relationnel et ses compétences et en s’adaptant aux
particularités et aux besoins de son client. Ce qui correspond à une des
conclusions de Leuzinger et coll. sur l’efficacité des thérapies psychanalytiques.
Les échecs sont le fait de cliniciens rigides qui font passé la théorie avant l’écoute
de leur patient.
Patrick De Neuter
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