aux États-Unis – trois millions d’emplois qui
auraient dû normalement être créés et un autre
million d’emplois qui a été perdu. Cette question
est devenue pour le président Bush un enjeu
politique majeur force probablement l’admi-
nistration Bush à essayer de régler rapidement
d’autres problèmes comme celui de la faiblesse du
dollar américain.
Périodes d’expansion et de récession inhérentes
à une nouvelle ère
Dans le passé, les augmentations subites de pro-
ductivité ont souvent été associées à un climat
d’instabilité financière. Par exemple, le boom
économique associé à la construction du chemin de
fer dans les années 1800 a été marqué par des vagues
de spéculation financière et un krach pénible. Le
boom de l’automobile dans les années 1920 s’est
caractérisé par une hausse incroyable de la pro-
ductivité mais également par des spéculations
financières qui se sont soldées par un krach boursier.
Le problème lorsque survient une « nouvelle ère »
est que les entrepreneurs et les investisseurs devien-
nent trop optimistes. Cela se traduit par des périodes
de surinvestissement suivies de périodes de repli
difficiles. Nous venons tout juste de vivre ce genre
d’épisode avec les périodes d’expansion et de
récession qu’ont connues les titres du secteur des
technologies, ce qui prouve qu’il n’y a rien de
vraiment nouveau sous le soleil. Toutefois, du point
de vue historique, il est intéressant de noter que le
boom du chemin de fer qui avait débuté dans la
première moitié du 19ème siècle n’a pas pris fin avec
la première récession survenue au milieu du siècle.
Il a été suivi par plusieurs décennies de développe-
ment économique marquées successivement par des
périodes d’expansion et des périodes de récession,
tandis que le taux sous-jacent de productivité
enregistrait une forte croissance.
Au cœur même de ces cycles d’expansion et de
récession, il y avait des entrepreneurs optimistes et
audacieux. Historiquement, ces gens étaient
louangés lorsqu’ils faisaient fortune ou qu’ils
enrichissaient d’autres personnes et ils étaient
maudits lorsque les choses tournaient mal.
L’économiste renommé de Harvard, Joseph
Schumpeter, les décrit à juste titre comme les
héros du processus parfois malsain de « destruction
créatrice » qui est l’essence même du capitalisme
et du développement économique.
À travers l’histoire, les tensions sociales avaient
tendance à survenir lorsqu’un petit groupe
d’entrepreneurs devenaient très riches, tout parti-
culièrement lorsque ce groupe comprenait un
certain nombre d’escrocs. Encore aujourd’hui,
nous ne sommes pas à l’abri des gens malhonnêtes
comme l’ont démontré les scandales entourant
certaines entreprises comme Enron, WorldCom,
et Tyco. Même s’il est évident que les personnes
qui enfreignent la loi doivent être punies, jusqu’où
une entreprise devrait-elle aller pour décourager
les comportements à risque et éviter ainsi que
des gens peu scrupuleux commettent des excès ?
Sur le plan social, on pourrait conclure que
l’émergence de quelques escrocs lors des périodes
d’expansion est un bien petit prix à payer pour le
fort taux de croissance de la productivité obtenu
par les entrepreneurs qui prennent des risques.
Voici ce qu’en dit l’économiste britannique
réputé, Nicholas Kaldor :
« Les forces qui causent les expansions et les
récessions sont souvent responsables également du
rythme du développement économique. ... Une
économie dans laquelle les hommes et les femmes
d’affaires sont audacieux, les attentes très volatiles
et la tendance à l’optimisme, sera susceptible
de connaître une rythme de croissance plus rapide
qu’une économie dans laquelle les investisseurs sont
prudents. Le héros de Schumpeter, « l’entrepreneur
novateur » que nous avons écarté un peu cavalière-
ment au début, finit par occuper une place
honorable ou même à jouer un rôle clé dans la
pièce. ... Il est en fait un promoteur, un spéculateur,
un parieur, un vecteur de l’expansion économique
en général et non pas seulement de quelques
nouvelles techniques de production. »
La croissance de la productivité :
est-ce vraiment une bonne nouvelle ? (suite)
LE MONDE SELON BILL STERLING
PAGE 6 PERSPECTIVE D’OCTOBRE AU 30 SEPTEMBRE 2003 • À L’INTENTION DES COURTIERS UNIQUEMENT