2C3232 Ecole Normale Supérieure de Cachan SECOND CONCOURS Admission en cycle Master MASTER PHYSIQUE Session 2013 Épreuve de PHYSIQUE Durée : 5 heures Aucun document n’est autorisé L’usage de calculatrice électronique de poche à alimentation autonome, non imprimantes et sans document d’accompagnement, est autorisé selon la circulaire n°99018 du 1er février 1999. De plus, une seule calculatrice est admise sur la table, et aucun échange n’est autorisé entre les candidats. Si, au cours de l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être une erreur d’énoncé, il le signale sur sa copie et poursuit sa composition en expliquant les raisons des initiatives qu’il est amené à prendre. Page 1 sur 16 Ce problème porte sur les interactions lumière/matière et plus particulièrement sur leur utilisation dans le domaine du refroidissement laser. Cette technique a été développée dans le courant des années 80, d’abord sur des ions puis sur des atomes. Elle permet une précision sans précédent sur des mesures métrologiques et est à l’origine des développements récents de la recherche sur les atomes froids, plus précisément sur les condensats de Bose-Einstein gazeux. La première partie s’intéresse au cas d’un rayonnement thermique d’équilibre. On cherche à obtenir la loi de Planck à partir de différentes considérations sur l’équilibre thermique entre la matière et le rayonnement. L’accent est mis en particulier sur les transferts de quantité de mouvement entre matière et rayonnement en suivant une démarche initiée par Einstein. La deuxième partie porte sur le traitement semi-classique de l’interaction lumière/matière. L’atome est décrit quantiquement alors que l’on garde une description classique pour le rayonnement. Cette approche permet d’une part d’exprimer les coefficients d’Einstein en fonction de grandeurs fondamentales, et, d’autre part d’éclairer la distinction entre champ fort et champ faible pour un atome. La troisième partie permet de dégager les principes du refroidissement d’atomes libres par laser. Appliquant les résultats obtenus en partie II dans une situation simplifiée, on cherche à déterminer la force subie par un atome dans un ensemble de faisceaux laser. La force obtenue étant dissipative, on obtient une mélasse optique permettant de refroidir le gaz atomique s’y trouvant. On cherche alors à évaluer la limite en température de cette méthode expérimentale. La quatrième partie s’intéresse au cas d’ions piégés et refroidis par la méthode précédente. L’obtention d’un piège purement électrostatique étant exclu, une démarche possible est d’utiliser un piège électromagnétique dynamique (piège de Paul). On dégage alors un certain nombre de contraintes expérimentales à satisfaire pour parvenir à un piégeage convenable en étudiant, de manière simplifiée, la dynamique des ions dans le piège. Les différentes parties sont relativement indépendantes. Les résultats nécessaires d’une partie à l’autre sont notifiés. Tout résultat fourni peut être admis (en le précisant sur la copie). Le candidat veillera à respecter scrupuleusement les notations introduites dans l’énoncé. La présentation sera prise en compte, une bonification sera accordée chaque fois qu’une sous partie et/ou une partie est entièrement traitée. Page 2 sur 16 Notations: Dans tout le problème les vecteurs seront notés en caractères gras sans flèche. Par exemple u désigne un vecteur alors que u désigne sa norme où l’une de ses composantes. Les symboles suivants sont utilisés dans le problème et devront être respectés par le candidat tout au long du sujet: me désigne la masse de l’électron e la charge élémentaire h la constante de Planck ħ la constante de Planck réduite kB la constante de Boltzmann μ0 la perméabilité du vide ε0 la permittivité du vide c la vitesse de la lumière dans le vide La fonction cosinus hyperbolique sera notée ch. La fonction sinus hyperbolique sera notée sh. La fonction tangente hyperbolique sera notée th. La fonction exponentielle sera notée indifféremment exp ou e. La fonction cosinus sera notée cos. La fonction sinus sera noté sin. Le produit vectoriel de deux vecteurs u et v sera noté u x v. x y signifie « x est proportionnel à y » On notera le rapport 1/(kBT) où T est la température absolue du système étudié. On notera u la quantité complexe associé à la grandeur réelle u. Si le candidat est amené à utiliser dans son raisonnement des notations nouvelles, celles-ci devront être clairement définies. Données littérales : 2 sin c x dx où sin c x sinx . x Pour tout champ vectoriel A : (A.grad)A = 1 2 grad(A2) – A x rot A Données numériques : Perméabilité du vide 0= 4.10-7 SI Permittivité du vide : ε0 = = 8,85.10-12 SI Page 3 sur 16 Partie I : Etude du rayonnement d’équilibre thermique. Cette partie s’intéresse au rayonnement d’équilibre, à la température T, dans une enceinte fermée que l’on assimilera à un cube de volume V = L3 où L désigne la longueur d’une arête. A partir d’arguments thermodynamiques généraux, on établit comment l’énergie volumique u dépend de la température (loi de Stefan-Boltzmann). On cherche ensuite à retrouver ce résultat en utilisant la densité volumique d’énergie spectrale ρ (ω,T) à l’équilibre thermique (ω désignant la pulsation du rayonnement considéré). Cette loi est obtenue de différentes manières dont l’une suit l’approche historique d’Einstein qui établit qu’à l’équilibre, du fait des échanges de quantité de mouvement entre la matière et le rayonnement , la densité volumique d’énergie spectrale ne peut être que celle donnée par la loi de Planck. A. Résultats thermodynamiques. On rappelle que sur une surface parfaitement réfléchissante, la pression de radiation exercée par un rayonnement d’angle d’incidence θ et de densité volumique d’énergie u est donnée par : prad (θ) = 2u cos2θ. 1. Montrer que pour un rayonnement isotrope, la pression de radiation totale p est donnée 1 3 par p u . 2. L’intensivité de u impose u= u(T) à l’équilibre thermique. A partir de la première identité thermodynamique obtenir l’expression de la différentielle dS de l’entropie du rayonnement dans une enceinte de volume V en fonction de dV et dT. 3. Montrer alors que l’on a u (T) = b T4 (Loi de Stefan-Boltzmann) b étant une constante que l’on ne cherchera pas à exprimer à ce stade. B. Densité volumique d’énergie spectrale. Loi de Planck. 1. Rappeler l’expression de u(T) en fonction de ρ(ω,T). On se propose de calculer ρ(ω,T) de la manière suivante. On désigne par g(ω) le nombre de modes propres de la cavité dans l’intervalle [ω, ω+dω] par unité de volume et par <ε˃ l’énergie moyenne d’un mode. On a alors ρ(ω,T) = g(ω) <ε>. 2. En précisant clairement les hypothèses de votre calcul, établir l’expression de g(ω). Un mode propre du rayonnement électromagnétique peut être assimilé à un oscillateur harmonique unidimensionnel. 3. Dans un modèle purement classique, que prévoit la physique statistique pour <ε>? En déduire une incompatibilité entre le modèle choisi et la loi de Stefan-Boltzmann. On traite alors chaque mode du rayonnement comme un oscillateur harmonique quantique de pulsation ω et dont l’énergie fondamentale est prise égale à 0. 4. Préciser le spectre de ce système. Exprimer la fonction de partition canonique associée en fonction de ω et T. En déduire < ε >. 5. Obtenir alors la loi de Planck sous la forme : P ,T 3 c e 2 3 1 1 . Page 4 sur 16 6. Retrouver alors la loi de Stefan-Boltzmann. On exprimera le coefficient b en fonction des données et d’une intégrale numérique que l’on ne cherchera pas à calculer. C. Approche d’Einstein. En 1916, dans une première approche heuristique, Einstein introduit des coefficients d’absorption et d’émission pour un atome afin de rendre compte du spectre de Planck. La nécessité d’introduire un processus d’interaction lumière/matière nouveau (émission stimulée) s’avère crucial. On considère des atomes à deux niveaux d’énergie E1 et E2 (> E1) supposés non dégénérés. On appelle N1(t) et N2(t) respectivement les populations atomiques des niveaux d’énergie correspondants et on a ω0 = E2 – E1. On note respectivement A21 le taux d’émission spontanée, B12 (B21) le coefficient d’absorption (le coefficient d’émission stimulée), ρ(ω0,T) la densité volumique d’énergie spectrale à la pulsation de la transition. 1. Etablir l’expression générale du taux de variation temporelle dN1 dt de la population atomique dans le niveau 1. 2. Que vaut le rapport N2/N1 à l’équilibre thermique ? 3. L’équilibre thermique étant atteint, vérifier que l’on retrouve pour ρ(ω0,T) distribution de Planck ρP(ω0, T) en posant : B12 = B21 et 03 2 3 A21 B21 c la . On souhaite désormais retrouver la distribution de Planck en considérant les transferts d’impulsion ayant lieu entre lumière et matière. La prise en compte de ces transferts de quantité de mouvement est grandement facilitée par la notion de photon. En effet chaque photon de pulsation ω0 transporte non seulement une énergie ω0 mais également une impulsion k0 où k0 désigne le vecteur d’onde associé. L’idée suivie par Einstein est d’évaluer les différentes contributions du rayonnement à la variation de quantité de mouvement d’un atome de masse m. Il considère qu’il y en a deux : une première due au champ de rayonnement macroscopique caractérisé par sa densité spectrale ρ, une deuxième due aux fluctuations microscopiques de ce champ. On considère un atome à deux niveaux non dégénérés se déplaçant à la vitesse v = v(t) uZ, l’impulsion k d’un photon étant repérée en coordonnées sphériques d’axe (Oz) par ses angles θ et φ. Les notations concernant les niveaux d’énergie et les coefficients d’Einstein sont les mêmes que précédemment. Toutes les quantités notées sans prime sont évaluées dans le référentiel du laboratoire et celle avec prime dans le référentiel de l’atome. Afin d’alléger les notations on notera simplement ρ(ω0) la densité volumique d’énergie spectrale. Le calcul des taux d’absorption ou d’émission doit être fait dans le référentiel de l’atome pour utiliser les coefficients d’Einstein. La petitesse du rapport v/c permet de ne faire des calculs qu’au premier ordre en v/c. L’un des effets majeurs du changement de référentiel est que la densité volumique d’énergie spectrale vue par l’atome ρ’(ω’, θ’) n’est plus isotrope contrairement à ρ(ω) . 4. Par un raisonnement purement classique, montrer que la pulsation du rayonnement vue par l’atome est, au premier ordre en v/c, 0 ' 0 1 cos . Cette relation reste v c vraie en relativité au premier ordre en v/c. On prend en compte, au premier ordre en v/c, l’effet d’aberration angulaire par v c l’expression : cos ' cos sin2 (φ, l’autre angle des coordonnées sphériques, est Page 5 sur 16 inchangé). De même on montre par les transformations de Lorentz simplifiées des champs électrique et magnétique que l’on a : ' ' , ' d ' d' 1 2 cos d d où dΩ v c désigne l’angle solide élémentaire. 5. En déduire ρ’(ω’, θ’) au premier ordre en v/c en fonction de ω’, θ’, v, c, ρ(ω’) et d ' . d ' On se propose de faire un bilan de quantité de mouvement en raisonnant sur le rayonnement faisant un angle orienté θ’ avec v et occupant l’angle solide élémentaire dΩ’. On raisonne sur un intervalle de temps δt >> 1/A21. 6. Expliquer pourquoi l’émission spontanée ne produit, en moyenne, aucune variation de quantité de mouvement sur le laps de temps considéré. 7. Seules contribuent donc, en moyenne, l’émission stimulée et l’absorption. Montrer que la composante suivante (Oz) δFz de la force moyenne ressentie par l’atome de la part du rayonnement , pendant δt, est donnée par : Fz B12 0 ' cos ' N1 N2 ' 0 ' , ' d' . 4 c 8. En déduire que la force totale moyenne est donnée par Fz = -Rv(t) où R B12 N1 N 2 0 0 d 0 . 2 3 d c 0 La force obtenue est une force dissipative et correspond à la première contribution cherchée. On souhaite maintenant prendre en compte les fluctuations de cette force qui ont tendance à augmenter l’énergie cinétique de l’atome car à chaque processus d’émission ou d’absorption, l’atome gagne une énergie de recul. L’atome subit donc une force fluctuante suivant (Oz) que l’on peut noter Fz + F’z où F’z est de valeur moyenne nulle. Pendant δt , l’atome subit donc une variation de quantité de mouvement due à Fz ainsi qu’une autre due aux fluctuations des processus d’émission et d’absorption que l’on peut n écrire : Δz = iz où les δiz sont les composantes suivant (Oz) de vecteurs aléatoirement i 1 orientés δ, de norme k0 , et où n est le nombre total de processus d’absorption et d’émission ayant eu lieu pendant δt. 9. Effectuer un bilan de quantité de mouvement pour l’atome entre t et t+ δt et exprimer v(t+ δt) en fonction de v(t), Fz et Δz. 10. v(t) et Δz étant décorrélées, montrer qu’à l’équilibre thermique on a la relation : 2 R 2z t où R est le coefficient introduit en B.8. et <..> désigne la moyenne d’ensemble. On ne retiendra que les termes d’ordre un en δt. 11. En utilisant la question C.1., n 2 N1B12 0 t . 12. En déduire montrer qu’à l’équilibre thermique on a que la densité spectrale d’énergie vérifie l’équation : 0 d 0 0 0 00 . 3 d 3 e 1 13. Vérifier que la distribution de Planck ρP(ω0,T) est bien solution de cette équation. On peut montrer mathématiquement que la solution est unique. Page 6 sur 16 Partie II : Traitement semi-classique de l’interaction lumière- atome. A. Equations d’évolution pour un atome à deux niveaux. On cherche à déterminer une expression des coefficients d’Einstein introduits de manière phénoménologique dans la partie précédente. La description du champ étant classique dans les équations d’Einstein, on se contente d’un traitement semi-classique où seule l’énergie de l’atome est quantifiée. On se place dans l’approximation d’un atome à deux niveaux d’énergie non dégénérés E1 et E2 tels que E2 – E1 = ω0 . Cette approximation est justifiée si l’on envisage l’interaction de l’atome avec une onde électromagnétique plane monochromatique de pulsation ω telle que δω = ω - ω0 avec << ω0. On note par ailleurs 1 (respectivement 2 ) l’état propre normé de l’atome correspondant au niveau d’énergie E1 (respectivement E2). L’Hamiltonien de l’atome en présence du champ électromagnétique s’écrit : Hˆ Hˆ 0 Vˆ où Ĥ 0 est l’Hamiltonien de l’atome isolé et Vˆ le terme d’interaction entre l’atome et le champ. Classiquement on utiliserait l’expression V= -p.E où p représente le moment dipolaire électrique de l’atome et E le champ électrique de l’onde. Le traitement semi-classique impose que E reste un champ classique alors que p devient un opérateur. On pose E (r, t) = E0(r) cos (ωt). On s’intéresse au cas où λ, longueur d’onde de l’onde électromagnétique, est très grande devant les dimensions de l’atome (approximation dipolaire). 1. Quelle approximation peut-on faire alors sur l’expression de Vˆ ? 2. Expliquer pourquoi 1 Vˆ 1 et 2 Vˆ 2 sont nuls. Dans la suite on suppose E0(r) porté par uz et on note μ12z l’élément de matrice 1 pˆ z 2 ( p̂z = p̂ .uz). On admettra que cet élément de matrice est nécessairement réel. 3. L’état normé de l’atome à l’instant t s’écrivant t c1t e i E1t 1 c 2 t e i E 2t 2 , établir que l’évolution de c1(t) et de c2(t) est donné par : c1 t c 2 t i R 2 i R 2 e e c t i 0 t e i 0 t c 2 t i 0 t e i 0 t 1 où ΩR est la pulsation de Rabi que l’on exprimera en fonction des données (on peut la choisir positive dans perdre en généralité). Dans toute la suite de cette partie on suppose que l ‘état initial de l’atome est c1(0) = 1 et c2(0)= 0. B. Limite en champ faible : coefficients d’Einstein. On s’intéresse dans un premier temps au cas où la densité volumique d’énergie électromagnétique est suffisamment faible pour que l’onde électromagnétique ne perturbe que faiblement l’atome. Cela entraîne que , pour tout t > 0, c1(t) ≈ 1 et c2 t << 1. On se propose alors de résoudre de manière perturbative les équations différentielles précédentes. Page 7 sur 16 t R 2 où t sin c 2 2 2 1. Montrer que l’on a, en très bonne approximation, c 2 t 2 sin c x sinx . Commenter le résultat obtenu. x 2 2. En considérant le cas où il y a résonance entre le champ et l’atome, montrer que l’expression obtenue n’est pas en accord avec le taux d’absorption introduit par Einstein (on réfléchira en particulier à sa dépendance temporelle). Pour faire le lien avec la théorie d’Einstein, il convient donc d’affiner le modèle. On considère désormais que : La raie atomique n’est pas infiniment fine (et c’est l’une des raisons pour lesquelles l’émission spontanée existe). On note Δω sa largeur en pulsation. Il faut donc prendre en compte toutes les radiations dans l’intervalle [ω0 – Δω/2 ; ω0 + Δω/2 ]. De plus , les modes étant incohérents entre eux, on doit sommer leur contribution sur Ic2(t)I2. 3. ρ(ω) désignant la densité volumique d’énergie spectrale montrer que l’on a alors l’expression : c 2 t 2 2 12 z 2 2 0 0 2 0 0 2 sin c 2 2 t d . 4. Dans le cas Δω t >> 1, vérifier que l’on obtient : c 2 t 2 2 la dépendance temporelle de c 2 t . 2 12 z 2 0 0 t . Commenter Pour retrouver les coefficients d’Einstein il faut prendre en compte l’isotropie du rayonnement d’équilibre thermique. Dans ces conditions la polarisation rectiligne suivant uz envisagée jusque là est insuffisante. 5. Montrer alors, en sommant sur toutes le directions possibles du champ électrique E, que l’on obtient pour le coefficient d’absorption 12 1 l’expression: B12 2 12 3 2 0 où pˆ 2 . 6. En déduire une expression littérale du taux d’émission spontanée A21. Evaluer numériquement ce coefficient en explicitant clairement les ordres de grandeurs retenus pour les différents termes. Discuter la cohérence du résultat. 7. Le cas envisagé (Δω t >> 1) correspond- il à une restriction sévère ? C. Limite en champ fort : oscillations de Rabi. La partie précédente traitait du cas où l’absorption était faible. Ici on ne fait plus de traitement pertubatif du problème et on se place à la résonance. Les conditions initiales sont celles exposées en fin de II. A. 1. Montrer dans ce cas que la résolution du système différentiel pour c1(t) et c2(t), en ne tenant compte que des termes résonants, conduit à: 2 2 t t c1 t cos 2 R ; c 2 t sin2 R . On parle d’oscillations de Rabi. 2 2 Page 8 sur 16 Le résultat précédent oublie tout processus pouvant faire perdre la cohérence de l’évolution, en particulier l’émission spontanée. 2. Quels autres types de processus sont susceptibles d’influencer de manière incohérente c1(t) et c2(t) ? 3. On note τ la durée caractéristique sur laquelle se manifeste une évolution incohérente. Quelle inégalité doivent vérifier ΩR et τ pour que l’on puisse observer des oscillations de Rabi ? 4. La durée de vie de l’état 2p de l’atome d’hydrogène est τ = 1,6 ns (on n’envisage que l’émission spontanée vers l’état 1s). En explicitant clairement votre raisonnement, évaluer numériquement la valeur de la puissance surfacique du champ électromagnétique nécessaire pour observer des oscillations de Rabi de la transition 2p→1s. Commenter. D. Prise en compte des phénomènes d’amortissement. Equations de Bloch optiques. On appelle phénomène d’amortissement tout processus incohérent intervenant dans la dynamique de c1(t) et de c2(t). La distinction champ fort/champ faible se fait en comparant ΩR au taux d’amortissement global γ qui caractérise spectralement les phénomènes dissipatifs. 2 On donne ci-dessous l’évolution de c 2 t au cours du temps pour différentes valeurs du rapport R . Toute la dynamique d’un atome à deux niveaux peut être décrite à partir de la matrice densité ̂ d’éléments : ρij = <ci*cj> où i,j = 1,2 et <… > désigne une moyenne d’ensemble (dans le cas envisagé tous les atomes sont identiques et cette moyenne d’ensemble est inutile). 1. Quelle est l’interprétation physique des termes diagonaux de la matrice densité ? L’évolution des éléments de matrice de ̂ peut être ramenée à celle des composantes d’un vecteur unitaire de l’espace ordinaire dont les composantes (u,v,w) vérifient le système différentiel, appelé équations de Bloch optiques : u v u 2 v u v Rw 2 w R v w 1 avec u 12e i t 21e i t ; v i 12e i t 21e i t ; w 11 22 . Page 9 sur 16 2. En l’absence de phénomènes dissipatifs, vérifier brièvement que l’on retrouve les oscillations de Rabi de la partie II.C. 3. On se place en l’absence de champ extérieur. Etablir l’expression de ρ22(t) et vérifier quelle est conforme à celle physiquement attendue. On revient au cas général (atome en présence de champ extérieur et prise en compte de phénomènes dissipatifs). On s’intéresse à la solution des équations de Bloch dans le cas stationnaire. 4. Etablir qu’en régime stationnaire 22 R2 / 4 2 2 R 2 2 . 2 5. Si on se place en champ intense et à la résonance, vers quelle limite tend ρ22 ? En déduire l’impossibilité d’un milieu amplificateur constitué d’atomes à deux niveaux. Page 10 sur 16 Partie III : Principes du refroidissement laser d’atomes libres. Limite Doppler. On s’intéresse dans cette partie au refroidissement d’ un gaz atomique par laser. On commence par dégager le principe du ralentissement d’un jet atomique thermique par des processus radiatifs puis on s’intéresse à l’obtention d’une mélasse optique permettant de refroidir un ensemble d’atomes. On cherche alors à déterminer la température minimale atteignable par ces processus. Dans toute cette partie on négligera l’action de la pesanteur. A. Principe des forces radiatives. Ralentissement d’un jet atomique. On envisage toujours un atome à deux niveaux non dégénérés de pulsation de résonance ω0. On note γ la probabilité d’émission spontanée par unité de temps, processus que l’on suppose isotrope. Les notations adoptées sont les mêmes que dans la partie II. Un faisceau laser de pulsation ωL se propage suivant la direction –uz . On note kL= - kLuz le vecteur d’onde correspondant avec kL > 0. Comme on l’a montré précédemment, les processus d’absorption et d’émission mettent en jeu des transferts de quantité de mouvement. On cherche à exprimer la force ressentie par l’atome en présence de ce champ laser. 1. Expliquer pourquoi les seuls processus à prendre en compte correspondent à un cycle de fluorescence {absorption/émission spontanée}. 2. Quelle est la variation moyenne de quantité de mouvement d’un atome lors d’un tel cycle ? 3. En déduire que la force ressentie par l’atome est : F = γ ρ22 kL où ρ22 est l’élément de matrice densité défini en II. D. 4. On suppose que l’atome se déplace avec une vitesse v = v uz. Montrer que F s’écrit : F = kL R2 / 4 2 2 2 R L 0 k Lv 2 2 . En déduire comment doit être choisie la fréquence du laser pour que la force ressentie soit maximale pour un atome de vitesse v. 5. Si l’on se place en champ intense (notion définie dans la partie II), préciser l’expression de la valeur maximale de la norme de F notée Fmax. On raisonne sur un jet homocinétique d’atomes de sodium 23 11Na , sortant d’un four à la température de 600°C. La durée de vie de l’état excité envisagé est τ = 16 ns et la longueur d’onde de la transition à résonance est λ0 = 589 nm. On raisonne dans les conditions de la question A. 5. et on ne s’intéresse qu’au mouvement dans la direction (Oz). 6. Evaluer l’accélération a ressentie par un atome de sodium dans ces conditions. Comparer cette accélération à celle de la pesanteur g. 7. Si l’on admet que la force reste fixée à sa valeur maximale durant tout le mouvement de l’atome, calculer le nombre de cycles {absorption/émission} nécessaires pour stopper celui-ci ainsi que la distance parcourue entre le four et le point d’arrêt. 8. Un procédé expérimental pour conserver la condition obtenue en A.4. durant tout le mouvement des atomes consiste à modifier la fréquence du laser pendant le mouvement (« chirp cooling »). Une autre méthode repose sur l’utilisation de l’effet Page 11 sur 16 Zeeman à ωL fixée en présence d’un champ magnétique inhomogène. Discuter brièvement le principe de cette dernière méthode. B. Principe d’une mélasse optique. Le refroidissement radiatif d’atomes nécessite l’utilisation de plusieurs faisceaux laser, en effet pour couvrir toutes les directions de l’espace une configuration de faisceaux laser comme celle représentée ci-dessous s’impose. Configuration expérimentale. Au centre de la figure se trouve le gaz atomique vers lequel on fait converger 6 faisceaux laser. Les intensités laser sont suffisamment faibles pour que les effets de chaque onde laser s’additionnent simplement. On rappelle que la limite des champs faibles se traduit également par l’inégalité γ >> ΩR. L’émission spontanée sera par ailleurs totalement négligée. On n’envisage pour le moment qu’un mouvement unidimensionnel dans la direction (Oz). L’atome se déplace donc à la vitesse v = v uz et ressent les effets d’une onde laser de pulsation ωL se propageant suivant uz et d’une deuxième onde de même pulsation se propageant suivant -uz. 1. Donner l’expression de la force totale F = F (v) uz ressentie par l‘atome dans les hypothèses de l’énoncé. On notera δω = ωL – ω0 l’écart entre la pulsation de l’onde laser et celle de la transition atomique. 2. Représenter graphiquement l’allure de F(v) pour δω <0. Expliquer en quoi on obtient bien un ralentissement de l’atome quel que soit le sens de son mouvement. Dans toute la suite, on se place dans la limite kLv << γ. 3. En utilisant les valeurs numériques correspondantes à l’atome de sodium (III.A.), vérifier qu’il est possible de satisfaire cette hypothèse pour un ensemble d’atomes. On note n0 le nombre moyen de cycles de fluorescence {absorption/émission spontanée} par unité de temps d’un atome de vitesse nulle. 4. Montrer que la force radiative admet alors l’expression approchée : F v où 4 k L2 n0 2 2 . 4 Page 12 sur 16 On obtient bien une force de friction pour δω < 0. Le raisonnement pouvant porter sur chaque direction de l’espace, la lumière laser crée donc une « mélasse optique » où chaque atome ressent une force F = -α v. 5. Pour des atomes dans l’intervalle de vitesse considéré, quelle valeur choisir, a priori, pour l’écart δω afin d’optimiser la mélasse optique ? C. Limite du refroidissement Doppler. Afin de trouver la limite de l’énergie cinétique moyenne et donc de la température finale atteignable dans un échantillon d’atomes refroidis par laser il faut prendre en compte les fluctuations de la force radiative dont la moyenne a été calculée dans la partie précédente. On note m la masse d’un atome. On se place dans une situation où la hiérarchie temporelle est respectée : γ -1 << n0-1 << m . Cela signifie qu’un atome reste excité pendant une durée moyenne γ-1, durée faible comparée à la durée qui sépare deux cycles de fluorescence. 1. Interpréter physiquement la dernière inégalité. On se propose de raisonner dans l’esprit du calcul fait en I.C. en opérant un bilan de quantité de mouvement sur l’atome pendant une durée δt. On choisit une durée telle que γ -1 << δt << m . On raisonne sur un atome se déplaçant suivant l’axe (Oz) dans le champ laser créé par deux ondes de même pulsation ωL et de vecteurs d’onde opposés kL avec kL = kL uz. Toutes les grandeurs se référant à l’onde de vecteur kL seront indicées + et celles se référant à l’onde de vecteur -kL seront indicées -. Ainsi pendant δt, l’atome de vitesse v(t) absorbe N+ et N - photons et en réémet autant par émission spontanée. On note n+ (respectivement n-) le nombre moyen de cycles de fluorescence {absorption/émission spontanée} par unité de temps due à l’onde correspondant à kL (respectivement - kL). N+ et N- sont des grandeurs aléatoires que l’on admettra indépendantes du fait de l’hypothèse du champ faible et dont la distribution de probabilité est supposée Poissonienne. La distribution de probabilité de Poisson d’une variable aléatoire entière naturelle n est donnée par : P n 2. 3. 4. 5. n n! e où est un paramètre réel positif. Vérifier que cette distribution est normalisée. Montrer que la valeur moyenne <n> est égale à . Calculer l’écart quadratique moyen n en fonction de <n>. Exprimer les valeurs moyennes de N+ et N - notées respectivement <N+> et <N -> en fonction de n+, n - et δt. En déduire leurs écarts quadratiques moyens. On opère un bilan de quantité de mouvement sur un atome pendant un intervalle de temps δt. 6. Exprimer formellement la variation de quantité de mouvement de cet atome suivant (Oz) δpZ(t). 7. Calculer alors < δpZ(t)> et retrouver le résultat obtenu en B. 1. 8. Exprimer de même < δpZ2(t)> en fonction de , kL, <N+> et <N ->. On ne s’intéresse qu’au cas où kLv << γ, la force moyenne peut donc être approximée par la relation F = - α v où α a été calculé en B.4. Page 13 sur 16 9. Exprimer alors la variation de l’énergie cinétique moyenne suivant (Oz) <δECZ> au premier ordre en δt en fonction de , kL, n0 , α , vz2 et δt. 2 10. Montrer qu’à l’équilibre thermique on a : 2 1 4 k BT 3 . 11. En déduire la température minimale atteignable par ce procédé et la calculer numériquement pour des atomes de sodium. Page 14 sur 16 Partie IV : Refroidissement d’ions piégés. Les premières expériences de refroidissement laser portèrent sur des ions préalablement piégés par des forces électromagnétiques. Cette partie cherche à dégager certaines caractéristiques physiques de ce type de situation. A. Refroidissement des ions. On suppose que les ions évoluent sans interaction dans un potentiel harmonique dont l’origine sera étudiée dans la partie C. Leurs degrés de libertés externes sont traités classiquement. Ils sont irradiés par un faisceau laser unique (que l’on supposera orienté suivant +uz) de fréquence ωL inférieure à la fréquence de résonance ω0 des ions (on fait pour les ions l’approximation qu’ils n’ont que deux niveaux d’énergie non dégénérés). La force radiative qui en résulte a été calculée en III.A. 4. et on adopte les mêmes notations que dans la partie III. 1. Expliquer brièvement pourquoi l’utilisation d’un faisceau laser unique est suffisante pour refroidir les ions. La température minimale atteinte est toujours donnée par la limite Doppler à savoir kBT . A la différence des atomes qui absorbent dans le visible, les ions ont des fréquences de résonance se situant dans l’ultraviolet. 2. Quel problème expérimental cela a-t-il pu poser (en particulier dans les années 7080) ? Comment le surmonter ? 3. La valeur élevée de la fréquence de résonance a d’autres conséquences. En utilisant l’expression du taux d’émission spontanée obtenu en II.B.6, discuter l’avantage que l’on peut en tirer. 4. Par ailleurs évaluer l’ordre de grandeur de la température minimale atteignable par des ions. B. Mouvement dans un champ oscillant. Il existe plusieurs configurations de champs électrique et magnétique, statiques ou dépendant du temps, susceptibles de confiner (ou piéger) des ions dans une région de l’espace. On se propose ici d’étudier celle correspondant au piège de Paul. L’effet de la pesanteur sera négligé. 1. Démontrer qu’il n’existe aucun champ électrostatique permettant de créer dans le vide une force de rappel dans toutes les directions de l’espace pour une particule de charge électrique q. On étudie alors le mouvement d’une particule chargée P de masse m dans un champ électrique variable et non uniforme. La force électrique obtenue est de la forme F(r,t) = F1(r) cos(Ωt). On admet que le mouvement résultant de la particule P peut être alors décomposé en une somme du type rP(t) = r0(t) + r1(t) cos(Ωt) où r0(t) et r1(t) évoluent lentement par rapport à des oscillations de pulsation Ω, et, où ║r1(t)║ << ║r0(t)║. On suppose par ailleurs que F1(r) dérive d’un potentiel dont les variations se font sur une échelle de longueur très supérieure à ║r1║. Page 15 sur 16 F(r0) - mΩ2 sous couvert d’une approximation que l’on explicitera. Cette approximation sera vérifiée a postériori. 2. Montrer que l’on a r1 L’évolution de r0(t) est pilotée par la moyenne temporelle de F sur une période 2π/Ω. 3. Calculer cette valeur moyenne au premier ordre en r1 en opérant les approximations qui s’imposent compte tenu des ordres de grandeur des différentes échelles spatiales et temporelles. 4. Montrer alors que le mouvement lent de l’ion P est celui d’une particule placée dans le ║F1(r)║2 potentiel effectif : Ueff(r) = 4mΩ2 . C. Piège de Paul. On considère la structure suivante qui comporte trois électrodes E1, E2 et E2’. Les électrodes E2 et E2’ sont reliées électriquement. Leurs équations sont respectivement : (E1) x2+ y2- 2z2 = r02 (E2) et (E2’) x2+ y2- 2z2 = -2z02 1. Faire un schéma représentant l’allure des électrodes dans l’espace en faisant clairement apparaître r0 et z0. On porte E1 au potentiel V0 et E2 (et E2’) au potentiel nul. 2. Montrer que le potentiel électrique résultant est alors : Φ(r) = Φ0 + A0 (x2+y2 -2 z2) où V0 et A0 sont deux constantes à exprimer en fonction de Φ0, r0 et z0. 3. Montrer qu’un tel potentiel électrostatique ne peut piéger aucun un ion conformément au résultat de la question B.1. On applique sur les électrodes E2 et E2’ un potentiel dépendant du temps V(t) = V1cos(Ωt), l’électrode E1 étant toujours portée au potentiel V0. On donne Ω = 70.106 s-1, r0 = 2,5 mm et z0= 1,8 mm. 4. Montrer que l’approximation des régimes quasi-stationnaires (ARQS) s’applique. Dans le cadre de l’ARQS le potentiel électrique devient alors : Φ(r,t) = Φ0(t) + (A0 +A1 cos(Ωt))(x2+y2 -2 z2). 5. Donner les expressions de A0 et A1. 6. En utilisant les résultats de la partie B, exprimer l’énergie potentielle effective totale ressentie par un ion de charge e et de masse m en fonction de m, e, Ω, A0 et A1. 7. En raisonnant dans un plan (A0, A1), indiquer dans quelles conditions il faut se placer pour obtenir un potentiel de piégeage. On précisera la courbe correspondant à une énergie potentielle isotrope. 8. Pour un ion Mg+ de masse m = 3,9.10-26kg, évaluer numériquement les pulsations d’oscillations dans le piège sachant que V0= 0 V et V1 = 165V. Les ordres de grandeurs numériques sont-ils en accord avec les hypothèses sur le mouvement faites dans la partie B ? FIN DE L’EPREUVE Page 16 sur 16