Le Courrier des addictions (10) n ° 2 avril-mai-juin 2008 24
Le principe de Nirvãna
et la jouissance
E. Kaluaratchige *
Faculté de pharmacie
de l’Observatoire
27 mars 2008
Pulsions sexuelles,
pulsions de mort
Les figures cliniques choisies à partir des su-
jets engagés dans le bouddhisme en Occident
nous permettent de velopper principale-
ment la discussion sur le tme du principe
de Nirvãna et de la jouissance du sujet dans
la modernité. Ces figures de la jouissance nir-
nique, si hétérogènes soient-elles, viennent
voiler un psychisme impliqué profondé-
ment non seulement dans la religion boudd-
hique, mais encore dans l’engagement d’une
forme de thérapie par des pratiques liées au
bouddhisme.
Nous ouvrons le bat sur le concept ta-
psychologique freudien du principe de Nirvã-
na. Il s’agit d’une force qui pousse le sujet à
aller vers un “au-delà du plaisir. Afin d’avan-
cer dans cette démarche, nous convoquons
l’œuvre de Lacan qui en traduit la jouissance
comme un “au-delà du langage et du sexuel.
Lacan introduit, en effet, le concept de “jouis-
sance comme l’impossible, alors que le
sujet trouve des formes du possible dans la
culture. Mais nous savons aussi que la jouis-
sance est la jouissance de la “Chose, alors
que le sir appartient à l’Autre, au langage.
Contrôlé par son propre substitut modié, qui
est le principe de alité, le principe de plai-
sir est celui qui impose une limite au principe
de Nirvãna qui veut aller au-delà de la limite.
Le sujet négocie avec le plaisir et la alité
malgré sa ception d’abandonner ce qu’il a
goû avant la rencontre de la culture. Nous
entendons ici la tonalité des temps anciens
– le “bien-être absolu ou l’état avant la vie.
C’est ainsi que Freud introduit une grande
différence depuis la nature de deux principes
: celui de plaisir, qui régit les pulsions sexuel-
les et celui de Nirvãna, celles de mort. Lacan
poursuit par la difrence entre deux positions
: le gain de plaisir lié à la sexualité connec
à l’objet libidinal qui est le “désirer selon
les limites, et celui de jouissance connec à
l’objet primordial, qui est le “vouloir à tout
prix.
Lorsqu’il introduit le principe de Nirvãna,
Freud exprime très clairement que c’est la
thèse quantitativiste de Fechner qui l’inspire.
Celui-ci développe sa théorie sur la tendance
à la stabilité pour réduire à rien la somme
d’excitations et la maintenir “aussi basse”
que possible. C’est cette tendance que Bar-
bara Low nomme le principe de Nirvãna,
définition acceptée par Freud.
Les grands moyens
du Grand Véhicule
Le Nirvãna est expliqué dans le boudd-
hisme, principalement dans ses termes
ablatifs : “extinction de la soif (tanha)”,
cessation de la douleur (dukkha), de la souf-
france, du désir, de l’illusion. Ou négatifs :
le non-né, l’inconditionné, le non-composé.
Dans le bouddhisme des anciens du Petit
Véhicule, le Nirvãna est considéré comme
un but à visée illuminatrice arrivant après
plusieurs renaissances, qui mobilise la per-
sévérance et la capacité hors du commun.
Le bouddhisme dans son fond doctrinal res-
te une pensée qui pose “l’état de Bouddha”
ou la “bouddhéité” comme but ultime.
Le bouddhisme de la tradition du Grand
hicule,veloppé plus tardivement, consi-
Qu’est ce qui pousse le sujet à aller vers un “au-delà
du plaisir ? À chercher coûte que coûte à atteindre le
Nirna ? Les figures de la jouissance nirvãnique, si
térogènes soient-elles, viennent dévoiler un psychisme
impliqué profondément non seulement dans la religion
bouddhique, mais encore dans l’engagement d’une forme de thérapie par
des pratiques qui s’en clament. Lien entre deux grands concepts de la psy-
chanalyse : le principe de Nirna et la jouissance, et le pnomène d’ex-
tase nirnique chez les sujets engagés dans ces pratiques en Occident.
re l’homme comme un Bouddha potentiel
: elle postule que le Nirna est l’état que
l’homme peut atteindre dans cette vie même.
On propose alors aux laïcs des pratiques, jadis
servées aux moines. C’est ce bouddhisme
qui est adopet promu en Occident. Dans les
sectes du Grand hicule, on peut atteindre
cet état par les “grands moyens ou par un
“sentier rapide”, sans passer par tout le cycle
des renaissances. Les techniques utilisées sont
souvent inspirées par les textes et hors “tex-
tes”. Le sujet peut donc accéder à l’état de
bouddhéité au travers de l’état nirvãnique par
des communications intuitives, citations,
inspirations mystiques, pratiques corpo-spiri-
tuelles (méditation, respirations…)
Le principe de Nirna, en passant par le
mystique, rencontre la problématique du
“sentiment océanique à travers la recherche
d’extase nirvãnique chez le sujet bouddhiste
occidental. Ce moment est expliq par le
sujet comme une transformation de son état
physique et mental accompag d’un senti-
ment de volupté. Il s’agit d’une extase, d’une
jouissance, d’une perte de conscience du
monde extérieur et d’un moment de conscien-
ce compte du “soi. Chez le sujet, il y a une
recherche qui ressemble à une soumission à
l’eudémonisme, mais il s’agit d’une qte de
quelque chose au-delà du plaisir et du bon-
heur. Freud le discerne jà par l’émergence
d’un plaisir paradoxal qui n’est plus le plaisir
dans le sens commun du terme.
Le retour au giron maternel,
masse de sensations
Notre sujet d’ailleurs nous fournit un bel
exemple des mouvements psychiques qui
vont du fantasme du retour à l’état avant la
naissance au giron maternel, jusqu’à la réa-
lité d’une pratique destinée à sa réalisation.
Il s’agit d’un fantasme fondamental : le rêve
d’un retour aux sensations et à l’exaltation
jadis vécues au “dedans du maternel”. La
mère est un lieu d’où l’enfant est venu, le
“dedans”, la “masse de sensations”.
Freud ne veut pas parler d’un retour au giron
maternel entendu comme une envie fondée
sur la biologie promue par Rank, dont il dit
qu’il néglige l’angoisse qui s’oppose à l’in-
ceste, et qu’il fait l’hypothèse de la répéti-
tion directe de l’angoisse de la naissance.
Pour Freud, le giron maternel n’est pas la
matrice, c’est une “masse de sensations”
que le sujet a déjà ressentie. Le retour au gi-
ron maternel est un fantasme développé par
le sujet après avoir rencontré l’interdit de
l’inceste par l’intervention du père. Freud
donne ainsi consistance à cette pulsion de
* Enseignante, psychologie et sciences de l’éduca-
tion, Vitry-Sur-Seine.
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mort gérée par le principe de Nirvãna qui
pousse le sujet vers le fantasme du giron
maternel : la “pulsion de bonheur” (glücks-
treib). Celle-ci a un sens érotique.
Le sujet qui pratique l’extase nirvãnique,
a le sentiment d’avoir porté dans sa vie un
mal-être et une insatisfaction profonde. Il
raconte son malheur, il vit sa tristesse. Il ne
voit que les méfaits de la pulsionnalité diri-
e vers l’objet libidinal incarnant l’angoisse.
Il cherche à se débarrasser du corps et lui
impose une activité intense afin d’aller vers
le “réel” innommable et de liquider les re-
présentations génératrices d’angoisses.
La désintrication pulsionnelle
Le moment d’extase nirvãnique peut être
court, mais il propose un moyen de laisser au
loin le fardeau de la vie. La posture physique
nommée asana, exigée par la pratique, est un
travail qui met le corps à rude épreuve, dans
l’application des exercices sévères et perfec-
tionnistes. C’est que la méthode fait bouger
chaque organe, muscle et articulation, le
corps en entier. Pour atteindre le but, on mo-
bilise aussi la voie respiratoire. Le moment
d’extase nirvãnique donne cette impression
d’être “autre”. Le sentiment d’étrangeté fa-
çonne un êtr(ange), une personne qui n’est
pas soumise à la loi de la castration, ni à la
sexuation. Il incarne ainsi un être a-sexué.
Chez le sujet pratiquant, nous observons
aussi le processus d’un narcissisme illimité.
Nous nous approchons d’un état qui sem-
ble incarner une désintrication pulsionnelle
plus radicale. À force de conserver le moi
et le narcissisme, le sujet, à la place de don-
ner une importance à l’Eros, accorde toute
la place à la pulsion la plus ancienne, celle
de mort. L’auto-érotisme peut être décon-
necté de l’Eros. Il parvient alors à un état
de non-“Eros” que l’on appelle l’autisme
autiste. L’angoisse, l’affect fondamen-
tal se manifeste dans le corps “vivant” et
le corps organique. Dans la dépression, le
sujet montre son rapport avec l’autre, avec
la mère “irrespirable”. Il s’agit d’une mère
non sublimée, angoissante et traumatisante.
Comme un enfant qui est étouffé par l’em-
prise maternelle, le sujet “est suffoqué”.
Dès lors, tous les organes impliqués dans
la respiration doivent être stimulés et ren-
forcés. Au moment des grandes angoisses,
le pratiquant sait qu’il doit tout de suite re-
commencer sa méditation et ses exercices
de respiration. Il faut chercher la solution
par l’objet sublimé, cela dans le corps de
l’autre maternel. La situation du “désaide
psychique (hilflosigkeit) est, selon Freud,
le pendant du “désaide” biologique. Freud
écrit : L’objet maternel psychique remplace
pour l’enfant la situationtale biologique.
Freud est toutefois très clair sur le fait que la
mère n’est pas un objet avant la naissance.
C’est par la parole, donc par la loi du père,
qu’elle devient objet. Le sujet pratiquant qui
veut retourner à l’état nirvãnique montre
qu’il cherche à remplacer la parole symboli-
que par le travail pulmonaire, sensationnel et
corporel. Il tente d’annuler volontairement
les représentations et l’acte de penser, par la
concentration sur sa respiration. Le principe
du Nirvãna freudien, comme tendance qui
incarne l’annulation de l’engagement cultu-
rel de l’être humain, a une analogie avec le
concept d’extinction et de vacuité (shunyata)
existant dans le bouddhisme.
Un principe de féminisation
Au cours de la recherche de l’état extatique,
il y a un moment le sujet jouit, mais où il
ne sait pas l’expliquer avec des mots. Cette
jouissance, dont on ne sait rien, est appe-
lée par Lacan, la jouissance de l’autre, la
jouissance féminine. Il ne faut surtout pas
la confondre avec le désir qui se renouvelle.
Lacan explique que les femmes comme les
hommes se positionnent du côté féminin
par leur engagement mystique, en particu-
lier lorsqu’ils se soumettent au principe de
Nirvãna. Lacan souligne que le moment or-
gastique chez la femme ainsi que l’extase
mystique sont des jaculations contrairement
à l’éjaculation chez l’homme. Il faut com-
prendre en même temps que, l’homme et la
femme, mystiques, jouissent de l’autre, le
Dieu, la phase “autre” de Dieu, das Ding,
la chose. La jouissance ici reste comme
inexplicable, et inavouable, donc hors lan-
gage, en dehors du père symbolique. En
effet, l’objet primordial ou l’objet premier
devient chez Lacan l’autre. Cette quête est,
chez Freud, celle du “moi-plaisir”. Il s’agit
d’une aspiration du moi à éviter le danger
venant du monde extérieur, tout en gardant
la frontière qui le sépare de lui. Faute de
quoi, on tombe dans la pathologie lourde,
dans la psychose. Freud fait d’ailleurs ré-
férence au poète : “Oui, nous ne tomberons
jamais hors du monde. Nous sommes de-
dans une fois pour toutes. Ainsi, le moi ne
peut jamais se débarrasser du monde de la
souffrance. Il peut, en revanche, dissoudre
ses frontières vers l’intérieur, car il ressent
ses tourments comme venant de lui. Freud
soutient, par son expérience clinique, la
perméabilité de la frontière entre le moi et
le ça. Lorsque nous parlons expansion du
moi vers sa dissolution, nous entendons
annulation de la frontière, non pas avec le
monde extérieur mais avec le ça.
L’effet du vertige
corpo-spirituel
Nous comprenons que le ça du sujet entre-
tienne son extase dans un au-delà du principe
de plaisir. Le sujet de l’extase nirvãnique-
ploie, en effet, les pulsions partielles par un
lien avec les exercices corporels pétés et
l’excitation par l’échauffement, les moyens
thermiques, les secousses mécaniques ryth-
miques sur les nerfs, la peau et les parties
profondes du corps. Le sujet engagé dans ces
pratiques stimule l’excitation sexuelle par-
tielle” par l’activi musculaire. Doù l’effet
toxique, l’ivresse, le vertige corpo-spirituel
que ses pratiques suscitent. Le terme allemand
schwärmerei est utilisé par Freud pour expli-
quer le moment d’ivresse idéologique, celui
du fanatisme et de l’exaltation narcissique
le sujet s’éloigne de l’objet et de l’autre.
Ce corps fanatique est d’ailleurs, selon l’éty-
mologie, “le gardien du temple de la esse
re”. Le corps ainsi sacralisé lui-même ten-
te de devenir l’autre, c’est-à-dire “l’absolu”.
Le sujet pratiquant est quelqu’un qui a subli-
une grande part de ses pulsions et on peut
enduire qu’il n’a pu élever l’objet premier
à l’état de la chose, grâce à un idéal spirituel
et morale. Par la sublimation religieuse et spi-
rituelle bouddhique, l’habitacle maternel est
incarné sous la forme d’un état nirvãnique.
C’est ainsi que le sujet pratiquant reste dans
le cadre de la loi paternelle, mais il rencontre
celui-ci dans l’habitacle maternel, au moment
de son extase nirvãnique.
Cette quête d’un état antérieur se termine
principalement par la destruction de la libi-
do, cette chose qui invite le sujet à chercher
la partie perdue au moment de la séparation
d’avec la mère, laquelle se retrouve à travers
l’objet libidinal. Mais il n’est pas sûr que ce
soit ce qui se passe pour le sujet pratiquant.
En effet, le fantasme qui pousse tout sujet
à trouver à l’extérieur un objet substitutif
à la perte originaire, ce fantasme que l’on
appelle fantasme de séduction, est, pour lui,
presque inexistant. Quelque chose au mo-
ment de l’œdipe ne l’a pas confronté à la
loi du père. Pour cette raison, le père, qui
devrait être protecteur et faire office d’objet
d’amour, est renvoà un père indifférent,
redoutable. Il a interdit l’inceste dans le
réel, mais pas dans la sublimation.
Ainsi, le sujet spirituel bouddhiste montre la
différence entre le sentiment océanique du
Le Courrier des addictions (10) n ° 2 avril-mai-juin 2008 26
Le Courrier des addictions vous souhaite
un bel été sur la route des vacances
et vous donne rendez-vous à la rentrée
maternel et le sehnsucht la “désirance” pour
le père protecteur. Il se situerait au croisement
de ces deux axes dans le phénomène religieux
: vivre isolé (ou quasi isolé) ou en collectivi.
Il est engagé dans les pratiques des sectes de
Grandhicule qui n’est pas le bouddhisme
du peuple asiatique. Il appartient plutôt aux
groupes restreints organisés par les spirituels.
La masse cherche l’aide du re protecteur.
Le bouddhisme de Petit hicule est plut
une organisation religieuse où le Bouddha est
mis au sommet du panthéon. Les spirituels,
au contraire, aspirent eux-mes à cet état
du Bouddha, comme celui qui a su atteindre
la vérité absolue. Après une analyse de nos
sujets occidentaux, nous comprenons que le
pratiquant veut faire une économie du père à
travers une autopratique.
Freud entend, par la religion de l’homme du
commun, un système de doctrines et de pro-
messes fondé sur trois objectifs : éclaircir les
énigmes de ce monde avec une complétude
digne d’envie, assurer le bonheur par une pro-
vidence attentionnée veillant sur la vie et -
parer d’éventuels refus dans l’au-delà de cette
vie. Tout en acceptant une tendance chez cer-
taines personnes à pratiquer une “spirituali
indienne, Freud affirme que la source du be-
soin religieux est fondamentalement liée à la
fonction paternelle. Cela depuis le meurtre du
le dominant de la horde. La thèse freudien-
ne est inscrite dans le besoin religieux comme
l’origine la recherche de l’aide du re. Au
contraire, le sentiment océanique d’un retour
au giron maternel n’est que l’après-coup de-
puis l’origine de la religion. Une invention qui
se te chez les “fils héros de lare”.
En somme, la quête de bien-être n’est rien
d’autre que celle de repos ou d’accession à
l’état avant la vie. Une recherche de l’homme
déçu par le père et, de surcroît, par les propo-
sitions culturelles qui lui demanderaient des
efforts interminables pour continuer à vivre.
n
Le bouddhisme, en (très) bref
A Le bouddhisme est dans le nord-est de l’Inde, dans le bassin moyen du Gange,
au VIe siècle av. J.-C., lorsqu’un prince, Siddharta Gautama, quitte parents, femme,
enfants et fortune pour tenter de trouver une réponse à l’universelle énigme de la souf-
france et de la mort. Il a l’intuition que la souffrance d’ici-bas est la conséquence obli-
gatoire du désir, de l’ignorance et de la haine. Vivre c’est désirer, donc souffrir. Pour
bien vivre, il faut donc tendre à annihiler tout désir, devenir maître de soi, faire du
détachement et renoncement les valeurs suprêmes, pour atteindre l’état de repos parfait,
le Nirvãna. Pour cela, il faut vivre plusieurs existences. Gautama va, par étapes succes-
sives, devenir “l’éveillé”, le Bouddha, le bienheureux, qui a apporla bonne loi à des
millions d’êtres humains. Il leur montrera comment, par la méditation, l’abstention de
tout péché, la non-violence, la chasteté, parvenir à la juste connaissance qui mène à cet
état de séréni suprême, extinction de tout désir et renoncement à tout attachement.
Depuis, le bouddhisme a gagné tout le continent asiatique, se nourrissant des divers
courants spirituels, philosophiques qu’il a rencontrés.
A Aujourd’hui, il peut grossièrement se diviser en deux grandes traditions : le mahãyãna
ou Grand Véhicule, plus récent, et le hînayãna ou Petit Véhicule, plus ancien (le véhi-
cule est celui qui permet de traverser l’océan de la souffrance).
Pour le premier, le Grand Véhicule, il y a une bouddhéité en chacun d’entre nous,
qu’il faut réaliser. Le Bouddha historique, le prince Gautama, est une incarnation de
l’absolu, dont la figure terrestre compte peu. L’homme peut se libérer en se faisant aider
par les “Bouddhas ou les bodhisattvas transcendants”, sages qui renoncent au Nirvãna
et se réincarnent parmi les hommes afin de les délivrer de leur souffrance. Il suffit de
le leur demander ou de devenir soi-même un bodhisattva en franchissant les six degrés
pour y parvenir (tout le monde hommes et femmes, peut le devenir, pas seulement les
moines). Le Grand Véhicule est largement majoritaire dans le bouddhisme chinois,
vietnamien, coréen, indien...
Dérivé du mahãyãna, le vajrayãna, ou “bouddhisme tantrique” (tantrayãna), est le
“véhicule du mantra secret”. Il s’appuie sur un panthéon de bouddhas, protecteurs ou
gardiens (dharmapalas), dakinis et bodhisattvas. Selon cette école, les adeptes peuvent
accéder à l’éveil au cours d’une seule vie et non à l’issue de plusieurs réincarnations,
s’ils respectent une discipline très codifiée et des pratiques issues des tantras : pratiques
de yoga, respirations, mantras, visualisations, méditation très développée…
Le Petit Véhicule, ou hînayãna, ou voie étroite, se rencontre plutôt dans d’autres pays
d’Asie du Sud-Est que le Vietnam (Laos, Cambodge, Thaïlande, Birmanie…). C’est le
bouddhisme du salut individuel. Il considère, en effet, que le Bouddha est un maître qui a
montré la voie, mais qu’il ne peut pas protéger l’homme. Il est un homme et non l’équiva-
lent d’un Dieu. À chacun de trouver la voie de “son salut” sans dieux, ni intermédiaires,
saints ou sages, sans paradis ni enfer. Le Nirvãna c’est l’anéantissement total du désir et
par conséquence la fin des réincarnations (samsara) et donc l’aboutissement final.
P.d.P.
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