FOCUS2_Islam essai de définition

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La pluralité islamique dans la Turquie contemporaine
PROF CLAUDIO MONGE
Université de Fribourg
Faculté de Théologie
AA. 2012-2013 – SP
Un essai de définition de l’islam
L’islam est de façon inséparable, à la fois religion, culte, tradition, règle de vie et projet
communautaire. Bref, l’islam gère tous les domaines de l’existence individuelle et
communautaire.
Il est inséparablement :
1) Dîn : religion
2) Dawla : l’état, c’est-à-dire le mode et le système de gouvernement (ce qui fait dire
synthétiquement que l’islam est dîn wa-dawla)
3) Dunyâ : vie quotidienne de chaque instant dans le monde d’ici-bas
Cette tradition religieuse ainsi définie se caractérise par l’articulation qu’elle opère entre
trois démarches, étroitement liées entre elles :
a) al-imân : la foi en tant qu’adhésion sincère du cœur et confiance absolue en Dieu.
b) al-islâm : l’abandon intégral et confiant de toute la personne à Dieu. Le mot
« soumission » est une traduction imparfaite.
c) al-ihsân : la recherche inlassable de la perfection dans le comportement et les
attitudes.
Questions terminologiques :
+ Avec un « I » majuscule, l’« Islam » désigne l’ensemble des pays et des peuples dont l’islam est
la religion, ou bien la civilisation inspirée par la religion musulmane.
+ Avec un « i » minuscule, l’ « islam » désigne la religion musulmane en tant que tradition
religieuse.
+ C’est bien clair que aujourd’hui l’islam désigne les modes de croire ou d’agir de la religion
musulmane dans leur universalité. Par islamisme on représente, par contre, une vision
idéologique de cette religion, vision comprise comme contestation d’un pouvoir, d’un régime ou
d’une société particulière. C’est vident qu’il y a un langage réservé à l’islam qui est déjà orienté, au
départ, dans un sens anti-islamique. Il y a 25 ans, quand l’islamophobie n’était pas encore si
accentuée, le terme « islamisme » était interchangeable avec « islam », ou il indiquait la culture et la
tradition islamique plus que la religion au sens étroit. Avec « islamiste » on signifiait le spécialiste
d’islam. On parlait tranquillement de « dialogue entre christianisme et islamisme ». Aujourd’hui, si
je disais que je suis un « islamiste » (car je m’occupe d’islam dans mes études), mon téléphone
serait mis sous contrôle ! Les patrons de l’information médiatique ont décidé que par « islamiste »
on entend « intégrisme et terrorisme ». C’est bizarre, car pour les autres religions le problème ne se
pose pas : on dit tranquillement « bouddhisme / bouddhiste », « hindouisme / hindouiste », ou
« hébraïsme / hébraïste »… Dans les journaux télévisés on dit tranquillement : « On a saisi une
nouvelle cellule islamique », car dire « On a saisi une nouvelle cellule intégriste musulmane » est
trop compliqué. On dit tranquillement : « La violence islamique fait un carnage parmi des civils
israéliens », mais essayez-vous de dire pareillement : « violence hébraïque de colons israéliens fait
deux victimes… », vous seriez immédiatement accusés d’anti-sémitisme. Pourquoi ne pas adopter
le préfixe « pseudo islamique ou pseudo hébraïque… » pour éviter des discrimination
terminologiques ?
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