58 patientes (81,69%) et il s’agissait d’un adénocarcinome chez les
13 autres (18,31%). Selon la classification FIGO, on comptait 25
patientes (35,21%) de stade I, 22 (30,99%) de stade II, 18 (25,35%)
de stade III et 6 (8,45%) de stade IV. Toutes avaient subi une cys-
toscopie. Parmi celles-ci, 28 (39,44%) avaient eu une TDM seule-
ment, 13 avaient eu une échographie pelvienne uniquement, et 30
(42,25%) avaient eu les deux examens.
Chez les 25 patientes (35,21%) de stade I, la cystoscopie, l’écho-
graphie pelvienne [18] et la TDM [16] se sont avérées négatives
dans tous les cas. Chez les 22 patientes (30,99%) de stade II, la cys-
toscopie, l’échographie pelvienne [12] et la TDM [19] se sont avé-
rées négatives dans tous les cas. Chez les 18 patientes (25,35%) de
stade III, la cystoscopie s’est avérée douteuse dans 1 cas et négati-
ve dans 17 cas. La TDM [18] s’est avérée positive dans 1 cas, dou-
teuse dans 3 cas et négative dans 14 cas. L’échographie pelvienne a
été faite chez 10 patientes et s’est avérée négative dans tous les cas.
Chez les 6 patientes (8,45%) de stade IV, la cystoscopie s’est avé-
rée positive dans 4 cas et négative dans 2 cas. La TDM [5] s’est avé-
rée positive dans 2 cas, négative dans 2 cas et douteuse dans 1 cas.
L’échographie pelvienne [3] s’est avérée positive dans les 3 cas.
Les tableaux I et II comparent les résultats obtenus par la TDM ou
l’échographie pelvienne avec ceux obtenus par la cystoscopie. Les
résultats douteux ont été considérés comme positifs pour les calculs.
DISCUSSION
La FIGO propose une démarche pour établir le stade clinique du
cancer du col utérin. Celle-ci prévoit pour y arriver l’utilisation de
diverses techniques, soit la cystoscopie, la rectoscopie, la radiogra-
phie pulmonaire et squelettique, l’urographie intra-veineuse et
l’examen sous anesthésie générale [2]. Bien que quelques études
aient déjà démontré que la probabilité d’avoir un envahissement
vésical en présence d’un stade 1b était quasi nulle, la cystoscopie
continue toujours d’être la norme officielle pour vérifier l’extension
tumorale au niveau vésical [11]. Par contre, dans plusieurs départe-
ments de gynéco-oncologie, la cystoscopie est de moins en moins
utilisée et l’usage de la TDM est de plus en plus fréquent [12, 14].
Une revue de la littérature montre que plusieurs auteurs en sont
venus à la conclusion que l’usage de routine de la cystoscopie dans
le bilan d’extension du cancer du col utérin n’était pas justifié [1, 3,
6, 8-13, 15, 16]. En présence d’une néoplasie de stade Ib ou moin-
dre, la probabilité pré-test d’envahissement vésical est de 0% [10,
11, 15, 17], et certains auteurs vont même jusqu’à dire qu’il en est
de même pour le stade IIa [8, 9, 17]. La présente étude corrobore
ces résultats en ce qui concerne le stade I (Ia et Ib), toutes les cys-
toscopies s’étant avérées négatives pour ce stade.
Pour les autres stades, la littérature indique qu’un résultat négatif à
la TDM rend la cystoscopie inutile, puisque la VPN de la TDM est
de 100% [3, 13, 16]. Par contre, en présence d’un résultat douteux
ou positif à la TDM, la cystoscopie devient essentielle au diagnos-
tic d’envahissement vésical [3, 12, 13, 16]. Quelques auteurs sug-
gèrent l’usage de la cystoscopie de routine pour les stades III et IV
[6, 11], peu importe le résultat à la TDM, ainsi que pour toutes les
patientes symptomatiques [1, 6, 11].
Ala lumière de nos résultats, il ne nous apparaît pas indiqué de faire
de cystoscopie pour les patientes de stade II, III et IV ayant une
absence d’envahissement vésical à la TDM, puisque la VPN de cet
examen est de 100%. La cystoscopie devient par contre un outil
essentiel en présence d’un résultat douteux ou positif à la TDM,
afin de déterminer avec le plus de certitude possible le stade de la
maladie, et de faire, le cas échant, des biopsies. Il est à noter cepen-
dant que nous disposions d’un groupe restreint de patientes de stade
IV dans notre étude. Nous devons donc être prudents devant ces
résultats, même s’ils vont dans le même sens que ceux obtenus pour
les stades moins avancés.
Pour ce qui est de l’échographie pelvienne, la littérature est beau-
coup moins exhaustive qu’elle ne l’est pour la TDM. DEO [5] a
publié une étude dans laquelle la sensibilité, la spécificité et l’exac-
titude de l’échographie pelvienne étaient respectivement de 65%,
94% et 75%. Selon cette étude, l’exactitude de l’échographie pel-
vienne était comparable à celle de la TDM (exactitude de 85% dans
la même étude). Une autre étude comprenant 110 patientes rappor-
te une VPN de 100% pour l’échographie pelvienne lorsque compa-
rée à la cystoscopie [4]. La recommandation de ces auteurs est de
ne pas faire de cystoscopie lorsque l’échographie pelvienne ne
montre pas d’envahissement vésical, mais d’en effectuer une d’em-
blée si l’échographie pelvienne s’avère douteuse ou positive, ceci
peu importe le stade [4].
Nos résultats vont dans le même sens que ceux présentés dans ces
2 études. En effet, pour les stades I, II et III, nous avons obtenu des
VPN de 100%. Il nous est impossible de calculer la VPN pour le
stade IV. Nous pouvons donc conclure que la probabilité d’avoir
une cystoscopie anormale est quasi nulle en présence d’une écho-
graphie pelvienne ne montrant pas d’envahissement vésical, et que
la cystoscopie s’avère inutile dans cette situation. Elle devient par
contre essentielle en présence d’un résultat douteux ou positif à l’é-
chographie pelvienne, afin d’établir avec le plus de certitude possi-
ble l’envahissement et son extension.
Une étude mentionne l’utilité de l’échographie trans-vaginale dans
l’évaluation du stade du cancer du col utérin, et affirme qu’elle est
supérieure aux autres méthodes d’imagerie pour détecter l’envahis-
sement vésical [7]. Cette technique semble prometteuse, en raison
du mode d’envahissement du cancer du col utérin au niveau vésical
qui se fait de proche en proche [6, 7]. En effet, une cystoscopie
négative n’élimine pas un envahissement de la paroi musculaire de
la vessie [8, 17]. L’échographie trans-vaginale pourrait être une
alternative intéressante aux techniques utilisées actuellement.
Les résultats de la présente étude sont limités en regard du petit
nombre de patientes dans chacun des groupes, et également du fait
de sa nature rétrospective. Une étude prospective, avec des stan-
dards pour la lecture des TDM et pour l’interprétation des cystos-
copies clairement établis, serait utile pour corroborer les résultats
présentés ici.
CONCLUSION
La cystoscopie s’avère tout à fait inutile pour les néoplasies du col
utérin de stade I, puisque la probabilité d’envahissement vésical est
de 0%. Pour les stade II, III, et IV, un résultat négatif à la TDM ou
à l’échographie pelvienne rend très peu probable l’envahissement
vésical. La cystoscopie peut donc être évitée dans ces situations.
Par contre, en présence d’un résultat positif ou douteux à la TDM
ou à l’échographie pelvienne, la cystoscopie devient un outil dia-
gnostique essentiel. Cette nouvelle approche du bilan d’extension
du cancer du col utérin, comparativement à l’approche traditionnel-
le, a l’avantage d’utiliser plus judicieusement les ressources spécia-
lisées.
Dominique Boivin, Mireille Grégoire, Progrès en Urologie (2003), 13, 1351-1353
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