Master Les aménagements pédagogiques mis en place pour les élèves présentant une dyslexie : points de vue des enseignant-e-s et des élèves FELBER, Sandra, MICHEL, Julie Abstract Notre recherche s’intéresse à la mise en place effective des aménagements pédagogiques pour prendre en charge la dyslexie à l’école. Nous avons interrogé une logopédiste pour en savoir plus sur les aménagements importants à mettre en place, puis nous avons soumis un questionnaire à 50 enseignants dans le but de connaître mieux leurs pratiques. Enfin, nous avons mené des entretiens avec quatre élèves présentant une dyslexie afin d’avoir leur avis sur les aménagements. Les résultats montrent que certains aménagements sont connus et mis en place par les enseignants alors que d’autres ne le sont pas. La réalité effective des aménagements pédagogiques préconisés pour que les élèves présentant une dyslexie évitent la situation de handicap ne semble pas encore parfaite. Les élèves et les parents doivent parfois continuer à se battre pour obtenir des aménagements, certains enseignants auraient encore des réticences et des directives claires ne sont pas présentes partout. Reference FELBER, Sandra, MICHEL, Julie. Les aménagements pédagogiques mis en place pour les élèves présentant une dyslexie : points de vue des enseignant-e-s et des élèves. Maîtrise : Univ. Genève, 2012 Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:24838 Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. Les aménagements pédagogiques mis en place pour les élèves présentant une dyslexie : Points de vue des enseignant-e-s et des élèves. MÉMOIRE RÉALISÉ EN VUE DE L’OBTENTION DE LA MAÎTRISE UNIVERSITAIRE EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION – ÉDUCATION SPÉCIALE PAR Sandra FELBER Julie MICHEL DIRECTEUR DU MEMOIRE Catherine MARTINET JURY Greta PELGRIMS Jean-François CHAVAILLAZ GENÈVE, SEPTEMBRE 2012 UNIVERSITE DE GENEVE FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION SECTION SCIENCES DE L'EDUCATION 1 Résumé : Notre recherche s’intéresse à la mise en place effective des aménagements pédagogiques pour prendre en charge la dyslexie à l’école. Nous avons interrogé une logopédiste pour en savoir plus sur les aménagements importants à mettre en place, puis nous avons soumis un questionnaire à 50 enseignants dans le but de connaître mieux leurs pratiques. Enfin, nous avons mené des entretiens avec quatre élèves présentant une dyslexie afin d’avoir leur avis sur les aménagements. Les résultats montrent que certains aménagements sont connus et mis en place par les enseignants alors que d’autres ne le sont pas. La réalité effective des aménagements pédagogiques préconisés pour que les élèves présentant une dyslexie évitent la situation de handicap ne semble pas encore parfaite. Les élèves et les parents doivent parfois continuer à se battre pour obtenir des aménagements, certains enseignants auraient encore des réticences et des directives claires ne sont pas présentes partout. 2 Remerciements : Nous souhaitons tout d’abord remercier la logopédiste qui a accepté de nous recevoir pour un entretien. Son avis sur les aménagements pédagogiques à mettre en place nous a aidé dans la formulation de notre questionnaire. Ensuite, nous tenons à remercier les 50 enseignant-e-s 1 qui ont accepté de remplir notre questionnaire, la recherche de ces derniers n’ayant pas été facile. Un remerciement aux directeurs et directrices qui ont accepté que les enseignants de leur établissement participent à notre recherche. Puis, nous tenons à remercier les logopédistes et associations qui ont passé le message aux parents afin que nous puissions trouver notre échantillon d’élèves. Nous adressons dans le même temps nos remerciements aux parents qui nous ont donné l’autorisation d’interroger leur enfant présentant une dyslexie, ainsi que ces enfants qui nous ont accordé de leur temps pour répondre à nos questions. Enfin, nous remercions notre directrice de Mémoire pour ses précieux conseils, son suivi continu et sa motivation tout au long de la rédaction de notre travail. Nous la remercions pour sa disponibilité, le temps qu’elle nous a accordé et les nombreux contacts qu’elle nous a donnés. Un dernier remerciement au jury pour participer à l’aboutissement final de notre Mémoire. 1 Par souci de lisibilité, l’emploi du masculin comprend les femmes et les hommes dans l’ensemble de ce mémoire. 3 Table des matières Introduction………………………………………………………………………………….. 7 I. PARTIE THEORIQUE ............................................................................................................. 8 Chapitre 1 : La dyslexie, un trouble varié et controversé ................................................... 9 1) Définitions et remarques autour de la dyslexie ........................................................ 9 1-1) Dyslexie / Difficultés en lecture ............................................................................. 9 1-2) Définitions ............................................................................................................ 10 1-3) Dyslexie / Dysorthographie .................................................................................. 13 1-4) Découverte de la dyslexie .................................................................................... 13 2) Comment apprend-on à lire ? ....................................................................................14 3) Les différentes formes de dyslexie développementale ......................................... 18 4) Les hypothèses sur les origines de la dyslexie ......................................................... 21 4-1) Théorie de l’hémisphère gauche du cerveau ...................................................... 21 4-2) Théorie phonologique......................................................................................... 23 Troubles des capacités métaphonologiques.................................................... 23 Troubles de la perception catégorielle ............................................................. 25 Troubles de la mémoire ..................................................................................... 26 4-3) Théorie des troubles visuo-attentionnels .......................................................... 29 5) Les troubles pouvant être associés .......................................................................... 31 5-1) Dysphasie ............................................................................................................. 32 5-2) Dyscalculie............................................................................................................ 32 5-3) Dyspraxie ............................................................................................................. 33 5-4) Dysgraphie ........................................................................................................... 33 6) Les répercussions en chaîne de la dyslexie ............................................................. 34 6-1) La lecture .............................................................................................................. 34 6-2) L’école .................................................................................................................. 35 6-3) Le monde professionnel ..................................................................................... 36 6-4) Les affects ........................................................................................................... 36 Chapitre 2 : Repérage et diagnostic, un enjeu important ................................................ 40 1) Repérage par l’enseignant ......................................................................................... 40 1-1) Le R.O.C. (outil de Repérage Orthographique Collectif) (Allal et al., 2006) ... 43 1-2) REPERDYS : REPERage des DYSlexies (Jacquier-Roux et al., 2006) ................ 43 4 2) Tests de dépistage ..................................................................................................... 44 3) Consultation chez le logopédiste en vue du diagnostic .......................................... 45 Chapitre 3 : Les mesures pédagogiques préconisées à l’école ........................................ 47 1) La compréhension et l’acceptation de la différence : un travail de parole ............. 47 2) La collaboration.......................................................................................................... 48 3) Les adaptations pédagogiques à mettre en place au sein de la classe .................. 49 3-1) L’organisation de la classe................................................................................... 49 3-2) Les leçons en classe ............................................................................................. 50 3-3) Les consignes des exercices ................................................................................ 51 3-4) Le support d’apprentissage ................................................................................. 51 3-5) Activités avec support écrit à lire ....................................................................... 53 3-6) La copie ................................................................................................................ 54 3-7) L’évaluation ......................................................................................................... 54 3-8) La correction........................................................................................................ 56 3-9) Le travail à domicile ............................................................................................ 56 4) Les aménagements pédagogiques par disciplines .................................................. 57 4-1) En français ............................................................................................................ 57 4-2) En création artistique .......................................................................................... 58 4-3) L’apprentissage d’une seconde langue ............................................................. 58 4-4) En histoire-géographie ....................................................................................... 59 4-5) En mathématiques .............................................................................................. 59 Chapitre 4 : Les différentes directives de quelques cantons ........................................... 63 1) Valais............................................................................................................................ 63 2) Vaud ............................................................................................................................ 64 3) Genève ........................................................................................................................ 64 II. PROBLÉMATIQUE ET QUESTIONS DE RECHERCHE ........................................................ 66 III. RECHERCHE .................................................................................................................... 67 1) Le point de vue de la logopédiste : des aménagements indispensables………………68 1-1) Méthodologie .......................................................................................................68 Participants.........................................................................................................68 Matériel ..............................................................................................................68 5 Démarches d’analyse .........................................................................................68 1-2) Présentation et analyse des résultats .................................................................69 1-3) Conclusion de l’étude ........................................................................................... 71 2) Le point de vue des enseignants : des aménagements controversés....................... 73 2-1) Méthodologie ....................................................................................................... 73 Participants......................................................................................................... 73 Matériel .............................................................................................................. 73 Démarches d’analyse ......................................................................................... 73 2-2) Présentation et analyse des résultats ............................................................... 74 Les formations initiales et continues ................................................................ 74 Les connaissances sur la dyslexie ..................................................................... 75 Les aménagements pédagogiques ................................................................... 78 Les autres aménagements proposés par les enseignants ..............................88 Qualifications des années passées avec des élèves présentant une dyslexie 89 2-3) Conclusion de l’étude .......................................................................................... 91 3) Le point de vue des élèves : des aménagements parfois difficiles à obtenir ........... 92 3-1) Méthodologie....................................................................................................... 92 Participants......................................................................................................... 92 Matériel .............................................................................................................. 92 Démarches d’analyse ......................................................................................... 92 3-2) Présentation et analyse des résultats ................................................................ 93 Élève 1 : Etienne .................................................................................................. 93 Élève 2 : Lola ....................................................................................................... 94 Élève 3 : Carine ...................................................................................................96 Élève 4 : Manon .................................................................................................. 97 3-3) Conclusion de l’étude ..........................................................................................98 IV. DISCUSSION / CONCLUSION ..........................................................................................100 Références bibliographiques ................................................................................................ 105 ANNEXES ................................................................................................................................ 110 6 Introduction : De nos jours, nous entendons de plus en plus parler des élèves présentant une dyslexie, comme si la prise en compte de ce trouble commençait seulement à se mettre en place. En effet, des directives arrivent sur le terrain, des formations se mettent de plus en plus en place pour les directeurs d’établissement ainsi que pour les enseignants, et les recherches sur la dyslexie se sont multipliées ces dernières années. Celles-ci cherchent notamment à mettre en évidence les différentes difficultés possibles des élèves présentant une dyslexie ; à comprendre l’origine de ce trouble ; et à prouver l’efficacité de la prise en charge pédagogique en classe par l’enseignant, en plus de la prise en charge logopédique. Ce mémoire est né d’un questionnement personnel à la suite de cours suivis à l’Université sur la dyslexie, en mettant ces cours théoriques en lien avec la pratique, ce que nous pouvions observer sur le terrain quant à la prise en charge de la dyslexie (l’une de nous étant enseignante). En effet, dans la théorie, nous trouvons de multiples aménagements pouvant être mis en place par les enseignants en classe pour que l’élève évite le plus possible la situation de handicap. Il nous semblait intéressant d’étudier ce qu’il se passait sur le terrain, et quelle était la réelle prise en compte de la dyslexie par les enseignants. Tous les aménagements présents dans la théorie sont-ils connus ? Sont-ils réellement mis en place ? Quels sont les obstacles pour les enseignants ? Comment vivent-ils leurs années avec un élève présentant une dyslexie dans leur classe ? Qu’en pensent les élèves ? 7 I. PARTIE THEORIQUE Dans cette revue de littérature, nous allons dans un premier temps aborder la définition générale de la dyslexie. Cette partie nous permettra de connaître ses différentes formes, ainsi que les mécanismes mis en place lors de l’apprentissage de la lecture pour mieux comprendre les difficultés présentées par ces élèves. De plus, seront abordés également les différentes hypothèses sur l’origine de la dyslexie, les troubles qui lui sont associés et leurs conséquences. Puis, dans un deuxième temps, nous regarderons comment repérer et diagnostiquer la dyslexie, quels sont les indices, quels outils utiliser et qui sont les acteurs concernés. Dans un troisième temps, nous parlerons des aménagements pédagogiques que l’on peut mettre en place à l’école afin d’aider l’élève présentant une dyslexie à contourner son handicap. Enfin, dans un dernier temps, nous aborderons les différentes directives sur la dyslexie mises en place par les cantons de Genève, Vaud, et Valais afin de comprendre où nous en sommes aujourd’hui en Suisse et ce qui est mis en place pour les élèves présentant une dyslexie. 8 Chapitre 1 : La dyslexie, un trouble varié et controversé 1) Définitions et remarques autour de la dyslexie 1-1) Dyslexie / Difficultés en lecture Beaucoup d’enfants peuvent éprouver des difficultés à lire et à écrire mais cela n’est pas nécessairement lié à une dyslexie qui est un déficit très spécifique. Les troubles en lecture peuvent très bien avoir d’autres causes. En effet, selon les journées de l’Observatoire Nationale de la Lecture (ONL) en France en 2005, seulement 1/5 des enfants mauvais lecteurs présenteraient une dyslexie. Pour ce qui est des autres causes des difficultés en lecture, cela peut être par exemple la langue maternelle de l’enfant. S’il ne parle jamais le français à la maison et qu’aucun de ses parents ne peut l’aider pour ses devoirs, que personne ne peut le faire lire pour s’entrainer, l’apprentissage de la lecture pourra être difficile pour l’enfant. Les difficultés en lecture peuvent aussi être dues à un environnement peu stimulant, à une scolarisation non assidue et irrégulière, à un trouble psychologique grave, à des problèmes de vision et d’audition, à un déficit de l’attention, à une déficience intellectuelle, etc. (Réseau canadien de recherche sur le langage et l’alphabétisation, 2009). Schaywitz et Schaywitz (2005, cités par Écalle & Magnan, 2006) suggèrent que l’on s’oriente vers « deux types de troubles en lecture : un trouble d’origine génétique avec des individus au QI supérieur à 100 et un trouble marqué par les influences environnementales avec un QI inférieur à 100. » (p 16). Le trouble d’origine génétique serait donc propre aux élèves présentant une dyslexie alors que le trouble ayant des causes environnementales serait propre aux faibles lecteurs selon ces auteurs. C’est donc seulement après avoir éliminé toutes les autres causes pouvant expliquer les difficultés en lecture que l’on peut commencer à parler de dyslexie. En plus de ces causes à éliminer, il faut que l’enfant ait un minimum de 18 mois de retard sur le niveau attendu en lecture. Il existe des tests pour mesurer cela, le diagnostic doit être posé par une logopédiste après un bilan (Martinet, 2010). Nous reviendrons plus précisément sur le repérage et le diagnostic dans le chapitre 2. Il est ensuite important de préciser que nous parlons ici de dyslexie dite « développementale », c'est-à-dire que comme son nom l’indique, elle se développe au cours 9 du temps, c’est un trouble des apprentissages et plus précisément un trouble spécifique de l’acquisition du langage écrit (Gombert, 2003). La dyslexie dite « acquise », quant à elle, se développe après une lésion cérébrale (un accident par exemple). Une personne ayant une dyslexie acquise peu très bien avoir appris à lire normalement et sans difficulté avant la lésion cérébrale alors qu’une personne présentant une dyslexie développementale aura des difficultés tout au long de sa vie pour ce qui est de la lecture et de l’écriture (Gombert, 2003). 1-2) Définitions Etymologiquement, en grec, « dys » signifie difficulté et « lexis » signifie le lexique, les mots. La dyslexie serait donc fondamentalement une difficulté avec les mots, un trouble du langage. Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) (1994), la dyslexie est un trouble spécifique dans l’apprentissage de la lecture-écriture. Rutter (1978, cité par l’INSERM, 2007), s’appuie sur les propositions de la World Federation of Neurology (1968) pour être un peu plus précis en postulant que « la dyslexie est un trouble manifesté par une difficulté à apprendre à lire, malgré un enseignement conventionnel, une intelligence adéquate et un bon environnement socioculturel » (p.162). Il exclut donc les personnes présentant une déficience intellectuelle, les facteurs éducatifs, environnementaux et sociaux mais cela ne veut pas dire que ces facteurs ne jouent aucun rôle. En effet, Écalle et Magnan (2006) précisent que « l’exposition à l’écrit, la quantité et la qualité des interactions sociales autour de l’écrit constituent dès lors un ensemble de conditions nécessaires à l’acquisition d’une base de connaissances impliquées dans les processus d’identification de mots écrits » (p.5). L’environnement social et éducatif jouerait donc quand même un rôle. Frith (1999, cité par Écalle & Magnan, 2006) suggère, en se basant sur la même idée, l’importance d’une définition qui prenne en compte l’explication génétique, cognitive, comportementale ainsi que l’impact des facteurs culturels pouvant aggraver ou réduire ce déficit. Pour ce qui est du facteur génétique, certaines études ont quantifié sa valeur dans l’explication de la dyslexie. Selon l’INSERM (2007), si un parent présente une dyslexie, son enfant a environ 50 % de risque de la présenter également. L’étude de Scaborough (1990, cité par l’INSERM, 2007) confirme également la valeur du facteur génétique en comparant 32 enfants âgés de 2 ans, issus de familles avec des troubles de la lecture, avec 32 enfants du même âge, issus de familles sans aucune difficulté mais de même niveau socioculturel. Il trouve comme résultat principal qu’à 8 ans, 65 % du groupe « à risque » (c'est-à-dire le groupe d’enfants 10 dont les parents ont des troubles de la lecture) présentent une dyslexie alors qu’ils avaient le même niveau de vocabulaire que le groupe témoin. Jantzen (2004) confirme quant à elle l’exclusion de la déficience intellectuelle en disant que les enfants présentant une dyslexie ont une intelligence tout à fait normale et même supérieure à la moyenne pour certains. Le fait que des personnes célèbres telles que Einstein, Mozart, Léonard de Vinci, John Lennon et bien d’autres présentaient une dyslexie nous donne cette preuve qu’aucune déficience intellectuelle n’est liée à la dyslexie. Cependant, à notre connaissance, aucune recherche scientifique n’a été dans ce sens en prouvant la supériorité intellectuelle des personnes présentant une dyslexie, nous considèrerons donc ce constat plutôt comme une hypothèse. Ensuite, dans le rapport de l’INSERM (2007), la citation de Lyon, Shaywitz et Shaywitz (2003) est également intéressante à prendre en compte ici pour mieux comprendre ce qu’est la dyslexie puisqu’elle parle de son origine et des difficultés qui peuvent être présentes : « La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage dont les origines sont neurobiologiques. Elle est caractérisée par des difficultés dans la reconnaissance exacte et/ou fluente de mots ainsi que par une orthographe des mots (spelling) et des capacités de décodage limitées. Ces difficultés résultent typiquement d’un déficit dans la composante phonologique du langage qui est souvent inattendu par rapport aux autres capacités cognitives de l’enfant et à l’enseignement dispensé dans sa classe. Les conséquences secondaires peuvent inclure des problèmes dans la compréhension en lecture. Cela peut entraîner une expérience réduite dans la lecture qui pourrait empêcher la croissance du vocabulaire de l’enfant et ses connaissances générales. » (INSERM, 2007, p.163) On voit dans cette citation que les auteurs parlent de « capacités de décodage limitées » pour qualifier les élèves présentant une dyslexie. Le mot « décodage », tel que nous l’utiliserons tout au long de ce mémoire signifie l’identification des mots écrits (Écalle & Magnan, 2006). Il faut préciser ici que ce qui pose des difficultés en lecture aux élèves présentant une dyslexie, c’est le décodage et non la compréhension. Pour lire il faut décoder les mots mais aussi être capable de comprendre ce qu’on lit pour accéder au sens. La lecture est alors composée deux domaines différents : le décodage et la compréhension. Ce dernier n’est pas directement lié à la dyslexie mais il est souvent touché puisqu’un mauvais décodage ne va pas permettre une bonne compréhension (Écalle & Magnan, 2006). L’étude longitudinale de 11 Catts, Hogan et Fey (2003, cités par Écalle & Magnan, 2006) montre cela en établissant quatre groupes parmi 183 faibles lecteurs. Le premier a des difficultés en compréhension mais de bonnes capacités en identification des mots écrits (hyperlexiques : 15.4% de l’échantillon) ; le deuxième a des difficultés avec l’identification des mots écrits mais de bonnes capacités de compréhension (dyslexiques : 35.5 % de l’échantillon) ; le troisième a des difficultés dans les deux composantes (35.7% de l’échantillon) ; et le dernier est un groupe de faibles lecteurs « non spécifié » (13.4% de l’échantillon). Cette étude tend à montrer que la lecture se divise en ces deux composantes distinctes et qu’une peut poser problème et l’autre pas. Chez une personne présentant une dyslexie, c’est l’identification des mots écrits qui pose problème et non la compréhension. Une compréhension déficiente chez un élève présentant une dyslexie est donc la cause de ses difficultés en identification des mots écrit (décodage). Pour ce qui est de la prévalence de ce trouble, selon l’expertise collective de l’INSERM (2007), la dyslexie touche 3 à 5% des enfants vers l’âge de 10 ans. Cela n’est pas négligeable puisque ça représenterait environ un élève par classe. Les enquêtes estimant le pourcentage d’élèves présentant une dyslexie restent cependant assez rares, ce qui ne nous permet pas une grande précision quant à l’étendue de ce trouble dans la population, d’autant plus que certaines dyslexies ne sont pas diagnostiquées ou alors diagnostiquées que tardivement. De plus, la prévalence va dépendre de la définition utilisée pour caractériser la dyslexie. Ainsi, la prévalence de la dyslexie varie selon les études, de 2,3% à 12 % ou plus selon le rapport de l’INSERM (2007). Celui-ci cite l’exemple des États-Unis, où plusieurs recherches ont été réalisées. Badian (1999) trouve une prévalence de 2,7 %, Shaywitz (1990) de 7,5 %, Katusic, Colligan, Barbaresi, Schaid et Jacobsen (2001) trouvent des taux d’incidence variant de 5,3 % à 11,8 % selon les critères utilisés. Les recherches sur la prévalence des personnes adultes présentant une dyslexie sont encore moins nombreuses que celles sur la prévalence des élèves présentant ce trouble. Nous savons seulement que 9 à 12% des adultes ont des difficultés en lecture (Jantzen, 2004) mais on ne sait pas quelle part de ce pourcentage est due à la dyslexie. Précisons avant de poursuivre que le rapport de l’INSERM (2007) cité plusieurs fois ici a constitué une base solide pour notre mémoire, c’est pour cela que nous y reviendrons souvent. En effet, il s’appuie sur plus de 2000 articles et a été élaboré par un comité d’experts constitué de plus de dix personnages connus dans le domaine de la dyslexie. Il a été rédigé à la suite 12 d’un plan national d’action lancé en France en 2001 pour les troubles affectant les apprentissages scolaire comme la dyslexie. 1-3) Dyslexie / Dysorthographie Nous avons parlé de difficultés dans l’apprentissage de la lecture mais il faut savoir que celles-ci sont toujours associées à des difficultés dans l’apprentissage de l’écriture. Quand il y a une dyslexie (trouble spécifique de la lecture), il y a donc systématiquement une dysorthographie (trouble spécifique de l’écriture) (Gombert, 2003). Dans la suite de ce mémoire, quand nous parlerons de dyslexie, nous engloberons donc également la dysorthographie. Pour préciser ce qu’est la dysorthographie, il s’agit selon l’INSERM (2007) d’un trouble spécifique de l’expression écrite, apparaissant dans les premières années du développement de l’enfant et généralement associé à une dyslexie. 1-4) Découverte de la dyslexie D’après Sprenger-Charolles (2003), le premier cas de dyslexie (appelé à l’époque cécité verbale) a été publié en 1896 et décrit par Pringle Morgan dans son livre. Depuis là, les recherches se sont multipliées et plusieurs causes ont été envisagées : trouble de la personnalité, mauvais enseignement, facteurs socio-éducatifs, trouble du système auditif, dysfonctionnement des voies magnocellulaires du système visuel (déficit de sensibilité visuelle aux contrastes), problèmes d’équilibre et de coordinations motrices, etc. (SprengerCharolles, 2003) Broca en France (1865) et de Wernicke en Allemagne (1874), cités par Sprenger-Charolles (2003), ont été les premiers à établir que le fonctionnement du langage dépendait de zones spécifiques de l’hémisphère gauche du cerveau et donc que la dyslexie pourrait être due à un mauvais fonctionnement de la partie gauche du cerveau. Cette hypothèse, considérant la dyslexie comme un trouble neurologique, fut une des premières à être convaincante. Nous verrons par la suite qu’il y a aujourd’hui de nombreuses hypothèses sur les origines de la dyslexie et que les recherches depuis 1970 ont encore beaucoup évolué grâce à la naissance de disciplines telles que la psychologie cognitive et les neurosciences. 13 2) Comment apprend-on à lire ? Après avoir défini la dyslexie et mis en avant le fait que le problème se situe au niveau de l’apprentissage de la lecture, il nous semble important de parler maintenant de comment se fait l’apprentissage de la lecture chez un enfant « ordinaire », c'est-à-dire sans dyslexie, pour ensuite pouvoir mieux comprendre ce qui est déficient chez l’enfant présentant ce trouble. Étudions tout d’abord les travaux du National Early Litteracy Panel (NELP) (2008) qui ont pour objectif principal d'identifier les interventions, les activités parentales et les pratiques pédagogiques qui favorisent le développement des compétences des enfants en alphabétisation précoce. Ces travaux nous permettent de voir quelles sont les variables importantes pour un apprentissage optimum de la lecture. En effet, selon les auteurs, plusieurs variables prédisent l’acquisition de la littératie (aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante selon le rapport du NELP, 2008) : la connaissance de l’alphabet (connaissance des noms et des sons de chaque lettre imprimée), la conscience phonologique (capacité à manipuler les différents sons), la dénomination rapide de lettres ou de chiffres, la dénomination rapide de photos, d’objets ou de couleurs, la capacité à écrire des lettres sur demande et à écrire son nom, la mémoire à court terme (mémoriser des informations pendant une courte période), la connaissance des conventions d’écriture (de gauche à droite), le langage oral (produire et comprendre), le traitement visuel (capacité à discriminer les lettres par exemple), … Les chercheurs du NELP (2008) regroupent ensuite les différentes recherches qui ont été effectuées pour déterminer des stratégies d’enseignement à mettre en place pour développer ces capacités chez l’enfant, qui sont importantes pour la suite. On y trouve notamment des activités autour de l’alphabet, des activités de lecture partagée de livres avec l’enfant, des programmes destinés aux parents, des programmes préscolaires, des activités pour développer le langage… On remarque donc que plusieurs capacités sont simultanément requises pour lire et qu’un apprentissage doit être fait sur chacune, grâce à diverses stratégies, pour un apprentissage optimal de la lecture. 14 Ensuite, il faut préciser que lire est la capacité d’identifier les mots écrits et également la capacité de comprendre ce qu’on lit. Comme nous l’avons déjà vu, la dyslexie est directement liée à la difficulté d’identifier les mots écrits mais est également indirectement liée à la capacité à comprendre un texte puisque comme l’identification des mots ne se fait pas bien, elle demande beaucoup de ressources attentionnelles, ce qui va gêner la compréhension de ce qui est lu (Martinet & Rieben, 2010). En effet, « le lecteur possède une capacité limitée de traitement qui restreint le nombre d’informations qui peuvent être traités simultanément (…). Plus les opérations sont automatisées et moins elles sont coûteuses en terme de ressources attentionnelles (…). Ainsi si le décodage est automatisé, un maximum de ressources attentionnelles pourra être dévolu aux processus de plus haut niveau requis par la compréhension des phrases et du texte. » (Martinet & Rieben, 2010, p.7) Pour permettre une bonne compréhension, il faut donc décharger la mémoire de travail en utilisant moins de ressources attentionnelles pour l’identification des mots écrits. Cela peut se faire en automatisant petit à petit le décodage. Or, l’automatisation du décodage ne se fait pas tout de suite. Au début de l’apprentissage de la lecture, chez le lecteur débutant, tout se fait par transformation des graphèmes en phonèmes, ce n’est pas encore automatisé. Les graphèmes sont les lettres écrites (prises individuellement ou par groupe de lettres) et les phonèmes sont les plus petites unités sonores du mot. Il faut assembler chaque phonème d’un mot pour accéder au mot entier et à son sens. Prenons un exemple inventé par nous même en nous basant sur les apports de Martinet & Rieben (2010) pour mieux comprendre : imaginons que le mot à lire est « maison », pour un lecteur débutant. Il faudrait d’abord que l’élève traite visuellement le mot en le segmentant en graphèmes (m-ai-s-on). Puis, le décodage non automatisé reviendrait à lire d’abord / m / puis / ɛ / puis / z / puis / / 2. Ces quatre phonèmes seraient ensuite retenus en mémoire à court terme puis assemblés, ce qui donnerait / m ɛ z /. L’accès au sens du mot pourrait alors se faire s’il est connu par l’élève. Nous remarquons bien cette façon de lire chez les élèves qui débutent avec la lecture. Elle est appelé de manière différente selon les auteurs dans la littérature : procédure analytique ou voie indirecte (Gombert, 2003), procédure alphabétique ou voie d’assemblage (Martinet & 2 Ces symboles correspondent à l’Alphabet Phonétique International (API) utilisé pour la transcription phonétique des sons du langage parlé. 15 Rieben, 2010). Nous avons choisi d’utiliser le terme « voie d’assemblage » dans notre mémoire. Puis, le décodage s’automatise petit à petit, notre cerveau a retenu l’orthographe des mots courants dans la mémoire à long terme et il suffit de les voir pour réussir à les lire sans avoir besoin de convertir les graphèmes en phonèmes. En effet, il y a activation des connaissances mémorisées sur la forme orthographique des mots appris précédemment. Après le traitement visuel, la représentation orthographique du mot est activée dans le lexique en mémoire et donne accès à la forme sonore correspondant à ce mot et à son sens. Cette procédure est dite lexicale par Valdois et De Partz (2000). Martinet et Rieben (2010) parlent quant à elles de procédure orthographique et Gombert (2003) nomme cela la voie d’adressage ou la voie directe. On trouve donc dans la littérature plusieurs termes ayant une seule et même définition. Nous avons choisi d’utiliser le terme « voie d’adressage » dans notre mémoire. L’expérience de Stroop en 1935 permet d’illustrer l’existence de la voie d’adressage, utilisé parfois de manière automatique par notre cerveau. En effet, les sujets devaient identifier la couleur d’un mot sans lire le mot lui-même (le mot était un nom de couleur). Prenons un exemple : « ROUGE ». Ce mot est le mot « rouge » mais il est écrit en vert. Quand il nous est demandé de dire de quelle couleur est écrit ce mot, le lecteur expert a toujours tendance à dire « rouge » alors que la bonne réponse est « vert ». Le décodage du mot « rouge » se fait automatiquement et il nous est difficile de l’ignorer et de regarder seulement la couleur dans laquelle est écrit le mot. Cela illustre bien l’automatisme du décodage par la voie d’adressage chez le lecteur expert et notamment les problèmes que l’on peut avoir à inhiber ce traitement si automatisé. Pour résumer, on peut donc dire qu’il y a deux voies pour identifier les mots écrits : - la voie d’assemblage qui passe par la conversion de chaque graphème en phonème, c'est-à-dire la conversion de chaque lettre écrite ou groupe de lettres (graphème) au son qui lui correspond (phonème). - la voie d’adressage qui identifie automatiquement le mot à partir des mots déjà vus auparavant et retenus en mémoire sous un format orthographique (Valdois & De Partz, 2000). Selon Gombert (2003), « Ces deux procédures sont largement complémentaires et doivent être toutes deux opérationnelles et efficientes. L’adressage permet une lecture plus aisée, plus rapide, alors 16 que l’assemblage supplée la première procédure en cas de besoin, c’est-à-dire dès que nos yeux rencontrent un mot nouveau. » (p.6). Faisons un schéma (cf., figure 1) pour symboliser au mieux cela : Mot écrit Analyse visuelle Voie d’assemblage : Voie d’adressage : - Traitement phonologique -Traitement orthographique - Conversion graphème/phonème - Accès au lexique en mémoire Accès à la forme orale du mot (mot compris si stocké dans le lexique sémantique) Figure 1 : Schématisation du modèle de la lecture à deux voies, inspiré de Goigoux et Cèbe (2006) Le problème chez les personnes présentant une dyslexie se situe au niveau du décodage (l’identification des mots écrits), il est très couteux et est déficient, il ne s’automatise pas. Comme le processus de décodage est inefficace, il leur prend beaucoup de ressources attentionnelles, c’est pour cela qu’il y a aussi des difficultés en compréhension de texte. En effet, toute l’attention est utilisée pour décoder et il ne reste rien pour mémoriser et comprendre (Martinet & Rieben, 2010). Cependant, la dyslexie ne se résume pas seulement à des problèmes de décodage, d’autres domaines peuvent être touchés. En effet, il existe différentes formes de dyslexie et chacune présente des domaines plus ou moins préservés et d’autres plus ou moins touchés. Il peut donc 17 y avoir des difficultés variées entre les personnes présentant une dyslexie en fonction de la forme caractérisant leur trouble. 3) Les différentes formes de dyslexie développementale Dans la littérature, différents types de dyslexie développementale sont décrites en fonction des différents profils observés chez les personnes présentant une dyslexie. Selon Valdois (2004), Gombert (2003), Gombert et al. (2000) ainsi que le rapport de l’INSERM (2007), il y a trois types de dyslexie : La première est la dyslexie phonologique. Elle se retrouve chez les personnes ayant des difficultés avec la lecture et l’écriture des pseudo-mots alors que la lecture et l’écriture des mots réguliers et irréguliers est assez préservée (des difficultés peuvent également être présentes mais sont moins flagrantes qu’avec les pseudo-mots). Les pseudo-mots sont des mots qui n’existent pas dans la langue française mais qui se rapprochent de certains mots existant. Même si ces mots ne sont pas utilisés dans la vie réelle, ils sont importants dans les expériences sur la lecture et l’écriture puisqu’ils permettent de voir si l’enfant peut lire ou écrire des mots qu’il ne connait pas et qui ne peuvent pas se trouver dans son lexique en mémoire. Le but est donc de tester la voie d’assemblage de l’élève puisqu’il ne pourra pas se servir des mots stockés dans sa mémoire à long terme et devra déchiffrer sans pouvoir passer par la voie d’adressage. Les personnes présentant une dyslexie phonologique ont tendance à produire un mot réél visuellement proche du pseudo-mot. Les erreurs résultent d’une déformation du mot par omission, addition, substitution ou déplacement de certaines lettres du pseudo-mot (INSERM, 2007). L’analyse phonologique du mot et/ou la conversion graphème-phonème (la voie d’assemblage) sont déficitaires. Gombert (2003) prend l’exemple d’un élève qui produit des mots réels proches des pseudo-mots qui lui sont présentés, par exemple « bionde » lu « blonde ». La deuxième est la dyslexie de surface. Elle se caractérise, au contraire de la dyslexie phonologique, par des difficultés dans la lecture comme dans l’écriture des mots irréguliers. La lecture/écriture des mots réguliers et des pseudo-mots est quant à elle assez préservée. Les compétences phonologiques seraient assez bonnes chez ces personnes, le problème viendrait d’une incapacité à stocker en mémoire les mots sous leur format orthographique, ce qui fait que le traitement des mots irréguliers est très 18 difficile pour eux, il n’y a pas de stabilité dans la forme orthographique attribuée à un mot (INSERM, 2007). La voie d’adressage est touchée. Si on reprend les exemples de Gombert et al. (2000), cela se caractérise en lecture par la prononciation phonétique du mot irrégulier : « monsieur » lu /môsjoeR/, « tabac » lu /tabak/, « choral » lu /ʃoral/, etc. Dans ces cas là, l’élève applique les conversions grapho-phonémiques de la voie d’assemblage et produit donc des erreurs de régularisation. De la même manière, cela se caractérise en écriture par la non prise en compte de l’irrégularité du mot et donc une écriture en phonétique par exemple : « pharmacie » écrit « farmassi » (INSERM, 2007). Valdois (2004) suggère que ces problèmes seraient dus à des difficultés de traitement visuo-attentionnel mais il n’y a pas de consensus unanime entre les auteurs sur ce qui est de la présence ou non de déficits des traitements visuo-attentionnels pour ce type de dyslexie, nous ne pouvons donc pas généraliser cela. Précisons qu’un trouble visuoattentionnel serait un défaut de focalisation attentionnelle. En effet, selon l’INSERM (2007), lire un mot long nécessite de focaliser son attention sur la première partie de la séquence orthographique puis désengager son attention afin de la réengager sur la partie suivante de la séquence et ainsi de suite jusqu’au traitement de l’ensemble des lettres. Ce traitement serait déficitaire chez les personnes présentant une dyslexie selon cette hypothèse. La troisième est la dyslexie mixte. Elle concerne selon Valdois (2004) et Gombert et al. (2000) environ 2/3 des personnes présentant une dyslexie. Il s’agit d’un « regroupement » de la dyslexie phonologique et de la dyslexie de surface. En effet, les difficultés rencontrées se situent autant au niveau des pseudo-mots que des mots irréguliers (Gombert et al., 2000). Les règles de conversion graphème – phonème ne se font pas correctement et il y a un problème de mémorisation de l’orthographe (INSERM, 2007). La voie d’assemblage et la voie d’adressage sont touchées. D’autres formes de dyslexie ont été décrites mais elles ont fait l’objet d’une attention assez limitée, peu de recherches les ont décrites et étudiées. Ainsi, dans le rapport de l’INSERM (2007), on retrouve les trois types de dyslexie décrits ci-dessus mais on en trouve également trois autres. Ces trois autres types de dyslexie avaient été décrits au départ pour des cas de dyslexie acquise, c'est-à-dire chez l’adulte qui a subi une lésion cérébrale. Les auteurs ont ensuite regardé leur existence sous la forme développementale. Or, comme nous l’avons déjà 19 précisé, les chercheurs ne sont pas tous d’accord et certains se demandent « jusqu’à quel point des similitudes de symptômes conduisent-elles à une interprétation identique du déterminisme sous-jacent des deux pathologies (acquises versus développementales) » (INSERM, 2007, p.403). Les trois types de dyslexie suivants sont donc controversés, surtout que peu de cas ont été recensés, les recherches sont à poursuivre. La dyslexie visuelle (Valdois et al., 1995, cités par l’INSERM, 2007) qui se caractérise par des difficultés de lecture sans troubles associés du langage oral. Les erreurs en lecture sont presque toujours visuelles, la personne va prononcer un mot orthographiquement proche du mot écrit (exemple : « joie » lu « jolie » ou « girafe » lu « guitare » (INSERM, 2007)). L’hypothèse pour ce type de dyslexie est une mauvaise orientation initiale de l’attention, ce qui ralentit la lecture et perturbe l’encodage de l’information. La dyslexie par négligence (Friedmann & Nachman-Katz, 2004, cités par l’INSERM, 2007) où les erreurs se retrouvent systématiquement sur une portion du mot (par exemple sur la partie droite du mot : la fin). Le début du mot peut donc être lu et écrit correctement alors que la fin peut contenir de grosses erreurs. Quand les mots sont écrits verticalement, le trouble diminue et lorsque l’on attire l’attention de la personne sur la fin du mot avec des lettres colorées par exemple, les performances s’améliorent. Les troubles ne sont ni phonologiques, ni visuo-attentionnels mais dus à la position des lettres et à l’orientation des mots (INSERM, 2007). La dyslexie profonde (Jorm, 1979 ; Johnston, 1983 ; Siegel, 1985 ; Temple, 1988 ; Stuart & Howard, 1995, cités par l’INSERM, 2007) qui se reconnait par une lecture quasi impossible des pseudo-mots. Les mots concrets (exemple : « chaise ») sont mieux lus que les mots abstraits (exemple : « amour ») et il y a une production fréquente d’erreurs sémantiques (exemple : « tigre » lu « lion ») dans les mots isolés (INSERM, 2007). Ces erreurs sémantiques assez surprenantes peuvent s’expliquer par le fait que le lexique en mémoire est déficient, l’élève sait qu’il a déjà vu ce mot, que c’est un animal de la jungle donc il dit le premier mot qui lui revient en mémoire et ce n’est parfois pas le bon. Il existe donc une variabilité des troubles rencontrés chez les personnes présentant une dyslexie. Le dysfonctionnement n’est pas unique et les profils peuvent être très différenciés. Cependant, certains auteurs critiquent l’existence de différents sous-types de dyslexies développementales à cause de l’incapacité à identifier de grands groupes stables dans le 20 temps. Selon Valdois (2004), la classification ne peut pas se faire sur la seule base des performances en lecture et écriture des mots irréguliers et des pseudo-mots. Une classification pourrait être faite en fonction des troubles cognitifs dont souffre la personne présentant une dyslexie, c'est-à-dire pour cette auteure, soit un trouble phonologique, soit un trouble visuoattentionnel, soit les deux en même temps, soit d’autres troubles. Cette classification serait selon elle plus efficace pour la prise en charge éducative et les rééducations spécifiques à mettre en place en fonction du trouble rencontré. Valdois (2004) insiste également sur le fait que trop peu de prises en charge prennent en compte l’entrainement des aptitudes visuoattentionnelles alors que c’est un trouble que peuvent rencontrer les personnes atteintes d’une dyslexie au même titre que les troubles phonologiques. Nous allons maintenant revenir plus en détails sur les troubles phonologiques ainsi que sur les troubles visuo-attentionnels qui, comme nous venons de le voir avec Valdois (2004), peuvent toucher les personnes présentant une dyslexie et constituent à l’heure actuelle les deux hypothèses principales sur l’origine de la dyslexie. Ces hypothèses n’ont cependant pas été les seules à être défendues par les chercheurs. Nous commencerons donc d’abord par présenter une hypothèse différente, la première à avoir été convaincante dans les recherches sur la dyslexie : le trouble de l’hémisphère gauche du cerveau. Il nous semble intéressant de l’aborder rapidement ici, même si celle-ci est aujourd’hui critiquée et que les deux hypothèses principales restent à l’heure actuelle les troubles phonologiques et les troubles visuoattentionnels. 4) Les hypothèses sur les origines de la dyslexie 4-1) Théorie de l’hémisphère gauche du cerveau Comme nous l’avons vu lorsque l’on a parlé de la découverte de la dyslexie, l’hypothèse de Broca (1865) et Wernicke (1874), cités par Sprenger-Charolles (2003) a été la première à être convaincante. Ils postulaient que le fonctionnement du langage dépendait de zones spécifiques de l’hémisphère gauche du cerveau et que la dyslexie pourrait être due à un mauvais fonctionnement de celles-ci. Jantzen (2004), reprend cette hypothèse en précisant que la dyslexie serait due à un problème dans la partie du cerveau spécifiquement chargée de traiter le langage écrit. Les personnes présentant une dyslexie auraient un déficit dans l’hémisphère gauche du cerveau qui est attribué à la pensée verbale et qui est actif lors de la lecture. Leur pensée serait alors 21 essentiellement non verbale, c'est-à-dire imagée, et ils utiliseraient plus l’hémisphère droit du cerveau. L’activité de l’hémisphère gauche serait donc plus faible chez les personnes présentant une dyslexie lors de la lecture. À ce sujet, le professeur Sperry (1973), cité par Jantzen (2004) dit : « Ce qui se dégage comme étant la découverte majeure, c’est qu’il semble bien exister deux modes de pensée - le mode verbal et le mode non-verbal – qui, largement indépendants l’un de l’autre, sont représentés respectivement par l’hémisphère gauche et l’hémisphère droit. Notre système éducatif, et la science en général, ont tendance à négliger la forme non-verbale de l’intelligence ; ce qui a pour conséquence la discrimination de l’hémisphère droit par notre société » (p.85) Le fonctionnement neurologique des personnes présentant une dyslexie serait donc atypique, d’après les chercheurs de l’époque comme Sperry (1973), cité par Jantzen (2004). Ces personnes atypiques penseraient en images et ne comprendraient pas le mode de pensée verbale, le lien entre les lettres de l’alphabet (caractères abstraits), qui forment des mots, et la réalité. Selon cette hypothèse, les programmes scolaires utiliseraient une pensée verbale (pensée abstraite et non imagée), qui est celle de la plupart de la population. L’élève présentant une dyslexie se sentirait donc comme maltraité d’apprendre à lire et à écrire car cela irait contre son fonctionnement, il y aurait une « désorientation », c'est-à-dire un choc entre les perceptions non-verbales de l’enfant présentant une dyslexie et les perceptions verbales que nous devons avoir à l’école pour pouvoir apprendre à lire et à écrire (Jantzen, 2004). Cependant, cette hypothèse ne fait pas l’unanimité au sein des chercheurs. En effet, elle a été décrite au départ pour les cas de dyslexie acquise puisque les chercheurs ont montré que dans le cas d’une dyslexie due à une lésion cérébrale, la zone touchée dans le cerveau était l’hémisphère gauche (INSERM, 2007). Mais « la communauté de résultats relevés tant au niveau comportemental que neurologique ne conduit pas nécessairement, bien entendu, à conclure à l’identité entre dyslexie acquise et dyslexie développementale, pas plus qu’à l’identité de leurs déterminismes sous-jacents » (INSERM, 2007, p.403). Les chercheurs ne sont pas tous d’accord sur cette hypothèse, certains pensent que la dyslexie acquise et développementale ne sont pas identiques. C’est donc UNE conception de la dyslexie, elle est ancienne et d’autres conceptions s’en sont bien éloignées aujourd’hui, dont l’hypothèse phonologique et l’hypothèse visuo-attentionnelle. 22 4-2) Théorie phonologique La théorie phonologique est largement défendue aujourd’hui. En effet, les personnes présentant une dyslexie auraient un déficit cognitif de conscience et de traitement phonologique qui entrainerait des difficultés d'acquisition et de maîtrise du langage oral (Gombert, 2003). Plusieurs troubles se retrouveraient chez les personnes présentant une dyslexie selon cette théorie : des troubles des capacités métaphonologiques, des troubles de la perception catégorielle, des troubles de la mémoire et de la dénomination rapide (Serniclaes, 2005). Nous allons revenir sur chacun plus en détails. Troubles des capacités métaphonologiques Tout d’abord, précisons que les capacités métaphonologiques correspondent à la conscience phonologique, il s’agit de la capacité à comprendre et à manipuler les différentes unités du langage oral (Martinet & Rieben, 2010). Nous trouvons comme exemples de tâches spécifiques de l’entrainement métaphononogique des exercices tels que : - trouver le nombre et donner les syllabes d’un mot (exemple : /lapɛ/ 2 syllabes /la/ et /pɛ/. Martinet & Rieben, 2010) - trouver le nombre et donner les phonèmes d’un mot (exemple : /lapɛ/ quatre phonèmes /l/, /a/, /p/ et /ɛ/) - supprimer le premier ou le dernier phonème d’un mot (exemple de suppression du premier phonème : /lapɛ/ /apɛ/) - inverser des phonèmes ou des syllabes à l’intérieur d’un mot (exemple d’inversion de syllabes: /lapɛ/ /pɛla/) - trouver les mots qui riment entre eux (exemple : /lapɛ/ et /sapɛ/) … Pour chaque exemple de tâche, nous avons pris l’exemple du mot « lapin » pour mieux comprendre et illustrer ces exercices. Nous remarquons que les manipulations concernent soit les syllabes, soit les phonèmes. En effet, selon Ziegler et Goswani (2005, cités par Martinet et Rieben, 2010), il y a plusieurs consciences phonologiques. D’après leur recherche, la conscience syllabique (manipulation des syllabes) se développe avant la conscience phonémique (manipulation des phonèmes). Les phonèmes étant les plus petites unités du langage oral, elles sont plus difficiles à percevoir que les syllabes qui sont des unités plus larges. En effet, les syllabes (unités articulatoires) du mot /lapɛ/ sont /la/ et /pɛ/ alors que les phonèmes de ce mot sont /l/, /a/, /p/ et /ɛ/. 23 Ensuite, il est intéressant de constater que les habiletés métaphonologiques sont en lien étroit avec le niveau de lecture. En effet, la recherche longitudinale de Lacert et Sprenger-Charolles (2001) a montré qu’avant l’apprentissage de la lecture, c’est-à-dire à un niveau pré-scolaire, les futurs élèves présentant une dyslexie ont des résultats très inférieurs aux normolecteurs (élèves apprenant à lire normalement, sans difficulté) dans les capacités métaphonologiques. Ensuite, ils montrent que lorsqu’on regarde un an après le début de l’apprentissage de la lecture, seuls les élèves présentant une dyslexie et ceux ayant des difficultés en lecture ont de faibles capacités métaphonologiques comparé aux normolecteurs. De plus, la relation entre les habiletés métaphonogiques et la lecture serait bidirectionnelle : la capacité métaphonologique est un prédicteur de l’apprentissage de la lecture et l’apprentissage de la lecture permet l’émergence de la conscience phonologique, notamment phonémique. En effet, elle est plus faible chez les enfants avec des difficultés en lecture mais ne présentant pas une dyslexie que chez les normolecteurs car elle est censé augmenter de plus en plus jusqu’à ce qu’on sache lire correctement (Lacert & Sprenger-Charolles, 2001). Alegria et Mousty (2004) ajoutent que les activités métaphonologiques doivent faire partie des activités pré-scolaires puisque cela a, comme nous l’avons constaté, un effet sur le niveau de lecture futur. Martinet et Rieben (2010) mettent en avant les différentes composantes qui doivent être travaillées avant même l’école primaire : la compréhension du principe alphabétique (le lien entre l’écrit et l’oral), la conscience phonologique, la connaissance des lettres (l’apprentissage de l’alphabet), la discrimination visuelle, la compréhension orale, la reconnaissance des mots, etc. L’étude de Hatche, Hulme et Ellis (1994, citée par Alegria et Mousty, 2004) montre quant à elle que l’entrainement métaphonologique est plus efficace lorsqu’il est couplé à un entrainement de la lecture-écriture. En effet, ces chercheurs ont soumis différents groupes de lecteurs faibles de 7 ans à 40 séances de 20 minutes d’entrainement pendant 20 semaines. Il y avait trois groupes suivant chacun trois types d’entrainements différents : le premier suivait un entrainement des capacités en lecture-écriture, le deuxième un entrainement des capacités métaphonologiques et le troisième suivait un entrainement des capacités en lecture-écriture couplé à un entrainement des capacités métaphonologique. Les résultats montrent qu’un entrainement métaphonologique basé sur une manipulation des phonèmes, des rimes et des syllabes couplé à un entrainement de la lecture et de l’écriture montre de meilleurs résultats des élèves en décodage à la fin des 20 semaines. Les élèves qui ont suivi soit un entrainement 24 seulement en lecture et écriture, soit un entrainement seulement des capacités métaphonologiques ont de moins bon résultats. Chez les personnes présentant une dyslexie, les difficultés en lecture rencontrées peuvent donc s’expliquer par de faibles capacités métaphonologiques. C’est un facteur explicatif primordial car selon Wagner et Torgesan (1987) et Lecocq (1991), cités par Casalis (2004), « la conscience phonologique est considérée comme le facteur le plus important dans la réussite en lecture » (p.87). D’autres facteurs sont également mis en avant mais restent moindres comparés aux troubles métaphonologiques. Il est donc important d’entrainer ces habiletés métaphonologiques le plus tôt possible, chez tous les enfants, en couplant cela avec l’apprentissage de la lecture. Pour les élèves présentant une dyslexie, la prise en charge logopédique va tenter de « rééduquer » et d’entrainer ces capacités métaphonologiques indispensables pour la lecture si celles-ci posent des difficultés à l’élève. En effet, le suivi doit être adapté aux besoins, le logopédiste3 doit auparavant faire un bilan afin de percevoir où se situent les difficultés de l’élève (Martinet, 2010). Troubles de la perception catégorielle Serniclaes (2005) ajoute un autre trouble qui peut être présent chez les élèves présentant une dyslexie : le trouble de la perception catégorielle de la parole, qui ferait partie des troubles phonologiques. Ce trouble est à rapprocher de la conscience phonologique puisque cet auteur définit les troubles de la perception catégorielle comme « des difficultés à percevoir des distinctions phonologiques élémentaires entre syllabes » (Serniclaes, 2005, p.47). Or selon McBride-Chang (1996, cité par Casalis, 2004), une bonne perception des phonèmes affecte la conscience phonologique. Ce trouble de la perception catégorielle pourrait donc être une explication possible du trouble métaphonologique des élèves présentant une dyslexie. Cela serait dû selon Serniclaes (2005) à un phénomène de sous-discrimination (la personne ne perçoit pas de différences entre deux sons distincts, ne discrimine pas assez) et de surdiscrimination (la personne perçoit de plusieurs manières un même son, discrimine trop). La personne présentant une dyslexie va par exemple éprouver des difficultés à distinguer le /t/ du /d/ à cause d’un phénomène de sous-discrimination mais va cependant percevoir deux sortes de /t/ car celle-ci va sur-discriminer. Il est donc possible qu’une personne perçoive à l’oral deux /t/ différents entre les syllabes /ta/ et /ti/ (sur-discrimination) alors qu’elle ne va pas percevoir de différence entre les syllabes /da/ et /ta/ (sous-discrimination). Les différences 3 Le masculin a été utilisé pour désigner les hommes et les femmes afin de permettre une lecture plus fluide. 25 internes aux catégories sont mieux perçues que les différences entre catégories, qui sont elles essentielles. Le déficit de perception catégorielle est donc le fait que les catégories faites par les personnes présentant une dyslexie ne sont parfois pas les mêmes que les normo-lecteurs, ce qui peut les amener à confondre certains phonèmes comme le /d/ et le /t/. Ce ne sont bien sûr pas les seuls phonèmes souvent confondus par les personnes présentant une dyslexie, nous pouvons également citer le /b/ et le /d/, le /p/ et le /b/, le /m/ et le /n/, etc. Ces phonèmes ne sont pas confondus par toutes les personnes présentant une dyslexie, il ne faut pas généraliser, mais c’est un trouble qui peut se rencontrer chez ces personnes et qui est dû à la mauvaise perception catégorielle selon Serniclaes (2005). Ce trouble de la perception catégorielle ferait donc partie des troubles phonologiques mais s’efface devant les troubles métaphonologiques qui sont considérés comme un facteur primordial (Wagner & Torgesan, 1987 ; Lecocq, 1991, cités par Casalis, 2004). Troubles de la mémoire Mémoire à court terme phonologique Un autre trouble phonologique rencontré par certaines personnes présentant une dyslexie est un trouble de la mémoire à court terme phonologique (Alegria & Mousty, 2004). Celle-ci est sollicitée lorsque l’on veut stocker une information que l’on va réutiliser dans un laps de temps très court. En effet, les messages sensoriels sont traités dans cette instance de la mémoire. Elle a une capacité limite appelée « empan » ; elle ne peut stocker qu’environ 7 éléments et sert à maintenir et à manipuler certaines informations captées dans l’environnement (Lieury, 1980, cité par Gaonac’h & Larigauderie, 2000). Ensuite, soit les informations sont oubliées, soit elles passent dans la mémoire à long terme. Cette mémoire peut être déficiente chez les personnes présentant une dyslexie. En effet, pour la procédure d’assemblage dans la lecture, il faut utiliser des codes phonologiques, c'est-à-dire qu’il faut transcrire les graphèmes en phonèmes et les garder en mémoire jusqu’à pouvoir assembler et accéder au mot en entier (Lacert & Sprenger-Charolle, 2001). Or cela ne se fait pas correctement chez ces personnes, ce qui peut expliquer leurs difficultés (Alegria & Mousty, 2004). Lacert et Sprenger-Charolle (2001) ajoutent à ce constat une distinction entre la mémoire à court terme visuelle et phonologique. En effet, ils font passer une épreuve de mémoire à court terme visuelle et une épreuve de mémoire à court terme phonologique à des élèves présentant une dyslexie. La tâche de mémoire visuelle consistait à reproduire une trajectoire impliquant de retenir des séquences visuelles de plus en plus longues alors que l’épreuve de mémoire à 26 court terme phonologique consistait à répéter une suite de sons verbaux de plus en plus longue. Ces auteurs montrent que dans la tâche de mémoire visuelle, les résultats sont équivalents à ceux des normolecteurs alors qu’ils sont inférieurs dans la tâche de mémoire à court terme phonologique. Ce serait donc bien la mémoire à court terme phonologique et non la mémoire visuelle qui est déficiente chez les élèves présentant une dyslexie testés dans cette étude. Ce constat confirme les recherches du laboratoire Haskins qui ont été les premières à établir ce fait (Lacert & Sprenger-Charolle, 2001). Mémoire à long terme et accès au lexique stocké La mémoire à court terme phonologique ne serait pas le seul versant de la mémoire touché chez les personnes présentant une dyslexie. En effet, il pourrait également y avoir un problème avec la mémoire à long terme et l’accès automatique aux représentations phonologiques stockées (Alegria & Mousty, 2004). Comme nous l’avons vu auparavant, un lecteur expert utilise la plupart du temps la voie d’adressage quand il lit, il reconnait les mots qu’il a déjà lus souvent, il n’a donc pas besoin de passer par la voie d’assemblage qui est très couteuse. Chez les personnes présentant une dyslexie, cette difficulté de récupération des représentations lexicales en mémoire, parfois présente, empêcherait la voie d’adressage de se mettre en place. Les personnes seraient donc obligées de passer à chaque fois par la voie d’assemblage, ce qui ne permet pas une lecture rapide et fluide et explique les difficultés en lecture (Gombert, 2003). En effet, pour passer par la voie d’adressage, l’orthographe du mot doit être stockée dans la mémoire à long terme. Ainsi, quand le lecteur se retrouve face à ce mot, il peut accéder directement à sa forme orale en reconnaissant son orthographe. Pour préciser les conséquences de cette difficulté de mémoire à long terme, prenons l’exemple de l’étude d’Alegria et Mousty (2004), qui montre qu’il y a 3 niveaux d’analyse des informations de la langue. Le premier niveau concerne le niveau des perceptions et de traitement de l’information. Le deuxième niveau concerne l’accès au lexique phonologique, c'est-à-dire à la prononciation orale des mots écrits. Le lexique phonologique se différencie du lexique orthographique qui est l’accès à l’orthographe des mots et non à leur prononciation. Enfin, le troisième niveau est le niveau de production de la parole. Un trouble à un niveau va avoir forcément des conséquences sur les niveaux suivants. Selon ces auteurs, chez les personnes présentant une dyslexie, c’est surtout le deuxième niveau qui est atteint c'est-à-dire l’accès au lexique phonologique stocké en mémoire. C’est entre autres à cause de cela que la 27 lecture par la voie d’adressage ne se fait parfois pas bien et oblige une lecture par la voie d’assemblage qui prend plus de temps et est plus couteuse. Un trouble à ce niveau va donc avoir des conséquences sur la production de la parole (la lecture). Les troubles de la dénomination rapide que peuvent présenter les personnes présentant une dyslexie sont liés à ces problèmes de récupération de l’information dans la mémoire à long terme (difficulté d’accès au lexique phonologique) (Lacert & Sprenger-Charolles, 2001). Dans les épreuves du BSEDS (Bilan de Santé Évaluation du Développement pour la Scolarité) (Azzano et al., 2011), on trouve des tests de dénomination rapide. Le BSEDS est une batterie de test pour les enfants de 5-6 ans qui permet de repérer les signes prédictifs des difficultés liées au langage. Dans un des tests par exemple, l’élève doit nommer le plus vite possible ce que représente les images présentées devant lui, le temps et le nombre d’erreurs étant pris en considération. Les items choisis font partie du vocabulaire de l’enfant ; ne pas réussir à nommer l’image n’est donc pas un problème de non-vocabulaire mais un problème de non-accès au lexique phonologique en mémoire. Les épreuves de fluidité verbale quant à elles consistent à produire dans un temps donné autant de mots possibles, avec des critères sémantiques (exemple : noms d’animaux) ou phonologiques (exemple : mots commençant par le son /ba/). Il faut donc pour cela accéder au lexique interne facilement et rapidement. Or, c’est ce qui peut poser problème chez les personnes présentant une dyslexie d’après Lacert et Sprenger-Charolles (2001). Certes, les épreuves de dénomination rapide ne sont pas en lien direct avec la lecture mais la dyslexie ne se limite pas à des difficultés en lecture-écriture, elle peut toucher les capacités phonologiques et celles-ci sont utilisées dans divers domaines. Les résultats quant à la prédiction des troubles de la dénomination rapide pour l’apprentissage de la lecture sont controversés selon les auteurs et les recherches. McBride-Chang et Manis (1996), cités par Lacert et Sprenger-Charolles (2001) montrent que c’est un bon prédicteur seulement si on prend un échantillon de lecteurs faibles. En effet, dans leur recherche, seul le groupe des lecteurs faibles a des résultats aux épreuves de dénomination rapide reliés au niveau de lecture. Pour le groupe des lecteurs moyens et bons, cela ne fonctionne pas puisqu’il n’y a pas de différence entre ces deux groupes dans les épreuves de dénomination rapide alors que leur niveau de lecture est différent. De plus, les recherches prouvant son lien avec la conscience phonologique sont elles aussi controversées. En effet Wagner et Torgesen (1994), cités par Casalis (2004) montrent que ces 28 deux variables sont indépendantes alors que Pennington, Cardoso-Martins, Grenn et Lefly (2001), cités par le même auteur montrent quant à eux qu’elles sont liées. Des troubles de la mémoire peuvent alors se retrouver chez les personnes présentant une dyslexie mais c’est néanmoins un prédicteur faible du niveau en lecture comparativement aux capacités métaphonologiques (Lecocq, 1991, cité par Lacert & Sprenger-Charolles, 2001). 4-3) Théorie des troubles visuo-attentionnels Certains auteurs ne valident pas le déficit phonologique comme étant la seule cause de la dyslexie. Pour Valdois (2004), il y a deux types de troubles qui peuvent être à l’origine de la dyslexie : d’une part les troubles phonologiques, comme ceux défendus dans la théorie phonologique, et d’autre part les troubles visuo-attentionnels. En effet, ils sont impliqués dans la lecture puisque l’attention doit se porter successivement sur chacune des lettres d’un mot pour que les procédures d’identification se mettent en place. Il faut ensuite traiter l’ensemble des lettres du mot, en ayant une distribution homogène de l’attention. Un déficit de traitements visuo-attentionnels pourrait expliquer des erreurs dans l’identification des mots selon cette hypothèse. Les troubles phonologiques et visuo-attentionnels peuvent être distincts (la personne avec une dyslexie ne souffre que d’un seul de ces deux troubles) ou il peut s’agir d’un double déficit (la personne souffre des deux troubles). Dans sa recherche, Valdois (2004) a en effet montré que certains élèves présentant une dyslexie n’ont aucun problème de phonologie mais ont de gros problèmes visuo-attentionnels et inversement. Certains présentent également les deux troubles en même temps. La recherche de Zorzi et al. (2012) confirme la théorie des troubles visuo-attentionnels. En effet, en testant leurs hypothèses sur 74 enfants présentant une dyslexie âgés de 8 à 14 ans, ils montrent que le simple fait d’augmenter l’espace entre les lettres dans un texte augmente leurs performances en lecture. Ce constat va dans le sens de cette théorie puisqu’ici c’est en utilisant une variable d’ordre visuelle que les performances s’améliorent. L’étude de Marendaz, Valdois et Walch (1996), cités par Casalis (2004) met quant à elle en évidence le fait que la recherche de cibles en condition « attentionnelle » (qui nécessite une bonne attention soutenue à cause des distracteurs) est plus lente chez les élèves présentant une dyslexie. Un exemple de tâche pourrait être de trouver dans un texte toutes les lettres « O » en 29 parvenant à inhiber les lettres « Q » qui ressemblent. Cette étude confirme alors elle aussi cette hypothèse de possibles troubles visuo-attentionnels présents dans la dyslexie. L’étude de Seymour (1986), citée par l’INSERM (2007), a été la première à estimer la prévalence des déficits phonologiques et des déficits visuels chez les personnes présentant une dyslexie, afin de comparer ces deux causes différentes défendues. À l’époque, il ne prenait pas en compte la variable de l’attention alors que Valdois (2004) parle de déficit visuoattentionnel. Selon Seymour, les personnes souffrant d’un problème phonologique devraient moins bien lire les pseudo-mots que les mots irréguliers fréquents, mais leurs performances ne devraient pas être influencées par la longueur des mots et par la position des lettres. L’inverse est attendu chez les personnes souffrant de troubles visuels. En effet, si la personne présente seulement des troubles visuels, il ne devrait y avoir aucune différence de performance entre les pseudo-mots, les mots réguliers et les mots irréguliers car les difficultés de lecture des pseudo-mots sont réservées aux personnes qui ont des troubles phonologiques. Seule la longueur des mots et la position des lettres devraient jouer un rôle sur les performances. La personne mélangerait les lettres et sa fenêtre attentionnelle ne serait pas assez grande pour les longs mots, ce qui sera plus difficile pour la lecture. Selon Gombert (2003), la fenêtre attentionnelle permet de focaliser l'attention du lecteur sur l'ensemble d'un mot ou seulement une de ses parties, elle serait plus petite chez une personne présentant un déficit visuoattentionnel. Les résultats de l’étude de Seymour (1986) sur 21 sujets présentant une dyslexie montrent que la plupart ont un trouble phonologique (18 sur 21). La proportion de ceux ayant un déficit visuel sans trouble phonologique est faible (3 sur 21). Cette étude ancienne a été validée par des études plus récentes citées dans le rapport de l’INSERM (2007) telles que Stanovich (1997) et Sprenger-Charolles (2000). Ces études montrent que les élèves présentant une dyslexie sont plus nombreux à avoir un trouble phonologique qu’un trouble visuo-attentionnel. Elles montrent également que la majorité présente un double déficit. L’étude de Casalis (2004) va dans le même sens en montrant qu’il y a deux groupes contrastés chez les élèves présentant une dyslexie : le groupe présentant une dyslexie phonologique et le groupe présentant une dyslexie « indifférenciée » qui a des déficits visuels mais aussi des déficits phonologiques. Ce groupe « indifférencié » serait donc à rapprocher du double déficit. 30 Nous avons donc montré dans cette partie que la principale hypothèse sur l’origine de la dyslexie est de nature phonologique. Il faut cependant également penser aux difficultés visuoattentionnelles que peuvent rencontrer certaines personnes présentant une dyslexie car c’est une des hypothèses sur les causes de la dyslexie défendues par certains auteurs. Ces troubles de nature visuo-attentionnelle peuvent donc être présents en plus des troubles phonologiques ou alors de manière isolée. Selon Valdois (2004), un déficit dans le traitement visuel de l’information écrite pourrait empêcher les représentations orthographiques de se mettre en place. Les erreurs d’irrégularités présentes dans la dyslexie de surface pourraient alors être expliquées. Valdois (2004) résume les différentes hypothèses ainsi : « il semble qu’en dépit d’hypothèses différentes et de résultats parfois divergeants quant à l’origine des troubles dyslexiques, la tendance actuelle soit de traiter la dyslexie développementale comme un syndrome unitaire relevant d’un dysfonctionnement cognitif et cérébral unique » (p.172). Casalis (2004) ajoute que l’origine de la dyslexie et de ces difficultés, à la fois en termes de spécificité et de diversité, n’est pas encore résolu, plusieurs hypothèses restent valides à l’heure actuelle et sont dues à l’hétérogénéité du trouble. En effet, chaque difficulté peut être la cause d’un élément différent, d’autant plus que de nombreux troubles peuvent être associés à la dyslexie. 5) Les troubles pouvant être associés Selon Casalis (2004), « la mise en évidence de l’hétérogénéité des dyslexiques (…) a renouvelé la questions des déficits associés » (p.92). Lasserre (2006) parle des « dys » ; ce sont selon lui un ensemble de troubles dus à un dysfonctionnement cérébral, qui relèvent donc de la neuropsychologie. Selon l’OMS (1994), ce sont des troubles spécifiques de l’apprentissage qui peuvent toucher, selon la spécificité du trouble, la lecture, l’écriture, l’orthographe, le graphisme, la planification des gestes, le calcul, ect. La dyslexie et la dysorthographie en font partie mais il y a d’autres troubles commençant tous par le préfixe « dys » qui peuvent être liés et il est alors important de le souligner. Il y a des critères d’exclusion à prendre en compte avant de pouvoir parler de n’importe quelle « dys ». En effet, comme nous en avons déjà parlé pour la dyslexie-dysorthographie, il faut d’abord regarder s’il y a des anomalies neurologiques, des altérations sensorielles, une déficience intellectuelle ou des facteurs de l’environnement responsables des difficultés. Ce 31 n’est qu’une fois avoir éliminé ces causes que l’on peut commencer à parler de « dys » (Lasserre, 2006). 5-1) Dysphasie La dysphasie est un « trouble durable et significatif du développement du langage oral » (Lasserre, 2006, p.45). Gérard et Brun (2003) affirment qu’1% de la population scolaire est atteinte de ce trouble spécifique du langage. Elle peut affecter la production phonologique : le mot produit est plus ou moins éloigné du mot réel (exemple : « krompette » pour « trompette ») (Gérard & Brun, 2003), l’encodage lexical et/ou syntaxique. Selon ces auteurs, elle peut aussi toucher la conscience phonologique, c'est-à-dire que l’enfant a des difficultés à décoder le langage et à manipuler les sons. L’expression et la compréhension sont donc amoindries. La conscience phonologique jouant un rôle important dans l’apprentissage de la lecture/écriture (Martinet & Rieben, 2010), cela pourrait expliquer la possible association entre la dysphasie et la dyslexie. Selon l’INSERM (2007), la dyslexie fait suite dans plus de la moitié des cas à des troubles du langage oral. « L’évaluation précoce des capacités de segmentation, de l’émergence du babillage, de l’apparition des premiers mots et de la mise en texte à partir des récits dans sa dimension conceptuelle et linguistique se justifie en raison de la valeur prédictive que ces capacités présentent par rapport à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture » (pp. 637638). 5-2) Dyscalculie La dyscalculie est « un trouble durable et significatif du développement du calcul » (Lasserre, 2006, p.72). Selon le rapport de l’INSERM (2007), c’est un trouble spécifique de l’acquisition de l’arithmétique qui engendre des procédures de comptage immature (les élèves comptent sur leurs doigts et ne passent pas par la voie directe de récupération des faits arithmétiques en mémoire) et une mauvaise compréhension des principes de dénombrement. Ces troubles élémentaires vont avoir des répercussions dans les résolutions de problème et les opérations complexes. Cependant, l’INSERM (2007) insiste sur le fait qu’il n’existe pas de définition universellement admise de la dyscalculie, de nombreuses classifications de sous-types de dyscalculie ont été faites et elles diffèrent d’un auteur à l’autre. Des études restent donc à faire. 32 Selon l’INSERM (2007), dans une population d’enfants présentant une dyscalculie, 17 à 64 % sont atteints de dyslexie. Ce trouble peut effectivement être lié à la dyslexie puisque des déficits visuo-attentionnels peuvent poser des difficultés en lecture/écriture comme en mathématique (poser des opérations par exemple). De plus, les problèmes de mémoire qui peuvent être présents dans la dyslexie (Alegria & Mousty, 2004) peuvent également être présents dans la dyscalculie (par exemple apprendre et utiliser les livrets d’additions et de multiplications). 5-3) Dyspraxie La dyspraxie est un « trouble durable et significatif du développement de la planification du geste volontaire » (Lasserre, 2006, p.74). C’est un dysfonctionnement au niveau de la gestion des gestes qui peut être dû à des maladresses, des troubles de la coordination et des erreurs dans la conception et la réalisation du mouvement. La dyspraxie se distingue d’un simple retard psychomoteur puisque le problème reste durable et est lié à un trouble d’origine cérébral, les mouvements ne sont pas correctement maîtrisés par le cerveau (Lasserre, 2006). Selon le rapport de l’INSERM (2007), la dyspraxie touche la capacité de choisir, planifier, séquencer et exécuter le mouvement. Cela va avoir des conséquences sur les actes de la vie quotidienne et une incidence sur les apprentissages. La dyspraxie pourrait être liée à la dyslexie puisque « toute action impliquant la gestualité et/ou la posture nécessite également des capacités perceptives et visuo-spatiales intactes » (INSERM, 2007, p. 664). Or, on sait que les personnes présentant une dyslexie peuvent avoir des troubles visuo-attentionnels (Valdois, 2004). Cependant, selon l’INSERM (2007), « Une des questions majeures encore non résolues est de savoir s’il existe une forme particulière de dyslexie qui accompagnerait de façon spécifique les troubles de la coordination sensorimotrice chez le dyspraxique » (p.664). Des recherches sont donc encore à effectuer sur le lien entre la dyslexie et la dyspraxie. 5-4) Dysgraphie Selon la CIM 10 (OMS, 1994), la dysgraphie est une atteinte de la qualité de l’écriture et du graphisme se traduisant notamment par une lenteur, une malformation des lettres, une illisibilité et des anomalies dans l’exécution motrice (sens, tonus). Cependant, selon le rapport de l’INSERM (2007), « L’écriture étant un processus multidimensionnel, différentes composantes peuvent être à l’origine d’un trouble de l’écriture : difficulté d’écriture liée à 33 l’aspect moteur ; difficulté à terminer la tâche écrite ; orthographe insuffisante ; problèmes avec la composition écrite tels que la planification, le choix des mots, la construction de phrases et l’organisation du texte. Le terme de dysgraphie, qui renvoie plutôt à un trouble de la calligraphie touchant également la réalisation de formes géométriques, a été parfois utilisé pour représenter un trouble général de l’écriture ; cependant dans la littérature, il est plus souvent question de dysorthographie. » (p. 650) La dysorthographie étant toujours liée à la dyslexie, il est possible en ce sens que la dysgraphie y soit parfois également liée puisque les difficultés d’orthographe peuvent être inclues dans ce trouble plus large de l’écriture qu’est la dysgraphie. En plus des « dys », Lasserre (2006) ajoute ensuite le syndrome hyperkinétique et déficitaire en attention. Le terme scientifique désignant cela est le Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH). Cela veut dire qu’il pourrait y avoir chez les élèves présentant une dyslexie des problèmes d’attention, d’hyperactivité, d’impulsivité et d’hyperexcitabilité (Lasserre, 2006). Après avoir vu les troubles pouvant être associés à la dyslexie, étudions maintenant les répercussions de la dyslexie sur la lecture, l’apprentissage, la vie professionnelle ainsi que sur les affects. 6) Les répercussions en chaîne de la dyslexie La dyslexie peut se manifester de différentes manières et également avoir un ou plusieurs troubles associés. Même si ce trouble est très hétérogène, il a toujours des répercussions notables sur la lecture. Cela va poser des difficultés à l’école tout d’abord, puis plus tard dans la vie professionnelle et également dans la vie affective. En effet, la dyslexie, comme n’importe quel handicap, est parfois difficile à vivre pour la personne au niveau psychologique et émotionnel. 6-1) La lecture Tout d’abord, un trouble de l’identification des mots a une conséquence directe sur l’acte de lire et donc sur la compréhension de ce qu’on lit. En effet, nous l’avons vu, la lecture consiste à identifier les mots écrits et à comprendre. Un trouble dans l’identification des mots va gêner 34 la compréhension car ce trouble va être très coûteux en attention et ne va pas laisser beaucoup de place dans la mémoire de travail pour faire les liens entre les mots et entre les phrases afin de comprendre le sens de ce qu’on lit. La lecture en général sera donc touchée (Écalle & Magnan, 2006 ; Martinet & Rieben, 2010). 6-2) L’école Ensuite, les conséquences d’une maîtrise difficile de la lecture sont multiples. En 1985, l’introduction des programmes élémentaires spécifiait déjà que « la maîtrise de la langue française commande le succès à l’école élémentaire » (ONL, 2005, p.6). Cela ne concerne pas que la lecture mais on peut voir que des difficultés en français, dont les difficultés en lecture, vont avoir des impacts dans tous les apprentissages scolaires puisque les capacités en français, telles que la maitrise de la lecture, sont des capacités transversales utiles et indispensables dans toutes les matières scolaires. La dyslexie va donc poser des difficultés à l’école de manière générale. Au sujet de ces difficultés scolaires, Destrempes-Marquez et Lafleur (1999) avancent le fait que parfois, les attitudes développées par l’environnement familial ou scolaire envers l’enfant sont inadaptées. Ils constatent que cela entraîne chez l’enfant un dégoût pour l’écrit et un désintérêt pour les matières qui demandent un effort de lecture, c'est-à-dire quasiment toutes les matières à l’école. Ces auteurs ont également observé que dans de mauvaises conditions de prise en charge, le langage de ces enfants va rester pauvre, leur travail se fera lentement, ils seront plus fatigués et auront des difficultés à transcrire le contenu de leur pensée et à intégrer le discours d’autrui. Il faudrait que ce trouble soit pris en charge le plus tôt possible par des logopédistes afin de minimiser l’impact de la dyslexie à l’école en proposant rapidement des remédiations adaptées aux difficultés (Martinet, 2010). Il faudrait également développer des attitudes adéquates envers ces élèves et mettre en place des aménagements pédagogiques adaptés en classe pour ainsi éviter le schéma du dégoût pour l’écrit et de l’échec scolaire (Bosse, 2004). Cependant, la recherche de Jacquier, Naudin, Roisin, Hoen et Meunier (2009) montre que l’on pense toujours à la prise en charge de la dyslexie à l’école et beaucoup moins à celle de la dyslexie à l’âge adulte. Les auteurs nous livrent un témoignage d’une adulte présentant une dyslexie qui résume très bien cela : « Les gens ne comprennent pas que la dyslexie peut exister et être handicapante hors d’un cadre scolaire. Pour eux la dyslexie ne concerne que les enfants, elle n’atteint pas les adultes ». Pourtant, la dyslexie peut être un véritable handicap dans la vie quotidienne de l’adulte et surtout dans son travail. 35 6-3) Le monde professionnel Le rapport de l’ONL (2005) spécifie que « l'insertion professionnelle est fortement corrélée avec le diplôme de sortie de l'école et le risque de sortie du système éducatif sans qualification est étroitement lié à la manière dont les élèves ont effectué leur scolarité primaire » (p.7). Cela veut dire que le risque d’échec scolaire et donc de difficultés d’insertion professionnelle est plus élevé chez les élèves qui éprouvent des difficultés à maîtriser la lecture, ce qui inclus les élèves présentant une dyslexie. La dyslexie peut donc se manifester plus tard que la période scolaire par l’échec professionnel et même social. Cet échec peut avoir des répercussions non négligeables sur les affects et les émotions de la personne présentant une dyslexie qui se retrouve dans une situation difficile à vivre à cause de son handicap. 6-4) Les affects Leonova (2008) met en évidence de nombreuses recherches qui ont été effectuées auprès d’élèves ayant des troubles de l’apprentissage (TA), incluant les élèves présentant une dyslexie. Les conclusions qui ressortent des différentes recherches citées sont que les élèves avec TA ont des difficultés d’intégration scolaire et sociale. En effet, ils sont plus souvent rejetés et moins compétents socialement que les enfants ordinaires puisqu’ils s’engagent moins dans les interactions sociales et qu’ils sont moins souvent à l’origine de ces interactions comparés aux enfants sans TA (Kavale & Forness, 1996, cités par Leonova, 2008). Puis, la fréquence des dépressions est plus élevée (cela peut être dû au sentiment profond de solitude) et le sentiment d’autoefficacité est plus bas chez ces élèves (Fristad, Topolosky, Weller, & Weller, 1992, cités par Leonova, 2008). Une anxiété plus grande est également mise en avant par Dollinger, Horn et Boarini (1988), cités par Leonova (2008), ce qui peut être lié au comportement plus agressif de ces enfants avec TA par rapport aux enfants ordinaires (Maag & Reid, 1994, cités par Leonova, 2008). En effet, selon les classements des professeurs et des parents, les enfants avec TA possèdent des niveaux plus élevés de comportement agressif et antisocial comparés aux enfants sans TA. Dans sa propre recherche, Leonova (2008) va comparer 37 élèves présentant une dyslexie scolarisés en école ordinaire, 35 élèves présentant une dyslexie scolarisés en école spécialisée 36 dans les cantons francophones de la Suisse et 31 enfants sans dyslexie. Elle va montrer que le bien-être psychologique des élèves présentant une dyslexie et étant scolarisés dans une école spécialisée est meilleur que celui des élèves présentant une dyslexie et scolarisé en classe ordinaire. En effet, elle montre que pour les enfants présentant une dyslexie et étant scolarisés en classe spécialisée, « l’estime de soi scolaire » et l’image idéalisée de soi scolaire est plus élevée, le soutien social de la part des enseignants est plus grand et les risques de dépression sont plus faibles. Ces résultats peuvent être étonnants quand on pense à toute cette politique d’intégration qui se met en place, au fait qu’on veuille de plus en plus que les élèves à besoins éducatifs particuliers soient intégrés en classe ordinaire pour favoriser leur intégration sociale et leur développement. Cependant, il faut se montrer critique envers ces résultats car nous n’avons pas trouvé d’autres études allant dans ce sens. De plus, de nombreux facteurs peuvent entrer en jeu. En effet, les effectifs sont réduits dans les écoles spécialisées, ce qui peut expliquer que le soutien social des enseignants soit plus grand (Leonova, 2008). De plus, les enseignants spécialisés sont formés, leurs exigences sont peut être mieux adaptées aux besoins et le niveau des élèves est peut être un peu plus bas. Par ailleurs, en classe ordinaire, les élèves intégrés ont peut être une estime d’eux même moins haute à cause de la comparaison sociale avec leurs pairs, qui n’ont eux aucune difficulté, cela peut être plus difficile psychologiquement que dans une école spécialisée, où tous les élèves ont des besoins particuliers et des difficultés (Leonova, 2008). Puis, selon nous, il ne faut pas généraliser ces résultats en affirmant que la dyslexie amène forcément à la dépression et à des problèmes dans les relations sociales. Cette étude montre que le risque est plus élevé chez les élèves présentant une dyslexie que chez les enfants n’ayant aucune difficulté mais elle ne montre pas que ce cas est systématique. Ensuite, selon nous, il faut être attentif au fait que cette recherche ne signifie pas qu’être dans une école spécialisée favorise le développement des compétences scolaires des élèves, cela montre seulement que c’est moins dur psychologiquement pour eux. Cela nous permet de faire le lien avec Martinet et Hauser (sous presse) et le fait qu’il faudrait assurer à ces élèves le meilleur encadrement scolaire et le meilleur soutien possible dans les classes ordinaires. Il faut pour cela être attentif à leurs besoins et mettre en place des aménagements qui vont permettre de contourner la situation de handicap, afin qu’ils aient de meilleurs résultats et réussissent à apprendre malgré leurs difficultés. 37 Au sujet des affects, l’étude longitudinale de Jacquier-Roux et al. (2009) montre quant à elle qu’il n’y a pas de différences significatives concernant l’estime de soi entre les 52 élèves présentant une dyslexie suivi de la 6ème à la 3ème en France (Cycle d’orientation et première année du Collège à Genève) et leurs camarades de classe. Cependant, la majorité des élèves présentant une dyslexie s’est orientée vers une voie professionnelle après le collège, par peur, selon eux, des impacts de leur dyslexie dans les études supérieures. Le rapport de l’INSERM (2007) confirme également ce lien fréquent entre les difficultés d’apprentissages et les troubles du comportement ou émotionnels. Il affirme qu’un élève dont la dyslexie-dysorthographie est mal prise en compte peut présenter des troubles psychologiques secondaires. « Il apparaît indispensable d’évaluer chez les enfants porteurs d’un trouble des apprentissages, les compétences attentionnelles et le degré d’hyperactivité, ainsi que les autres symptômes psychopathologiques associés afin d’assurer une prise en charge complète » (p.666). La recherche de Jacquier et al. (2009) montre elle aussi un impact de la dyslexie sur les affects, mais pour les personnes adultes cette fois. Les résultats stipulent que 82% des adultes présentant une dyslexie interrogés disent que la dyslexie a un impact important voire très important dans leur vie. Ils disent avoir plus d’anxiété et essayent d’éviter le plus possible les situations handicapantes au travail, comme par exemple lire devant tout le monde ou taper des rapports écrits. Certaines situations sont très stressantes pour eux et leur font perdre leurs moyens. De plus, il n’y a plus de réelle prise en charge pour les adultes. Jacquier et al. (2009) ont fait passé un questionnaire à 50 adultes présentant une dyslexie afin d’en savoir plus. Il s’est avéré que 74% d’entre eux n’ont plus aucune prise en charge rééducative alors qu’ils sont 86% à avoir eu une prise en charge par un logopédiste dans leur enfance. Cela est d’autant plus surprenant par le fait que 77% d’entre eux estiment que leur dyslexie n’a été compensée qu’en partie et qu’ils ont toujours des difficultés dans la vie quotidienne et que c’est parfois difficile pour eux sur le plan émotionnel. Nous pouvons relier ces constats sur les répercussions en chaîne de la dyslexie à Guilloux (2009), qui parle de l’effet « domino dys ». Elle parle de dominos pour évoquer l’influence des différents domaines les uns sur les autres. Le premier « domino » touché va avoir un impact sur tous les autres. En effet, le domaine cérébral va avoir un impact sur le cognitif, qui va avoir un impact sur le comportemental, qui va avoir un impact sur le monde scolaire (ou le monde professionnel dans le cas de personnes adultes). Le domaine scolaire (ou 38 professionnel) va quant à lui avoir un impact sur le domaine psychoaffectif, sur le domaine familial et sur le domaine psycho-relationnel. Pour éviter cette réaction en chaîne, il faut donc que la dyslexie soit bien prise en charge. En effet, pour les élèves présentant une dyslexie, une prise en charge éducative et scolaire à travers des aménagements en classe doit être mise en place (Martinet & Hauser, sous presse). Elle doit s’accompagner d’une prise en charge logopédique afin d’éviter cette spirale, en proposant des remédiations qui vont éviter l’impact trop lourd de la dyslexie (Martinet, 2010). Pour être déployée, cette prise en charge doit commencer par un repérage et un diagnostic. 39 Chapitre 2 : Repérage et diagnostic, un enjeu important Tout au long de ce chapitre, nous allons explorer le schéma ci-dessous en explicitant les différentes étapes menant au diagnostic de la dyslexie et à la mise en place d’aménagements en classe pour l’élève présentant une dyslexie. Repérage Dépistage (médecin formé) Diagnostic (cabinet du logopédiste) Aménagements Pédagogiques + Enseignement des compétences requises. (l’enseignant) Prise en charge logopédique Figure 2 : Le repérage de la dyslexie et les étapes qui suivent, inspiré de Martinet (2010) 1) Repérage par l’enseignant Selon Martinet (2010), les enseignants sont le plus souvent ceux qui repèrent les élèves faibles décodeurs. Mais le repérage peut se faire ailleurs qu’à l’école. Les parents, l’entourage, le médecin de famille et les enseignants peuvent s’associer dans ce travail. Le repérage des troubles du langage écrit doit faire partie intégrante de la profession d’un enseignant (Martinet, 2010). C’est lors des années de l’école primaire que les actions les plus importantes peuvent être effectuées. Il est donc indispensable que le repérage se fasse le plus tôt possible, de préférence dès l’école enfantine afin que les signes prédictifs des difficultés qui peuvent survenir lors de l’apprentissage du langage écrit soient évalués. En effet, les élèves présentant ces difficultés sont des élèves dit « à risque », c'est-à-dire qu’ils sont susceptibles de présenter une dyslexie. Martinet (2010) évoque le fait qu’il est possible à cet âge d’observer les enfants qui n’ont pas mobilisé les compétences nécessaires à 40 l’apprentissage ultérieur de la lecture et qui peuvent alors devenir des faibles décodeurs si rien n’est mis en place pour rattraper leur retard. Il faut ensuite que l’élève soit suivi tout au long de son parcours scolaire afin que l’échec ne s’installe pas. De plus, si les enfants sont repérés tardivement, les conséquences peuvent être importantes tout au long de leur scolarité. En effet, dans ce cas, l’élève pourrait ressentir un découragement, un mal être et un manque de confiance en soi n’ayant pas bénéficié d’aménagements pédagogiques en vue d’améliorer son quotidien scolaire (Jacquier-Roux et al.,2009). Pour ces élèves « à risque », « l’apprentissage et l’automatisation du décodage peuvent se révéler très difficiles. La lecture est alors lente, hachée et souvent erronée, l’élève peinant à décoder de manière fluide » (Martinet, 2010, p.26). L’enseignant doit alors observer la lecture de ses élèves mais également l’écriture puisque, si la lecture pose problème à un enfant, celui-ci a également des difficultés en écriture. En effet, « certains enfants écrivent les mots comme ils les prononcent (ou les entendent), d’autres intervertissent ou omettent des lettres à l’intérieur des mots, d’autres encore oublient systématiquement la ponctuation et les majuscules. Leur copie est souvent très lente et inexacte ; des mots sont mal transcrits ou manquent, la mise en page n’est pas respectée » (Martinet, 2010, p.26) De plus, l’apprentissage de la lecture étant l’objectif prioritaire en 3e et 4e Harmos, il est alors important que l’enseignant privilégie une méthode qui prenne en compte « le travail sur la phonologie, le code écrit, et mettant parallèlement l’accent sur la recherche de sens » (Service médico-pédagogique, 2009, p.7). En effet, d’après ce dernier, l’intérêt de l’enfant pour le langage écrit aura plus de sens lorsque des thèmes familiers et variés, que l’enfant a vécus, sont abordés. Aujourd’hui, la formation des enseignants est de plus en plus adaptée à détecter ces problèmes témoignant d’un défaut d’automatisation du décodage (Martinet, 2010). Les enseignants sont également plus renseignés du trouble de la dyslexie et « ils peuvent s’appuyer sur des outils de repérage appropriés utilisables à l’école primaire voire à l’école secondaire » (Martinet, 2010, p.26). Par exemple, Bosse (2000) a élaboré une grille servant d’exemple pour repérer les enfants présentant une dyslexie au primaire. Celle-ci permet d’identifier, selon des critères, les erreurs que l’élève présentant une dyslexie a faites une fois ou plusieurs fois. Ces erreurs sont recensées dans une colonne dans laquelle on se pose la question « l’élève a-t-il ? ». Celle-ci 41 permet de savoir si l’élève a fait par exemple des confusions de phonèmes, une erreur de lettres symétriques, des erreurs orthographiques en copie, des oublis de mots, des erreurs de segmentation de mots, etc. Deux autres colonnes servent à indiquer si l’élève a commis l’erreur une fois ou plusieurs fois. Cependant, relevons que ces erreurs sont produites par la plupart des élèves au début de l’apprentissage sans qu’ils ne présentent une dyslexie. C’est un élève qui commet des erreurs persistantes et accumulées qui doit attirer l’attention sur une situation à risque (Service médico-pédagogique, 2009). Tous les élèves ayant des difficultés ne présentent donc pas forcément une dyslexie. Il est pour cela important de ne pas confondre le retard éventuel qu’un enfant peut avoir lors de l’apprentissage de la lecture en première année de primaire, avec des difficultés relevant d’une dyslexie. En effet, à cet âge l’enfant met en place comme stratégies d’apprentissage le tâtonnement, les essais et les erreurs. C’est donc de la 5e à la 8e année scolaire Harmos que « la fréquence et la persistance des erreurs peuvent déboucher sur une situation à risque et, selon le niveau d’inquiétude à l’école, amener à une demande de bilan logopédique » (Service médico-pédagogique, 2009, p.7) et pas avant. Cependant, des chercheurs comme Elliott et Gibbs (2008) parlent du mythe de la dyslexie. Ils ne font pas la différence entre les élèves présentant une dyslexie et les élèves en difficulté d’apprentissage de la lecture. En effet, selon eux, peu importe si l’élève présente une dyslexie ou non, il faut prendre en compte ses difficultés en lecture. De plus, ils critiquent le fait de différencier la dyslexie et les difficultés en lecture en se basant sur le facteur biologique. Ils expliquent cela en affirmant : « At present there is no evidence that biological insights regarding reading difficulty can meaningfully inform the exercise of differentiated forms of intervention » (Elliott & Gibbs, 2008, p.481). En plus du repérage de la dyslexie par l’enseignant dans la classe, ce dernier peut effectuer des tests, dans la classe et pour tous les élèves, avec comme objectif d’identifier la population sur laquelle on appliquerait un dépistage individuel (Les éditions de la Cigale, 2010). Afin d’effectuer ce repérage, le test construit doit avoir ces critères : « simplicité, rapidité de passation et de correction, utilisation des savoir-faire habituels des élèves et des maîtres, coût minime, diffusion rapide et, bien sûr, fiabilité » (Les éditions de la Cigale, 2010, p.5). Il existe différents outils de passation collective pour un repérage rapide et simple des troubles de l’orthographe et de la lecture à l’usage des enseignants. Les deux outils suivants sont des outils élaborés en français, mais il en existe d’autres dans différentes langues. Leur objectif principal est d’identifier les élèves qui ont des difficultés en lecture puisqu’à l’intérieur de ce 42 groupe se trouvent des enfants présentant une dyslexie qu’il faudra dépister (Les éditions de la Cigale, 2010). 1-1) Le R.O.C. (outil de Repérage Orthographique Collectif) (Allal et al., 2006) Ce test que l’on trouve sur le site du laboratoire cogni-sciences de l’IUFM de Grenoble permet de repérer les élèves en grande difficulté de lecture et orthographe des enfants de 7e et 9e Harmos. Il a été choisi d’effectuer une épreuve collective (toute la classe) et écrite pour que le repérage prenne peu de temps et que l’outil soit plus facile à utiliser. L’enseignant peut en moins de 30 minutes identifier les élèves de sa classe en grande difficulté avec l’orthographe (Allal et al., 2006). À travers deux épreuves collectives, l’une de correction d’erreurs orthographiques d’un texte et l’autre d’une dictée, si l’enseignant repère des difficultés au travers d’un score faible ou très faible, il administre une épreuve individuelle de lecture à voix haute dans le but de classer les élèves en 2 catégories : les lecteurs lents et très lents. 1-2) REPERDYS : REPERage des DYSlexies (Jacquier-Roux et al., 2006) REPERDYS est un outil simple, rapide de passation et de correction. Il permet de « comprendre quel type de difficultés linguistiques présente l’élève, repéré dyslexique ou non, afin de discuter rapidement avec lui et sa famille des aménagements pédagogiques adaptés à mettre en place » (Les éditions de la Cigale, 2010, p.1). REPERDYS permet d’évaluer « les compétences en langage écrit à partir de l’identification des mots, la copie de textes et l’orthographe. Reperdys est souvent utilisé dans les tâches scolaires, il permet donc de proposer un matériel qui est connu des élèves » (Les éditions de la Cigale, 2010, p.1). Ce test est composé de trois épreuves pour des élèves de 6e et 7e Harmos qui seront administrées aux élèves durant des moments différents : une copie, une dictée, une lecture à haute voix de mots isolés. Après ces trois épreuves, trois profils d’élèves en difficulté sont alors obtenus : • 1er profil : trouble de la lecture de mots isolés et de l’écriture. • 2e profil : trouble de l’écriture de mots isolés mais résultats moyens en lecture. • 3e profil : trouble de la lecture de mots isolés mais résultats moyens en écriture. De plus, il est important de préciser que les élèves identifiés à travers ces trois profils ne présentent pas forcément une dyslexie. Il faut effectuer un bilan complet chez un logopédiste 43 afin de faire poser le diagnostic de dyslexie. De plus, la liste de profils du REPERDYS n’est pas exhaustive et il existe d’autres tests de repérage dans d’autres langues. Après avoir repéré un enfant à risque de dyslexie, l’enseignant doit alerter les parents sur les difficultés que leur enfant rencontre (Martinet, 2010). Ces élèves doivent également être dirigés vers le médecin scolaire afin d’organiser le dépistage, puis vers un logopédiste ensuite pour poser un diagnostic précis. En effet, cela va permettre de mieux comprendre les spécificités de la dyslexie présentées par l’élève et de lui donner tous les outils dont il a besoin pour s’adapter et contourner son handicap (Destrempes-Marquez & Lafleur, 1999). 2) Tests de dépistage Le dépistage est différent du repérage, c’est l’étape suivante. Il doit être réalisé par un médecin formé et plus par l’enseignant. Il n’est pas non plus un bilan à visée diagnostique puisque cela sera le rôle du bilan effectué par un logopédiste si le dépistage est positif. Il ne différencie pas les personnes présentant une dyslexie de ceux qui ont une grande difficulté de maitrise de la langue mais qui ne présentent pas de dyslexie (Les éditions de la Cigale, 2010). Le dépistage de la dyslexie peut être fait lors de la scolarité primaire « lorsque l’échec des apprentissages du langage écrit est avéré et résiste aux mesures d’aides entreprises à l’école » (Service médico-pédagogique4, 2009, p.6). L’étude de Jacquier-Roux et al. (2009) montre qu’un dépistage systématique de tous les élèves présentant une dyslexie est possible et faisable. Ainsi, ces élèves pourraient effectuer leur parcours scolaire sans échec avec les mêmes chances de réussite que les autres élèves. Cependant, « Les seuls outils actuellement disponibles nécessitant une passation individuelle de 40 minutes environ suivie d’une demi-heure d’analyse et de rédaction de compte rendu ne permettent pas de généraliser un tel dépistage sur toute une population même si on ne cherchait à le limiter qu’à un niveau scolaire » (Les éditions de la Cigale, 2010, p.10). Prenons l’exemple de l’ODEDYS (Outil De Dépistage Des DYSlexiques) (Jacquier-Roux, Valdois & Zorman, 2002). Ce test de dépistage permet le diagnostic des troubles du langage 4 Ce service n’existe plus actuellement, il a été remplacé par l’OMP 44 écrit à partir d'une analyse des techniques de lecture et des processus cognitifs impliqués dans la lecture et l'orthographe (Jacquier-Roux, Valdois & Zorman, 2002). L’ODEDYS a été créé dans le but d’identifier les enfants présentant une dyslexie ainsi que le degré d’intensité de celle-ci à l’aide de plusieurs épreuves. Il s’agit d’un examen rapide (en moyenne 20 minutes à une demi-heure) comprenant plus de 40 épreuves et couvrant de nombreuses fonctions : langage oral, lecture, orthographe, mémoire, capacités métaphonologiques, traitements visuels. Cependant, il est incomplet et ne permet pas d’établir avec certitude le type de dyslexie que présente l’enfant. Si une dyslexie est dépistée après sa passation, il est important de faire un bilan complet. (Jacquier-Roux, Valdois & Zorman, 2002). Son objectif est d’évaluer le niveau de lecture et d’orthographe d’élèves de la 4 e à la 7e Harmos et « de préciser si les difficultés portent davantage sur les procédures lexicales ou analytiques de lecture et d’écriture » (Jacquier-Roux, Valdois & Zorman, 2002). Après le dépistage par un médecin formé, à l’aide de tests, un diagnostic doit être posé et il faut pour cela effectuer un bilan chez un logopédiste. 3) Consultation chez le logopédiste en vue du diagnostic Cette étape se situe après le dépistage, c’est de cette manière que l’on pourra déterminer s’il est question d’un simple retard d’acquisition du langage écrit ou s’il s’agit d’une dyslexie développementale. En effet, ce n’est que lorsque le logopédiste est certain que l’enfant n’a pas de déficience intellectuelle (son Q.I. doit être supérieur à 70), qu’il n’a pas de problèmes auditifs ou visuels, et qu’il n’a pas de trouble psychologique, psychiatrique, organique ni de lésion cérébrale qu’il peut émettre un diagnostic de dyslexie développementale (Martinet 2010). De plus, « la scolarisation doit avoir été adéquate et régulière, et le milieu socioculturel dans lequel vit l’enfant, normalement stimulant » (Martinet, 2010, p.27). Le logopédiste compare ensuite le niveau de lecture de l’enfant attendu compte tenu de son âge réel et de son niveau intellectuel. « Un écart d’au moins 18 mois ou deux ans doit être observé pour finaliser le diagnostic de dyslexie développementale (Martinet, 2010, p.27). Puis, le logopédiste doit définir le type de dyslexie dans le but de pouvoir commencer un suivi logopédique adapté aux besoins et aux particularités de l’enfant. La dyslexie étant liée à la dysorthographie, le logopédiste doit également évaluer le niveau d’orthographe de l’enfant. 45 Ce diagnostic est très important pour les élèves car il va permettre de mettre un nom sur le trouble, permettre à l’élève et à ses parents de comprendre les difficultés rencontrées (Martinet, 2010). Cependant, selon «The Dyslexia Center » (2009), certains adultes d’aujourd’hui ne sont même pas conscients qu'ils appartiennent à la grande population de personnes souffrant de dyslexie. Cela peut s’expliquer par l’indisponibilité des tests diagnostiques et des options de traitement à l’époque de leur enfance, ce qui les a empêchés de surmonter les symptômes de ce trouble d'apprentissage et d’être correctement rééduqués. Après le diagnostic, des prises en charge sont mises en place. Il est cependant important de comprendre qu’il n’existe pas de remèdes miracles pour la dyslexie, elle ne se guérit jamais totalement (INSERM, 2007). Les prises en charge existantes sont tout d’abord les séances de logopédie qui vont tenter d’aider l’enfant dans les problèmes qu’il rencontre. Mais la dyslexie a de nombreux impacts sur les apprentissages scolaires, il faut donc également mettre en place une prise en charge de nature pédagogique pour aider l’enfant à contourner son déficit. Des aménagements pédagogiques doivent être mis en place dans les classes pour éviter à l’enfant présentant une dyslexie de se trouver dans une situation de handicap, c'est-à-dire pour aider l’enfant à contourner ses difficultés en aménageant l’environnement en fonction de ses difficultés afin qu’il puisse continuer à apprendre les contenus scolaires en dépit de ses difficultés. 46 Chapitre 3 : Les mesures pédagogiques préconisées à l’école Dans ce chapitre, nous n’allons pas présenter toutes les mesures pédagogiques pouvant être utilisées pour éviter à l’enfant présentant une dyslexie de se trouver dans une situation de handicap et pour l’aider à contourner ses difficultés mais nous allons nous focaliser sur les aménagements importants décrits dans la littérature qui sont à mettre en place dans les classes pour aider les enfants présentant une dyslexie. En effet, à tout moment durant la scolarité, l’enseignant peut apporter à l’élève présentant une dyslexie une aide efficace pour que son apprentissage soit meilleur, pour permettre à l’élève de contourner son handicap et de pouvoir accéder aux savoirs (Bosse, 2004). Il faut préciser que tous ces aménagements ne sont pas adaptés à tous les élèves présentant une dyslexie car chaque dyslexie est différente et les aménagements doivent être en lien avec l’élève spécifiquement ; à sa dyslexie, à sa personnalité et au contexte en général. Ce ne sont donc pas des aménagements universels dont nous allons parler ici mais plutôt des pistes d’intervention à prendre en considération. Certaines seront plus ou moins pertinentes en fonction des problèmes spécifiques que rencontre l’élève présentant une dyslexie. De plus, certains de ces aménagements ne sont pas spécifiques mais peuvent s’appliquer pour tout enfant en difficultés d’apprentissage avec le décodage et l’orthographe. Avant de présenter les différents aménagements pédagogiques à mettre en place, nous allons d’abord voir comment améliorer le quotidien scolaire d’un élève présentant une dyslexie à l’aide d’un travail de parole et d’une collaboration menée au sein de tous les acteurs interagissant avec l’élève. 1) La compréhension et l’acceptation de la différence : un travail de parole Avant tout aménagement matériel ou organisationnel, il est important de comprendre et d’accepter la différence de l’élève présentant une dyslexie à travers un travail de parole. En effet, il peut être utile de mettre en place une aide au niveau de la perception de la dyslexie par tous les membres de la classe dans le but de comprendre cette différence qui n’est pas visible physiquement mais qui fait que certains élèves trouvent un travail facile alors que d’autres le trouvent difficile. Cette étape est efficace car elle permet l’acceptation des aménagements pédagogiques (Bosse, 2004). Le premier pas dans l’aide à un enfant présentant une dyslexie se trouve donc dans la compréhension et l’acceptation de la différence par l’ensemble de la classe et par l’enseignant 47 (Bosse, 2004). Cela signifie que l’enfant doit d’abord lui-même accepter sa différence et pouvoir en parler au sein de la classe. En effet, il a souvent une faible estime de lui-même, principalement au niveau de son sentiment de compétence (Jacquier-Roux et al.,2009) et il est important qu’il prenne confiance en lui et en ses capacités. Il est primordial que l’enseignant lui dise qu’il sait qu’il possède ce trouble, qu’il sache qu’il en a été informé et qu’il ne s’agit pas d’un manque d’intelligence ou de paresse de sa part. Au sein de la classe, les mots « dyslexie » ou « trouble » peuvent être évités. Ceux-ci peuvent être remplacés par des termes comme « une différence dans la manière d’apprendre », « un chemin différent dans sa tête pour lire » qui ne soulignent pas un aspect « anormal » de l’élève (Bosse, 2004). À partir de là, un travail peut être fait avec toute la classe sur les différences physiques mais aussi sur celles que l’on ne voit pas. À ce moment, il est important que l’enseignant aborde le fait que certains élèves auront le droit à des particularités compte tenu de leurs difficultés (Bosse, 2004). Tous les acteurs intervenant auprès de l’élève doivent également être informés de ces mesures afin d’assurer un suivi le plus efficace possible. Un travail sur la collaboration doit donc également être mené dans ce sens. 2) La collaboration Une fois que le travail d’acceptation et de compréhension de la différence a pu être mené, un travail sur la collaboration permet d’instaurer une interaction entre tous les partenaires (enseignants, famille, logopédiste) dans le but de favoriser au mieux la scolarité de l’élève. Tout d’abord, il est indispensable que tous les partenaires et collaborateurs interagissant avec l’élève, dialoguent et collaborent afin d’éviter des malentendus. Les enseignants peuvent travailler en équipe, communiquer, partager leurs idées être le plus à l’écoute des élèves et de leurs difficultés, les repérer et élaborer des pédagogies propre à chacun (Crunelle, 2006). Les contacts entre la famille et l’école doivent être nombreux, ainsi que ceux avec le logopédiste ou la personne qui prend éventuellement en charge l’élève. En effet, Crunelle (2006) relate qu’il est important de travailler en projet et de favoriser ainsi une multidisciplinarité dans le but d’assurer un suivi de chaque élève. Elle souligne que les remarques ou contacts doivent être communiqués rapidement (Crunelle, 2006). Reid et Green (2010) parlent de la dyslexie comme étant la responsabilité de toute l’école, et pas seulement celle de l’enseignant. Afin de mettre en place cela, Crunelle (2006) donne l’exemple d’un outil : un classeur de suivi en trois parties ; les observations générales sur la classe, le suivi des enfants présentant une dyslexie (chaque contact avec les parents, ou avec le logopédiste), et le suivi des enfants en 48 difficulté d’apprentissage. Ce classeur peut être un lien avec la famille de l’enfant présentant une dyslexie. Elle parle également d’un cahier de liaison qu’elle a créé pour faciliter les contacts entre les différents partenaires. Ces dispositifs permettent une collaboration structurée entre les partenaires, on peut s’y référer à tout moment pour voir l’évolution de l’enfant, les aménagements mis en place en classe, le travail fait lors des séances de logopédie, etc. La multiplicité des contacts et un bon suivi entre les collaborateurs font que l’élève ne reste pas sur un échec qui pourrait devenir insurmontable s’il n’est pas pris à temps (Crunelle, 2006). De plus, cette collaboration permet aux parents de ne pas avoir à tout réexpliquer à une nouvelle personne qui s’occuperait de leur enfant. Il est donc indispensable d’assurer une continuité dans la scolarité de l’enfant avant de mettre en place des aménagements pédagogiques. Celle-ci peut se traduire par la prise d’informations auprès des collègues qui ont interagi précédemment avec l’élève, sur les moyens qui ont été mis en place, les difficultés qu’ils ont rencontrées et les réussites. Cette éthique professionnelle de l’enseignant évite « d’étiqueter » négativement un élève. 3) Les adaptations pédagogiques à mettre en place au sein de la classe Après avoir mis en place un travail sur la parole avec les élèves, ainsi qu’une collaboration efficace entre tous les collaborateurs, des adaptations peuvent être mises en place au sein de la classe afin de faciliter le parcours scolaire de l’enfant présentant une dyslexie et de contourner son handicap. Dans cette partie, nous allons présenter les aménagements principaux interdisciplinaires à mettre en place en classe. La structure de cette partie a été inspirée de Bosse (2004). Nous présenterons donc plusieurs aménagements répertoriés à l’aide de thèmes principaux. 3-1) L’organisation de la classe Il est tout d’abord important de soigner l’organisation de la classe ainsi que la place et l’installation de l’enfant présentant une dyslexie. Il peut être placé à un endroit adapté près de l’enseignant (Crunelle, 2006). Il est bénéfique d’installer l'élève à une place privilégiée pour renforcer les stimulations informatives : enfant devant, à coté d’un élève calme, loin des fenêtres. Le fait de travailler dans le calme permet d’éviter la dispersion et d’aider l'élève dans les difficultés d'attention qu’il peut posséder ; celles-ci pouvant être dues au trouble ou à la fatigue. En effet, le bruit et les divers éléments distracteurs de l’environnement peuvent décentrer l’attention de l’élève portée initialement sur la tâche à réaliser. L’attention et la 49 concentration d’un élève présentant une dyslexie peuvent donc être fugitives ; il peut facilement se laisser déconcentrer (Bosse, 2004). De plus, il faut limiter les objets sur son bureau au strict nécessaire (Bosse, 2004). Cela évite encore une fois les distractions puisque lorsqu’il y a beaucoup de matériel sur son bureau, l’élève peut avoir tendance à jouer avec, à faire souvent tomber ses affaires et il peut être facilement déconcentré par celles-ci (Bosse, 2004). 3-2) Les leçons en classe Ensuite, après avoir soigné l’organisation de la classe, l’enseignant doit essayer de veiller à adapter les leçons faites en classe. Son langage doit être précis et imagé pour faciliter les représentations visuelles de l’enfant (Crunelle, 2006). L’enseignant devrait également limiter son propre temps de parole afin de laisser du temps à l'élève pour qu'il puisse se faire des représentations mentales et qu’il les mette en mémoire. En effet, pour l’élève présentant une dyslexie ainsi que pour les autres élèves en difficultés d’apprentissage, percevoir ne suffit pas à mémoriser, il faut également se répéter les éléments qu’ils ont entendus pour qu’ils puissent les mémoriser (Bosse, 2004). De plus, à tout moment, l’enseignant peut apporter des redondances, des aides visuelles, des manipulations afin de solliciter la concentration de l’élève qui ne peut être soutenue longtemps ainsi qu’aider à travers des schémas la représentation mentale de l’élève (Crunelle, 2006). Puis, avant chaque leçon, il est important que l’enseignant fasse un bref rappel de la leçon précédente afin d’activer les connaissances présentes dans la mémoire à long terme puisque l’activation de celles-ci peut parfois poser problème aux personnes présentant une dyslexie (Alegria & Mousty, 2004). De plus, il est important de savoir que l’enfant présentant une dyslexie a souvent une lenteur d’exécution des tâches qui nécessitent de lire et écrire due à sa lecture difficile et à son écriture déficiente (Jacquier-Roux, 2003). Cette lenteur peut être due à un déficit de sa mémoire de travail et à un manque de stratégies (Jacquier-Roux, 2003). Par exemple, le décodage a parfois du mal à être automatisé, ce qui surcharge la mémoire de travail. La stratégie à adopter est donc ici de lui laisser du temps dans toutes les tâches qui lui posent des difficultés car elles demandent une grande sollicitation de l'attention et de la mémoire. Donner plus de temps permettra également de pouvoir évaluer plus facilement les « vraies » capacités de l’élève (Service médico-pédagogique, 2009). En effet, ses difficultés en lecture et en 50 orthographe font qu’il va mettre plus de temps pour lire et écrire et avoir plus à réfléchir, devoir fournir plus d’efforts, ce qui peut entraver ses réelles capacités (Bosse, 2004). Pour l’organisation des leçons, l’enseignant peut aider l’élève en fractionnant le travail, en le hiérarchisant, en le contextualisant afin de contourner ses difficultés de mémorisation, d’organisation et de repérage (Bosse, 2004). Il est important de donner un rythme aux activités en évitant de faire une leçon demandant un gros effort cognitif (comme la multiplication) après une dictée ou une activité à travers laquelle l’élève aurait déjà dû dépenser beaucoup d’énergie (Bosse, 2004). En effet, sa concentration ne peut être soutenue que sur un temps limité et il présente parfois une plus grande fatigabilité due à un effort important dans son travail. Il est important de préciser que ce point est valable pour tous les élèves, cependant, pour les élèves présentant une dyslexie, les tâches deviennent vite plus lourdes cognitivement. Pour finir, l’enseignant peut établir un cahier de texte qui suit la classe et les différentes leçons et qui serait écrit par un élève qui écrit vite et bien ou par l’enseignant. Cela permettrait à l’élève présentant une dyslexie de pouvoir le consulter dès qu’il le souhaite afin de ne pas prendre du retard s’il a eu des lacunes qui lui auraient empêché d’effectuer une tâche (Crunelle, 2006). 3-3) Les consignes des exercices En plus d’adapter les leçons en classe, il est important de porter une attention particulière aux consignes des exercices données aux élèves. Il est conseillé de lire les consignes à haute voix et de vérifier ensuite qu’elles soient comprises pour contourner les difficultés dues au décodage. En effet, si l’élève ne parvient pas à lire correctement les consignes, il va prendre plus de temps et ne va pas comprendre l’exercice à faire, ce qui peut engendrer un exercice totalement faux. Il peut donc être pénalisé par le seul fait de n’avoir pas réussi à lire et donc comprendre correctement la consigne, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas capable de réussir cet exercice. L’enseignant doit donc veiller à répéter les consignes à l’oral, à les reformuler et à les présenter de façon détaillée et claire (cela implique une présence accrue aux côtés de l'élève) (Bosse, 2004). 3-4) Le support d’apprentissage Les consignes ne doivent pas être la seule partie sur laquelle prêter attention dans les exercices donnés aux élèves. En effet, l’entièreté des supports d’apprentissage doit être 51 vérifiée afin que ceux-ci ne mettent pas l’élève présentant une dyslexie dans une situation trop handicapante pour lui. Il est donc important que les supports d’apprentissage écrits soient clairs et lisibles, avec des caractères sobres et suffisamment grands (Jacquier-Roux, 2003). Les documents ne doivent pas être surchargés, ils doivent être clairs et l’enseignant doit veiller à leur présentation. Il faut utiliser des caractères typographiques les plus courants et toujours veiller à ce qu’ils soient les mêmes dans un document dans le but de palier au maximum aux difficultés de décodage (Jacquier-Roux, 2003). En effet, l’élève sera moins en difficulté s’il n’y pas constamment des changements d’écriture et s’il est habitué à l’écriture utilisée par son enseignant. L’enseignant peut également recourir à une police adaptée sans empattement, de taille suffisamment grande, avec des lignes pas trop rapprochées. Reid et Green (2010) proposent d’utiliser une police de caractères qui soit adaptée le plus possible à la dyslexie : Comic Sans, Century Gothic. Le choix entre ces deux peut être soumis à l’élève. De plus, la recherche de Zorzi et al. (2012) a montré que le fait d’agrandir l’espace entre les lettres des mots et entre les mots permettait d’améliorer les performances en lecture des élèves présentant une dyslexie. En effet, les auteurs ont fait lire un texte à 74 élèves présentant une dyslexie, âgés de 8 à 14 ans, dans deux conditions différentes : un texte normal et un texte où les espaces entre les lettres et entre les mots étaient agrandis. Les performances se sont montrées supérieures avec la deuxième condition, c'est-à-dire quand les espaces étaient agrandis. Les élèves faisaient moins d’erreurs et avaient une lecture plus rapide. Le fait d’augmenter les espaces entre les lettres et entre les mots dans les textes pourrait donc être un aménagement à utiliser en classe pour adapter les supports d’apprentissage. Ensuite, l’élève présentant une dyslexie doit pouvoir avoir la possibilité d’enregistrer un cours, ainsi que d’utiliser l’ordinateur muni de logiciels de synthèse vocale et traitements de texte avec un correcteur orthographique afin de contourner ses difficultés en écriture et/ou orthographe (Reid & Green, 2010). Les supports d’apprentissage peuvent donc être différents des autres élèves pour l’élève présentant une dyslexie. Puis, il est important d’écrire le moins possible au tableau noir, de n’écrire que l’essentiel, que ce soit lisible et codé avec des couleurs. En effet, l’élève présentant une dyslexie aura des difficultés à lire au tableau et à suivre la leçon en même temps (Bosse, 2004). Cela est dû à son problème de lecture : surcharge cognitive de la tâche, difficultés de décodage accru pour lire au tableau. De plus, afin de faciliter la lecture de l’élève au tableau noir, il est important 52 de toujours l’utiliser de la même manière : en y plaçant par exemple les mots spécifiques à gauche, des schémas et des exemples à droite (Jacquier-Roux, 2003). Il faut également penser à alterner les supports de cours : schémas synthétiques, dessins, vidéo, audio,… afin d’utiliser les canaux visuels, auditifs, kinesthésiques. En effet, l'apprentissage multisensoriel favorise les codages multiples d'une même information (Bosse, 2004). De plus, l’élève peut utiliser l’image pour mieux comprendre le sens, l’illustration permettant de favoriser l’exercice et la mémorisation (Reid & Green, 2010). Enfin, l’utilisation de la couleur, le fait de surligner des mots-clés et les informations importantes ou de les mettre en gras ou en italique permet un repérage rapide des informations essentielles et aide la mémorisation de l’élève présentant une dyslexie. En effet, celui-ci a souvent des difficultés de mémoire à court terme et de mémoire de travail, c'est-àdire qu’il a beaucoup de difficulté à garder en tête une ou plusieurs informations. Si l’enseignant lui propose une tâche trop longue ou complexe, l’enfant présentant une dyslexie pourrait en oublier une partie (Reid & Green, 2010). Cette technique permet donc de contourner les difficultés à repérer l’essentiel, à comprendre la structure de la leçon (Bosse, 2004). 3-5) Activités avec support écrit à lire Il est important que l’enseignant soit attentif au fait que certains supports d’apprentissage et activités sont entièrement écrits. Dans ce cas là, l’activité nécessite que l’élève lise les documents écrits fournis, seul dans sa tête ou à l’oral devant la classe. Dans le cas de l’oral, il est utile d’essayer « d’épargner » à l’élève présentant une dyslexie l’exercice de lecture à haute voix qui est perçu comme étant très gênant pour lui, ou alors lui demander de lire des passages qu’il aurait préparés au préalable. Lors de la lecture orale ou silencieuse, l’enseignant peut autoriser le suivi du doigt ou le cache lignes. En effet, l’enfant peut avoir des troubles visuo-attentionnels qui vont faire qu’il va sauter des lignes (Bosse, 2004). Si l’activité de lecture consiste à choisir un livre, il est conseillé de lui présenter un ouvrage adapté à son niveau dont le texte est aéré et illustré (Service médico-pédagogique, 2009), ou alors un ouvrage édité pour les élèves présentant une dyslexie. Par exemple, la collection « Les mots à l’endroit » publie des ouvrages spécialement faits pour les élèves présentant une 53 dyslexie. Ceux-ci possèdent « une présentation des personnages avant le début de l'histoire ; une illustration à chaque chapitre ; un texte facile à lire, avec des caractères plus gros et des interlignes plus grands que dans les autres livres ; un papier ivoire qui évite au texte de briller limitant la fatigue visuelle » (site internet « Dys moi tout »). De plus, il est important que l’élève présentant une dyslexie, ainsi que tout enfant, ressente l’envie et le goût pour la lecture. Cela peut être fait en lisant fréquemment des textes, en y ajoutant de l’émotion, en se servant des images pour motiver l’enfant, etc. Si la tâche à résoudre est la préparation d’un exposé ou la présentation d’un livre, il s’avère nécessaire de le soulager en lui lisant certains passages ou d’utiliser des livres audio (Service médico-pédagogique, 2009). 3-6) La copie La copie est un exercice différent de ceux vu jusqu’à maintenant. Elle nécessite, comme les activités avec support écrit, que l’élève lise et décode mais elle fait appel à des compétences supplémentaires. En effet, pour copier il faut lire et comprendre un texte et à la fois le recopier alors que certains élèves présentant une dyslexie confondent, inversent et oublient des lettres, syllabes ou mots. L’élève peut se perdre dans ce qu’il copie, oublier où il en était, revenir en arrière et écrire deux fois la même chose, etc. (Reid & Green, 2010). L’enseignant doit être conscient que c’est une activité qui peut être difficile pour l’élève présentant une dyslexie, au même titre que les activités avec supports écrits, puisque les procédures efficaces de copie ne sont parfois pas maitrisées. Pour cela, dans ses leçons, l’enseignant doit éviter de faire copier l’élève et favoriser les textes à trous. (Crunelle, 2006). De plus, il est possible d’éviter la copie de leçon au tableau noir (ou réduire la longueur) en autorisant l’élève à photocopier le texte qui doit être copié. En effet, l’élève aurait des difficultés à copier ce qu’il y a au tableau noir et en même temps suivre la leçon. Cela est dû à ses difficultés attentionnelles et à sa mémoire de travail qui peut vite être surchargée. De plus, à cause des troubles visuo-attentionnels qu’un enfant présentant une dyslexie peut présenter, sa fenêtre visuo-atttentionnelle peut être plus petite ; ce qui lui prendra plus de temps pour copier puisqu’il devra regarder un plus grand nombre de fois au tableau, les erreurs pourraient être plus fréquentes (Bosse, 2004). De plus, il pourrait se mettre en retard et pourrait avoir un sentiment d’échec face à ses camarades (Reid & Green, 2010). 3-7) L’évaluation 54 Il est important d’adapter les leçons en classe ainsi que les supports utilisés mais il faut également accorder une attention particulière aux évaluations puisqu’elles vont attester les acquis de l’élève présentant une dyslexie, il ne doit donc pas être mis dans une situation trop handicapante pour lui, qui diminuerait son niveau réel. Pour cela, l’enseignant doit pouvoir varier les méthodes d’évaluation (oral et écrit) (Service médico-pédagogique, 2009). Il doit, dans l’évaluation de productions écrites, donner moins d’importance à la forme ou à la syntaxe qu’aux idées puisque l’élève présentant une dyslexie peut faire de nombreuses erreurs d’orthographe ou de syntaxe sans pour autant que son raisonnement et ses idées soient fausses. Il peut également donner plus de temps à l’élève où réduire la quantité de travail à effectuer dans l’évaluation (Bosse, 2004). Il est important de valoriser l’élève, dans ses compétences, ses progrès et ses efforts dans le but d’augmenter son sentiment de compétence. De plus, Crunelle (2006) souligne la patience dont il est important de faire preuve à l’égard de ces élèves présentant une dyslexie. Il faut éviter le moindre découragement de la part de l’élève, et ainsi « positiver » le moindre progrès au lieu de le dévaloriser avec ses échecs. Il est important de toujours féliciter ses progrès même s’il fait toujours 15 fautes et qu’il en faisait 25, ainsi que d’éviter des remarques qui le dévalorisent s’il a fait de gros efforts (Bosse, 2004). Lors d’une dictée ou d’une production de texte, il est nécessaire de choisir un passage à apprendre. Étudier un texte trop long serait impossible pour un élève présentant une dyslexie (Service médico-pédagogique, 2009). De plus, il s’avère efficace de dicter le texte par petites parties pour que l’exercice soit plus facile. Ensuite, le temps de relecture est important ; celuici doit être suffisamment long et doit être accompagné par une grille de relecture contenant les informations à vérifier (pluriel des noms, accord des verbes, des adjectifs, homophones, etc.). En effet, l’élève présentant une dyslexie peut avoir une lenteur pour relire, transcrire et corriger. L’orthographe est pour lui très difficile, il n’est pas à l’aise avec l’écrit donc parfois même s’il connaît les règles d’orthographe, il émet des doutes lorsqu’il doit les appliquer (Bosse, 2004). Puis, l’élève présentant une dyslexie doit pouvoir baser sa dictée sur des mots de base les plus importants qu’il aura travaillés au préalable. L’enseignant peut lui donner des conseils pour gérer au mieux sa dictée tel que placer un signe visuel ou laisser un blanc s’il a un doute dans le but qu’il ne prenne pas de retard et qu’il soit guidé dans sa relecture (Service médico-pédagogique, 2009). 55 3-8) La correction Après avoir soigné l’évaluation, il faut bien sûr soigner la correction de celle-ci puisque qu’elle permettra de faire un retour à l’élève sur ses compétences. Il est important que l’enfant puisse justifier les corrections qui lui sont demandées (Crunelle, 2006). En effet, il doit pouvoir expliquer ses erreurs à l’aide de règles apprises et les corriger grâce à des aide-mémoires. Quant à l’enseignant, il doit limiter le nombre d’annotations sur la copie pour que l’élève ne soit pas découragé (Crunelle, 2006). En effet, la copie ne doit pas être remplie de corrections en rouge faites par l’enseignant, il est plus adapté que l’enseignant recopie au propre et sans faute le travail de l’élève par exemple. L’enseignant peut également surligner tous les éléments justes et non les éléments erronés afin de ne pas décourager l’élève. 3-9) Le travail à domicile Les aménagements ne sont pas importants que dans les activités faites en classe, il faut aussi penser à aménager le travail qui sera effectué à la maison par l’élève, en devoirs. L’enseignant peut diminuer, lorsque l’enfant en ressent le besoin, la quantité de tâches à effectuer (Service médico-pédagogique, 2009). Une fiche d’aide aux devoirs pourrait être préparée par l’enseignant pour que l’élève s’y réfère. Il s’agirait d’indications détaillées pour aider à la révision à la maison (Bosse, 2004). Celles-ci permettraient de contourner les difficultés d’organisation, de mémorisation et de repérage de l’élève présentant une dyslexie. De plus, il est important de fixer un temps maximum de devoirs à la maison en privilégiant la qualité à la quantité (Service médico-pédagogique, 2009). L’enseignant peut également inciter l’élève à utiliser des aide-mémoires, des schémas, des dessins, des plans de leçons pour réciter ses leçons ou apprendre des textes dans le but de contourner ses difficultés de restitution écrite. Reid et Green (2010) proposent de distribuer à l’avance les énoncés des devoirs à effectuer à la maison sous forme imprimée (avec de gros caractères et dans la police adéquate) aux élèves présentant une dyslexie afin de faciliter la lecture et qu’ils puissent avoir le temps de comprendre la consigne, de pouvoir poser des questions à l’enseignant. 56 Toutes ces propositions d’aménagements sont des pistes pour développer une réflexion. Elles sont interdisciplinaires dans le sens où le but est d’aider l’élève à contourner son handicap pour qu’il acquière les mêmes connaissances que les autres. Cela concerne donc toutes les branches scolaires. Cependant, il est intéressant d’étudier les aménagements pédagogiques en fonction des domaines disciplinaires particuliers afin d’avoir des propositions et des pistes de remédiation plus spécifiques (Bosse, 2004). 4) Les aménagements pédagogiques par disciplines Nous abordons dans cette partie des propositions d’aménagements plus spécifiques à certaines disciplines scolaires. Il s’agit encore de pistes établies dans le but d’introduire une réflexion, celles-ci ne sont donc pas exhaustives. 4-1) En français Le plus important est de faire un travail à l’oral. Celui-ci peut prendre la forme de débats, de reformulation par les élèves, d’analyse, de justification des réponses, d’analyse des mots sur le plan graphique, phonologique et linguistique, de mise en commun de toutes les idées au tableau noir, d’analyses phonologiques tels que des jeux de syllabes, des travaux sur les rimes (Jacquier-Roux, 2003). Il s’agit, dans ces exemples, plus d’enseignement des compétences déficitaires que d’aménagements pédagogiques. Wyseur (2009) explique comment préparer un cours de vocabulaire imagé avec des enfants de l’école primaire, le but étant de mettre des images sur des mots. La première phase consiste à chercher une image claire du mot. Elle se déroule sous la forme d’un dialogue, d’une mise en action. L’enseignant questionne les élèves sur la signification du mot et note au tableau les propositions. Ensuite, il cherche la définition du mot dans le dictionnaire avec les élèves puisqu’il peut s’agir de quelque chose de compliqué pour un élève présentant une dyslexie. Il demande aux élèves de faire un dessin correspondant au terme puis il choisit un dessin clair, le recopie au tableau, et demande aux élèves de le redessiner dans leur cahier. Durant la deuxième phase qui est une phase de fixation, les élèves réexpliquent le terme appris en commentant le dessin gardé. Durant la troisième phase, l’enseignant remet en contexte le mot, pour que les élèves sachent quand et comment l’utiliser dans un texte, un discours. 57 4-2) En création artistique Un atelier théâtre peut être instauré dans lequel les élèves présentant une dyslexie peuvent s’investir à travers un domaine dans lequel ils éprouvent de la facilité. Cela peut être une manière pour ces derniers de progresser à l’oral et voir le français dans un autre contexte que là où ils ont des difficultés, de peut-être se réconcilier avec l’école. 4-3) L’apprentissage d’une seconde langue Dans l’apprentissage d’une langue étrangère, quelques points sont à respecter afin de faciliter la tâche à l’élève présentant une dyslexie. Tout d’abord, il est important de travailler à l’aide d’un vocabulaire en contexte, par oral et ensuite par écrit. L’enseignant peut ensuite faire des listes de références, si possible dactylographiées, qui constitueront une aide efficace (Service médico-pédagogique, 2009). De plus il est important de favoriser un apprentissage dans lequel l’élève entend et produit et à travers lequel il peut jouer à l’aide de mimes, de jeux de rôle, de mise en situation. L’enseignant peut également expliquer la grammaire dans sa langue maternelle. De plus l’apprentissage peut se faire en faisant écouter, lire, écrire et voir (images), en utilisant des couleurs pour séparer les mots et les phrases (Jacquier-Roux, 2003). La prononciation de l’élève doit toujours être vérifiée et corrigée, il ne faut pas que l’élève mémorise une prononciation incorrecte puisqu’il sera plus difficile de s’en défaire. Quant aux évaluations, il est utile d’ « alterner les tests d’évaluation de la compréhension écrite ou orale (QCM ; vrai/faux ; épreuve de barrage, cochage ; relier, dessiner, remettre dans l’ordre, copier) et les tests d’évaluation de la production écrite (textes à trous ; remise de mots en ordre ; construire des questions devant les réponses ; dialogues guidés ; listes de mots à compléter…) » (Jacquier-Roux, 2003, p.58). Crunelle (2006) donne comme exemple l’apprentissage de l’anglais. Elle définit cette langue comme une langue « opaque », donc une langue insaisissable et incompréhensible pour les élèves présentant une dyslexie à l’écrit. En effet, dans une langue « opaque », un phonème peut correspondre à plusieurs graphies et une seule graphie peut correspondre à plusieurs phonèmes, ce qui est d’autant plus difficile pour les élèves présentant une dyslexie, pour la lecture comme pour l’écriture. Bosse (2004) évoque la difficulté à associer une orthographe et 58 un son qui est amplifiée par le fait que l’oreille n’est pas habituée à ce son et l’œil à ces nouvelles graphies. Le problème est ici surtout lié à l’opacité de la langue qui conduit à devoir mémoriser l’orthographe de la majorité des mots pour être capable de les écrire et de les lire correctement. De plus, certains sons sont proches mais ont un autre sens, comme par exemple, « were » et « where » (Bosse, 2004). Il est alors nécessaire que l’enseignant utilise les différents canaux tels que le visuel, l’auditif et le kinesthésique. Il peut employer le visuel en faisant des dessins, des schémas, des posters représentant des mots de vocabulaire, des travaux réalisés par des élèves (Crunelle, 2006). Il peut utiliser notamment l’auditif par des cassettes, des sketchs. Et enfin, il peut recourir au kinesthésique en donnant le rôle de sujet aux élèves. Cela peut également être fait à travers des activités de manipulation, d’écoute, et de découpage (Crunelle, 2006). L’allemand est plus abordable que l’anglais pour les élèves présentant une dyslexie. En effet, il y a une correspondance avec la phonologie française, l’orthographe est plus évidente, la grammaire est structurée et les sons sont clairs (Bosse, 2004). L’allemand n’est donc pas une langue dite « opaque » comme l’anglais. 4-4) En histoire-géographie L’élève doit utiliser un seul cahier pour l’histoire et la géographie. Un effort doit être fait sur la présentation ; les titres doivent être en couleurs et lisibles, la présentation doit être organisée et précise (Jacquier-Roux, 2003). L’enseignant peut demander à l’élève d’y inscrire dans la marge les pages de référence du manuel utilisé ainsi que la définition des mots spécialisés. Cet aménagement peut bien sûr être élargi à d’autres matières scolaires. À la fin de chaque thème, l’élève peut compléter une fiche « Je fais le point ». Celle-ci aura toujours la même organisation, à savoir le titre en gros caractère et encadré, le codage en couleur, munie d’une partie savoir-faire et une partie vocabulaire (Jacquier-Roux, 2003). 4-5) En mathématiques Les éléments à apprendre en mathématiques doivent essentiellement se faire en classe. De plus, il est important de montrer à l’élève s’il y a des chiffres à l’envers mais de ne pas enlever de points dans l’évaluation si le résultat est bon et de comprendre qu’il peut inverser les signes mais faire le bon calcul (Bosse, 2004). En effet, l’élève présentant une dyslexie peut avoir une difficulté de repérage spatial qui fait qu’il peut écrire les signes en miroir (Bosse, 59 2004). Le pénaliser sur ces erreurs ne ferait que démotiver l’élève dans ses acquis et dans ses progrès. Lors de résolution de problèmes, l’enseignant peut lui lire le problème à voix haute, et s'assurer que le vocabulaire est compris. En effet, les difficultés de lecture de l’élève présentant une dyslexie peuvent entrainer des problèmes dans la compréhension. Il peut également l’aider par des dessins et schémas. De plus, il doit accepter qu’il n’y ait pas une rédaction rédigée si les calculs sont corrects (Bosse, 2004). En conclusion, ces aménagements pédagogiques par discipline sont des pistes importantes à prendre en compte afin que les élèves présentant une dyslexie sentent que leur différence est acceptée à travers toutes les branches scolaires (Crunelle, 2006). Ces aménagements leur permettent entre autres d’apprendre comme un élève ne présentant pas de dyslexie. 5) Les recherches sur les aménagements Nous allons ici parler des différentes recherches menées par plusieurs auteurs au sujet des aménagements pédagogiques et de leur efficacité. Tout d’abord, certaines études s’intéressent aux élèves présentant une dyslexie, à la variation de leurs résultats et à leur propre point de vue vis-à-vis des aménagements pédagogiques mis en place. C’est le cas de l’étude de Martinet et Hauser (sous presse) qui évalue les performances scolaires de 4 élèves présentant une dyslexie pour montrer l’efficacité des aménagements pédagogiques. En effet, la recherche montre que l’écart des performances entre les élèves présentant une dyslexie et les autres tend à se réduire si un aménagement est proposé. De plus, les enfants présentant une dyslexie trouvent que l’épreuve aménagée est plus « facile » et que l’aménagement a été un soulagement. Ces deux auteurs arrivent à la conclusion que ces adaptations sont efficaces pour les enfants présentant une dyslexie et qu’ils disposent d’une évaluation plus équitable : ils leur permettent de montrer quelles sont leurs compétences réelles et ne sont pas en situation de désavantage. Cette étude permet également de montrer que certains aménagements, facilement réalisables, peu coûteux et qui ne modifient pas les pratiques de l’enseignant, ont des conséquences positives sur les performances de certains élèves présentant une dyslexie. Ces aménagements leur permettent de lever les obstacles à la réussite de l’élève qui sont liés aux difficultés de décodage, à l’orthographe et à la copie. 60 Cependant, il fait rester conscient que cette étude est une étude de cas, sur 4 élèves, il faudrait étudier cela sur un panel plus large pour tirer des conclusions plus générales sur la validité des aménagements pédagogiques proposés. L’étude de Jacquier-Roux et al. (2009) va dans le même sens que celle de Martinet et Hauser (sous presse) puisqu’elle a pour but de tester les effets d’un accompagnement spécifique des élèves présentant une dyslexie et de suivre l’évolution du langage écrit. Dans leur étude longitudinale, qui a suivi 52 élèves présentant une dyslexie entre les classes de 6ème et de 3ème en France (Cycle d’orientation à Genève), ils ont testé des aménagements basés sur les conseils des médecins et des enseignants. Ils mettent en avant le bénéfice sur les résultats et sur les comportements des élèves. Concernant le point de vue des élèves interrogés par questionnaire, ils répondent majoritairement qu’ils ont été aidés par les aménagements mis en place par les enseignants avec une majorité de réponse « rassurés et contents » après la mise en place de ceux-ci. Cependant, cette étude ne s’intéressent pas seulement aux élèves, elle prend également en compte le point de vue des parents d’élèves. D’après les résultats, ils sont à 62% conscients du changement de comportement chez leur enfant avec la mise en place d’aménagement ; ils parlent de compétences psycho-sociales, de confiance en soi, de responsabilité et de motivation face au travail. Cette même étude met aussi en évidence le point de vue des enseignants puisqu’elle montre que la majorité d’entre eux a trouvé utiles les aménagements pédagogiques et ils considèrent que la gestion de ce trouble est plus facile à l’aide de ce dispositif. Puis, l’étude de Gombert et Roussey (2007) s’intéresse également à l’avis des enseignants sur les aménagements et aux gestes d’adaptations mis en place pour leurs élèves présentant une dyslexie. La recherche montre que les enseignants évoquent majoritairement l’adaptation des moyens et l’adaptation des consignes comme étant un moyen d’intégration possible. De plus, les résultats montrent que les enseignants sont également favorables à la mise en place d’un parcours individualisé pour les élèves présentant une dyslexie différent de celui de leurs camarades. Ils évoquent également le principe du tutorat : utiliser le groupe-classe comme une aide pour l’élève intégré. Les auteurs émettent une différence significative entre les enseignants du primaire et ceux du secondaire. Les premiers semblent avoir recours à un éventail plus large d’adaptations que leurs collègues. Enfin, la recherche de Gombert et al. (2008) étudie aussi la population des enseignants et va 61 même plus loin que la recherche de 2007 puisqu’elle va étudier en détail la nature et les fonctions des gestes que les enseignants mettent en place pour aider les élèves présentant une dyslexie. Pour cela, l’étude s’intéresse à tous les énoncés qui concernent les pratiques pédagogiques destinées à l’élève, ainsi qu’à la comparaison des enseignants du primaire et du secondaire face aux aménagements pédagogiques. Elle va mettre en évidence quatre profils différents d’enseignants face à l’utilisation d’aménagements pédagogiques en classe : - Les enseignants qui sont principalement centrés sur le niveau cognitif de l’élève. Ceux-ci établissent des adaptations en fonction de l’élève et ne demandent pas à l’élève de s’adapter au programme scolaire. Il s’agit d’un modèle inclusif qui tient compte des besoins éducatifs particuliers des élèves. - Les enseignants dont les typologies de gestes d’aide sont de type intégratif. Ils amènent les élèves par différents aménagements vers les apprentissages conformes à la classe. - Les enseignants qui mettent en avant l’élève par des aspects motivationnels. - Les enseignants qui utilisent des aménagements pédagogiques se référant au cadre de travail dans la classe (outils à disposition, place de l’élève), à la guidance dans la tâche (explications supplémentaires, répéter les consignes). Cette recherche a permis de mettre en évidence la mise en place par tous les enseignants, quel que soit le niveau d’enseignement, de gestes pédagogiques dans le but que les élèves présentant une dyslexie puissent suivre les apprentissages de la classe, et de les aider à contourner leurs difficultés. Les principaux gestes évoqués sont l’adaptation des supports d’apprentissage. L’adaptation de l’évaluation dépend du niveau d’intervention des enseignants (primaire ou secondaire), en effet, chaque aménagement est utilisé différemment en fonction du degré d’enseignement de l’enseignant. De plus, la recherche a également permis de montrer que les enseignants du primaire disent mettre en œuvre plus d’adaptations pédagogiques que ceux du secondaire. Pour conclure ce chapitre sur les aménagements pédagogiques, nous pouvons dire que de nombreux éléments peuvent être mis en place par les enseignants pour aider les élèves présentant une dyslexie en classe et que leur efficacité a été prouvée. Cependant, selon les directives des cantons, ces aménagements ne sont pas obligatoirement mis en place par les enseignants. Étudions donc maintenant quelques directives existantes afin de comprendre les différences qu’il peut y avoir entre les cantons au niveau de la prise en charge de la dyslexie à l’école. 62 Chapitre 4 : Les différentes directives de quelques cantons Dans cette partie, nous allons présenter une synthèse des directives de trois cantons de Suisse : Valais, Vaud, et Genève. Nous nous restreindrons pour ce point à la Suisse et nous n’aborderons pas un niveau international. Nous avons décidé de traiter le canton du Valais pour ses nombreux aménagements présents, bien que celui-ci ne soit pas abordé dans notre recherche. 1) Valais En 2010, le département de l’éducation, de la culture et du sport a établi des directives « relatives à des mesures scolaires particulières pour des enfants souffrant de troubles et de handicap divers » (Département de l’Éducation, de la Culture et du Sport, 2010, p.1). Celui-ci décide que « les mesures spéciales s’appliquent aux élèves atteints de graves troubles et de handicaps divers (dyslexie, dysphasie, dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie, déficits sensoriels et autres handicaps) pour autant que les diagnostics aient été posés par des spécialistes reconnus par le Département » (Département de l’Éducation, de la Culture et du Sport, 2010, p.1). Les directives à mettre en place par l’enseignant sont principalement, telles qu’on peut les lire dans le document du Département de l’Education, de la Culture et du Sport (2010) - Rassurer l’élève afin qu’il sache que l’on connait ses difficultés et que l’on en tient compte ; - Permettre à l’élève de recourir à certains aménagements spécifiques ou des conditions de passation particulières, tels que : temps approprié, lecture orale de consignes, soutien par un camarade, mise à disposition de documents de référence, d’outils informatiques, de dictionnaire électronique, de calculatrice, etc ; - Tenir compte des difficultés de l’élève dans l’évaluation et le cas échéant obtenir les dispenses nécessaires auprès de l’inspecteur scolaire […] ; - Mentionner dans le livret scolaire la mesure choisie (p. ex. évaluation adaptée en orthographe) ; - Collaborer, le cas échéant avec l’enseignant d’appui pour la mise en place des mesures choisies ; - Transmettre l’information au titulaire de la nouvelle classe. 63 2) Vaud Le département de la formation de la jeunesse et de la culture a élaboré une brochure « Informations et recommandations à l’usage des enseignants » dans le but de mieux prendre en compte certaines difficultés d’apprentissage que rencontrent les élèves présentant une dyslexie et/ou une dysorthographie. Celle-ci donne des informations générales sur la dyslexie telle que la définition de la dyslexie, les difficultés que peut rencontrer un élève ayant une dyslexie, l’analyse des erreurs orthographiques spécifiques à l’élève présentant une dyslexie et/ou une dysorthographie. Il ne s’agit pas de directives mais de pistes pédagogiques à mettre en place avec un élève présentant une dyslexie. 3) Genève Dans le canton de Genève, il existe une directive dont l’intitulé est « aménagements scolaires pour des élèves souffrant de dyslexie-dysorthographie, dyscalculie, dysgraphie, dyspraxie ». Celles-ci, d’après le Département de l’Instruction Publique (2009) concernent les actions à mettre en œuvre par l’enseignant. Nous avons déjà abordés la plupart de celles-ci dans le chapitre 3 et nous les retrouvons dans ces directives : • rassurer l’élève afin qu’il sache que l’on connaît ses difficultés et que l’on en tient compte ; • permettre à l’élève de recourir à certains outils spécifiques (supports d’apprentissage adaptés, supports auditifs et visuels, photocopie, aide-mémoire, dictionnaire, dictaphone, ordinateur); • tenir compte des difficultés de l’élève dans l’évaluation (temps supplémentaire, quantité de travail adapté, évaluation du fond et non de la forme) ; • transmettre l’information au titulaire de la nouvelle classe. Ensuite, il existe dans le canton de Genève une procédure à suivre avec un élève présentant une dyslexie. Tout d’abord, il s’agit des parents qui initient la demande d’aménagements qu’ils adressent au secrétariat à la formation scolaire spéciale (SPS). Celui-ci se charge d’envoyer le dossier de l’élève ainsi qu’une liste d’aménagements à respecter à la Direction générale. C’est à cette dernière de transmettre le dossier à l’établissement dans lequel se trouve l’élève. C’est ensuite à l’établissement de prendre la décision quant aux aménagements pédagogiques proposés ; le directeur peut dès lors décider de ne pas en accepter certains. Il 64 informe les enseignants et les parents des décisions qui ont été prises et se doit de veiller à l’application des aménagements (Cap-Intégration, 2011). Dans ces cantons, les directives ou pistes pédagogiques sont plus ou moins explicites mais on remarque tout de même une volonté de prendre en charge la dyslexie dans les classes à travers des aménagements. Qu’en est-il dans la réalité ? Les enseignants mettent-ils en place ces aménagements ? Cela sera le questionnement de notre présente recherche. 65 II. PROBLÉMATIQUE ET QUESTIONS DE RECHERCHE Comme nous avons pu le voir, les aménagements pédagogiques à mettre en place dans les classes pour aider les élèves présentant une dyslexie sont en très grand nombre dans la littérature. Nous aimerions maintenant savoir ce qu’il en est dans la réalité du terrain. En effet, durant nos années de formation respectives, à travers les stages et les différents séminaires et cours suivis, nous avons compris que chaque enseignant a sa propre vision de la dyslexie. Nous chercherons à savoir s’ils connaissent les aménagements pédagogiques et les facilitateurs utilisés pour permettre aux élèves présentant une dyslexie un meilleur contournement de leurs difficultés. Par conséquent, notre étude portera sur ces aménagements pédagogiques et leur utilité, en confrontant les aménagements préconisés dans la littérature à ce qui se passe en réalité dans les classes, du point de vue des enseignants mais également des élèves. De plus, nous savons que dans le canton de Genève les directives « Dys » ont été récemment mises en place. Nous souhaitons voir ce qu’il en est de leur application et comparer avec le canton de Vaud où il n’y a pas de directives. Notre question de recherche peut se définir comme suit : Existe-t-il des obstacles à la mise en place d’aménagements pédagogiques préconisés pour que les élèves présentant une dyslexie puissent contourner leurs difficultés en classe et éviter le plus possible la situation de handicap ? Les enseignants connaissent-ils tous ces aménagements ? Les mettent-ils en place ? Seraient-ils prêts à les mettre en place ? Quelles peuvent être leurs réticences ? Les élèves approuvent-ils les aménagements mis en place par leur enseignant ? Qu’est ce qui pourrait encore être mis en place pour les aider davantage ? Y a t-il des différences entre le canton de Vaud et le canton de Genève ? 66 III. RECHERCHE Notre recherche peut être découpée en 3 études différentes : celle effectuée auprès d’une logopédiste sous la forme d’un entretien ; celle des enseignants menée à l’aide de questionnaires ; et celle des entretiens effectués avec des élèves présentant une dyslexie. Nous avons choisi ces trois axes puisque nous pensions qu’il était intéressant de mettre en liens ces trois acteurs importants, chacun pouvant témoigner de la prise en charge de la dyslexie à l’école d’un point de vue différent. Dans un premier temps, la logopédiste est une professionnelle qui pourra nous parler des aménagements importants à mettre en place en classe pour les élèves présentant une dyslexie. Dans un deuxième temps, les questionnaires destinés aux enseignants pourront nous permettre de voir les connaissances de ces aménagements ainsi que ce que ce que les enseignants mettent en place ou pas et pourquoi, pour mieux comprendre la réalité sur le terrain. Dans un troisième temps, les entretiens avec des élèves présentant une dyslexie nous permettrons de comparer le point de vue des enseignants et des élèves afin de voir si les élèves sont satisfaits ou pas de la prise en charge à l’école, voir ce que leurs enseignants mettent effectivement en place pour eux et si cela est jugé efficace. Notre recherche peut donc se résumer comme suit : Étude 1 : Entretien avec une logopédiste Étude 2 : Questionnaires remplis par 50 enseignants Étude 3 : Entretiens avec 4 élèves présentant une dyslexie Figure 3 : Schématisation de notre plan de recherche composé de trois études différentes Nous allons maintenant parler en détails de nos trois études en présentant pour chacune la méthodologie, les résultats, l’analyse et les conclusions à en tirer. 67 1) Le point de vue de la logopédiste : des aménagements indispensables L’objectif de cette étude est de comparer la théorie, c'est-à-dire les aménagements pédagogiques que nous avons pu relever dans la littérature, et la pratique de la logopédiste en regardant les conseils qu’elle donne aux enseignants et les aménagements qu’elle propose pour contourner les difficultés de l’élève. Cela nous a permis de compléter et de préciser la liste d’aménagements pédagogiques qui a été utilisée dans le questionnaire pour les enseignants ainsi que dans les entretiens avec les élèves présentant une dyslexie. Cet entretien d’environ 20 minutes avec une logopédiste a donc servi de base pour les deux autres études. Il a eu lieu le 21 novembre 2011, dans son bureau à l’école de L. (où elle travaille). 1-1) Méthodologie Participants La logopédiste interrogée travaille dans l’établissement primaire et secondaire de L. dans le canton de Vaud et prend en charge dans cette école les élèves présentant des problèmes de langage. Elle a été facilement recrutée puisque l’une de nous travaille dans cette école. Elle exerce en tant que logopédiste depuis environ 15 ans et elle est présente dans cette école depuis environ 10 ans. Les enfants dont elle s’occupe sont âgés de 4 à 12 ans et elle les reçoit pendant et hors horaires scolaires. Matériel Nous avons utilisé un canevas d’entretien pour la logopédiste avec les questions à lui poser pendant l’entretien (cf., annexe 1). L’objectif de celui-ci était de préparer à l’avance les questions pour n’oublier aucun point important. En effet, nous voulions aborder avec elle différents axes : les difficultés principales que rencontrent les élèves présentant une dyslexie, les aménagements pédagogiques qu’elle préconise aux enseignants, la réalité sur le terrain, les directives des cantons et la prise en charge dans la vie quotidienne (par les parents). Nous avons utilisé également un enregistreur pour pouvoir retranscrire l’entretien afin de l’analyser (cf,. annexe 2). Démarches d’analyse Nous avons retranscrit l’entretien (cf., annexe 2) pour pouvoir en tirer les idées principales dans notre analyse en reprenant et en résumant les réponses données aux différentes questions posées afin de les analyser. 68 1-2) Présentation et analyse des résultats Nous lui avons demandé tout d’abord quelles étaient les difficultés les plus récurrentes chez les élèves présentant une dyslexie qu’elle a pu rencontrer dans sa pratique. Elle identifie dans sa pratique plusieurs difficultés en insistant sur le fait que la dyslexie est variée, il n’y a pas une seule dyslexie. En effet, selon elle « il y a des enfants dyslexiques et puis chaque enfant selon sa personnalité, son parcours, selon sa situation familiale etc., va présenter des symptômes ou des difficultés, alors que d’autres enfants ne vont pas les présenter ou pas de la même manière » (cf., annexe 2). Elle identifie également une perte de moyens lorsque les élèves se retrouvent en situation de test, qui ne se présente pas dans la vie de tous les jours où l’élève arrive à s’habituer aux méthodes de travail et à travailler à son rythme. L’élève présentant une dyslexie arrive donc à compenser ses difficultés lors d’activités en classe mais a un stress supplémentaire lors d’évaluations. Elle insiste ensuite sur le fait que « parfois c’est quand même des enfants qui ont une confiance en eux qui s’est ébranlée au fil du temps donc ils ont beau avoir beaucoup travaillé avant, souvent ils perdent leurs moyens face à une situation de test » (cf., annexe 2). Elle parle également de difficultés grandissantes au fil des années scolaires. En effet, le fait qu’il y ait plus d’écrits dans les consignes, qu’elles soient présentées de manière plus complexe et plus longue font que l’élève perd du temps à lire la consigne et ne la comprend pas toujours. Ensuite, nous l’avons questionnée sur les aménagements pédagogiques les plus importants à mettre en place par les enseignants pour aider les élèves présentant une dyslexie afin de confirmer et de compléter notre liste d’aménagements pour le questionnaire destiné aux enseignants. Elle préconise aux enseignants qui ont un élève présentant une dyslexie dans leur classe de donner plus de temps aux élèves dans les évaluations. De plus, elle dit qu’il faut lire aux élèves les consignes à haute voix, pas seulement en tout début d’évaluation mais aussi au fil de celle-ci. Il y a des enfants qui auraient besoin de voir les consignes à l’ordinateur et de pouvoir répondre aussi par l’ordinateur, le fait de taper peut les aider à se relire. Pour certains, le correcteur orthographique peut également les aider. Il y a aussi des enfants qui ont besoin d’être mis tout devant durant une évaluation, déjà pour que les camarades soient derrière et pour ne pas être déconcentré et pour pouvoir rester bien attentif. Elle évoque également des évaluations où il y aurait des consignes au tableau ou au rétroprojecteur. Dans les dictées, 69 plutôt que de demander à un enfant de lui dicter toute la phrase (alors que ce qu’on a envie c’est qu’il sache écrire tel mot), il est préférable de faire un texte à trous comportant les mêmes phrases que les autres élèves. Il pourrait également être autorisé à un élève présentant une dyslexie de devoir apprendre moins de mots de vocabulaire écrit. Elle signale également qu’il est important d’adapter l’aménagement à l’enfant puisque chacun n’a pas les mêmes besoins. Puis, nous lui avons demandé si ces aménagements sont facilement mis en place par les enseignants dans la réalité du terrain afin d’avoir son avis sur cela et de montrer les limites que peuvent rencontrer certains enseignants à mettre en place des aménagements dans leur classe. Selon elle, « ce n’est pas difficile à mettre en place, mais il faut faire l’effort de le faire vraiment » (cf., annexe 2). Elle évoque une grande différence entre le primaire et le secondaire ; au secondaire, la différence d’un enseignant à l’autre est plus visible. Il y a des enseignants qui vont essayer de se donner les moyens et il y en a d’autres qui ont peur de faire de la disparité et de mettre en place une injustice, ceux-là ne se rendent pas compte que la dyslexie est un handicap. Pour poursuivre l’entretien, nous avons également voulu la questionner sur les directives qui existent dans différents cantons pour savoir si elle les connait et ce qu’elle en pense. Concernant les directives « Dys » du canton de Genève, la logopédiste ne les connaît pas (elle exerce dans le canton de Vaud). Elle les compare au canton de Vaud en parlant de « conseils » donnés par le département pour les enseignants. Cependant, « ça reste pour l’instant plus des conseils et ce n’est pas des obligations, ce n’est pas un règlement donc les enseignants ne sont pas tenus forcément de les mettre en place » (cf., annexe 2). De plus, elle évoque les grandes différences entre chaque établissement scolaire. Dans certains, le directeur les impose à ses enseignants et dans d’autres le directeur n’en a pas parlé, ou a laissé libre choix à ses enseignants. Elle a également remarqué que les enseignants sont souvent demandeurs qu’il y ait des directives claires sur lesquelles s’appuyer et dans le but d’avoir un cadre. Dans le canton de Vaud, il existe une brochure nommée « principe de collaboration et de communication » dans laquelle il y a une double page sur comment les enseignants peuvent mettre en place différentes choses dans leur classe par rapport aux enfants présentant une dyslexie. Dans le canton de Neuchâtel, il existe des directives cantonales. Il y a donc un règlement, qui est imposé et les enseignants doivent s’y maintenir. 70 Enfin, une dernière question a concerné les conseils à donner aux parents pour aider leur enfant présentant une dyslexie. Nous considérons cette question comme une ouverture finale à l’entretien, pour élargir le sujet sur un terrain plus large qui n’est plus seulement la prise en charge de la dyslexie à l’école (par les enseignants), mais la prise en charge de la dyslexie dans la vie quotidienne de l’enfant. Elle fait remarquer qu’il y a des grandes différences entre chaque enfant. Elle montre aux parents des techniques pour apprendre plus facilement. Elle leur propose également de faire à la maison des petits jeux qui peuvent être ludiques et pas trop rébarbatifs. Il s’agit toujours de proposition et jamais de devoirs. 1-3) Conclusion de l’étude Cet entretien a confirmé les aménagements pédagogiques que nous avions trouvés dans notre revue de littérature. En effet, elle a parlé de laisser plus de temps aux élèves durant les évaluations ainsi que de lire les consignes à haute voix et aussi l’utilisation d’un ordinateur, etc. Elle a également ajouté des aménagements que nous n’avions pas observés dans la littérature et que nous avons ajouté dans les aménagements utilisés dans notre questionnaire destiné aux enseignants : dictée à trous, apprendre moins de vocabulaire (donner moins de devoirs et privilégier la qualité). De plus, l’entretien confirme d’autres versants de notre théorie. Il montre en effet qu’il y a DES enfants dyslexiques, que les difficultés peuvent être différentes d’un élève à l’autre. La classification de la dyslexie en différents types par Valdois (2004) et dans le rapport de l’INSERM (2007) est donc ici mise en avant. D’autre part, en insistant sur les difficultés avec la confiance en soi, la logopédiste confirme Fristad, Topolosky, Weller et Weller (1992) cités par Leonova (2008) qui montrent que le sentiment d’autoefficacité est plus bas chez les élèves présentant une dyslexie. La logopédiste met également en évidence le fait qu’il y a de grandes différences entre les cantons puisqu’à Genève les enseignants sont obligés de respecter la directive « Dys » alors que dans le canton de Vaud où exerce cette logopédiste, il ne s’agit que de « conseils » et les enseignants sont libres de les mettre en place ou non. Il y a donc encore une grande part de subjectivité dans la prise en charge de la dyslexie puisque, comme le dit la logopédiste, les aménagements ne sont pas forcément difficiles à mettre en place mais l’enseignant doit faire l’effort de faire la démarche en comprenant l’importance de ces aménagements pour les élèves présentant une dyslexie et en réclamant des directives claires à suivre en classe. La 71 prise en charge peut également être différente en fonction des établissements et de l’engagement des directeurs pour la dyslexie. Cependant, il est important de tenir compte du fait que ce n’est l’avis que d’une seule logopédiste et qu’il faudrait effectuer davantage d’entretiens, avec d’autres logopédistes, pour tirer de réelles conclusions. Nous sommes conscientes que cet entretien sert surtout d’appui pour les deux études suivantes (celle sur les enseignants et celle sur les élèves), nous ne pouvons pas tirer de conclusion générale quant à l’avis des logopédistes au sujet des aménagements pédagogiques puisque nous avons seulement l’avis d’un d’entre eux. Les questionnaires utilisés pour les enseignants dans l’étude 2 et les canevas d’entretien utilisés pour les élèves dans l’étude 3 seront en accord avec les aménagements trouvés dans la littérature ainsi que les aménagements préconisés par la logopédiste, ils s’appuieront en effet sur la liste des aménagements pédagogiques importants qui a été établie à la suite de cet entretien. 72 2) Le point de vue des enseignants : des aménagements controversés Dans un deuxième temps, nous avons interrogé des enseignants à l’aide d’un questionnaire afin de voir quels aménagements ils mettent en place ou ils seraient prêts à mettre en place dans leur classe avec leurs élèves. Les aménagements qui se trouvent dans ce questionnaire s’appuient sur notre revue de littérature ainsi que sur l’entretien avec la logopédiste. 2-1) Méthodologie Participants Notre échantillon est composé de 50 enseignants dont 25 exercent dans le canton de Genève et 25 dans le canton de Vaud. L’âge moyen des enseignants interrogés est de 36.9 ans et il s’agit à 84% de femmes. Dans cet échantillon, 86% des enseignants (n=43) ont déjà eu un ou des élèves présentant une dyslexie au cours de leur carrière. Nous remarquons un fort pourcentage de femmes dans notre échantillon (84%). Cela correspond à la réalité du terrain puisque selon l’Office Fédérale de la Statistique, 80% des enseignants au primaire sont des femmes en Suisse. Dans le canton de Vaud, elles sont 90% et 86% dans le canton de Genève. Matériel Nous avons construit un questionnaire pour les enseignants (cf., annexe 3). Dans ce questionnaire, nous avons tout d’abord cherché à tester les connaissances des enseignants visà-vis de la dyslexie afin de pouvoir mettre en lien les connaissances du trouble et la mise en place d’aménagements appropriés. Ensuite, nous avons voulu savoir si les enseignants connaissent les aménagements, c'est-à-dire savent ce qu’il est intéressant de faire pour contourner les difficultés que rencontrent les élèves présentant une dyslexie-dysorthographie. Nous avons souhaité également voir ce qu’ils ont déjà mis en place ou seraient prêts à mettre en place dans leur classe pour aider ces élèves. Nous avons jugé important de voir quels peuvent être les obstacles à la mise en place de certains aménagements afin d’avoir leur point de vue pratique. Enfin, nous avons regardé comment ils qualifient leurs années passées avec des élèves présentant une dyslexie pour voir si ces années sont considérées comme plus difficiles ou non. Démarches d’analyse Pour ces questionnaires, nous avons fait des moyennes et des pourcentages afin de se rendre compte des résultats globaux et pouvoir analyser ceux-ci à l’aide de tableaux récapitulatifs clairs. Pour les échelles ordinales, nous avons également utilisé les médianes, ainsi que la 73 comparaison des pourcentages des deux extrêmes (exemple pour le jugement de chaque aménagement : pourcentage très facile/facile vs pourcentage difficile/très difficile). 2-2) Présentation et analyse des résultats Les formations initiales et continues Pourcentage des enseignants ayants suivis des cours sur la dyslexie dans leur formation initiale Genève (n=25) 20% (n=5) Vaud (n=25) 4% (n=1) Total (n=50) 12% (n= 6) Pourcentage des enseignants ayant suivis des formations continues sur la dyslexie Genève (n=25) 60% (n=15) Vaud (n=25) 20% (n=5) Total (n=50) 40% (n=20) Tableau 1 : Pourcentage des enseignants ayant suivis des cours sur la dyslexie dans leur formation initiale et suivis des formations continues sur la dyslexie. Dans notre échantillon total de 50 enseignants, 12% des enseignants ont suivi des cours sur la prise en charge de la dyslexie dans leur formation initiale. Celles-ci sont diverses en fonction des années d’études (les cursus de formation initiale ayant évolués au cours du temps) et en fonction du canton. Dans le canton de Genève, on retrouve la Licence Mention Enseignement (LME) (n=17), les Etudes pédagogiques pour les enseignants plus âgés (n=5) ainsi que l’Université (n=2) et le Brevet d’Enseignement (n=1). Dans le canton de Vaud, on retrouve l’Ecole Normale (n=7), la Haute Ecole Pédagogique (HEP) (n=12), l’Université (n=5) et la Jardinière d’enfant (n=1 : la personne la plus âgée de notre échantillon qui a 64 ans). On remarque que dans notre échantillon, les 25 enseignants du canton de Genève sont 20% à avoir suivis des cours sur la dyslexie dans leur formation initiale alors qu’ils sont seulement 4% parmi les 25 enseignants du canton de Vaud (ce qui correspond à une seule personne sur 25). On peut donc voir ici que les formations au métier d’enseignement ne sont pas uniformes en fonction des cantons, les formations initiales suivies à Genève dans notre échantillon seraient plus nombreuses à prendre en compte la dyslexie. Pour ce qui est des formations continues, 40% des enseignants interrogés en ont suivies. Ici encore, on remarque des différences en fonction des cantons puisque 60% des enseignants de Genève ont suivi une formation continue sur la dyslexie alors que 20% seulement des enseignants du canton de Vaud en ont suivies. Dans le canton de Genève, certains enseignants disent avoir suivi des cours ou des conférences animés par le professeur Eliez, Sylvie Cèbe, Greta Pelgrims et Catherine Martinet (formation en collaboration avec l’OMP). Ils sont plusieurs à avoir suivis une formation obligatoire pour tous les titulaires lors de la mise en place de la directive « Dys », mais tous ne la mentionnent pas. D’autres enseignants disent 74 avoir suivi une formation continue proposée par le DIP pour les enseignants qui ont des élèves présentant une dyslexie, parlent-ils ici de la même formation, celle mise en place pour la directive « Dys » ? L’existence de la directive « Dys » à Genève et la mise en place de cette formation lors de son apparition pourrait expliquer le fait qu’un plus grand nombre d’enseignants ont suivi une formation continue dans le canton de Genève que dans la canton de Vaud où il n’y a pas encore de directives claires. En effet, dans le canton de Vaud, on retrouve moins souvent des formations communes entre les enseignants comme à Genève. Certains enseignants disent avoir suivi une formation « d’aide aux enfants dyslexiques » ainsi que des formations données par une logopédiste à la demande des enseignants. Il semble que ce ne sont ici pas des formations dispensées par le DIP mais plutôt des formations mises en place à la demande et à l’initiative des enseignants. Pour les formations continues, on ne remarque pas dans nos résultats de liens clairs avec l’âge des enseignants interrogés, ni avec le fait qu’ils aient eu ou non des élèves présentant une dyslexie dans leur classe. En effet, les enseignants ayant déjà eu un ou plusieurs élève-s présentant une dyslexie n’ont pas tous fait de formations continues et certains enseignants n’ayant jamais eu d’élève avec cette particularité en ont faites. Les connaissances sur la dyslexie Le tableau 2 ci-dessous présente les résultats recueillis dans notre échantillon quant aux connaissances des enseignants sur la dyslexie. Dans le questionnaire, pour chaque affirmation proposée, les enseignants devaient dire si elle était juste ou fausse. Nous avons regroupé ici pour chaque affirmation le pourcentage de réponses données qui étaient correctes et le pourcentage de réponses données erronées. Par exemple, si l’on prend la première affirmation : la dyslexie est un trouble d’origine génétique, 60% ont coché la bonne réponse qui était VRAI et 40% ont coché FAUX, qui est une réponse erronée. 75 Origine Troubles associés Repéragedépistage Connaissances de la dyslexie % de correctes réponses % de erronées réponses La dyslexie est un trouble d’origine génétique (vrai) La dyslexie est un trouble neurologique (vrai) La dyslexie peut être d’origine psycho‐affective (faux) La dyslexie est associée à la déficience intellectuelle (faux) La dysorthographie est toujours associée à dyslexie (vrai) Pour poser le diagnostic de dyslexie, l’enfant doit avoir au minimum 6 mois de retard sur le niveau attendu en lecture (faux) Le repérage ne peut se faire que par un-e psychologue (faux) Le repérage peut être effectué par un enseignant (vrai) Le diagnostic peut être posé par un enseignant (faux) La dyslexie est un trouble spécifique des apprentissages (vrai) Les difficultés de décodage sont les seules difficultés que rencontre l’élève présentant une dyslexie (faux) Il existe différentes formes de dyslexie (vrai) 60% 40% Nombres de réponses manquantes sur 50 7 75% 25% 5 70% 30% 10 96% 4% 1 38% 62% 3 70% 30% 6 82% 18% 1 94% 6% 1 94% 6% 0 77% 23% 2 94% 6% 1 100% 0% 0 Tableau 2 : pourcentage de réponses correctes pour chacune des affirmations concernant la dyslexie, produit par les 50 enseignants. Le tableau 2 montre qu’il y a une majorité de réponses justes. Dans les questions les mieux réussies (supérieures à 90% de réponses correctes), on trouve la question sur le lien avec la déficience intellectuelle, le fait que le repérage peut se faire par un enseignant mais pas le diagnostic, les difficultés multiples que peuvent rencontrer les élèves présentant une dyslexie (le décodage n’est pas la seule difficulté) ainsi que l’existence de différentes formes de dyslexie. La seule question dont le pourcentage de réponse est majoritairement faux (62% de réponses fausses) concerne le lien entre dyslexie et dysorthographie. 62% des enseignants interrogés pensent que les deux troubles ne sont pas liés. Cela peut avoir une répercussion sur la prise en charge et les aménagements s’ils pensent que l’orthographe ne pose pas problème à ces élèves. Pour l’affirmation « la dyslexie est un trouble d’origine génétique », 40% des enseignants pensent que ce n’est pas le cas. Nous pouvons alors nous demander quelle est l’origine de la dyslexie selon eux. Un lien peut alors être fait avec les 30% des enseignants qui pensent que 76 la dyslexie peut être d’origine psycho-affective. Si l’on compare les réponses à ces deux questions, on s’aperçoit que parmi les 40% qui pensent que la dyslexie n’est pas un trouble d’origine génétique (parmi les personnes qui donnent une réponse erronée à cette affirmation), 40% pensent que la dyslexie peut être d’origine psycho-affective. Ce pourcentage ne prend en compte que 74% de notre échantillon car nous avons éliminé les personnes qui n’avaient pas répondu à l’une ou l’autre des deux questions que nous mettons en lien ici pour ne pas fausser les résultats. En effet, 6 enseignants parmi les 50 interrogés (12% de notre échantillon) ont une réponse manquante à ces deux questions simultanément et 7 enseignants (14% de notre échantillon) n’ont pas répondu à une de ces deux questions, ce qui n’est pas négligeable. Cela pourrait confirmer le lien qui peut exister entre ces deux questions puisque certains enseignants se retrouvaient peut être bloqués pour savoir l’origine de la dyslexie. Celle-ci ne parait pas très claire pour une bonne partie d’entre eux. On remarque donc que le pourcentage de réponses manquantes est parfois lié au pourcentage de réponses erronées. Par exemple, pour la première affirmation : « la dyslexie est un trouble d’origine génétique », il y a 7 réponses manquantes sur 50 et parmi les 43 enseignants qui ont répondu, 40% ont répondu faux. Ceux qui n’ont pas répondu ne savaient peut-être pas la réponse et ne voulaient pas répondre au hasard. Nous pouvons également faire l’hypothèse en regardant ce tableau que l’affirmation « la dyslexie peut être d’origine psycho-affective » n’a pas été toujours bien comprise par les enseignants puisque 20% d’entre eux n’ont pas répondu. Ensuite, 30% des enseignants pensent que la dyslexie correspond à 6 mois de retard en lecture alors que c’est 18 mois dans la réalité. Or, il est important que les enseignants sachent cela pour faire un repérage plus efficace. De plus, ils sont 18% à penser que le repérage ne peut se faire que par un psychologue, ce qui est élevé et montre que la sensibilisation des enseignants à la dyslexie, ainsi qu’à leur rôle de repérage des indices d’une possible dyslexie chez leurs élèves, pourrait être améliorée. Puis, nous pouvons faire le lien entre le score obtenu aux questions de connaissance sur la dyslexie et le fait d’avoir suivi ou non une formation continue sur la dyslexie. En effet, on remarque que pour les 20 enseignants qui ont suivi une formation continue, la moyenne des scores aux questions de connaissances est de 9.3 sur 12. Or, elle est plus faible pour les 30 enseignants qui n’ont pas suivi de formation continue : 8.2 sur 12. Les formations seraient donc efficaces pour augmenter les connaissances des enseignants sur la dyslexie. 77 Cependant, il n’y a pas de différence notable entre les scores obtenus par les enseignants qui ont un élève présentant une dyslexie et ceux qui n’en n’ont pas, la moyenne des scores aux connaissances sur la dyslexie étant quasiment identique pour les deux types d’enseignants. Cela postule que le fait d’avoir ou non un élève présentant une dyslexie dans sa classe n’augmente pas significativement les connaissances des enseignants sur la dyslexie, les formations continues auraient un plus fort impact sur cette variable. Les aménagements pédagogiques Les tableaux ci-dessous présentent tous les résultats recueillis pour les aménagements pédagogiques, classés par thèmes, que nous proposions dans notre questionnaire. Il y a six tableaux différents qui correspondent aux six thèmes utilisés dans les questionnaires destinés aux enseignants pour classer les aménagements : aides pédagogiques, évaluation, appuis, problème d’attention, matériel et travail à la maison. Pour chaque aménagement, nous demandions d’abord à l’enseignant s’il le connaissait. Puis, il devait ensuite cocher une réponse parmi 3 propositions : « je l’ai déjà mis en place », « je le mettrais en place » (si l’enseignant n’en avait pas encore eu l’occasion ou s’il ne connaissait pas cet aménagement auparavant) et « non je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place ». Pour les réponses « je l’ai déjà mis en place » et « je le mettrais en place », l’enseignant devait juger l’aménagement en cochant « très facile », « facile », « difficile » ou « très difficile ». Pour la réponse « non je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place », il devait expliquer pourquoi en quelques mots et se justifier. Dans les tableaux, nous avons fait des pourcentages afin de représenter les choix des enseignants pour chaque aménagement. Nous avons donc calculé pour chacun le pourcentage d’enseignants qui connaissent l’aménagement proposé, le pourcentage de ceux qui l’ont déjà mis en place, le pourcentage de ceux qui le mettraient en place et le pourcentage de ceux qui ne l’ont pas mis en place ou ne le mettraient pas en place. Pour les jugements des enseignants vis-à-vis de chaque aménagement, nous avons calculé le pourcentage de réponses « très facile » ou « facile » versus le pourcentage de réponses « difficile » ou « très difficile » afin de pouvoir situer la difficulté de chaque aménagement pour les enseignants en comparant le pourcentage des deux extrêmes. Il y a deux jugements différents dans notre tableau : celui qui a été fait par les enseignants qui ont coché « je l’ai déjà mis en place » et celui qui a été fait par les enseignants qui ont coché « je le mettrais en place ». Ces deux jugements doivent être séparés puisque pour les premiers, ils peuvent 78 vraiment juger l’aménagement car ils l’ont déjà mis en place alors que les deuxièmes jugent l’aménagement sans l’avoir encore testé, ce qui est différent. Enfin, pour ceux qui ont répondu « non je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place », nous avons regroupé dans ce tableau les différentes catégories données dans les justifications des enseignants pour chaque aménagement. Aménagements : aides pédagogiques % connaît % oui déjà mis en place (parmi ceux qui connaissent) Jugement fait par ceux qui ont déjà mis en place % % très difficile facile /très /facile difficile % oui mettrais en place Jugement fait par ceux qui sont prêts à mettre en place % très facile /facile % difficile/très difficile % non Catégories de non Pour tous les élèves, explique mais réduit pas, trop compliqué Réduire la quantité d’information dans les consignes 92% 59% 100% 0% 28% 57% 43% 14% (46/50) (27/46) (27/27) (0/27) (14/50) (8/14) (6/14) (7/50) Lire les consignes à haute voix 96% 85% 98% 2% 18% 100% 0% 0% (48/50) (41/48) (40/41) (1/41) (9/50) (9/9) (0/9) (0/50) 84% 52 % 100% 0% 32% 94% 6% 22% (42/50) (22/42) (22/22) (0/22) (16/50) (15/16) (1/16) (11/50) Ne pas demander à l’élève de lire à haute voix devant toute la classe un texte qui n’a pas été préparé Juste en appui individuel, ça lui fait un entrainement, ils sont demandeurs, apprentissage de la tolérance Tableau 3 : Résultats pour les aménagements liés aux aides pédagogiques Prenons l’exemple d’un aménagement afin de mieux comprendre la lecture du tableau : « réduire la quantité d’information dans les consignes » (le premier aménagement). Pour cet aménagement, on peut voir lors de la lecture du tableau que 92% des enseignants interrogés connaissent cet aménagement et que parmi ceux qui connaissent, 59% l’ont déjà mis en place dans leur classe. 28% des enseignants de notre échantillon sont prêts à le mettre en place et 14% sont contre sa mise en place dans leur classe. Pour ce qui est du jugement des enseignants pour cet aménagement, 100% des enseignants qui disent l’avoir déjà mis en place le jugent très facile ou facile. 57% de ceux qui sont prêts à le mettre en place le jugent de cette manière. Nous pouvons également voir pour cet aménagement les catégories qui ont été utilisées par les enseignants qui ont coché « non je ne 79 l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place ». Pour l’exemple de cet aménagement, les enseignants qui ont coché cela ont répondu non soit parce qu’ils mettent déjà en place cet aménagement pour tous les élèves et que ce n’est pas une exception à faire pour l’élève présentant une dyslexie, soit parce qu’ils préfèrent expliquer les consignes mais ne pas réduire, soit parce qu’ils jugent cela trop compliqué. Sous chaque pourcentage, nous avons précisé le calcul effectué pour que la lecture du tableau soit facilitée et que l’on comprenne bien notre démarche. Pour le pourcentage de ceux qui ont mis en place l’aménagement, nous avons pris en compte seulement les enseignants qui connaissaient l’aménagement, c’est pour cela que le total n’est pas 50. En effet, ceux qui ne connaissent pas l’aménagement ne l’ont forcément jamais mis en place. Il nous semblait plutôt important ici de voir combien d’enseignants qui connaissent l’aménagement l’ont mis en place afin de mettre en avant la mise en place effective des aménagements. Ces remarques sont valables pour tous les tableaux qui suivent dans cette partie sur les aménagements pédagogiques puisqu’ils sont construits de la même façon et se lisent de la même manière. Après ces explications préalables sur la lecture des tableaux, analysons ce premier tableau sur les aménagements liés aux aides pédagogiques (tableau 3). On peut voir tout d’abord que ces trois aménagements sont connus par une grande majorité des enseignants (plus de 80%). L’aménagement « lire les consignes à haute voix » est accepté à l’unanimité puisque aucun enseignant n’a coché « non je ne le mettrais pas en place » et 85% des enseignants qui connaissent l’aménagement l’ont mis en place, ce qui est conséquent. L’aménagement « ne pas demander à l’élève de lire un texte à haute voix devant toute la classe un texte qu’il n’a pas préparé » est quant à lui le plus rejeté des trois (par 22% des 50 enseignants), ils pensent notamment que cela est un entrainement pour l’élève et que ça lui apprend la tolérance. On remarque également que ces aménagements sont jugés plutôt faciles par les enseignants. Cependant, pour l’aménagement « réduire la quantité d’information dans les consignes », les enseignants qui ne l’ont pas mis en place mais y sont prêts le jugent significativement plus difficile que ceux qui l’ont déjà mis en place. 80 Aménagements : évaluation % connaît % oui déjà mis en place (parmi ceux qui connaissent) Jugement fait par ceux qui ont déjà mis en place % très facile /facile % difficile /très difficile % oui mettrais en place Jugement fait par ceux qui sont prêts à mettre en place % très % facile difficile /facile /très difficile % non Catégories de non Pas adéquat, fait pour tous, test déjà plus court Laisser à l’élève plus de temps pour effectuer ses évaluations Diminuer la quantité de travail demandé 94% 77% 100% 0% 18% 89% 11% 10% (47/50) (36 /47) (36/36) (0/36) (9/50) (8/9) (1/9) (5/50) 94% 81% 68% 32% 16% 100% 0% 6% (47/50) (38/47) (26/38) (12/38) (8/50) (8/8) (0/8) (3/50) Utiliser un barème différencié (fond vs forme) 74% 32% 75% 25% 26% 38% 62% 34% (37/50) (16 /37) (12/16) (4/16) (13/50) (5/13) (8/13) (17/50) Ne pas prendre en compte les erreurs d’orthographe Proposer une dictée à choix multiples où l’enfant coche le mot correctement orthographié parmi plusieurs propositions 94% 77% 92% 8% 22% 89% 11% 6% (47/50) (36/47) (33/36) (3/36) (11/50) (10/11) (1/11) (3/50) 44% 36% 63% 37% 48% 63% 37% 30% (22/50) (8/22) (5/8) (3/8) (24/50) (15/24) (9/24) (15/50) Proposer une dictée à trous au lieu d’une dictée ordinaire 78% 49% 84% 16% 40% 55% 45% 18% (39/50) (19/39) (16/19) (3/19) (20/50) (11/20) (9/20) (9/50) Pas adéquat, vont à leur rythme, quand même un travail minimal à effectuer Doit attester les acquis, pas de barème en DE, pas besoin, , contenu déjà adapté Pas en DE Trop compliqué, aide pas car mauvaise mémorisation de l’orthographe, perd le sens de la dictée, créé confusion chez l’enfant, prend du temps. Trop compliqué, pour tous, stigmatisant, pas adéquat Tableau 4 : Résultats pour les aménagements liés aux évaluations On peut voir dans le tableau 4 sur les aménagements liés aux évaluations que trois aménagements sont plus connus que les autres : laisser plus de temps, diminuer la quantité et ne pas prendre en compte l’orthographe. Ce sont également ceux qui sont les plus mis en place et les moins rejetés par les enseignants. Puis, on remarque que les deux aménagements pour les dictées sont moins connus et moins acceptés, surtout celui sur la dictée à choix multiple. En effet, les enseignants pensent que cela est compliqué à mettre en place et ne va pas aider l’élève à mémoriser la bonne orthographe. L’aménagement qui consiste à utiliser un barème différencié est lui aussi majoritairement rejeté par les enseignants (34%) puisqu’ils pensent pour la plupart que les acquis doivent être attestés comme les autres car le niveau attendu à la fin de l’année est le même pour tous les élèves. 81 Enfin, on peut remarquer que les aménagements les plus rejetés sont aussi ceux jugés les plus difficiles par les enseignants qui les ont déjà mis en place ou sont prêts à les mettre en place. Aménagements : appuis % connaît % oui déjà mis en place (parmi ceux qui connaissent) Jugement fait par ceux qui ont déjà mis en place % % très difficile facile /très /facile difficile % oui mettrais en place Jugement fait par ceux qui sont prêts à mettre en place % % très difficile/très facile difficile /facile % non Catégories de non Proposer un-e élève tuteur sans problème de langage qui prenne en charge le décodage à la place de l’autre 46% 52% 78% 22% 40% 91% 9% 28% (23/50) (12/23) (18 /23) (5/23) (20/50) (18/20) (2/20) (14/50) Proposer un-e élève tuteur sans problème de langage qui prenne en charge l’orthographe à la place de l’autre 28% 29% 75% 25% 32% 88% 12% 52% (14/50) (4/14) (3/4) (1/4) (16/50) (14/16) (2/16) (26/50) Stigmatisant, perturbe la classe, trop de responsabilité pour l’élève tuteur (pas leur rôle), pas utile, l’élève doit faire son travail avant de penser aux autres N’aide pas l’élève dyslexique, compliqué, pas adéquat, trop de responsabilité pour l’élève tuteur (pas leur rôle), l’élève doit faire son travail avant de penser aux autres, il ne maitrise pas assez l’orthographe pour l’aider (plutôt aide par l’enseignant, autre élève en phase d’apprentissage), stigmatisant, pas utile, prend beaucoup de temps et d’investissement Tableau 5 : Résultats pour les aménagements liés aux appuis Ce tableau 5 montre que les aménagements liés aux appuis d’un autre élève sont majoritairement inconnus par les enseignants. De plus, celui sur la prise en charge de l’orthographe par un pair est rejeté par plus de la moitié des enseignants (52%) qui considère surtout que ce n’est pas le rôle des pairs et que cela ne va pas aider l’élève, va être stigmatisant et prendre du temps. Les critiques sont les mêmes pour la prise en charge du décodage par un pair, même si l’aménagement est un peu moins rejeté et que plus d’enseignants l’ont déjà mis en place ou sont prêts à le mettre en place. Pour le jugement, plus de 20% des enseignants qui l’ont déjà mis en place les jugent plutôt difficile, ce qui n’est pas un pourcentage négligeable. Ils sont jugés moins durement par ceux 82 qui sont prêts à le mettre en place, il semble donc qu’ils soient plus difficiles à utiliser qu’il n’y parait avant d’essayer. Aménagements : d’attention problèmes % % oui déjà mis en place (parmi ceux qui connaissent) Jugement fait par ceux qui ont déjà mis en place % très % facile difficile /facile /très difficile % oui mettrais en place Jugement fait par ceux qui sont prêts à mettre en place % très % facile difficile/très /facile difficile % non Catégories de non 80% 72% 48% 52% 32% 44% 56% 8% (40/50) (29/40) (14/29) (15/29) (16/50) (7/16) (9/16) (4/50) pour tous, compliqué 88% 86% 92% 8% 20% 70% 30% 2% (44/50) (38/44) (35/38) (3/38) (10/50) (7/10) (3/10) (1/50) connaît Fractionner les tâches demandées selon leur coût attentionnel (alterner les tâches difficiles avec des tâches qui nécessitent moins d’attention soutenue) Dans la classe, installer l’élève à côté d’un élève calme pour favoriser son attention dyslexie différente de trouble de l’attention Tableau 6 : Résultats pour les aménagements liés aux problèmes d’attention Ce tableau 6 montre que les aménagements liés aux problèmes d’attention sont connus par plus de 80% des enseignants et sont plutôt bien acceptés par ceux-ci. En effet, la majorité les ont déjà mis en place ou sont prêts à les mettre en place, le pourcentage de « non » est faible. Cependant, l’aménagement qui consiste à fractionner les tâches selon leur coût attentionnel est jugé pour la plupart des enseignants comme difficile, qu’ils l’aient déjà mis en place ou non. Aménagements : matériel Adapter les supports écrits en utilisant une police adaptée de taille suffisamment grande avec des lignes espacées % % oui déjà mis en place (parmi ceux qui connaissent) Jugement fait par ceux qui ont déjà mis en place % % très difficile facile /très /facile difficile % oui mettrais en place Jugement fait par ceux qui sont prêts à mettre en place % % très difficile/très facile difficile /facile % non Catégories de non 88% 70% 23% 77% 28% 50% 50% 2% (44/50) (31/44) (7/31) (24/31) (14/50) (7/14) (7/14) (1/50) pas besoin, je lis pour l’enfant, demande du temps (retaper fiches car pas existantes), pas toute la doc est informatisée connaît 83 Éviter les documents surchargés 80% 54% 93% 7% 36% 75% 25% 8% (40/50) (27/40) (25/27) (2/27) (18/50) (13/18) (5/18) (4/50) Mettre en évidence les éléments importants d’un texte en les soulignant, en les mettant en caractère gras… 80% 77% 77% 23% 36% 78% 22% 6% (40/50) (31/40) (24/31) (7/31) (18/50) (14/18) (4/18) (3/50) Accompagner le plus souvent les supports écrits de schémas synthétiques ou de dessins 68% 73% 80% 20% 28% 79% 21% 18% (34/50) (25/34) (20/25) (5/25) (14/50) (11/14) (3/14) (9/50) Fournir à l’élève une photocopie des cours ou devoirs au lieu de lui demander de les copier 78% 36% 100% 0% 36% 100% 0% 32% (39/50) (14/39) (14/14) (0/14) (18/50) (18/18) (0/18) (16/50) Permettre à l’élève d’utiliser un ordinateur avec un logiciel de synthèse vocale et/ou un correcteur orthographique Autoriser l’élève à avoir des aides mnémotechniques sur les règles orthographiques importantes ( = un mémento ou aidemémoire) 50% 32% 87% 13% 32% 50% 50% 46% (25/50) (8/25) (7/8) (1/8) (16/50) (8/16) (8/16) (23/50) 80% 72% 76% 24% 32% 45% 55% 8% (40/50) (29/40) (22/29) (7/29) (16/50) (7/16) (9/16) (4/50) pour tous surcharge pas le temps, trop compliqué, le dessin proposé n'est pas toujours la vision d'un dys- tt dépend des enfants, les enseignants ne sont pas une machine à produire du matériel, le fait pour tous, l’image ne doit pas primer sur l’écrit, pas toujours possible, n’incite pas l’élève à lire déresponsabilise l’élève, demande du temps, bien assez de choses mises en place, doit faire l’effort d’écrire pour apprendre, peu de choses à copier, doit faire comme les autres, apprend en copiant, a envie, stigmatisant, pour tous les élèves, que pour les devoirs, laisse plus de temps pour copier impossible dans ma classe (pas équipé), pas adapté, pas assez d’ordinateurs pour tous, affiché au mur Tableau 7 : Résultats pour les aménagements liés au matériel 84 Ce qu’il est important de mettre en évidence dans ce tableau 7 sur les aménagements liés au matériel, c’est qu’ils sont plus ou moins connus et plus ou moins acceptés, on ne peut pas tirer de réelle tendance générale de ce tableau. En effet, l’aménagement sur l’utilisation de l’ordinateur n’est connu que par la moitié des enseignants alors que les autres sont plutôt bien connus (par 80% des enseignants en moyenne). Certains aménagements n’ont été que peu mis en place par les enseignants qui les connaissaient : fournir des photocopies et permettre l’ordinateur (respectivement seulement 36% et 32% des enseignants qui connaissaient l’aménagement l’ont déjà mis en place). Ce qui ressort de ce tableau est également le fort pourcentage de jugement difficile pour les enseignants qui ont déjà mis en place l’aménagement « adapter les supports écrits (…) » alors que seulement 2% le rejette. On peut donc voir ici que beaucoup d’enseignants mettent ou sont prêts à mettre en place cet aménagement mais qu’il le trouve tout de même difficile, surement parce que cela demande une charge de travail supplémentaire pour eux et prend du temps (c’est d’ailleurs un argument donné par ceux qui ne sont pas d’accord pour mettre en place cet aménagement). Enfin, on peut remarquer que deux aménagements sont plus rejetés que les autres : « fournir une photocopie (…) » et « permettre l’ordinateur (…) » (respectivement avec un pourcentage de « non » de 32% et 46%). La majorité des enseignants rejettent l’ordinateur mais on s’aperçoit dans les catégories de « non » que c’est plus dû à un manque de matériel qu’à la conviction de la non-efficacité de cet aménagement. Aménagements : travail à la maison % connaît % oui déjà mis en place (parmi ceux qui connaissent) Jugement fait par ceux qui ont déjà mis en place % très % facile difficile /facile /très difficile % oui mettrais en place Jugement fait par ceux qui sont prêts à mettre en place % très % difficile facile /très /facile difficile % non Catégories de non Privilégier la qualité du travail plutôt que la quantité produite 96% 75% 72% 28% 24% 50% 50% 2% (48/50) (36/48) (26/36) (10/36) (12/50) (6/12) (6/12) (1/50) pas de devoirs pour cet élève Tableau 8 : Résultats pour les aménagements liés au travail à la maison Nous n’avions proposé qu’un seul aménagement concernant le travail à la maison dans notre questionnaire destiné aux enseignants. On remarque dans ce tableau 8 que celui-ci est connu par quasiment tous les enseignants (96%) et que la plupart le mettent en place (75%), 85 seulement une personne dans notre échantillon le rejette et la raison est qu’elle ne donne pas de devoirs à cet élève, ce qui veut dire qu’elle fait tout de même un aménagement en ce qui concerne le travail à la maison. Après avoir analysé ces tableaux un par un, nous allons maintenant en faire une analyse plus globale en regroupant les différentes données des tableaux afin de pouvoir tirer des conclusions globales sur les 21 aménagements pédagogiques proposés aux enseignants dans notre questionnaire. Tout d’abord, Si on regroupe les différents thèmes classifiant les aménagements, on peut constater qu’en moyenne les enseignants sont plus nombreux à avoir mis en place des aménagements que ceux qui ne les ont pas encore mis en place mais y seraient prêts. On peut également remarquer que les aménagements liés aux aides pédagogiques sont ceux qui ont été mis en place le plus souvent par les enseignants, plus que les aménagements liés aux évaluations et au matériel. Ensuite, voyons le lien existant entre le pourcentage de connaissance d’un aménagement par les enseignants et le pourcentage d’enseignants qui l’ont déjà mis en place. Nous avons pour cela effectué un graphique sur Excel montrant la corrélation entre ces deux variables. Graphique 1 : corrélation entre le pourcentage de connaissance d’un aménagement et le pourcentage d’enseignants qui l’ont déjà mis en place 86 Chaque point du graphique correspond à un aménagement, il y en a donc 21. Pour chaque aménagement, on a sur l’axe des ordonnées le pourcentage d’enseignants qui l’ont mis en place (parmi les 50 enseignants) et le pourcentage des enseignants qui le connaissent sur l’axe des abscisses. Comme nous pouvons le voir, la corrélation est positive avec un coefficient de corrélation R (coefficient de Pearson) de 0.89 (√0.79 car R²=0.79), ce qui est une corrélation forte puisque 79% de la variance de la variable « mise en place des aménagements » est expliqué par la variable « connaissance des aménagements » ou inversement. En effet, on peut lire les corrélations dans les deux sens : plus les aménagements sont connus, plus ils sont mis en place mais aussi, plus ils sont mis en place et plus ils sont connus. Le premier sens de la corrélation (plus les aménagements sont connus et plus ils sont mis en place) laisse supposer que les enseignants qui connaissent les aménagements ne sont pas ceux qui les rejettent les plus, ils peuvent les mettre en place et ne pensent pas forcément rencontrer d’obstacle. Or, on pourrait imaginer que lorsqu’ils prennent connaissance de ces aménagements, ils se disent que cela serait trop compliqué à mettre en place au quotidien puisque cela modifierait leur pratique, ils pourraient donc décider de ne pas les adopter. Cependant dans ce cas là, on aurait une corrélation inverse ou aucune corrélation. Nos résultats montrent l’inverse ici : un aménagement connu est plus mis en place qu’un aménagement moins connu. Le deuxième sens de la corrélation (plus les aménagements sont mis en place, plus ils sont connus) laisse supposer que les enseignants qui les mettent en place sont ceux qui les connaissaient le mieux parce qu’ils les ont expérimentés, ce qui est logique puisqu’un enseignant qui ne connait pas un aménagement n’a pas pu le mettre en place. C’est d’ailleurs pour cette raison que, dans nos tableaux de résultats, nous avons pris en compte seulement les enseignants qui connaissent l’aménagement dans le pourcentage de ceux qui l’ont déjà mis en place. Puis, en continuant l’analyse globale des tableaux, on remarque que les aménagements proposés sont connus par les enseignants en moyenne à 77%, même si certains sont plus connus que d’autres. Les plus connus (par plus de 90% des enseignants de notre échantillon) sont ceux qui sont le plus présents dans la littérature et donc ceux qui sont les plus abordés en formation : réduire les informations, lire les consignes à haute voix, adapter les évaluations (plus de temps, moins de travail, ne pas prendre en compte l’orthographe), privilégier la qualité à la quantité. 87 On voit aussi clairement que certains aménagements sont plus acceptés que d’autres par les enseignants. Certains ont déjà été mis en place par plus de 70% de notre échantillon : lire les consignes à haute voix, laisser à l’élève plus de temps pour effectuer ses évaluations, diminuer la quantité de travail demandé, ne pas prendre en compte les erreurs d’orthographe, installer l’élève à côté d’un élève calme, privilégier la qualité du travail plutôt que la quantité produite. Ces aménagements étaient connus par les enseignants et ce sont les plus courants dans la littérature. Certains aménagements ont été quant à eux moins acceptés (plus de 20% de non) tels que ne pas demander à l’élève de lire à haute voix devant toute la classe, utiliser un barème différencié, proposer une dictée à choix multiple, proposer un élève tuteur, fournir une photocopie des cours, permettre à l’élève d’utiliser un ordinateur. Ces aménagements sont ceux qui semblent être les plus compliqués pour les enseignants : faire des dictées spéciales, fournir des photocopies, permettre l’ordinateur (ils ne sont pas toujours équipés). Ce sont également ceux qui semblent les plus stigmatisants pour les élèves : ne pas faire lire l’élève à haute voix, avoir un élève tuteur, etc. On retrouve d’ailleurs cette question de la stigmatisation dans les catégories de « non » des enseignants pour ces aménagements-ci. Les autres aménagements proposés par les enseignants Dans notre questionnaire, à la fin du tableau que devaient remplir les enseignants avec tous les aménagements proposés, nous leur demandions s’ils avaient mis ou s’ils mettraient en place d’autres aménagements pour les élèves présentant une dyslexie que nous n’avions pas cités auparavant. Nous avons relevé la liste de tous les aménagements ajoutés par les enseignants : - Relire les consignes - Faire reformuler les consignes - Favoriser l’estime d’eux-mêmes - Autoriser à demander de l’aide - Permettre de poser des questions de compréhension pendant les évaluations - Placer l’élève devant - Reformuler l’exercice quand il n’est pas compris - Autoriser un dictaphone - Chercher la créativité de l’élève - Aider l’élève à ranger son matériel et à s’organiser - Avoir un enseignant en appui 88 Cependant, on remarque que seulement 20% des enseignants (10 sur 50) ont proposé de nouveaux aménagements, la plupart des enseignants n’ont donc trouvé aucun aménagement à ajouter. De plus, chaque aménagement listé ici n’est cité que par un seul enseignant, on ne peut pas dire que certaines propositions sont revenues plusieurs fois, ce sont donc ici des propositions personnelles, propres à chaque enseignant. Quant aux enseignants qui ont fait des propositions, on remarque qu’une grande majorité a suivi des formations continues sur la dyslexie (7 enseignants sur les 10 qui ont proposé d’autres aménagements). Le fait que certains enseignants aient ajoutés quelques aménagements supplémentaires montre qu’il y en a une infinité et qu’il existe de nombreuses pistes pour aider les élèves présentant une dyslexie. Il nous était impossible de tous les citer dans notre questionnaire, nous avons donc choisi ceux qui étaient le plus fréquents et qui nous semblaient les plus importants mais les enseignants peuvent être créatifs et personnaliser l’aménagement à l’élève en fonction de ses difficultés puisque nous avons vu qu’il y a de multiples formes de dyslexie. Qualifications des années passées avec des élèves présentant une dyslexie Dans le questionnaire, les enseignants qui avaient déjà eu un élève présentant une dyslexie dans leur classe, c'est-à-dire 86% de notre échantillon devaient remplir une dernière question en se situant sur une échelle de 1 à 4 pour les cinq propositions, présentés dans ce tableau, qui permettent de qualifier leur(s) année(s) avec des élèves présentant une dyslexie. Nous avons calculé la médiane pour chaque proposition, puisque nous sommes face à une échelle ordinale. La médiane nous donne la valeur centrale autour de laquelle les réponses des enseignants sont équitablement réparties, pour situer l’avis moyen de ceux-ci vis-à-vis de leur(s) année(s) avec des élèves présentant une dyslexie. Puis, pour être plus précises, nous avons également calculé le pourcentage de réponses plutôt positives (correspondant aux scores 1 et 2 entourés par les enseignants) et le pourcentage de réponses plutôt négatives (correspondant aux scores 3 et 4 entourés par les enseignants) pour pouvoir comparer les deux extrêmes et situer encore mieux l’avis des enseignants pour chacune des propositions. Qualifications des années passées avec des élèves présentant une Médiane dyslexie % positif (1-2) % négatif (3-4) Ces années ont été pour moi ordinaires (1) elles ont été plus 2 difficiles (4) Cela m’a demandé le même travail (1) cela m’a demandé du 3 travail supplémentaire (4) 60% 40% 45% 55% 89 Je me suis senti-e compétent-e (1) je me suis senti démuni-e (4) 2 62% 38% J’ai bénéficié d’aides externes (1) j’ai fait appel à ma 2 « débrouillardise » (4) Cette expérience a été enrichissante (1) je ne l’ai pas trouvé 1 enrichissante (4) 52% 48% 88% 12% Tableau 9 : Qualifications des années passées avec des élèves présentant une dyslexie Si on prend par exemple la première des propositions, les enseignants devaient se situer entre 1 et 4 pour dire si leurs années passées avec des élèves présentant une dyslexie ont été considérées comme des années ordinaires ou alors des années plus difficiles. Ici, le chiffre 1 correspond à « années ordinaires » et le chiffre 4 à « années plus difficiles », ils pouvaient nuancer leur propos en cochant 2 ou 3. Dans le tableau, on voit que la médiane se situe à 2 pour trois items. On peut dire à partir de cela que pour les enseignants interrogés, ces années avec un élève présentant une dyslexie n’ont pas été tout à fait ordinaires, qu’ils ne se sont pas senti en totalité compétent et qu’ils ont bénéficié d’un peu d’aides externes mais pas au maximum. Cependant, leurs réponses sont plutôt positives ici puisque la médiane est plus proche de 1 que de 4, leur avis ne peut donc pas être considéré comme négatif, même si l’on peut noter qu’ils marquent une petite différence entre ces années et celles sans élève présentant une dyslexie. Pour confirmer cela, si on regarde le pourcentage de réponses plutôt positives et de réponses plutôt négatives pour ces trois aménagements, on voit que le pourcentage de réponses plutôt positives est plus élevé. Cela signifie que plus d’enseignants ont entouré 1 ou 2 que 3 ou 4 sur l’échelle proposée. Ensuite, la médiane se situe à 3 pour la quantité de travail (item n°2). Cela veut dire que les enseignants jugent leurs années avec des élèves présentant une dyslexie comme une charge de travail supplémentaire. De plus, on voit pour cet item qu’il y a plus de pourcentages négatifs, qui correspondent au chiffre 3 ou 4 entouré par les enseignants, que de pourcentages positifs. Pour le dernier item, correspondant à l’enrichissement personnel des enseignants grâce à leurs années avec un élève présentant une dyslexie, la médiane est de 1. Cela signifie que les enseignants ont globalement trouvé leur expérience enrichissante. Cela est confirmé par les 88% de réponses 1 ou 2 (pourcentages positifs) données par les enseignants. Ces résultats montrent que lorsqu’un enseignant a un élève présentant une dyslexie dans sa classe, cela lui paraît parfois plus difficile et lui demande plus de travail. Ce n’est pourtant pas 90 pour cela que l’expérience n’est pas enrichissante pour lui et qu’il ne tire pas profit de ces années là. Des formations ainsi que le soutien de professionnels tels que des logopédistes pourraient permettre d’améliorer les qualifications positives des enseignants. 2-3) Conclusion de l’étude Nous avons vu dans cette étude qu’une minorité des enseignants de notre échantillon ont suivi des cours sur la dyslexie dans leur formation initiale (12%) et peu ont participé à des formations continues (40%). Pourtant, 86% des enseignants interrogés ont déjà eu un élève présentant une dyslexie dans leur classe, ce qui suggère que des formations seraient nécessaires puisque les cas ne sont pas rares et isolés. De plus, les pourcentages de réponses erronées sur les connaissances de la dyslexie dans les questionnaires vont également dans le sens d’un besoin de formation. Puis, on remarque des divergences en fonction des aménagements. D’abord, on voit que certains sont moins connus et donc ont été moins souvent mis en place. Puis, on remarque que certains sont acceptés par la majorité des enseignants : soit ils les ont déjà mis en place, soit ils sont prêts à les mettre en place (pour ceux qui ne connaissaient pas les aménagements ou qui n’ont pas encore eu l’occasion de les utiliser). Cependant, certains aménagements sont moins bien acceptés et controversés, les enseignants émettent parfois de nombreuses critiques. Enfin, on voit que certains aménagements sont jugés plus difficiles à mettre en place que d’autres par les enseignants, même si plus sont jugés faciles que difficiles si on fait une moyenne de tous les jugements. Dans la suite de notre recherche, nous prendrons en compte l’avis d’élèves concernant les aménagements pédagogiques proposés aux enseignants dans le questionnaire. En effet, leur avis nous semblait pertinent à mettre en lien avec celui des enseignants. Ceux-ci étant directement concernés par ces adaptations pédagogiques, il faut savoir ce qui est utile pour eux et ce qui est mis en place par leurs propres enseignants. 91 3) Le point de vue des élèves : des aménagements parfois difficiles à obtenir Dans un dernier temps, nous avons interrogé, lors d’un entretien, des élèves présentant une dyslexie dans le but de savoir si des aménagements ont été mis en place par leur enseignant et si ceux-ci sont jugés comme étant efficaces. 3-1) Méthodologie Participants Nous avons interrogé quatre élèves présentant une dyslexie (deux scolarisés dans le canton de Genève et deux scolarisés dans le canton de Vaud). Ils ont été recrutés grâce à des logopédistes ou des associations qui ont acceptées de faire passer notre message de recrutement aux parents d’enfants présentant une dyslexie. Ceux-ci ont dû remplir un formulaire d’autorisation que nous leur avions préparé, avec toutes les explications et précisions importantes concernant notre démarche (cf., annexe 4). Matériel Nous avons utilisé un canevas d’entretien pour les élèves présentant une dyslexie (cf., annexe 5). Dans celui-ci se trouvaient les questions à poser aux élèves. Tout d’abord nous leur avons présenté notre recherche, afin qu’ils comprennent pourquoi on s’intéresse à eux. Ensuite, nous leur avons demandé à travers plusieurs questions de se présenter et d’expliquer leur dyslexie. Puis, nous les avons questionnés sur les aménagements mis en place par leur enseignant en leur demandant ce qu’il pourrait faire en plus pour les aider davantage. Enfin, nous avons repris la liste d’aménagements, établie grâce à notre revue de littérature et à l’entretien avec la logopédiste, que nous avons utilisée dans le questionnaire destiné aux enseignants. Nous avons demandé aux élèves si leur enseignant mettait en place ces aménagements pour eux. Nous avons jugé préférable de poser des questions ouvertes et non fermées aux élèves car il nous semblait indispensable que chacun donne son point de vue personnel afin d’établir une meilleure analyse ensuite. De plus, nous avons voulu éviter le questionnaire, qui aurait mis les élèves en difficulté à cause de leur dyslexie. Nous avons également utilisé un enregistreur afin de pouvoir par la suite retranscrire nos entretiens (cf., annexe 6). Démarches d’analyse Comme pour l’entretien avec la logopédiste, nous avons retranscrit les quatre entretiens (cf., annexe 6) et nous les avons résumés pour en tirer les points les plus importants pour les analyser. Nous avons ensuite mis en lien les questionnaires des enseignants et les entretiens 92 des élèves en comparant les résultats obtenus afin de tirer des conclusions, discerner ce qui est effectivement mis en place sur le terrain pour aider les élèves. 3-2) Présentation et analyse des résultats Élève 1 : Etienne5 Etienne est âgé de 12 ans et il est en 8e Harmos dans une école de Genève. Il a été recruté grâce à sa logopédiste qui a fait passer notre message aux parents d’enfants présentant une dyslexie. L’entretien a duré environ 15 minutes et s’est déroulé dans le cabinet de sa logopédiste, pendant une des séances de l’élève. La logopédiste était donc présente pendant que nous posions les questions à l’élève et elle est parfois intervenue. Il n’a jamais redoublé dans sa scolarité et a de bons résultats scolaires. Il est suivi par une logopédiste depuis quatre ans à raison d’une séance de 45 minutes par semaine. Etienne ne sait pas comment sa dyslexie a été détectée. C’est sa maman qui s’inquiétait qu’il fasse autant de fautes d’orthographe et l’a fait consulter une logopédiste. Ses difficultés principales se situent en français, surtout par rapport à l’orthographe (français conjugaison et grammaire) et dans la confusion des phonèmes comme [p] / [b]. Il n’a pas de problème avec la lecture et la copie. Il trouve sa vie de tous les jours parfois difficile, il donne l’exemple de l’écriture de son carnet de voyage : « des fois quand je dois écrire, ben là avec le carnet de voyage que j’ai fait cet été, des fois j’écrivais un peu n’importe quoi parce que je ne savais pas trop comment ça s’écrivait » (cf., annexe 6). Il dit ne pas être gêné en classe. Cependant, la logopédiste affirme qu’il l’était avant, il n’osait pas sortir son dictionnaire électronique. Dans sa classe, plusieurs aménagements sont mis en place. Il utilise un dictionnaire électronique. Son enseignante ne le lui a pas autorisé pour les épreuves cantonales alors que la logopédiste dit qu’il aurait dû l’avoir. De plus, il est autorisé à avoir du temps en plus lors de ses évaluations. L’enseignante vérifie toujours la compréhension des consignes en le faisant reformuler. Pour certains exercices, les élèves échangent de place pour relire les productions écrites et corriger les erreurs d’orthographe de leur voisin. Il s’agit donc d’un aménagement pour toute la classe et pas seulement pour l’élève présentant une dyslexie mais cela l’aide quand même à corriger ses erreurs d’orthographe. Dans les documents qu’il reçoit, les éléments importants sont parfois écrits en gras. Il s’agit là également d’un aménagement pour 5 Prénom fictif 93 tous puisqu’Etienne a toujours les mêmes documents que les autres élèves, les éléments importants sont donc mis en évidence pour tous et pas seulement pour lui. En mathématiques, l’enseignant fait des schémas pour l’aider à comprendre mais pas en français. Autrement, il dispose des mêmes conditions que les autres élèves ; les consignes, les évaluations, les dictées, les barèmes et les devoirs sont les mêmes. Etienne dit que ces aménagements l’aident bien et ne voit pas vraiment ce qui pourrait l’aider encore plus : « c’est déjà bien pour moi » (cf., annexe 6). Il n’a pas de meilleurs résultats depuis que les aménagements sont mis en place mais ça se passe mieux à l’école pour lui. La logopédiste explique que sa mère se bat pour que son fils puisse avoir des aménagements. Elle a encore de la difficulté à les obtenir puisque les enseignants sont encore assez réticents quand ils sont face à cette situation, même s’ils sont peut être plein de bonnes volontés au début. Élève 2 : Lola6 Lola est âgée de 11 ans et scolarisée en 8e Harmos dans une école de Genève. Elle a été recrutée grâce à sa logopédiste qui avait fait passer notre message à ses parents. L’entretien a duré un peu plus de 15 minutes et s’est déroulé chez l’élève, dans sa chambre. Elle n’a jamais redoublé. Elle bénéficie de deux séances de logopédie par semaine depuis deux ans et n’en aura plus qu’une seule l’année prochaine car le bilan est positif. Le diagnostic a été fait en 6e Harmos suite aux questions que se posaient sa mère, elle lui a fait consulter beaucoup de professionnels spécialisés tels qu’un ophtalmologue, un logopédiste, etc. En parlant du repérage par ses enseignants, elle dit : « à chaque fois ils pensaient que c’était moi, que j’avais un manque de travail ou que je n’avais pas de volonté de faire les choses » (cf., annexe 6). Ses difficultés principales se trouvent dans la lecture à haute voix ; celle-ci est plus dure que la lecture dans sa tête, l’élève devant suivre les lignes avec son doigt. En effet, quand elle lit à haute voix, elle a tendance à sauter des lignes puisqu’elle doit beaucoup se concentrer sur la lecture et la prononciation correcte des mots qu’elle décode. De plus, en mathématiques, elle arrive à s’imaginer le raisonnement des problèmes dans sa tête mais elle n’arrive pas à l’écrire comme elle le pense. Elle confond également des phonèmes comme [b] / [p], et a de la peine avec l’orthographe. Plusieurs aménagements sont mis en place dans sa classe. Tout d’abord, elle dispose d’un dictionnaire électronique qu’elle peut utiliser à tout moment, y compris durant les évaluations. 6 Prénom fictif 94 Elle est autorisée à utiliser des surligneurs pour mettre en évidence des éléments dans la consigne. Dans la classe, elle est isolée. Cependant, cela ne lui est pas profitable car elle est tout devant mais ne voit pas bien le tableau à cause de la pile de feuilles sur le bureau de l’enseignante : « Ben moi déjà ce que je n’aime pas trop c’est qu’elle m’a mis à côté de son bureau. (…) et des fois à cause de la pile je ne vois pas ce qui est écrit au tableau » (cf., annexe 6). Durant les évaluations, elle a parfois le droit à du temps supplémentaire. Au début de l’année, l’enseignante demandait si les consignes étaient comprises mais elle ne le fait plus maintenant. Parfois, elle met des éléments en gras dans les fiches distribuées à tous les élèves. Un aide-mémoire est parfois autorisé pour tous les élèves. Autrement, elle dispose des mêmes aménagements que les autres élèves ; les évaluations, les devoirs, les consignes et les dictées sont les mêmes pour tous. Dans la vie de tous les jours, Lola dit ne pas se sentir gênée par sa dyslexie. Il s’agit surtout d’une gêne ressentie à l’école. Par exemple, au sujet de son dictionnaire électronique elle dit : « il y a souvent des gens qui demandent en fait pourquoi j’en ai un, si je ne devrais pas plutôt utiliser un dictionnaire normal » (cf., annexe 6). Cependant, les deux autres élèves présentant une dyslexie dans sa classe lui font moins ressentir sa gêne et elle se sent moins seule. Elle ajoute que la dyslexie est très pénible pour elle, qu’elle ne sait pas comment ça va se passer l’année prochaine au cycle. Elle trouve que son enseignante « ne fait pas grand chose pour l’aider » (cf., annexe 6). Elle répond souvent « oula non elle ne fait pas ça » lorsque des aménagements lui sont proposés afin de savoir s’ils sont mis en place. À la fin de l’entretien elle ajoute : « je pense que ces aides ça va parce que là j’ai une répétitrice et une logopédiste mais si je n’avais pas de répétitrice ni de logopédiste là je pense que ça m’irait pas du tout » (cf., annexe 6). Selon elle il faudrait que son enseignante change ses manières de travailler. En sortant de la chambre de l’élève, sa maman nous parle un moment et insiste sur le fait qu’elle doit toujours se battre et que c’est très dur pour elle. Sa fille a été diagnostiquée assez tard, en fin de 6e Harmos et l’enseignante de 7e Harmos « n’avait rien voulu faire pour l’aider ». De plus, l’enseignante de cette année a fini par accepter le dictionnaire électronique mais ne fait rien de plus pour sa fille. La maman était très inquiète pour sa fille avant le diagnostic car tous les enseignants disaient qu’elle ne s’investissait pas assez, que son travail était insuffisant, leurs relations étaient donc très tendues. Sa fille avait perdu toute confiance en elle et aucun enseignant n’a été capable de repérer sa dyslexie, c’est elle qui s’est décidé à consulter une logopédiste. La mère était très fâchée car elle venait d’aller à la réunion pour le cycle et elle a été très déçue, elle est même sortie de la réunion avant la fin. En effet, quelques 95 parents ont posé des questions au sujet des aménagements pour les élèves présentant une dyslexie et les réponses ont été pour la plupart négatives, c'est-à-dire que les enseignants ne semblaient pas du tout ouverts pour mettre en place des aides. Elle dit qu’elle n’en peut plus de devoir toujours se battre et aimerait que les choses changent. Pour elle, les mesures « Dys » sont « quelque chose de joli sur le papier pour le DIP mais pas grand chose n’est fait dans la réalité ». Élève 3 : Carine7 Carine est âgée de 12 ans et est en 8e Harmos dans le canton de Vaud. Elle a été recrutée grâce à l’Association Dyslexie Suisse Romande (ADSR) qui a fait passer le message à ses parents qui nous ont ensuite contactées. L’entretien s’est déroulé à son domicile. La maman était présente mais n’est pas intervenue. Elle n’a jamais redoublé et a des bons résultats scolaires. Elle est suivie par une logopédiste à raison de deux fois par semaine. Le diagnostic de la dyslexie a été posé après que la maman ait demandé un entretien logopédique suite à la constatation des difficultés de sa fille. Celui-ci a été entrepris en 7e Harmos. Carine est une élève présentant une dyslexie et une dysorthographie. Ses difficultés majeures résident dans la lecture et l’orthographe. Elle a également un gros souci de lenteur dans tout ce qu’elle réalise. Depuis que la dyslexie a été diagnostiquée et qu’elle est suivie par une logopédiste, elle se sent beaucoup mieux dans sa vie de tous les jours. Elle ne ressent pas de gêne spéciale en classe, ni par rapport à ses camarades. Cependant, la dictée est l’élément qui la gêne le plus. Plusieurs aménagements sont mis en place pour elle. Concernant la dictée, elle a droit à deux phrases en moins, ainsi qu’à une grille de relecture. Dans toutes les branches scolaires, excepté en français, l’orthographe ne compte pas dans les évaluations. De plus, ses enseignants lisent les consignes des évaluations à haute voix. Cet aménagement est mis en place pour toute la classe et pas seulement pour elle. Les consignes des exercices ne sont par contre pas lues et expliquées par son enseignante. Elle leur demande donc qu’ils la lui lisent si elle rencontre une difficulté. Autrement, elle dispose des mêmes conditions que les autres élèves ; le travail à faire, le barème et les devoirs sont les mêmes pour tous les élèves. 7 Prénom fictif 96 Élève 4 : Manon8 Manon est âgée de 10 ans et est en 6e Harmos à dans le canton de Vaud, elle est la sœur de Carine (l’élève 3), elle a donc été recrutée de la même manière et en même temps. L’entretien s’est déroulé à leur domicile, chacune leur tour. La maman était aussi présente mais n’est intervenue qu’à la fin de l’entretien. Elle n’a jamais redoublé et a des bons résultats scolaires. Elle est suivie par une logopédiste à raison d’une fois par semaine. Elle ne se souvient pas quand a été posé le diagnostic de dyslexie et elle ne sait pas dire comment elle s’est rendu compte de ce trouble : « je crois que ça fait longtemps donc je ne sais pas » (cf., annexe 6). Manon présente une dyslexie accompagnée d’une dyspraxie visuo-spatiale (ce sous-type de dyspraxie fait partie de la dyspraxie constructive selon Mazeau (1995) qui est un trouble du regard qui touche l’organisation dans l’espace et la motricité des globes oculaires). Sa principale difficulté ressentie se trouve dans la copie du tableau ou d’une fiche. En mathématiques, elle a également des difficultés lorsqu’il faut poser des opérations sur papier. Cette élève se sent gênée principalement lorsqu’on lui parle de sa dyslexie et qu’on lui pose des questions à ce sujet. Cette dyslexie la gêne un peu dans ses contacts avec ses camarades. Les aménagements mis en place par son enseignant sont principalement au niveau des fiches. En effet, celles-ci sont tapées à l’ordinateur avec la police Arial et la taille 16. De plus, pour les livrets, elle a droit à une feuille A3 afin de ne pas inverser les chiffres : « il met en plus grand sinon j’inverse les chiffres et les 5 je les fais à l’envers » (cf., annexe 6). Les fiches sont créées avec des soulignements, avec beaucoup d’espaces entre les lignes et les éléments importants sont mis en gras. Lorsque les élèves doivent recopier le tableau noir, l’enseignant lui donne une fiche qu’elle place à côté d’elle afin de copier sans regarder le tableau. Elle a également le droit de ne pas lire à haute voix devant toute la classe, elle peut se proposer si elle en a envie mais l’enseignant ne l’interrogera pas spontanément. De plus, l’orthographe n’est pas prise en compte dans les évaluations. Mais cet aménagement en est un pour toute la classe et pas seulement pour elle. À la fin de l’entretien, nous avons l’occasion de discuter un moment avec la maman qui rajoute qu’elle a le droit d’utiliser des cahiers spéciaux. En effet, il s’agit de cahiers qu’elle a amenés elle-même à l’école. Ceux-ci ont des carreaux plus gros et permettent à l’enfant d’avoir une écriture plus soignée et de ne pas inverser les chiffres. C’est un gros repère pour 8 Prénom fictif 97 elle, elle a moins à se concentrer sur d’autres choses. On peut observer les grosses différences d’écriture entre ce cahier et les cahiers utilisés à l’école. Sa maman aimerait avoir l’autorisation de les utiliser dans sa future scolarité. Elle en a d’ailleurs beaucoup parlé à l’association pour les enfants présentant une dyslexie afin que ces cahiers soient inclus dans le matériel scolaire. 3-3) Conclusion de l’étude Les quatre élèves interrogés sont suivis par une logopédiste et ont de bons résultats scolaires. Tous ne savent pas comment leur dyslexie a été repérée. Il s’agit pour les quatre de leur maman qui s’inquiétait des difficultés qu’elle repérait. On observe qu’ils ont été diagnostiqués assez tard (10-11 ans) et que ce n’est jamais l’enseignant qui s’est rendu compte des difficultés spécifiques de l’élève en faisant un repérage précoce préalable avant de contacter des professionnels tels que des logopédistes pour avoir des bilans complémentaires. Or un repérage le plus tôt possible est préconisé dans la littérature (centre canadien de la dyslexie, 2000). Dans les difficultés décrites par nos élèves, on retrouve les principales difficultés décrites dans la littérature : difficultés en orthographe, confusion de phonème, inversion des chiffres, lenteur, lecture et copie (INSERM, 2007). Nos quatre élèves n’ont pas les mêmes difficultés. Cela confirme que la dyslexie a plusieurs formes et que les difficultés sont différentes d’un élève à autre (Valdois, 2004). Dans la description de la vie de tous les jours faite par les élèves présentant une dyslexie, on remarque que le diagnostic a été une étape importante puisqu’il a permis de mettre un mot sur les difficultés de l’élève. Pour une des élèves, tous les enseignants pensaient que c’était un manque de travail et de volonté. Les relations avec ses parents étaient très tendues, le diagnostic a été bénéfique pour elle dans sa vie scolaire et quotidienne. Pour certains, cela les gêne parfois dans leur vie de tous les jours. Un élève dit qu’il a des difficultés lorsqu’il veut écrire dans son carnet de voyage. Vis-à-vis de leurs camarades, certains élèves ont appris à vivre avec et se sentent moins gênés qu’avant. D’autres ressentent une gêne quant aux questions sur leurs aménagements. Le fait d’être suivi par une logopédiste permet à certains de se sentir soulagés. Les aménagements mis en place pour les quatre élèves sont différents. Ils dépendent de leurs difficultés. En effet, comme nous l’avons déjà mentionné, les enseignants doivent s’adapter 98 aux difficultés de l’élève pour mettre en place les aménagements les plus adéquats possibles (Jacquier-Roux, 2003). On retrouve certains aménagements de la littérature (Bosse, 2004) comme la lecture ou la reformulation des consignes (pour trois des quatre élèves), l’adaptation des documents (mettre les éléments en évidence, adapter la police, faire des schémas) (pour trois des quatre élèves), donner plus de temps dans les évaluations (pour deux des quatre élèves), ne pas prendre en compte l’orthographe quand ce n’est pas ce qui est évalué (pour deux des quatre élèves) et donner une photocopie à l’élève plutôt qu’il recopie (pour un des quatre élèves). De plus, on remarque qu’un aménagement est utilisé pour deux de nos quatre élèves : le dictionnaire électronique. Cet aménagement n’avait pourtant pas été proposé dans le questionnaire destiné aux enseignants et aucun d’entre eux ne l’a ajouté dans les aménagements supplémentaires. La logopédiste n’en avait pas parlé et nous ne l’avions pas relevé dans la littérature. Puis, on voit que les quatre élèves interrogés disposaient globalement des mêmes conditions que les autres élèves : travail, barème, devoirs, consignes et évaluations identiques aux autres élèves. Malgré les aménagements mis en place, une des quatre élèves trouve que son enseignante « ne fait pas grand-chose » pour l’aider et que sans l’aide de sa répétitrice et de sa logopédiste, elle n’y arriverait pas. De plus, on remarque que les mamans ont dû beaucoup se battre pour faire accepter les aménagements aux enseignants. On voit donc que ce n’est pas encore acquis et qu’il y a encore des progrès à faire, même si certaines choses sont mises en place, ce n’est parfois pas suffisant. 99 IV. DISCUSSION / CONCLUSION Le but de notre recherche était d’étudier la réalité de la mise en place des aménagements pédagogiques dans les classes en interrogeant une logopédiste, des enseignants et des élèves. Pour cela, nous avons mené trois études différentes : un entretien avec une logopédiste, un questionnaire donné à 50 enseignants ainsi que des entretiens avec quatre élèves présentant une dyslexie. Notre recherche a permis de montrer que certains aménagements sont acceptés (c'est-à-dire que les enseignants les mettent en place ou sont prêts à les mettre en place) alors que d’autres le sont moins et ont un plus fort pourcentage de rejet (c'est-à-dire un pourcentage élevé de réponse « non je ne l’ai pas mis en place ou ne le mettrais pas en place » dans le questionnaire). Pourtant, selon la logopédiste, les aménagements ne sont pas difficiles à mettre en place, il faut seulement « faire l’effort de le faire vraiment » (cf., annexe 2). La réalité effective des aménagements pédagogiques préconisés pour que les élèves présentant une dyslexie évitent la situation de handicap ne semble donc pas encore parfaite puisque certains aménagements restent beaucoup critiqués par les enseignants. Dans les justifications données par les enseignants, on retrouve souvent l’argument que les aménagements vont faire des inégalités au sein de la classe et stigmatiser les élèves. Or c’est en étant inégalitaire que l’enseignant sera équitable puisque les aménagements vont permettre à l’élève présentant une dyslexie d’apprendre dans les meilleures conditions possibles en contournant ses difficultés en lecture et écriture (Bosse, 2004). Cette fausse croyance et cette peur de mal faire en stigmatisant les élèves peut s’expliquer par un manque de formation et de sensibilisation des enseignants à la dyslexie et aux aménagements importants à mettre en place. Le rejet de certains aménagements par les enseignants est également mis en avant par les élèves et leurs parents qui disent devoir continuer à se battre pour en obtenir. Des évolutions dans le domaine de la prise en charge de la dyslexie à l’école semblent encore attendues par ces derniers. On remarque également dans notre recherche que la plupart des enseignants (88%) n’ont pas suivi des cours sur la prise en charge de la dyslexie dans leur formation initiale. Or, c’est en contradiction avec le fort pourcentage des enseignants interrogés qui ont déjà eu un ou des élève-s présentant une dyslexie au sein de leur classe (86%). Ce pourcentage confirme d’ailleurs la théorie puisque selon l’expertise collective de l’INSERM (2007), environ un 100 enfant par classe présente une dyslexie. Les cas ne sont donc pas isolés et cela induit selon nous un besoin de formation sur ce trouble pour les enseignants. D’ailleurs, 40% des enseignants de notre échantillon ont déjà suivi une formation continue sur la dyslexie. Même si ce pourcentage n’est pas très élevé, cela permet tout de même de montrer que certains enseignants ressentent un besoin de s’informer car ils sont souvent confrontés à la dyslexie et n’ont peut-être pas assez de connaissances pour y faire face. Cela est d’ailleurs prouvé dans les questionnaires remplis par les enseignants où l’on peut voir que les connaissances sur la dyslexie ne sont pas parfaites. Pourtant, la détection précoce de la dyslexie est très importante pour une meilleure prise en charge (centre canadien de la dyslexie, 2000). Les enseignants doivent donc avoir des connaissances sur ce trouble, savoir ce qu’ils doivent mettre en place, percevoir l’importance d’aménagements pour la vie scolaire et l’apprentissage de l’enfant. Des formations complémentaires (initiales et continues) pourraient améliorer cela, afin de tendre vers une meilleure compréhension de ce trouble, et ainsi permettre une meilleure prise en charge incluant la mise en place d’aménagements adaptés, continus et optimaux. En effet, dans notre étude, on remarque que pour un des élèves interrogés, l’enseignant lui autorise l’utilisation du dictionnaire électronique en classe mais pas pendant les évaluations alors que l’élève doit normalement y avoir droit selon la logopédiste et l’application des directives « Dys ». Dans ce cas là, un aménagement est mis en place mais il n’est pas utilisé de façon optimale puisque l’élève n’y a pas droit tout le temps. L’enseignant a peut être l’impression que cela va favoriser l’élève dans ses évaluations alors que cela lui permettrait seulement de combler son handicap afin d’être au même niveau que les autres. Cependant, cette recherche montre tout de même que la dyslexie est aujourd’hui de plus en plus prise en compte dans les formations initiales. En effet, dans notre échantillon, ce sont surtout les jeunes enseignants (âgés de moins de 30ans) qui ont suivi des cours sur la dyslexie dans leur formation initiale. De la même manière, on remarque que les formations continues sur la dyslexie sont assez récentes puisque celles citées par les enseignants de notre échantillon datent de minimum 2007. Ce constat confirme que l’intérêt de la connaissance et de la prise en charge de la dyslexie est plus grand depuis quelques années. De plus, des directives ont été mises en place dans certains cantons : les directives « Dys » du canton de Genève (2009), les directives relatives à des mesures scolaires particulières pour des enfants souffrant de troubles et de handicap divers (2010) du canton du Valais, etc. 101 Ces avancées dans le domaine peuvent être dues aux recherches sur la dyslexie (expertise collective de l’INSERM, 2007) qui ont sans doute participées à la prise de conscience de l’utilité des aménagements pédagogiques en classe pour les élèves présentant une dyslexie. Ensuite, si l’on compare les résultats des 25 enseignants du canton de Genève et les 25 enseignants du canton de Vaud, on remarque qu’il y a une variété des formations initiales et continues ce qui peut expliquer les différences de connaissance de la dyslexie et des aménagements à mettre en place. On observe que 28 % des enseignants interrogés dans le canton de Genève n’ont jamais eu dans leur classe un élève présentant une dyslexie alors que tous les enseignants interrogés dans le canton de Vaud en ont déjà eu un. Il peut s’agir du hasard de l’échantillon puisqu’à notre connaissance, il n’y a pas plus d’élèves présentant une dyslexie dans le canton de Vaud que dans le canton de Genève. Cela peut aussi être expliqué par le fait que la moyenne des années d’expérience dans l’enseignement est plus élevée dans le canton de Vaud (12 ans) que dans le canton de Genève (10 ans) dans notre échantillon. Il y a en effet plus de chance que les enseignants aient déjà eu un élève présentant une dyslexie si leur carrière est plus longue. Pour le reste, il n’y a pas de différences flagrantes à relever entre ces 2 cantons que ce soit au niveau des connaissances, des aménagements ou des qualifications des années ; les moyennes restant assez similaires entre les deux cantons. Cependant, dans les résultats, on voit que plus d’enseignants du canton de Genève ont suivi des cours sur la dyslexie dans leur formation initiale et ont eu des formations continues que dans le canton de Vaud. Le canton de Genève prend donc peut-être plus en compte la dyslexie, d’autant plus qu’il y a des directives claires à Genève (les directives « Dys ») alors qu’il ne s’agit que de « conseils » dans le canton de Vaud. Puis, on peut faire un lien entre les entretiens des élèves et les questionnaires des enseignants car on voit que certains aménagements sont connus mais refusés par les enseignants. Cela a une répercussion sur les élèves et les parents qui doivent se battre pour faire accepter ces aménagements à des enseignants parfois encore réticents malgré les directives qui existent. Les deux études sont alors complémentaires et montrent une réticence parfois encore présente pour l’acceptation de certains aménagements par les enseignants. Les limites de notre recherche se situent au niveau de nos échantillons faibles. En effet, il serait intéressant d’interroger plus de logopédistes ainsi que plus d’élèves. De plus, le nombre d’enseignants (50) que nous avons interrogés n’est peut-être pas représentatif de l’ensemble 102 de la population des enseignants. D’autant plus que nous avons, la plupart du temps, distribué nos questionnaires à plusieurs enseignants d’une même école. Ceux-ci peuvent être influencés par les directives de l’établissement et l’engagement du directeur face à la prise en charge de la dyslexie. En effet, selon la logopédiste : « on voit des énormes différences entre les établissements scolaire, il y a des établissements où le directeur a dit "moi j’ai envie que mes enseignants mettent en place ce genre de chose" et puis on remarque que dans d’autres établissements scolaire, parfois qui sont quasi à côté, ça ne se fait pas du tout parce que le directeur n’en a pas parlé, ou a laissé libre choix à ses enseignants » (cf., annexe 2). Puis, nous nous sommes également rendues compte que l’avis des parents d’enfants présentant une dyslexie était important à prendre en compte puisqu’ils ont suivi la prise en charge de la dyslexie de leur enfant depuis le départ. Ils peuvent dire ce qui a changé avec la mise en place des directives, parler des éventuelles difficultés qu’ils ont à convaincre les enseignants de mettre en place des aménagements, et donner leur avis sur la prise en charge actuelle de la dyslexie. D’autres recherches pourraient donc être faites pour mieux se rendre compte de la mise en place effective des aménagements en interrogeant plus d’élèves, plus de logopédistes, plus d’enseignants et en prenant en compte l’avis des parents d’élèves confrontés à ce trouble. Pour conclure, nous pouvons dire que la prise en charge de la dyslexie à l’école semble encore être un défi puisque la réalité de la mise en place des aménagements sur le terrain n’est pas si belle qu’elle n’y paraît lorsque l’on voit les directives déjà mises en place par certains cantons. Un travail reste à faire au niveau de la sensibilisation et de la formation des enseignants. En effet, pour qu’une personne présentant une dyslexie puisse contourner son handicap, il est indispensable que l’environnement s’adapte à ses difficultés. Selon la CIF (classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé) qui est une classification de l’OMS (1994), ce n’est aujourd’hui plus à la personne de s’adapter au contexte mais au contexte de s’adapter à la personne à travers des appuis environnementaux permettant de contourner les difficultés (CIF, 2001). Pour le cas de la dyslexie, les appuis environnementaux consistent par exemple à la mise en place d’aménagements pédagogiques. De plus, il est important que l’enseignant comprenne qu’il ne s’agit pas par ces aménagements de favoriser l’élève en défavorisant les autres mais plutôt de le mettre au même niveau en lui permettant de contourner son handicap. Nous trouvons pertinent de finir par l’image donnée par la logopédiste interrogée lors de l’entretien puisqu’il illustre bien ce dernier propos selon nous. 103 « Un enfant qui s’est cassé la jambe en camp de ski, il aura le droit de prendre l’ascenseur, par exemple, il aura la clé spéciale dans le collège pour pouvoir monter au troisième étage du collège avec l’ascenseur. Et puis là aussi, finalement, on pourrait aussi dire "mais les autres aussi iraient plus vite en ascenseur, ceux qui ont leurs deux jambes, ça pourrait être pratique, ça pourrait être agréable, ils seraient plus vite en haut !" Mais là, la question ne se pose pas, on ne vient pas dire, mais là c’est pas juste qu’il ait la clé de l’ascenseur. Et finalement, les enfants dyslexiques, c’est pareil. Donc c’est vrai qu’un autre enfant, il arriverait probablement mieux avec plus de temps et si on lui lit les consignes, mais finalement l’enfant dyslexique, il part avec un handicap, il part avec une jambe cassée. Donc pourquoi encore appuyer sur la jambe qui fait mal ? » (cf., annexe 2). 104 Références bibliographiques Allal, I. et al. (2006). ROC Repérage Orthographique Collectif à l’usage des enseignants de fin de cycle 3 et de 6e / 5e de collège. Consulté le 30 décembre 2011 dans http://www.ac-grenoble.fr/ia73/spip/IMG/pdf/Roc_04_2009.pdf Alegria, J. & Mousty, P. (2001). Les troubles phonologiques et métaphonologiques chez l’enfant dyslexique, Enfance, 3, 259-271. Azzano, V. et al. (2011). BSEDS 5-6 – V 4.0. Bilan de Santé Evaluation de Développement pour la Scolarité 5 à 6 ans. Consulté le 25 juin dans http://www.cognisciences.com/article.php3?id_article=36 Bosse, M-L. (2004). Activités et adaptations pédagogiques pour la prévention et la prise en compte de la dyslexie à l’école. In S. Valdois, P. Colé & D. David (Éds), Apprentissage de la lecture et dyslexies développementales : de la théorie à la pratique (pp. 233-258). Marseille : Solal. 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Quels aménagements pédagogiques préconiseriez-vous aux enseignants qui ont un élève dyslexique dans leur classe ? 4. Nous avons vu les aménagements préconisés mais qu’en est-il de la réalité sur le terrain ? Ces aménagements sont-ils toujours faciles à mettre en place pour un enseignant ? 5. Connaissez-vous la directive dys du canton de Genève ? Qu’en pensez-vous ? Que se passe t-il dans le canton de Vaud ? 6. Et à la maison, qu’est ce que les parents peuvent faire ? 111 Annexe 2 : Retranscription de l’entretien avec la logopédiste S = Sandra L = Logopédiste S: D’abord juste pour vous présenter un peu notre mémoire, nous on va travailler sur une problématique de… Quels seraient les aménagements qui peuvent être mis en place dans les classes pour les enfants dyslexiques pour qu’ils évitent au plus leur situation de handicap. Donc d’abord on voulait interroger une logopédiste et puis après dans un deuxième temps on voulait interroger des enseignants qui n’ont pas forcément à faire avec des enfants dyslexiques pour voir d’après eux quels seraient les aménagements qu’ils seraient prêts à mettre en place. Après on voulait interroger des enseignants qui ont des enfants dyslexiques dans leur classe. Ensuite il y aurait aussi un entretien avec des élèves, etc… Donc nous on aurait voulu d’abord savoir quelles sont les difficultés les plus récurrentes des enfants qui présentent une dyslexie que vous avez pu observer dans votre pratique. L: Alors bon c’est toujours varié dans le sens où il n’y a jamais une dyslexie, il y a des enfants dyslexiques et puis chaque enfant selon sa personnalité, son parcours, selon sa situation familiale etc, va présenter des symptômes ou des difficultés, alors que d’autres enfants ne vont pas les présenter ou pas de la même manière. Et puis pour autant, les deux sont dyslexiques donc c’est vrai que c’est toujours très très varié. Mais c’est vrai que ce qu’on observe en tout cas par rapport aux liens qu’il peut y avoir avec la classe et comment ça se passe à l’école, très très souvent chez les enfants on observe quand même une perte de moyens quand ils se retrouvent en situation de test. Par exemple dans la classe, dans la situation de tous les jours ils arrivent peut être plus ou moins à s’accommoder, de comment ça se passe et puis pouvoir travailler à leur rythme. Donc finalement d’arriver à compenser plus ou moins lorsqu’il s’agit de faire des activités en classe et puis par contre quand ils sont en situation de test avec le stress en plus… Parfois c’est quand même des enfants qui ont une confiance en eux qui s’est ébranlée au fil du temps donc ils ont beau avoir beaucoup travaillé avant, souvent ils perdent leurs moyens face à une situation de test. J’ai l’impression que ça va quand même grandissant au fil des années scolaires. Donc même si c’est un enfant qui est suivi depuis longtemps en logopédie, j’ai quand même l’impression que peut être au début il n’aura pas forcément cette difficulté là et puis il va peut être se faire rattraper en secondaire par exemple. Déjà parce qu’il y a plus d’écrit dans les consignes, donc les consignes sont présentées de manière beaucoup plus complexe et beaucoup plus longue donc ils perdent du temps à lire la consigne, ne sont pas toujours sûrs de bien la comprendre. Et puis souvent les enfants se focalisent sur cette consigne en se disant « mais c’est déjà difficile de lire… » et puis même si ce n’est pas un test de français, ça arrive qu’ils perdent leur moyen. S: Mais est-ce-que du coup ça ne serait pas à l’enseignant de justement amener et faire en sorte que l’élève n’ait pas autant d’écrits, pour que ça ne se dégrade pas ? 112 L: Alors c’est ce qu’on aimerait faire, c’est vrai que justement dans les choses que nous on demande aux enseignants qui ont eux même, pas des directives mais c’est des conseils qui sont donnés par le département dans le canton de Vaud pour les enseignants… S: Ah ben c’est la question d’après justement… L: Ah d’accord donc je ne sais pas si vous voulez que j’en parle maintenant… S: Oui, oui allez y. L: Alors c’est vrai qu’il y a des consignes mais ces consignes ça reste pour l’instant plus des conseils et ce n’est pas des obligations, ce n’est pas un règlement pour l’instant donc les enseignants ne sont pas tenus forcément de les mettre en place. Et puis on voit des énormes différences entre les établissements scolaires, il y a des établissements où le directeur a dit « ben moi j’ai envie que mes enseignants mettent en place ce genre de chose » et puis on remarque que dans d’autres établissements scolaires, parfois qui sont quasi à côté, ça ne se fait pas du tout parce que le directeur n’en a pas parlé, ou a laissé libre choix à ses enseignants. Moi ce que j’ai remarqué aussi, c’est que souvent c’est presque plus les enseignants qui sont demandeurs qu’il y ait des directives claires. Moi dans les entretiens que j’ai eus avec les enseignants j’ai remarqué qu’il y en a beaucoup qui disaient « mais moi je voudrais bien appliquer des choses mais j’aimerais être sûr que j’ai le droit, que si je fais ce genre de chose… par exemple je peux toujours comptabiliser mon test en l’adaptant, j’aimerais savoir ce que j’ai le droit de faire et ce que je n’ai pas le droit de faire ». Et souvent il y a un flou là autour et puis je remarque même que ces flous ce n’est pas les enseignants qui les demandent, ils sont là comme ça… S: C’est des non-dits en fait, quelque chose qu’on… L: Je pense oui, et puis voilà il n’y a pas eu en haut une instance qui a posé quelque chose et puis alors est ce que c’est pour justement dire « les enseignants on leur laisse la liberté »… Mais je sais qu’il y a des enseignants qui seraient rassurés d’avoir un cadre quand même minimal, au moins de dire « ok ça j’ai le droit de faire » et puis qui n’osent pas parfois donner plus de temps ou lire les consignes, en se disant mais finalement je peux quand même noter mon test normalement après, même si j’ai aidé l’enfant comme ça quoi… S: C’est vrai que même dans la formation à la HEP il n’y a pas, fin moi je me souviens, il n’y a jamais eu ces directives là, qu’est ce qu’il fallait faire de spécial avec des troubles de l’apprentissage, on n’a pas eu ces directives là donc c’est vrai que si elles ne sont pas données par le directeur ça peut être très flou quoi… L: Oui, c’est vrai… Dans le canton de Neuchâtel par exemple, ils ont des directives cantonales qui sont un règlement, qui sont imposées et ils doivent le faire… 113 S: Ben justement ma question c’était, est-ce-que vous connaissez la directive dys du canton de Genève ? L: Non, pas Genève non, mais c’est aussi quelque chose qui rejoint, comme Neuchâtel… S: Oui c’est aussi justement quelque chose qui est donnée pour tout le canton et qu’ils doivent appliquer, il y a des points en fait à respecter par rapport aux enfants dyslexiques. Et puis c’est vrai qu’en fait dans le canton de Vaud on n’a pas ça, il n’y a pas de directives comme ça… L: Alors il y eu effectivement… Je devais l’avoir par là d’ailleurs, je l’avais sortie l’autre fois mais… ah ben elle est là. On avait une brochure effectivement comme ça, qui s’appelle justement « principe de collaboration et de communication » et puis il y a une page je ne sais plus laquelle mais je sais qu’il y a tout un… voila je sais qu’il y a une double page là-dessus, sur effectivement comment les enseignants peuvent mettre en place différentes choses dans leur classe par rapport aux enfants dyslexiques. Mais ça je sais que ça avait été distribué en 2009 ou 2010… ah voilà à la rentrée 2010, mais ça reste un petit fascicule d’information mais ce n’est pas une directive… S: Oui… À la limite on ne sait pas si tout le monde le lit… L: Oui, voilà c’est toujours un peu le problème quoi… S: Ok… Et puis ensuite ma question ça serait quels aménagements pédagogiques préconiseriez vous aux enseignants qui ont un élève dyslexique dans leur classe ? L: Ben voila ça c’est ce qu’on fait… ça c’est pas toujours général, je sais qu’à L., ce qui se fait le plus souvent c’est de donner plus de temps dans les tests et puis leur lire les consignes à haute voix, pas seulement en tout début de test mais aussi au fil du test et puis quand l’enfant arrive à la question 3, qu’il n’ait pas besoin de se souvenir de ce qu’a dit l’enseignant au début mais qu’il puisse demander qu’on lui dise au moment où il y arrive quoi… ça c’est ce qui se fait le plus souvent mais moi je trouve que ce n’est pas toujours ni suffisant ni ce qui est le plus adapté à l’enfant parce qu’il y aura des enfants qui n’auront pas du tout besoin de plus de temps parce que c’est de toute façon des élèves rapides et que finalement ça ne leur pose pas de problème et qui ne profite pas du temps en plus. Ils ont 10 min de plus mais ils ont peur de rajouter des fautes et ils disent « moi je préfère ne pas me relire parce que j’arrive pas… ». En logopédie c’est aussi le but hein, de leur apprendre à pouvoir bénéficier de ce temps, relire, savoir trouver ses erreurs quand on se relit, pas en rajouter… Mais malgré tout il y a des enfants qui n’aiment pas forcément avoir plus de temps par rapport à ça. Par contre, il y a des enfants qui auraient besoin d’autres choses, des choses qui ne sont pas forcément proposées, mais par exemple, il y aurait des enfants qui auraient besoin de voir les consignes à l’ordinateur et de pouvoir répondre aussi par l’ordinateur. Ça peut favoriser chez certains élèves. Avec ou sans correcteur orthographique. Il y a des enfants, juste le fait de taper, ça les aide et ça les aide à se 114 relire. Et il y en a d’autres c’est vrai que le correcteur orthographique peut quand même aider parce qu’à force qu’on souligne et qu’on met en évidence un mot qui est faux , l’enfant peut petit à petit oublier le correcteur, mais à force qu’on lui signale un mot qui est faux… et bien voilà. Alors que quand il n’a pas le correcteur, et bien sa faute passe inaperçue en fait. Donc, il y a ce genre de choses, il y a aussi des enfants qui ont besoin d’être mis tout devant dans un test, déjà pour que les copains soient derrière et ne pas être déconcentré et pour pouvoir rester bien attentif durant le test. Ou alors on peut imaginer un type de test où il y aurait des consignes au tableau ou au rétroprojecteur, puisqu’on sait que pour les enfants dyslexiques, c’est très difficile de passer d’un plan vertical à l’horizontal. Alors, par exemple, pour ces enfants là, d’avoir les consignes eux, sur un papier, sur leur table, ça peut aider. Pareil, dans des dictées, des dictées de phrases, plutôt que de demander à un enfant de lui dicter toute la phrase alors que ce qu’on a envie c’est qu’il sache écrire tel mot, c’est de faire pour lui, un texte à trous, avec les mêmes phrases que les copains, mais au lieu de devoir focaliser son attention sur toute la phrase, qu’il n’ait plus qu’à placer le mot en lacune en fait. C’est des petites choses comme ça en fait, mais ça ça dépend des enfants en fait. Il y a des enfants qui ont moins de mots de vocabulaire pour être sûr au moins qu’ils arrivent à retenir six mots par exemple, plutôt qu’ils n’en retiennent pas du tout quinze. Au moins, on se dit, s’il arrive à retenir six mots de vocabulaire par semaine, c’est déjà ça de gagner car si on en donne quinze, il n’en retiendra aucun. S: Et puis, vous par rapport à ce que vous avez vu un peu dans la pratique, sur le terrain, ces aménagements sont-ils faciles à mettre en place pour les enseignants, est-ce qu’ils le font ? L: Je pense qu’il y a déjà une grande différence primaire-secondaire. Je pense qu’au primaire, il n’y a aucun souci. Je crois que la grande majorité des enseignants…. Je ne dirais pas que c’est difficile à mettre en place, mais il faut faire l’effort de le faire vraiment. Et puis, ils cherchent des moyens pour y arriver, pour se donner les moyens d’aider l’enfant et que ça se passe bien…. je pense vraiment que la grande majorité le font, maintenant voilà, comme dans toutes les professions, il y a des exceptions, mais je veux dire, je crois vraiment que c’est comme ça. Et puis maintenant, au secondaire, on voit plus clairement la différence d’un enseignant à un autre. Je crois qu’on peut pas dire que c’est une majorité, il y a vraiment deux types d’enseignants. Il y a vraiment une partie d’enseignants qui va aussi essayer de faire l’effort de donner des moyens, de se dire, moi ce qui compte c’est que j’aide cet élève à aller au mieux et puis de mettre tous les moyens en œuvre pour ça. Et puis, il y a une autre partie d’enseignants qui ont très très peur, je trouve, de faire de la disparité. De cette espèce d’injustice et qui considèrent ces aides que peuvent avoir les enfants dyslexiques comme une injustice et de dire : « Ouais, mais bon ok, un enfant dyslexique a droit a plus de temps, mais finalement, cet enfant qui est là, qui n’est pas dyslexique, peutêtre qu’il arriverait mieux si aussi il avait plus de temps ». Il disent ainsi que ce n’est 115 pas juste. Ce côté « c’est pas juste ! », ça ça se trouve beaucoup plus du côté des enseignants du secondaire. Euh, aussi, à L., y a pas de VSB9. Je sais que moi j’ai des enfants qui sont dyslexiques et qui passent en B, et que moi je continue de suivre ici et qui sont par exemple à P., et je sais qu’il y a beaucoup, par exemple, dans les enseignants de P.…. là aussi, parce que des fois, les directives ne sont pas les mêmes, il y a peut-être moins de demandes qu’on suive justement les enfants dyslexiques à P., en tout cas jusqu’à présent. Et comme ils sont en B, il a beaucoup d’enseignants qui ont un discours de dire « Puisqu’il est en B, il n’a pas le droit ! Et puis sinon, ma foi c’est s’il arrive pas en B comme ça, s’il tient pas comme ça, il n’a pas sa place en B. » Ce qui n’est pas juste non plus, parce qu’un enfant dyslexique peut être très intelligent et être tout à fait capable d’être en B, à condition qu’on lui propose du soutien. Mais j’ai beaucoup plus de réticence effectivement avec les enfants qui sont en B qu’avec les enfants qui sont dans les autres voies. Juste pour revenir sur ce côté d’injustice, car c’est c’est quelque chose que je peux comprendre à la fois de la part de l’enseignant qui se dit que c’est injuste, mais en même temps, je dis souvent aux enseignants que ouais, mais un enfant qui s’est cassé la jambe en camp de ski, il aura le droit de prendre l’ascenseur, par exemple, il aura la clé spéciale dans le collège pour pouvoir monter au troisième étage du collège avec l’ascenseur. Et puis là aussi, finalement, on pourrait aussi dire « mais les autres aussi iraient plus vite en ascenseur, ceux qui ont leurs deux jambes, ça pourrait être pratique, ça pourrait être agréable, ils seraient plus vite en haut ! » Mais là, la question ne se pose pas, on ne vient pas dire, mais là c’est pas juste qu’il ait la clé de l’ascenseur. Et finalement, les enfants dyslexiques, c’est pareil. Donc c’est vrai qu’un autre enfant, il arriverait probablement mieux avec plus de temps et si on lui lit les consignes, mais finalement l’enfant dyslexique, il part avec un handicap, il part avec une jambe cassée. Donc pourquoi encore appuyer sur la jambe qui fait mal ? S: C’est vrai que c’est moins flagrant que l’exemple de l’ascenseur. L: Mais finalement c’est vrai que ça ressemble quand même. Donc finalement, du coup, de ne pas faire ça, je trouve que c’est aussi ne pas prendre en compte que la dyslexie peut être un handicap vraiment spécifique et que ces enfants-là, par ailleurs, si on leur donne juste ces petites aides, ils peuvent vraiment montrer des compétences qui sont égales à leurs copains. Il s’agit pas d’aider un enfant qui aurait des compétences inférieures à avoir les mêmes compétences. Finalement, il s’agit juste qu’un enfant dyslexique puisse montrer ses compétences réelles. Ce qu’il ne peut pas faire, si on ne le soutient pas. S: Et puis, pour ma dernière question, je voulais savoir en fait, à la maison qu’est-ce que les parents eux pourraient faire pour aider leur enfant dyslexique ? Est-ce qu’ils pourraient déjà faire quelque chose ou…. ? 9 Dans le canton de Vaud, les élèves, à 12 ans, sont orientés dans 3 sections différentes en fonction de leur niveau : Voie Secondaire à Options, Voie Secondaire Générale, Voie Secondaire Baccalauréat. 116 L: Alors, oui, de toute façon, c’est vrai qu’il y a beaucoup de parents qui soutiennent à la maison. Mais ça, de nouveau, c’est vraiment très très différent d’un enfant à l’autre. Il n’y a pas de généralité, je sais qu’il y a pour certains enfants qui ont justement beaucoup de peine à retenir des mots de vocabulaire par exemple, chez les plus petits. On montre déjà des techniques pour apprendre plus facilement, pour qu’ils le retiennent à long terme et puis qu’ils n’oublient pas au fur à mesure, et ces techniques là, on les montre en séance, on les montre souvent parfois aussi aux parents, puis on leur dit « voilà quand il apprend son voc à la maison, utilisez cette technique là. Et ne le faites pas par exemple, copier son vocabulaire, lettre à lettre à la maison. » Ou avec un enfant dyslexique on sait bien que ça sert à rien de dire par exemple, « ok, on va lire ton voc une fois, et puis tu viens et je te questionne. » Ça va servir à rien. Ou de lui dire justement « copie ton voc une fois et puis après tu viens vers moi. » Non, justement, l’enfant va copier son voc lettre à lettre, il va absolument pas retenir le mot, ni les difficultés, donc il y a vraiment une manière de demander à l’enfant de cacher le mot, d’essayer de se l’imaginer dans la tête, d’essayer de le voir déjà écrit, de voir les difficultés qu’il y aurait, d’essayer d’écrire sur une feuille de papier, de comparer avec. Voilà, c’est une technique qui prend plus de temps au départ en tout cas, mais qui est plus efficace. Et ça on la montre aux parents par exemple. On leur propose de faire ça. Après tout dépend, dans les dyslexies, y a des enfants qui ont par exemple des mauvaises compétences visuelles, de perception visuelle, donc souvent à la maison on propose de faire aux parents, à la maison, des petits jeux… on leur propose toute une série de jeux, soit à acheter, parfois, même dans le commerce. On trouve plein de jeux qui favorisent ça. Ou alors on leur propose des petits exercices qu’ils peuvent faire pour améliorer. Pareil pour le côté auditif, ceux qui ont plus le côté auditif qui pêche, on peut proposer parfois aux parents de faire…voilà…de faire certains exercices qui …. y a pleins de choses qui sont très ludiques et pas trop rébarbatifs qu’ils peuvent faire parfois même en voiture, des jeux sur les sons, des choses comme ça. Ce qu’on propose, c’est jamais des devoirs, c’est jamais « vous faites ça pour la semaine prochaine. » C’est toujours « voilà ce que vous pouvez faire par exemple quand vous vous en sentez l’envie. » S: C’est intégré dans le quotidien, des petites choses comme ça… L: Exactement, et puis, pareil que pour les enseignants, je dirais, y a des parents qui sont très preneurs, qui font beaucoup, qu’il faut parfois même freiner. Et puis, il y a des parents qui disent « oui » et puis qui ne font pas. Voilà donc ça bon… S: Ok, voilà, bon moi c’est tout bon. L: C’est tout bon. 117 Annexe 3 : Questionnaire pour les enseignants Les aménagements pédagogiques pour les élèves présentant une dyslexie Dans le cadre de notre Mémoire de Maitrise en éducation spéciale à l’Université de Genève, nous souhaitons savoir quels aménagements pédagogiques sont utilisés ou sont prêts à être utilisés pour aider les élèves présentant une dyslexie. Les données récoltées seront traitées anonymement et de manière collective. Nous vous demandons de bien vouloir répondre aux questions suivantes le plus sincèrement possible et nous vous remercions d’avance de votre collaboration. Sandra Felber et Julie Michel PARTIE 1 : Données personnelles Sexe : Femme Homme Âge : Degré actuel d’enseignement : …………………………….. Préciser le nombre d’années d’enseignement dans ce degré : …………………………….. Degrés précédents d’enseignement (préciser le nombre d’années) : ………………………………………….... Année(s) d’expérience dans l’enseignement : ………………………………….. Formation initiale reçue (précisez l’année et le lieu) : ……………………………………………………………………………………………………………………………………………… PARTIE 2 : Connaissances sur la dyslexie 1. Avez-vous suivi des cours sur la prise en charge de la dyslexie à l’école pendant votre cursus initial de formation ? Oui Non 2. Avez-vous déjà suivi une formation continue sur la dyslexie ? Oui Non En quelle année ? ………………………….. Nature de la formation : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 118 3. Donnez votre accord ou désaccord sur les affirmations suivantes : La dyslexie est un trouble d’origine génétique La dyslexie est un trouble neurologique La dyslexie est associée à la déficience intellectuelle Il existe différentes formes de dyslexie La dysorthographie est toujours associée à la dyslexie Pour poser le diagnostic de dyslexie, l’enfant doit avoir au minimum 6 mois de retard sur le niveau attendu en lecture. Le repérage ne peut se faire que par un-e psychologue Le repérage peut être effectué par un-e enseignant-e Le diagnostic peut être posé par un-e enseignant-e La dyslexie est un trouble spécifique des apprentissages La dyslexie peut être d’origine psycho-affective Les difficultés de décodage sont les seules difficultés que rencontre l’élève présentant une dyslexie. Vrai Vrai Vrai Vrai Vrai Faux Faux Faux Faux Faux Vrai Vrai Vrai Vrai Vrai Vrai Faux Faux Faux Faux Faux Faux Vrai Faux PARTIE 3: Pratiques en classe 1. Avez-vous déjà eu dans votre classe un élève présentant une dyslexie ? Oui Non 2. Voici une liste d’aménagements pédagogiques proposés aux élèves présentant une dyslexie. Les connaissez-vous ? Les avez-vous déjà mis en place ou les mettriez-vous en place ? Les trouvez-vous faciles ou non à mettre en place en classe ? Aménagement Je le Je l’ai déjà mis ou je le mettrais en place…(cochez une des 3 propositions) connais Aides pédagogiques OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Réduire la quantité d’information dans les OUI NON consignes Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… Lire les consignes à haute voix OUI NON OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile 119 NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Ne pas demander à OUI l’élève de lire à haute NON voix devant toute la classe un texte qui n’a pas été préparé Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… Evaluation ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile OUI Laisser à l’élève plus de NON temps pour effectuer ses évaluations OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile OUI Diminuer la quantité NON de travail demandé OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Utiliser un barème différencié (fond vs forme) OUI NON OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile 120 NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Ne pas prendre en OUI compte les erreurs NON d’orthographe si ce n’est pas l’orthographe qui est évaluée OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Proposer une dictée à choix multiples où OUI l’enfant coche le mot NON correctement orthographié parmi plusieurs propositions OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Proposer une dictée à OUI trous au lieu d’une NON dictée ordinaire OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… Appuis ………………………………………………………………………………………………………………… Proposer un-e élève tuteur sans problème OUI de langage qui prenne NON en charge le décodage à la place de l’autre OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile 121 NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Proposer un-e élève tuteur sans problème OUI de langage qui prenne NON en charge l’orthographe à la place de l’autre OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… Problème d’attention OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Fractionner les tâches demandées selon leur OUI coût NON attentionnel (alterner les tâches difficiles avec des tâches qui nécessitent moins d’attention soutenue) OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile OUI Dans la classe, installer NON l’élève à côté d’un-e élève calme pour favoriser son attention OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… Matériel ………………………………………………………………………………………………………………… Adapter les supports écrits en utilisant une police adaptée de taille OUI suffisamment grande NON avec des lignes espacées OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile 122 NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Éviter les documents surchargés OUI NON OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Mettre en évidence les éléments importants OUI d’un texte en les NON soulignant, surlignant, en les mettant en caractère gras… OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Accompagner le plus souvent les supports écrits de schémas synthétiques ou de dessins OUI NON OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Fournir à l’élève une photocopie des cours ou devoirs au lieu de lui demander de les copier OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : OUI NON Très facile Facile Difficile Très difficile 123 NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Permettre à l’élève d’utiliser un ordinateur OUI avec un logiciel de NON synthèse vocale et/ou un correcteur orthographique OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Autoriser l’élève à avoir des aides OUI mnémotechniques sur NON les règles orthographiques importantes ( = un mémento ou aidemémoire) OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… Travail à la maison OUI Je l’ai déjà mis en place et je trouve sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile Privilégier la qualité du OUI travail plutôt que la NON quantité produite OUI Je le mettrais en place et je juge sa mise en place en classe : Très facile Facile Difficile Très difficile NON Je ne l’ai pas mis en place ou je ne le mettrais pas en place en classe parce que ……………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………… 124 3. Mettiez-vous ou mettriez-vous en place d’autres aménagements que ceux cités ici ? oui non Si oui lesquels ? …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… Si vous n’avez jamais eu un-e élève présentant une dyslexie, le questionnaire est terminé. Merci de votre coopération à notre mémoire. Dans le cas contraire, merci de répondre à la dernière question. 4. Comment qualifieriez vous ces années avec cet-te(ces) élève(s) présentant une dyslexie ? (positionnez-vous sur l’échelle en entourant le chiffre correspondant) Normales Plus difficiles 1 2 3 4 Même travail Travail supplémentaire 1 2 3 4 Compétent-e face à l’élève 1 Démuni-e face à l’ élève 2 3 4 Aides externes Débrouillardise 1 2 3 4 Enrichissement Pas d’enrichissement 1 2 3 4 Merci de votre coopération. 125 Annexe 4 : Autorisation des parents pour l’entretien avec leur enfant Sandra Felber [email protected] Julie Michel [email protected] Genève, le 26 avril 2012 Chers parents, Étudiantes à la Faculté des sciences de l’Éducation de l’Université de Genève, en Maîtrise en éducation spéciale, nous menons actuellement une recherche qui porte sur les aménagements pédagogiques à mettre en place pour offrir les meilleures conditions d’apprentissage aux élèves présentant un dyslexie développementale à l’école primaire en classe ordinaire. Cette étude visera à interroger des logopédistes, des enseignants et des enfants présentant une dyslexie développementale sur la question des aménagements pédagogiques. Cette étude nous permettra de comprendre pourquoi certains de ces aménagements sont mis en place en classe et pourquoi d’autres ne le sont pas. Elle nous permettra également de savoir si les élèves présentant une dyslexie/dysorthographie développementale jugent utiles ces aménagements, s’ils en bénéficient, et s’ils souhaiteraient voir mis en place autre chose. C’est pourquoi nous vous sollicitons : en effet, nous souhaitons interroger au moins quatre élèves scolarisés à l’école primaire en classe ordinaire pour notre recherche. Pour mener à bien ce projet, nous avons besoin de l’aide de parents qui autoriseraient leur enfant à participer à cette recherche et que l’on pourrait interroger lors d’un entretien. Conformément au code d’éthique concernant la recherche au sein de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation de Genève, nous nous engageons à ne publier aucune donnée mettant dans le domaine public des informations touchant à votre sphère privée. L’anonymat de tous les élèves impliqués dans cette recherche sera totalement respecté ; aucun prénom, nom de famille ou nom d’école ne sera divulgué. Nous sommes évidemment à votre écoute si vous avez des questions plus particulières à nous poser ; n’hésitez pas dans ce cas à prendre contact avec nous par mail – [email protected] ou [email protected] . Nous vous remercions par avance de remplir ce formulaire et de le laisser au cabinet ou de nous contacter directement par mail. Je soussigné ………………………………………… autorise mon enfant ……………………………………………………………. à participer à l’entretien. Date de naissance de vote enfant : ……………………………………………………………. Date de diagnostic de dyslexie : ……………………………………………………………. Votre adresse mail ou numéro de téléphone :……………………………………………………………. Signature : 126 Annexe 5 : Canevas d’entretien pour les élèves Sexe : Fille Garçon Âge : Degré : Redoublement ? Oui Non Introduction : 1. Expliquer à l’élève pourquoi on s’intéresse à lui, quel est le but de notre recherche 2. Lui demander dans quelle classe il est, combien il a d’élèves dans sa classe, quelle est son enseignant (le et se mettre à l’aise) 3. Demander à l’élève d’expliquer sa dyslexie Comment s’en est-on rendu-compte ? Que sait-il de la nature de sa dyslexie ? Quelles répercussions ce trouble a-t-il dans sa vie d’élève ? Que trouve-t-il difficile à effectuer en classe ? Qu’est-ce qui est le plus facile pour lui ? Quand est-il le plus gêné ? Aménagements pédagogiques : 1. Qu’est-ce que ton enseignant met en place pour t’aider ? Est-ce que cela t’aide ? 2. Qu’est-ce que ton enseignant pourrait faire d’autre pour t’aider ? 3. Penses-tu que ces aides te sont utiles pour contourner tes difficultés dues à ta dyslexie ? (faire justifier si non) Demander s’il a bénéficié de ces aménagements (il ne les a peut-être pas évoqués spontanément à la question 1) Aides pédagogiques -Réduire la quantité d’information dans les consignes -Lire les consignes à haute voix -Ne pas demander à l’élève de lire à haute voix devant toute la classe un texte qui n’a pas été préparé Évaluation : -Laisser à l’élève plus de temps pour effectuer ses évaluations -Diminuer la quantité de travail demandé -Utiliser un barème différencié (fond vs forme) -Ne pas prendre en compte les erreurs d’orthographe -Proposer une dictée à choix multiples où l’enfant coche le mot correctement orthographié 127 parmi plusieurs propositions -Proposer une dictée à trous au lieu d’une dictée ordinaire Appuis -Proposer un-e élève tuteur sans problème de langage qui prenne en charge le décodage à la place de l’autre -Proposer un-e élève tuteur sans problème de langage qui prenne en charge l’orthographe à la place de l’autre Problème d’attention -Fractionner les tâches demandées selon leur coût attentionnel (alterner les tâches difficiles avec des tâches qui nécessitent moins d’attention soutenue) -Dans la classe, installer l’élève à côté d’un-e élève calme pour favoriser son attention Matériel -Adapter les supports écrits en utilisant une police adaptée de taille suffisamment grande avec des lignes espacées -Éviter les documents surchargés -Mettre en évidence les éléments importants d’un texte en les soulignant, surlignant, en les mettant en caractère gras… -Accompagner le plus souvent les supports écrits de schémas synthétiques ou de dessins -Fournir à l’élève une photocopie des cours ou devoirs au lieu de lui demander de les copier -Permettre à l’élève d’utiliser un ordinateur avec un logiciel de synthèse vocale et/ou un correcteur orthographique -Autoriser l’élève à avoir des aides mnémotechniques sur les règles orthographiques importantes ( = un mémento ou aide-mémoire) Travail à la maison -Privilégier la qualité du travail plutôt que la quantité produite 128 Annexe 6 : Retranscription des entretiens avec les élèves Elève 1 : Etienne10 L : La logopédiste E : Etienne J : L’interviewer L : Alors expliquez-nous un peu votre recherche. J : Alors moi je suis étudiante en Master Éducation Spéciale à l’Université de Genève et on doit faire un Mémoire sur un sujet de notre choix. Je fais ce mémoire avec une amie et nous essayons de voir ce que les s mettent en place actuellement en classe pour aider les enfants qui présentent une dyslexie, voir ce qu’ils pourraient faire pour aider ces élèves encore plus, voir ce que les élèves en disent. On a donc interrogé 50 enseignants par questionnaire et on fait maintenant des entretiens avec des élèves présentant une dyslexie. L : D’accord super. Je fais quoi je vous laisse ? J : Comme vous voulez, je vais juste lui poser quelques questions, tu es d’accord ? E : Oui oui. J : Ok, alors j’enregistre, c’est juste parce que ça m’intéresse beaucoup ce que tu vas me dire mais personne l’entendra à part moi ok ? E : Ok. J : Alors ben tu as quel âge d’abord ? E : 12 ans. J : 12 ans ? Et tu es en quelle classe donc ? E : Euh 8 degré Harmos. J : Ok. Et alors à l’école comment ça se passe ? E : Cool (rires). J : Cool ? Ça va tu aimes bien? E : Ouais. J : Ouais, et il y a combien d’enfants dans ta classe ? E : Euh on est 19. 10 Prénom fictif 129 J : Ah ben ça va. Et tu as déjà redoublé ? E : Non pas encore J : Bien et tu as des bonnes notes ça va ? E : Oui J : Cool ! Et puis comment vous vous êtes rendus compte alors que tu avais une dyslexie ? Tu peux m’expliquer ? E : Euh alors c’est… on ne m’a jamais trop expliqué (rires). Je crois que c’est ma mère il y avait des fois où, je sais plus, je sais plus, je sais pas trop… L : Comment on s’est aperçu que tu avais une dyslexie ? E : Ben c’est maman qui… L : Où est ce qu’on s’en est aperçu déjà ? E : Ben avec les fautes d’orthographe, je crois que c’est ma mère avec les fautes d’orthographe ou comme ça. J : C’est aussi ton enseignante qui a dit aussi ? E : Non je crois que c’est ma mère. J : Et après tu es venu ici et tu as fait un bilan c’est ça ? E : Ouais. J : Et qu’est ce que tu peux me dire sur tes difficultés ? C’est quoi qui te pose problème alors ? E : Euh des fois c’est avec les p/b, par exemple je confonds. Maintenant je sais comment faire. J : Et l’orthographe tu fais des fautes c’est ça ? E : Ben oui quand je n’ai pas mes références mais autrement… fin normalement je regarde toujours. J : Ok. Et pour la lecture ? E : Pour la lecture ben ça va c’est normal. J : Tu arrives bien à lire alors. E : Oui. J : Ok. C’est juste pour l’écriture que tu as un petit peu de mal des fois ? 130 E : Ouais. J : Ok. Et puis c’est dur des fois dans la vie de tous les jours, quand tu dois écrire des trucs ou c’est juste à l’école que ça pose problème ? E : Non parce que des fois quand je dois écrire, ben là avec le carnet de voyage que j’ai fait cet été, des fois j’écrivais un peu n’importe quoi parce que je ne savais pas trop comment ça s’écrivait. J : Mais toi tu arrives à te relire quand tu écris ? E : Ouais J : Et les autres ils n’arrivent pas bien à te lire ? E : Je ne sais pas, pas trop. J : Ok. Et en classe qu’est ce qui est le plus difficile pour toi alors ? E : Les matières ? J : Je sais pas en général, pour faire quoi tu as un petit peu de mal ? E : En français. J : C’est plutôt la lecture ou l’écriture ? E : La lecture ça va, quand on entend un texte ou on lit un texte avec des questions ça c’est bon mais après c’est quand on doit répondre aux questions, écrire, français conjugaisongrammaire ou je n’arrive pas. J : Ok. Et tu es gêné des fois en classe ou ça va ? E : Non c’est bon. J : Tes copains ils savent ? E : Ouais tout le monde sait. J : Et ça te gène pas ? E : Non, fin ça va. J : Ok. Et alors ton enseignante qu’est ce qu’elle fait pour t’aider, qu’est ce qu’elle a mis en place ? E : Ben des fois j’utilise du temps en plus, quand je n’ai pas trop terminé il me faut du temps. J : Dans les évaluations ? 131 E : Ouais dans les évaluations. Elle relit, enfin par exemple elle vient me voir pour voir si j’ai bien compris les consignes, je dois lui reformuler ce que j’ai compris, et après à la fin elle relit encore pour voir si j’ai bien compris les consignes. J : Oui pour vérifier que tu ais compris. E : Ouais. J : Et pour l’orthographe alors tu as quoi ? Tu m’as dit que tu avais des références, c’est quoi ? E : Ça dépend on a le choix, des fois on a le droit au dictionnaire. (Le sort de son sac). Mais je ne crois pas que j’ai le droit à celui là pour les évaluations, on m’a dit non, Christine m’a dit non. J : Ah c’est un dictionnaire électronique c’est ça ? E : Oui. J : Et alors tu tapes le mot et s’il est faux ça te corrige tout seul, c’est ça ? E : Oui ça fait correction. J : Ah ouais c’est cool ça ! Et ça tu n’as pas le droit alors pour les évaluations ? E : Ben Christine m’a dit « non » mais, je ne sais pas… L : Normalement oui… J : Et tu t’en sers beaucoup de ça ? E : Oui, quand je dois chercher des trucs oui. J : Ok. Et puis elle fait quoi d’autre ton enseignante ? Tu saurais me dire ou tu ne sais pas trop ? E : Euh je ne sais pas. J : Tu ne sais pas ? Alors je vais te proposer des trucs et tu vas me dire si elle fait ou si elle ne fait pas avec toi ok ? E : D’accord. J : Alors est ce qu’elle met moins d’informations dans les consignes ? E : Pour moi ? Non, c’est exactement la même chose que les autres. J : Mais elle te les lit à haute voix c’est ça que tu m’as dit ? E : Non elle me les lit pas à haute voix elle vérifie juste si j’ai compris. 132 J : Ah ok. Donc tu dois lui dire ce que tu as compris et puis elle te dit si c’est ok ou pas c’est ça ? E : Oui voilà. J : Et est ce qu’elle te fait lire devant toute la classe des fois ? Ou alors que quand tu as préparé ton texte à la maison d’abord ? E : Euh non. J : Tu ne lis pas devant toute la classe ? E : Non J : Et les autres ils lisent devant toute la classe ou c’est pour tout le monde ? E : Non c’est pour tout le monde, chacun pour soi on lit. J : Ok. Et donc pour les évaluations, elle te laisse plus de temps tu m’as dis, est-ce qu’elle te donne moins de travail aussi ? E : Non non c’est exactement la même chose. J : C’est la même chose mais tu as plus de temps. E : Oui. J : Et le barème c’est le même, les points ? E : Oui c’est pareil. J : Ok. Et est-ce qu’elle compte les fautes d’orthographes quand tu en fais dans l’évaluation ? E : Euh oui. Ben là pour les évaluations cantonales elle met juste un trait pour dire que c’est faux. J : Et ça t’enlève des points ou pas ? E : Ouais ça enlève des points dans les épreuves cantonales. J : Si tu en fais trop ? E : Ben ça dépend combien de points, là aux épreuves cantonales si on a fait 0 faute d’orthographe et 1 faute on a 2 points, si on a fait 2 à 3 fautes c’était 1 point et après plus que 4 fautes ben c’est 0 point. J : Ok. Et puis est ce qu’elle fait parfois des dictée ou toi tu n’écris pas tout tu écris que dans des trous par exemple ? E : Ben elle faisait des dictées mais là elle en fait plus trop, mais non c’était exactement comme les autres. 133 J : Ok. Et puis est ce que des fois il y a un camarade de classe qui t’aide, qui corrige tes fautes ? E : Euh non mais des fois elle fait pour tout le monde. Des fois, par exemple, on a fait un exercice, après on se corrige chacun les fautes. J : Ah elle fait ça pour tout le monde alors, tout le monde corrige les fautes ? E : Ben c’est pas dans tous les exercices. J : Ah c’est pas tout le temps ? E : Non c’est que quelquefois dans des exercices. J : Ok. Donc des fois il y en a qui viennent te corriger mais c’est tout le monde qui se corrige, c’est pas que pour toi. E : Oui voilà. J : Et puis des fois est-ce qu’elle fait attention de faire des exercices difficiles pour toi et après mettre un truc un peu plus facile ? E : Non je fais exactement le même chose. J : Tu fais comme tout le monde. E : Ouais. J : Et puis est ce que dans la classe elle t’a installé un peu devant ou à côté de quelqu’un qui t’aide ? E : Ben moi j’ai demandé d’être devant pour que je vois mieux au tableau, mais je ne suis pas devant au premier rang, je suis au deuxième rang. J : Et puis elle t’a mis tout seul ou pas ? E : Non enfin là en ce moment oui, mais apparemment c’est chacun son tour. J : Ah ok. Et ça t’aide d’être devant ? E : Ben je vois un peu mieux pour le tableau parce que derrière on ne voit pas trop bien. J : Et puis ça t’aide à te concentrer un peu non ? E : Euh non. J : C’est juste pour voir ? E : Oui c’est juste pour voir. J : Tu portes tout le temps tes lunettes ? Tu ne vois pas très bien sans ? 134 E : Euh je vois mais après j’ai les yeux qui fatiguent et je m’endors assez vite (rires). J : Et puis tu as mal à la tête en plus non ? E : Oui je suis migraineux. J : Et puis quand elle te présente un exercice, est-ce qu’elle fait attention à comment elle écrit pour que ce soit bien lisible pour toi ? E : Ben non elle fait comme pour tout le monde, c’est écrit en gras un peu. J : En gras ? E : Ouais. J : Elle fait pour tout le monde elle écrit en gras, elle écrit avec une police qui est bien ? E : Oui qui est bien. J : Et puis est-ce qu’elle évite de faire des documents où il y a trop de chose, elle essaye d’espacer ? E : Euh non je ne crois pas… J : Ou elle fait peut être ça pour tout le monde. E : Ouais. J : Donc tu as dit qu’elle mettait en gras. Est-ce que dans les textes elle met des choses en évidence ou elle souligne ? E : Pour ce qu’on doit répondre ? J : Oui pour que vous voyez mieux. E : Ben oui ça elle fait pour tout le monde, pour savoir. J : Ok pour tout le monde. Elle fait comment alors ? E : Elle met en gras bien noir pour qu’on voit les choses importantes. J : Ok. Et puis est ce que des fois elle fait des dessins ou des schémas pour vous aider ? E : Ben en maths ouais mais pas en français. J : Ok. Et pour les devoirs est ce qu’elle te demande de les copier ou elle te donne des photocopies ? E : Euh ben en fait les devoirs on les copie tous dans le carnet et puis aujourd’hui elle nous a expliqué comment il fallait faire et puis voilà. Mais moi je comprends un peu près tout donc ça va. 135 J : Et tu arrives bien à copier ? Tu fais des fautes ou ça va ? E : Non, je vérifie que je n’ai pas de fautes. J : Ok donc elle ne donne pas de photocopies, vous copiez chacun vos devoirs sur votre carnet c’est ça ? E : Ouais. J : Et parfois tu as le droit à l’ordinateur ou alors juste au dictionnaire électronique ? E : Non juste à ça. J : Ok. Et tu l’as depuis longtemps ? E : Euh cette année, début de cette année, au mois de septembre. J : Ok. Et c’est la logopédiste qui a dit que tu devais avoir ça ou c’est comment ? E : Ben c’était les aménagements que je devais avoir. J : Ok. Donc tu as quoi comme aménagement ? Tu as ça, quoi d’autre ? E : J’ai le droit à plus de temps, elle vérifie pour les consignes mais après… (rires) J : C’est déjà bien, ça t’aide bien ? E : Ouais. J : Et qu’est ce qu’elle pourrait faire d’autre pour t’aider encore plus tu penses ? E : Euh je ne sais pas trop (rires) J : Tu vois d’autre chose ou c’est déjà bien pour toi ? E : Non pas grand-chose, c’est déjà bien pour moi. J : Et tu as des meilleures notes depuis que tu as ces aménagements ? E : Non c’est toujours un peu les mêmes. J : Mais ça se passe mieux non ? Tu aimes mieux aller à l’école ? E : Ben l’école c’est parce qu’on a les copains (rires). J : Ok. Et puis pour les devoirs tu as les mêmes que tout le monde ? E : Ouais. J : Ok. Et puis est ce qu’elle t’autorise à avoir des aides mémoire ? E : Ça on peut prendre nous-même. 136 J : Ah vous pouvez tous prendre ? E : Oui. Mais comme moi j’essaye de bien comprendre la journée alors comme ça le soir je peux bien comprendre sans aide mémoire. C’est que des révisions donc c’est bon. J : Ok. Tu as d’autres trucs à me dire ou c’est tout bon tu crois ? E : Je crois que c’est tout. J : Ok ben merci beaucoup alors de m’avoir dit tout ça, c’est très gentil à toi et ça va m’aider. E : De rien. La logopédiste rajoute après l’entretien qu’il aurait dû avoir le droit d’utiliser le dictionnaire électronique pendant les évaluations, que ce n’est pas normal. Elle dit aussi que sa mère s’est beaucoup battu et se bat encore pour que son fils puisse avoir des aménagements, que ce n’est pas facile à obtenir et que les enseignants sont encore assez réticents quand ils sont face à cette situation, même s’ils sont peut être plein de bonnes volonté au début. Elle complète aussi ce que nous a dit l’élève en disant que c’est seulement depuis cette année qu’il n’est plus dérangé par le regard de ses camarades mais que avant il n’osait pas trop en parlé et avait peur de sortir son dictionnaire électronique. C’est sa 4 année de logopédie (une séance de 45 min par semaine) et tout se passe très bien pour lui à l’école, il a de très bonnes notes et elle ne se fait pas de soucis pour la suite, les aménagements vont être prolongés au cycle. 137 Elève 2 : Lola11 L : Lola J : L’interviewer J : Voilà. Alors en fait moi je fais un travail pour mon école, je suis à l’université, et puis on fait un travail sur la dyslexie, on regarde ce que les enseignants pourraient mettre en place pour aider les élèves et puis ce que les élèves en disent, s’ils aimeraient qu’on mette en place d’autres choses etc. L : Ok. J : Alors tu as quel âge ? L : J’ai 11ans je vais avoir 12ans J : Ok. Et tu es en quelle classe alors ? L : 8P J : Ok 8P, ça veut dire que tu passes au cycle l’année prochaine non ? L : Ouais J : Ok. Et tu as déjà redoublé ? L : Non. J : Non ok. Combien il y a d’élèves dans ta classe ? L : Euh un peu près 21-22 ou comme ça. J : Ah ok. Et comment alors vous vous êtes rendu compte que tu avais une dyslexie ? L : Euh je ne sais pas très bien… C’est ma maman ben à chaque fois ils pensaient que c’était moi, que j’avais un manque de travail ou que je n’avais pas de volonté de faire les choses. Et après je pense qu’on est allé chez quelqu’un… Déjà on est allé pour les yeux parce que comme je suis un peu myope et on est allé vers plein de gens, une logopédiste déjà, et ils nous ont dit que j’avais de la dyslexie. J : Ok. Et c’est à quel âge que vous vous êtes rendus compte de ça ? L : Ça doit pas être il y a très longtemps, genre 2-3 ans ou comme ça. J : Tu étais en quelle classe alors ? L : 4, enfin l’ancien 4. J : Ok. Et c’était quoi tes difficultés alors ? 11 Prénom fictif 138 L : Ben maintenant c’est par exemple quand je regarde un problème, je m’imagine très bien un raisonnement dans ma tête mais après quand je le réécris je n’arrive pas, à écrire comme j’avais pensé dans ma tête. Alors bon des fois quand j’écris des textes, et que je me déconcentre un peu, ou pas forcément, des fois je suis très concentré, il y a par exemple le B et le P j’inverse. J : Ah ok. Et tu fais des fautes d’orthographe ? L : Ouais. J : Mais tu écris normalement, tu n’as pas de problème d’écriture sinon, c’est juste que tu fais des fautes parfois et tu ne sais pas trop comment ça s’écrit c’est ça ? L : Oui voilà. J : Et pour la lecture ? L : Ben pour la lecture je m’y mets, fin quand je lis dans ma tête je lis bien et tout, d’un trait mais quand je lis à haute voix des fois je dois prendre mon doigt et tout parce que sinon je n’arrive pas bien à suivre. J : Oui tu sautes des lignes par exemple ? L : Oui. J : Et dans ta vie de tous les jours ça te gène ? L : euh ça va… J : C’est juste à l’école que ça te dérange ? L : Ouais. J : Ok. Et vis-à-vis de tes camarades est ce que tu es gêné ou ça va à l’école ? L : Ben ça dépend parce que moi j’ai une aide c’est que j’ai un dictionnaire électronique, je ne suis pas la seule dans ma classe il y a 2 autres aussi qui en ont un… J : Dans ta classe ? L : Ouais. Mais parce que c’est pour m’aider et tout mais il y a souvent des gens qui demande en fait pourquoi j’en ai un, si je devrais pas plutôt utiliser un dictionnaire normal pour justement augmenter, fin que j’arrive mieux à chercher dedans que un dictionnaire électronique ou après j’arrive plus à chercher dans un dictionnaire normal… J : Et les 2 autres qui en ont un dans ta classe ils ont aussi une dyslexie ? L : Ouais. J : Vous êtes plusieurs dans ta classe alors. 139 L : Oui. J : Ok. Et le dictionnaire électronique ça t’aide alors ? L : Oui oui. J : Et c’est mieux que de chercher dans un dictionnaire non pour toi ? Parce que si tu ne sais pas comment ça s’écrit tu ne peux pas chercher dans le dictionnaire c’est ça le problème ? L : Ouais. J : Et ce qui est facile pour toi alors ? La lecture ça va un peu près tu m’as dit, c’est juste quand tu dois écrire c’est ça ? L : Ouais. J : Et ton enseignante elle met quoi alors en place pour toi ? Tu as le dictionnaire et tu as quoi d’autre ? Qu’est ce qu’elle fait pour vous aider ? L : On a le droit à des stabilos pendant l’épreuve si jamais pour souligner dans la consigne, on est isolé… J : C'est-à-dire isolé ? L : Ben moi déjà ce que je n’aime pas trop c’est qu’elle m’a mis à côté de son bureau, par exemple ça c’est son bureau et là il y a mon bureau. Et là elle a des piles de choses qu’elle a empilées et moi je ne la vois pas du coup… J : Du coup tu es tout devant le tableau ? L : Ouais. Et des fois à cause de la pile je vois pas ce qui est écrit au tableau si elle n’enlève pas ses piles… J : Ah… Et tu lui as dit ? L : Oui on lui a dit mais elle n’a toujours pas enlevé sa pile… J : Et les autres qui ont une dyslexie ils sont aussi devant comme toi ? L : Oui mais eux ils n’ont pas de pile devant eux… J : Ok. Et puis elle fait quoi d’autre pour vous aider ? L : Ben c’est tout je crois… Enfin quelques fois elle nous donne 5-10 minutes en plus mais pas tout le temps. J : Pour les épreuves ? L : Oui. J : Mais pas toujours ? 140 L : Non. J : Ok. Alors maintenant moi je vais te dire plein d’aménagements qu’on peut faire pour les élèves et toi tu vas me dire si ta maitresse elle le fait ou pas et si ça pourrait t’aider ok ? L : Ok. J : Alors est ce qu’elle réduit la quantité dans les consignes, elle fait des consignes plus courtes ? L : Non elle laisse les consignes normales. J : Ok. Et ça t’aiderait si elle le faisait ? L : Ça va franchement les consignes je trouve qu’elles sont assez courtes quand même. J : Ok. Et est ce qu’elle vous lit les consignes à haute voix ? L : Non. J : Elle vérifie que vous ayez compris les consignes ? L : Ben avant elle le faisait, maintenant elle le fait plus mais elle venait vers moi et elle me demandait juste si j’avais compris ou pas… J : Ok. Elle te demandait pas de reformuler ou… L : Non. J : Ok. Et est ce que des fois elle vous fait lire à l’oral devant toute la classe ? L : Euh cette année non pas trop parce qu’on lit plus trop de livres mais les années en arrière oui. J : Tu lisais devant toute la classe ? L : Ouais. J : Et elle te faisait préparer le texte avant ou non juste comme ça ? L : Non c’est par exemple on avait un livre et puis on lisait des chapitres et chacun notre tour on lisait un paragraphe ou une page. J : Ok. Et ça ça allait pour toi ? L : Ouais. J : Ok. Euh est ce qu’elle vous laisse plus de temps pour les évaluations tu m’as dit oui des fois ? L : Un petit peu… 141 J : pas souvent ? L : Non. J : Ok. Est-ce qu’elle met moins de travail dans les évaluations pour vous ? L : Non pas du tout. J : Vous avez le même travail que les autres ? L : Ouais. J : Est-ce qu’elle fait un barème différent ? L : Non plus. J : Elle prend en compte les erreurs d’orthographe, ça vous enlève des points quand vous faites des fautes dans les épreuves ? L : Oui, tout compte, comme tout le monde. J : Et vous faites des dictées comme tout le monde ou elle vous fait des dictées à trous ou… L : Non comme tout le monde tout le temps. J : Ok. Et les dictées c’est difficile pour toi ? L : Non ça va les dictées, c’est plutôt une page ou 2-3 paragraphes à apprendre. J : Ah c’est des dictées que vous devez préparer à la maison c’est ça, il faut apprendre c’est ça ? L : Oui voilà. J : C’est jamais des dictées que vous n’avez pas préparés ? L : Non. J : Ok. Et est-ce que parfois tu as tes camarades qui viennent t’aider, soit pour lire ou soit pour écrire ? L : Non. J : Ok. Elle fait attention tu pense d’alterner des tâches un peu difficile pour toi avec de l’écriture avec des tâches ou c’est plus facile ? L : Oula non non (rires). J : Et donc tu m’as dit que tu étais devant, tu as personne à côté de toi alors ? L : Ben en fait généralement on est soit par 2 soit tout seul. Ceux qui ne peuvent pas être par 2 parce qu’ils parlent trop ou n’arrivent pas bien ils sont isolés tout le temps. Et quand on n’a 142 pas la place ou on doit faire des épreuves ben ils nous mettent pas 2 mais sinon le reste de la semaine on est tout seul. J : Ok donc des fois tu as quelqu’un à coté de toi mais rarement. Et toujours tout devant ? L : Oui. J : Ok. Et quand elle vous donne un exercice est ce qu’elle fait attention à comment elle écrit, pour que vous puissiez bien lire, par exemple elle met différentes couleurs pour que ce soit plus facile pour vous de lire ou… L : Alors les épreuves généralement les exercices qu’elle nous donne c’est toujours en noir et blanc, elle met jamais de couleur ni rien mais non généralement c’est soit il y a une consigne qui a été un peu effacée par l’imprimante alors elle essaye de nous redonner les mots qui manquent… J : Elle ne fait pas spécialement attention à mettre par exemple des lignes bien espacées pour que vous sautiez pas une ligne ou… L : Ah non pas du tout ! J : Ok. Et sinon est ce qu’elle souligne des éléments importants ou elle met en gras des choses ? L : Oui je dirais plus qu’elle les met en gras. Ou alors des fois elle nous demande de prendre un stabilo et de souligner. J : Ok. Et puis est ce que des fois elle fait des schémas ou des petits dessins pour pouvoir vous aider ? L : Ah non jamais. J : Ok. Et puis quand tu dois copier par exemple pour copier tes devoirs, est ce qu’elle te donne plutôt une photocopie pour éviter que tu copies ou ? L : Non je copie, ben ça c’est mon carnet où il y a tous mes devoirs et on copie tous à la main en fait. J : Ok donc elle ne te donne jamais de photocopies, même pour les cours tu dois les copier c’est ça ? L : Oui. J : Et pour copier ça va ? L : Oui ça va. J : Ça va ok. Et un ordinateur pour écrire non vous n’avez pas le droit ? L : Non. 143 J : Vous avez juste le droit à votre dictionnaire électronique en fait ? L : Oui. J : Même pendant les épreuves ? L : Ouais. J : Ok. Et ce que tu as le droit d’avoir des aides mémoire où tu as par exemple les fautes que tu fais souvent qui sont écrites pour que tu fasses plus attention ? L : Alors oui on a un aide mémoire en mathématiques mais on peut le prendre seulement quand elle nous le dit, comme le dictionnaire, quand on n’a pas le droit on ne peut pas le prendre. J : Ok. Et pour les devoirs vous avez les mêmes que tout le monde ? L : Oui. J : Et puis si vous ne finissez pas tout c’est grave, elle privilégie plutôt la qualité de ce que vous avez fait ou elle veut que vous fassiez tout ? L : Ben il faut toujours qu’on finisse tous nos devoirs. J : Ok d’accord. Et sinon tu va voir une logopédiste ? L : Oui je fais 2 fois par semaine mais là elle a dit que le bilan était assez bien réussi donc l’année prochaine si je continue je n’aurais plus 2 fois par semaine mais une fois. J : Ah ok. Et depuis combien de temps tu as une logopédiste ? L : 2-3ans, enfin depuis qu’on sait que j’ai une dyslexie. J : Ok, et donc 2 fois par semaine pour l’instant tu y vas ? L : Ouais. J : Et ça se passe bien ? L : Ouais ça va. J : Tu progresses bien tu as l’impression ? L : Ouais. J : Ok ben c’est cool alors. Et de tout ce que je t’ai dit tu penses qu’il y autre chose qui pourrait t’aider ? L : Euh pas forcément… J : Donc en fait ce qu’elle fait c’est qu’elle autorise les stabilos et qu’elle autorise le dictionnaire électronique ? 144 L : Ouais voilà. J : Et puis c’est bien c’est que tu n’es pas toute seule dans ta classe, peut être ça te rassure aussi. L : Oui enfin je pense que ces aides ça va parce que là j’ai une répétitrice et une logopédiste mais si je n’avais pas de répétitrice ni de logopédiste là je pense que ça m’irait pas du tout. J : Et il faudrait quoi alors ? L : Ben après changer des manières de travailler parce que avant que j’ai ma répétitrice je ne travaillais pas super super bien. J : Parce que tu avais du mal à faire tes devoirs ? Elle t’aide à faire les devoirs la répétitrice ou vous faites autre chose ? L : Elle ne me fait pas souvent les devoirs, elle m’explique, elle me fait refaire des exercices où je n’ai pas compris ou alors elle m’aide à réviser les épreuves. J : Ah ok. Et tu la vois combien d’heures par semaine ? L : 2. J : 2h, 2h d’un coup ou ? L : Non non elle vient 1h le lundi soir et 1h le, ben aujourd’hui à midi. J : Ok. Ben c’est bien ça. Et ta répétitrice tu l’as depuis quand ? L : Depuis cette année en fait. Enfin j’en avais un autre l’année dernière, fin c’était un garçon et il n’avait pas pu continuer ces études donc il a du arrêter. Après j’en avais une autre mais elle a aussi eu un problème d’étude mais de toute façon elle n’était pas très efficace. Et après ben on a eu ma répétitrice de maintenant et puis ça va mieux. J : Ok. Et sinon tu as autre chose à me dire un peu sur la dyslexie ? L : C’est pénible. J : C’est pénible ? ça te gène beaucoup ? L : Oui un petit peu quand même… J : Et au cycle alors ça va se passer comment ? L : Je ne sais pas, je sais encore rien du tout du cycle, je ne sais pas… J : Normalement tu auras encore le droit à ton dictionnaire électronique ? L : Ouais je pense… J : C’est des choses que ta logopédiste a demandé non ? 145 L : Ouais je pense. J : Ok. Ouais c’est assez pénible… Maintenant les enseignants essayent quand même de mettre en place des choses, même si ce n’est pas encore vraiment ça… Tu en penses quoi, ils pourraient faire plus ? L : Oui moi je pense qu’ils ne font pas grand-chose pour vraiment nous aider. J : Ouais… Ben justement dans notre recherche on va un peu rechercher ce qu’ils pourraient faire en plus et tout ça… L : Oui. J : Bon ben voilà c’est tout je pense, merci beaucoup pour ton aide, c’est très gentil de ta part. L : De rien, si ça peut aider… La mère ajoute à la fin de l’entretien qu’elle doit toujours se battre et que c’est très dur pour elle. Sa fille a été diagnostiquée assez tard, en fin de 4P et l’enseignante de 5P n’avait rien voulu faire pour l’aider et l’enseignante de cette année a fini par accepter le dictionnaire électronique mais ne fait rien de plus pour sa fille. Elle était très inquiète pour sa fille avant le diagnostic car tous les enseignants disaient qu’elle ne s’investissait pas assez, que son travail était insuffisant, leurs relations étaient donc très tendues. Sa fille avait perdu toute confiance en elle et aucun enseignant n’a été capable de repérer sa dyslexie, c’est elle qui s’est décidé à consulter une logopédiste. La mère était très fâchée car elle venait d’aller à la réunion pour le cycle et les questions sur les mesures prises pour la dyslexie ont été toutes négatives, elle est même sortie de la réunion avant la fin, elle n’en peut plus de devoir toujours se battre et aimerait que les choses changent. Pour elle, les mesures Dys sont quelque chose de joli sur le papier pour le DIP mais pas grand-chose n’est fait dans la réalité. 146 Elève 3 : Carine12 C : Carine S : L’interviewer S : Ok bon alors déjà j’ai besoin de savoir un peu les questions sur toi alors l’âge tu m’as dit c’était… C : 12 ans S : 12 ans. Le degré donc du coup t’es en 8 Harmos ? C : oui S : D’accord A T. ? C : Non à M. S : Et puis j’aurais voulu savoir aussi si tu avais déjà redoublé ? C : Non. S : Non, d’accord. Bah 12 ans en 8 Harmos c’est normal. Donc en fait pour t’expliquer en quelques mots. Ma collègue et moi on fait un travail sur la dyslexie. Donc quels sont, qu’estce que tes enseignants mettent en place dans la classe pour faire en sorte que toi tu arrives à avoir une scolarité comme un autre élève ? C : D’accord S : Sans que ta dyslexie te pose un problème. Donc nous on a interrogé une logopédiste, on a interrogé 50 enseignants et après on interroge aussi 4 élèves dyslexiques pour voir chacun des points de vue, ce que eux pensent qu’ils mettent en place et ce que toi tu penses qu’ils mettent en place ou pas. Donc c’est en fait dans ce but là qu’on fait ce travail. D’abord je voulais savoir comment toi tu pouvais expliquer ta dyslexie. C : Heu… S : Déjà comment tu t’en es rendu compte plus précisément. C : Bah on a fait un bilan parce qu’en 7 Harmos j’arrivais pas trop à suivre et on a fait un bilan logopédique et puis bein on a découvert que j’étais dyslexique. S : Donc c’est les enseignants qui ont demandé ce bilan ? 12 Prénom fictif 147 C : Non, c’est ma maman. S : D’accord donc c’était en 7 Harmos. C : Oui, en fin de 7. S : D’accord. Et est-ce que dans ta vie d’élève le fait que tu sois dyslexique ça a amené des conséquences ou bien ? Ca a changé quelque chose ? C : Bah maintenant ? S : Heu oui maintenant et surtout avant. C : Avant heu… Hum… Bah vu que je le savais pas… ouai j’étais beaucoup plus lente que les autres et puis bein depuis bein la 3 Harmos, depuis qu’on faisait des tests j’étais toujours la plus lente. Donc après maintenant surtout pour les dictées et puis bah maintenant j’arrive mieux à suivre. S : Donc tu fais une différence entre avant et maintenant ? C : Ouai S : Et c’est quoi qui fait que tu peux dire maintenant ? C : Heum bah que je suis suivie par une logo et c’est beaucoup mieux, ça change beaucoup de choses. S : D’accord et qu’est-ce qui est encore dur à faire pour toi en classe ? C : J’ai encore beaucoup de peine, j’ai encore beaucoup moins de peine avec tout mais la lenteur c’est toujours un problème. J’ai beaucoup de peine à lire surtout, c’est la lecture qui me pose problème le plus mais ça va beaucoup mieux. S : D’accord. Et puis qu’est-ce qui est le plus facile ? C : Je saurai pas trop dire S : Plutôt tout ce qui est écrit, plutôt que ce qui est oral ? C : Non, je sais pas trop, ça dépend quoi. Des fois l’écrit, des fois l’oral S : En français par exemple 148 C : Ouai en français ça peut être, je sais pas S : Plutôt conjugaison t’arriverais bien C : Ouai conjugaison j’ai beaucoup de facilité S : Et les math ça va aussi pas mal ? C : Euh oui les math ça va aussi pas mal S : Et puis à quel moment toi ça te gêne le plus cette dyslexie ? Est-ce qu’il y a un moment où t’as l’impression que t’es plus gênée qu’un autre ? C : Pour les dictées S : Parce que tu as une dictée spéciale ? C : Non j’ai 2 phrases en moins et j’ai droit à une grille de relecture S : Ouai d’accord, ça c’est ma prochaine question. Alors comme nous on travaille sur ce que les enseignants mettent en place, ça s’appelle un aménagement pédagogique. Moi je voulais savoir, qu’est-ce que tes enseignants ils mettent en place ? C : Bah déjà pour la dictée j’ai 2 phrases en moins, j’ai droit à une grille de relecture et puis toutes les branches sauf en français l’orthographe ne compte pas dans les tests. S : D’accord ok. Et ça ça t’aide ? C : Oui beaucoup, surtout pour l’orthographe S : Et puis est-ce que tu penses que tes enseignants ils pourraient faire autre chose pour t’aider ? C : Non je pense pas S : C’est bien suffisant ? C : Oui S : Et puis est-ce que tu penses que ce qu’ils font déjà ça t’aide à contourner tes difficultés ? C : Euh oui 149 S : D’accord. Je vais te dire plusieurs choses et tu vas me dire si dans ta classe ces choses sont faites ou non. Est-ce que tes enseignants quand ils donnent une consigne, ils essaient de faire en sorte qu’elle soit la plus courte possible, donc pas de faire une consigne de 10 minutes, ils font en sorte de dire que l’essentiel ? C : Non S : T’as l’impression que par rapport à ça ils font pas forcément un aménagement ? C : Non S : Est-ce que quand ils te donnent un travail à faire, ils lisent les consignes à haute voix ? C : Oui j’ai le droit de demander les consignes à haute voix, j’ai oublié de le dire. S : T’as le droit de les demander mais ils ne le font pas forcément d’eux-mêmes, pas forcément ? C : Non S : Seulement si tu leur demandes pour certains ? C : Oui à part pour enfin des fois ils lisent pour tout le monde, si c’est les tests d’allemand ou en sciences le prof il lit toujours et la prof. S : Et pour un exercice, pas forcément ? C : Pas forcément S : D’accord. Est-ce que quand t’as un texte à lire par exemple en sciences, ou en français, n’importe quoi, est-ce que ils vont éviter de te demander de lire à haute voix, vu que c’est ça qui pose problème chez un élève dyslexique, est-ce qu’ils vont éviter de te faire lire à haute voix ? C : Euh oui S : Donc ils vont pas t’interroger C : J’ai pas besoin de lever la main, fin si on doit lire elle sait que j’ai de la peine à lire donc que je vais pas forcément être interrogée S : D’accord. Et puis par rapport aux tests, est-ce que tu as plus de temps pour faire tes évaluations ? 150 C : Euh oui sur certains tests S : Et pas sur d’autres ? C : Par exemple des fois pour une rédaction j’ai le droit de prendre peut-être 3 minutes juste pour essayer de d’améliorer ou comme ça. Ou la dictée surtout j’ai le droit à plus de temps que les autres. S : D’accord. Et est-ce qu’ils te donnent moins de travail ? Donc dans la dictée, oui t’as 2 phrases en moins. Mais est-ce que dans les autres tests est-ce que t’as moins de travail qu’un autre élève ? C : Non S : Non c’est toujours la même chose ? C : Oui S : Et puis est-ce qu’ils utilisent une échelle pour la note qui est différente des autres élèves ? C : Non S : Ou alors pas forcément différente des autres élèves mais où ils vont mettre une différence avec par exemple dans un texte de français, ils vont mettre une différence sur ce qui est du fond du français enfin le fond et la forme. Par exemple ne pas compter l’orthographe, ça t’as déjà dit, mais tout ce qui n’est pas demandé ? C : Euh non S : Pas forcément ? C : Pas forcément S : D’accord. Et puis l’orthographe, ça t’as déjà dit, donc ils prennent en compte ça, ils te comptent pas les fautes d’orthographe, ça tu m’as déjà dit. Et puis est-ce que pour les dictées, est-ce qu’ils te proposent une dictée où au lieu que ce soit toi qui écrives les mots, t’aies plusieurs mots à choisir, donc un mot avec 3 orthographes et tu dois choisir laquelle c’est. C : Non S : Ça ils font pas ? C : Pas vraiment 151 S : Et puis ils ne font pas non plus de dictées à trous ? C : Non, une fois elle a fait ça mais c’était juste pour essayer mais elle fait jamais. S : D’accord. C : Dans les autres classes oui, mais pas dans notre classe S : Ok. Et puis est-ce qu’on te propose un élève qui te servirait d’appui si t’as un problème pour comprendre quelque chose ? C : Non S : D’accord. Est-ce que tu as l’impression que tes enseignants séparent le temps de travail en faisant par exemple après un test quelque chose d’un peu moins où t’as besoin de réfléchir, pas qu’ils mettent tout ce que t’as besoin de réfléchir à la suite. 1e période t’as un test, 2e période t’as de nouveau un test. Est-ce que t’as l’impression qu’ils essaient de séparer ? C : Ouai ils séparent beaucoup. Des fois on demande aussi et y a des profs elles acceptent. Surtout notre prof d’allemand on lui dit madame est-ce que vous pouvez déplacer le TA13 à demain mais pas les TS14 les TA à demain parce qu’on a eu pas mal de TS, des fois elle accepte. S : D’accord. Et puis dans une période par exemple d’allemand, est-ce qu’elle va un moment faire quelque chose où vraiment vous êtes en train de réfléchir et après quelque chose où vous êtes par deux. C : Ouai des fois. Avec les autres profs oui mais pas avec cette prof. S : Mais y en a qui le font ? C : Oui S : Et est-ce que dans la classe t’es à côté d’un élève calme ? C : Oui S : Pour avoir plus d’attention à l’école ? C : Oui, on peut choisir avec qui on veut être. 13 TA = Test Assimilé. Il s’agit de plusieurs évaluations testant des connaissances. La moyenne de ceux-ci détermine une note finale. 14 TS = Test Significatif. Il s’agit d’une évaluation finale testant des compétences. 152 S : Donc là t’es avec quelqu’un de calme ? C : Oui S : Et est-ce que tu as l’impression que les fiches que tu reçois la taille des caractères, donc comme c’est écrit, est-ce que c’est assez grand ? C : Euh oui S : Y a jamais quelque chose qui joue pas ? C : Non S : Et est-ce que c’est pas trop surchargé ? ça veut dire qu’il y a pas tout un texte dans une page ? C : Des fois avec notre prof principale des fois oui ça peut arriver S : Et des fois ça te pose problème ? C : Euh ouai ça fait un peu beaucoup de choses en même temps. S : Tout à fait. Et est-ce qu’il y a souvent des dessins sur tes fiches ou bien des schémas qui peuvent t’aider ? C : Oui y en a des fois S : Et est-ce que tu as le droit de demander, si tu as par exemple un voc ou quelque chose à copier du tableau, est-ce que tu as le droit de demander que l’enseignant te photocopie plutôt que toi tu doives copier, est-ce que tu as le droit de lui demander qu’il te photocopie ? C : Euh non. Juste j’ai oublié une chose que j’ai le droit aussi, j’ai pas besoin de recopier 2 fois mes phrases si j’ai fait faux. S : Pour tes correction de dictées ? C : Voilà, j’ai pas besoin de recopier, j’ai rien besoin de recopier. S : Mais ce qui est au tableau ça par contre t’as pas une photocopie ? C : Non S : Ok et est-ce que t’as le droit d’utiliser un ordinateur ? 153 C : Non S : D’accord, parce que des fois il y des programmes avec un correcteur orthographique. Et est-ce que tu as le droit d’utiliser un aide-mémoire où tu as des règles à l’intérieur. C : Pour la dictée j’ai une grille de relecture mais sinon non. Si on fait des exercices comme ça, la prof elle nous a fait un petit dossier mais il est pas très très bien. Des règles d’orthographe. S : Mais toi plus qu’un autre élève, t’aurais pas plus… C : Non S : Ok. Et est-ce que pout les devoirs, ils vont plus faire attention à la qualité que tu rends plutôt que la quantité ? C’est-à-dire qu’ils vont plus faire attention à ce que tu rendes peu mais que ce soit bien fait ou alors pas forcément ? C : Non enfin les devoirs, quand on a des devoirs on doit tous les faire. Voilà sans exception. S : D’accord. Je te remercie pour ton aide précieuse. Elle va m’être d’une grande utilité dans mon travail. 154 Elève 4 : Manon15 M : Manon S : l’interviewer S : Tu as 10 ans, c’est bien ça ? M : Oui S : Et du coup tu es en 4e année ? M : Oui S : Et tu n’as jamais redoublé j’imagine si tu es en 4e ? M : Non S : D’accord. Explication à l’enfant du but de l’entretien. Est-ce que toi tu arrives à m’expliquer un peu ta dyslexie ? Comment tu t’en es rendu compte ? M : Je sais pas comment je me suis rendu compte. S : Est-ce que c’est ton enseignant ? M : Je crois que ça fait longtemps donc je sais pas S : Tu le sais depuis toute petite ? M : Je sais pas si j’en avais déjà depuis toute petite mais… S : Mais toi tu es dyspraxique visuo-spatiale c’est ça ? M : Oui S : Et ta sœur elle est dyslexique et dysorthographique ? M : Ouai S : D’accord. Et est-ce que ça t’a posé un problème dans ta vie d’élève ? Ça t’as posé un souci à un moment ? M : Un petit peu des fois. Comme par exemple pour recopier au tableau. S : Donc là toi ça t’as gêné ? M : Oui. Ou d’une feuille à l’autre S : Recopier un texte en fait. Et qu’est-ce que toi tu trouves le plus dur à faire en classe ? M : Justement recopier le tableau 15 Prénom fictif 155 S : Recopier. Et le plus facile ? M : Je pense que dans les…. C’est… pas la dictée mais le français, quand je dois faire des fiches de français c’est plus facile. S : La grammaire,… M : La grammaire je préfère. Et les math, des fois. S : D’accord. Et est-ce qu’il y a un moment où cette dyslexie fait que tu te sens un peu gênée ? M : Des fois oui un petit peu S : Plutôt à quel moment ? M : Quand par exemple on me demande si j’ai des difficultés à l’école ou comme ça. S : Pas tellement avec tes camarades alors ? M : Un petit peu mais moins. S : Ce que je vais faire c’est que je vais te proposer une liste d’aides qu’on pourrait faire avec un élève dyslexique et puis tu vas me dire si dans ta classe tu as ces aides ou pas. Donc est-ce que ton maître, qu’est-ce qu’il met en place pour t’aider ? M : Quand je dois copier l’agenda par exemple il me donne son agenda pour que je copie sur son agenda à la place de regarder au tableau noir. Ou bien des fois, on avait demandé à ce que j’aie quelque chose à la place par exemple à l’histoire on doit écrire des choses et à la place que je les écrive moi parce qu’après on a des tests c’est plus simple que je lise en Arial que avec mon écriture. S : D’accord donc avec l’ordinateur ? M : Oui, comme ça il met les tape en Arial et en 16 pis comme ça c’est mieux. S : Ce sera aussi mes prochaines questions. Et tout ça ça t’aide évidemment ? Et est-ce que tu penses qu’il pourrait faire autre chose qu’il fait pas pour t’aider ? M : Euh bah il fait beaucoup de choses. S : Y a des choses que tu penses qu’il pourrait faire qu’il fait pas ? M : Bah j’avais demandé à ce qu’il fasse plus souvent des textes quand on doit copier à côté et là il l’a fait mais quand même des fois il oublie. 156 S : Mais si tu lui demandes il le fait ? M : Ouai S : Est-ce que tu penses que tu penses que toutes ces aides donc qu’il fait, est-ce que ça t’aide à un peu contourner cette dyslexie, à y échapper un peu. M : Oui S : Oui ça t’aide. D’accord. Et est-ce que ton enseignant quand il donne une consigne il fait en sorte qu’elle soit courte et précise et il dit pas pleins d’informations en même temps. M : Des fois il dit des informations mais ça va. S : C’est assez court ? M : Des consignes par exemple des fiches ? S : Par exemple et de tout. Ce que vous allez faire aujourd’hui. M : Par exemple les fiches on peut lui redemander la consigne si on a pas bien compris. Donc ça c’est bien S : Est-ce qu’il lit toutes les consignes à haute voix ? M : Non, pas tout le temps S : Pour les test par exemple ? M : Pour les tests oui S : Mais les exercices il lit pas forcément les consignes ? M : Pour les par exemple pour le plan de math, il lit pas. Au bout d’un moment il explique la première fiche mais après il explique pas trop. S : Et ça ça te pose problème ? M : Ouai. Par exemple y a une fiche j’avais pas tout bien compris et je suis toujours à la 1e fiche donc ça va pas bien. Et j’ai redemandé la consigne et ça va mieux. S : Une fois qu’il la lit à haute voix, ça va mieux ? 157 M : Oui S : Et est-ce que quand vous faites une lecture en classe est-ce qu’il évite de te demander de lire à haute voix devant toute la classe ? M : Ouai je lui ai demandé si je pouvais ne pas lire devant toute la classe S : Donc c’est toi qui lui as demandé ? M : Hein hein S : Tu lui as expliqué pourquoi, ou il le savait. M : Oui il le savait S : Et aussi j’ai une prof le lundi elle faisait ça. M : Elle évite de demander de lire ? S : Ouai M : Et puis pour les tests est-ce que t’as plus de temps pour faire tes tests ? S : Non M : Le même temps que tout le monde ? S : D’accord. Est-ce que dans un test t’as moins de choses, t’as un test qui est plus court, t’as moins de choses que les autres élèves ? M : Heu non S : C’est tous les mêmes d’accord. Et est-ce que dans la note quand il fait la note du test, il va faire attention plus à ce qui est demandé et pas aux détails comme l’orthographe, ce qui n’est pas forcément demandé ? M : Toute façon il fait pas l’orthographe. S : Donc il prend pas en compte tes erreurs d’orthographe ? M : Il fait ça chez tout le monde S : Donc si c’est pas un test d’orthographe il ne va pas compter l’orthographe ? 158 M : Non S : Et est-ce que pour les dictées des fois il fait des dictées où tu as plusieurs mots qui sont écrits de différentes manières et c’est à toi de choisir la manière… M : Non, on a pas tellement de dictées. S : Ah bon ? Vous devriez en faire ? M : Ouai mais en fait on en fait pas souvent S : Vous avez pas un voc toutes les semaines avec une dictée ? M : Bah là on a eu mais pas toujours. S : Ok et puis donc du coup une dictée où y a un texte et des trous et c’est à toi de mettre le mot ? M : Bah des fois on a pas par exemple 3 mots et on doit choisir lequel. Une fois on avait ça et pis bah… S : Il vous l’a fait une fois ? M : Ouai. S : Donc quand il vous fait une dictée vous avez une feuille ou un cahier et vous écrivez ce qu’il vous dicte ? M : Oui S : Et est-ce que des fois il te propose un élève qui t’aide ? Quand t’as une difficulté ? M : Non non ça c’est juste des fois quand un élève a fait juste et que tous les autres ont fait faux des fois il demande si l’élève il peut aider. S : Mais pour tout le monde, pas que pour toi ? M : Oui S : Et puis est-ce que t’as l’impression que dans la journée ou même dans la matinée il va faire en sorte que t’aies pas par exemple un test et après une dictée mais il va faire en sorte que t’aies un test et après la gym ou la piscine ou quelque chose de plus ludique 159 M : Par exemple on avait la piscine ce matin, donc on a fait la piscine, le test et après par exemple c’était un test de livret, donc on fait la piscine, le test et après on fait les autres choses. S : Donc t’as l’impression qu’il fait quand même attention à ça ? Qu’il met pas toutes les choses qui demandent beaucoup d’attention en même temps. Il peut faire un test avant le bricolage ou le dessin. M : Bah ouai S : D’accord. Et est-ce qu’il t’installe dans la classe à côté d’un élève calme ? M : Bah en fait on pouvait choisir donc là ça va je suis à côté de ma meilleure amie donc ça va. S : Qui est calme ? M : Qui est calme. S : Pour faire en sorte que ton attention elle soit pas… M : Ouai S : D’accord. Et puis donc pour les fiches qu’il vous donne ça tu me l’as dit, il te fait une fiche avec Arial, une police spéciale. Toutes ? M : Non pas toutes mais la plupart S : Donc il te met en 16 et Arial M : Hein hein. Et pis aussi dans les fiches de math, c’est en A3, non A4 enfin la grandeur d’une feuille normale. Et pis moi il me met en plus grand S : Pour toi il te fait une A3, une plus grande ? M : Oui et pis pour les test des livrets aussi, il me les met en plus grand sinon j’inverse les chiffres et les 5 je les fais à l’envers. Par exemple 7 x 6 c’est 42 donc 42 je l’inverse S : Tu mets 24 ? M : Ouai S : Donc lui il te fait plus grand ? 160 M : Ouai S : Donc il fait quand même beaucoup de choses par rapport au matériel M : Oui S : Et est-ce que du coup dans tes fiches il met pas tout un texte où y a plein de choses sur une fiche ? Pour toi, il t’agrandit, il t’espace ? M : Bah ouai il fait un espace entre chaque S : Donc c’est pas surchargé, y a pas beaucoup trop dans une feuille. Et est-ce qu’il va souligner les choses importantes, mettre en gras ? M : Dans les verbes par exemple, on devait copier et on avait des feuilles donc il soulignait les verbes qui étaient assez durs et il mettait en gras aussi. S : D’accord donc il le fait. Et il met souvent des dessins ou des schémas ? M : Non, des fois mais pas souvent S : Et puis bon ça tu m’as dit, il te donne une photocopie de ce que tu dois copier au lieu de te faire copier ? M : Ou bien ce qu’il a fait S : D’accord. Est-ce qu’il te permet d’utiliser un ordinateur ? M : Euh non mais ouai non S : Pour corriger l’orthographe ? M : Non c’est lui qui corrige S : Est-ce que n’importe quand dans ton travail il te permet d’utiliser un mémoire, un aidemémoire avec des règles ? M : Juste y a le cahier de livrets au cas où on a besoin de livrets mais autrement non. Français les verbes. S : Par exemple dans un test t’auras pas plus droit d’utiliser une règle qu’un autre ? M : Non 161 S : Et puis est-ce que dans les devoirs, pour toi, il va te demander de faire moins mais que tu fasses mieux plutôt que de te demander de faire beaucoup de choses et que tu les fasses peutêtre moins bien M : Non il fait comme les autres S : Donc ça il adapte pas. Donc toute ces choses qu’il fait avec les copies, éviter de copier, éviter de lire à haute voix, et pis toutes les feuilles qui adaptent, ça pour toi ça t’aide t’as l’impression ? M : Hein hein S : Et y aurais pas autre chose que tu penses qui pourrait t’aider ? M : Comme j’ai dit un peu plus les feuilles s’il oublie pas, sinon je pense pas S : Est-ce que t’as autre chose à rajouter ? M : Oui dans le dessin par exemple la prof de dessin, y a avait un dessin fallait faire tous les 3 cm et moi ça me faisait trop mal aux yeux donc elle a dit que je pouvais sauter le dessin car sinon c’était trop compliqué pour moi. S : Donc ils comprennent la dyslexie et ils adaptent les choses quand tu leur demandes. Mais c’est plus toi qui va leur dire donc. Ou alors ils se rendent compte ? M : Ouai là c’est la prof je suis venue lui dire, M. ça me fait trop mal à la tête et elle a dit tu essaies et si ça te fait trop mal tu arrêtes et tu fais un autre dessin. Ah et aussi à l’école j’ai un plan incliné. Mais c’est pas la table c’est un support. Intervention de la maman pour rajouter quelque chose : elle a des cahiers spéciaux amenés par la maman qu’elle utilise. Elle écrit beaucoup mieux là dessus. La maman aimerait demander qu’ils les acceptent dans sa future scolarité. C’est un gros repère pour elle, elle a moins à se concentrer sur d’autres choses. On voit les grosses différences d’écriture entre ce cahier et les cahiers utilisés à l’école. La maman en a beaucoup parlé à l’association pour les enfants présentant une dyslexie afin que ces cahiers soient inclus dans le matériel scolaire. 162