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ce n’est pas le cas en France, même si certaines pratiques comme le « no kill » voudraient se
rapprocher de cette idée. La volonté d’accroissement du nombre de pêcheurs a donc conduit à la
disparition de peuplements naturels et sauvages pour lesquels l’exploitation possible ne pourrait
concerner que le surplus d’une production naturelle.
Est également apparue la nécessité d’apporter des espèces non initialement présentes mais prisées
par les pêcheurs : la truite, le sandre, l’ombre, la carpe, le silure…, bon nombre d’entre elles étant
des espèces exotiques. Certaines espèces ont donc été répandues là où elles n’existaient pas.
Certaines espèces ont aussi été régulièrement déversées dans des secteurs où elles ne peuvent
naturellement pas se maintenir, l’environnement étant inadapté à certaines phases de leur cycle de
vie.
En conséquence, la grande majorité des cours d’eau n’ont aujourd’hui plus de peuplement naturel.
De nombreuses espèces exotiques ont été introduites ; pour les espèces initialement présentes, des
implantations génétiques d’origines multiples ont largement modifié les populations ; enfin, pour
certaines espèces, les apports réguliers et surdensitaires de poissons d’élevage ont considérablement
et durablement modifié le fonctionnement des populations. Au final, la plupart des peuplements
piscicoles n’ont évidemment plus grand-chose à voir avec des peuplements naturels.
Dans ce contexte, une question peut donc se poser : en l’état actuel des peuplements piscicoles, quel
intérêt y a-t-il à restaurer la continuité piscicole ? Remonter oui mais pour aller où ? Et pourquoi
faire ? Doit-on favoriser la dispersion de poissons qui n’ont plus rien avoir avec une naturalité : des
poissons d’origines génétiques multiples et des poissons exotiques ? Doit-on également favoriser le
déplacement de poissons surdensitaires, d’un secteur du cours d’eau vers une autre zone où de
toute manière le potentiel est déjà saturé par les alevinages et les équilibres perturbés par les
introductions.
C’est un choix véritablement politique : la continuité piscicole doit réellement être mise en débat en
rapport avec ces notions de biodiversité spécifique, de génétique et de capacité d’accueil des
rivières. Un vrai débat doit s’installer avec une rigueur scientifique affirmée intégrant toutes les
notions d’écophases, d’habitat et de gestion halieutique, incluant les pratiques historiques, actuelles
et futures.
Concernant les autres aspects de la biodiversité aquatique
La notion de continuité écologique n’intègre peu ou pas d’autre aspects de la biodiversité c’est-à-dire
les invertébrés et tous les autres compartiments de l’écosystème. Les ouvrages hydrauliques
implantés sur les cours d’eau peuvent en effet engendrer d’importants changements en matière
d’habitats ou de régime thermique qui sont susceptibles de créer de véritables problèmes de
continuité. Une réflexion tout à fait importante devrait s’engager sur ces aspects.