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Algérie. Les réseaux sociaux permettent ainsi de voir les réseaux restés actifs entre coopérants
d’une branche d’activité, d’un secteur géographique ou ville ou encore d’une institution. Ils
constituent de ce point de vue une source intéressante pour appréhender des témoins
susceptibles d’entrer dans notre enquête (cf. Annexe 2. Sites et internet : une mémoire vivante
des coopérants). Il faut signaler combien une catégorie d’auteurs présents dans notre corpus
bibliographique a compté aussi parmi les acteurs de la coopération : ces derniers ont laissé
une trace, pas seulement sous la forme d’un témoignage mais aussi sous la forme d’une
analyse de la société algérienne, in vivo si l’on peut dire (pour exemple, Gérard Chaliand).
Cette distinction parmi les témoignages plus ou moins éclairées autour de la coopération nous
apparait importante également dans la constitution de notre échantillon, en privilégiant les
femmes ou les hommes anonymes, lesquels ont pu par ailleurs, laisser ou non un témoignage
par le biais d’un blog ou d’un récit publié…
Force est de constater que la diversité des milieux professionnels qui se donnent à voir à
travers les réseaux sociaux, n’est de toute évidence, pas suffisamment rendue visible dans la
recherche. Cet écart, tout à fait palpable empiriquement, nous a incités à approfondir les
cadres sociaux de la coopération par la constitution des sources historiques privilégiées que
constituent les archives du ministère de la Coopération, déposées aux Archives Diplomatiques
de la Courneuve et de Nantes. Une première familiarisation avec ces archives a été rendue
possible par l’étude de tous les inventaires détaillés disponibles dont nous ne rendons compte
d’une partie seulement dans l’annexe 1. L’abondance des sources mais aussi leur éclatement
en différentes aires géographiques, y compris au sein du Maghreb, permet de prendre
conscience de la complexité de la coopération, à travers ses différents acteurs et ses structures
d’encadrement. Plusieurs journées ont été consacrées par les membres de l’équipe à cette
phase de repérage des sources historiques aux Archives Diplomatiques de la Courneuve, nous
permettant de poser les cadres sociaux de notre objet d’étude : statistiques générales, sources
réglementaires des accords de coopération, rapports d’activité du Ministère de la Coopération
et/ou des Affaires étrangères, rapports d’activité des ambassades en ce qui concerne le
Maghreb. Par ailleurs, la thèse de Julien Meimon sur le ministère de la Coopération nous a
permis de mieux saisir la genèse du ministère, ses modalités de fonctionnement, les inflexions
apportées à sa politique et son bilan d’activité. Cette phase d’enquête oscillant entre sources
archivistiques et sources universitaires dont le matériau d’enquête repose principalement sur
une partie des sources archivistiques à consulter, a été également essentielle pour affiner
encore un peu plus, à la fois la périodisation retenue et les pays d’élection pour la
coopération : la coopération a commencé un peu avant et après bien entendu, la proclamation
de l’indépendance de la Tunisie et du Maroc, avec constitution de structures adéquates. En ce
qui concerne le cas algérien, les accords d’Evian fonde et scelle l’avenir de la coopération. La
bibliographie existante à propos de ces accords force à approfondir les enjeux liés à cet
évènement à la fois dans une lecture immédiate et différée ou au long cours, de la
coopération. Par ailleurs, les sondages effectués dans les archives diplomatiques de la
Courneuve rendent compte de la diversité professionnelle des hommes et des femmes passés
par la coopération, ainsi que la fluctuation dans le temps et dans l’espace en termes d’effectifs
du personnel coopérant. De ce point de vue, la focale portée sur la coopération en Algérie