le Courrier JUILLET 1986-8 FF Le temps des peuples 45 Mexique Sauveteurs en action Les tremblements de terre sont une terrible masses continentales qui l'encadrent au nord et menace qui pèse sur la vie des Mexicains. au sud. En septembre 1985, un violent séisme L'une des plus grandes et plus anciennes villes ravagea le centre de la métropole. Dans un élan du monde, Mexico, leur capitale, est située de solidarité internationale sans précédent, des dans la région méridionale du plateau du Mexi¬ équipes de sauveteurs de nombreux pays vin¬ que, dans une zone fortement volcanisée et rent à Mexico pour aider à secourir et à soigner fracturée à la suite de la formation des deux les multiples victimes. le Courrier Une fenêtre ouverte sur le monde Le Courrier du mois Juillet 1986 39e année PAR rapport à l'immensité de l'Univers, la Terre n'est qu'un infime grain de roc et de métal. Troisième planète du système solaire si l'on compte à partir du Soleil autour duquel il gravite à la vitesse de 29,8 km/s, notre globe est situé entre Vénus et Mars, juste à la bonne distance de notre étoile (149 573 000 km) pour n'être ni une four¬ naise perpétuelle ni un monde à jamais glacé. Avec ce numéro du Courrier, nous avons voulu offrir aux lecteurs une simple description de la genèse de notre planète et des grands mécanismes géologiques qui commandent les mouvements permanents dont elle est agitée. Nous avons baptisé terre ferme le sol sur lequel nous vivons, mais les plaques continentales ne cessent en fait de bouger. Tantôt elles se heurtent avec force, et, là où se produit le choc, se plissent en puissantes chaînes montagneuses; tantôt elles sont secouées par de violents séismes; tantôt des chaudières souterraines vomissent un flot de roches visqueuses en de terribles éruptions volcaniques. Dans le même temps, une nouvelle croûte se forme au fond des océans tandis que l'ancienne, aspirée par le bas, va se recycler dans le foyer 4 La genèse de la Terre brûlant du manteau. par dohn Gribbin A l'échelle du temps géologique, l'homme fait figure de nouveau venu sur cette planète. Si, pour prendre une image, l'on représente le temps écoulé depuis que l'écorce terrestre s'est solidifiée, soit 3,9 milliards d'années, sous la forme 6 Carte d'identité 8 Les entrailles du globe d'une année du calendrier, Yhomo sapiens (apparu il y a 100 000 ans) n'entre en scène que le 31 décembre entre huit 9 La troisième planète heures et demi du matin et minuit. 10 La dérive des continents Pour continuer ce raccourci, c'est à la toute dernière seconde que l'homme est devenu à son tour une force géologique assez puissante pour détériorer voire détruire son milieu. Les dégâts qu'il inflige à l'environnement sont dus principalement à l'ignorance. Ainsi, nous ne savons pas encore exactement quels effets aura à long terme l'emploi systématique d'engrais chimiques et de produits insecticides, de même que nous ignorons comment enrayer la désertifica¬ tion causée par l'homme, ou mieux maîtriser notre source d'énergie la plus récente, l'énergie nucléaire. Avec ses grands programmes scientifiques internatio¬ naux, l'Unesco est à l'avant-garde de la lutte qui est menée pour rendre notre planète habitable. Quand bien même il y aurait d'autres Terres dans les immenses espaces de notre Univers, celles-ci seraient hors de notre portée. Nous devons prendre soin de la Terre, qui est notre seul lieu. 12 L'horloge géologique 12 Le modelé du paysage 15 Une triade minérale 16 Forage dans l'inconnu par Evgueni Kozlovski 23 Quand la Terre tremble par E.M. Fournier d'Albe 27 Les volcans par Haroun Tazieff 32 L'évolution de la vie 33 La vie qui vient de l'espace Nous suggérons de lire ce numéro conjointement avec deux autres numéros récents du par Chandra Wickramasinghe Courrier : « L'histoire de l'Univers » (septembre 1984) et « La planète Océan » (Février 1986). Le Geological Museum de Londres nous a aimablement autorisés à reproduire plusieurs photographies et dessins dans ce numéro; qu'il en soit ici vivement remercié. 35 La main de l'homme par Stephen Boyden et Malcolm Hadley 38 Année internationale de la Paix / 7 2 Le temps des peuples Notre couverture : Océane Pyrénées, 1985, acrylique sur toile de Georges Servat, 116 x 73 cm. Galerie jean-pierre lavignes. MEXIQUE : Sauveteurs en action Rédacteur en chef : Edouard Glissant Mensuel publié en 32 langues par l'Unesco, Organisation des Nations Unies pour l'éducation, Français Anglais Espagnol la science et la culture Russe Italien Turc Macédonien Finnois Une édition trimestrielle Hindi Ourdou Serbo-Croate Suédois en braille est publiée Tamoul Catalan Slovène Basque Persan Malais Chinois Thaï en français, en anglais, en espagnol et en 7, place Fontenoy, Allemand Hébreu Coréen Bulgare 75700 Paris. Arabe Néerlandais Kiswahili Grec Japonais Portugais Croato-Serbe Cinghalais coréen. ISSN 0304-3118 N° 7 - 1986 - CPD - 86 - 3 - 435 F La genèse de la Terre AU néant. par leur éloignement du Soleil. Les planètes les plus légères, et en premier lieu le granit, L'espace, le temps et la matière de notre univers apparurent simulta¬ nément il y a quelque 15 milliards d'années, lors de l'explosion d'une concentration infi¬ commencement était le les plus proches du jeune astre en formation ont été soumises à une chaleur plus intense, contituent l'essentiel de la croûte continen¬ ce qui a eu pour résultat d'expulser dans l'espace certains des éléments les plus légers basalte, relativement plus dense. Ainsi, de niment 'dense et chaude d'énergie, explo¬ qui les composaient. C'est pourquoi Mercu¬ sent, comme des pelures d'oignon, des sion que nous appelons le « Big Bang ». A mesure que se produisaient l'expansion de re, Vénus, la Terre et Mars sont des masses couches de matériaux allant du plus léger au rocheuses compactes. Plus loin de la four¬ plus lourd. Ce processus de séparation était l'univers et son refroidissement, sa densité naise solaire, des gaz aussi légers que le méthane et l'ammoniac ont pu être retenus pratiquement achevé voici 3,9 milliards d'années, soit à peine 600 millions d'années après que la planète s'est formée. Les géo¬ pour former les étoiles et les galaxies. Voici par les planètes en formation. Aussi, les planètes géantes que sont Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune contiennent-elles pro¬ 10 milliards d'années environ, des galaxies bablement tout autant de roches dures que terrestre par la mesure de leur radioactivité comparables à notre Voie lactée et conte¬ nant chacune plusieurs milliards d'étoiles la Terre, mais enfouies au centre d'énormes résiduelle. Quant à la stratification des ma¬ tériaux terrestres, ils ont pu la déterminer des étoiles naissent, vivent et meurent, pen¬ couches gazeuses. Et bien que ce ne soit pas notre propos immédiat, il est intéressant et instructif de faire quelques comparaisons entre notre habitat dans l'espace, la Terre, dant que les galaxies s'éloignent les unes des et ses voisines les plus proches, les planètes ces informations permettent tout au plus autres dans un mouvement continu d'ex¬ Vénus et Mars. d'esquisser les grandes lignes du paysage intérieur de la Terre. L'éminent géophysi¬ cien Sir Edward Bullard me disait un jour . diminuait, jusqu'à ce que d'énormes nuages d'hydrogène finissent par se condenser, avant de se fragmenter puis de se contracter constituaient déjà les unités de base de notre univers. Dans l'orbite de leur noyau, Le petit nuage de matière dont l'accré- pansion de l'univers. Notre système solaire est un produit ca¬ ractéristique de l'environnement galacti¬ que, mais on aurait tort de croire que notre tion a formé notre planète, au sein de la tale; le fonds des océans est constitué de la surface au noyau de la Terre, se superpo¬ physiciens ont pu l'établir en calculant l'âge des roches les plus. anciennes de l'écorce en étudiant les déformations des ondes sis- miques lorsqu'elles traversent des couches rocheuses de densité différente. Toutefois, grande masse gazeuse qui, en se conden¬ sant, a donné le système solaire, était pro¬ bablement constitué pour l'essentiel de sili¬ que « prétendre déterminer la structure de briller dans la nuit cosmique. Les étoiles primitives ne contenaient que de l'hydro¬ gène et un peu d'hélium; tous les autres cates, de fer et de magnésium; tous les éléments résultent de réactions nucléaires qu'à l'état de traces. A mesure que la Terre prenait forme, elle s'échauffait. L'énergie quoi est fait un piano à queue en écoutant le bruit qu'il fait quand on le pousse dans un escalier. » Et il est parfaitement exact que nous en savons plus sur la composition d'é¬ Soleil ait été l'un des premiers astres à qui se sont produites au c de ces pre¬ mières étoiles et que leur explosion a dis¬ persés dans l'espace. Ce qui signifie que lorsque notre Soleil est né, il y a à peine un peu plus de 4,5 milliards d'années, il s'est formé à partir d'un nuage d'hydrogène chargé d'autres éléments fer, carbone, oxygène et hydrogène , éléments qui se dissociés lors de la contraction du nuage gazeux pour constituer les planètes. Les planètes du système solaire se diffé¬ rencient essentiellement les unes des autres JOHN GRIBBIN, du Royaume-Uni, astrophysicien et auteur d'ouvrages scientifiques, ancien membre de la Science Policy Research Unit (Unité de recherche en matière de politique scientifique) de l'université du Sussex en Angle¬ terre, travaille comme physicien consultant pour la revue New Scientist. // a écrit de nombreux ouvrages sur l'astronomie, la géophysique et les changements climatiques, ainsi que deux ro¬ mans. En 1974, il a reçu le prix de littérature scientifique le plus prestigieux du Royaume-Uni. Dans le domaine de l'astrophysique, il est l'au¬ teur, entre autres, de White Holes (1977, Les Trous blancs), Timewarps (1979, La trame du temps), Genesis : The Origins of Man and the Universe (1981, Genèse : les origines de l'homme et de l'Univers) et Spacewarps (1983, La trame de l'espace). autres éléments, y compris ceux qui sont indispensables à la vie, n'y étaient présents gravitationnelle se transformait en chaleur sous l'effet du bombardement des parti¬ cules qui mitraillaient la proto-planète. De plus, les éléments radioactifs du noyau de celle-ci contribuaient aussi à cet échauffe- ment à mesure qu'ils étaient neutralisés en éléments plus stables, un processus qui se poursuit encore aujourd'hui au ralenti. La masse, riche en fer, de la planète en forma¬ tion est probablement restée en fusion pen¬ dant les premières dizaines ou centaines de millions d'années de son existence, ce qui a permis aux particules de fer en fusion de s'enfoncer lentement vers le centre de la Terre en traversant des matières rocheuses plus légères, lesquelles sont restées à la surface et ont formé une croûte solide en se la Terre en étudiant les secousses sismiques équivalait pour un aveugle à deviner de toiles lointaines que sur la terre sous nos pieds après tout, les étoiles nous les voyons ! Si rudimentaire qu'elle soit, cette image de l'intérieur de la Terre est quand même bien utile. Nous vivons donc sur une sphère rocheuse légèrement aplatie aux pôles, dont le rayon moyen est de 6 372 km. La première peau, l'écorce terrestre, ne repré¬ sente que 0,6 % du volume de la planète. Sous cette croûte de 5 à 35 km d'épaisseur, on trouve une nette discontinuité, dite di- continuité de Mohoroviéic ou Moho, qui marque la transition entre la croûte et le manteau, une zone qui va jusqu'à une pro¬ fondeur de 2 900 km environ et qui repré¬ sente 82 % du volume de la planète. Dans sa partie supérieure, le manteau est partiel¬ refroidissant. Les composants de l'écorce lement en fusion et a la consistance vis¬ terrestre sur laquelle nous vivons ne sont donc nullement représentatifs des maté¬ queuse d'une épaisse bouillie. Cette couche riaux qui constituent la masse de la Terre molle, dite asthénosphère, joue un rôle im¬ portant, car elle constitue le lubrifiant qui et les éléments de l'atmosphère que nous permet à la croûte terrestre de glisser à la respirons encore moins. L'écorce terrestre contient 6 % de fer contre 35 % pour la masse planétaire. Le silicium, qui ne représente que 15 % de la masse planétaire constitue 28 % de son L'évolution de la Terre, du nuage de gaz et écorce sous forme de silicates. Les roches actuelle. de poussière initial à la planète rocheuse par John Gribbin ^ surface du globe, donnant lieu à ce que l'on appelle la dérive des continents (voir pages 10-11). Schématiquement, le manteau peut être subdivisé en trois parties : le manteau supérieur, épais de 370 km environ, séparé par une zone de transition de près de 600 km du manteau inférieur, lui-même profond de 1 900 km. Sous le manteau, se trouve le noyau, qui mesure 2 100 km de rayon, et dont la partie interne est une boule de fer solide de 1 370 km de rayon qui constitue le centre de la Terre. Le noyau externe est une masse de fer liquide, qui est à l'origine du champ magnétique de notre planète. Vénus et Mars sont des planètes ro-, cheuses qui se sont constituées à peu près de la même façon que la Terre. Mais notre planète est partiellement recouverte par l'eau des océans, alors que Mars est une planète froide et sèche à l'atmosphère raré¬ fiée et que l'atmosphère extraordinairedense de Vénus recouvre une planète où règne une chaleur torride. Ces diffé¬ rences entre ces deux planètes et la nôtre semblent directement liées à leur éloignement du Soleil. Les astronomes et les géophysiciens pen¬ sent aujourd'hui qu'aussi bien la Terre que Vénus et Mars n'avaient pas d'atmosphère lorsqu'elles se sont refroidies, tous les gaz présents au moment de leur formation ayant été expulsés par la chaleur du Soleil. Un calcul élémentaire de physique nous permet de connaître la température superfi¬ cielle de ces trois masses rocheuses, compte tenu de leurs distances respectives du So¬ leil , lorsque celui-ci se fut refroidi et que son éclat fut stabilisé. La température stable de Vénus (point d'équilibre entre la chaleur Carte d'identité GRANDES CHUTES Hauteur Source © National Geographic Society, Washington, D C. (en m) LA TERRE Masse : 5 973 502 000 000 000 000 000 tonnes 1 2 Salto del Angel Tugela 979 3 Yosemite 739 4 Cuquenán 610 5 Sutherland 580 6 Mardalsfossen 517 491 948 Circonférence à l'équateur : 40 075 km Superficie: 510 074 600 km2 Terres émergées : 1 48 940 540 km2 7 Ribbon 8 George VI 488 Eau: 9 Gavarnie 422 10 Victoria 108 11 12 Iguazú Niagara 391 134 060 km2 LES CONTINENTS Superficie A Point culminant (en km2) Asie Afrique 43 998 920 29 800 540 ^Point le plus bas (en m) 1 Mont Everest . 8 848 2 Kibo Population 1 Mer Morte 2 048 898 000 3 Mont McKinley du Nord 2 Lac Assal Longueur t -156 3 Vallée 6194 17 599 050 4 Sommet 314 970 000 de la Mort du Sud 4 9 699 550 5 Elbrouz -40 5 Mer Caspienne 5 642 Australie 7 687 120 6 Mont Kosciusko 6 Lac Eyre 1 4 245 000 7 Mont Vinson 5139 -16 7 Inconnu 1 Nil 6 669 2 Amazone 6 436 3 4 5 6 7 Mississippi-Missouri Ob'-lrtysh Yangtze Huang Congo 5 969 4 373 8 Amour 4 344 9 5 567 5 471 4 827 Lena 4312 637 943 000 10 Mackenzie-Peace 4 240 11 12 Mékong Niger 4 183 12 200 000 13 Paraná 4 023 14 15 Murray-Darling Volga 3 717 -28 2 228 Antarctique 186 013 000 de Valdés d'Aconcagua 6 960 Europe Péninsule (en km) 344 000 000 -86 Amérique LES FLEUVES LES PLUS LONGS fj -396 5 895 24 320 100 59 (en m) (Kilimandjaro) Amérique 72 4 183 3 685 » points culminants V points les plus bas lÎTles extrêmes feC profondeurs maximales les grandes mers _ principaux U lacs les fleuves les plus longs grandes chutes PRINCIPAUX LACS O LES OCEANS Superficie Profondeur Superficie (en km2) maximale (en km2) ^ Profondeur maximale (en m) (en m) 371 795 995 82 362 406 Pacifique Atlantique 1 Fosse des Mariannes 1 1 033 86 557 800 2 Fosse de Puerto Rico 8 648 166 242 517 1 2 Mer Caspienne Lac Supérieur 3 Lac Victoria 69 485 81 Océan Indien 73 427 795 3 Fosse de Java 7 725 4 Mer d'Aral 65 527 68 Océan Arctique 13 223 763 4 Bassin Eurasien 5 450 5 Lac Huron 59 570 229 6 7 Lac Michigan Lac Tanganyika 58 016 282 32 893 1417 8 Grand Lac de l'Ours 31 792 413 9 Lac Baikal 30 510 1620 Lac Nyassa 29 604 678 10 LES EXTREMES *fo LES GRANDES MERS { 1. 10 Mer Noire 507 899 11 Mer Rouge 452 991 538 Pluviosité : Mont Waialeale, Hawaii. Moyenne annuelle : 1 1 680 mm Sécheresse : Désert d'Atacama, Chili. Pluviosité presque nulle. (A Calama, aucune chute de pluie n'a jamais été enregistrée) 3. Froid : Vostok, dans l'Antarctique : - 88 °C (en août 1960) 4. Chaleur : Al-Aziziya, Libye : 58 °C (en septembre 1922) 5. La ville la plus au nord : Ny Alesund, Spitzberg, Norvège. 6. La ville la plus au sud : Puerto Williams, Chili. 7. La ville la plus haute : Aucanquilcha, Chili : 5 334 m. 8. Les villes les plus basses : Les villages de la mer Morte : -396 m 9. Les gorges les plus grandes : Le Grand Canyon, Colorado River, en Arizona : 349 km de long, 6 à 21 km de large et 1 600 m de profondeur. 10. Les gorges les plus profondes : Hells Canyon, Snake River, Idaho : 2 408 m de profondeur. 11. Les vents les plus violents : 372 km/h (en 1934). 12. Les marées les plus hautes : Baie de Fundy, Nouvelle-Ecosse :16 m. 12 Mer du Nord 427 091 308 13. Le plus grand cratère de météorite : Nouveau-Québec, Canada : 3 km de 13 Mer Baltique 382 025 Superficie Profondeur (en km2) moyenne (en m) 1 Mer de Chine méridionale 2 974 615 1 464 2 Mer des Antilles 2 515 926 2 575 3 Mer Méditerranée 2 509 969 1501 4 5 Mer de Bering Golfe du Mexique 2 261 070 1 507 639 1491 6 Mer d'Okhotsk 1 392 125 973 .7 Mer du Japon 1012 949 1 667 8 Baie d'Hudson 730 121 9 Mer des Andaman 564 879 1 118 1 191 1615 93 55 2. large. k» émanant du Soleil et les radiations émises par la planète) était de 87 °C, et celle de Mars de -30 °C. Mais n'oublions pas que ces chiffres étaient valables pour des planètes sans atmosphère. L'atmosphère de ces planètes s'est consti¬ tuée à partir de l'oxyde de carbone et de la vapeur d'eau émis par l'activité volcanique à leur surface (si surprenant que cela parais¬ se, il se dégage effectivement des cratères des volcans en éruption une énorme quan¬ tité de vapeur d'eau). Bien que la tempéra¬ ture d'ébullition de l'eau soit de 100 et non de 87 °C, la température superficielle de Vénus était déjà suffisamment élevée pour qu'une bonne quantité de la vapeur d'eau expulsée par les volcans soit fixée dans l'at¬ mosphère par l'oxyde de carbone. Vapeur d'eau et oxyde de carbone font efficace-' ment écran aux radiations infrarouges, pro¬ duisant un « effet de serre ». La chaleur émise par la surface de la planète ne pou¬ vant plus se diffuser aussi facilement dans l'espace, la température ne tarda pas à s'éle¬ ver, à dépasser le point d'ébullition de l'eau et à monter encore avec l'augmentation de la vapeur d'eau dans l'atmosphère. Ainsi emprisonnés, les gaz volcaniques n'ont fait que renforcer cet effet de serre. C'est préci¬ sément l'inverse qui s'est produit à la sur¬ face de Mars. L'eau qui avait pu s'échapper à la surface a immédiatement gelé. C'est pourquoi Venus est un désert torride alors que Mars est un désert glacé. Heureuse¬ ment pour nous, le cas de la Terre est différent. La température de notre planète était (1) Croûte : Granit (continents) Basalte (océans) . (4) Noyau interne : Fer (solide) (2) Manteau : Péridotite (3) Noyau externe : Fer (liquide) suffisamment élevée pour permettre l'écou¬ lement des eaux, mais pas assez pour entraî¬ ner un effet de serre par accumulation de la vapeur d'eau. Bien au contraire, les eaux chaudes de l'océan primitif ont retenu une partie de l'oxyde de carbone de l'atmosphè¬ re, la laissant beaucoup moins dense que sur Vénus, alors que les nuages blancs qui se formaient dans son ciel permettaient, en réfléchissant une partie des radiations solai¬ res, à la planète de refroidir. Pour les astro¬ nomes, ce n'est pas un hasard si la masse globale de l'oxyde de carbone de l'atmos¬ phère de Vénus est à peu près la même que celle que renferment les roches carbonifè¬ io° ô^ ¿>e' & NE e* & V £° res, comme les calcaires, disséminées sur tout le pourtour des océans de la Terre. Si la température du Soleil avait été un peu plus élevée, la Terre serait peut-être devenue, comme Vénus, un désert surchauffé en¬ touré d'une atmosphère épaisse d'oxyde de carbone, mais dans ce cas, c'est Mars qui se serait, suffisamment réchauffé pour per¬ mettre à l'eau de se fixer à sa surface et à la vie de s'épanouir. A supposer au contraire que le Soleil ait été un peu plus froid, notre Terre aurait connu le sort de Mars, mais Vénus serait aujourd'hui une riante planète au ciel bleu parcouru de nuages se reflétant dans ses océans. A condition de ne pas être trop pointilleux sur l'emplacement de la planète où la vie est possible, on peut conclure que l'existence d'une planète comme la Terre découle presque inévita¬ blement de l'existence d'une étoile comme le Soleil. Dans notre système solaire, c'est donc la troisième planète à partir du Soleil qui s'est trouvée, voici déjà trois milliards et demi 8 d'années, posséder des océans, des conti¬ nents, une atmosphère chargée d'oxyde de leur en brûlant l'hydrogène qu'il contient pour le transformer en hélium. Mais ses carbone et une température acceptable. Le réserves d'hydrogène ne sont pas inépuisa¬ décor était donc planté pour que la vie puisse apparaître et modifier à son tour bles. Un jour ou l'autre, l'intérieur du Soleil l'environnement de notre planète se contractera légèrement pour devenir en¬ absorbera les planètes avoisinantes et les réduira en cendres. Cela dit, il serait pour le moins prématuré de céder à la panique. Notre Soleil n'a encore accompli que la moitié de son cycle de vie; il est donc encore dans la force de l'âge et « la fin du monde », mais core plus chaud en raison de la fusion de c'est là une tout autre histoire. En ce qui l'hélium en carbone par réaction nucléaire. si elle doit se produire par sa faute, n'aura concerne l'avenir, cela fait 4 milliards d'an¬ Sous l'effet de cette surchauffe, les couches pas nées que notre Soleil existe plus ou moins extérieures du Soleil se dilateront, le trans¬ sous sa forme actuelle, conservant sa cha formant en une étoile rouge géante qui moins. Le sort de l'humanité dépend d'ellemême, pas des étoiles. lieu avant 4 milliards d'années au La troisième planète Le Soleil Astéroïdes Une fournaise thermonucléaire qui trans¬ forme l'hydrogène en hélium et libère une fantastique quantité d'énergie. Etoile cen¬ trale du système solaire, elle en représente 99 % de la masse. Température moyenne à la surface : 5 500 °C. Température au centre : 1 7 millions de degrés centigrades. Diamètre : Petits corps célestes en orbite entre Mars et Jupiter. La plupart ont moins d'un kilomètre de diamètre. Distance moyenne du Soleil : 1 ,39 million de km. Distance de la Terre : 1 50 millions de km. . 414,4 millions de km. Jupiter Planète géante et glacée, enveloppée d'une atmosphère d'hydrogène et d'hélium. Puis¬ sante source d'énergie. Diamètre : qui permet de penser que la Lune s'est for¬ mée séparément probablement par l'accrétion de particules solides existantes. Sa surface est criblée de cratères dus aux bom¬ bardements météoritlques. Des zones claires et accidentées, correspondant à la croûte primitive, y alternent avec des régions som¬ bres, légèrement déprimées, creusées il y a 3,6 milliards d'années par Impact et comblées par des épanchements de lave. 142 700 km. Distance du Soleil : 778,3 mil¬ Météorites lions de km. Mercure Très dense, de structure interne sans doute Saturne en partie métallique. Pourrait avoir une at¬ mosphère raréfiée. Température diurne moyenne : 350 °C. Diamètre : 4 840 km. Dis¬ La moins dense des planètes, puisqu'elle est constituée surtout d'hydrogène et d'hélium. Elle est ceinturée d'anneaux de particules couvertes de glace. Diamètre : 120 800 km. tance du Soleil : 57,9 millions de km. Distance du Soleil : 1,427 milliard de km. Vénus Semblable par ses dimensions et sa densité à Uranus la Terre, elle est entourée d'une atmosphère Probablement constituée de glaces conte¬ opaque d'oxyde de carbone. Température à nant quelques particules solides d'ammo¬ niac, d'hydrogène et d'hélium. Elle doit sa couleur verte à son atmosphère chargée de la surface : 300 °C. Diamètre : 1 2 1 04 km. Dis¬ tance du Soleil : 108,2 millions de km. Débris pierreux et métalliques provenant de l'espace qui tombent, calcinés par la chaleur, sur la Terre. Ce sont probablement les fragments de collisions entre astéroïdes. Leur composition va du fer allié au nickel, aux silicates de magnésium et de fer. Leur âge maximal est à peu près celui de la Terre. Un grain de poussière dans l'infini méthane. Diamètre : 47 600 km. Distance du La Terre Noyau Soleil : 2,869 milliards de km. métallique très dense entouré de couches de silicates. Neptune L'eau et une atmos¬ Probablement constituée de méthane, d'eau La Terre et le système solaire tout entier sont infimes comparés à l'immensité de l'univers, où les distances se mesurent en années- phère d'azote et d'oxygène y entretiennent la vie. Température à la surface : de 60 à -90 °C. et d'ammoniac gelés. Diamètre : 44 400 km. lumière, unité astronomique équivalant à la distance parcourue par la lumière en une Diamètre: Distance du Soleil : 4,498 milliards de km. année 12 756km. Distance du Soleil: 149,6 millions de km. Pluton Mars Surface parsemée de cratères, comme celle de la Lune, mais aussi de vallées et de vol¬ cans, semblables à ceux qu'on volt sur la Terre. Son atmosphère est composée d'oxyde de carbone, et contient un peu d'a¬ La plus éloignée des planètes connues à ce jour. Composition Inconnue. Diamètre : de l'ordre de 3 000 km. Distance du Soleil : 5,900 milliards de km. 6 760 km. Distance du Soleil : 227,9 millions de km. abondants que dans la croûte terrestre, ce ture de surface : vraisemblablement 20 °C à l'équateur Soleil pendant le Mercure jour. Vénus Diamètre : Terre Sur les 100 milliards d'étoiles que comporte notre galaxie, la plus proche se trouve à quatre années-lumière, et la galaxie mesure de bout en bout 80 000 années-lumière. Elle n'est pourtant qu'une parmi des millions La Lune Sa composition est analogue à celle de la Terre, mais avec des différences significati¬ ves. L'analyse des échantillons de roches prélevés sur la Lune montre que le titane, le chrome et le zirconium y sont beaucoup plus zote et d'eau. Aucune trace de vie. Tempéra¬ soit environ 10 mille milliards de kilomètres. Mars Astéroïdes Jupiter d'autres dans l'univers. Le système solaire est un ensemble formé du Soleil et de son cortège d'astres et de ma¬ tières planètes, satellites, astéroïdes, comètes, météorites, poussières et gaz qui gravitent tous autour de lui dans une même direction et sur un même plan. Saturne Uranus Neptune Pluton La dérive ON ne peut pas regarder une mappemonde sans être frappé par la manière dont les côtes de l'Afrique et de l'Amérique pourraient s'emboîter l'une dans l'autre, si l'océan Atlanti¬ que ne les séparait pas. La géophysique moderne a effectivement établi que l'ensemble des terres émergées du globe ne formait, il y a des centaines de millions d'années, qu'un bloc unique, un supercontinent, la Pangée, dont la fragmentation ultérieure a Afrique yec» entraîné la dérive des masses continentales jusqu'à leur position actuelle à la surface de notre planète. Cette idée a mis du temps à s'imposer. Certes, Francis Bacon 1 (1561-1626) réfléchissait déjà sur la forme des continents, mais, de l'avis général, la paternité de la théorie de la dérive des Amérique du Sud / \\ * ^¿ri \ f continents revient à l'astronome et météorologue allemand Al¬ fred Wegener, qui l'a exposée pour la première fois de manière cohérente en 1 91 2. Wegener était persuadé que les continents se déplaçaient en repoussant l'écorce plus mince des fonds océani¬ ques, un peu comme des icebergs labourant la mer, et il entreprit de démontrer par une foule d'arguments que les bordures des continents s'ajustaient les unes aux autres, comme les pièces d'un puzzle planétaire. Mais il ne parvint pas à expliquer comment les continents pouvaient se déplacer à travers l'écorce sub¬ océanique et sa théorie n'eut guère d'écho jusqu'aux années cinquante, lorsque les progrès des techniques géologiques per¬ mirent de faire la preuve de la dérive des continents. V-*- Cette preuve déterminante, c'est l'étude géomagnétique des fonds océaniques qui l'a fournie en révélant que le fond de l'Atlantique est traversé, à peu près en son centre, par une longue dorsale volcanique. Cette symétrie de l'océan par rapport à la dorsale médio-océanique a conduit naturellement à l'idée qu'une nouvelle croûte océanique se formait à ce niveau, à partir des matières suintant de cette fissure de l'écorce terrestre. Celle-ci tend à s'élargir, repoussant lentement mais sûrement les deux rivages de l'Atlantique. Dans d'autres parties du monde, c'est l'inverse qui se produit. C'est ainsi que le Pacifique Nord n'a pas de chaîne sous-marine volcanique mais est traversé dans sa partie occidentale, non loin de la masse continentale eurasienne, par une fosse très profonCartes © Oxford University Press, Oxford II y a 200 millions d'années Il y a 135 millions d'années 10 Actuellement Dans cinquante millions d'années des continents de. Il s'agit là d'une zone de subduction, où la mince croûte océanique s'enfonce sous le continent dans le manteau de la Terre et s'y dissout pour être recyclée ultérieurement. Tous ces mouvements s'annulent et demeurent sans effet sur la superficie Zone d'accrétion de la croûte océanique. Les plaques du fond océanique s'écartent; des montées de roches mantelliques s'é¬ panchent de part et d'autre de la dorsale ainsi créée, tapissant chaque plaque de nouveaux matériaux. du globe, puisque l'expansion observée dans l'Atlantique et ailleurs est compensée par la contraction qui se produit dans le Pacifique. Toute partie de l'écorce terrestre délimitée par ces phénomènes d'accrétion ou de subduction constitue une « pla¬ que » d'où le nom de « tectonique des plaques » qu'a pris la version moderne de la théorie de la dérive des continents. A certains endroits, deux fragments de l'écorce terrestre plaques deux se déplacent latéralement l'un par rapport à l'autre sans qu'il y ait ni création ni destruction de croûte océanique. Cette frontière interplaque dite faille de transformation, et dont Zone de subduction océanique. Une plaque plonge sous une autre. Un de ses bords s'enfonce dans le manteau, auquel il se l'un des plus célèbres exemples est la faille de San Andreas en mélange et où il se recycle. En s'élevant, certains groupes de Californie, constitue, avec les zones d'accrétion et les zones de roches en fusion forment un arc insulaire. subduction, l'un des trois éléments fondamentaux de la théorie des plaques. Il est tout à fait possible que le processus de fragmentation et de déplacement des blocs continentaux se soit produit plusieurs fois au cours de l'histoire de la Terre, les massifs montagneux étant apparus à la suite de la collision de plaques tectoniques. C'est ainsi qu'en butant contre le bloc eurasien, la péninsule indienne a fait jaillir le massif de l'Himalaya, selon une dynamique qui se poursuit encore. A l'inverse, le tracé de la mer Rouge constitue la preuve d'une déchirure relativement récente (du point de vue géologique) de l'écorce terrestre : cette fracture, qui s'élargit, sépare peu à peu l'Afrique de l'Arabie et cet étroit bras de mer est peut-être destiné à devenir un jour un océan aussi Zone de collision. Sous l'action d'une plaque plongeante, deux continents se heurtent, entraînant la formation d'une chaîne de hautes montagnes. large que l'Atlantique. Depuis un quart de siècle, les savants accumulent les preuves Irréfutables de la réalité du phénomène de la dérive des conti¬ nents. La dernière, et la plus concluante, ne date que de quelques années. Grâce à des rayons lasers réfléchis par des satellites en orbite autour de la Terre, on peut aujourd'hui mesurer directe¬ ment l'expansion de l'Atlantique, dont les rives s'écartent l'une de l'autre au rythme d'un ou deux centimètres par an. Faille de transformation. Deux plaques coulissent l'une contre l'autre sans création ni destruction de la croûte océanique. Plaque antarctique zone de dorsales en accroissement croûte continentale volcans . ;..? zone de sismicite t 1 1 * t zone de subduction frontières indéterminées entre plaques UTU" sous l'effet de failles transformantes . zone de collision , «>ns du déplacement des plaques 11 L'horloge géologique LA géologie est la science qui étudie la En 1785, le naturaliste écossais James conjugué de pressions élevées et de hautes nature et la structure de l'écorce ter- Hutton avait bien suggéré, dans sa Théorie températures; enfin, les roches sédimentai- rgéologie est la science qui étudie la de la Terre que des processus naturels res, disposées en couches et constituées de nature et la structure de l'écorce terrestre et comme la formation des montagnes et l'éro¬ fragments de matériaux existants déposés les témoignages des formes de vie révolues sion étaient si lents qu'il était inconcevable sous forme de sédiments (voir encadré page qu'elle géologue que la Terre ne fût pas vieille de plusieurs 15). notamment à décrire les formes millions d'années. Mais sa théorie ne fut Les roches magmatiques ou métamorphi¬ géologiques, mais il s'intéresse avant tout guère prise au sérieux avant le début des ques les plus anciennes fournissent des ren¬ aux processus et aux forces qui ont façonné années 1830, lorsque son compatriote Charles Lyell la reprit dans les trois vo¬ seignements sur la formation de l'écorce consiste recèle. Le travail du le paysage de notre planète, tel que nous le voyons aujourd'hui. Il s'agit généralement de processus extrê¬ lumes de son célèbre ouvrage, Les principes de la géologie, où il jetait les fondements de mement lents. On a du mal à imaginer le l'évolutionnisme en biologie et de l'étude sont constituées les chaînes de montagnes; temps qu'il a fallu, dans le mouvement in¬ scientifique de l'histoire de la Terre. La géologie était devenue une science à enfin, les roches sédimentaires accumulées cessant des gigantesques fragments de la croûte terrestre, pour que des plissements surgissent des chaînes montagneuses, que des reliefs plus anciens, rabotés par l'usure, se transforment en plaines et que la calotte glaciaire s'étende ou se rétracte. part entière, et les hommes finirent par concevoir le temps considérable qu'il avait fallu à la nature pour faire le travail dont ils pouvaient contempler les résultats. Notre planète est essentiellement une terrestre; les déformations de complexes rocheux magmatiques plus récents nous permettent de comprendre comment se en couches ou strates successives depuis des millions d'années constituent le terrain idéal pour tenter d'établir un calendrier général de l'évolution géologique. Les roches sédimentaires contiennent les restes fossilisés d'animaux et de végétaux. La pensée occidentale ne s'est ouverte masse rocheuse et on peut pratiquement Comme que récemment aux perspectives vertigi¬ retracer toute son histoire en étudiant les constante évolution, les fossiles constituent neuses du temps géologique. un indice de choix pour comparer l'âge des Ulster, concluait après une étude approfon¬ roches qui affleurent à sa surface ou qui sont suffisamment peu profondes pour qu'on puisse les atteindre par forage. die des généalogies bibliques que la créa¬ On distingue trois grandes catégories de tion avait eu lieu à 8 h du matin, le 22 roches : les roches magmatiques, formées ques. La stratigraphie (étude des séquences de strates rocheuses) et la paléontologie (étude de l'évolution de l'écorce terrestre à octobre de l'an 4004 avant J.-C. L'estima¬ de matières en fusion qui remontent du travers celle des fossiles) contribuent donc tion du prélat était encore largement tenue manteau de la Terre; les roches métamor¬ toute deux à l'écriture d'une sorte d'« his¬ pour valable au 18e siècle. phiques, qui se sont cristallisées sous l'effet toire sédimentaire ». En 1656, James Ussher, archevêque d' Armagh en les formes du vivant sont en roches dans différentes zones géographi¬ Le modelé do paysage -Cs* Erosi on Le relief est façonné à la fois par érosion et par déformation. L'érosion est le ré¬ sultat de l'action mécanique de l'eau, du vent et de la glace, qui entraîne une Déformation tic- usure de l'écorce terrestre continentale. Les déformations se produisent dans les zones instables par fractures, pres¬ sions, cassures, plissements et recou¬ vrements. en Les canyons résultent de l'intensifica¬ Les forme de U, semblables à celle- Les Vallées glaciaires tion du courant et de l'affouillement d'un ment, appelés aussi nfts, ci, en Alaska, sont creusées par cours d'eau par un soulèvement de ter¬ sont des zones de fracture les glaciers dans leur mouve¬ rain. Le plus spectaculaire est le Grand Canyon du Colorado, aux Etats-Unis, de l'écorce terrestre dans ment de descente. Les blocs de glace et les fragments de roche qu'ils charrient entaillent et ra¬ clent sur leur passage les ver¬ sants escarpés du lit glacaire. 12 qui atteint par endroits une profondeur supérieure à mille mètres. fossés d'effondre¬ lesquelles le terrain s'af¬ faisse entre deux failles pa¬ rallèles. La Vallée du Rift d'Afrique orientale, la plus grande du monde, est lon¬ gue de près de 5 000 km. Grâce aux progrès de la radiocristallogra- s'étend jusqu'à nos jours. En gros, le paléo¬ phie au cours des années 50, il fut possible désormais de calculer non seulement l'âge relatif des roches à l'aide des fossiles, mais aussi leur âge absolu, exprimé en années. zoïque a marqué l'apparition d'organismes On peut en effet calculer l'âge exact de certains types de roches en mesurant la radioactivité résiduelle des minéraux qu'elles contiennent, puisque nous savons à quelle vitesse les isotopes radioactifs d'ura¬ nium, de potassium et de rubidium se trans¬ invertébrés simples et vertébrés relativement poissons, amphibiens et reptiles correspondances entre le temps géologique et les séquences des states rocheuses, en se fondant sur des normes, une terminologie et une classification qui lui sont particuliers. primitifs , alors que le mésozoïque a vu celle des reptiles géants comme le dinosau¬ re, et que le cénozoïque, qui dure encore, Même dans un tableau chronologique aussi simplifié que celui qui figure à la page 14, les est marqué par le règne des mammifères. Chaque ère est divisée en unités plus mité. petites, dites périodes ou systèmes, dont la plupart tirent leur nom de la région géogra¬ noms et les dates sont loin de faire l'unani¬ Dans ces conditions, il est évident que la solution de nombreux problèmes élémen¬ taires en géologie serait grandement facili¬ tée par l'adoption d'une terminologie et de s'accumuler phique où l'on a retrouvé des fossiles leur correspondant. C'est ainsi que le cambrien tire son nom de l'ancienne appellation du dans les minéraux dès que ceux-ci sont cris¬ tallisés et refroidis, mettant pour ainsi dire en marche une véritable « horloge radio¬ pays de Galles et que le permien doit le sien à celui de l'ancien royaume russe de Perm. D'autres périodes sont désignées non par une région ou une autre. C'est là un des active ». un nom géographique mais par les caracté¬ ristiques physiques de certaines roches. C'est ainsi que crétacé est un dérivé du mot forment en isotopes stables de plomb, d'ar¬ gon et de strontium. Ces sous-produits de la radioactivité commencent à De même que le temps de nos horloges se divise en heures, en minutes et en secondes, le temps géologique se divise en ères, en périodes et en systèmes, ainsi qu'en épo¬ ques et en séries. La première ère, le précambrien, s'étend de la formation de la Terre, voici environ 4,6 milliards d'années, à l'apparition sur latin creta (craie) et que le trias doit son nom au fait qu'en Allemagne, les sédiments de cette période sont généralement composées de trois couches de roches distinctes : grès, calcaire et schiste. Les géologues utilisent parfois des no¬ normes communes, qui rendraient intelli¬ gibles à tous les données recueillies dans principaux objectifs du Programme interna¬ tional de corrélation géologique, mené conjointement par l'Union internationale des sciences géologiques et l'Unesco (voir page 14). Les recherches qui visent à affiner pro¬ gressivement les échelles géochronologi¬ ques revêtent une importance toute parti¬ culière. En effet, les géologues ont besoin de disposer de méthodes de datation préci¬ ses, d'abord pour mieux connaître l'évolu¬ notre planète, il y a environ 570 millions d'années, des premières formes de vie di¬ menclatures à tion de l'écorce terrestre, mais aussi pour l'autre pour désigner la même période. Ain¬ repérer et évaluer les ressources minérales versifiées, dont attestent des restes fossiles si les Européens englobent sous le nom de la de plus en plus abondants. Cette ère précambrienne, dans laquelle certains géolo¬ période dite carbonifère (en raison de la et énergétiques du sous-sol. La compréhension des processus naturels qui ont abouti à la constitution des gise¬ gues préfèrent distinguer deux parties, l'archéozoïque et le protérozoïque, couvre donc à elle seule 90 % du temps géologi¬ différentes d'un continent présence de carbone dans les strates qui lui correspondent) ce que les Américains ments de minéraux ou de carburants fossiles dis¬ exigent que le géologue connaisse la sé¬ tinctes qu'ils appellent pennsylvanienne et considèrent comme deux périodes Les trois autres ères, qui vont de la fin du Chaque période est divisée en époques quence des événements qui ont abouti à la formation de ces gisements et puisse établir des corrélations précises entre les sé¬ précambrien à l'époque actuelle, sont le ou séries, elles-mêmes divisées en âges ou quences correspondant à la formation de paléozoïque (littéralement ère de la vie an¬ cienne), qui s'achève quelque 225 millions en étages, et c'est à ce stade que les diffé¬ dépôts similaires dans des régions très éloi¬ rentes nomenclatures aboutissent à un véri¬ gnées les unes des autres. En géologie on d'années avant notre ère, le mésozoïque table casse- tête. peut dire aussi que « le temps, c'est de que. mississipienne (deux noms géographiques). (vie moyenne) de 225 à 65 millions d'années En effet, chaque école nationale ou ré¬ et enfin le cénozoïque (vie moderne), qui gionale a tendance à établir ses propres l'argent ». Dessin © The Sunday Times, Geological Museum, Londres Le décrochement, ou le « décollement », est un méca¬ Les chevauchements sont des superpositions de ter¬ nisme commun de plissement conduisant à la formation de chaînons montagneux comme le Jura (en haut). Il se produit dans des terrains sédimentaires plats le long de plissements montagneux en surrection, en l'occurrence les Alpes. En se formant, les jeunes montagnes repous¬ sent les couches sédimentaires sur leurs flancs, jusqu'à rains entraînées par la formation de chaînes monta¬ ce qu'elles se décollent de leur socle rocheux et plissent comme un tapis sur un sol trop lisse. gneuses et qui se recouvrent les uns les autres. En Ecosse, l'érosion a mis à nu la partie inférieure d'un tel recouvrement, qui se déploie d'Aberdeen à Antrim. Les nappes de charriage sont des masses rocheuses qui se sont répan¬ dues sur d'autres formations plus jeunes à des distances considérables, les recouvrant comme une nappe. Le Matterhorn (en haut à droite) a été sculpté par des glaciers dans une nappe de granit préalpin originaire du sud et repoussée sur la Suisse. 13 Echelle du temps géologique Période / Système Epoque / Etages Durée en millions d'années Quaternaire Tertiaire MESOZOÏQUE Holocène 0,01 Pleistocene 2,5 Pliocène 4,5 Miocène 19 Oligocène 12 Eocène 16 Paléocène 11 Crétacé 71 Jurassique 54 Trias 35 Permien Noms tirés de 55 lieux Pennsylvanien Carbonifère géographiques 45 et variant Mississippien considérablement 20 PALEOZOÏQUE Dévonien 50 Silurien 35 Ordovicien 70 Cambrien 70 Protérozoïque ou Algonkien PRECAMBRIEN Non divisé en périodes Archéozoïque ou Archéen Un marteau de géologue a été choisi comme emblème du Programme international de corrélation géologique (PICG), entreprise scientifique de grande envergure lancée conjointe¬ ment par l'Unesco et par l'Union Internationale des sciences géologiques (UISG) et consacrée à l'étude de l'écorce ter¬ restre et de ses ressources minérales et énergétiques. Près de 4 000 géologues de plus de 110 pays, travaillant sur quel¬ que 50 projets de recherche, collaborent au Programme. Celui-ci bénéficie à la fois d'une participation et d'un encadre¬ ment scientifique non gouvernementaux par l'intermédiaire de l'UlSG et d'un soutien financier gouvernemental à travers l'Unesco. Les projets entrepris par le PICG vont de l'étude de la géochronologie à la prospection des gisements de mine¬ rais rentables et au traitement de données géologiques. 14 4 030 Une triade minérale Les roches magmatiques Les roches magmatiques sont issues de matières fondues, les magmas, remontant de l'intérieur de la Terre. Certaines, dites plutoniques, se forment en profondeur avant d'affleurer à la surface : ce sont les dolérites, les gabbros et le granit. D'autres font éruption à la surface avant de se soli¬ difier : dites volcaniques, ce sont, entre autres, le basalte (qui est le plus commun), l'obsidienne et la pierre ponce. A mesure que le magma refroidit et se cristallise, sa composition change, produisant, à partir de quelques types relativement peu nom¬ breux de matériaux, des centaines de roches magmatiques différentes. Des mi¬ néraux formés à haute température peu¬ vent y rester pris à la suite d'un refroidis¬ sement rapide. Les roches métamorphiques Les roches métamorphiques résultent de transformation (métamorphose) de la roches eruptives ou sédimentaires sous l'action d'élévations de température et de pression. Les matériaux initiaux se consti¬ tuent en grains cristallins plus gros, ou réagissent pour former de nouveaux miné¬ raux. Ces roches ont parfois une structure feuilletée appelée foliation, telle que nous pouvons l'observer dans l'ardoise. On dis¬ tingue deux sortes de métamorphismes : le « métamorphisme de contact » qui se produit à la périphérie des intrusions magmatiques, et le « métamorphisme ré¬ gional », dans les zones orogéniques où les températures sont élevées, ainsi que dans les rifts des dorsales océaniques où régnent de fortes pressions. Les roches métamorphiques sont notamment l'ardoi¬ se, issue de la transformation de calcaires à basse température, le schiste et le gneiss, qui se constituent à des tempéra¬ tures et des pressions plus élevées, ainsi que le marbre, dérivant de roches cal¬ caires ou carbonatées. Les roches sédimentaires > Les roches sédimentaires ont une struc¬ ture stratifiée. Elles recèlent la totalité des combustibles (pétrole, charbon) et des or¬ ganismes (animaux, végétaux) fossiles de la planète. Elles résultent primordialement de la désagrégation de roches préexistan¬ qui s'accumulent sous forme de fragments ou de précipités dans des dé¬ pôts qui se superposent en couches hori¬ zontales, les sédiments. Condensées par tes, pression ou cimentées par d'autres miné¬ raux, ces couches se transforment en roches sédimentaires. On en distingue trois grands types : i) les roches détriti¬ ques graviers (brèches, conglomérats), sables (grès, schistes) ou boues (argiles, vases, limons); ii) les roches sédimen¬ taires biogènes essentiellement consti¬ tuées de débris d'organismes végétaux et animaux (charbons, calcaires); iii) les roches sédimentaires d'origine physico¬ chimique formées par précipitation dans les bassins salins ou sous l'action de sources hydrothermales (roches salines, gypses, latérites, certains calcaires cherts siliceux). 15 et Forage dans l'inconnu par Evgueni Kozlovski .+. jf#te LA structure de la Terre est le reflet de sa longue histoire. En reconstituant cette histoire, les savants espèrent Ce programme prévoit l'étude systémati¬ percer le secret de phénomènes comme la que de l'écorce terrestre dans les limites de formation de la lithosphère, le volcanisme la zone continentale, où sont concentrés la et la série des soulèvements, affaissements plupart des minerais utiles de la planète*. Les explorations géophysiques sont menées suivant un système de grilles recouvrant la totalité du territoire de l'URSS, les forages à grande et très grande profondeur étant et plissements qui ont ponctué l'évolution delà surface et du sous-sol de notre planète , et favorisé la constitution, l'accumulation et la conservation de dépôts de minerais ex¬ ploitables. entrepris aux points d'intersection des diffé¬ Les chercheurs soviétiques ont entrepris d'étudier certains processus physiques et rents plans de coupe. Ces recherches ont permis d'explorer la physico-chimiques complexes intéressant programme intégré d'exploration du sous- discontinuité de Môhoroviéié (qui marque la transition entre la croûte et le manteau), de mieux connaître la structure et les pro¬ priétés physiques du manteau supérieur, de sol de l'URSS mobilisant tous les moyens de localiser et de mesurer les grandes zones de la géologie, de la géophysique et de la géo fracture de l'écorce terrestre et, enfin, de l'écorce et les couches supérieures du man¬ teau de la Terre, dans le cadre d'un vaste 16 chimie, ainsi que des outils de forage à grande et très grande profondeur. préciser les contours et la structure en pro¬ fondeur des grands éléments tectoniques ce'. Les géophysiciens avaient constaté en qui pourraient receler des dépôts de mine¬ vitesse de propagation des ondes sismiques rais, de pétrole ou de gaz naturel. à grande effet des variations très prononcées de la profondeur. Sachant que ces tions indiquaient le passage d'une couche granitique à une couche basaltique. Mais c'était là simple conjecture, car si la couche d'une certaine profondeur. granitique, associée aux gneiss granitoïdes En effet, les pressions et les températures s'élèvent à mesure qu'on s'enfonce dans la terre; l'eau libérée par les cristaux fait pres¬ sion sur les roches, qui se fissurent et de- 1 ondes traversent plus vite le granit que le basalte, ils en avaient déduit que ces varia¬ rentes étapes de l'histoire de la Terre. Le premier forage fut effectué dans la pres¬ que qui est composé de roches cristallines datant du précambrien. Il a fourni des infor¬ mations nouvelles sur l'évolution et la struc¬ ture de la croûte continentale primitive de l'ensemble de la planète, étant donné que l'on retrouve des formations géologiques analogues un peu partout dans le monde en Inde, en Amérique du Nord, en Afrique du Sud, en Australie occidentale et au Groenland. Des forages très profonds effectués parallèlement aux Etats-Unis, au Canada et en République fédérale d'Al¬ lemagne contribuent aussi à enrichir notre connaissance des entrailles de la Terre dans des régions potentiellement riches en res¬ sources minières. Les observations directes rendues pos¬ sibles par ces forages ont permis d'élaborer le premier modèle précis de l'écorce ter¬ restre et de remettre ainsi en cause certaines idées reçues sur l'évolution et la structure des profondeurs terrestres. Les forages de Kola ont abouti à une série de constatations aussi inattendues que pas¬ sionnantes. Le but de l'opération était notamment de traverser la couche granitique à la surface de la croûte pour atteindre la couche basal¬ tique sous-jacente dont certaines données géophysiques laissaient supposer l'existen- z 0- < © La presqu'île de Kola, dans le nord de l'URSS, est le site du premier forage à très grande profondeur réalisé dans le cadre d'un ambitieux programme d'exploration de la croûte continentale et de recherche de gisements de minéraux, de pétrole et de gaz. A gauche, les installations de forage flanquées des bâtiments et des ateliers qui abritent les services industriels et techni¬ ques. En raison des rigueurs du climat arctique, les appareils de forage sont re¬ couverts de tôle ondulée, ce qui permet d'y maintenir une température constante supérieure à 0"C. A droite, OURALMACH 15 000, une instal¬ lation de forage hautement perfectionnée et entièrement automatisée : grâce à son outillage de pointe, elle peut atteindre une profondeur de 15 km. Le derrick, qui me¬ sure 86 m, a une capacité de levage de 400 tonnes. où l'on constate de brusques variations de la vitesse des ondes sismiques. Contrairement à ce que l'on attendait, on ne trouva pas de basalte, et on s'aperçut que ces variations étaient dues non pas à la nature des roches, mais à leur plus grande porosité à partir Le principal objet de ce programme est de permettre l'exploration de la structure profonde de la croûte continentale, dont les diverses couches portent, comme écrites sur les pages d'un livre, l'empreinte des diffé¬ qu'île de Kola en bordure du massif Salti¬ Les forages de Kola ont permis d'at¬ teindre pour la première fois la profondeur archéens, affleure un peu partout à la sur¬ face des continents, la couche basaltique reste enfouie dans les profondeurs. ^ viennent poreuses. On put constater aussi plomb, zinc, nickel, argent), alors que l'on que cette zone poreuse était très ancienne. considérait auparavant que ces formations Ce « décompactage par hydrogénation » permet de mieux comprendre les caractéris¬ intéressaient essentiellement les couches Page 19 superficielles de l'écorce terrestre. tiques géologiques de certaines zones de Ces nombreuses traces minérales décou¬ transition où les ondes sismiques se réper¬ cutent à de grandes profondeurs, la nature vertes dans des couches rocheuses jusqu'a¬ des fluides hydrothermiques et le méca¬ de minéraux pourraient exister en quantités industriellement exploitables dans les pro¬ nisme des déformations tectoniques; mais il modifie aussi toutes nos idées sur le cycle hydrologique continental et la structure de l'hydrosphère souterraine. Pages en couleur lors inexplorées confirment que des dépôts fondeurs de la Terre. Nous avons également été amenés à re¬ Le forage a apporté des informations qui ont intéressé aussi vivement les biologistes voir nos idées sur les caractéristiques et les propriétés physiques des roches des grandes profondeurs. On s'est aperçu ainsi que les géologues. Il apparaît en effet que que les fissures de ces roches ne disparais¬ les entrailles de la Terre, que l'on croyait sent pas avec la profondeur. En haut : a) l'âge de ce fragment de cendre volcanique pétrifiée, trouvé près d'Isua, dans la partie occidentale du Groenland, a été évalué, à une douzaine de millions « mortes » depuis la nuit des temps, ont Ce voyage vers le centre de la Terre activement participé à un moment donné jusqu'à une profondeur jamais atteinte au¬ d'années près, à 3 milliards 834 millions, aux processus biologiques qui sont interve¬ paravant (15 km) a été rendu possible par des techniques et des équipements révolu¬ d'années, ce quien fait la plus vieille pierre connue du monde. D'autres roches ayant approximativement le même âge ont été trouvées non loin de là : ce sont b) ce gneiss d'Amitsoq et c) une concrétion fer¬ rugineuse. La roche d) a été trouvée dans nus dans les profondeurs terrestres. L'analyse isotopique du carbone a permis tionnaires. Cette ambitieuse entreprise a d'identifier deux sources de gaz carbonique la première associée au manteau et issue nécessité la création d'une installation de directement MACH-15000. des roches archéennes et la forage unique en son genre : OURAL- l'Antarctique. seconde d'origine biogénique localisée sur¬ Les conduits de forage ont été percés à tout dans les roches protérozoïques, où pierreuse) trouvé à Barwell, au Royaume- micro-organismes (microfossiles) qui se¬ même le roc (sans gaine protectrice), ce qui a considérablement amélioré la qualité et la précision des relevés géophysiques. Les raient vieux de plusieurs milliards d'années. tiges de forage n'étaient pas en acier, mais Ce n'était pas une découverte isolée, en alliages spéciaux, légers et extrêmement puisqu'on a retrouvé 17 espèces de micro¬ organismes attestant un développement ex¬ robustes, capables de supporter des tempé¬ ratures de 230 à 250 °C. Les trépans et les En bas à droite : un fragment de roche lunaire. Parmi les échantillons qui ont été ramenés de la Lune, le plus ancien aurait trêmement important des processus biogé- turboforeuses, spécialement conçus pour niques sur notre planète à des époques très reculées. Autrement dit, la vie est apparue cette opération, étaient propulsés par injec¬ l'on a découvert aussi les restes pétrifiés de En bas à gauche : un aérolithe (météorite Uni. La plus vieille météorite connue est âgée d'environ 4,6 milliards d'années. environ 4,6 milliards d'années. Photos © British Museum (Natural History), Geological Museum, Londres sur la Terre beaucoup plus tôt qu'on ne tion de liquide dans le puits. Il a fallu aussi mettre au point des appareils entièrement l'avait cru jusqu'ici. nouveaux pour prélever des échantillons de Page 20 En haut : merveille géologique autant que Les mesures directes des températures roches à grande profondeur et les ramener des grandes profondeurs nous ont obligé à intacts à la surface en préservant leur orien¬ revoir également nos conceptions des varia¬ paysage grandiose, le Grand Canyon est le nom donné aux Immenses gorges creu¬ tation d'origine. sées par le Colorado dans les hauts pla¬ tions actuelles et géohistoriques de la tem¬ Le programme en cours prévoit la pros¬ pérature du sous-sol. On avait toujours cru pection systématique du sous-sol sur l'en¬ que dans les régions de faible activité tecto¬ nique, l'accroissement des températures à semble du territoire de l'Union soviétique. Des forages profonds sont actuellement mesure que l'on s'éloignait de la surface réalisés dans la Transcaucasie, l'Oural, le était négligeable. Sur ces bases, les cher¬ bassin du Krivoï-Rog et la région de Mu- cheurs de Kola avaient calculé qu'à 10 km runtauski en Asie centrale. Un forage est de profondeur, la température ambiante également prévu dans la région de Tiou- devrait approcher 100 "C; or elle s'élevait men, en Sibérie occidentale. en fait presque au double, à 180 "C. On a Les données ainsi teaux du nord-ouest de ¡'Arizona (EtatsUnis). De par sa composition rocheuse il est constitué notamment de granits et de schistes vieux d'environ quatre milliards d'années , // constitue un témoignage exceptionnel de l'évolution géologique. Larges de plus de 20 km par endroits, lon¬ gues de plus de 300 km, les gorges du Grand Canyon ont une profondeur qui dé¬ passe 1500 m en certains points. recueillies devraient découvert en outre qu'à l'ère protérozoï- d'abord permettre d'évaluer l'importance que, le gradient géothermique (le taux d'ac¬ croissement de la température par 100 m de profondeur) était cinq fois plus élevé qu'au¬ jourd'hui. des gisements de pétrole, de gaz naturel et Photo Alan Keler © Sygma, Paris En bas : l'lrazú, un volcan de la Cordillère de minéraux que recèlent les couches les centrale situé au Costa Rica, en pleine éruption. plus profondes du sous-sol et ensuite de Photo Ernst Haas © Magnum, Pans répondre à des questions fondamentales Ces expériences géothermiques ont éga¬ lement apporté une réponse à une question concernant l'évolution tectonique de la Ter¬ Page 21 re, à la lumière de la théorie de la dérive des qu'on se posait depuis longtemps : quel rôle continents. Le programme comporte un vo¬ le manteau et la désintégration d'éléments radioactifs dans les roches jouent-ils dans le let de recherche expérimentale et théorique en vue de l'élaboration d'une théorie géné¬ En haut : gaz, cendres et fragments de laves incandescentes, plus ou moins vis¬ queuses, sont projetés en l'air au cours d'une éruption volcanique. bilan global des échanges thermiques à l'in¬ rale de la structure et de l'évolution de la Photo Ernst Haas © Magnum, Paris térieur de la Terre ? Il est désormais établi tectonosphère terrestre. La remontée de la En bas : le Mauna Loa, volcan de l'île Ha¬ que le manteau est la principale source de science dans le temps géologique en quête chaleur ascendante. des secrets de l'évolution de notre planète Enfin, la présence d'eau souterraine à l'intérieur de vieux massifs cristallins pres¬ ne fait que commencer. waii, lors d'une éruption survenue en 1984. D'une altitude de 4 170 m, le Mauna Loa («Grande Montagne ») forme un mas¬ sif volcanique de 120 km de long sur 102 de large. Depuis 1832, il entre en éruption que à tous les niveaux d'exploration a pu être démontrée pour la première fois. On a localisé des flux hydriques hautement miné¬ ralisés et saturés de brome, d'iode et de métaux lourds, et décelé des échanges ga¬ zeux à travers les roches cristallines dans les zones de déformation tectonique. On a éga¬ lement découvert, entre 6,5 et 9,5 km de fond, des zones de minéralisation hy¬ drothermique à basse température (cuivre, 18 une fois tous les trois ans et demi en EVGUENI KOZLOVSKI, de l'Union soviétique, moyenne. est chef du conseil intersectoriel du Photo Krafft © Explorer, Pans Comité d'Etat scientifique et technologique chargé d'étu¬ dier les couches souterraines profondes de la Terre et les sondages à grande profondeur. Lau¬ réat du prix Lénine, il est le rédacteur respon¬ sable d'un ouvrage sur les sondages à grande profondeur dans la presqu'île de Kola et de L'encyclopédie de la recherche minière, le pre¬ mier ouvrage de ce genre dans le monde. '"V^ Ó& S f. . ü.at-5, *-'* 'S IT"* E&j&í . : * ' &*.*< - "%-':< ^^sm .' '^i£Í2é¿-- " * ¿t rfr* & Quand la Terre tremble par E. M. Fournier d'Albe ON dit souvent que l'on ne peut être certain de comprendre un phéno¬ mène naturel que dans la mesure succès à Haicheng n'ont pu permettre de prévoir le terrible séisme de Tangshan l'an¬ née suivante. où l'on est capable de prévoir avec précision De nouvelles informations s'accumulent le moment où il se produira. Si cette affir¬ sans arrêt et on a l'espoir de voir s'améliorer mation est vraie, la faculté de prévoir les peu à peu la précision des prévisions, en¬ tremblements de terre doit être l'un des core que celles-ci, par définition, restent buts principaux de la sismologie. toujours de l'ordre des probabilités. Elles Toutefois, le savant qui s'aventure dans ce domaine porte une responsabilité, so¬ ciale et personnelle, d'un poids inhabituel. n'affirmeront pas, par exemple, qu'« un séisme d'une magnitude X va avoir lieu La prévision d'un tremblement de terre virtuellement destructeur, qu'elle se révèle en définitive exacte ou non, peut avoir de dans la zone Y à telle date », mais pren¬ dront plutôt la forme d'un communiqué sur la probabilité d'un séisme d'une certaine magnitude pouvant se produire dans une graves effets perturbateurs sur la vie sociale et économique d'une communauté. Ainsi, grâce à la prévision correcte du séisme de Haicheng (Chine) en 1975, de nombreuses Le séisme de Haicheng vies ont pu être sauvées. En revanche, il faut rappeler beaucoup de cas de prédic¬ tions erronées, qui non seulement ont nui à la réputation des savants concernés, mais ont eu aussi des conséquences économiques et même politiques considérables. Dans l'état actuel des connaissances, il est impossible de déterminer, par l'observa¬ tion et le calcul, en quel lieu et à quel moment précis un tremblement de terre va se produire. La raison en est que, pour établir une prévision avec la minutieuse exactitude requise, l'on a besoin d'informa¬ tions détaillées sur les champs de force et les propriétés mécaniques de la croûte ter¬ Photo Ernst Haas © Magnum, Pans y compris ceux du tremblement de terre qui eut lieu dans le golfe de Bo Hal en 1969, semblaient suivre une trajectoire nord-est en direction de la province fortement peu¬ plée de Liaoning. En juin 1974, il fut prévu qu'un important séisme se produirait au nord de Bo Hai dans un délai de un ou deux des bâtiments de cette zone furent endom¬ sans doute prohibitif, et pourrait, à la véri¬ novembre 1963 (voir l'ensemble de photos A la suite d'un fort tremblement de terre à Xingtai, en 1966, les spécialistes remar¬ quèrent que les epicentres des secousses et ébranlements consécutifs à un séisme, té, dépasser celui de la réparation des dé¬ mations, le coût de l'opération demeurerait page 29). voir avec exactitude le déclenchement du séisme de Haicheng en 1975 (voir la carte). gâts causés par le séisme lui-même. mètres. Même si un jour il devenait techni¬ quement possible d'obtenir de telles infor¬ En haut : cette photo prise en 1965 montre le cratère fumant de Surtsey, un îlot volca¬ nique surgi au sud de l'Islande après une éruption sous-marine qui eut lieu le 14 vées quand les experts chinois surent pré¬ ans. Le 1er janvier 1975, on interpréta une série de secousses légères comme le signe avant-coureur d'un séisme qu'on lo¬ calisait à l'avance dans les parages de la ville de Haicheng; le jour suivant, plus d'un million de personnes furent évacuées dans des abris provisoires installés en plein air. Tôt le matin, le 4 février, le séisme (de magnitude 7,3) se déclenchait. Si 90 % restre sur de vastes étendues et jusqu'à des profondeurs de plusieurs dizaines de kilo¬ Page en couleur Des milliers de vies humaines furent sau¬ Les quelques prévisions exactes faites jusqu'alors se fondaient sur l'observation magés ou détruits, les pertes en vies hu¬ maines furent peu élevées. de divers phénomènes avant-coureurs qui, s'ils sont dus au processus souterrain dé¬ clenchant le séisme, n'ont pas un lien de cause à effet direct avec celui-ci. Parmi ces signes, on pouvait trouver des changements brusques du niveau de l'activité sismique mineure, de légères déformations de la sur¬ En bas : vue aérienne de l'église et d'un autre édifice de San Juan, un village mexi¬ cain qui fut en partie enseveli sous des coulées de laves lors de l'éruption du Paricutin (Etat de Michoacán). La première éruption de ce volcan, l'un des plus jeunes du globe, date du 20 février 1943; quand elle prit fin, en 1952, le Paricutin avait 2 800 m d'altitude. Photo Krafft © Explorer, Pans face de la terre, des modifications des champs magnétique et électrique, une mon¬ tée ou une baisse inhabituelle du niveau de l'eau dans les puits, des perturbations du champ de gravitation ou un comportement anormal des animaux. Mais aucun de ces signes annonciateurs ne s'est encore révélé un indice sûr d'un prochain tremblement de terre. Les méthodes employées avec tant de 23 région donnée au cours d'une certaine période. ra à la secousse attendue, selon les divers d'abris de fortune en prévision d'un éven¬ types de construction et de matériaux utili¬ Voilà pour le côté scientifique du problè¬ sés. Là réside la plus grande difficulté, car il me. La question suivante est celle-ci : quels seront les effets du séisme prévu, s'il sur¬ est quasi impossible de prévoir exactement tuel séisme, mais aussi pour planifier les diverses mesures temporaires de, protec¬ tion. Par exemple, on peut mettre en lieu se sûr les matières inflammables ou toxiques, vient bâti¬ comporter lors d'un séisme. Le mieux que couper pendant un certain temps les circuits ments seront-ils endommagés ou détruits, combien y aura-t-il de morts, de blessés ou l'on puisse faire dans ce cas, c'est de se fier de sans-abri ? Les réseaux téléphoniques aux informations que l'on a sur la façon dont des constructions similaires ont réagi vulnérables des usines de produits chimi¬ ques, abaisser dans les barrages le niveau de la retenue d'eau, fermer provisoirement continueront-ils à fonctionner ? Les rues au cours de séismes récents survenus ail¬ écoles et salles de spectacles. A la phase seront-elles bloquées par les débris ? Pour être prêts à affronter cette situation leurs. Il est donc très important de faire une finale d'une alerte, on peut évacuer les gens de leurs habitations ou de leurs lieux de le services de protection civile ont besoin de étude détaillée des dégâts causés chaque fois qu'un tremblement de terre se produit. On a déjà pu tirer des renseignements ex¬ réponses à ces questions. Il leur faut des trêmement précieux des études réalisées en informations de la Roumanie et en Yougoslavie sur les dégâts secousse sismique et sur la vulnérabilité que provoqués dans ces deux pays par les présentent les bâtiments et les artères ur¬ séismes de 1977 et de 1979. effectivement ? Combien de critique créée par l'imminence d'un séisme, sur la force attendue comment chaque construction va travail s'il s'agit de constructions sujettes à risques. ' De telles mesures sont coûteuses en . même temps qu'elles désorganisent la vie individuelle et sociale. Elles peuvent don-' ner lieu à une certaine résistance; il est baines par rapport à ce mouvement. Ils Evidemment, tout ce travail prend du devront préparer des « scénarios » décri¬ temps, et mieux vaut pour l'accomplir ne impossible de les prolonger au-delà de quel¬ ques jours et elles seront sans doute aban¬ vant les effets probables du tremblement de pas attendre qu'un séisme soit imminent. données après une ou plusieurs fausses aler¬ terre prévu. Pour cette raison, dans de nombreux pays à forte sismicité, les services de protection tes. Il est donc probable qu'elles n'entre¬ civile sont en train de réunir des informa¬ prévu, que si les responsables ont la certi¬ tude que cette prévision répond à certains critères de précision et de crédibilité. *A cette fin, les sismologues et les géolo¬ gues doivent d'abord estimer quelle sera l'intensité de la secousse causée par le ront en application, au cas où un séisme est séisme attendu, et comment cette intensité tions de ce genre et de préparer des scéna¬ rios; ainsi seront-ils prêts à prendre des va varier d'une partie à l'autre de la région mesures plus efficaces en vue d'éventuelles Si, comme nous l'avons vu, il y a toutes entourant l'épicentre du tremblement de catastrophes sismiques, qu'elles soient ou terre. Ils procèdent à cette analyse en s'ap¬ non attendues à l'avance. les chances pour que les prévisions soient formulées en termes de probabilité, les au¬ puyant sur les expériences antérieures et sur Les scénarios de tremblements de terre torités, en revanche, doivent prendre des la connaissance des caractéristiques locales ont une valeur inestimable, non seulement décisions immédiates. Il est donc d'une im¬ du sol et du sous-sol. pour planifier la "mobilisation des équipes portance capitale que s'instaure un dialogue Il faut établir ensuite un inventaire des bâtiments situés dans la zone en question et de secours, des services de médecine et de efficace entre les experts scientifiques et les lutte contre l'incendie, ainsi que le stockage de provisions d'urgence et l'aménagement représentants du pouvoir. Il est nécessaire étudier de quelle façon chacun d'eux réagi que ceux-ci acquièrent, en discutant avec Le premier sismographe du monde Le premier instrument pouvant enregis¬ ture des mâchoires : la balle ainsi lâchée tionnement. Depuis la création, au début trer les mouvements du sol terrestre fut tombait dans la bouche ouverte d'un des des années 1960, d'un réseau mondial de inventé en 132 par le philosophe chinois Chang Heng. Sur le pourtour d'un grand huit crapauds placés au pied du vase. Cet surveillance sismographique normalisée, le Worldwide Standardized Seismograph Network (WWSSN), des stations d'obser¬ vation sismique, toutes équipées d'appa¬ instrument était assez sensible pour dé¬ vase de bronze, d'environ deux mètres de tecter un tremblement de terre dont l'épi¬ diamètre, étaient disposées huit têtes de dragons, chacun tenant dans sa gueule aux mâchoires mobiles une petite balle; à centre était distant de 600 kilomètres. Mais l'intérieur du vase était accroché un balan¬ cier dont les huit bras étaient reliés aux huit têtes. Quand une secousse sismique ébranlait le balancier, le bras qui était relié à la tête de dragon pointée dans la direc¬ tion d'où venait le choc actionnait l'ouver 24 ce n'est qu'en 1856 qu'un sismographe pouvant enregistrer le passage des ondes sismiques et donner leur amplitude, leur temps de départ et leur direction vint équi¬ per la station d'observation située sur le Vésuve. Page ci-contre, reconstitution moderne de l'appareil inventé par Chang Heng, et, ci-dessus, schéma de son fonc reils d'un modèle standard et d'une échelle de temps synchronisée, sont im¬ plantées presque partout dans le monde. La carte ci-dessus montre la répartition des centres d'observation du WWSSN et des stations travaillant avec ce réseau. en association les savants, un aperçu du raisonnement qui les amène à formuler des prévisions sous répondent pas peuvent causer de graves perturbations sociales et économiques sans une forme particulière. Pour sa part, le être d'une grande utilité à la communauté nuées ardentes, coulées de boue, de laves, savant a besoin de se familiariser avec les concernée. La prévision des séismes n'est importante retombée de cendres, etc. problèmes auxquels font face les autorités s'il veut comprendre leurs réactions aux prévisions et les raisons qui les font ainsi pas seulement un problème scientifique, mais une question qui concerne la commu¬ sonnes qui vivent ou travaillent dans ces nauté dans son entier. régions dangereuses en même temps que agir. Le perfectionnement des techniques de construction parasismiques permet d'espé¬ l'inventaire des biens meubles et du bétail. rer qu'avec le temps toutes pertes humaines menant à des zones de refuge sûres,, et et matérielles dues aux tremblements de d'établir des plans pour une évacuation ra¬ terre pourront être évitées. Néanmoins, les pide en cas d'éruption. On peut prévoir des phénomènes qui accompagnent certaines éruptions volcaniques sont d'une telle vio¬ lence qu'il n'existe pas contre eux de moyens de protection. Le seul espoir de dispositions pour abriter et loger momenta¬ nément les personnes évacuées dans les Il est essentiel que toute prévision sismi¬ que communiquée au public s'accompagne d'une estimation verifiable de la probabilité de l'événement prévu dans les limites spatio-temporelles imparties. Pour être utile dans la pratique, la prévision doit éga¬ lement répondre aux conditions suivantes : a) il faut que sa marge d'avance (l'inter¬ valle de temps entre la diffusion de la prévi¬ sion et le moment auquel on attend que se produise l'événement) soit plus longue que par un ou plusieurs des phénomènes des¬ tructeurs qui accompagnent une, éruption : On peut faire le recensement des per¬ Il est possible de repérer des itinéraires zones de repli. S'ils sont élaborés à l'avance dans le détail, de tels plans contribuent à survie réside dans la fuite, dans l'abandon sauver de nombreuses vies humaines'quand immédiat de la région menacée. La prévi¬ une éruption se produit. sion précise des éruptions est donc d'une Comme dans le cas des tremblements de le temps nécessaire pour mettre en auvre importance vitale pour la sécurité des gens terre, les prévisions fondées sur l'observa¬ les mesures de protection voulues et pour mobiliser les ressources indispensables à la maîtrise de la situation critique; qui vivent sur des volcans en activité ou à leur proximité. tion des phénomènes avant-coureurs sont b) il faut que la marge de survenance (la durée de la période pendant laquelle il est prévu que se produise l'événement) soit plus courte que la durée maximale accep¬ table pour adopter des mesures de protec¬ tion comme l'évacuation de certains bâti¬ ments, la fermeture temporaire des usines et la mobilisation des services de secours. Ces conditions sont, bien entendu, très difficiles à remplir, dans l'état actuel des connaissances scientifiques, mais l'expé¬ rience a montré que les prévisions qui n'y Heureusement, le problème de la prévi¬ sion des éruptions est légèrement moins difficile que celui de la prévision des séis¬ mes. La raison en est simple : les sites pos¬ sibles d'éruption volcanique sont générale¬ ment connus. Il est rare qu'une éruption se produise hors du cadre d'un appareil volca¬ nique existant, encore qu'elle soit parfois le fait d'un volcan inactif depuis si longtemps qu'on le croit éteint. Par une étude géologi¬ que attentive, il est possible de localiser, pour en dresser une carte, les régions voi¬ sines d'un volcan qui ont déjà été atteintes nécessairement exprimées en termes de probabilité d'éruption. Il restera donc tou¬ jours le problème de devoir prendre des décisions draconiennes dans des situations' d'incertitude. Le risque d'une catastrophe éventuelle doit être mis en balance avec les contraintes, les difficultés et les dépenses qu'implique inévitablement le fait d'éloi¬ gner les gens de chez eux, pour des se¬ maines ou peut-être des mois. Là encore, il est d'une importance capi¬ tale qu'un dialogue constructif s'établisse entre les spécialistes scientifiques, les auto¬ rités civiles, les médias et le public avant qu'on ne se trouve dans une situation criti¬ Mécanisme d'un tremblement de terre que. La menace imminente d'un séisme ou d'une éruption volcanique agit comme un puissant révélateur de la force et de la fai¬ blesse d'une communauté. Les « réussites éclatantes » qu'on ob¬ serve dans la riposte à de telles menaces sont encore rares, mais n'en démontrent pas moins que, si les prévisions scientifiques sont précises et sûres, si les autorités civiles sont prêtes et ont les moyens de prendre les mesures de protection adéquates et si le public est tenu pleinement informé de la situation et de l'action entreprise pour la maîtriser, on peut réduire les pertes infli¬ gées par ces manifestations violentes de la nature et faire en sorte qu'elles ne soient plus à la longue qu'une chose du passé. Faille dont les bords se sont soudés à la suite d'un précédent déplacement La pression augmente E.M. FOURNIER D'ALBE, du Royaume-Uni, est un spécialiste de l'évaluation et de la prévision des risques sismiques. Chef de la Division des sciences de la Terre à l'Unesco jusqu'en 1979, il fut responsable du lancement et du développe¬ ment du programme de l'Organisation relatif aux catastrophes naturelles et à leur prévention. et les sols se tendent comme un arc séisme : les sols se détendent et vibrent A l'écoute des séismes Quelques petits séismes ont pu être In¬ duits par des activités humaines (essais Lorsque la pression devient trop forte, les ments de terre variant considérablement, roches nucléaires ou construction de réservoirs l'énergie accumulée en se détendant de et de barrages), mais la cause première de tous les grands tremblements de terre et part et d'autre de la faille. Le point de l'échelle de Richter (numérotée de 1 à 9) suit une progression logarithmique et non arithmétique, de sorte qu'une progression rupture est appelé le foyeret le point situé d'un degré traduit une augmentation par de la majorité des mouvements sismiques de moindre Importance est la rupture de roches soumises à des pressions d'inten¬ sité croissante au cours de processus géologiques. immédiatement au-dessus de lui à la sur¬ trente de l'amplitude du séisme. Ainsi, un face du sol est ['epicentre. séisme de magnitude 8 est 810 000 fois La surface de la Terre est constituée d'un ensemble de plaques (voir pages lo¬ ll) et les séismes les plus Importants ont tendance à se produire en bordure de ces plaques, là où elles coulissent l'une contre l'autre, comme le long de la faille de San cèdent brutalement et libèrent L'énergie ainsi libérée se transmet sous spécialistes de localiser l'éplcentre d'une secousse sismique et d'en mesurer l'am¬ pleur. Deux échelles sont couramment utili¬ sées pour évaluer la force d'un séisme. Sa la quantité totale d'énergie libérée ou dissipée est définie par l'échelle de Richter à partir de relevés sismographiques donnant l'amplitude des ondes sismiques. L'Intensité des tremble Echelle de Mercalll modifiée I Imperceptible à l'homme. II Ressenti par quelques personnes au repos, surtout aux étages VII Ressenti à l'intérieur des habitations; vibrations analogues à celles causées par le passage d'un camion léger. Balancement d'objets Vibrations semblables à celles que provoque le passage d'un gros Ressenti par toute la population d'une localité; de nombreuses per¬ verres et vaisselle se brisent. 26 (voir ci-dessous). Etant donné qu'elle se fonde sur la simple observation des effets d'un tremblement de terre, les 12 degrés qu'elle comporte sont numérotés en chif¬ fres romains et non en chiffres arabes, afin d'éviter qu'on ne les prenne pour des me¬ sures. II est difficile de se tenir debout; ressenti par les conducteurs d'auto¬ mobiles. Chute de plâtres, de briques et de tuiles; les grosses cloches- Panique générale; brèches dans les murs et ruptures de canalisa¬ tions; crevasses visibles dans le sol; glissements de terrain. X La plupart des constructions en pierre et à charpente s'effondrent et les fondations sont détruites; les barrages et les digues sont grave¬ ment endommagés; quelques ponts s'écroulent; glissements de ter¬ Ressenti à l'extérieur; le sommeil est interrompu et les liquides se sonnes effrayées sortent des habitations; chute de plâtras et fissura¬ tion des murs; déplacement ou renversement du mobilier; vitres, courante est \' Echelle de Mercalll modifiée IX rain considérables. répandent. VI L'Intensité d'un séisme est associée à la Rester maître d'un véhicule est difficile; effondrement des cloisons et des murs; chute des cheminées, des tours, des monuments; les branches d'arbres se cassent; fissures dans les terrains humides. camion. Fenêtres, portes et vaisselle tremblent. V mag¬ sont mises en branle; vagues sur les étendues d'eau. suspendus. IV de VIII supérieurs des maisons. III séisme violence du choc observé en un point donné et à l'importance des dégâts qu'il provoque. L'échelle d'intensité la plus magnitude cumulent du fait de la friction des plaques. qu'un détectées et enregistrées par les sismo¬ graphes. Ces Instruments permettent aux sus représente de façon schématique le mécanisme d'un séisme. Les roches pos¬ une compression là où les tensions s'ac¬ puissant nitude 4. Andréas, en Californie. Le dessin ci-des¬ sèdent une certaine élasticité et subissent plus forme d'ondes qui sont la cause des oscil¬ lations du sol. Ce sont ces ondes qui sont XI Les rails de chemin de fer sont tordus; les canalisations souterraines sont détruites. XII Destruction quasi totale; paysage et topographie sont bouleversés; les objets sont projetés en l'air. Les volcans par Haroun Tazieff LE volcanisme joue, dans l'histoire de la Terre, un rôle fondamental. Le sol sur lequel nous vivons, l'eau des océans, des fleuves et des lacs, et la plus grande part de l'atmosphère que nous respi¬ rons dérivent, en définitive, des éruptions volcaniques. Sans volcanisme, pas d'expan¬ sion des fonds océaniques par le magma s'injectant dans les fractures qu'il fait s'ou¬ vrir dans l'écorce terrestre, pas de subduc¬ tion (l'enfoncement de couches terrestres relativement anciennes dans le manteau au¬ quel elles se mélangent et où elles se recy¬ clent), pas d'orogenèse (la formation des montagnes) et, par conséquent, pas plus d'érosion que de sédimentation. Sans volcanisme, la Terre ne bénéficie¬ rait pas de ces apports, colossaux et conti¬ nuels, de sulfures, d'oxydes, d'halogénures, d'hydroxydes de tous les métaux existants, émis à l'état gazeux par les fumerolles (émissions volcaniques) à haute tempéra¬ ture des milliers de cratères actifs, qu'ils soient dormants ou en éruption, qu'ils soient sous-marins ou subaériens, épar¬ pillés tout le long des quelque cent mille kilomètres de frontières entre les plaques tectoniques (voir pages 10 et 11) et les frac¬ vrir au géologue encore bien naïf que j'étais alors, non seulement un spectacle somp¬ tueux, mais aussi un phénomène qui lui posait plus de questions que, faute de sa¬ voir, son esprit ne lui offrait de réponses. Durant les quelque quarante années qui se sont écoulées depuis, la volcanologie, mori¬ bonde au sortir de la Seconde Guerre mon¬ diale (à peine survivante aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande, mais éteinte partout ailleurs), reprit peu à peu des forces, puis s'épanouit, parallèlement à l'océanogra¬ phie. Et les connaissances nouvelles que ces deux disciplines permirent d'engranger ré¬ vélèrent bientôt le rôle essentiel du volca¬ nisme, tant dans le phénomène de l'expan¬ sion des fonds océaniques que dans celui de la genèse de la vie et de son évolution au long de ces trois derniers milliards Il est clair que, pour mesurer les para¬ mètres chimiques et physiques avant que les gaz éruptifs ne soient dégradés en gaz fume¬ rolliens, il est nécessaire de s'approcher des bouches qui les exhalent, ce qui, la plupart du temps, demande certains efforts voire, parfois, quelque courage. Or, plus encore peut-être que de courage, ce dont trop de volcanologues manquent c'est du goût de l'effort musculaire. Quand ils sont âgés de vingt à trente ans, quelques-uns le possè¬ dent, mais j'ai remarqué qu'ils le perdent en général dès qu'ils ont atteint un certain niveau académique. Ce ne serait pas trop grave si, à la récolte sur le terrain des informations brutes que continueront d'assurer les jeunes que l'enthousiasme anime encore, ne devait d'années. s'ajouter, condition sine qua non de progrès en ce domaine, l'expérience du phénomène Plus d'un tiers de siècle passé à observer d'aussi près que possible le phénomène éruptif, dont la complexité égale la variabi¬ lité et que seule permet l'observation direc¬ éruptif et à mesurer tout ce que je pouvais te, aussi proche que possible, du phéno¬ en mène et de ses avatars successifs. mesurer entre autres, les débits d'énergie, principalement thermique, et les débits de matière, principalement gazeuse , m'ont permis de constater que c'est cette phase gazeuse qui, seule, joue un rôle La compétence du volcanologue est, en l'occurrence, de nature semblable à celle du médecin et, comme celle-ci, fonction autant tures situées à l'intérieur de celles-ci. actif dans le volcanisme et non, comme Sans apports fumerolliens sous-marins, pas de gisements minéraux sulfurés; sans apports fumerolliens, pas de quoi constituer l'hydrosphère marine, dont le chimisme a permis l'éclosion de la vie primitive et conditionné son évolution; sans apports fu¬ implicitement ou explicitement chacun l'i¬ d'une bonne connaissance des publications sérieuses que de l'expérience acquise par l'auscultation du plus grand nombre de pa¬ magine, sa phase liquide, c'est-à-dire la la¬ tients : pialades pour les uns, volcans en ve. La lave est totalement passive et, sans éruption pour les autres. merolliens, pas de quoi constituer l' atmos¬ ses gaz éruptifs, le volcanisme, tout simple¬ Mes dix premières années de volcanolo¬ ment, n'existerait pas. D'ailleurs, toujours, les éruptions émettent des gaz, mais pas toujours des laves. gie de terrain furent consacrées exclusive¬ ment à rechercher l'explication des divers me aspects du phénomène éruptif. Je me convainquis bientôt que la maturation d'un mis à la vie, une fois sortie de la mer, de convaincre que, pour comprendre le méca¬ magma assoupi procédait de l'émission de coloniser les terres et d'évoluer jusqu'à nisme des éruptions, il était indispensable son contenu gazeux, originellement dissous nous engendrer nous, les êtres humains. de connaître la composition chimique et dans le magma en fusion. La nature chimi¬ J'ignorais tout cela et nous l'ignorions l'évolution thermodynamique de leur phase que des bulles, leurs dimensions et leur tous à l'époque lorsque, en 1948, le hasard mit en présence le géologue bien classique que j'étais avec le phénomène éruptif. gazeuse. La composition chimique de ces gaz semble varier selon les diverses espèces répartition dans la masse visqueuse, leur croissance, soit par « cannibalisme » des d'éruption et les divers types de magma. bulles entre elles, soit par expansion au Comme tous mes collègues de cette généra¬ Mais, dans l'état actuel de nos connaissan¬ cours de l'ascension tion, surtout les Européens, j'avais reçu de ces, il n'est pas possible d'établir de corréla¬ travers du magma comme celle du magma phère, dont la composition chimique a per¬ mes maîtres, dont certains avaient Cette constatation acheva de celle des bulles au un tion entre les variations chimiques décelées lui-même renom international, un enseignement dans jusqu'à présent et les variations d'activité lequel le volcanisme ne tenait quasiment aucune place puisque, dans leur esprit, il n'était qu'une « maladie de peau de la observées. Il faut dire que l'on n'a récolté à ce jour sur les gaz éruptifs qu'un nombre maturation du magma avant son éruption et dans son évolution pendant cette dernière. planète ». Par « gaz éruptifs », j'entends ceux qui n'ont subi ni de refroidissement important, ni d'oxydation par l'air, ni d'hydratation par C'est dire que j'ignorais à peu près tout du volcanisme lorsque la splendeur de la première éruption qu'il me fut donné de insignifiant de données physico-chimiques. voir, en mars 1948 au nord du lac Kivu, dans les eaux souterraines, tous processus qui les transforment, peu ou, le plus souvent, le Congo belge (l'actuel Zaïre), fit décou prou. , tout cela intervient dans la Mesurables ou seulement observables, les paramètres des éruptions, quand ils sont correctement interprétés, peuvent per¬ mettre de comprendre, plus ou moins, les processus du phénomène éruptif et, par conséquent, de parfois les prévoir. Grâce à cette connaissance, je fus à mê¬ me, à partir de 1958, de donner des ré- ^ 27 ^ ponses correctes aux questions que, de plus rocheux obstruant un conduit volcanique en plus souvent, se mirent à me poser des par la vapeur née de réchauffement exa¬ responsables, administratifs ou politiques, géré d'une nappe d'eau souterraine érup¬ tions qui ne rejettent pas de magma ou de de cités, de provinces, voire de pays où un volcan remettait en question la sécurité col¬ lective. Ce fut ainsi que, de la recherche je fus progressivement ves, de façon désastreuse. Toujours (à ma connaissance, l'on n'a pas encore observé d'exception à cette règle) le démarrage de la première phase de ce type d'éruption est relativement modéré et permet aux popula¬ laves, mais uniquement de la vapeur, quel¬ ques gaz fumerolliens et des fragments de tions roches du « bouchon » éventuellement menacées. , toutes les autres environnantes d'évacuer les zones amené à faire aussi de la recherche appli¬ quée à la prévision des paroxysmes éruptifs éruptions sont le résultat de l'ascension jus¬ qu'à la surface du globe d'un certain volume éventuels. Et depuis 1981, lorsque le gou¬ vernement français décida de s'occuper of¬ ficiellement de la mitigation des catastro¬ phes, je ne m'occupe plus, en volcanologie, de magma. l'écorce L'évacuation, seule façon de protéger les gens du risque volcanique majeur, ne s'im¬ pose d'ailleurs qu'exceptionnellement, car il est exceptionnel qu'une éruption, après sa phase initiale, s'exacerbe jusqu'au pa¬ que de cet aspect-là des choses. En près de trente années, je me suis soit en se brisant. Les déformations de la cent éruptions survenant bon an mal an de surface sont décelées et mesurées par divers par le monde, il n'y en a qu'une à parvenir à cette extrémité, justifiant qu'on prenne des mesures de protection adéquates. Le problème majeur que le volcanologue doit résoudre, c'est de diagnostiquer l'évo¬ lution d'une éruption en cours, tâche in¬ trouvé dans la situation d'avoir à répondre aux questions posées par les autorités d'une dizaine de pays différents. Si je ne me suis pas trompé une seule fois, c'est que j'ai agi comme le fait un médecin, compétent et honnête, appelé en consultation : en éta¬ blissant mon diagnostic à la lumière des Or, cette ascension ne peut se faire que si terrestre cède à la pression qu'exerce le magma, soit en se déformant, types d'instruments géodésiques : tiltmètres, extensomètres et géodimètres entre autres. L'ouverture des fractures, qui per¬ mettent au magma de s'injecter dans l'écorce et de s'élever vers la surface, se traduit par des secousses que les sismo¬ graphes enregistrent. roxysme ou se révèle même redoutable. Sur comparablement plus difficile que de pré¬ dire le démarrage. C'est une tâche délicate, informations que je pouvais recueillir et sur A ces types d'auscultation géophysique, la base de mon expérience. Sur la quinzaine de cas dont je me souviens, j'ai pu ainsi susceptibles d'annoncer la survenance déformations ou fracturations de la sur¬ d'une éruption avec des préavis de plusieurs mois bien souvent (cela dépend notamment car tous les paramètres d'ordre mécanique sept ans, m'ont ainsi été posées, n'étaient vant aider le volcanologue dans son travail face liés à la montée du magma au travers de l'écorce terrestre ont alors disparu. Une fois parvenu à la surface, le magma ali¬ mente l'éruption de façon que j'appellerais « fluide », sans plus avoir, en profondeur, à briser des roches ni à soulever, par la pous¬ pas, pour la plupart : « Une éruption va-t- de prévision. sée qu'il exerce, les flancs du volcan. elle éclater, oui ou non ? ». Elles concer¬ températures, les variations de pression et de composition des gaz fumerolliens, ou les rassurer les gens neuf fois, annoncer un danger trois fois, et, à trois occasions, avouer mon incapacité à répondre. Les questions qui, au long de ces vingt- naient essentiellement le pronostic dan¬ ger ou absence de danger d'une éruption en cours. Ce qui, somme toute, en ce genre de circonstances, est le plus important, mais aussi le plus difficile à estimer. Prévoir l'éclatement d'une éruption est en effet relativement simple dès lors que le volcan est bien surveillé par des experts authentiques convenablement outillés. Sauf les éruptions phréatiques, qui résul¬ tent de la pression exercée sur le bouchon de la profondeur à laquelle se trouvait le magma avant d'entreprendre son ascen¬ sion), s'ajoutent d'autres observations pou¬ Ainsi, l'augmentation des changements du champ magnétique terres¬ tre. Toutes ces indications permettent à un volcanologue authentique et expérimenté de déceler la survenance d'une éruption, parfois avec une grande précision. Privé de ces deux phénomènes (sismicité et déformations superficielles), paramètres fondamentaux de la prévision d'une érup¬ tion à venir, le volcanologue ne dispose plus que des facteurs d'ordre physique et d'ordre ' chimique évoqués plus haut et dont il lui faut interpréter les variations pour établir Malheureusement, du point de vue de la son diagnostic. Or, faute de données en protection des vies humaines, une telle pré¬ vision ne revêt guère d'importance. En ef¬ fet, les éruptions magmatiques ne débutent jamais, qu'elles soient effusives ou explosi nombre suffisant à ce jour et par manque d'expérience en ce domaine, ces interpréta¬ tions, de même que les corrélations entre les divers paramètres considérés, sont bien Tsunami Le 26 août 1883, à 13 heures, une première série d'explosions de violence croissante se déclencha sur l'île volcanique de Krakatoa, dans le détroit de la Sonde, entre Java et Sumatra (Indoné¬ sie). Une heure plus tard, un panache de cendre noire de 27 km de haut s'élevait au-dessus de l'île. Les éruptions se poursuivirent, atteignant leur paroxysme le lendemain à dix heures avec une fantastique explosion qui proje¬ ta des cendres à 80 km de hauteur et fut entendue jusqu'en une éruption volcanique ou à un mouvement sismique. A la suite d'un tsunami désastreux qui se produisit en 1946, un système d'alerte couvrant l'ensemble de l'océan Pacifique fut mis en place. Les appareils de détection et les sismographes des sta¬ tions d'observation sismique du pourtour du Pacifique enregis¬ trent tout mouvement inquiétant et transmettent l'information à l'Observatoire d'Honolulu, qui évalue les risques et, le cas échéant, donne l'alerte. Australie, à 4 000 km de là. De Krakatoa, presqu'entièrement engloutie par les flots, il ne subsista que le cône d'un gigantesque volcan sous-marin. Les îles voisines de Lang et de Verlaten furent ensevelies sous 60 m de cendres et de débris volcaniques. Les fines particules de cendre projetées dans l'atmosphère donnèrent jusqu'en Europe de spectaculaires couchers de soleil, et des bancs entiers de ponces (laves saturées de bulles de gaz) flottèrent sur l'océan £ pendant des mois. Krakatoao |Java %/Zonede retombée Mais il y eut pire encore : l'effondrement du volcan déclencha "^escendjl une série de tsunamis, des lames de fond d'origine sismique (appelées aussi raz de marées, ce qui est abusif car elles n'ont 'fût . lie Rodriguez Zone dans laquelle atteignait environ 35 m, dévasta près de 300 villes et villages La plupart des tsunamis surviennent dans le Pacifique. Ils sont provoqués par un soulèvement brutal du fond marin consécutif à 28 % ¿Alice Springs aucun rapport avec les marées). La vague la plus haute, qui côtiers de Java et de Sumatra, faisant 36 000 morts. ""'%. ' 0 on entendit l'explosion Naissance d'une île Le 14 novembre 1963, une violente érup¬ tion dans l'océan Atlantique, au large de la côte méridionale de l'Islande, salua la naissance d'une île. Baptisée Surtsey, du nom de Surt, le dieu du feu de la mytholo¬ gie Scandinave, la jeune île surgit de l'eau dans un jaillissement de flammes et de vapeur. Une semaine plus tard, Surtsey avait une superficie de 70 m2. En trois ans et demi, elle avait atteint ses dimensions actuelles: 2,5km2 et une altitude de 173 m. Les savants qui visitèrent l'îlot une fois qu'il se fut refroidi constatèrent avec surprise qu'une vie végétale s'y était déjà implantée. Premier écosystème « vierge » connu, Surtsey est aujourd'hui le site d'un programme de recherche écologique de longue haleine. 29 Attention, dangers Si la prévision des éruptions volcaniques peut diminuer ou même empêcher les pertes en vie humaine, il n'est guère pos¬ sible d'éviter les dégâts que subissent cultures et biens matériels au cours d'une éruption. Les coulées de boue, les coulées de lave et la pluie de cendres sont les trois plus graves dangers. Au cours des derniers siècles, les cou¬ lées de boue (appelées parfois lahars) se sont révélées les plus meurtrières : nul autre phénomène de l'activité volcanique n'a causé autant de pertes en vies hu¬ maines et infligé autant de destructions. Ces coulées de boue sont souvent provo¬ quées par la fonte accélérée de la calotte de neige ou de glace couvrant les pentes d'un volcan, mais peuvent aussi être dues à de fortes averses de pluie ou de neige s'abattant sur la couche de cendre fraîche ^ délicates à établir. Et sans corrélations per¬ mettant de découvrir des rapports de cause à effet entre tout ce que l'on a pu mesurer et observer, il est presque impossible d'établir un diagnostic sérieux. Il y a presque vingt ans de cela, en oc¬ tobre 1967, j'avais écrit, pour le Courrier de l'Unesco (voir le numéro anthologique de mai-juin 1986), un article par lequel j'es¬ sayais d'attirer l'attention, tant des popula¬ tions impliquées que de leurs responsables politiques, sur le grand danger que repré¬ sentent les volcans qu'on appelle « éteints ». Souvent, en effet, ils ne sont qu'en¬ dormis et, par conséquent, ils se réveille¬ ront un jour. Il faut prendre ce risque en considération et ne pas construire dans le périmètre menacé par le volcan. Cette zone de danger dépend du type d'activité volcanique sive effusive ou explo¬ , de la taille et de l'altitude du volcan , voire du climat de la région dans laquelle il est situé. L'importance de ce dernier facteur vient d'être montrée de dramatique façon, le 13 novembre 1985, par l'éruption du Nevado del Ruiz (en Colombie). Si le climat et l'altitude n'avaient pas permis la formation, w I IJJ sur le sommet du volcan, d'une épaisse calotte glaciaire, le surgissement des laves à w une température de plus de 1 000 degrés centigrades n'aurait pas provoqué la fusion de centaines de milliers de mètres cubes de glace ni, donc, la formation des terribles lahars, ces torrents de boue volcaniques qui engloutirent la cité d' Armero et firent plus de 23 000 victimes. Ce que je disais alors du danger que représentent le Vésuve ou les Campi Fle- grei (près de Naples), le mont Fuji (Japon) ou le mont Rainier (Etats-Unis), demeure vrai, comme le prouve ce qui s'est produit au Mount St. Helens (voisin du mont Rai¬ nier) ou au Helgafell en Islande. Les res¬ ponsables des pays dans lesquels se trou¬ vent des volcans potentiellement redou¬ tables aussi bien ceux que l'on croit éteints que ceux que l'on sait pertinemment actifs, tels le Merapi (Indonésie) ou l'Etna (Italie), le Sakurajima (Japon), le Vulcaho (Italie) ou le Pichincha (Equateur), pour n'en citer que quelques-uns , les respon¬ sables de ces pays se doivent d'envisager les problèmes que posera le réveil de leurs volcans et de profiter de ce « temps de paix » pour prévoir dès à présent les solu¬ tions à leur apporter lorsque leur volcan leur aura déclaré la guerre. qui s'est formée après l'éruption. On en a vu qui atteignaient une vitesse de 70 km/h et se déversaient jusqu'à une distance de 180 km de leur point d'origine. A gauche, la ville d'Armero, en Colombie, engloutie sous un flot de boue après l'éruption du Nevado del Ruiz, en novembre 1985. Les coulées de laves de faible épaisseur se refroidissent assez vite, mais celles qui sont plus épaisses peuvent mettre des années à le faire. Pour arrêter ou détourner ces flux de lave, on a eu recours à diverses méthodes, notamment l'emploi de lances à eau pour former un front de lave solidi¬ fiée ou le bombardement des flancs de la coulée pour la diviser en bras de moindre importance. Ci-dessus à gauche, une cou¬ Contrairement à ce que son nom laissé entendre, la cendre émise par un volcan n'est pas le résidu d'une combustion, mais est formée de laves pulvérisées et de fragments rocheux projetés en l'air par la brusque et violente expulsion de gaz vol¬ caniques. En 1815, l'éruption du Tambora, volcan situé sur la côte septentrionale de l'île de Sumbawa (Indonésie), tua 50 000 habitants : cette explosion, estime-t-on, atteignit en puissance l'équivalent de 16 000 mégatonnes. Les cendres très fines émises lors d'une telle éruption peu¬ vent être transportées sur de grandes dis¬ tances et avoir des répercussions sur le climat. Ci-dessus, le village de Parentas, en Indonésie, recouvert de cendres volca¬ HAROUNTAZIEFF, eminent volcanologue fran¬ çais, a été directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Délégué aux Risques naturels majeurs, puis Se¬ crétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la prévention des risques naturels et technologiques majeurs de 1984 à 1986,' il est l'auteur d'un grand nombre de publications scientifiques et d'ouvrages de vulgarisation sur la volcanologie. On lui doit également plusieurs lée de lave barre une route de l'île de la niques après l'éruption du Galunggung en films documentaires sur le volcanisme, notam¬ Réunion lors de l'éruption de la Fournaise, 1982. ment Les Rendez-vous du Diable (1959), qui a le 18 mars 1986. obtenu un succès mondial. 31 Quaternaire. De grands mammifères, tels les mastodontes (A), les machairodontes, félidés aux crocs allongés en forme de sabre (B), et les baleines bleues (C) forment au départ les groupes les plus importants. Au cours du dernier million d'années, les glaces recouvrent par intermittence la majeure partie de l'hémisphère nord. Certaines espèces animales migrent; d'autres, comme le rhinocéros laineux (D), s'adaptent au froid. Aux premiers hommes (E), qui fabriquent des outils de pierre et maîtrisent le feu, succède l'homme moderne. Tertiaire. Les mammifères évoluent rapidement, se ramifient en de nombreuses espèces, dont le Plésiadapis (A), petit lémurien dont sont issus les primates, le Phénacodus (B) à cinq doigts et le Titanothère (C) qui possède une corne nasale. Les oiseaux évoluent, donnant entre autres des formes géantes incapables de voler comme le Diatrima (D). Les poissons, les reptiles et les invertébrés ressemblent déjà à ceux que nous connaissons aujourd'hui; ainsi, le Requin de sable (E) a fort peu changé. Crétacé. Sur terre apparaissent des arbres à fleurs comme le magnolia (A). Dans la mer, des poissons osseux de type actuel côtoient les oursins (B) et les mollusques bivalves (C). A la fin de la période, les dinosaures géants, tels le Stégosaure (D) et les gros ptérodactyles volants (E) disparaissent subitement. De nouveaux petits mammi¬ fères, comme le Phascolothérium (F), marsupial ressemblant à une musaraigne, commencent à se développer. 0 Jurassique. Les milieux marins sont habités par des brachiopodes et des céphalopo¬ des, les Ammonites (A) et les Belemnites (B), ainsi que par des huîtres fossiles, les Gryphées (C). On y trouve également des poissons osseux, des requins et deux groupes de reptiles marins : les ichtyosaures (D) et les plésiosaures. Des dinosaures géants, comme le Brontosaure (E) se partagent les terres immergées avec de petits mammifères. L'Archéoptéryx (F), l'ancêtre des oiseaux, s'élance dans les airs. o > Trias. A des reptiles comme le Cynodonte (A), qui annoncent les mammifères, succèdent de petits animaux, semblables à \'Ornithopode (B), dont sont issus les dinosaures. Les lycopodes, les équisétinées (prêles) et les fougères géantes dimi¬ nuent au profit des cycadées, des ginkgos et des conifères. Dans l'océan, de nouveaux invertébrés font leur apparition. Les crinoides et les coraux y pullulent. Permien. Des reptiles précurseurs des mammifères comme le Dimétrodon (A) régnent sur la terre ferme. Les grands amphibiens sont peu nombreux. Dans la mer, les céphalopodes (B), les mollusques bivalves (C) et les poissons osseux primitifs (D) continuent de prospérer. Les coraux et les oursins se font plus rares, et la plupart des requins disparaissent. Une forêt de pténdospermes (fougères à graines) recouvre l'hémisphère austral. Plusieurs formes de vie végétale s'épanouissent dans le Nord. Carbonifère. Les amphibiens (A) se multiplient et prennent de l'importance; avec le temps, ils donnent naissance aux reptiles, les premiers vertébrés à vivre en perma¬ nence sur la terre ferme. Les conifères et les fougères (B) évoluent. Les libellules (C) et d'autres insectes apparaissent. Les requins (D) régnent en maîtres dans les océans. Dans les eaux peu profondes, les brachiopodes (E), les coraux (F), les céphalopodes, les éponges et les crinoîdes sort nombreux. Dévonien. Des poissons cuirassés (A), et des poissons osseux revêtus d'écaillés (B) s'épanouissent dans les eaux douces. Les poissons spinifères et les requins coloni¬ sent les mers. Brachiopodes (C) et céphalopodes (D) poursuivent leur évolution. Les trilobites diminuent et les graptolites disparaissent. Sur terre, de simples organismes végétaux vasculaires (E) donnent les lycopodes, les prêles et les fougères. Les premiers amphibiens naissent des poissons à écailles. Silurien. La terre est conquise, d'abord par des colonies de plantes vasculaires sans graines et plus tard par des arthropodes ressemblant à des scorpions. Dans les eaux douces abondent les petits poissons et les gros euryptérus, scorpions aquatiques géants. La mer foisonne d'invertébrés, notamment de trilobites (A), d'échinodermes ou crinoîdes (B), de coraux (C), d'euryptérus à carapace (D), de brachiopodes (E) et de graptolites (F). Ordovicien. Les crustacés se multiplient, surtout les trilobites (A), les brachiopodes (B), ainsi qu'une sorte de mollusques, les céphalopodes (C), et les gastropodes marins (D). Les coraux, les mollusques bivalves et des colonies de bryozoaires apparaissent. Les graptolites (E, F), dont certains ressemblent à des toiles d'arai¬ gnées solidifiées, se répandent. Dans les eaux douces, le premier poisson (dont on n'a retrouvé que des fragments d'écaillés) entame son évolution. Cambrien. Au début de cette période, un certain nombre d'organismes vivants se dotent de coquilles calcaires et se recouvrent de carapaces chitineuses. Ce sont notamment les trilobites (A, B), les brachiopodes (C, D), les éponges (E) et les crustacés. Les trilobites, qui tiennent leur nom de leur tégument dorsal divisé en trois lobes, se transforment en un groupe important et diversifié d'organismes qui se déplacent en rampant ou à la nage et dominent la mer pendant les 100 millions d'années suivants. Précambrien. Au cours de cette période, qui remonte à l'aube des temps géologi¬ ques, des organismes complexes se forment à partir de simples substances chimi¬ ques inorganiques. Les bactéries (A, B) et les algues (C, D) apparaissent très tôt. A la fin de cette période, se développent des invertébrés marins et d'eau douce comme les annélides (E, F), les méduses et les éponges. 32 La vie qui vient de l'espace par Chandra Wickramasinghe Nous avons présenté dans diverses publi¬ cations des arguments prouvant que la vie Le professeur Wickramasinghe et Sir Fred Hoyle étudient depuis 1962 la nature des poussières interstellaires et ils sont sur la Terre a pour origine les comètes et que le processus de l'évolution est lié au persuadés que les nuages de gaz et de poussière de l'espace sont à l'origine de la vie sur la Terre. S'opposant radicale¬ ment à Darwin, ils pensent donc que le principe de la vie sions des comètes dans le système solaire se procède et continue de procéder d'une source extra-terrestre produisent par intermittence, les bombar¬ (voir le Courrier de l'Unesco de mai 1982). Bien que leurs thèses soient violemment contestées par d'autres chercheurs, dements de débris cométaires ne peuvent être uniformes et réguliers dans le temps, et leurs répercussions sur le processus de bombardement incessant de matières en provenance des comètes. Comme les incur¬ les premiers résultats des récentes observations de la comète l'évolution se traduisent également de ma¬ nière sporadique, comme le montre l'étude de Halley semblent aller à l'appui au moins de certains aspects de leur théorie. des fossiles où s'inscrit l'histoire de la vie sur la Terre. L'exemple le plus spectaculaire est peutLES comètes sont indissociablement Halley représente une masse de quelque être la disparition des dinosaures voici 65 liées à l'histoire de la Terre. Dès que notre planète a commencé à prendre forme, voici quelque 4,6 milliards d'années, cent milliards de tonnes : si elle entrait en millions d'années. collision avec notre planète, les consé¬ quences pour celle-ci seraient catastrophi¬ ques. Fort heureusement, de telles colli¬ sions sont extrêmement rares. Elles se pro¬ pensent aujourd'hui que cet événement a pu être causé par l'explosion d'une comète qui aurait enveloppé la Terre d'un brouil¬ lard de fines particules. Celles-ci auraient obscurci le ciel pendant plusieurs décen¬ nies, entraînant le dépérissement du planc¬ ton et des plantes, et la disparition des elle est entrée en collision avec des comètes ou des débris de comètes sous forme de fines particules de poussière. Il est désor¬ mais évident que les matières volatiles de ces comètes, y compris la vapeur d'eau, ont largement contribué à la formation des océans et de l'atmosphère primitive de la Terre. Or, ces collisions, ces bombardements de débris cométaires n'ont pas pris fin brus¬ quement à une époque lointaine des temps géologiques. Pas plus tard qu'en 1908, une comète ou un morceau de comète a pénétré l'atmosphère terrestre au-dessus de la val¬ lée de la Toungouska en Sibérie, explosant à 8,5 km de hauteur et dévastant sur des duisent environ tous les 300 millions d'an¬ nées, ce qui correspond à peu près aux intervalles séparant les poussées successives de la vie sur la Terre. Les risques de colli¬ sion avec des comètes plus petites sont plus importants car leur nombre est plus élevé. Tous les spécialistes sont plus ou moins d'accord sur ce point. Bien moins populaire est la théorie défendue par l'astronome Sir Fred Hoyle et moi-même, qui fait des comètes la source de molécules organiques qui ont contribué à l'apparition de la vie sur la Terre. Nous allons même jusqu'à avancer que la Terre continue à subir des bombarde¬ centaines de kilomètres carrés le couvert ments forestier de la taïga. Notre système solaire est enveloppé d'un véritable brouillard de plusieurs milliards comme les bactéries ou les virus. de comètes situées à environ un dixième particules de poussières organiques, y compris de polymères organiques (grandes chaînes de molécules organiques à base de carbone). Ces particules qui peuplent les nuages de gaz interstellaires expliquent les d'année-lumière (rappelons que l'annéelumière est la distance parcourue par la lumière en un an, soit environ dix mille milliards de kilomètres). Le passage des étoiles infléchit la trajectoire des comètes de ce halo; certaines sont ainsi détournées de leur orbite et pénètrent à l'intérieur du système solaire au rythme d'environ une ou deux par an. La situation orbitale de notre planète à l'intérieur de ce système fait qu'il est inévitable que la matière de ces corps célestes nous parvienne en grande quantité. Emprisonnées dans la partie supérieure de notre atmosphère, ces substances viennent grossir les réserves de matières terrestres volatiles. Le rythme de ces bombardements cométaires connaît des variations sensibles à l'échelle des temps géologiques. Beau¬ coup de spécialistes estiment aujourd'hui que leur intensification pourrait provoquer de nouvelles glaciations planétaires comme celles dont la Terre a conservé les traces. Une comète typique comme l'est celle de de micro-organismes cométaires Depuis 1975, nous accumulons les preuves de l'existence dans le cosmos de taches et stries noires qu'on peut distinguer dans le halo lumineux de la Voie lactée. En 1981 , la convergence de nos expériences, de nos calculs et de nos observations nous a mastodontes dont De nombreux savants elles constituaient la nourriture. Sir Fred Hoyle et moi-même sommes persuadés qu'une explication aussi mécaniste est peu vraisemblable, car l'extinction des dinosaures s'est accompagnée de celle de tout un ensemble de plantes, d'animaux et de micro-organismes en même temps qu'apparaissaient plusieurs ordres biologi¬ ques nouveaux. Nous préférons expliquer ce bouleversement biologique intervenu voici j55 millions d'années par un véritable orage génétique dû à un bombardement cométaire d'une exceptionnelle densité. Les premières traces de molécules orga¬ niques dans les comètes (acide cyanhydrique HCN et acétonitril CH3CN) ont été relevées en 1973-1974 à partir d'observa¬ tions de la comète Kohoutek. Mais en mars dernier, nous avons enfin pu vérifier de beaucoup plus près nos théories lorsque la sonde européenne Giotto s'est approchée de quelques centaines de kilomètres seule¬ ment du noyau de la comète de Halley dans amenés à conclure au caractère non seule¬ le cadre de l'Observation internationale de ment organique mais indubitablement bio¬ logique* de ces particules cosmiques. la comète de Halley (voir le Courrier de l'Unesco de mars 1986). Entre autres équipements d'observation, la sonde Giotto était équipée d'une caméra *On emploie couramment l'adjectif « organique » pour vidéo destinée à envoyer des images en parler de la matière vivante, dans la mesure où une couleur du noyau de la comèfe. Au début plante, un arbre ou un être humain sont des « orga¬ nismes vivants »; les chimistes préfèrent utiliser ce terme dans un sens plus restreint pour qualifier l'en¬ semble des composés comportant une combinaison de carbone et d'hydrogène. Car si tous les êtres vivants contiennent du carbone et de l'hydrogène et sont donc composés de matière organique, tous les corps qui contiennent du carbone et de l'hydrogène ne sont pas pour autant de la matière vivante. « Biologique » signi¬ du mois de mars, la sonde spatiale soviéti¬ que Vega 2 avait accompli avec succès une mission similaire. Les images prises par Ve¬ ga 2 à quelques milliers de kilomètres du noyau semblaient indiquer que celui-ci comportait au moins deux parties. L'expé¬ rience de Giotto aurait pu régler définitive¬ ment cette question si un malencontreux fie « concernant la vie ou les êtres vivants ». 33 Lé 30 juin 1908 au matin, une énorme ex¬ plosion aérienne, d'une puissance équiva¬ lant à celle de 10 à 15 mégatonnes de TNT, ravagea quelque 2 000 kilomètres carrés d'une forêt de conifères (ci-contre) près de la Toungounska, une rivière qui coule dans le centre de la Sibérie. On attribue généralement cette explosion à la collision d'une comète, ou d'un fragment de comète, avec la Terre. Ce corps céleste se serait désintégré au contact de notre at¬ mosphère, créant ainsi une boule de feu et une puissante onde de déflagration, mais aucun cratère d'impact. (Nouvelles Galles du Sud), à une observa¬ tion approfondie de la comète dans la ré¬ gion infrarouge du spectre, qui leur a per¬ mis de capter des signaux remarquablement intenses émis par des poussières organiques chauffées au-delà de la gamme d'ondes de 2 à 4 microns. Les structures de base des molécules organiques comportant des liens entre atomes de carbone et d'hydrogène (radical CH) absorbent et émettent des ra¬ diations sur les longueurs d'ondes proches de 3,4 microns; toutes les macromolécules organiques (les bactéries, par exemple) se caractérisent par une gamme d'absorption très large et qui présente un profil haute¬ ment spécifique. Il est frappant de constater que le profil des émissions de la comète de Halley correspnd précisément à celui de bactéries desséchées observées en labora¬ toire. Il est encore trop tôt pour rendre pleine¬ ment compte des' observations récentes de la comète de Halley, mais d'ores et déjà, certaines conclusions remarquables s'impo¬ ^ problème de communication n'avait surgi quelques secondes avant que la sonde s'ap¬ proche au plus près de la comète. Il a donc fallu se contenter d'images du noyau recou- . vert d'un épais nuage de poussière de forme oblongue. Que nous enseignent les premières ana¬ lyses de données obtenues par les satellites d'observation de la comète de Halley ? Si notre hypothèse sur la nature organi¬ que des comètes est fondée, la surface de leur noyau devrait théoriquement se pré¬ senter sous la forme d'une enveloppe très poreuse de particules polymériques for¬ mant comme les mailles d'un filet. L'évaporation massive des matières du noyau ne peut se produire que là où cette couche superficielle est érodée ou fracturée. La surface des noyaux de comètes devrait donc être extraordinairement sombre et absor¬ bante, comme nous l'avions prédit quelques semaines seulement avant l'achèvement de la mission de Giotto. Or, sur les images transmises par Giotto où l'on discerne le noyau à travers les « éclaircies » du nuage de poussière, sa sur¬ face est apparue étonnamment sombre les observateurs ont parlé d'un « noir plus dense que celui du charbon le plus noir »; il s'agissait donc là d'une confirmation écla¬ tante de notre théorie organique. De nouvelles confirmations allaient sui¬ vre. L'analyseur d'impact de particules de Giotto était équipé de façon à pouvoir dé¬ terminer la composition chimique des parti¬ cules de poussière émises par la comète en mesurant la répartition des masses d'ato¬ mes. J. Kissel, principal responsable de l'expérience, a signalé le 17 mars qu'après 34 dépouillement de 1 % des données, cette poussière paraissait composée des éléments suivants : carbone, oxygène, azote et hy¬ drogène avec de faibles traces d'autres élé¬ ments chimiques. Dès lors, on a le choix entre deux explications logiques. Ou bien ces atomes se présentent sous la forme d'un brouillard glacé de particules d'eau, d'oxyde de carbone et d'ammoniac asso¬ ciées à des hydrocarbures simples comme le méthane, ou bien il s'agit de polymères organiques très stables. Comme on sait par ailleurs que la température de ces particules est de 125 °C, et se situe donc bien au- dessus du point d'ébullition des glaces et hydrocarbures simples, il s'ensuit que les particules du halo des comètes ne peuvent être constituées que de macromolécules or¬ ganiques. Les expériences de Vega 2 et de Giotto ont permis de constater que des atomes d'hydrogène, des radicaux hydroxyles et des molécules d'eau étaient projetés en quantité abondante par la comète. Toute¬ fois, les proportions de ces substances n'é¬ taient nullement incompatibles avec la composition de la matière vivante (qui contient 60 % d'eau). Je tiens à rappeler que l'on n'a trouvé aucune trace du halo de particules glacées qui devrait entourer le noyau des comètes, selon la fameuse théo¬ rie dont la paternité revient à l'astronome américain Fred Whipple, qui les assimile à des « boules de neige sale ». Une quinzaine de jours seulement après le rendez-vous de Giotto et de Halley, les astronomes D. T. Wickramasinghe et D. A. Allen ont procédé, à l'aide du télescope anglo-australien géant de Siding Springs sent. Il est manifeste que la comète n'est pas la « boule de neige sale » composée de matière inerte qu'imaginaient la plupart des astronomes, mais un conglomérat de ma¬ tières organiques. L'énorme masse de ma¬ tière organique du noyau (environ 8 km de long sur 4 km de large) contient une grande quantité de molécules d'eau et divers élé¬ ments à l'état de traces. Qu'on le veuille ou non, ce conglomérat organique se compose pour l'essentiel de particules dont les capa¬ cités d'absorption, la dimension et la den¬ sité sont identiques à celles du modèle théo¬ rique des bactéries. Même en les interprétant avec la plus extrême prudence, ces dernières décou¬ vertes semblent prouver que les comètes peuvent fort bien avoir fourni la matière première, les modules organiques à partir desquels la vie est apparue sur la Terre. Quant à moi, je crois plus réaliste d'y voir la preuve indubitable que la vie sur la Terre est bien apparue sous forme de bactéries et de virus libérés par l'explosion des comètes. NALIN CHANDRA WICKRAMASINGHE est professeur de mathématiques appliquées et d'astronomie au University College de Cardiff (Pays de Galles) et directeur de l'Institut des Etudes fondamentales à Sri Lanka. En 1962, alors qu'il était à l'université de Cambridge, le professeur Wickramasinghe, originaire de Sri Lanka, a reçu le prix Powell (prix britannique de poésie). Son point de vue sur les origines spa¬ tiales de la vie terrestre est largement développé dans deux ouvrages récents, Space Travellers : the bringers of life (Les voyageurs de l'espace ou les porteurs de vie) et Evolution from Space (L'évolution vient de l'espace), qu'il a écrits en collaboration avec Sir Fred Hoyle. La main de F homme par Stephen Boyden et Malcolm Hadley L9j ESPECE humaine est apparue S sur la planète tardivement. Or, depuis le peu de temps qu'il est sur la Terre, l'homme a profondément mo¬ delé l'ensemble des éléments qui s'imbri¬ quent pour constituer son environnement l'air, l'eau, les sols, les autres organismes vivants et ce au tout dernier moment des temps géologiques. Au risque de simplifier, on peut distin¬ guer dans l'histoire des rapports de l'homme avec son milieu tant en ce qui concerne les effets de la société sur l'envi¬ ronnement naturel que les conditions de vie des hommes quatre phases, qui se che¬ vauchent, mais n'en sont pas moins bien distinctes : la phase primitive, la proto¬ agriculture, les débuts du phénomène urbain et, enfin, les temps industriels modernes. Durant la phase primitive appelée aussi l'époque de la pré-domestication ou encore le stade de la chasse et de la cueil¬ lette Ce fut là un événement lourd de sens, qui eut des répercussions écologiques tout à fait importantes. Les incendies des forêts et des étendues herbeuses se multiplièrent et changèrent le couvert végétal de certaines régions du monde. Tout à coup, les sociétés humaines se mirent à consommer bien plus d'énergie qu'autrefois, car, à l'énergie « somatique » (celle qui circule dans le corps et sert au métabolisme, à l'effort physique, à la croissance) s'ajoutait l'énergie « extrasomatique » (celle, par exemple, qui pro¬ vient des combustibles, qui ne circule pas dans un organisme vivant). Le feu a donc signifié un changement qualitatif dans les rapports de l'espèce hu¬ maine avec son milieu. Les conséquences exemples du pouvoir qu'a l'homme d'agir sur son environnement. L'homme était dé¬ sormais une véritable force écologique, et les groupes humains ne s'inscrivaient plus dans leur écosystème local de la même ma¬ nière que les autres animaux. Outre le feu, c'est sans doute la propaga¬ tion de l'espèce humaine qui est l'effet éco¬ logique le plus marquant au cours de cette phase dite primitive. Il semble que l'homme ait habité la grande savane africaine jusqu'il y a environ un million d'années, époque à iaquelle il se serait aventuré dans de mul¬ tiples milieux : la steppe aride, les grandes prairies situées en altitude (en Ethiopie), les prairies forestières. Après ces premières incursions, il est allé plus loin encore dans sa écologiques se bornaient alors à l'effet des¬ découverte de cadres de vie climatiques et tructeur du feu; sans contrecoups graves, le système absorbait facilement les produits chimiques issus de la combustion du bois continents. (notamment le gaz carbonique). Toutefois, l'usage du feu offre l'un des premiers écologiques fort variés, et ce dans tous les La proto-histoire, dans certaines régions du monde, date d'il y a environ 12 000 ans. Avec la domestication des animaux et des ^ , les groupes humains se différen¬ ciaient sans doute fort peu des autres mam¬ mifères omnivores quant à l'ampleur et à la nature de leur interaction avec l'écosystème dont ils faisaient partie. En pratiquant la chasse et la cueillette, ils s'inscrivaient tout naturellement dans le cycle alimentaire et puisaient leur énergie, sous une forme chi¬ mique, dans une nourriture d'origine ani¬ male ou végétale. A leur tour, ils entraient dans l'alimentation d'autres prédateurs et leurs restes retournaient à la terre par le moyen de la décomposition. La quantité d'énergie dépensée par les premiers hominidés devait être à peu près égale à la valeur énergétique des aliments consommés. Au¬ trement dit, la manière dont nos ancêtres s'inséraient dans leur milieu ressemblait fort à celle des autres espèces animales dans le leur. Puis, sans doute il y a quelque 500 000 ans, dans les terres volcaniques des grands fossés d'effondrement de l'Afrique orienta¬ le, l'homme, pour la première fois, a utilisé le feu, sciemment, systématiquement, tant pour se protéger que pour se procurer et faire cuire ses aliments. Par le moyen du feu, on faisait sortir le gibier des sous-bois pour l'attirer dans l'herbe rase qui poussait sur les terres défrichées par le feu. Cette peinture rupestre datant d'environ 2000 avant J.-C. se trouve dans la région de Rusape, au Zimbabwe, et représente des scènes de la vie des chasseurs de la fin de l'âge de la pierre. Au 19e siècle, les Bochimans s'adonnaient encore à ce type de peinture, mais les exemples quien sub¬ sistent aujourd'hui furent sans doute l'ouvre de groupes bantous du sud. 35 Cette gravure du peintre suisse Aloys Fellmann (1855-1892) montre des hommes au travail dans une usine caractéristique du 19e siècle, époque où la révolution indus¬ trielle prit son essor en Europe. teurs qui vivent et travaillent au-delà des limites de la ville. La gamme des aliments consommés se rétrécit alors, car de nombreuses popula¬ tions urbaines se nourrisssent d'un aliment de base unique: riz, maïs, céréale quelcon¬ que, pommes de terre, la fréquence des maladies de carence augmente dans de nombreuses parties du monde : rachitisme,' scorbut, béri-béri, pellagre. Toujours me¬ naçante, la famine frappe à coups répétés; lorsque leur nourriture de base faisait dé¬ faut, les citadins, en effet, n'avaient guère d'autres ressources alimentaires à leur disposition. Cette densité plus forte allait grandement modifier les rapports entre les populations et les organismes parasitaires ou autres agents pathogènes. Les épidémies devin¬ ^ plantes, pour la première fois dans l'histoire de la Terre, un être vivant réussissait, de population humaine, à l'essor géographi¬ que des techniques et à la nouvelle réparti¬ rent une des réalités quasi permanentes de la vie sociale: typhus, choléra, fièvre ty¬ façon-délibérée, à manipuler les processus tion de certaines espèces animales et végé¬ phoïde, peste, variole, paludisme, dysente¬ biologiques à ses propres fins. tales. rie infantile, toutes ces maladies infectieu¬ A mesure que progressaient la domesti¬ cation et les techniques agricoles, cette ac¬ tion s'est fait de plus en plus sentir. Sous la main de l'homme, la face du globe commen¬ Les groupes humains étaient désormais ses, et bien d'autres, étaient redoutées et moins nomades qu'à l'époque primitive, constituaient l'un des principaux facteurs de mortalité. çait à se transformer : dans l'hémisphère encore que la durée de leur séjour en un lieu dépendît du type d'agriculture qu'ils prati¬ quaient. Ce nouveau mode de vie devait nord, de vastes forêts disparurent pour être avoir d'importantes répercussions sur la na¬ parition du travail spécialisé. Certes, il exis¬ remplacées par des terres arables ou par ture des liens entre les populations et les microbes, parasites et autres agents patho¬ tait une certaine division des tâches dans les une végétation moins luxuriante et un mi¬ lieu moins dense. Dans certains endroits, les cultures ont provoqué un phénomène massif d'érosion. Dans les Fidji orientales, gènes. Par exemple, dans certaines régions, paludisme et bilharziose sont devenus les L'un des faits bio-sociaux les plus mar¬ quants des débuts de l'urbanisation fut l'ap¬ sociétés proto-agricoles et même dans les sociétés qui pratiquaient la chasse et la cueillette, mais, en dehors de la division principaux facteurs de maladie et de morta¬ sexuelle du travail, la plupart des membres par exemple, où l'homme est arrivé il y a lité, entravant la diminution de la mortalité du groupe étaient polyvalents, bons à tout 3 000 ans, une couche de terre épaisse d'au due à la meilleure protection qu'offraient faire. Avec l'urbanisation naissante, la spé¬ moins 50 cm a disparu au cours d'une pé¬ riode de cent à cent cinquante ans, et ce il y les nouvelles conditions de vie. cialisation devient la règle. Malgré toutes les transformations impu¬ tables à l'agriculture, cette période partage avec l'époque primitive deux traits écologi¬ ques qui sont absents des sociétés moder¬ nes. D'abord, le taux d'utilisation d'énergie extra-somatique (essentiellement le feu) suivait celui de la progression démographi¬ que. Ensuite, l'activité n'intervenait pas de façon sensible dans le cycle biogéochimique L'importance écologique de ce phéno¬ mène vient en partie de ce que, pour la des hiérarchies. Alors qu'elle était autrefois relativement spontanée, passagère et fonc¬ naturel de la biosphère, notamment dans tion du travail ponctuel à faire, la structure les cycles du carbone, de l'azote et du phos¬ hiérarchique de la société est devenue plus rigide, plus poussée et plus stable. Elle en vint à être déterminée par la naissance et a entre 1 900 et 1 750 ans environ. Certaines pratiques agricoles ont eu des conséquences importantes : l'introduction de la monoculture, par exemple, dont cer¬ taines populations sont devenues entière¬ ment tributaires pour leur subsistance. Cette évolution avait certes des avantages pratiques, mais faisait aussi courir des ris¬ ques graves, car si la seule céréale cultivée venait à manquer, la famine était inevita¬ ble. phore. Autre conséquence de la manipulation délibérée , des processus biotiques par l'homme : l'élevage et la culture sélectifs Les débuts du phénomène urbain remon¬ première fois dans l'histoire de l'humanité, les divers groupes qui composent une so¬ ciété connurent des conditions de vie fort différentes. La division du travail a renforcé la tendance des sociétés humaines à créer tent à 500 000 ans environ, avec la création non plus par un consentement fondé sur les capacités ou la personnalité. pratiqués pour améliorer la production ali¬ des premières cités en Mésopotamie et, peu de temps après, en Chine et en Inde. Ces mentaire ont donné naissance à des modes premières villes de vie qui ne seraient 'jamais apparues sans phase écologique qu'a connue l'humanité, cela. marquée par une série de changements fon¬ damentaux qui touchèrent l'organisation de annoncent la troisième L'urbanisation a créé de nouvelles no¬ tout au long de cette deuxième phase écolo¬ la société et les modes d'existence de ses gique. Et cet élément a joué un rôle fonda¬ membres. Parmi ces changements, quel¬ tions en matière de propriété. A l'époque primitive, l'individu n'était« propriétaire » que des seuls objets qu'il fabriquait luimême et qu'il pouvait transporter lors de ses déplacements d'un campement à un au¬ tre. Au stade de la proto-agriculture, ani¬ mental dans la fabrication d'outils en métal. ques-uns ont persisté' et se retrouvent dans nos villes modernes. vinrent eux aussi objets de propriété, mais il L'usage du feu s'est bien sûr maintenu En effet, avec des inventions comme le moulin à eau, le moulin à vent, le navire de maux, cultures et réserves de céréales de¬ Le plus évident n'est autre que le très fort accroissement du nombre de personnes re¬ s'agissait plutôt, du moins au début, de haute mer, on pouvait utiliser l'énergie extra-somatique divers groupées en un lieu, et le fait que la majo¬ les, la propriété individuelle et familiale types de travail. Par rapport à ce qui allait se passer ensuite, l'effet de ces machines res¬ rité des citadins ne se consacrent plus à des acquit une importance qu'elle a gardée dans de nombreuses régions du monde. pour accomplir tait néanmoins minime, se bornant au rôle joué par les navires dans les migrations de la 36 activités de subsistance : culture, pêche, chasse. Les populations urbaines vivent en effet des excédents produits par les agricul- propriété collective. Dans les premières vil¬ Tout comme lors des phases précédentes, les cycles biogéochimiques naturels res- Echangeur d'autoroute à Villefranche, près de Lyon (France), un type d'ouvrage propre à la société industrielle moderne, grande consommatrice d'énergie. taient inchangés et le taux de consomma¬ tion d'énergie continuait de suivre l'évolu¬ tion démographique. Malgré quelques va¬ riations de brève durée, la biosphère et la plupart des écosystèmes dans lesquels vi¬ vaient les hommes, se trouvait en état d'é¬ quilibre dynamique. L'existence de villes ne signifiait nullement la fin des sociétés agri¬ coles pratiquant une économie de subsis¬ tance. D'ailleurs, il existe encore de ces sociétés dans certaines parties du monde. Pendant très longtemps, rares furent les villes qui comptaient plus de 100 000 habi¬ tants. Avec sa population d'un million d'ha¬ bitants, Rome, à l'époque de Jésus-Christ, faisait figure d'exception. Cependant, si les villes n'ont, jusqu'à une date récente, re¬ présenté qu'une part infime de la popula¬ tion totale, elles ont eu des effets écologi¬ ques disproportionnés au nombre de leurs la consommation d'énergie par habitant est l'an 2050 se vérifient, l'humanité consom¬ habitants. C'est avec la révolution dite in¬ actuellement trente fois supérieure à celle mera alors autant d'énergie que toutes les dustrielle que sont nés les temps modernes, d'avant la transition industrielle. autres espèces "animales et végétales réu¬ l'ère de la technique. Cette transition indus¬ Contrairement, donc, à ce qui se passait aux époques antérieures, le taux d'accrois¬ sement de la consommation d'énergie ne correspond plus actuellement à la crois¬ nies. Inutile d'être un spécialiste pour comprendre que ce type de croissance et la progression concomitante de l'épuisement des ressources et de la création de déchets, encore dans de nombreuses régions. Elle ne sance démographique et le taux d'énergie ne peut se poursuivre indéfiniment. date que de sept ou huit générations, mais ses répercussions sur la planète et son fonc¬ extra-somatique progresse régulièrement. La consommation d'énergie, en effet, tionnement augmente environ deux fois plus vite que ne le fait la population. Pendant combien de temps encore la biosphère pourra-t-elle supporter la charge que lui imposent les sociétés humaines ? trielle, comme nous préférons l'appeler, a commencé en Europe et en Amérique du Nord voici 150 ou 200 ans et se poursuit sont sans commune mesure avec cette durée. Par rapport aux phases précédentes de la présence humaine sur Les réponses à cette question diffèrent. D'aucuns estiment que l'humanité est inca¬ prouve de façon frappante la situation ac¬ Dans de nombreuses régions, les cycles biogéochimiques ne sont plus intacts. La perturbation des cycles du carbone et du tuelle de la démographie, de l'énergie ou phosphore de tion. Dans cette hypothèse, l'effondrement des cycles biogéochimiques. Avec la proto-agriculture et les débuts de l'urbanisation, les populations ont pu se prémunir contre certaines des causes de graves problèmes dans l'avenir. Quant au sera total et signifiera l'extinction de l'es¬ cycle de l'azote, d'énormes quantités de déchets azotés qui retournaient autrefois au pensent que l'homme, fort de son ingéniosi¬ mortalité » propres à l'époque primitive, ment la malnutrition et la peste. Les temps et les océans, et l'industrie en rejette dans l'atmosphère. Un changement qualitatif est intervenu : modernes se caractérisent par une meil¬ la synthèse, souvent en très importantes leure connaissance des besoins nutrition- quantités, nels de l'espèce et par de nouvelles prati¬ composés chimiques dont un grand nombre ont un effet très puissant sur les systèmes terre, elle tranche tout à fait, comme le mais elles en ont rencontré d'autres, notam¬ ques en matière de santé publique et de médecine, comme l'illustre la révolution pharmaceutique. D'où l'immense change¬ ment qui s'est produit dans la dynamique démographique. En effet, la population pourrait fort bien créer sol sont désormais déversés dans les fleuves de milliers de pable de maîtriser le processus accéléré qui menace la biosphère et, partant, la civilisa¬ pèce humaine. D'autres, plus optimistes, té, réussira à trouver un nouvel équilibre avant qu'il ne soit trop tard. nouveaux biotiques. Ces substances chimiques synthétiques s'infiltrent dans les océans, les sols, l'atmosphère, mais aussi dans les orga¬ nismes vivants. mondiale double actuellement tous les 35 à La phase actuelle que vit l'humanité se 40 ans, alors qu'à l'époque de la proto- caractérise en outre par sa complexité et sa agriculture ou des débuts de l'urbanisation, nature imprévisible. La technique moderne ce doublement prenait 1 500 ans. Un autre trait des temps modernes, qui et l'interdépendance des pays compliquent singulièrement les problèmes d'utilisation STEPHEN BOYDEN, d'Australie, est un spécia¬ en détermine d'ailleurs d'autres, est l'intro¬ et de gestion des terres et des autres res¬ l'environnement à l'Université nationale austra¬ duction massive de machines et de techni¬ sources, phénomène déjà sensible en l'es¬ pace d'une génération. Aujourd'hui, par lienne (Canberra) et le responsable de l'étude de recherche intégrée sur l'écologie de Hong Kong entreprise dans le cadre du Programme de l'Unesco, L'homme et la biosphère (MAB). Le ques de fabrication utilisant pour leur fonc¬ tionnement de l'énergie extra-somatique. Celle-ci provient essentiellement des exemple, on peut défricher des forêts en¬ tières en un temps très court avec des ma¬ liste du Centre d'études des ressources et de thème de cet article est traité d'une manière combustibles fossiles : le charbon, dans un chines. Grâce aux techniques modernes de premier temps, puis, de façon croissante, le pétrole et le gaz naturel. Dans certaines régions, l'hydro-électricité représente une part importante des ressources énergéti¬ ques et l'énergie d'origine nucléaire est en rapide progression. Dans les pays forte¬ communication, une décision prise dans un centre financier d'une zone tempérée peut entraîner, dans la semaine, l'abattage d'une forêt tropicale située à dix mille kilomètres de là et qui avait mis un siècle à pousser. Si certaines prévisions sur l'accroisse¬ MALCOLM HADLEY appartient à la Division des sciences écologiques de ¡'Unesco. Zoolo¬ gue, il est responsable de la coordination des activités dans les régions tropicales humides du monde dans le cadre du Programme MAB ment industrialisés comme les Etats-Unis, ment de la consommation d'énergie d'ici à (L'homme et la biosphère). approfondie dans un livre qui doit paraître cette année. 37 1986 : Année de la Paix / 7 fê>\ Plus de 400 représentants de 115 organi¬ sations internationales non gouverne¬ mentales et 71 organisations nationales satisfaction des besoins de base de l'huma¬ nité tels que l'alimentation, le logement, la santé, l'éducation, le travail et l'environne¬ \ J de 36 pays ont participé à la Conférence « Ensemble pour la Paix » qui s'est tenue à ment. Tout en nous félicitant de récentes ac¬ Genève du 20 au 24 janvier 1 986 pour mar¬ quer l'Année internationale de la Paix. Réunie sous les auspices du Bureau de la l'humanité et la préparation des sociétés à vivre dans la paix. L'appel qui suit a été pas un monde d'où la guerre serait simple¬ ment absente, où les êtres humains pour¬ raient tout juste survivre, mais un monde où la justice prévaudrait et où la dignité humaine serait respectée. Nous répétons que la course aux arme¬ ments constitue le plus grand danger pour la paix et la survie. Notre appel revêt à cet égard un caractère d'urgence particulier... Alors que nous nous engageons à travailler ensemble pour le désarmement, nous vous appelons tous à apporter votre concours et adopté à la conclusion de ses travaux par votre soutien aux efforts visant à l'arrêt immé¬ acclamation. diat des Conférence des Organisations non gou¬ vernementales dotées du statut consulta¬ tif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies, la Conférence s'est penchée sur des questions comme le dé¬ sarmement, le développement, le progrès social, la justice, les droits de l'homme, la satisfaction des besoins essentiels de essais conclusion Nous lançons un appel à tous les hommes de la terre en leur demandant de s'unir dans une recherche commune de la paix. A quinze ans seulement de la fin du ving¬ tième siècle, nous sommes persuadés que tous les êtres humains ont le devoir et l'obliga¬ tion d'unir leurs forces en uñ effort concerté pour que le vingt et unième siècle s'ouvre sur un monde de paix. Nous sommes convaincus que cela est possible et que les tendances dangereuses que l'on observe actuellement dans les affaires mondiales peuvent être arrê¬ tées et inversées. Nous percevons des signes d'espoir dans le nouvel esprit de dialogue et d'ouverture qui règne parmi les chefs d'Etat et dans la détermination des hommes à réaliser la paix. Nous n'avons pas besoin de rappeler tout ce qui menace la paix. La course vers une catastrophe nucléaire se poursuit. Comme si la terre et les océans ne pouvaient plus sup¬ porter le poids des armes, on explore l'espace pour les y déposer. Des centaines de per¬ sonnes sont tuées chaque jour par des armes non nucléaires. La faim fait quotidiennement d'un d'armes traité nucléaires, sur à la l'interdiction complète de ces essais, à la prévention de la course aux armements dans l'espace extra¬ atmosphérique, à l'élimination des armes chi¬ miques et de toutes les autres armes de des¬ truction massive et à la réduction substantielle des arsenaux classiques. Nous estimons qu'il est possible d'ici à la fin de ce siècle de mettre en application un programme systématique et fiable d'élimination des armes nucléaires. ,' Nous pensons que la paix est indissociablement liée au développement et au progrès social et que sa base est la justice. Les priva¬ tions et les inégalités sont des menaces pour la paix. Nous demandons donc qu'une initia¬ tive de développement stratégique soit prise pour instaurer un nouvel ordre économique international qui assure des relations écono¬ miques équitables entre et dans les nations. Nous demandons en outre le respect sincère du droit des hommes à décider de leur propre destin, ainsi que de leurs droits à l'autodéter¬ mination et à un développement interdépen¬ dant, à la non-ingérence dans leurs affaires intérieures et à des conditions de sécurité et tions conjointes à travers les continents visant à répondre aux besoins alimentaires urgents, nous demandons que des efforts plus systé¬ matiques et plus concertés soient entrepris pour prévenir les morts dues à la famine et pour que des politiques à long terme soient adoptées sur le plan national et international afin de nourrir tout le monde. Nous demandons des actions conjuguées pour favoriser une réduction sensible des dé¬ penses militaires afin de corriger le déséqui¬ libre actuel dans l'utilisation des ressources. Nous sommes d'accord pour dire que chaque canon fabriqué, chaque navire de guerre lan¬ cé, chaque fusée tirée est en fin de compte un vol envers ceux qui ont faim et ne sont pas nourris, envers ceux qui ont froid et ne sont pas vêtus. Conscients de l'importance de la prépara¬ tion des sociétés à vivre dans la paix, nous préconisons une nouvelle orientation de l'éducation, des sciences, de la culture, de la religion et des médias dans un sens qui soit propice à l'établissement de la paix. Les ressources disponibles dans ces do¬ maines peuvent être utilisées de manière plus constructive pour la paix. Nous appelons de nos v la promotion des contacts entre les personnes à travers les frontières nationales et des démarche novatrices propres à engen¬ drer la confiance. Les nations doivent chercher la paix en¬ semble. Nous ne pouvons créer un avenir commun que si nous maîtrisons la crise commune à laquelle nous sommes confrontés et si nous construisons la paix sur la base du concept de sécurité commune. Nous appelons à une participation accrue à la coopération internationale dont l'instrument universel est -l'Organisation des Nations Unies. Nous nous engageons à continuer de soutenir cette Organisation et ses institu¬ tions... des milliers de victimes. Des millions d'êtres de progrès social. Nous soulignons que la jouissance des sont privés de ce qui devrait satisfaire leurs droits et des libertés de l'homme est un élé¬ cultés sont immenses, mais nous sommes besoins essentiels et leurs droits humains ment essentiel de la paix. Leurs violations sont une cause majeure des conflits armés. Plus chacun jouira pleinement de ses droits dans une société, plus stable sera cette socié¬ té; plus les droits de l'homme seront globale¬ ment respectés, plus stables seront les rela¬ sûrs que la volonté des hommes d'établir la paix permettra de les surmonter. Nous sommes optimistes et pleins d'espoir, car nous sommes « ensemble pour la paix ». C'est dans cet esprit que nous renouvelons notre engagement envers la paix et vous invi¬ tions internationales... tons tous, habitants de la terre, à vous unir fondamentaux, et c'est aussi par milliers qu'ils ploient encore sous le joug de la domination et de l'exploitation. L'apartheid se maintient, au mépris de toute justice, tuant des hommes et déstabilisant des nations. Nous vous demandons donc d'oeuvrer en¬ semble pour édifier un monde de paix, non Vente et distribution : Unesco, PUB/C, 7, place de Fontenoy, 75700 Paris. Belgique : Jean de Lannoy, 202, avenue du Roi - Nous savons que la paix est essentielle à la sont de la Rédaction. Enfin, les fontières qui figurent sur les cartes que nous publions n'impliquent pas reconnaissance offi¬ cielle par l'Unesco ou les Nations Unies. Bruxelles 6. Rédaction au Siège : Abonnement : 1 an : 78 francs français. 2 ans (valable uniquement en France) : 144 francs français. Reliure pour une année : 56 francs. Reproduction sous forme de microfiches : 150 francs (1 an). Paiement par chèque bancaire, mandat ou CCP à Rédacteur en chef adjoint : Olga Rodel Secrétaire de rédaction : Gillian Whitcomb Edition française : Alain Lévêque Neda el Khazen Edition anglaise : Roy Malkin Edition espagnole : Francisco Fernandez Santos l'ordre de l'Unesco. Jorge Enrique Adoum Edition russe : Nikolai Kouznetsov Bureau de la Rédaction : Unesco, 7, place de Fontenoy, 75700, Pans, France Les articles et photos non copynght peuvent être reproduits à condition d'être accompagnés du nom de l'auteur et de la men¬ tion « Reproduits du Courrier de l'Unesco », en précisant la date du numéro. 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Rédacteurs hors siège : Edition Edition Edition Edition Edition Edition Edition Edition Edition Edition Edition Edition Edition Edition Edition allemande : Werner Merkli (Berne) japonaise : Seiichiro Kojima (Tokyo) italienne : Mario Guidotti (Rome) hindie : Rajmani Tiwari (Delhi) tamoule : M. Mohammed Mustafa (Madras) hébraïque : Alexander Broido (Tel Aviv) persane : néerlandaise : Paul Morren (Anvers) portugaise : Benedicto Silva (Rio de Janeiro) turque : Mefra llgazer (Istanbul) ourdoue : Hakim Mohammed Said (Karachi) catalane : Joan Carreras i Marti (Barcelone) malaise : Azizah Hamzah (Kuala Lumpur) coréenne : Paik Syeung-Gil (Séoul) kiswahili : Domino Rutayebesibwa (Dar-es-Salaam) Editions croato-serbe, macédonienne, serbo-croate, Slovène : Bozidar Perkovic (Belgrade) Edition Edition Edition Edition Edition chinoise : Shen Guofen (Beijing) bulgare : Goran Gotev (Sofia) grecque : Nicolas Papageorgiou (Athènes) cinghalaise : S J. Sumanasekera Banda (Colombo) finnoise : Marjatta Oksanen (Helsinki) Edition suédoise : Lina Svenzén (Stockholm) - Edition basque : Gurutz Larrañaga (San Sebastian) Edition thai : Savitri Suwansathit (Bangkok) IMPRIMÉ EN FRANCE (Printed in France) - Dépôt légal : C 1 - Juillet 1986 - Commission paritaire N° 27.253 - Diffusé par les N.M P P. 38 PHOTOCOMPOSITION : Ateliers de l'UNESCO - PHOTOGRAVURE-IMPRESSION : MAURY-IMPRIMEUR S.A, Z.I. route dÉtampes. 45330 MALESHERBES. t r\es femmes ^ des D,0Udes^¿1«u,Ss^ia|. \*nw c Is observer .¿^«nejo^ tfimpase a£ ^àCceco^Wede^ I tiere- < ^vsco PtOCHf puNM^I Comment obtenir les publications Unesco Les publications de l'Unesco peuvent être commandées par l'intermédiaire de toute librairie. Dans chaque pays il existe un ou plusieurs libraires qui assurent le rôle de distributeurs nationaux (voir liste ci-dessous). A défaut, elles peuvent être obtenues par correspondance au Siège de l'Organisation avec règlement joint par chèque libellé en une monnaie convertible ou sous forme de mandat poste international ainsi que de bons internationaux Unesco. ALGERIE. ENAMEP. 20, rue de la Liberté. Alger ETATS-UNIS Unipub, 11 80 Avenue of the Americas, New York. NY 10036 REP.FED.D'ALLEMAGNE FINLANDE Akateeminen Knrjakauppa, Keskuskalu 1, 00100 Helsinki, Suo- Universitets Bokhandelen, Universitetssentret, Postboks 307 Blindem, Oslo malamen Kirjakauppa Oy. Koivuvaraan Kuja 2, 01640 Vantaa 64 3 ARGENTINE. Librería El Correo de la Unesco EDILYR S R L . Tucumán FRANCE Librairie Unesco, 7, place de Fontenoy, 75700 Pans, et grandes NOUVELLE-CALEDONIE. Reprex SARL, B P 1685, 1050 BuenosAires librairies universitaires PAYS-BAS. Keesing Boeken B V, Joan Muyskenweg. 22. Postbus 1118, AUTRICHE. Gerold and Co , Graben 31 , A-101 1 Wien GABON Librairie Sogalivre, à Libreville, Franceville, Librairie Hachette. B P 1000 B C Amsterdam BELGIQUE. Jean de Lannoy, 202, avenue du Roi, 1060 Bruxelles, CCP 3923. Libreville POLOGNE. ORPAN-Import, Palac Kultury, 00-901 Varsovie, Ars-Polona- 000-0070823-13, GRECE Librairie H Kauffmann, 28. rue du Stade. Athènes. Librairie Eletthe- Mr Herbert Baum Deutscher, Unesko- Kurier Vertrieb, Besaitstrasse 57 5300 BONN 3 NV Handelmaatschappij Keesing, Keesinglaan 2- roudakis, Nikkis 4, Athènes. John Mihalopoulos and Son, 75, Hermou Street, 18,21000 Deurne-Antwerpen A/S Subscription and Trade Book Service 3, P O B 6125 Etterstad. Oslo 6, 1572, Nouméa Ruch, Krakowski-Przedmiescie N° 7, 00-068. Varsovie PORTUGAL. Dias & Andrade Ltda, Livrana Portugal, rua do Carmo, 70, " üsbonne BENIN, übraine nationale, B P 294, Porto Novo, Ets Koudjo G Joseph, B P. P O Box 73, Thessalonique, Commission nationale hellénique pour I Unesco. 1530, Cotonou 3 rue Akadimias, Athènes ROUMANIE. ARTEXIM. Export/Import, Piata Scienten n° 1, P O Box 33-16, BRESIL. Fundaçao Getulio Vargas, Editora-Dlvisao de Vendas, Caixa Postal GUINEE Commission nationale guméenne pour l'Unesco, B P 964, Conakry 70005 Bucarest 9 052-ZC-02, Praia de Botafogo, 1 88 Rio de Janiero RJ HAITI. Librairie A la Caravelle, 26 rue Roux, B P 1 1 1 , Port-au-Pnnce ROYAUME-UNI. H M Stationery Office, P O Box 276, London S W 8 5 DT, HONGRIE. Kurtura-Buchimport-Abt , P O Box 149-H-1389, Budapest 62 Third World Publications, 151 Stratford Road, Birmingham B II IRD REP. ISLAMIQUE D'IRAN Commission nationale iranienne pour l'Unesco, SENEGAL. Librairie Clairafnque, B P 1188Enghlab Av. Rostam Give Building, Zip Code 13158. PO Box 11365- Vents, 91, rue Blanchot-avenue Georges Pompidou, B P 1820, Dakar 4498, Teheran SUEDE. Svenska FN-Forbundet, Skolgrand 2, Box 150-50, S-10465 Stock¬ holm. Wennergren-Williams AB Box 30004-S-104 25 Stockholm, Esselte BULGARIE. Hemus, Kantora Literatura, bd Rousky 6, Sofia Librairie de L'Unesco, Palais populaire de la culture, 1000 Sofia BURKINA FASO. Lib Attie, B P 64, Ouagadougou Librairie Catholique Jeunesse d'Afnque », Ouagadougou CAMEROUN, übraine des Editions Clé, B P 2005 Dakar, Librairie des Quatre- 1501, Yaounde, üöraine St- IRLANDE. The Educational Co of Ir Ltd , Ballymount Road Walkmstown, Paul, B P 763, Yaounde, Commission nationale de la République-Unie du Dublin 12 Tycooly International Publ Ltd , 6 Crofton Terrace, Dun L? " 'haire Tidsknftscentrale Gamla Brogatan 26 Box 62, 101 20 Stockholm Cameroun pour l'Unesco, B P. 1600, Yaounde, Librairie «Aux Message- Co , Dublin SUISSE Europa Verlag, 5, Ramistrasse, Zurich, CH 8024, Librairie Payot, 6, nes ». avenue de la Liberté, B P 5921, Douala, Librairie « Aux Frères Réu¬ ISRAEL ABC. Bookstore Ltd , P O Box 1283. 71 Allenby Road. Tel Aviv rueGrenus, 1211 Genève 11, CC P 12236 Librairie Payot aussi à Lausan¬ nis », B P 5346, Douala, Buma Kor and Co , Bilingual Bookshop, Mvog-ada, 61000 ne, Bale, Berne, Vevey, Montreux, Neuchâtel et Zurich ITALIE. Licosa (Librería Commissionaria Sanson, S p A ), via Lamarmora, REP. ARABE SYRIENNE, Librairie Sayegh, Immeuble Diab. rue du Parle¬ Douala 45, Casella Postale 552, 50121 Florence ment, B P. 704, Damas CANADA. Editions Renouf Limitée, 21 82, rue Ste-Cathenne Ouest, Montréal, JAPON. Eastern Book Service, Inc., 37-3 Hongo 3-chome Bunkyo-Ku, Tokyo TCHAD. Librairie Abssounout, 24 av Charles de Gaulle, B P 388, N'Djame¬ Que H3H IM7, Renouf Publishing Co Ltd , 61 Sparks Street. Ottawa, Ontario 113. na K1P5A6 LIBAN. Librairie Antoine, A Naufal et frères, B P 656, Beyrouth. B P 727, Yaounde, Centre de diffusion du livre camerounais, B P 338, TCHECOSLOVAQUIE. S N T L , Spalena 51 , Prague 1 , Artia Ve Smekach CHINE. China National Publications Import and Export Corporation, P O Box LUXEMBOURG, übraine Paul Brück, 22, Grande-Rue, Luxembourg, Service 88, Beijing du Courner de l'Unesco, 202, avenue du Roi, 1060 Bruxelles COMORES. übraine Masrwa 4, rue Ahmed D|Oumoi, B P. 124, Moroni 26430-46 CCP 30, P O Box 790. III-27 Prague 1 Pour la Slovaquie seulement Alfa Verlag Publishers, Hurbanovo nam 6, 893 31 Bratislava TOGO, übraine Evangélique. 8 P. 378, Lomé, Librairie du Bon Pasteur, B P CONGO. Librairie Maison de la presse, B P 2150, Brazzaville, Commission MADAGASCAR. Toutes les publications nationale congolaise pour l'Unesco, B P 493, Brazzaville dém. de Madagascar pour l'Unesco, B P. 331, Antananarivo Commission nationale de la Rép 1164, Lomé, Librairie universitaire, B P 3481, Lomé TRIN1TE-ET-TOBAGO. Commission nationale pour l'Unesco, 18, Alexandra REP. DE COREE. Korean National Commission for Unesco, P O Box central MAU. Librairie populaire du Mali, B P 28, Bamako Street, St Clair, Trinidad, W I. 64, Séoul MAROC, übraine « Aux belles images ». 282, avenue Mohammed-V, Rabat, TUNISIE. Société tunisienne de diffusion, 5, avenue de Carthage, Tunis, COTE D'IVOIRE, übraine des Presses Unesco, Commission nationale ivoi- übraine des Ecoles, 12, avenue Hassan II, Casablanca, Commission natio¬ nenne pour l'Unesco, B P. 2871, Abidjan CUBA. Ediciones Cubanas O'Reilly N° 407, La Habana nale marocaine pour l'Unesco, 19, rue Oqba, B P. 420, Rabat Agdal Dînant & St-Saens, B P 683. Casablanca 05 MAURICE. Nalanda Co Ltd , 30 Bourbon Street, Port-Louis TURQUIE. Haset Kitapevi A.S Istiklâl Caddesi, N° 469, Posta Kutusu 219, DANEMARK. Munksgaard Export, OG Tidssknftservice, 35 Norre Sogade, MAURITANIE. Gralicoma, 1, rue du Souk X, avenue Kennedy, Nouakchott Beyoglu, Istambul DK-1970 Kobenhavn K MEXIQUE, übrería El Correo de la Unesco, Actipán 66, Colonia del Valle, U.R S.S. v/o Mejhdunarodnaya kniga, Ul Dimitrova 39, Moscou 113095 EGYPTE. National Centre for Unesco Publications, N° 1 , Talaat Harb Street, Mexico 12 DF URUGUAY. Edilyr Uruguaya, S A Maldonado, 10992, Montevideo Tahnr Square, Le Caire MONACO. British übrary, 30. bd des Moulins. Monte-Carlo ESPAGNE. MUNDI-PRENSA übros S A , Castelló 37, Madrid 1 , Ediciones MOZAMBIQUE. Instituto Nacional do üvro e do Disco (INLD), Avenida 24 de Zopitarjeva 2, Lubljana, Nolit. Terazije 13/VIII, 11000 Belgrade LIBER, Apartado 17. Magdalena 8, Ondárroa (Viscaya). DONAIRE, Aptdo de Correos 341, La Corufta, Librería Al-Andalus, Roldana, 1 y 3, Sevilla 4, Julho, 1921 r/c e 1° andar, Maputo. ZAIRE. La líbrame, Institut national d'études politiques, B P 2307, Kinshasa, NIGER, übraine Mauclert, B P 868, Niamey Commission nationale de la Rép übrena CASTELLS, Ronda Universidad 13, Barcelona 7 NORVEGE. Johan Grundt Tanum, POB 1177Sentrum, Oslo 1: Narvesen l'éducation nationale, B P 32, Kinshasa Société chénfienne de distribution et de presse, Sochepress, angle rues de YOUGOSLAVIE. Mladost. Mica 30/1 1 , Zagreb, Cankaneva Zalozba, du Zaïre pour l'Unesco, Ministère de f* ¿5* La Terre enfeu Des torrents de late incandescente s 'écoulent du Mauna Loa. lors d' une éruption de ce volcan hawaïen en 1984 ( voir article page 27). Photo Krafft ,ç- Explorer. Pans