le
Courrier
JUILLET
1986-8
FF
Le
temps
des
peuples
45
Mexique
Sauveteurs
en
action
Les
tremblements
de
terre
sont
une
terrible
menace
qui
pèse
sur
la
vie
des
Mexicains.
L'une
des
plus
grandes
et
plus
anciennes
villes
du
monde,
Mexico,
leur
capitale,
est
située
dans
la
région
méridionale
du
plateau
du
Mexi¬
que,
dans
une
zone
fortement
volcanisée
et
fracturée
à
la
suite
de
la
formation
des
deux
masses
continentales
qui
l'encadrent
au
nord
et
au
sud.
En
septembre
1985,
un
violent
séisme
ravagea
le
centre
de
la
métropole.
Dans
un
élan
de
solidarité
internationale
sans
précédent,
des
équipes
de
sauveteurs
de
nombreux
pays
vin¬
rent
à
Mexico
pour
aider
à
secourir
et
à
soigner
les
multiples
victimes.
le
Courrier
Une
fenêtre
ouverte
sur
le
monde
Le
Courrier
du
mois
PAR
rapport
à
l'immensité
de
l'Univers,
la
Terre
n'est
qu'un
infime
grain
de
roc
et
de
métal.
Troisième
planète
du
système
solaire
si
l'on
compte
à
partir
du
Soleil
autour
duquel
il
gravite
à
la
vitesse
de
29,8
km/s,
notre
globe
est
situé
entre
Vénus
et
Mars,
juste
à
la
bonne
distance
de
notre
étoile
(149
573
000
km)
pour
n'être
ni
une
four¬
naise
perpétuelle
ni
un
monde
à
jamais
glacé.
Avec
ce
numéro
du
Courrier,
nous
avons
voulu
offrir
aux
lecteurs
une
simple
description
de
la
genèse
de
notre
planète
et
des
grands
mécanismes
géologiques
qui
commandent
les
mouvements
permanents
dont
elle
est
agitée.
Nous
avons
baptisé
terre
ferme
le
sol
sur
lequel
nous
vivons,
mais
les
plaques
continentales
ne
cessent
en
fait
de
bouger.
Tantôt
elles
se
heurtent
avec
force,
et,
se
produit
le
choc,
se
plissent
en
puissantes
chaînes
montagneuses;
tantôt
elles
sont
secouées
par
de
violents
séismes;
tantôt
des
chaudières
souterraines
vomissent
un
flot
de
roches
visqueuses
en
de
terribles
éruptions
volcaniques.
Dans
le
même
temps,
une
nouvelle
croûte
se
forme
au
fond
des
océans
tandis
que
l'ancienne,
aspirée
par
le
bas,
va
se
recycler
dans
le
foyer
brûlant
du
manteau.
A
l'échelle
du
temps
géologique,
l'homme
fait
figure
de
nouveau
venu
sur
cette
planète.
Si,
pour
prendre
une
image,
l'on
représente
le
temps
écoulé
depuis
que
l'écorce
terrestre
s'est
solidifiée,
soit
3,9
milliards
d'années,
sous
la
forme
d'une
année
du
calendrier,
Yhomo
sapiens
(apparu
il
y
a
100
000
ans)
n'entre
en
scène
que
le
31
décembre
entre
huit
heures
et
demi
du
matin
et
minuit.
Pour
continuer
ce
raccourci,
c'est
à
la
toute
dernière
seconde
que
l'homme
est
devenu
à
son
tour
une
force
géologique
assez
puissante
pour
détériorer
voire
détruire
son
milieu.
Les
dégâts
qu'il
inflige
à
l'environnement
sont
dus
principalement
à
l'ignorance.
Ainsi,
nous
ne
savons
pas
encore
exactement
quels
effets
aura
à
long
terme
l'emploi
systématique
d'engrais
chimiques
et
de
produits
insecticides,
de
même
que
nous
ignorons
comment
enrayer
la
désertifica¬
tion
causée
par
l'homme,
ou
mieux
maîtriser
notre
source
d'énergie
la
plus
récente,
l'énergie
nucléaire.
Avec
ses
grands
programmes
scientifiques
internatio¬
naux,
l'Unesco
est
à
l'avant-garde
de
la
lutte
qui
est
menée
pour
rendre
notre
planète
habitable.
Quand
bien
même
il
y
aurait
d'autres
Terres
dans
les
immenses
espaces
de
notre
Univers,
celles-ci
seraient
hors
de
notre
portée.
Nous
devons
prendre
soin
de
la
Terre,
qui
est
notre
seul
lieu.
Nous
suggérons
de
lire
ce
numéro
conjointement
avec
deux
autres
numéros
récents
du
Courrier
:
«
L'histoire
de
l'Univers
»
(septembre
1984)
et
«
La
planète
Océan
»
(Février
1986).
Le
Geological
Museum
de
Londres
nous
a
aimablement
autorisés
à
reproduire
plusieurs
photographies
et
dessins
dans
ce
numéro;
qu'il
en
soit
ici
vivement
remercié.
Notre
couverture
:
Océane
Pyrénées,
1985,
acrylique
sur
toile
de
Georges
Servat,
116
x
73
cm.
Galerie
jean-pierre
lavignes.
Juillet
1986
39e
année
4
La
genèse
de
la
Terre
par
dohn
Gribbin
6
Carte
d'identité
8
Les
entrailles
du
globe
9
La
troisième
planète
10
La
dérive
des
continents
12
L'horloge
géologique
12
Le
modelé
du
paysage
15
Une
triade
minérale
16
Forage
dans
l'inconnu
par
Evgueni
Kozlovski
23
Quand
la
Terre
tremble
par
E.M.
Fournier
d'Albe
27
Les
volcans
par
Haroun
Tazieff
32
L'évolution
de
la
vie
33
La
vie
qui
vient
de
l'espace
par
Chandra
Wickramasinghe
35
La
main
de
l'homme
par
Stephen
Boyden
et
Malcolm
Hadley
38
Année
internationale
de
la
Paix
/
7
2 Le
temps
des
peuples
MEXIQUE
:
Sauveteurs
en
action
Rédacteur
en
chef
:
Edouard
Glissant
Mensuel
publié
en 32
langues
Français
Italien
Turc
Macédonien
Finnois
Une
édition
trimestrielle
par
l'Unesco,
Organisation
Anglais
Hindi
Ourdou
Serbo-Croate
Suédois
en
braille
est
publiée
des
Nations
Unies
pour
l'éducation,
Espagnol
Tamoul
Catalan
Slovène
Basque
en
français,
en
anglais,
la
science
et
la
culture
Russe
Persan
Malais
Chinois
Thaï
en
espagnol
et
en
7,
place
Fontenoy,
Allemand
Hébreu
Coréen
Bulgare
coréen.
75700
Paris.
Arabe
Néerlandais
Kiswahili
Grec
Japonais
Portugais
Croato-Serbe
Cinghalais
ISSN
0304-3118
7
-
1986
-
CPD
-
86
-
3
-
435
F
La
genèse
de
la
Terre
AU
commencement
était
le
néant.
L'espace,
le
temps
et
la
matière
de
notre
univers
apparurent
simulta¬
nément
il
y
a
quelque
15
milliards
d'années,
lors
de
l'explosion
d'une
concentration
infi¬
niment
'dense
et
chaude
d'énergie,
explo¬
sion
que
nous
appelons
le
«
Big
Bang
».
A
mesure
que
se
produisaient
l'expansion
de
l'univers
et
son
refroidissement,
sa
densité
diminuait,
jusqu'à
ce
que
d'énormes
nuages
d'hydrogène
finissent
par
se
condenser,
avant
de
se
fragmenter
puis
de
se
contracter
pour
former
les
étoiles
et
les
galaxies.
Voici
10
milliards
d'années
environ,
des
galaxies
comparables
à
notre
Voie
lactée
et
conte¬
nant
chacune
plusieurs
milliards
d'étoiles
constituaient
déjà
les
unités
de
base
de
notre
univers.
Dans
l'orbite
de
leur
noyau,
des
étoiles
naissent,
vivent
et
meurent,
pen¬
dant
que
les
galaxies
s'éloignent
les
unes
des
autres
dans
un
mouvement
continu
d'ex¬
pansion
de
l'univers.
Notre
système
solaire
est
un
produit
ca¬
ractéristique
de
l'environnement
galacti¬
que,
mais
on
aurait
tort
de
croire
que
notre
Soleil
ait
été
l'un
des
premiers
astres
à
briller
dans
la
nuit
cosmique.
Les
étoiles
primitives
ne
contenaient
que
de
l'hydro¬
gène
et
un
peu
d'hélium;
tous
les
autres
éléments
résultent
de
réactions
nucléaires
qui
se
sont
produites
au
c
de
ces
pre¬
mières
étoiles
et
que
leur
explosion
a
dis¬
persés
dans
l'espace.
Ce
qui
signifie
que
lorsque
notre
Soleil
est
né,
il
y
a
à
peine
un
peu
plus
de
4,5
milliards
d'années,
il
s'est
formé
à
partir
d'un
nuage
d'hydrogène
chargé
d'autres
éléments
fer,
carbone,
oxygène
et
hydrogène
,
éléments
qui
se
dissociés
lors
de
la
contraction
du
nuage
gazeux
pour
constituer
les
planètes.
Les
planètes
du
système
solaire
se
diffé¬
rencient
essentiellement
les
unes
des
autres
JOHN
GRIBBIN,
du
Royaume-Uni,
astrophysi-
cien
et
auteur
d'ouvrages
scientifiques,
ancien
membre
de
la
Science
Policy
Research
Unit
(Unité
de
recherche
en
matière
de
politique
scientifique)
de
l'université
du
Sussex
en
Angle¬
terre,
travaille
comme
physicien
consultant
pour
la
revue
New
Scientist.
//
a
écrit
de
nombreux
ouvrages
sur
l'astronomie,
la
géophysique
et
les
changements
climatiques,
ainsi
que
deux
ro¬
mans.
En
1974,
il
a
reçu
le
prix
de
littérature
scientifique
le
plus
prestigieux
du
Royaume-Uni.
Dans
le
domaine
de
l'astrophysique,
il
est
l'au¬
teur,
entre
autres,
de
White
Holes
(1977,
Les
Trous
blancs),
Timewarps
(1979,
La
trame
du
temps),
Genesis
:
The
Origins
of
Man
and
the
Universe
(1981,
Genèse
:
les
origines
de
l'homme
et
de
l'Univers)
et
Spacewarps
(1983,
La
trame
de
l'espace).
par
leur
éloignement
du
Soleil.
Les
planètes
les
plus
proches
du
jeune
astre
en
formation
ont
été
soumises
à
une
chaleur
plus
intense,
ce
qui
a
eu
pour
résultat
d'expulser
dans
l'espace
certains
des
éléments
les
plus
légers
qui
les
composaient.
C'est
pourquoi
Mercu¬
re,
Vénus,
la
Terre
et
Mars
sont
des
masses
rocheuses
compactes.
Plus
loin
de
la
four¬
naise
solaire,
des
gaz
aussi
légers
que
le
méthane
et
l'ammoniac
ont
pu
être
retenus
par
les
planètes
en
formation.
Aussi,
les
planètes
géantes
que
sont
Jupiter,
Saturne,
Uranus
et
Neptune
contiennent-elles
pro¬
bablement
tout
autant
de
roches
dures
que
la
Terre,
mais
enfouies
au
centre
d'énormes
couches
gazeuses.
Et
bien
que
ce
ne
soit
pas
notre
propos
immédiat,
il
est
intéressant
et
instructif
de
faire
quelques
comparaisons
entre
notre
habitat
dans
l'espace,
la
Terre,
et
ses
voisines
les
plus
proches,
les
planètes
Vénus
et
Mars.
Le
petit
nuage
de
matière
dont
l'accré-
tion
a
formé
notre
planète,
au
sein
de
la
grande
masse
gazeuse
qui,
en
se
conden¬
sant,
a
donné
le
système
solaire,
était
pro¬
bablement
constitué
pour
l'essentiel
de
sili¬
cates,
de
fer
et
de
magnésium;
tous
les
autres
éléments,
y
compris
ceux
qui
sont
indispensables
à
la
vie,
n'y
étaient
présents
qu'à
l'état
de
traces.
A
mesure
que
la
Terre
prenait
forme,
elle
s'échauffait.
L'énergie
gravitationnelle
se
transformait
en
chaleur
sous
l'effet
du
bombardement
des
parti¬
cules
qui
mitraillaient
la
proto-planète.
De
plus,
les
éléments
radioactifs
du
noyau
de
celle-ci
contribuaient
aussi
à
cet
échauffe-
ment
à
mesure
qu'ils
étaient
neutralisés
en
éléments
plus
stables,
un
processus
qui
se
poursuit
encore
aujourd'hui
au
ralenti.
La
masse,
riche
en
fer,
de
la
planète
en
forma¬
tion
est
probablement
restée
en
fusion
pen¬
dant
les
premières
dizaines
ou
centaines
de
millions
d'années
de
son
existence,
ce
qui
a
permis
aux
particules
de
fer
en
fusion
de
s'enfoncer
lentement
vers
le
centre
de
la
Terre
en
traversant
des
matières
rocheuses
plus
légères,
lesquelles
sont
restées
à
la
surface
et
ont
formé
une
croûte
solide
en
se
refroidissant.
Les
composants
de
l'écorce
terrestre
sur
laquelle
nous
vivons
ne
sont
donc
nullement
représentatifs
des
maté¬
riaux
qui
constituent
la
masse
de
la
Terre
et
les
éléments
de
l'atmosphère
que
nous
respirons
encore
moins.
L'écorce
terrestre
contient
6
%
de
fer
contre
35
%
pour
la
masse
planétaire.
Le
silicium,
qui
ne
représente
que
15
%
de
la
masse
planétaire
constitue
28
%
de
son
écorce
sous
forme
de
silicates.
Les
roches
les
plus
légères,
et
en
premier
lieu
le
granit,
contituent
l'essentiel
de
la
croûte
continen¬
tale;
le
fonds
des
océans
est
constitué
de
basalte,
relativement
plus
dense.
Ainsi,
de
la
surface
au
noyau
de
la
Terre,
se
superpo¬
sent,
comme
des
pelures
d'oignon,
des
couches
de
matériaux
allant
du
plus
léger
au
plus
lourd.
Ce
processus
de
séparation
était
pratiquement
achevé
voici
3,9
milliards
d'années,
soit
à
peine
600
millions
d'années
après
que
la
planète
s'est
formée.
Les
géo¬
physiciens
ont
pu
l'établir
en
calculant
l'âge
des
roches
les
plus.
anciennes
de
l'écorce
terrestre
par
la
mesure
de
leur
radioactivité
résiduelle.
Quant
à
la
stratification
des
ma¬
tériaux
terrestres,
ils
ont
pu
la
déterminer
en
étudiant
les
déformations
des
ondes
sis-
miques
lorsqu'elles
traversent
des
couches
rocheuses
de
densité
différente.
Toutefois,
ces
informations
permettent
tout
au
plus
d'esquisser
les
grandes
lignes
du
paysage
intérieur
de
la
Terre.
L'éminent
géophysi¬
cien
Sir
Edward
Bullard
me
disait
un
jour
.
que
«
prétendre
déterminer
la
structure
de
la
Terre
en
étudiant
les
secousses
sismiques
équivalait
pour
un
aveugle
à
deviner
de
quoi
est
fait
un
piano
à
queue
en
écoutant
le
bruit
qu'il
fait
quand
on
le
pousse
dans
un
escalier.
»
Et
il
est
parfaitement
exact
que
nous
en
savons
plus
sur
la
composition
d'é¬
toiles
lointaines
que
sur
la
terre
sous
nos
pieds
après
tout,
les
étoiles
nous
les
voyons
!
Si
rudimentaire
qu'elle
soit,
cette
image
de
l'intérieur
de
la
Terre
est
quand
même
bien
utile.
Nous
vivons
donc
sur
une
sphère
rocheuse
légèrement
aplatie
aux
pôles,
dont
le
rayon
moyen
est
de
6
372
km.
La
première
peau,
l'écorce
terrestre,
ne
repré¬
sente
que
0,6
%
du
volume
de
la
planète.
Sous
cette
croûte
de
5
à
35
km
d'épaisseur,
on
trouve
une
nette
discontinuité,
dite
di-
continuité
de
Mohoroviéic
ou
Moho,
qui
marque
la
transition
entre
la
croûte
et
le
manteau,
une
zone
qui
va
jusqu'à
une
pro¬
fondeur
de
2
900
km
environ
et
qui
repré¬
sente
82
%
du
volume
de
la
planète.
Dans
sa
partie
supérieure,
le
manteau
est
partiel¬
lement
en
fusion
et
a
la
consistance
vis¬
queuse
d'une
épaisse
bouillie.
Cette
couche
molle,
dite
asthénosphère,
joue
un
rôle
im¬
portant,
car
elle
constitue
le
lubrifiant
qui
permet
à
la
croûte
terrestre
de
glisser
à
la
L'évolution
de
la
Terre,
du
nuage
de
gaz
et
de
poussière
initial
à
la
planète
rocheuse
actuelle.
par
John
Gribbin
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