La vie qui vient de l`espace - UNESDOC

publicité
le Courrier
JUILLET 1986-8 FF
Le temps des peuples
45 Mexique
Sauveteurs en action
Les tremblements de terre sont une terrible
masses continentales qui l'encadrent au nord et
menace qui pèse sur la vie des Mexicains.
au sud. En septembre 1985, un violent séisme
L'une des plus grandes et plus anciennes villes
ravagea le centre de la métropole. Dans un élan
du monde, Mexico, leur capitale, est située
de solidarité internationale sans précédent, des
dans la région méridionale du plateau du Mexi¬
équipes de sauveteurs de nombreux pays vin¬
que, dans une zone fortement volcanisée et
rent à Mexico pour aider à secourir et à soigner
fracturée à la suite de la formation des deux
les multiples victimes.
le Courrier
Une fenêtre ouverte sur le monde
Le Courrier du mois
Juillet 1986
39e année
PAR rapport à l'immensité de l'Univers, la Terre n'est
qu'un infime grain de roc et de métal. Troisième
planète du système solaire si l'on compte à partir du
Soleil autour duquel il gravite à la vitesse de 29,8 km/s, notre
globe est situé entre Vénus et Mars, juste à la bonne distance
de notre étoile (149 573 000 km) pour n'être ni une four¬
naise perpétuelle ni un monde à jamais glacé.
Avec ce numéro du Courrier, nous avons voulu offrir aux
lecteurs une simple description de la genèse de notre planète
et des grands mécanismes géologiques qui commandent les
mouvements permanents dont elle est agitée. Nous avons
baptisé terre ferme le sol sur lequel nous vivons, mais les
plaques continentales ne cessent en fait de bouger. Tantôt
elles se heurtent avec force, et, là où se produit le choc, se
plissent en puissantes chaînes montagneuses; tantôt elles
sont secouées par de violents séismes; tantôt des chaudières
souterraines vomissent un flot de roches visqueuses en de
terribles éruptions volcaniques. Dans le même temps, une
nouvelle croûte se forme au fond des océans tandis que
l'ancienne, aspirée par le bas, va se recycler dans le foyer
4 La genèse de la Terre
brûlant du manteau.
par dohn Gribbin
A l'échelle du temps géologique, l'homme fait figure de
nouveau venu sur cette planète. Si, pour prendre une image,
l'on représente le temps écoulé depuis que l'écorce terrestre
s'est solidifiée, soit 3,9 milliards d'années, sous la forme
6 Carte d'identité
8 Les entrailles du globe
d'une année du calendrier, Yhomo sapiens (apparu il y a
100 000 ans) n'entre en scène que le 31 décembre entre huit
9 La troisième planète
heures et demi du matin et minuit.
10
La dérive des continents
Pour continuer ce raccourci, c'est à la toute dernière
seconde que l'homme est devenu à son tour une force
géologique assez puissante pour détériorer voire détruire
son milieu. Les dégâts qu'il inflige à l'environnement sont
dus principalement à l'ignorance. Ainsi, nous ne savons pas
encore exactement quels effets aura à long terme l'emploi
systématique d'engrais chimiques et de produits insecticides,
de même que nous ignorons comment enrayer la désertifica¬
tion causée par l'homme, ou mieux maîtriser notre source
d'énergie la plus récente, l'énergie nucléaire.
Avec ses grands programmes scientifiques internatio¬
naux, l'Unesco est à l'avant-garde de la lutte qui est menée
pour rendre notre planète habitable. Quand bien même il y
aurait d'autres Terres dans les immenses espaces de notre
Univers, celles-ci seraient hors de notre portée. Nous devons
prendre soin de la Terre, qui est notre seul lieu.
12 L'horloge géologique
12 Le modelé du paysage
15 Une triade minérale
16 Forage dans l'inconnu
par Evgueni Kozlovski
23 Quand la Terre tremble
par E.M. Fournier d'Albe
27 Les volcans
par Haroun Tazieff
32
L'évolution de la vie
33 La vie qui vient de l'espace
Nous suggérons de lire ce numéro conjointement avec deux autres numéros récents du
par Chandra Wickramasinghe
Courrier : « L'histoire de l'Univers » (septembre 1984) et « La planète Océan »
(Février 1986).
Le Geological Museum de Londres nous a aimablement autorisés à reproduire
plusieurs photographies et dessins dans ce numéro; qu'il en soit ici vivement remercié.
35 La main de l'homme
par Stephen Boyden et Malcolm Hadley
38 Année internationale de la Paix / 7
2 Le temps des peuples
Notre couverture : Océane Pyrénées, 1985, acrylique sur toile de
Georges Servat, 116 x 73 cm. Galerie jean-pierre lavignes.
MEXIQUE : Sauveteurs en action
Rédacteur en chef : Edouard Glissant
Mensuel publié en 32 langues
par l'Unesco, Organisation
des Nations Unies pour l'éducation,
Français
Anglais
Espagnol
la science et la culture
Russe
Italien
Turc
Macédonien
Finnois
Une édition trimestrielle
Hindi
Ourdou
Serbo-Croate
Suédois
en braille est publiée
Tamoul
Catalan
Slovène
Basque
Persan
Malais
Chinois
Thaï
en français, en anglais,
en espagnol et en
7, place Fontenoy,
Allemand
Hébreu
Coréen
Bulgare
75700 Paris.
Arabe
Néerlandais
Kiswahili
Grec
Japonais
Portugais
Croato-Serbe
Cinghalais
coréen.
ISSN 0304-3118
N° 7 - 1986 - CPD - 86 - 3 - 435 F
La genèse de la Terre
AU
néant.
par leur éloignement du Soleil. Les planètes
les plus légères, et en premier lieu le granit,
L'espace, le temps et la matière de
notre univers apparurent simulta¬
nément il y a quelque 15 milliards d'années,
lors de l'explosion d'une concentration infi¬
commencement
était
le
les plus proches du jeune astre en formation
ont été soumises à une chaleur plus intense,
contituent l'essentiel de la croûte continen¬
ce qui a eu pour résultat d'expulser dans
l'espace certains des éléments les plus légers
basalte, relativement plus dense. Ainsi, de
niment 'dense et chaude d'énergie, explo¬
qui les composaient. C'est pourquoi Mercu¬
sent, comme des pelures d'oignon, des
sion que nous appelons le « Big Bang ». A
mesure que se produisaient l'expansion de
re, Vénus, la Terre et Mars sont des masses
couches de matériaux allant du plus léger au
rocheuses compactes. Plus loin de la four¬
plus lourd. Ce processus de séparation était
l'univers et son refroidissement, sa densité
naise solaire, des gaz aussi légers que le
méthane et l'ammoniac ont pu être retenus
pratiquement achevé voici 3,9 milliards
d'années, soit à peine 600 millions d'années
après que la planète s'est formée. Les géo¬
pour former les étoiles et les galaxies. Voici
par les planètes en formation. Aussi, les
planètes géantes que sont Jupiter, Saturne,
Uranus et Neptune contiennent-elles pro¬
10 milliards d'années environ, des galaxies
bablement tout autant de roches dures que
terrestre par la mesure de leur radioactivité
comparables à notre Voie lactée et conte¬
nant chacune plusieurs milliards d'étoiles
la Terre, mais enfouies au centre d'énormes
résiduelle. Quant à la stratification des ma¬
tériaux terrestres, ils ont pu la déterminer
des étoiles naissent, vivent et meurent, pen¬
couches gazeuses. Et bien que ce ne soit pas
notre propos immédiat, il est intéressant et
instructif de faire quelques comparaisons
entre notre habitat dans l'espace, la Terre,
dant que les galaxies s'éloignent les unes des
et ses voisines les plus proches, les planètes
ces informations permettent tout au plus
autres dans un mouvement continu d'ex¬
Vénus et Mars.
d'esquisser les grandes lignes du paysage
intérieur de la Terre. L'éminent géophysi¬
cien Sir Edward Bullard me disait un jour .
diminuait, jusqu'à ce que d'énormes nuages
d'hydrogène finissent par se condenser,
avant de se fragmenter puis de se contracter
constituaient déjà les unités de base de
notre univers. Dans l'orbite de leur noyau,
Le petit nuage de matière dont l'accré-
pansion de l'univers.
Notre système solaire est un produit ca¬
ractéristique de l'environnement galacti¬
que, mais on aurait tort de croire que notre
tion a formé notre planète, au sein de la
tale; le fonds des océans est constitué de
la surface au noyau de la Terre, se superpo¬
physiciens ont pu l'établir en calculant l'âge
des roches les plus. anciennes de l'écorce
en étudiant les déformations des ondes sis-
miques lorsqu'elles traversent des couches
rocheuses de densité différente. Toutefois,
grande masse gazeuse qui, en se conden¬
sant, a donné le système solaire, était pro¬
bablement constitué pour l'essentiel de sili¬
que « prétendre déterminer la structure de
briller dans la nuit cosmique. Les étoiles
primitives ne contenaient que de l'hydro¬
gène et un peu d'hélium; tous les autres
cates, de fer et de magnésium; tous les
éléments résultent de réactions nucléaires
qu'à l'état de traces. A mesure que la Terre
prenait forme, elle s'échauffait. L'énergie
quoi est fait un piano à queue en écoutant le
bruit qu'il fait quand on le pousse dans un
escalier. » Et il est parfaitement exact que
nous en savons plus sur la composition d'é¬
Soleil ait été l'un des premiers astres à
qui se sont produites au c de ces pre¬
mières étoiles et que leur explosion a dis¬
persés dans l'espace. Ce qui signifie que
lorsque notre Soleil est né, il y a à peine un
peu plus de 4,5 milliards d'années, il s'est
formé à partir d'un nuage d'hydrogène
chargé d'autres éléments
fer, carbone,
oxygène et hydrogène
, éléments qui se
dissociés
lors
de
la
contraction
du
nuage gazeux pour constituer les planètes.
Les planètes du système solaire se diffé¬
rencient essentiellement les unes des autres
JOHN GRIBBIN, du Royaume-Uni, astrophysicien et auteur d'ouvrages scientifiques, ancien
membre de la Science Policy Research Unit
(Unité de recherche en matière de politique
scientifique) de l'université du Sussex en Angle¬
terre, travaille comme physicien consultant pour
la revue New Scientist. // a écrit de nombreux
ouvrages sur l'astronomie, la géophysique et les
changements climatiques, ainsi que deux ro¬
mans. En 1974, il a reçu le prix de littérature
scientifique le plus prestigieux du Royaume-Uni.
Dans le domaine de l'astrophysique, il est l'au¬
teur, entre autres, de White Holes (1977, Les
Trous blancs), Timewarps (1979, La trame du
temps), Genesis : The Origins of Man and the
Universe (1981, Genèse : les origines de
l'homme et de l'Univers) et Spacewarps (1983,
La trame de l'espace).
autres éléments, y compris ceux qui sont
indispensables à la vie, n'y étaient présents
gravitationnelle se transformait en chaleur
sous l'effet du bombardement des parti¬
cules qui mitraillaient la proto-planète. De
plus, les éléments radioactifs du noyau de
celle-ci contribuaient aussi à cet échauffe-
ment à mesure qu'ils étaient neutralisés en
éléments plus stables, un processus qui se
poursuit encore aujourd'hui au ralenti. La
masse, riche en fer, de la planète en forma¬
tion est probablement restée en fusion pen¬
dant les premières dizaines ou centaines de
millions d'années de son existence, ce qui a
permis aux particules de fer en fusion de
s'enfoncer lentement vers le centre de la
Terre en traversant des matières rocheuses
plus légères, lesquelles sont restées à la
surface et ont formé une croûte solide en se
la Terre en étudiant les secousses sismiques
équivalait pour un aveugle à deviner de
toiles lointaines que sur la terre sous nos
pieds
après tout, les étoiles nous les
voyons !
Si rudimentaire qu'elle soit, cette image
de l'intérieur de la Terre est quand même
bien utile. Nous vivons donc sur une sphère
rocheuse légèrement aplatie aux pôles,
dont le rayon moyen est de 6 372 km. La
première peau, l'écorce terrestre, ne repré¬
sente que 0,6 % du volume de la planète.
Sous cette croûte de 5 à 35 km d'épaisseur,
on trouve une nette discontinuité, dite di-
continuité de Mohoroviéic ou Moho, qui
marque la transition entre la croûte et le
manteau, une zone qui va jusqu'à une pro¬
fondeur de 2 900 km environ et qui repré¬
sente 82 % du volume de la planète. Dans
sa partie supérieure, le manteau est partiel¬
refroidissant. Les composants de l'écorce
lement en fusion et a la consistance vis¬
terrestre sur laquelle nous vivons ne sont
donc nullement représentatifs des maté¬
queuse d'une épaisse bouillie. Cette couche
riaux qui constituent la masse de la Terre
molle, dite asthénosphère, joue un rôle im¬
portant, car elle constitue le lubrifiant qui
et les éléments de l'atmosphère que nous
permet à la croûte terrestre de glisser à la
respirons encore moins.
L'écorce terrestre contient 6 %
de fer
contre 35 % pour la masse planétaire. Le
silicium, qui ne représente que 15 % de la
masse planétaire constitue 28 % de son
L'évolution de la Terre, du nuage de gaz et
écorce sous forme de silicates. Les roches
actuelle.
de poussière initial à la planète rocheuse
par John Gribbin
^ surface du globe, donnant lieu à ce que l'on
appelle la dérive des continents (voir pages
10-11). Schématiquement, le manteau peut
être subdivisé en trois parties : le manteau
supérieur, épais de 370 km environ, séparé
par une zone de transition de près de
600 km du manteau inférieur, lui-même
profond de 1 900 km.
Sous le manteau, se trouve le noyau, qui
mesure 2 100 km de rayon, et dont la partie
interne
est
une
boule
de
fer
solide
de
1 370 km de rayon qui constitue le centre
de la Terre. Le noyau externe est une masse
de fer liquide, qui est à l'origine du champ
magnétique de notre planète.
Vénus et Mars sont des planètes ro-,
cheuses qui se sont constituées à peu près de
la même façon que la Terre. Mais notre
planète est partiellement recouverte par
l'eau des océans, alors que Mars est une
planète froide et sèche à l'atmosphère raré¬
fiée et que l'atmosphère extraordinairedense de Vénus recouvre une planète
où règne une chaleur torride. Ces diffé¬
rences entre ces deux planètes et la nôtre
semblent directement liées à leur éloignement du Soleil.
Les astronomes et les géophysiciens pen¬
sent aujourd'hui qu'aussi bien la Terre que
Vénus et Mars n'avaient pas d'atmosphère
lorsqu'elles se sont refroidies, tous les gaz
présents au
moment de leur formation
ayant été expulsés par la chaleur du Soleil.
Un calcul élémentaire de physique nous
permet de connaître la température superfi¬
cielle de ces trois masses rocheuses, compte
tenu de leurs distances respectives du So¬
leil , lorsque celui-ci se fut refroidi et que son
éclat fut stabilisé. La température stable de
Vénus (point d'équilibre entre la chaleur
Carte d'identité
GRANDES CHUTES
Hauteur
Source © National Geographic Society, Washington, D C.
(en m)
LA TERRE
Masse :
5 973 502 000 000 000 000 000 tonnes
1
2
Salto del Angel
Tugela
979
3
Yosemite
739
4
Cuquenán
610
5
Sutherland
580
6
Mardalsfossen
517
491
948
Circonférence à l'équateur :
40 075 km
Superficie:
510 074 600 km2
Terres émergées :
1 48 940 540 km2
7
Ribbon
8
George VI
488
Eau:
9
Gavarnie
422
10
Victoria
108
11
12
Iguazú
Niagara
391 134 060 km2
LES CONTINENTS
Superficie
A Point culminant
(en km2)
Asie
Afrique
43 998 920
29 800 540
^Point le plus bas
(en m)
1
Mont Everest
.
8 848
2
Kibo
Population
1
Mer Morte
2 048 898 000
3 Mont McKinley
du Nord
2 Lac Assal
Longueur
t
-156
3 Vallée
6194
17 599 050
4 Sommet
314 970 000
de la Mort
du Sud
4
9 699 550
5
Elbrouz
-40
5 Mer Caspienne
5 642
Australie
7 687 120
6 Mont Kosciusko
6 Lac Eyre
1 4 245 000
7 Mont Vinson
5139
-16
7
Inconnu
1
Nil
6 669
2
Amazone
6 436
3
4
5
6
7
Mississippi-Missouri
Ob'-lrtysh
Yangtze
Huang
Congo
5 969
4 373
8
Amour
4 344
9
5 567
5 471
4 827
Lena
4312
637 943 000
10
Mackenzie-Peace
4 240
11
12
Mékong
Niger
4 183
12 200 000
13
Paraná
4 023
14
15
Murray-Darling
Volga
3 717
-28
2 228
Antarctique
186 013 000
de Valdés
d'Aconcagua
6 960
Europe
Péninsule
(en km)
344 000 000
-86
Amérique
LES FLEUVES LES PLUS LONGS fj
-396
5 895
24 320 100
59
(en m)
(Kilimandjaro)
Amérique
72
4 183
3 685
»
points
culminants
V points
les plus bas
lÎTles extrêmes
feC profondeurs
maximales
les grandes
mers
_ principaux
U lacs
les fleuves
les plus longs
grandes chutes
PRINCIPAUX LACS O
LES OCEANS
Superficie
Profondeur
Superficie
(en km2)
maximale
(en km2)
^ Profondeur
maximale
(en m)
(en m)
371 795
995
82 362
406
Pacifique
Atlantique
1
Fosse des Mariannes
1 1 033
86 557 800
2
Fosse de Puerto Rico
8 648
166 242 517
1
2
Mer Caspienne
Lac Supérieur
3
Lac Victoria
69 485
81
Océan Indien
73 427 795
3
Fosse de Java
7 725
4
Mer d'Aral
65 527
68
Océan Arctique
13 223 763
4
Bassin Eurasien
5 450
5
Lac Huron
59 570
229
6
7
Lac Michigan
Lac Tanganyika
58 016
282
32 893
1417
8
Grand Lac de l'Ours
31 792
413
9
Lac Baikal
30 510
1620
Lac Nyassa
29 604
678
10
LES EXTREMES *fo
LES GRANDES MERS {
1.
10
Mer Noire
507 899
11
Mer Rouge
452 991
538
Pluviosité : Mont Waialeale, Hawaii. Moyenne annuelle : 1 1 680 mm
Sécheresse : Désert d'Atacama, Chili. Pluviosité presque nulle. (A Calama,
aucune chute de pluie n'a jamais été enregistrée)
3. Froid : Vostok, dans l'Antarctique : - 88 °C (en août 1960)
4. Chaleur : Al-Aziziya, Libye : 58 °C (en septembre 1922)
5. La ville la plus au nord : Ny Alesund, Spitzberg, Norvège.
6. La ville la plus au sud : Puerto Williams, Chili.
7. La ville la plus haute : Aucanquilcha, Chili : 5 334 m.
8. Les villes les plus basses : Les villages de la mer Morte : -396 m
9. Les gorges les plus grandes : Le Grand Canyon, Colorado River, en Arizona :
349 km de long, 6 à 21 km de large et 1 600 m de profondeur.
10. Les gorges les plus profondes : Hells Canyon, Snake River, Idaho : 2 408 m
de profondeur.
11. Les vents les plus violents : 372 km/h (en 1934).
12. Les marées les plus hautes : Baie de Fundy, Nouvelle-Ecosse :16 m.
12
Mer du Nord
427 091
308
13. Le plus grand cratère de météorite : Nouveau-Québec, Canada : 3 km de
13
Mer Baltique
382 025
Superficie
Profondeur
(en km2)
moyenne
(en m)
1
Mer de Chine méridionale
2 974 615
1 464
2
Mer des Antilles
2 515 926
2 575
3
Mer Méditerranée
2 509 969
1501
4
5
Mer de Bering
Golfe du Mexique
2 261 070
1 507 639
1491
6
Mer d'Okhotsk
1 392 125
973
.7
Mer du Japon
1012 949
1 667
8
Baie d'Hudson
730 121
9
Mer des Andaman
564 879
1 118
1 191
1615
93
55
2.
large.
k» émanant du Soleil et les radiations émises
par la planète) était de 87 °C, et celle de
Mars de -30 °C. Mais n'oublions pas que ces
chiffres étaient valables pour des planètes
sans atmosphère.
L'atmosphère de ces planètes s'est consti¬
tuée à partir de l'oxyde de carbone et de la
vapeur d'eau émis par l'activité volcanique
à leur surface (si surprenant que cela parais¬
se, il se dégage effectivement des cratères
des volcans en éruption une énorme quan¬
tité de vapeur d'eau). Bien que la tempéra¬
ture d'ébullition de l'eau soit de 100 et non
de 87 °C, la température superficielle de
Vénus était déjà suffisamment élevée pour
qu'une bonne quantité de la vapeur d'eau
expulsée par les volcans soit fixée dans l'at¬
mosphère par l'oxyde de carbone. Vapeur
d'eau et oxyde de carbone font efficace-'
ment écran aux radiations infrarouges, pro¬
duisant un « effet de serre ».
La chaleur
émise par la surface de la planète ne pou¬
vant plus se diffuser aussi facilement dans
l'espace, la température ne tarda pas à s'éle¬
ver, à dépasser le point d'ébullition de l'eau
et à monter encore avec l'augmentation de
la vapeur d'eau dans l'atmosphère. Ainsi
emprisonnés, les gaz volcaniques n'ont fait
que renforcer cet effet de serre. C'est préci¬
sément l'inverse qui s'est produit à la sur¬
face de Mars. L'eau qui avait pu s'échapper
à la surface a immédiatement gelé. C'est
pourquoi Venus est un désert torride alors
que Mars est un désert glacé. Heureuse¬
ment pour nous, le cas de la Terre est
différent.
La température de notre planète était
(1) Croûte : Granit (continents)
Basalte (océans) .
(4) Noyau interne : Fer (solide)
(2) Manteau : Péridotite
(3) Noyau externe : Fer (liquide)
suffisamment élevée pour permettre l'écou¬
lement des eaux, mais pas assez pour entraî¬
ner un effet de serre par accumulation de la
vapeur d'eau. Bien au contraire, les eaux
chaudes de l'océan primitif ont retenu une
partie de l'oxyde de carbone de l'atmosphè¬
re, la laissant beaucoup moins dense que
sur Vénus, alors que les nuages blancs qui se
formaient dans son ciel permettaient, en
réfléchissant une partie des radiations solai¬
res, à la planète de refroidir. Pour les astro¬
nomes, ce n'est pas un hasard si la masse
globale de l'oxyde de carbone de l'atmos¬
phère de Vénus est à peu près la même que
celle que renferment les roches carbonifè¬
io°
ô^
¿>e'
&
NE
e*
&
V
£°
res, comme les calcaires, disséminées sur
tout le pourtour des océans de la Terre. Si la
température du Soleil avait été un peu plus
élevée, la Terre serait peut-être devenue,
comme Vénus, un désert surchauffé en¬
touré d'une atmosphère épaisse d'oxyde de
carbone, mais dans ce cas, c'est Mars qui se
serait, suffisamment réchauffé pour per¬
mettre à l'eau de se fixer à sa surface et à la
vie de s'épanouir. A supposer au contraire
que le Soleil ait été un peu plus froid, notre
Terre aurait connu le sort de Mars, mais
Vénus serait aujourd'hui une riante planète
au ciel bleu parcouru de nuages se reflétant
dans ses océans. A condition de ne pas être
trop pointilleux sur l'emplacement de la
planète où la vie est possible, on peut
conclure que l'existence d'une planète
comme la Terre découle presque inévita¬
blement de l'existence d'une étoile comme
le Soleil.
Dans notre système solaire, c'est donc la
troisième planète à partir du Soleil qui s'est
trouvée, voici déjà trois milliards et demi
8
d'années, posséder des océans, des conti¬
nents, une atmosphère chargée d'oxyde de
leur en brûlant l'hydrogène qu'il contient
pour le transformer en hélium. Mais ses
carbone et une température acceptable. Le
réserves d'hydrogène ne sont pas inépuisa¬
décor était donc planté pour que la vie
puisse apparaître et modifier à son tour
bles. Un jour ou l'autre, l'intérieur du Soleil
l'environnement de notre planète
se contractera légèrement pour devenir en¬
absorbera les planètes avoisinantes et les
réduira en cendres. Cela dit, il serait pour le
moins prématuré de céder à la panique.
Notre Soleil n'a encore accompli que la
moitié de son cycle de vie; il est donc encore
dans la force de l'âge et « la fin du monde »,
mais
core plus chaud en raison de la fusion de
c'est là une tout autre histoire. En ce qui
l'hélium en carbone par réaction nucléaire.
si elle doit se produire par sa faute, n'aura
concerne l'avenir, cela fait 4 milliards d'an¬
Sous l'effet de cette surchauffe, les couches
pas
nées que notre Soleil existe plus ou moins
extérieures du Soleil se dilateront, le trans¬
sous sa forme actuelle, conservant sa cha
formant en une étoile rouge géante qui
moins. Le sort de l'humanité dépend d'ellemême, pas des étoiles.
lieu
avant 4 milliards d'années au
La troisième planète
Le Soleil
Astéroïdes
Une fournaise thermonucléaire qui trans¬
forme l'hydrogène en hélium et libère une
fantastique quantité d'énergie. Etoile cen¬
trale du système solaire, elle en représente
99 % de la masse. Température moyenne à la
surface : 5 500 °C. Température au centre :
1 7 millions de degrés centigrades. Diamètre :
Petits corps célestes en orbite entre Mars et
Jupiter. La plupart ont moins d'un kilomètre
de diamètre. Distance moyenne du Soleil :
1 ,39 million de km. Distance de la Terre : 1 50
millions de km.
.
414,4 millions de km.
Jupiter
Planète géante et glacée, enveloppée d'une
atmosphère d'hydrogène et d'hélium. Puis¬
sante source d'énergie. Diamètre :
qui permet de penser que la Lune s'est for¬
mée séparément
probablement par l'accrétion de particules solides existantes. Sa
surface est criblée de cratères dus aux bom¬
bardements météoritlques. Des zones claires
et accidentées, correspondant à la croûte
primitive, y alternent avec des régions som¬
bres, légèrement déprimées, creusées il y a
3,6 milliards d'années par Impact et
comblées par des épanchements de lave.
142 700 km. Distance du Soleil : 778,3 mil¬
Météorites
lions de km.
Mercure
Très dense, de structure interne sans doute
Saturne
en partie métallique. Pourrait avoir une at¬
mosphère raréfiée. Température diurne
moyenne : 350 °C. Diamètre : 4 840 km. Dis¬
La moins dense des planètes, puisqu'elle est
constituée surtout d'hydrogène et d'hélium.
Elle est ceinturée d'anneaux de particules
couvertes de glace. Diamètre : 120 800 km.
tance du Soleil : 57,9 millions de km.
Distance du Soleil : 1,427 milliard de km.
Vénus
Semblable par ses dimensions et sa densité à
Uranus
la Terre, elle est entourée d'une atmosphère
Probablement constituée de glaces conte¬
opaque d'oxyde de carbone. Température à
nant quelques particules solides d'ammo¬
niac, d'hydrogène et d'hélium. Elle doit sa
couleur verte à son atmosphère chargée de
la surface : 300 °C. Diamètre : 1 2 1 04 km. Dis¬
tance du Soleil : 108,2 millions de km.
Débris pierreux et métalliques provenant de
l'espace qui tombent, calcinés par la chaleur,
sur la Terre. Ce sont probablement les
fragments de collisions entre astéroïdes.
Leur composition va du fer allié au nickel, aux
silicates de magnésium et de fer. Leur âge
maximal est à peu près celui de la Terre.
Un grain de poussière
dans l'infini
méthane. Diamètre : 47 600 km. Distance du
La Terre
Noyau
Soleil : 2,869 milliards de km.
métallique très dense entouré de
couches de silicates.
Neptune
L'eau et une atmos¬
Probablement constituée de méthane, d'eau
La Terre et le système solaire tout entier sont
infimes comparés à l'immensité de l'univers,
où
les distances se mesurent en années-
phère d'azote et d'oxygène y entretiennent la
vie. Température à la surface : de 60 à -90 °C.
et d'ammoniac gelés. Diamètre : 44 400 km.
lumière, unité astronomique équivalant à la
distance parcourue par la lumière en une
Diamètre:
Distance du Soleil : 4,498 milliards de km.
année
12 756km.
Distance
du
Soleil:
149,6 millions de km.
Pluton
Mars
Surface parsemée de cratères, comme celle
de la Lune, mais aussi de vallées et de vol¬
cans, semblables à ceux qu'on volt sur la
Terre. Son atmosphère est composée
d'oxyde de carbone, et contient un peu d'a¬
La plus éloignée des planètes connues à ce
jour. Composition Inconnue. Diamètre : de
l'ordre de 3 000 km. Distance du Soleil : 5,900
milliards de km.
6 760 km. Distance du Soleil : 227,9 millions
de km.
abondants que dans la croûte terrestre, ce
ture de surface : vraisemblablement 20 °C à
l'équateur
Soleil
pendant
le
Mercure
jour.
Vénus
Diamètre :
Terre
Sur les 100 milliards d'étoiles que comporte
notre galaxie, la plus proche se trouve à
quatre années-lumière, et la galaxie mesure
de bout en bout 80 000 années-lumière. Elle
n'est pourtant qu'une parmi des millions
La Lune
Sa composition est analogue à celle de la
Terre, mais avec des différences significati¬
ves. L'analyse des échantillons de roches
prélevés sur la Lune montre que le titane, le
chrome et le zirconium y sont beaucoup plus
zote et d'eau. Aucune trace de vie. Tempéra¬
soit environ 10 mille milliards de
kilomètres.
Mars
Astéroïdes
Jupiter
d'autres dans l'univers.
Le système solaire est un ensemble formé du
Soleil et de son cortège d'astres et de ma¬
tières
planètes, satellites, astéroïdes,
comètes, météorites, poussières et gaz
qui
gravitent tous autour de lui dans une même
direction et sur un même plan.
Saturne
Uranus
Neptune
Pluton
La dérive
ON ne peut pas regarder une mappemonde sans être frappé
par la manière dont les côtes de l'Afrique et de l'Amérique
pourraient s'emboîter l'une dans l'autre, si l'océan Atlanti¬
que ne les séparait pas. La géophysique moderne a effectivement
établi que l'ensemble des terres émergées du globe ne formait, il
y a des centaines de millions d'années, qu'un bloc unique, un
supercontinent, la Pangée, dont la fragmentation ultérieure a
Afrique
yec»
entraîné la dérive des masses continentales jusqu'à leur position
actuelle à la surface de notre planète.
Cette idée a mis du temps à s'imposer. Certes, Francis Bacon
1
(1561-1626) réfléchissait déjà sur la forme des continents, mais,
de l'avis général, la paternité de la théorie de la dérive des
Amérique du Sud
/
\\
*
^¿ri
\
f
continents revient à l'astronome et météorologue allemand Al¬
fred Wegener, qui l'a exposée pour la première fois de manière
cohérente en 1 91 2. Wegener était persuadé que les continents se
déplaçaient en repoussant l'écorce plus mince des fonds océani¬
ques, un peu comme des icebergs labourant la mer, et il entreprit
de démontrer par une foule d'arguments que les bordures des
continents s'ajustaient les unes aux autres, comme les pièces
d'un puzzle planétaire. Mais il ne parvint pas à expliquer comment
les continents pouvaient se déplacer à travers l'écorce sub¬
océanique et sa théorie n'eut guère d'écho jusqu'aux années
cinquante, lorsque les progrès des techniques géologiques per¬
mirent de faire la preuve de la dérive des continents.
V-*-
Cette preuve déterminante, c'est l'étude géomagnétique des
fonds océaniques qui l'a fournie en révélant que le fond de
l'Atlantique est traversé, à peu près en son centre, par une longue
dorsale volcanique. Cette symétrie de l'océan par rapport à la
dorsale médio-océanique a conduit naturellement à l'idée qu'une
nouvelle croûte océanique se formait à ce niveau, à partir des
matières suintant de cette fissure de l'écorce terrestre. Celle-ci
tend à s'élargir, repoussant lentement mais sûrement les deux
rivages de l'Atlantique.
Dans d'autres parties du monde, c'est l'inverse qui se produit.
C'est ainsi que le Pacifique Nord n'a pas de chaîne sous-marine
volcanique mais est traversé dans sa partie occidentale, non loin
de la masse continentale eurasienne, par une fosse très profonCartes © Oxford University Press, Oxford
II y a 200 millions d'années
Il y a 135 millions d'années
10
Actuellement
Dans cinquante millions d'années
des continents
de. Il s'agit là d'une zone de subduction, où la mince croûte
océanique s'enfonce sous le continent dans le manteau de la
Terre et s'y dissout pour être recyclée ultérieurement. Tous ces
mouvements s'annulent et demeurent sans effet sur la superficie
Zone d'accrétion de la croûte océanique. Les plaques du fond
océanique s'écartent; des montées de roches mantelliques s'é¬
panchent de part et d'autre de la dorsale ainsi créée, tapissant
chaque plaque de nouveaux matériaux.
du globe, puisque l'expansion observée dans l'Atlantique et
ailleurs est compensée par la contraction qui se produit dans le
Pacifique. Toute partie de l'écorce terrestre délimitée par ces
phénomènes d'accrétion ou de subduction constitue une « pla¬
que »
d'où le nom de « tectonique des plaques » qu'a pris la
version moderne de la théorie de la dérive des continents. A
certains endroits, deux fragments de l'écorce terrestre
plaques
deux
se déplacent latéralement l'un par rapport à l'autre
sans qu'il y ait ni création ni destruction de croûte océanique.
Cette frontière interplaque dite faille de transformation, et dont
Zone de subduction océanique. Une plaque plonge sous une
autre. Un de ses bords s'enfonce dans le manteau, auquel il se
l'un des plus célèbres exemples est la faille de San Andreas en
mélange et où il se recycle. En s'élevant, certains groupes de
Californie, constitue, avec les zones d'accrétion et les zones de
roches en fusion forment un arc insulaire.
subduction, l'un des trois éléments fondamentaux de la théorie
des plaques.
Il est tout à fait possible que le processus de fragmentation et
de déplacement des blocs continentaux se soit produit plusieurs
fois au cours de l'histoire de la Terre, les massifs montagneux
étant apparus à la suite de la collision de plaques tectoniques.
C'est ainsi qu'en butant contre le bloc eurasien, la péninsule
indienne a fait jaillir le massif de l'Himalaya, selon une dynamique
qui se poursuit encore. A l'inverse, le tracé de la mer Rouge
constitue la preuve d'une déchirure relativement récente (du
point de vue géologique) de l'écorce terrestre : cette fracture, qui
s'élargit, sépare peu à peu l'Afrique de l'Arabie et cet étroit bras
de mer est peut-être destiné à devenir un jour un océan aussi
Zone de collision. Sous l'action d'une plaque plongeante, deux
continents se heurtent, entraînant la formation d'une chaîne de
hautes montagnes.
large que l'Atlantique.
Depuis un quart de siècle, les savants accumulent les preuves
Irréfutables de la réalité du phénomène de la dérive des conti¬
nents. La dernière, et la plus concluante, ne date que de quelques
années. Grâce à des rayons lasers réfléchis par des satellites en
orbite autour de la Terre, on peut aujourd'hui mesurer directe¬
ment l'expansion de l'Atlantique, dont les rives s'écartent l'une
de l'autre au rythme d'un ou deux centimètres par an.
Faille de transformation. Deux plaques coulissent l'une contre
l'autre sans création ni destruction de la croûte océanique.
Plaque antarctique
zone de dorsales en accroissement
croûte continentale
volcans
. ;..? zone de sismicite
t 1 1 * t zone de subduction
frontières indéterminées entre plaques
UTU"
sous l'effet de failles transformantes
. zone de collision
, «>ns du déplacement des plaques
11
L'horloge géologique
LA géologie est la science qui étudie la
En 1785, le naturaliste écossais James
conjugué de pressions élevées et de hautes
nature et la structure de l'écorce ter-
Hutton avait bien suggéré, dans sa Théorie
températures; enfin, les roches sédimentai-
rgéologie est la science qui étudie la
de la
Terre que des processus naturels
res, disposées en couches et constituées de
nature et la structure de l'écorce terrestre et
comme la formation des montagnes et l'éro¬
fragments de matériaux existants déposés
les témoignages des formes de vie révolues
sion étaient si lents qu'il était inconcevable
sous forme de sédiments (voir encadré page
qu'elle
géologue
que la Terre ne fût pas vieille de plusieurs
15).
notamment à décrire les formes
millions d'années. Mais sa théorie ne fut
Les roches magmatiques ou métamorphi¬
géologiques, mais il s'intéresse avant tout
guère prise au sérieux avant le début des
ques les plus anciennes fournissent des ren¬
aux processus et aux forces qui ont façonné
années 1830, lorsque son compatriote
Charles Lyell la reprit dans les trois vo¬
seignements sur la formation de l'écorce
consiste
recèle.
Le
travail
du
le paysage de notre planète, tel que nous le
voyons aujourd'hui.
Il s'agit généralement de processus extrê¬
lumes de son célèbre ouvrage, Les principes
de la géologie, où il jetait les fondements de
mement lents. On a du mal à imaginer le
l'évolutionnisme en biologie et de l'étude
sont constituées les chaînes de montagnes;
temps qu'il a fallu, dans le mouvement in¬
scientifique de l'histoire de la Terre.
La géologie était devenue une science à
enfin, les roches sédimentaires accumulées
cessant des gigantesques fragments de la
croûte terrestre, pour que des plissements
surgissent des chaînes montagneuses, que
des reliefs plus anciens, rabotés par l'usure,
se transforment en plaines et que la calotte
glaciaire s'étende ou se rétracte.
part entière, et les hommes finirent par
concevoir le temps considérable qu'il avait
fallu à la nature pour faire le travail dont ils
pouvaient contempler les résultats.
Notre planète est essentiellement une
terrestre; les déformations de complexes
rocheux magmatiques plus récents nous
permettent de comprendre comment se
en couches ou strates successives depuis des
millions
d'années
constituent
le
terrain
idéal pour tenter d'établir un calendrier
général de l'évolution géologique.
Les roches sédimentaires contiennent les
restes fossilisés d'animaux et de végétaux.
La pensée occidentale ne s'est ouverte
masse rocheuse et on peut pratiquement
Comme
que récemment aux perspectives vertigi¬
retracer toute son histoire en étudiant les
constante évolution, les fossiles constituent
neuses du temps géologique.
un indice de choix pour comparer l'âge des
Ulster, concluait après une étude approfon¬
roches qui affleurent à sa surface ou qui sont
suffisamment peu profondes pour qu'on
puisse les atteindre par forage.
die des généalogies bibliques que la créa¬
On distingue trois grandes catégories de
tion avait eu lieu à 8 h du matin, le 22
roches : les roches magmatiques, formées
ques. La stratigraphie (étude des séquences
de strates rocheuses) et la paléontologie
(étude de l'évolution de l'écorce terrestre à
octobre de l'an 4004 avant J.-C. L'estima¬
de matières en fusion qui remontent du
travers celle des fossiles) contribuent donc
tion du prélat était encore largement tenue
manteau de la Terre; les roches métamor¬
toute deux à l'écriture d'une sorte d'« his¬
pour valable au 18e siècle.
phiques, qui se sont cristallisées sous l'effet
toire sédimentaire ».
En 1656,
James Ussher, archevêque d' Armagh en
les
formes
du
vivant
sont
en
roches dans différentes zones géographi¬
Le modelé do paysage
-Cs*
Erosi on
Le relief est façonné à la fois par érosion
et par déformation. L'érosion est le ré¬
sultat de l'action mécanique de l'eau, du
vent et de la glace, qui entraîne une
Déformation
tic-
usure de l'écorce terrestre continentale.
Les déformations se produisent dans
les zones instables par fractures, pres¬
sions, cassures, plissements et recou¬
vrements.
en
Les canyons résultent de l'intensifica¬
Les
forme de U, semblables à celle-
Les
Vallées
glaciaires
tion du courant et de l'affouillement d'un
ment, appelés aussi nfts,
ci, en Alaska, sont creusées par
cours d'eau par un soulèvement de ter¬
sont des zones de fracture
les glaciers dans leur mouve¬
rain. Le plus spectaculaire est le Grand
Canyon du Colorado, aux Etats-Unis,
de l'écorce terrestre dans
ment de descente. Les blocs de
glace et les fragments de roche
qu'ils charrient entaillent et ra¬
clent sur leur passage les ver¬
sants escarpés du lit glacaire.
12
qui atteint par endroits une profondeur
supérieure à mille mètres.
fossés
d'effondre¬
lesquelles le terrain s'af¬
faisse entre deux failles pa¬
rallèles. La Vallée du Rift
d'Afrique orientale, la plus
grande du monde, est lon¬
gue de près de 5 000 km.
Grâce aux progrès de la radiocristallogra-
s'étend jusqu'à nos jours. En gros, le paléo¬
phie au cours des années 50, il fut possible
désormais de calculer non seulement l'âge
relatif des roches à l'aide des fossiles, mais
aussi leur âge absolu, exprimé en années.
zoïque a marqué l'apparition d'organismes
On peut en effet calculer l'âge exact de
certains types de roches en mesurant la
radioactivité
résiduelle
des
minéraux
qu'elles contiennent, puisque nous savons à
quelle vitesse les isotopes radioactifs d'ura¬
nium, de potassium et de rubidium se trans¬
invertébrés
simples
et
vertébrés
relativement
poissons, amphibiens et reptiles
correspondances entre le temps géologique
et les séquences des states rocheuses, en se
fondant sur des normes, une terminologie
et une classification qui lui sont particuliers.
primitifs
, alors que le mésozoïque a vu
celle des reptiles géants comme le dinosau¬
re, et que le cénozoïque, qui dure encore,
Même dans un tableau chronologique aussi
simplifié que celui qui figure à la page 14, les
est marqué par le règne des mammifères.
Chaque ère est divisée en unités plus
mité.
petites, dites périodes ou systèmes, dont la
plupart tirent leur nom de la région géogra¬
noms et les dates sont loin de faire l'unani¬
Dans ces conditions, il est évident que la
solution de nombreux problèmes élémen¬
taires en géologie serait grandement facili¬
tée par l'adoption d'une terminologie et de
s'accumuler
phique où l'on a retrouvé des fossiles leur
correspondant. C'est ainsi que le cambrien
tire son nom de l'ancienne appellation du
dans les minéraux dès que ceux-ci sont cris¬
tallisés et refroidis, mettant pour ainsi dire
en marche une véritable « horloge radio¬
pays de Galles et que le permien doit le sien
à celui de l'ancien royaume russe de Perm.
D'autres périodes sont désignées non par
une région ou une autre. C'est là un des
active ».
un nom géographique mais par les caracté¬
ristiques physiques de certaines roches.
C'est ainsi que crétacé est un dérivé du mot
forment en isotopes stables de plomb, d'ar¬
gon et de strontium. Ces sous-produits de la
radioactivité
commencent
à
De même que le temps de nos horloges se
divise en heures, en minutes et en secondes,
le temps géologique se divise en ères, en
périodes et en systèmes, ainsi qu'en épo¬
ques et en séries.
La première ère, le précambrien, s'étend
de la formation de la Terre, voici environ
4,6 milliards d'années, à l'apparition sur
latin creta (craie) et que le trias doit son nom
au fait qu'en Allemagne, les sédiments de
cette période sont généralement composées
de trois couches de roches distinctes : grès,
calcaire et schiste.
Les géologues utilisent parfois des no¬
normes communes, qui rendraient intelli¬
gibles à tous les données recueillies dans
principaux objectifs du Programme interna¬
tional de corrélation géologique, mené
conjointement par l'Union internationale
des sciences géologiques et l'Unesco (voir
page 14).
Les recherches qui visent à affiner pro¬
gressivement les échelles géochronologi¬
ques revêtent une importance toute parti¬
culière. En effet, les géologues ont besoin
de disposer de méthodes de datation préci¬
ses, d'abord pour mieux connaître l'évolu¬
notre planète, il y a environ 570 millions
d'années, des premières formes de vie di¬
menclatures
à
tion de l'écorce terrestre, mais aussi pour
l'autre pour désigner la même période. Ain¬
repérer et évaluer les ressources minérales
versifiées, dont attestent des restes fossiles
si les Européens englobent sous le nom de la
de plus en plus abondants. Cette ère précambrienne, dans laquelle certains géolo¬
période dite carbonifère (en raison de la
et énergétiques du sous-sol.
La compréhension des processus naturels
qui ont abouti à la constitution des gise¬
gues préfèrent distinguer deux parties, l'archéozoïque et le protérozoïque, couvre
donc à elle seule 90 % du temps géologi¬
différentes
d'un
continent
présence de carbone dans les strates qui lui
correspondent) ce que les Américains
ments de minéraux ou de carburants fossiles
dis¬
exigent que le géologue connaisse la sé¬
tinctes qu'ils appellent pennsylvanienne et
considèrent
comme
deux
périodes
Les trois autres ères, qui vont de la fin du
Chaque période est divisée en époques
quence des événements qui ont abouti à la
formation de ces gisements et puisse établir
des corrélations précises entre les sé¬
précambrien à l'époque actuelle, sont le
ou séries, elles-mêmes divisées en âges ou
quences correspondant à la formation de
paléozoïque (littéralement ère de la vie an¬
cienne), qui s'achève quelque 225 millions
en étages, et c'est à ce stade que les diffé¬
dépôts similaires dans des régions très éloi¬
rentes nomenclatures aboutissent à un véri¬
gnées les unes des autres. En géologie on
d'années avant notre ère, le mésozoïque
table casse- tête.
peut dire aussi que « le temps, c'est de
que.
mississipienne (deux noms géographiques).
(vie moyenne) de 225 à 65 millions d'années
En effet, chaque école nationale ou ré¬
et enfin le cénozoïque (vie moderne), qui
gionale a tendance à établir ses propres
l'argent ».
Dessin © The Sunday Times, Geological Museum, Londres
Le décrochement, ou le « décollement », est un méca¬
Les chevauchements sont des superpositions de ter¬
nisme commun de plissement conduisant à la formation
de chaînons montagneux comme le Jura (en haut). Il se
produit dans des terrains sédimentaires plats le long de
plissements montagneux en surrection, en l'occurrence
les Alpes. En se formant, les jeunes montagnes repous¬
sent les couches sédimentaires sur leurs flancs, jusqu'à
rains entraînées par la formation de chaînes monta¬
ce qu'elles se décollent de leur socle rocheux et plissent
comme un tapis sur un sol trop lisse.
gneuses et qui se recouvrent les uns les autres. En
Ecosse, l'érosion a mis à nu la partie inférieure d'un tel
recouvrement, qui se déploie d'Aberdeen à Antrim.
Les nappes de charriage sont des
masses rocheuses qui se sont répan¬
dues sur d'autres formations plus
jeunes à des distances considérables,
les recouvrant comme une nappe. Le
Matterhorn (en haut à droite) a été
sculpté par des glaciers dans une
nappe de granit préalpin originaire du
sud et repoussée sur la Suisse.
13
Echelle du temps géologique
Période / Système
Epoque / Etages
Durée
en millions d'années
Quaternaire
Tertiaire
MESOZOÏQUE
Holocène
0,01
Pleistocene
2,5
Pliocène
4,5
Miocène
19
Oligocène
12
Eocène
16
Paléocène
11
Crétacé
71
Jurassique
54
Trias
35
Permien
Noms tirés de
55
lieux
Pennsylvanien
Carbonifère
géographiques
45
et variant
Mississippien
considérablement
20
PALEOZOÏQUE
Dévonien
50
Silurien
35
Ordovicien
70
Cambrien
70
Protérozoïque
ou
Algonkien
PRECAMBRIEN
Non divisé en périodes
Archéozoïque
ou
Archéen
Un marteau de géologue a été choisi comme emblème du
Programme international de corrélation géologique (PICG),
entreprise scientifique de grande envergure lancée conjointe¬
ment par l'Unesco et par l'Union Internationale des sciences
géologiques (UISG) et consacrée à l'étude de l'écorce ter¬
restre et de ses ressources minérales et énergétiques. Près
de 4 000 géologues de plus de 110 pays, travaillant sur quel¬
que 50 projets de recherche, collaborent au Programme.
Celui-ci bénéficie à la fois d'une participation et d'un encadre¬
ment scientifique non gouvernementaux par l'intermédiaire
de l'UlSG et d'un soutien financier gouvernemental à travers
l'Unesco. Les projets entrepris par le PICG vont de l'étude de
la géochronologie à la prospection des gisements de mine¬
rais rentables et au traitement de données géologiques.
14
4 030
Une triade
minérale
Les roches magmatiques
Les roches magmatiques sont issues de
matières fondues, les magmas, remontant
de l'intérieur de la Terre. Certaines, dites
plutoniques, se forment en profondeur
avant d'affleurer à la surface : ce sont les
dolérites, les gabbros et le granit. D'autres
font éruption à la surface avant de se soli¬
difier : dites volcaniques, ce sont, entre
autres, le basalte (qui est le plus commun),
l'obsidienne et la pierre ponce. A mesure
que le magma refroidit et se cristallise, sa
composition change, produisant, à partir
de quelques types relativement peu nom¬
breux
de
matériaux,
des
centaines
de
roches magmatiques différentes. Des mi¬
néraux formés à haute température peu¬
vent y rester pris à la suite d'un refroidis¬
sement rapide.
Les roches métamorphiques
Les roches métamorphiques résultent de
transformation (métamorphose) de
la
roches eruptives ou sédimentaires sous
l'action d'élévations de température et de
pression. Les matériaux initiaux se consti¬
tuent en grains cristallins plus gros, ou
réagissent pour former de nouveaux miné¬
raux. Ces roches ont parfois une structure
feuilletée appelée foliation, telle que nous
pouvons l'observer dans l'ardoise. On dis¬
tingue deux sortes de métamorphismes :
le « métamorphisme de contact » qui se
produit à la périphérie des intrusions
magmatiques, et le « métamorphisme ré¬
gional », dans les zones orogéniques où
les températures sont élevées, ainsi que
dans les rifts des dorsales océaniques où
régnent de fortes pressions. Les roches
métamorphiques sont notamment l'ardoi¬
se, issue de la transformation de calcaires
à basse température, le schiste et le
gneiss, qui se constituent à des tempéra¬
tures et des pressions plus élevées, ainsi
que le marbre, dérivant de roches cal¬
caires ou carbonatées.
Les roches sédimentaires
> Les roches sédimentaires ont une struc¬
ture stratifiée. Elles recèlent la totalité des
combustibles (pétrole, charbon) et des or¬
ganismes (animaux, végétaux) fossiles de
la planète. Elles résultent primordialement
de la désagrégation de roches préexistan¬
qui s'accumulent sous forme de
fragments ou de précipités dans des dé¬
pôts qui se superposent en couches hori¬
zontales, les sédiments. Condensées par
tes,
pression ou cimentées par d'autres miné¬
raux,
ces
couches
se transforment en
roches sédimentaires. On en distingue
trois grands types : i) les roches détriti¬
ques
graviers (brèches, conglomérats),
sables (grès, schistes) ou boues (argiles,
vases, limons); ii) les roches sédimen¬
taires biogènes
essentiellement consti¬
tuées de débris d'organismes végétaux et
animaux (charbons, calcaires); iii) les
roches sédimentaires d'origine physico¬
chimique
formées
par
précipitation
dans les bassins salins ou sous l'action de
sources hydrothermales (roches salines,
gypses,
latérites,
certains
calcaires
cherts siliceux).
15
et
Forage dans l'inconnu
par Evgueni Kozlovski
.+. jf#te
LA structure de la Terre est le reflet de
sa longue histoire. En reconstituant
cette histoire, les savants espèrent
Ce programme prévoit l'étude systémati¬
percer le secret de phénomènes comme la
que de l'écorce terrestre dans les limites de
formation de la lithosphère, le volcanisme
la zone continentale, où sont concentrés la
et la série des soulèvements, affaissements
plupart des minerais utiles de la planète*.
Les explorations géophysiques sont menées
suivant un système de grilles recouvrant la
totalité du territoire de l'URSS, les forages
à grande et très grande profondeur étant
et plissements qui ont ponctué l'évolution
delà surface et du sous-sol de notre planète ,
et favorisé la constitution, l'accumulation et
la conservation de dépôts de minerais ex¬
ploitables.
entrepris aux points d'intersection des diffé¬
Les chercheurs soviétiques ont entrepris
d'étudier certains processus physiques et
rents plans de coupe.
Ces recherches ont permis d'explorer la
physico-chimiques complexes intéressant
programme intégré d'exploration du sous-
discontinuité de Môhoroviéié (qui marque
la transition entre la croûte et le manteau),
de mieux connaître la structure et les pro¬
priétés physiques du manteau supérieur, de
sol de l'URSS mobilisant tous les moyens de
localiser et de mesurer les grandes zones de
la géologie, de la géophysique et de la géo
fracture de l'écorce terrestre et, enfin, de
l'écorce et les couches supérieures du man¬
teau de la Terre, dans le cadre d'un vaste
16
chimie, ainsi que des outils de forage à
grande et très grande profondeur.
préciser les contours et la structure en pro¬
fondeur des grands éléments tectoniques
ce'. Les géophysiciens avaient constaté en
qui pourraient receler des dépôts de mine¬
vitesse de propagation des ondes sismiques
rais, de pétrole ou de gaz naturel.
à grande
effet des variations très prononcées de la
profondeur.
Sachant
que
ces
tions indiquaient le passage d'une couche
granitique à une couche basaltique. Mais
c'était là simple conjecture, car si la couche
d'une certaine profondeur.
granitique, associée aux gneiss granitoïdes
En effet, les pressions et les températures
s'élèvent à mesure qu'on s'enfonce dans la
terre; l'eau libérée par les cristaux fait pres¬
sion sur les roches, qui se fissurent et de- 1
ondes traversent plus vite le granit que le
basalte, ils en avaient déduit que ces varia¬
rentes étapes de l'histoire de la Terre. Le
premier forage fut effectué dans la pres¬
que qui est composé de roches cristallines
datant du précambrien. Il a fourni des infor¬
mations nouvelles sur l'évolution et la struc¬
ture de la croûte continentale primitive de
l'ensemble de la planète, étant donné que
l'on retrouve des formations géologiques
analogues un peu partout dans le monde
en Inde, en Amérique du Nord, en Afrique
du Sud, en Australie occidentale et au
Groenland.
Des
forages
très
profonds
effectués parallèlement aux Etats-Unis,
au Canada et en République fédérale d'Al¬
lemagne contribuent aussi à enrichir notre
connaissance des entrailles de la Terre dans
des régions potentiellement riches en res¬
sources minières.
Les observations directes rendues pos¬
sibles par ces forages ont permis d'élaborer
le premier modèle précis de l'écorce ter¬
restre et de remettre ainsi en cause certaines
idées reçues sur l'évolution et la structure
des profondeurs terrestres.
Les forages de Kola ont abouti à une série
de constatations aussi inattendues que pas¬
sionnantes.
Le but de l'opération était notamment de
traverser la couche granitique à la surface
de la croûte pour atteindre la couche basal¬
tique sous-jacente dont certaines données
géophysiques laissaient supposer l'existen-
z
0-
<
©
La presqu'île de Kola, dans le nord de
l'URSS, est le site du premier forage à très
grande profondeur réalisé dans le cadre
d'un ambitieux programme d'exploration
de la croûte continentale et de recherche
de gisements de minéraux, de pétrole et de
gaz. A gauche, les installations de forage
flanquées des bâtiments et des ateliers qui
abritent les services industriels et techni¬
ques. En raison des rigueurs du climat
arctique, les appareils de forage sont re¬
couverts de tôle ondulée, ce qui permet
d'y maintenir une température constante
supérieure à 0"C.
A droite, OURALMACH 15 000, une instal¬
lation de forage hautement perfectionnée
et entièrement automatisée : grâce à son
outillage de pointe, elle peut atteindre une
profondeur de 15 km. Le derrick, qui me¬
sure 86 m, a une capacité de levage de
400 tonnes.
où l'on constate de brusques variations de la
vitesse des ondes sismiques. Contrairement
à ce que l'on attendait, on ne trouva pas de
basalte, et on s'aperçut que ces variations
étaient dues non pas à la nature des roches,
mais à leur plus grande porosité à partir
Le principal objet de ce programme est
de permettre l'exploration de la structure
profonde de la croûte continentale, dont les
diverses couches portent, comme écrites sur
les pages d'un livre, l'empreinte des diffé¬
qu'île de Kola en bordure du massif Salti¬
Les forages de Kola ont permis d'at¬
teindre pour la première fois la profondeur
archéens, affleure un peu partout à la sur¬
face des continents, la couche basaltique
reste enfouie dans les profondeurs.
^ viennent poreuses. On put constater aussi
plomb, zinc, nickel, argent), alors que l'on
que cette zone poreuse était très ancienne.
considérait auparavant que ces formations
Ce « décompactage par hydrogénation »
permet de mieux comprendre les caractéris¬
intéressaient
essentiellement
les
couches
Page 19
superficielles de l'écorce terrestre.
tiques géologiques de certaines zones de
Ces nombreuses traces minérales décou¬
transition où les ondes sismiques se réper¬
cutent à de grandes profondeurs, la nature
vertes dans des couches rocheuses jusqu'a¬
des fluides hydrothermiques et le méca¬
de minéraux pourraient exister en quantités
industriellement exploitables dans les pro¬
nisme des déformations tectoniques; mais il
modifie aussi toutes nos idées sur le cycle
hydrologique continental et la structure de
l'hydrosphère souterraine.
Pages en couleur
lors inexplorées confirment que des dépôts
fondeurs de la Terre.
Nous avons également été amenés à re¬
Le forage a apporté des informations qui
ont intéressé aussi vivement les biologistes
voir nos idées sur les caractéristiques et les
propriétés physiques des roches des
grandes profondeurs. On s'est aperçu ainsi
que les géologues. Il apparaît en effet que
que les fissures de ces roches ne disparais¬
les entrailles de la Terre, que l'on croyait
sent pas avec la profondeur.
En haut : a) l'âge de ce fragment de cendre
volcanique pétrifiée, trouvé près d'Isua,
dans la partie occidentale du Groenland, a
été évalué, à une douzaine de millions
« mortes » depuis la nuit des temps, ont
Ce voyage vers le centre de la Terre
activement participé à un moment donné
jusqu'à une profondeur jamais atteinte au¬
d'années près, à 3 milliards 834 millions,
aux processus biologiques qui sont interve¬
paravant (15 km) a été rendu possible par
des techniques et des équipements révolu¬
d'années, ce quien fait la plus vieille pierre
connue du monde. D'autres roches ayant
approximativement le même âge ont été
trouvées non loin de là : ce sont b) ce
gneiss d'Amitsoq et c) une concrétion fer¬
rugineuse. La roche d) a été trouvée dans
nus dans les profondeurs terrestres.
L'analyse isotopique du carbone a permis
tionnaires. Cette ambitieuse entreprise a
d'identifier deux sources de gaz carbonique
la première associée au manteau et issue
nécessité la création d'une installation de
directement
MACH-15000.
des
roches
archéennes
et
la
forage unique en son genre : OURAL-
l'Antarctique.
seconde d'origine biogénique localisée sur¬
Les conduits de forage ont été percés à
tout dans les roches protérozoïques, où
pierreuse) trouvé à Barwell, au Royaume-
micro-organismes (microfossiles) qui se¬
même le roc (sans gaine protectrice), ce qui
a considérablement amélioré la qualité et la
précision des relevés géophysiques. Les
raient vieux de plusieurs milliards d'années.
tiges de forage n'étaient pas en acier, mais
Ce n'était pas une découverte isolée,
en alliages spéciaux, légers et extrêmement
puisqu'on a retrouvé 17 espèces de micro¬
organismes attestant un développement ex¬
robustes, capables de supporter des tempé¬
ratures de 230 à 250 °C. Les trépans et les
En bas à droite : un fragment de roche
lunaire. Parmi les échantillons qui ont été
ramenés de la Lune, le plus ancien aurait
trêmement important des processus biogé-
turboforeuses, spécialement conçus pour
niques sur notre planète à des époques très
reculées. Autrement dit, la vie est apparue
cette opération, étaient propulsés par injec¬
l'on a découvert aussi les restes pétrifiés de
En bas à gauche : un aérolithe (météorite
Uni. La plus vieille météorite connue est
âgée d'environ 4,6 milliards d'années.
environ 4,6 milliards d'années.
Photos © British Museum (Natural History), Geological Museum,
Londres
sur la Terre beaucoup plus tôt qu'on ne
tion de liquide dans le puits. Il a fallu aussi
mettre au point des appareils entièrement
l'avait cru jusqu'ici.
nouveaux pour prélever des échantillons de
Page 20
En haut : merveille géologique autant que
Les mesures directes des températures
roches à grande profondeur et les ramener
des grandes profondeurs nous ont obligé à
intacts à la surface en préservant leur orien¬
revoir également nos conceptions des varia¬
paysage grandiose, le Grand Canyon est
le nom donné aux Immenses gorges creu¬
tation d'origine.
sées par le Colorado dans les hauts pla¬
tions actuelles et géohistoriques de la tem¬
Le programme en cours prévoit la pros¬
pérature du sous-sol. On avait toujours cru
pection systématique du sous-sol sur l'en¬
que dans les régions de faible activité tecto¬
nique, l'accroissement des températures à
semble du territoire de l'Union soviétique.
Des forages profonds sont actuellement
mesure que l'on s'éloignait de la surface
réalisés dans la Transcaucasie, l'Oural, le
était négligeable. Sur ces bases, les cher¬
bassin du Krivoï-Rog et la région de Mu-
cheurs de Kola avaient calculé qu'à 10 km
runtauski en Asie centrale. Un forage est
de profondeur, la température ambiante
également prévu dans la région de Tiou-
devrait approcher 100 "C; or elle s'élevait
men, en Sibérie occidentale.
en fait presque au double, à 180 "C. On a
Les données ainsi
teaux du nord-ouest de ¡'Arizona (EtatsUnis). De par sa composition rocheuse
il est constitué notamment de granits et de
schistes vieux d'environ quatre milliards
d'années
, // constitue un témoignage
exceptionnel de l'évolution géologique.
Larges de plus de 20 km par endroits, lon¬
gues de plus de 300 km, les gorges du
Grand Canyon ont une profondeur qui dé¬
passe 1500 m en certains points.
recueillies devraient
découvert en outre qu'à l'ère protérozoï-
d'abord permettre d'évaluer l'importance
que, le gradient géothermique (le taux d'ac¬
croissement de la température par 100 m de
profondeur) était cinq fois plus élevé qu'au¬
jourd'hui.
des gisements de pétrole, de gaz naturel et
Photo Alan Keler © Sygma, Paris
En bas : l'lrazú, un volcan de la Cordillère
de minéraux que recèlent les couches les
centrale situé au Costa Rica, en pleine
éruption.
plus profondes du sous-sol et ensuite de
Photo Ernst Haas © Magnum, Pans
répondre à des questions fondamentales
Ces expériences géothermiques ont éga¬
lement apporté une réponse à une question
concernant l'évolution tectonique de la Ter¬
Page 21
re, à la lumière de la théorie de la dérive des
qu'on se posait depuis longtemps : quel rôle
continents. Le programme comporte un vo¬
le manteau et la désintégration d'éléments
radioactifs dans les roches jouent-ils dans le
let de recherche expérimentale et théorique
en vue de l'élaboration d'une théorie géné¬
En haut : gaz, cendres et fragments de
laves incandescentes, plus ou moins vis¬
queuses, sont projetés en l'air au cours
d'une éruption volcanique.
bilan global des échanges thermiques à l'in¬
rale de la structure et de l'évolution de la
Photo Ernst Haas © Magnum, Paris
térieur de la Terre ? Il est désormais établi
tectonosphère terrestre. La remontée de la
En bas : le Mauna Loa, volcan de l'île Ha¬
que le manteau est la principale source de
science dans le temps géologique en quête
chaleur ascendante.
des secrets de l'évolution de notre planète
Enfin, la présence d'eau souterraine à
l'intérieur de vieux massifs cristallins pres¬
ne fait que commencer.
waii, lors d'une éruption survenue en
1984. D'une altitude de 4 170 m, le Mauna
Loa («Grande Montagne ») forme un mas¬
sif volcanique de 120 km de long sur 102
de large. Depuis 1832, il entre en éruption
que à tous les niveaux d'exploration a pu
être démontrée pour la première fois. On a
localisé des flux hydriques hautement miné¬
ralisés et saturés de brome, d'iode et de
métaux lourds, et décelé des échanges ga¬
zeux à travers les roches cristallines dans les
zones de déformation tectonique. On a éga¬
lement découvert, entre 6,5 et 9,5 km de
fond,
des
zones
de
minéralisation
hy¬
drothermique à basse température (cuivre,
18
une fois
tous les
trois ans et demi en
EVGUENI KOZLOVSKI, de l'Union soviétique,
moyenne.
est chef du conseil intersectoriel du
Photo Krafft © Explorer, Pans
Comité
d'Etat scientifique et technologique chargé d'étu¬
dier les couches souterraines profondes de la
Terre et les sondages à grande profondeur. Lau¬
réat du prix Lénine, il est le rédacteur respon¬
sable d'un ouvrage sur les sondages à grande
profondeur dans la presqu'île de Kola et de
L'encyclopédie de la recherche minière, le pre¬
mier ouvrage de ce genre dans le monde.
'"V^
Ó&
S
f.
.
ü.at-5,
*-'*
'S
IT"*
E&j&í
. :
*
'
&*.*<
-
"%-':<
^^sm
.'
'^i£Í2é¿-- "
*
¿t
rfr*
&
Quand la Terre
tremble
par E. M. Fournier d'Albe
ON dit souvent que l'on ne peut être
certain de comprendre un phéno¬
mène naturel que dans la mesure
succès à Haicheng n'ont pu permettre de
prévoir le terrible séisme de Tangshan l'an¬
née suivante.
où l'on est capable de prévoir avec précision
De nouvelles informations s'accumulent
le moment où il se produira. Si cette affir¬
sans arrêt et on a l'espoir de voir s'améliorer
mation est vraie, la faculté de prévoir les
peu à peu la précision des prévisions, en¬
tremblements de terre doit être l'un des
core que celles-ci, par définition, restent
buts principaux de la sismologie.
toujours de l'ordre des probabilités. Elles
Toutefois, le savant qui s'aventure dans
ce domaine porte une responsabilité, so¬
ciale et personnelle, d'un poids inhabituel.
n'affirmeront pas, par exemple, qu'« un
séisme d'une magnitude X va avoir lieu
La prévision d'un tremblement de terre
virtuellement destructeur, qu'elle se révèle
en définitive exacte ou non, peut avoir de
dans la zone Y à telle date », mais pren¬
dront plutôt la forme d'un communiqué sur
la probabilité d'un séisme d'une certaine
magnitude pouvant se produire dans une
graves effets perturbateurs sur la vie sociale
et économique d'une communauté. Ainsi,
grâce à la prévision correcte du séisme de
Haicheng (Chine) en 1975, de nombreuses
Le séisme de Haicheng
vies ont pu être sauvées. En revanche, il
faut rappeler beaucoup de cas de prédic¬
tions erronées, qui non seulement ont nui à
la réputation des savants concernés, mais
ont eu aussi des conséquences économiques
et même politiques considérables.
Dans l'état actuel des connaissances, il
est impossible de déterminer, par l'observa¬
tion et le calcul, en quel lieu et à quel
moment précis un tremblement de terre va
se produire. La raison en est que, pour
établir une prévision avec la minutieuse
exactitude requise, l'on a besoin d'informa¬
tions détaillées sur les champs de force et les
propriétés mécaniques de la croûte ter¬
Photo Ernst Haas © Magnum, Pans
y compris ceux du tremblement de terre
qui eut lieu dans le golfe de Bo Hal en 1969,
semblaient suivre une trajectoire nord-est
en direction de la province fortement peu¬
plée de Liaoning. En juin 1974, il fut prévu
qu'un important séisme se produirait au
nord de Bo Hai dans un délai de un ou deux
des bâtiments de cette zone furent endom¬
sans doute prohibitif, et pourrait, à la véri¬
novembre 1963 (voir l'ensemble de photos
A la suite d'un fort tremblement de terre à
Xingtai, en 1966, les spécialistes remar¬
quèrent que les epicentres des secousses
et ébranlements consécutifs à un séisme,
té, dépasser celui de la réparation des dé¬
mations, le coût de l'opération demeurerait
page 29).
voir avec exactitude le déclenchement du
séisme de Haicheng en 1975 (voir la carte).
gâts causés par le séisme lui-même.
mètres. Même si un jour il devenait techni¬
quement possible d'obtenir de telles infor¬
En haut : cette photo prise en 1965 montre
le cratère fumant de Surtsey, un îlot volca¬
nique surgi au sud de l'Islande après une
éruption sous-marine qui eut lieu le 14
vées quand les experts chinois surent pré¬
ans. Le 1er janvier 1975, on interpréta une
série de secousses légères comme le
signe avant-coureur d'un séisme qu'on lo¬
calisait à l'avance dans les parages de la
ville de Haicheng; le jour suivant, plus
d'un million de personnes furent évacuées
dans des abris provisoires installés en
plein air. Tôt le matin, le 4 février, le séisme
(de magnitude 7,3) se déclenchait. Si 90 %
restre sur de vastes étendues et jusqu'à des
profondeurs de plusieurs dizaines de kilo¬
Page en couleur
Des milliers de vies humaines furent sau¬
Les quelques prévisions exactes faites
jusqu'alors se fondaient sur l'observation
magés ou détruits, les pertes en vies hu¬
maines furent peu élevées.
de divers phénomènes avant-coureurs qui,
s'ils sont dus au processus souterrain dé¬
clenchant le séisme, n'ont pas un lien de
cause à effet direct avec celui-ci. Parmi ces
signes, on pouvait trouver des changements
brusques du niveau de l'activité sismique
mineure, de légères déformations de la sur¬
En bas : vue aérienne de l'église et d'un
autre édifice de San Juan, un village mexi¬
cain qui fut en partie enseveli sous des
coulées de laves lors de l'éruption du Paricutin (Etat de Michoacán). La première
éruption de ce volcan, l'un des plus jeunes
du globe, date du 20 février 1943; quand
elle prit fin, en 1952, le Paricutin avait
2 800 m d'altitude.
Photo Krafft © Explorer, Pans
face de
la terre,
des modifications des
champs magnétique et électrique, une mon¬
tée ou une baisse inhabituelle du niveau de
l'eau dans les puits, des perturbations du
champ de gravitation ou un comportement
anormal des animaux. Mais aucun de ces
signes annonciateurs ne s'est encore révélé
un indice sûr d'un prochain tremblement de
terre. Les méthodes employées avec tant de
23
région donnée au cours d'une certaine
période.
ra à la secousse attendue, selon les divers
d'abris de fortune en prévision d'un éven¬
types de construction et de matériaux utili¬
Voilà pour le côté scientifique du problè¬
sés. Là réside la plus grande difficulté, car il
me. La question suivante est celle-ci : quels
seront les effets du séisme prévu, s'il sur¬
est quasi impossible de prévoir exactement
tuel séisme, mais aussi pour planifier les
diverses mesures temporaires de, protec¬
tion. Par exemple, on peut mettre en lieu
se
sûr les matières inflammables ou toxiques,
vient
bâti¬
comporter lors d'un séisme. Le mieux que
couper pendant un certain temps les circuits
ments seront-ils endommagés ou détruits,
combien y aura-t-il de morts, de blessés ou
l'on puisse faire dans ce cas, c'est de se fier
de sans-abri ? Les réseaux téléphoniques
aux informations que l'on a sur la façon
dont des constructions similaires ont réagi
vulnérables des usines de produits chimi¬
ques, abaisser dans les barrages le niveau de
la retenue d'eau, fermer provisoirement
continueront-ils à fonctionner ? Les rues
au cours de séismes récents survenus ail¬
écoles et salles de spectacles. A la phase
seront-elles bloquées par les débris ?
Pour être prêts à affronter cette situation
leurs. Il est donc très important de faire une
finale d'une alerte, on peut évacuer les gens
de leurs habitations ou de leurs lieux de
le services de protection civile ont besoin de
étude détaillée des dégâts causés chaque
fois qu'un tremblement de terre se produit.
On a déjà pu tirer des renseignements ex¬
réponses à ces questions. Il leur faut des
trêmement précieux des études réalisées en
informations
de la
Roumanie et en Yougoslavie sur les dégâts
secousse sismique et sur la vulnérabilité que
provoqués dans ces deux pays par les
présentent les bâtiments et les artères ur¬
séismes de 1977 et de 1979.
effectivement ?
Combien
de
critique créée par l'imminence d'un séisme,
sur la force
attendue
comment
chaque
construction
va
travail s'il s'agit de constructions sujettes à
risques.
'
De
telles
mesures
sont
coûteuses
en
. même temps qu'elles désorganisent la vie
individuelle et sociale. Elles peuvent don-'
ner lieu à une certaine résistance; il est
baines par rapport à ce mouvement. Ils
Evidemment, tout ce travail prend du
devront préparer des « scénarios » décri¬
temps, et mieux vaut pour l'accomplir ne
impossible de les prolonger au-delà de quel¬
ques jours et elles seront sans doute aban¬
vant les effets probables du tremblement de
pas attendre qu'un séisme soit imminent.
données après une ou plusieurs fausses aler¬
terre prévu.
Pour cette raison, dans de nombreux pays à
forte sismicité, les services de protection
tes. Il est donc probable qu'elles n'entre¬
civile sont en train de réunir des informa¬
prévu, que si les responsables ont la certi¬
tude que cette prévision répond à certains
critères de précision et de crédibilité.
*A cette fin, les sismologues et les géolo¬
gues doivent d'abord estimer quelle sera
l'intensité de la secousse causée par le
ront en application, au cas où un séisme est
séisme attendu, et comment cette intensité
tions de ce genre et de préparer des scéna¬
rios; ainsi seront-ils prêts à prendre des
va varier d'une partie à l'autre de la région
mesures plus efficaces en vue d'éventuelles
Si, comme nous l'avons vu, il y a toutes
entourant l'épicentre du tremblement de
catastrophes sismiques, qu'elles soient ou
terre. Ils procèdent à cette analyse en s'ap¬
non attendues à l'avance.
les chances pour que les prévisions soient
formulées en termes de probabilité, les au¬
puyant sur les expériences antérieures et sur
Les scénarios de tremblements de terre
torités, en revanche, doivent prendre des
la connaissance des caractéristiques locales
ont une valeur inestimable, non seulement
décisions immédiates. Il est donc d'une im¬
du sol et du sous-sol.
pour planifier la "mobilisation des équipes
portance capitale que s'instaure un dialogue
Il faut établir ensuite un inventaire des
bâtiments situés dans la zone en question et
de secours, des services de médecine et de
efficace entre les experts scientifiques et les
lutte contre l'incendie, ainsi que le stockage
de provisions d'urgence et l'aménagement
représentants du pouvoir. Il est nécessaire
étudier de quelle façon chacun d'eux réagi
que ceux-ci acquièrent, en discutant avec
Le premier sismographe du monde
Le premier instrument pouvant enregis¬
ture des mâchoires : la balle ainsi lâchée
tionnement. Depuis la création, au début
trer les mouvements du sol terrestre fut
tombait dans la bouche ouverte d'un des
des années 1960, d'un réseau mondial de
inventé en 132 par le philosophe chinois
Chang Heng. Sur le pourtour d'un grand
huit crapauds placés au pied du vase. Cet
surveillance sismographique normalisée,
le Worldwide Standardized Seismograph
Network (WWSSN), des stations d'obser¬
vation sismique, toutes équipées d'appa¬
instrument était assez sensible pour dé¬
vase de bronze, d'environ deux mètres de
tecter un tremblement de terre dont l'épi¬
diamètre, étaient disposées huit têtes de
dragons, chacun tenant dans sa gueule
aux mâchoires mobiles une petite balle; à
centre était distant de 600 kilomètres. Mais
l'intérieur du vase était accroché un balan¬
cier dont les huit bras étaient reliés aux
huit têtes. Quand une secousse sismique
ébranlait le balancier, le bras qui était relié
à la tête de dragon pointée dans la direc¬
tion d'où venait le choc actionnait l'ouver
24
ce n'est qu'en 1856 qu'un sismographe
pouvant enregistrer le passage des ondes
sismiques et donner leur amplitude, leur
temps de départ et leur direction vint équi¬
per la station d'observation située sur le
Vésuve. Page ci-contre, reconstitution
moderne de l'appareil inventé par Chang
Heng, et, ci-dessus, schéma de son fonc
reils
d'un
modèle
standard
et
d'une
échelle de temps synchronisée, sont im¬
plantées presque partout dans le monde.
La carte ci-dessus montre la répartition
des centres d'observation du WWSSN et
des
stations
travaillant
avec ce réseau.
en
association
les savants, un aperçu du raisonnement qui
les amène à formuler des prévisions sous
répondent pas peuvent causer de graves
perturbations sociales et économiques sans
une forme particulière. Pour sa part, le
être d'une grande utilité à la communauté
nuées ardentes, coulées de boue, de laves,
savant a besoin de se familiariser avec les
concernée. La prévision des séismes n'est
importante retombée de cendres, etc.
problèmes auxquels font face les autorités
s'il veut comprendre leurs réactions aux
prévisions et les raisons qui les font ainsi
pas seulement un problème scientifique,
mais une question qui concerne la commu¬
sonnes qui vivent ou travaillent dans ces
nauté dans son entier.
régions dangereuses en même temps que
agir.
Le perfectionnement des techniques de
construction parasismiques permet d'espé¬
l'inventaire des biens meubles et du bétail.
rer qu'avec le temps toutes pertes humaines
menant à des zones de refuge sûres,, et
et matérielles dues aux tremblements de
d'établir des plans pour une évacuation ra¬
terre pourront être évitées. Néanmoins, les
pide en cas d'éruption. On peut prévoir des
phénomènes qui accompagnent certaines
éruptions volcaniques sont d'une telle vio¬
lence qu'il n'existe pas contre eux de
moyens de protection. Le seul espoir de
dispositions pour abriter et loger momenta¬
nément les personnes évacuées dans les
Il est essentiel que toute prévision sismi¬
que communiquée au public s'accompagne
d'une estimation verifiable de la probabilité
de l'événement prévu dans les limites
spatio-temporelles imparties. Pour être
utile dans la pratique, la prévision doit éga¬
lement répondre aux conditions suivantes :
a) il faut que sa marge d'avance (l'inter¬
valle de temps entre la diffusion de la prévi¬
sion et le moment auquel on attend que se
produise l'événement) soit plus longue que
par un ou plusieurs des phénomènes des¬
tructeurs qui accompagnent une, éruption :
On peut faire le recensement des per¬
Il est possible de repérer des itinéraires
zones de repli. S'ils sont élaborés à l'avance
dans le détail, de tels plans contribuent à
survie réside dans la fuite, dans l'abandon
sauver de nombreuses vies humaines'quand
immédiat de la région menacée. La prévi¬
une éruption se produit.
sion précise des éruptions est donc d'une
Comme dans le cas des tremblements de
le temps nécessaire pour mettre en auvre
importance vitale pour la sécurité des gens
terre, les prévisions fondées sur l'observa¬
les mesures de protection voulues et pour
mobiliser les ressources indispensables à la
maîtrise de la situation critique;
qui vivent sur des volcans en activité ou à
leur proximité.
tion des phénomènes avant-coureurs sont
b) il faut que la marge de survenance (la
durée de la période pendant laquelle il est
prévu que se produise l'événement) soit
plus courte que la durée maximale accep¬
table pour adopter des mesures de protec¬
tion comme l'évacuation de certains bâti¬
ments, la fermeture temporaire des usines
et la mobilisation des services de secours.
Ces conditions sont, bien entendu, très
difficiles à remplir, dans l'état actuel des
connaissances scientifiques, mais l'expé¬
rience a montré que les prévisions qui n'y
Heureusement, le problème de la prévi¬
sion des éruptions est légèrement moins
difficile que celui de la prévision des séis¬
mes. La raison en est simple : les sites pos¬
sibles d'éruption volcanique sont générale¬
ment connus. Il est rare qu'une éruption se
produise hors du cadre d'un appareil volca¬
nique existant, encore qu'elle soit parfois le
fait d'un volcan inactif depuis si longtemps
qu'on le croit éteint. Par une étude géologi¬
que attentive, il est possible de localiser,
pour en dresser une carte, les régions voi¬
sines d'un volcan qui ont déjà été atteintes
nécessairement exprimées en termes de
probabilité d'éruption. Il restera donc tou¬
jours le problème de devoir prendre des
décisions draconiennes dans des situations'
d'incertitude. Le risque d'une catastrophe
éventuelle doit être mis en balance avec les
contraintes, les difficultés et les dépenses
qu'implique inévitablement le fait d'éloi¬
gner les gens de chez eux, pour des se¬
maines ou peut-être des mois.
Là encore, il est d'une importance capi¬
tale qu'un dialogue constructif s'établisse
entre les spécialistes scientifiques, les auto¬
rités civiles, les médias et le public avant
qu'on ne se trouve dans une situation criti¬
Mécanisme d'un tremblement de terre
que. La menace imminente d'un séisme ou
d'une éruption volcanique agit comme un
puissant révélateur de la force et de la fai¬
blesse d'une communauté.
Les « réussites éclatantes » qu'on ob¬
serve dans la riposte à de telles menaces
sont encore rares, mais n'en démontrent
pas moins que, si les prévisions scientifiques
sont précises et sûres, si les autorités civiles
sont prêtes et ont les moyens de prendre les
mesures de protection adéquates et si le
public est tenu pleinement informé de la
situation et de l'action entreprise pour la
maîtriser, on peut réduire les pertes infli¬
gées par ces manifestations violentes de la
nature et faire en sorte qu'elles ne soient
plus à la longue qu'une chose du passé.
Faille dont les bords
se sont soudés à la
suite d'un précédent
déplacement
La pression augmente
E.M. FOURNIER D'ALBE, du Royaume-Uni, est
un spécialiste de l'évaluation et de la prévision
des risques sismiques. Chef de la Division des
sciences de la Terre à l'Unesco jusqu'en 1979, il
fut responsable du lancement et du développe¬
ment du programme de l'Organisation relatif aux
catastrophes naturelles et à leur prévention.
et les sols se tendent
comme un arc
séisme : les sols se
détendent et vibrent
A l'écoute des séismes
Quelques petits séismes ont pu être In¬
duits par des activités humaines (essais
Lorsque la pression devient trop forte, les
ments de terre variant considérablement,
roches
nucléaires ou construction de réservoirs
l'énergie accumulée en se détendant de
et de barrages), mais la cause première de
tous les grands tremblements de terre et
part et d'autre de la faille. Le point de
l'échelle de Richter (numérotée de 1 à 9)
suit une progression logarithmique et non
arithmétique, de sorte qu'une progression
rupture est appelé le foyeret le point situé
d'un degré traduit une augmentation par
de la majorité des mouvements sismiques
de moindre Importance est la rupture de
roches soumises à des pressions d'inten¬
sité croissante au cours de processus
géologiques.
immédiatement au-dessus de lui à la sur¬
trente de l'amplitude du séisme. Ainsi, un
face du sol est ['epicentre.
séisme de magnitude 8 est 810 000 fois
La surface de la Terre est constituée
d'un ensemble de plaques (voir pages lo¬
ll) et les séismes les plus Importants ont
tendance à se produire en bordure de ces
plaques, là où elles coulissent l'une contre
l'autre, comme le long de la faille de San
cèdent
brutalement
et
libèrent
L'énergie ainsi libérée se transmet sous
spécialistes de localiser l'éplcentre d'une
secousse sismique et d'en mesurer l'am¬
pleur.
Deux échelles sont couramment utili¬
sées pour évaluer la force d'un séisme. Sa
la quantité totale d'énergie
libérée ou dissipée
est définie par
l'échelle de Richter à partir de relevés sismographiques donnant l'amplitude des
ondes sismiques. L'Intensité des tremble
Echelle de Mercalll modifiée
I
Imperceptible à l'homme.
II
Ressenti par quelques personnes au repos, surtout aux étages
VII
Ressenti à l'intérieur des habitations; vibrations analogues à celles
causées par le passage d'un camion léger. Balancement d'objets
Vibrations semblables à celles que provoque le passage d'un gros
Ressenti par toute la population d'une localité; de nombreuses per¬
verres et vaisselle se brisent.
26
(voir ci-dessous). Etant donné qu'elle se
fonde sur la simple observation des effets
d'un tremblement de terre, les 12 degrés
qu'elle comporte sont numérotés en chif¬
fres romains et non en chiffres arabes, afin
d'éviter qu'on ne les prenne pour des me¬
sures.
II est difficile de se tenir debout; ressenti par les conducteurs d'auto¬
mobiles. Chute de plâtres, de briques et de tuiles; les grosses cloches-
Panique générale; brèches dans les murs et ruptures de canalisa¬
tions; crevasses visibles dans le sol; glissements de terrain.
X
La plupart des constructions en pierre et à charpente s'effondrent et
les fondations sont détruites; les barrages et les digues sont grave¬
ment endommagés; quelques ponts s'écroulent; glissements de ter¬
Ressenti à l'extérieur; le sommeil est interrompu et les liquides se
sonnes effrayées sortent des habitations; chute de plâtras et fissura¬
tion des murs; déplacement ou renversement du mobilier; vitres,
courante est \' Echelle de Mercalll modifiée
IX
rain considérables.
répandent.
VI
L'Intensité d'un séisme est associée à la
Rester maître d'un véhicule est difficile; effondrement des cloisons et
des murs; chute des cheminées, des tours, des monuments; les
branches d'arbres se cassent; fissures dans les terrains humides.
camion. Fenêtres, portes et vaisselle tremblent.
V
mag¬
sont mises en branle; vagues sur les étendues d'eau.
suspendus.
IV
de
VIII
supérieurs des maisons.
III
séisme
violence du choc observé en un point
donné et à l'importance des dégâts qu'il
provoque. L'échelle d'intensité la plus
magnitude
cumulent du fait de la friction des plaques.
qu'un
détectées et enregistrées par les sismo¬
graphes. Ces Instruments permettent aux
sus représente de façon schématique le
mécanisme d'un séisme. Les roches pos¬
une compression là où les tensions s'ac¬
puissant
nitude 4.
Andréas, en Californie. Le dessin ci-des¬
sèdent une certaine élasticité et subissent
plus
forme d'ondes qui sont la cause des oscil¬
lations du sol. Ce sont ces ondes qui sont
XI
Les rails de chemin de fer sont tordus; les canalisations souterraines
sont détruites.
XII
Destruction quasi totale; paysage et topographie sont bouleversés;
les objets sont projetés en l'air.
Les volcans
par Haroun Tazieff
LE volcanisme joue, dans l'histoire de
la Terre, un rôle fondamental. Le
sol sur lequel nous vivons, l'eau des
océans, des fleuves et des lacs, et la plus
grande part de l'atmosphère que nous respi¬
rons dérivent, en définitive, des éruptions
volcaniques. Sans volcanisme, pas d'expan¬
sion des fonds océaniques par le magma
s'injectant dans les fractures qu'il fait s'ou¬
vrir dans l'écorce terrestre, pas de subduc¬
tion (l'enfoncement de couches terrestres
relativement anciennes dans le manteau au¬
quel elles se mélangent et où elles se recy¬
clent), pas d'orogenèse (la formation des
montagnes) et, par conséquent, pas plus
d'érosion que de sédimentation.
Sans volcanisme, la Terre ne bénéficie¬
rait pas de ces apports, colossaux et conti¬
nuels, de sulfures, d'oxydes, d'halogénures,
d'hydroxydes de tous les métaux existants,
émis à l'état gazeux par les fumerolles
(émissions volcaniques) à haute tempéra¬
ture des milliers de cratères actifs, qu'ils
soient dormants ou en éruption, qu'ils
soient sous-marins ou subaériens, épar¬
pillés tout le long des quelque cent mille
kilomètres de frontières entre les plaques
tectoniques (voir pages 10 et 11) et les frac¬
vrir au géologue encore bien naïf que j'étais
alors, non seulement un spectacle somp¬
tueux, mais aussi un phénomène qui lui
posait plus de questions que, faute de sa¬
voir, son esprit ne lui offrait de réponses.
Durant les quelque quarante années qui se
sont écoulées depuis, la volcanologie, mori¬
bonde au sortir de la Seconde Guerre mon¬
diale (à peine survivante aux Etats-Unis et
en Nouvelle-Zélande, mais éteinte partout
ailleurs), reprit peu à peu des forces, puis
s'épanouit, parallèlement à l'océanogra¬
phie. Et les connaissances nouvelles que ces
deux disciplines permirent d'engranger ré¬
vélèrent bientôt le rôle essentiel du volca¬
nisme, tant dans le phénomène de l'expan¬
sion des fonds océaniques que dans celui
de la genèse de la vie et de son évolution
au
long de ces trois derniers milliards
Il est clair que, pour mesurer les para¬
mètres chimiques et physiques avant que les
gaz éruptifs ne soient dégradés en gaz fume¬
rolliens, il est nécessaire de s'approcher des
bouches qui les exhalent, ce qui, la plupart
du temps, demande certains efforts voire,
parfois, quelque courage. Or, plus encore
peut-être que de courage, ce dont trop de
volcanologues manquent c'est du goût de
l'effort musculaire. Quand ils sont âgés de
vingt à trente ans, quelques-uns le possè¬
dent, mais j'ai remarqué qu'ils le perdent en
général dès qu'ils ont atteint un certain
niveau académique.
Ce ne serait pas trop grave si, à la récolte
sur le terrain des informations brutes que
continueront d'assurer les jeunes que
l'enthousiasme anime encore, ne devait
d'années.
s'ajouter, condition sine qua non de progrès
en ce domaine, l'expérience du phénomène
Plus d'un tiers de siècle passé à observer
d'aussi près que possible le phénomène
éruptif, dont la complexité égale la variabi¬
lité et que seule permet l'observation direc¬
éruptif et à mesurer tout ce que je pouvais
te, aussi proche que possible, du phéno¬
en
mène et de ses avatars successifs.
mesurer
entre
autres,
les
débits
d'énergie, principalement thermique, et les
débits de matière, principalement gazeuse
, m'ont permis de constater que c'est
cette phase gazeuse qui, seule, joue un rôle
La compétence du volcanologue est, en
l'occurrence, de nature semblable à celle du
médecin et, comme celle-ci, fonction autant
tures situées à l'intérieur de celles-ci.
actif dans le volcanisme et non, comme
Sans apports fumerolliens sous-marins,
pas de gisements minéraux sulfurés; sans
apports fumerolliens, pas de quoi constituer
l'hydrosphère marine, dont le chimisme a
permis l'éclosion de la vie primitive et
conditionné son évolution; sans apports fu¬
implicitement ou explicitement chacun l'i¬
d'une bonne connaissance des publications
sérieuses que de l'expérience acquise par
l'auscultation du plus grand nombre de pa¬
magine, sa phase liquide, c'est-à-dire la la¬
tients : pialades pour les uns, volcans en
ve. La lave est totalement passive et, sans
éruption pour les autres.
merolliens, pas de quoi constituer l' atmos¬
ses gaz éruptifs, le volcanisme, tout simple¬
Mes dix premières années de volcanolo¬
ment, n'existerait pas. D'ailleurs, toujours,
les éruptions émettent des gaz, mais pas
toujours des laves.
gie de terrain furent consacrées exclusive¬
ment à rechercher l'explication des divers
me
aspects du phénomène éruptif. Je me
convainquis bientôt que la maturation d'un
mis à la vie, une fois sortie de la mer, de
convaincre que, pour comprendre le méca¬
magma assoupi procédait de l'émission de
coloniser les terres et d'évoluer jusqu'à
nisme des éruptions, il était indispensable
son contenu gazeux, originellement dissous
nous engendrer nous, les êtres humains.
de connaître la composition chimique et
dans le magma en fusion. La nature chimi¬
J'ignorais tout cela et nous l'ignorions
l'évolution thermodynamique de leur phase
que des bulles, leurs dimensions et leur
tous à l'époque lorsque, en 1948, le hasard
mit en présence le géologue bien classique
que j'étais avec le phénomène éruptif.
gazeuse. La composition chimique de ces
gaz semble varier selon les diverses espèces
répartition dans la masse visqueuse, leur
croissance, soit par « cannibalisme » des
d'éruption et les divers types de magma.
bulles entre elles, soit par expansion au
Comme tous mes collègues de cette généra¬
Mais, dans l'état actuel de nos connaissan¬
cours de l'ascension
tion, surtout les Européens, j'avais reçu de
ces, il n'est pas possible d'établir de corréla¬
travers du magma comme celle du magma
phère, dont la composition chimique a per¬
mes
maîtres,
dont
certains
avaient
Cette
constatation
acheva
de
celle des bulles au
un
tion entre les variations chimiques décelées
lui-même
renom international, un enseignement dans
jusqu'à présent et les variations d'activité
lequel le volcanisme ne tenait quasiment
aucune place puisque, dans leur esprit, il
n'était qu'une « maladie de peau de la
observées. Il faut dire que l'on n'a récolté à
ce jour sur les gaz éruptifs qu'un nombre
maturation du magma avant son éruption et
dans son évolution pendant cette dernière.
planète ».
Par « gaz éruptifs », j'entends ceux qui
n'ont subi ni de refroidissement important,
ni d'oxydation par l'air, ni d'hydratation par
C'est dire que j'ignorais à peu près tout
du volcanisme lorsque la splendeur de la
première éruption qu'il me fut donné de
insignifiant de données physico-chimiques.
voir, en mars 1948 au nord du lac Kivu, dans
les eaux souterraines, tous processus qui les
transforment, peu ou, le plus souvent,
le Congo belge (l'actuel Zaïre), fit décou
prou.
, tout cela intervient dans la
Mesurables ou seulement observables,
les paramètres des éruptions, quand ils sont
correctement interprétés, peuvent per¬
mettre de comprendre, plus ou moins, les
processus du phénomène éruptif et, par
conséquent, de parfois les prévoir.
Grâce à cette connaissance, je fus à mê¬
me, à partir de 1958, de donner des ré- ^
27
^ ponses correctes aux questions que, de plus
rocheux obstruant un conduit volcanique
en plus souvent, se mirent à me poser des
par la vapeur née de réchauffement exa¬
responsables, administratifs ou politiques,
géré d'une nappe d'eau souterraine
érup¬
tions qui ne rejettent pas de magma ou de
de cités, de provinces, voire de pays où un
volcan remettait en question la sécurité col¬
lective. Ce fut ainsi que, de la recherche
je fus progressivement
ves, de façon désastreuse. Toujours (à ma
connaissance, l'on n'a pas encore observé
d'exception à cette règle) le démarrage de la
première phase de ce type d'éruption est
relativement modéré et permet aux popula¬
laves, mais uniquement de la vapeur, quel¬
ques gaz fumerolliens et des fragments de
tions
roches du « bouchon »
éventuellement menacées.
, toutes les autres
environnantes
d'évacuer
les
zones
amené à faire aussi de la recherche appli¬
quée à la prévision des paroxysmes éruptifs
éruptions sont le résultat de l'ascension jus¬
qu'à la surface du globe d'un certain volume
éventuels. Et depuis 1981, lorsque le gou¬
vernement français décida de s'occuper of¬
ficiellement de la mitigation des catastro¬
phes, je ne m'occupe plus, en volcanologie,
de magma.
l'écorce
L'évacuation, seule façon de protéger les
gens du risque volcanique majeur, ne s'im¬
pose d'ailleurs qu'exceptionnellement, car
il est exceptionnel qu'une éruption, après sa
phase initiale, s'exacerbe jusqu'au pa¬
que de cet aspect-là des choses.
En près de trente années, je me suis
soit en se brisant. Les déformations de la
cent éruptions survenant bon an mal an de
surface sont décelées et mesurées par divers
par le monde, il n'y en a qu'une à parvenir à
cette extrémité, justifiant qu'on prenne des
mesures de protection adéquates.
Le problème majeur que le volcanologue
doit résoudre, c'est de diagnostiquer l'évo¬
lution d'une éruption en cours, tâche in¬
trouvé dans la situation d'avoir à répondre
aux questions posées par les autorités d'une
dizaine de pays différents. Si je ne me suis
pas trompé une seule fois, c'est que j'ai agi
comme le fait un médecin, compétent et
honnête, appelé en consultation : en éta¬
blissant mon diagnostic à la lumière des
Or, cette ascension ne peut se faire que si
terrestre cède à la pression
qu'exerce le magma, soit en se déformant,
types d'instruments géodésiques : tiltmètres, extensomètres et géodimètres entre
autres. L'ouverture des fractures, qui per¬
mettent au magma de s'injecter dans
l'écorce et de s'élever vers la surface, se
traduit par des secousses que les sismo¬
graphes enregistrent.
roxysme ou se révèle même redoutable. Sur
comparablement plus difficile que de pré¬
dire le démarrage. C'est une tâche délicate,
informations que je pouvais recueillir et sur
A ces types d'auscultation géophysique,
la base de mon expérience. Sur la quinzaine
de cas dont je me souviens, j'ai pu ainsi
susceptibles d'annoncer la survenance
déformations ou fracturations de la sur¬
d'une éruption avec des préavis de plusieurs
mois bien souvent (cela dépend notamment
car tous les paramètres d'ordre mécanique
sept ans, m'ont ainsi été posées, n'étaient
vant aider le volcanologue dans son travail
face
liés à la montée du magma au travers
de l'écorce terrestre ont alors disparu. Une
fois parvenu à la surface, le magma ali¬
mente l'éruption de façon que j'appellerais
« fluide », sans plus avoir, en profondeur, à
briser des roches ni à soulever, par la pous¬
pas, pour la plupart : « Une éruption va-t-
de prévision.
sée qu'il exerce, les flancs du volcan.
elle éclater, oui ou non ? ». Elles concer¬
températures, les variations de pression et
de composition des gaz fumerolliens, ou les
rassurer les gens neuf fois, annoncer un
danger trois fois,
et,
à trois occasions,
avouer mon incapacité à répondre.
Les questions qui, au long de ces vingt-
naient essentiellement le pronostic
dan¬
ger ou absence de danger
d'une éruption
en cours. Ce qui, somme toute, en ce genre
de circonstances, est le plus important, mais
aussi le plus difficile à estimer.
Prévoir l'éclatement d'une éruption est
en effet relativement simple dès lors que le
volcan est bien surveillé par des experts
authentiques
convenablement
outillés.
Sauf les éruptions phréatiques, qui résul¬
tent de la pression exercée sur le bouchon
de la profondeur à laquelle se trouvait le
magma avant d'entreprendre son ascen¬
sion), s'ajoutent d'autres observations pou¬
Ainsi, l'augmentation des
changements du champ magnétique terres¬
tre. Toutes ces indications permettent à un
volcanologue authentique et expérimenté
de déceler la survenance d'une éruption,
parfois avec une grande précision.
Privé de ces deux phénomènes (sismicité
et déformations superficielles), paramètres
fondamentaux de la prévision d'une érup¬
tion à venir, le volcanologue ne dispose plus
que des facteurs d'ordre physique et d'ordre
' chimique évoqués plus haut et dont il lui
faut interpréter les variations pour établir
Malheureusement, du point de vue de la
son diagnostic. Or, faute de données en
protection des vies humaines, une telle pré¬
vision ne revêt guère d'importance. En ef¬
fet, les éruptions magmatiques ne débutent
jamais, qu'elles soient effusives ou explosi
nombre suffisant à ce jour et par manque
d'expérience en ce domaine, ces interpréta¬
tions, de même que les corrélations entre
les divers paramètres considérés, sont bien
Tsunami
Le 26 août 1883, à 13 heures, une première série d'explosions de
violence croissante se déclencha sur l'île volcanique de Krakatoa, dans le détroit de la Sonde, entre Java et Sumatra (Indoné¬
sie). Une heure plus tard, un panache de cendre noire de 27 km de
haut s'élevait au-dessus de l'île.
Les éruptions se poursuivirent, atteignant leur paroxysme le
lendemain à dix heures avec une fantastique explosion qui proje¬
ta des cendres à 80 km de hauteur et fut entendue jusqu'en
une éruption volcanique ou à un mouvement sismique. A la suite
d'un tsunami désastreux qui se produisit en 1946, un système
d'alerte couvrant l'ensemble de l'océan Pacifique fut mis en
place. Les appareils de détection et les sismographes des sta¬
tions d'observation sismique du pourtour du Pacifique enregis¬
trent tout mouvement inquiétant et transmettent l'information à
l'Observatoire d'Honolulu, qui évalue les risques et, le cas
échéant, donne l'alerte.
Australie, à 4 000 km de là. De Krakatoa, presqu'entièrement
engloutie par les flots, il ne subsista que le cône d'un gigantesque
volcan sous-marin.
Les îles voisines de Lang et de Verlaten furent ensevelies sous
60 m de cendres et de débris volcaniques. Les fines particules de
cendre projetées dans l'atmosphère donnèrent jusqu'en Europe
de spectaculaires couchers de soleil, et des bancs entiers de
ponces (laves saturées de bulles de gaz) flottèrent sur l'océan
£
pendant des mois.
Krakatoao |Java
%/Zonede retombée
Mais il y eut pire encore : l'effondrement du volcan déclencha
"^escendjl
une série de tsunamis, des lames de fond d'origine sismique
(appelées aussi raz de marées, ce qui est abusif car elles n'ont
'fût
. lie Rodriguez
Zone dans laquelle
atteignait environ 35 m, dévasta près de 300 villes et villages
La plupart des tsunamis surviennent dans le Pacifique. Ils sont
provoqués par un soulèvement brutal du fond marin consécutif à
28
%
¿Alice Springs
aucun rapport avec les marées). La vague la plus haute, qui
côtiers de Java et de Sumatra, faisant 36 000 morts.
""'%.
'
0
on entendit l'explosion
Naissance d'une île
Le 14 novembre 1963, une violente érup¬
tion dans l'océan Atlantique, au large de la
côte méridionale de l'Islande,
salua la
naissance d'une île. Baptisée Surtsey, du
nom de Surt, le dieu du feu de la mytholo¬
gie Scandinave, la jeune île surgit de l'eau
dans un jaillissement de flammes et de
vapeur. Une semaine plus tard, Surtsey
avait une superficie de 70 m2. En trois ans
et demi, elle avait atteint ses dimensions
actuelles: 2,5km2 et une altitude
de
173 m. Les savants qui visitèrent l'îlot une
fois qu'il se fut refroidi constatèrent avec
surprise qu'une vie végétale s'y était déjà
implantée. Premier écosystème « vierge »
connu, Surtsey est aujourd'hui le site d'un
programme de recherche écologique de
longue haleine.
29
Attention, dangers
Si la prévision des éruptions volcaniques
peut diminuer ou même empêcher les
pertes en vie humaine, il n'est guère pos¬
sible d'éviter les dégâts que subissent
cultures et biens matériels au cours d'une
éruption. Les coulées de boue, les coulées
de lave et la pluie de cendres sont les trois
plus graves dangers.
Au cours des derniers siècles, les cou¬
lées de boue (appelées parfois lahars) se
sont révélées les plus meurtrières : nul
autre phénomène de l'activité volcanique
n'a causé autant de pertes en vies hu¬
maines et infligé autant de destructions.
Ces coulées de boue sont souvent provo¬
quées par la fonte accélérée de la calotte
de neige ou de glace couvrant les pentes
d'un volcan, mais peuvent aussi être dues
à de fortes averses de pluie ou de neige
s'abattant sur la couche de cendre fraîche
^ délicates à établir. Et sans corrélations per¬
mettant de découvrir des rapports de cause
à effet entre tout ce que l'on a pu mesurer et
observer, il est presque impossible d'établir
un diagnostic sérieux.
Il y a presque vingt ans de cela, en oc¬
tobre 1967, j'avais écrit, pour le Courrier de
l'Unesco (voir le numéro anthologique de
mai-juin 1986), un article par lequel j'es¬
sayais d'attirer l'attention, tant des popula¬
tions impliquées que de leurs responsables
politiques, sur le grand danger que repré¬
sentent
les volcans qu'on appelle « éteints ». Souvent, en effet, ils ne sont qu'en¬
dormis et, par conséquent, ils se réveille¬
ront un jour. Il faut prendre ce risque en
considération et ne pas construire dans le
périmètre menacé par le volcan.
Cette zone de danger dépend du type
d'activité volcanique
sive
effusive ou explo¬
, de la taille et de l'altitude du volcan ,
voire du climat de la région dans laquelle il
est situé.
L'importance de ce dernier facteur vient
d'être montrée de dramatique façon, le 13
novembre 1985, par l'éruption du Nevado
del Ruiz (en Colombie). Si le climat et
l'altitude n'avaient pas permis la formation,
w
I IJJ
sur le sommet du volcan, d'une épaisse
calotte glaciaire, le surgissement des laves à
w
une température de plus de 1 000 degrés
centigrades n'aurait pas provoqué la fusion
de centaines de milliers de mètres cubes de
glace ni, donc, la formation des terribles
lahars, ces torrents de boue volcaniques qui
engloutirent la cité d' Armero et firent plus
de 23 000 victimes.
Ce que je disais alors du danger que
représentent le Vésuve ou les Campi Fle-
grei (près de Naples), le mont Fuji (Japon)
ou le mont Rainier (Etats-Unis), demeure
vrai, comme le prouve ce qui s'est produit
au Mount St. Helens (voisin du mont Rai¬
nier) ou au Helgafell en Islande. Les res¬
ponsables des pays dans lesquels se trou¬
vent des volcans potentiellement redou¬
tables
aussi bien ceux que l'on croit
éteints que ceux que l'on sait pertinemment
actifs, tels le Merapi (Indonésie) ou l'Etna
(Italie), le Sakurajima (Japon), le Vulcaho
(Italie) ou le Pichincha (Equateur), pour
n'en citer que quelques-uns
, les respon¬
sables de ces pays se doivent d'envisager les
problèmes que posera le réveil de leurs
volcans et de profiter de ce « temps de
paix » pour prévoir dès à présent les solu¬
tions à leur apporter lorsque leur volcan
leur aura déclaré la guerre.
qui s'est formée après l'éruption. On en a
vu qui atteignaient une vitesse de 70 km/h
et se déversaient jusqu'à une distance de
180 km de leur point d'origine. A gauche,
la ville d'Armero, en Colombie, engloutie
sous un flot de boue après l'éruption du
Nevado del Ruiz, en novembre 1985.
Les coulées de laves de faible épaisseur
se refroidissent assez vite, mais celles qui
sont plus épaisses peuvent mettre des
années à le faire. Pour arrêter ou détourner
ces flux de lave, on a eu recours à diverses
méthodes, notamment l'emploi de lances
à eau pour former un front de lave solidi¬
fiée ou le bombardement des flancs de la
coulée pour la diviser en bras de moindre
importance. Ci-dessus à gauche, une cou¬
Contrairement à ce que son nom laissé
entendre, la cendre émise par un volcan
n'est pas le résidu d'une combustion,
mais est formée de laves pulvérisées et de
fragments rocheux projetés en l'air par la
brusque et violente expulsion de gaz vol¬
caniques. En 1815, l'éruption du Tambora,
volcan situé sur la côte septentrionale de
l'île de Sumbawa (Indonésie), tua 50 000
habitants : cette explosion, estime-t-on,
atteignit en puissance l'équivalent de
16 000 mégatonnes. Les cendres très
fines émises lors d'une telle éruption peu¬
vent être transportées sur de grandes dis¬
tances et avoir des répercussions sur le
climat. Ci-dessus, le village de Parentas,
en Indonésie, recouvert de cendres volca¬
HAROUNTAZIEFF, eminent volcanologue fran¬
çais, a été directeur de recherche au Centre
national de la recherche scientifique (CNRS).
Délégué aux Risques naturels majeurs, puis Se¬
crétaire d'Etat auprès du Premier ministre
chargé de la prévention des risques naturels et
technologiques majeurs de 1984 à 1986,' il est
l'auteur d'un grand nombre de publications
scientifiques et d'ouvrages de vulgarisation sur
la volcanologie. On lui doit également plusieurs
lée de lave barre une route de l'île de la
niques après l'éruption du Galunggung en
films documentaires sur le volcanisme, notam¬
Réunion lors de l'éruption de la Fournaise,
1982.
ment Les Rendez-vous du Diable (1959), qui a
le 18 mars 1986.
obtenu un succès mondial.
31
Quaternaire. De grands mammifères, tels les mastodontes (A), les machairodontes,
félidés aux crocs allongés en forme de sabre (B), et les baleines bleues (C) forment au
départ les groupes les plus importants. Au cours du dernier million d'années, les
glaces recouvrent par intermittence la majeure partie de l'hémisphère nord. Certaines
espèces animales migrent; d'autres, comme le rhinocéros laineux (D), s'adaptent au
froid. Aux premiers hommes (E), qui fabriquent des outils de pierre et maîtrisent le feu,
succède l'homme moderne.
Tertiaire. Les mammifères évoluent rapidement, se ramifient en de nombreuses
espèces, dont le Plésiadapis (A), petit lémurien dont sont issus les primates, le
Phénacodus (B) à cinq doigts et le Titanothère (C) qui possède une corne nasale. Les
oiseaux évoluent, donnant entre autres des formes géantes incapables de voler
comme le Diatrima (D). Les poissons, les reptiles et les invertébrés ressemblent déjà à
ceux que nous connaissons aujourd'hui; ainsi, le Requin de sable (E) a fort peu
changé.
Crétacé. Sur terre apparaissent des arbres à fleurs comme le magnolia (A). Dans la
mer, des poissons osseux de type actuel côtoient les oursins (B) et les mollusques
bivalves (C). A la fin de la période, les dinosaures géants, tels le Stégosaure (D) et les
gros ptérodactyles volants (E) disparaissent subitement. De nouveaux petits mammi¬
fères, comme le Phascolothérium (F), marsupial ressemblant à une musaraigne,
commencent à se développer.
0
Jurassique. Les milieux marins sont habités par des brachiopodes et des céphalopo¬
des, les Ammonites (A) et les Belemnites (B), ainsi que par des huîtres fossiles, les
Gryphées (C). On y trouve également des poissons osseux, des requins et deux
groupes de reptiles marins : les ichtyosaures (D) et les plésiosaures. Des dinosaures
géants, comme le Brontosaure (E) se partagent les terres immergées avec de petits
mammifères. L'Archéoptéryx (F), l'ancêtre des oiseaux, s'élance dans les airs.
o
>
Trias. A des reptiles comme le Cynodonte (A), qui annoncent les mammifères,
succèdent de petits animaux, semblables à \'Ornithopode (B), dont sont issus les
dinosaures. Les lycopodes, les équisétinées (prêles) et les fougères géantes dimi¬
nuent au profit des cycadées, des ginkgos et des conifères. Dans l'océan, de
nouveaux invertébrés font leur apparition. Les crinoides et les coraux y pullulent.
Permien. Des reptiles précurseurs des mammifères comme le Dimétrodon (A)
régnent sur la terre ferme. Les grands amphibiens sont peu nombreux. Dans la mer,
les céphalopodes (B), les mollusques bivalves (C) et les poissons osseux primitifs (D)
continuent de prospérer. Les coraux et les oursins se font plus rares, et la plupart des
requins disparaissent. Une forêt de pténdospermes (fougères à graines) recouvre
l'hémisphère austral. Plusieurs formes de vie végétale s'épanouissent dans le Nord.
Carbonifère. Les amphibiens (A) se multiplient et prennent de l'importance; avec le
temps, ils donnent naissance aux reptiles, les premiers vertébrés à vivre en perma¬
nence sur la terre ferme. Les conifères et les fougères (B) évoluent. Les libellules (C)
et d'autres insectes apparaissent. Les requins (D) régnent en maîtres dans les
océans. Dans les eaux peu profondes, les brachiopodes (E), les coraux (F), les
céphalopodes, les éponges et les crinoîdes sort nombreux.
Dévonien. Des poissons cuirassés (A), et des poissons osseux revêtus d'écaillés (B)
s'épanouissent dans les eaux douces. Les poissons spinifères et les requins coloni¬
sent les mers. Brachiopodes (C) et céphalopodes (D) poursuivent leur évolution. Les
trilobites diminuent et les graptolites disparaissent. Sur terre, de simples organismes
végétaux vasculaires (E) donnent les lycopodes, les prêles et les fougères. Les
premiers amphibiens naissent des poissons à écailles.
Silurien. La terre est conquise, d'abord par des colonies de plantes vasculaires sans
graines et plus tard par des arthropodes ressemblant à des scorpions. Dans les eaux
douces abondent les petits poissons et les gros euryptérus, scorpions aquatiques
géants. La mer foisonne d'invertébrés, notamment de trilobites (A), d'échinodermes
ou crinoîdes (B), de coraux (C), d'euryptérus à carapace (D), de brachiopodes (E) et
de graptolites (F).
Ordovicien. Les crustacés se multiplient, surtout les trilobites (A), les brachiopodes
(B), ainsi qu'une sorte de mollusques, les céphalopodes (C), et les gastropodes
marins (D). Les coraux, les mollusques bivalves et des colonies de bryozoaires
apparaissent. Les graptolites (E, F), dont certains ressemblent à des toiles d'arai¬
gnées solidifiées, se répandent. Dans les eaux douces, le premier poisson (dont on
n'a retrouvé que des fragments d'écaillés) entame son évolution.
Cambrien. Au début de cette période, un certain nombre d'organismes vivants se
dotent de coquilles calcaires et se recouvrent de carapaces chitineuses. Ce sont
notamment les trilobites (A, B), les brachiopodes (C, D), les éponges (E) et les
crustacés. Les trilobites, qui tiennent leur nom de leur tégument dorsal divisé en trois
lobes, se transforment en un groupe important et diversifié d'organismes qui se
déplacent en rampant ou à la nage et dominent la mer pendant les 100 millions
d'années suivants.
Précambrien. Au cours de cette période, qui remonte à l'aube des temps géologi¬
ques, des organismes complexes se forment à partir de simples substances chimi¬
ques inorganiques. Les bactéries (A, B) et les algues (C, D) apparaissent très tôt. A la
fin de cette période, se développent des invertébrés marins et d'eau douce comme les
annélides (E, F), les méduses et les éponges.
32
La vie qui vient de l'espace
par Chandra Wickramasinghe
Nous avons présenté dans diverses publi¬
cations des arguments prouvant que la vie
Le professeur Wickramasinghe et Sir Fred Hoyle étudient
depuis 1962 la nature des poussières interstellaires et ils sont
sur la Terre a pour origine les comètes et
que le processus de l'évolution est lié au
persuadés que les nuages de gaz et de poussière de l'espace
sont à l'origine de la vie sur la Terre. S'opposant radicale¬
ment à Darwin, ils pensent donc que le principe de la vie
sions des comètes dans le système solaire se
procède et continue de procéder d'une source extra-terrestre
produisent par intermittence, les bombar¬
(voir le Courrier de l'Unesco de mai 1982). Bien que leurs
thèses soient violemment contestées par d'autres chercheurs,
dements de débris cométaires ne peuvent
être uniformes et réguliers dans le temps, et
leurs répercussions sur le processus de
bombardement incessant de matières en
provenance des comètes. Comme les incur¬
les premiers résultats des récentes observations de la comète
l'évolution se traduisent également de ma¬
nière sporadique, comme le montre l'étude
de Halley semblent aller à l'appui au moins de certains
aspects de leur théorie.
des fossiles où s'inscrit l'histoire de la vie sur
la Terre.
L'exemple le plus spectaculaire est peutLES comètes sont indissociablement
Halley représente une masse de quelque
être la disparition des dinosaures voici 65
liées à l'histoire de la Terre. Dès que
notre planète a commencé à prendre
forme, voici quelque 4,6 milliards d'années,
cent milliards de tonnes : si elle entrait en
millions d'années.
collision avec notre planète, les consé¬
quences pour celle-ci seraient catastrophi¬
ques. Fort heureusement, de telles colli¬
sions sont extrêmement rares. Elles se pro¬
pensent aujourd'hui que cet événement a
pu être causé par l'explosion d'une comète
qui aurait enveloppé la Terre d'un brouil¬
lard de fines particules. Celles-ci auraient
obscurci le ciel pendant plusieurs décen¬
nies, entraînant le dépérissement du planc¬
ton et des plantes, et la disparition des
elle est entrée en collision avec des comètes
ou des débris de comètes sous forme de
fines particules de poussière. Il est désor¬
mais évident que les matières volatiles de
ces comètes, y compris la vapeur d'eau, ont
largement contribué à la formation des
océans et de l'atmosphère primitive de la
Terre.
Or, ces collisions, ces bombardements de
débris cométaires n'ont pas pris fin brus¬
quement à une époque lointaine des temps
géologiques. Pas plus tard qu'en 1908, une
comète ou un morceau de comète a pénétré
l'atmosphère terrestre au-dessus de la val¬
lée de la Toungouska en Sibérie, explosant
à 8,5 km de hauteur et dévastant sur des
duisent environ tous les 300 millions d'an¬
nées, ce qui correspond à peu près aux
intervalles séparant les poussées successives
de la vie sur la Terre. Les risques de colli¬
sion avec des comètes plus petites sont plus
importants car leur nombre est plus élevé.
Tous les spécialistes sont plus ou moins
d'accord sur ce point. Bien moins populaire
est la théorie défendue par l'astronome Sir
Fred Hoyle et moi-même, qui fait des
comètes la source de molécules organiques
qui ont contribué à l'apparition de la vie sur
la Terre. Nous allons même jusqu'à avancer
que la Terre continue à subir des bombarde¬
centaines de kilomètres carrés le couvert
ments
forestier de la taïga.
Notre système solaire est enveloppé d'un
véritable brouillard de plusieurs milliards
comme les bactéries ou les virus.
de comètes situées à environ un dixième
particules de poussières organiques, y
compris de polymères organiques (grandes
chaînes de molécules organiques à base de
carbone). Ces particules qui peuplent les
nuages de gaz interstellaires expliquent les
d'année-lumière (rappelons que l'annéelumière est la distance parcourue par la
lumière en un an, soit environ dix mille
milliards de kilomètres). Le passage des
étoiles infléchit la trajectoire des comètes
de ce halo; certaines sont ainsi détournées
de leur orbite et pénètrent à l'intérieur du
système solaire au rythme d'environ une ou
deux par an. La situation orbitale de notre
planète à l'intérieur de ce système fait qu'il
est inévitable que la matière de ces corps
célestes nous parvienne en grande quantité.
Emprisonnées dans la partie supérieure de
notre atmosphère, ces substances viennent
grossir les réserves de matières terrestres
volatiles. Le rythme de ces bombardements
cométaires connaît des variations sensibles
à l'échelle des temps géologiques. Beau¬
coup de spécialistes estiment aujourd'hui
que leur intensification pourrait provoquer
de nouvelles glaciations planétaires comme
celles dont la Terre a conservé les traces.
Une comète typique comme l'est celle de
de
micro-organismes
cométaires
Depuis 1975, nous accumulons les
preuves de l'existence dans le cosmos de
taches et stries noires qu'on peut distinguer
dans le halo lumineux de la Voie lactée. En
1981 , la convergence de nos expériences, de
nos calculs et de nos observations nous a
mastodontes
dont
De nombreux savants
elles
constituaient
la
nourriture.
Sir Fred Hoyle et moi-même sommes
persuadés qu'une explication aussi mécaniste est peu vraisemblable, car l'extinction
des dinosaures s'est accompagnée de celle
de tout un ensemble de plantes, d'animaux
et de micro-organismes en même temps
qu'apparaissaient plusieurs ordres biologi¬
ques nouveaux. Nous préférons expliquer
ce bouleversement biologique intervenu
voici j55 millions d'années par un véritable
orage génétique dû à un bombardement
cométaire d'une exceptionnelle densité.
Les premières traces de molécules orga¬
niques dans les comètes (acide cyanhydrique HCN et acétonitril CH3CN) ont été
relevées en 1973-1974 à partir d'observa¬
tions de la comète Kohoutek. Mais en mars
dernier, nous avons enfin pu vérifier de
beaucoup plus près nos théories lorsque la
sonde européenne Giotto s'est approchée
de quelques centaines de kilomètres seule¬
ment du noyau de la comète de Halley dans
amenés à conclure au caractère non seule¬
le cadre de l'Observation internationale de
ment organique mais indubitablement bio¬
logique* de ces particules cosmiques.
la comète de Halley (voir le Courrier de
l'Unesco de mars 1986).
Entre autres équipements d'observation,
la sonde Giotto était équipée d'une caméra
*On emploie couramment l'adjectif « organique » pour
vidéo destinée à envoyer des images en
parler de la matière vivante, dans la mesure où une
couleur du noyau de la comèfe. Au début
plante, un arbre ou un être humain sont des « orga¬
nismes vivants »; les chimistes préfèrent utiliser ce
terme dans un sens plus restreint pour qualifier l'en¬
semble des composés comportant une combinaison de
carbone et d'hydrogène. Car si tous les êtres vivants
contiennent du carbone et de l'hydrogène et sont donc
composés de matière organique, tous les corps qui
contiennent du carbone et de l'hydrogène ne sont pas
pour autant de la matière vivante. « Biologique » signi¬
du mois de mars, la sonde spatiale soviéti¬
que Vega 2 avait accompli avec succès une
mission similaire. Les images prises par Ve¬
ga 2 à quelques milliers de kilomètres du
noyau semblaient indiquer que celui-ci
comportait au moins deux parties. L'expé¬
rience de Giotto aurait pu régler définitive¬
ment cette question si un malencontreux
fie « concernant la vie ou les êtres vivants ».
33
Lé 30 juin 1908 au matin, une énorme ex¬
plosion aérienne, d'une puissance équiva¬
lant à celle de 10 à 15 mégatonnes de TNT,
ravagea quelque 2 000 kilomètres carrés
d'une forêt de conifères (ci-contre) près de
la Toungounska, une rivière qui coule
dans le centre de la Sibérie. On attribue
généralement cette explosion à la collision
d'une comète, ou d'un fragment de
comète, avec la Terre. Ce corps céleste se
serait désintégré au contact de notre at¬
mosphère, créant ainsi une boule de feu et
une puissante onde de déflagration, mais
aucun cratère d'impact.
(Nouvelles Galles du Sud), à une observa¬
tion approfondie de la comète dans la ré¬
gion infrarouge du spectre, qui leur a per¬
mis de capter des signaux remarquablement
intenses émis par des poussières organiques
chauffées au-delà de la gamme d'ondes de 2
à 4 microns.
Les structures de base des
molécules organiques comportant des liens
entre atomes de carbone et d'hydrogène
(radical CH) absorbent et émettent des ra¬
diations sur les longueurs d'ondes proches
de 3,4 microns; toutes les macromolécules
organiques (les bactéries, par exemple) se
caractérisent par une gamme d'absorption
très large et qui présente un profil haute¬
ment spécifique. Il est frappant de constater
que le profil des émissions de la comète de
Halley correspnd précisément à celui de
bactéries desséchées observées en labora¬
toire.
Il est encore trop tôt pour rendre pleine¬
ment compte des' observations récentes de
la comète de Halley, mais d'ores et déjà,
certaines conclusions remarquables s'impo¬
^ problème de communication n'avait surgi
quelques secondes avant que la sonde s'ap¬
proche au plus près de la comète. Il a donc
fallu se contenter d'images du noyau recou- .
vert d'un épais nuage de poussière de forme
oblongue.
Que nous enseignent les premières ana¬
lyses de données obtenues par les satellites
d'observation de la comète de Halley ?
Si notre hypothèse sur la nature organi¬
que des comètes est fondée, la surface de
leur noyau devrait théoriquement se pré¬
senter sous la forme d'une enveloppe très
poreuse de particules polymériques for¬
mant comme les mailles d'un filet. L'évaporation massive des matières du noyau ne
peut se produire que là où cette couche
superficielle est érodée ou fracturée. La
surface des noyaux de comètes devrait donc
être extraordinairement sombre et absor¬
bante, comme nous l'avions prédit quelques
semaines seulement avant l'achèvement de
la mission de Giotto.
Or, sur les images transmises par Giotto
où l'on discerne le noyau à travers les
« éclaircies » du nuage de poussière, sa sur¬
face est apparue étonnamment sombre
les observateurs ont parlé d'un « noir plus
dense que celui du charbon le plus noir »; il
s'agissait donc là d'une confirmation écla¬
tante de notre théorie organique.
De nouvelles confirmations allaient sui¬
vre. L'analyseur d'impact de particules de
Giotto était équipé de façon à pouvoir dé¬
terminer la composition chimique des parti¬
cules de poussière émises par la comète en
mesurant la répartition des masses d'ato¬
mes. J. Kissel, principal responsable de
l'expérience, a signalé le 17 mars qu'après
34
dépouillement de 1 % des données, cette
poussière paraissait composée des éléments
suivants : carbone, oxygène, azote et hy¬
drogène avec de faibles traces d'autres élé¬
ments chimiques. Dès lors, on a le choix
entre deux explications logiques. Ou bien
ces atomes se présentent sous la forme d'un
brouillard glacé de particules d'eau,
d'oxyde de carbone et d'ammoniac asso¬
ciées à des hydrocarbures simples comme le
méthane, ou bien il s'agit de polymères
organiques très stables. Comme on sait par
ailleurs que la température de ces particules
est de 125 °C, et se situe donc bien au-
dessus du point d'ébullition des glaces et
hydrocarbures simples, il s'ensuit que les
particules du halo des comètes ne peuvent
être constituées que de macromolécules or¬
ganiques.
Les expériences de Vega 2 et de Giotto
ont permis de constater que des atomes
d'hydrogène, des radicaux hydroxyles et
des molécules d'eau étaient projetés en
quantité abondante par la comète. Toute¬
fois, les proportions de ces substances n'é¬
taient nullement incompatibles avec la
composition de la matière vivante (qui
contient 60 % d'eau). Je tiens à rappeler
que l'on n'a trouvé aucune trace du halo de
particules glacées qui devrait entourer le
noyau des comètes, selon la fameuse théo¬
rie dont la paternité revient à l'astronome
américain Fred Whipple, qui les assimile à
des « boules de neige sale ».
Une quinzaine de jours seulement après
le rendez-vous de Giotto et de Halley, les
astronomes D. T. Wickramasinghe et D. A.
Allen ont procédé, à l'aide du télescope
anglo-australien géant de Siding Springs
sent. Il est manifeste que la comète n'est pas
la « boule de neige sale » composée de
matière inerte qu'imaginaient la plupart des
astronomes, mais un conglomérat de ma¬
tières organiques. L'énorme masse de ma¬
tière organique du noyau (environ 8 km de
long sur 4 km de large) contient une grande
quantité de molécules d'eau et divers élé¬
ments à l'état de traces. Qu'on le veuille ou
non, ce conglomérat organique se compose
pour l'essentiel de particules dont les capa¬
cités d'absorption, la dimension et la den¬
sité sont identiques à celles du modèle théo¬
rique des bactéries.
Même en les interprétant avec la plus
extrême prudence, ces dernières décou¬
vertes semblent prouver que les comètes
peuvent fort bien avoir fourni la matière
première, les modules organiques à partir
desquels la vie est apparue sur la Terre.
Quant à moi, je crois plus réaliste d'y voir la
preuve indubitable que la vie sur la Terre
est bien apparue sous forme de bactéries et
de virus libérés par l'explosion des comètes.
NALIN
CHANDRA
WICKRAMASINGHE
est
professeur de mathématiques appliquées et
d'astronomie au University College de Cardiff
(Pays de Galles) et directeur de l'Institut des
Etudes fondamentales à Sri Lanka. En 1962,
alors qu'il était à l'université de Cambridge, le
professeur Wickramasinghe, originaire de Sri
Lanka, a reçu le prix Powell (prix britannique de
poésie). Son point de vue sur les origines spa¬
tiales de la vie terrestre est largement développé
dans deux ouvrages récents, Space Travellers :
the bringers of life (Les voyageurs de l'espace ou
les porteurs de vie) et Evolution from Space
(L'évolution vient de l'espace), qu'il a écrits en
collaboration avec Sir Fred Hoyle.
La main de F homme
par Stephen Boyden et Malcolm Hadley
L9j ESPECE humaine est apparue
S sur la planète tardivement. Or,
depuis le peu de temps qu'il est
sur la Terre, l'homme a profondément mo¬
delé l'ensemble des éléments qui s'imbri¬
quent pour constituer son environnement
l'air, l'eau, les sols, les autres organismes
vivants
et ce au tout dernier moment des
temps géologiques.
Au risque de simplifier, on peut distin¬
guer dans l'histoire des rapports de
l'homme avec son milieu
tant en ce qui
concerne les effets de la société sur l'envi¬
ronnement naturel que les conditions de vie
des hommes
quatre phases, qui se che¬
vauchent, mais n'en sont pas moins bien
distinctes : la phase primitive, la proto¬
agriculture, les débuts du phénomène
urbain et, enfin, les temps industriels
modernes.
Durant la phase primitive
appelée
aussi l'époque de la pré-domestication ou
encore le stade de la chasse et de la cueil¬
lette
Ce fut là un événement lourd de sens, qui
eut des répercussions écologiques tout à fait
importantes. Les incendies des forêts et des
étendues herbeuses se multiplièrent et
changèrent le couvert végétal de certaines
régions du monde. Tout à coup, les sociétés
humaines se mirent à consommer bien plus
d'énergie qu'autrefois, car, à l'énergie « somatique » (celle qui circule dans le corps et
sert au métabolisme, à l'effort physique, à
la croissance) s'ajoutait l'énergie « extrasomatique » (celle, par exemple, qui pro¬
vient des combustibles, qui ne circule pas
dans un organisme vivant).
Le feu a donc signifié un changement
qualitatif dans les rapports de l'espèce hu¬
maine avec son milieu. Les conséquences
exemples du pouvoir qu'a l'homme d'agir
sur son environnement. L'homme était dé¬
sormais une véritable force écologique, et
les groupes humains ne s'inscrivaient plus
dans leur écosystème local de la même ma¬
nière que les autres animaux.
Outre le feu, c'est sans doute la propaga¬
tion de l'espèce humaine qui est l'effet éco¬
logique le plus marquant au cours de cette
phase dite primitive. Il semble que l'homme
ait habité la grande savane africaine jusqu'il
y a environ un million d'années, époque à
iaquelle il se serait aventuré dans de mul¬
tiples milieux : la steppe aride, les grandes
prairies situées en altitude (en Ethiopie),
les prairies forestières. Après ces premières
incursions, il est allé plus loin encore dans sa
écologiques se bornaient alors à l'effet des¬
découverte de cadres de vie climatiques et
tructeur du feu; sans contrecoups graves, le
système absorbait facilement les produits
chimiques issus de la combustion du bois
continents.
(notamment le gaz carbonique). Toutefois,
l'usage du feu offre l'un des premiers
écologiques fort variés, et ce dans tous les
La proto-histoire, dans certaines régions
du monde, date d'il y a environ 12 000 ans.
Avec la domestication des animaux et des ^
, les groupes humains se différen¬
ciaient sans doute fort peu des autres mam¬
mifères omnivores quant à l'ampleur et à la
nature de leur interaction avec l'écosystème
dont ils faisaient partie. En pratiquant la
chasse et la cueillette, ils s'inscrivaient tout
naturellement dans le cycle alimentaire et
puisaient leur énergie, sous une forme chi¬
mique, dans une nourriture d'origine ani¬
male ou végétale. A leur tour, ils entraient
dans l'alimentation d'autres prédateurs et
leurs restes retournaient à la terre par le
moyen de la décomposition. La quantité
d'énergie dépensée par les premiers hominidés devait être à peu près égale à la valeur
énergétique des aliments consommés. Au¬
trement dit, la manière dont nos ancêtres
s'inséraient
dans
leur
milieu
ressemblait
fort à celle des autres espèces animales dans
le leur.
Puis, sans doute il y a quelque 500 000
ans, dans les terres volcaniques des grands
fossés d'effondrement de l'Afrique orienta¬
le, l'homme, pour la première fois, a utilisé
le feu, sciemment, systématiquement, tant
pour se protéger que pour se procurer et
faire cuire ses aliments. Par le moyen du
feu, on faisait sortir le gibier des sous-bois
pour l'attirer dans l'herbe rase qui poussait
sur les terres défrichées par le feu.
Cette peinture rupestre datant d'environ
2000 avant J.-C. se trouve dans la région
de Rusape, au Zimbabwe, et représente
des scènes de la vie des chasseurs de la
fin de l'âge de la pierre. Au 19e siècle, les
Bochimans s'adonnaient encore à ce type
de peinture, mais les exemples quien sub¬
sistent aujourd'hui furent sans doute
l'ouvre de groupes bantous du sud.
35
Cette gravure du peintre suisse Aloys Fellmann (1855-1892) montre des hommes au
travail dans une usine caractéristique du
19e siècle, époque où la révolution indus¬
trielle prit son essor en Europe.
teurs qui vivent et travaillent au-delà des
limites de la ville.
La gamme des aliments consommés se
rétrécit alors, car de nombreuses popula¬
tions urbaines se nourrisssent d'un aliment
de base unique: riz, maïs, céréale quelcon¬
que, pommes de terre, la fréquence des
maladies de carence augmente dans de
nombreuses parties du monde : rachitisme,'
scorbut, béri-béri, pellagre. Toujours me¬
naçante, la famine frappe à coups répétés;
lorsque leur nourriture de base faisait dé¬
faut, les citadins, en effet, n'avaient guère
d'autres
ressources
alimentaires
à
leur
disposition.
Cette densité plus forte allait grandement
modifier les rapports entre les populations
et les organismes parasitaires ou autres
agents pathogènes. Les épidémies devin¬
^ plantes, pour la première fois dans l'histoire
de la Terre, un être vivant réussissait, de
population humaine, à l'essor géographi¬
que des techniques et à la nouvelle réparti¬
rent une des réalités quasi permanentes de
la vie sociale: typhus, choléra, fièvre ty¬
façon-délibérée, à manipuler les processus
tion de certaines espèces animales et végé¬
phoïde, peste, variole, paludisme, dysente¬
biologiques à ses propres fins.
tales.
rie infantile, toutes ces maladies infectieu¬
A mesure que progressaient la domesti¬
cation et les techniques agricoles, cette ac¬
tion s'est fait de plus en plus sentir. Sous la
main de l'homme, la face du globe commen¬
Les groupes humains étaient désormais
ses, et bien d'autres, étaient redoutées et
moins nomades qu'à l'époque primitive,
constituaient l'un des principaux facteurs de
mortalité.
çait à se transformer : dans l'hémisphère
encore que la durée de leur séjour en un lieu
dépendît du type d'agriculture qu'ils prati¬
quaient. Ce nouveau mode de vie devait
nord, de vastes forêts disparurent pour être
avoir d'importantes répercussions sur la na¬
parition du travail spécialisé. Certes, il exis¬
remplacées par des terres arables ou par
ture des liens entre les populations et les
microbes, parasites et autres agents patho¬
tait une certaine division des tâches dans les
une végétation moins luxuriante et un mi¬
lieu moins dense. Dans certains endroits,
les cultures ont provoqué un phénomène
massif d'érosion. Dans les Fidji orientales,
gènes. Par exemple, dans certaines régions,
paludisme et bilharziose sont devenus les
L'un des faits bio-sociaux les plus mar¬
quants des débuts de l'urbanisation fut l'ap¬
sociétés proto-agricoles et même dans les
sociétés qui pratiquaient la chasse et la
cueillette, mais, en dehors de la division
principaux facteurs de maladie et de morta¬
sexuelle du travail, la plupart des membres
par exemple, où l'homme est arrivé il y a
lité, entravant la diminution de la mortalité
du groupe étaient polyvalents, bons à tout
3 000 ans, une couche de terre épaisse d'au
due à la meilleure protection qu'offraient
faire. Avec l'urbanisation naissante, la spé¬
moins 50 cm a disparu au cours d'une pé¬
riode de cent à cent cinquante ans, et ce il y
les nouvelles conditions de vie.
cialisation devient la règle.
Malgré toutes les transformations impu¬
tables à l'agriculture, cette période partage
avec l'époque primitive deux traits écologi¬
ques qui sont absents des sociétés moder¬
nes. D'abord, le taux d'utilisation d'énergie
extra-somatique (essentiellement le feu)
suivait celui de la progression démographi¬
que. Ensuite, l'activité n'intervenait pas de
façon sensible dans le cycle biogéochimique
L'importance écologique de ce phéno¬
mène vient en partie de ce que, pour la
des hiérarchies. Alors qu'elle était autrefois
relativement spontanée, passagère et fonc¬
naturel de la biosphère, notamment dans
tion du travail ponctuel à faire, la structure
les cycles du carbone, de l'azote et du phos¬
hiérarchique de la société est devenue plus
rigide, plus poussée et plus stable. Elle en
vint à être déterminée par la naissance et
a entre 1 900 et 1 750 ans environ.
Certaines pratiques agricoles ont eu des
conséquences importantes : l'introduction
de la monoculture, par exemple, dont cer¬
taines populations sont devenues entière¬
ment
tributaires
pour
leur
subsistance.
Cette évolution avait certes des avantages
pratiques, mais faisait aussi courir des ris¬
ques graves, car si la seule céréale cultivée
venait à manquer, la famine était inevita¬
ble.
phore.
Autre conséquence de la manipulation
délibérée , des processus biotiques par
l'homme : l'élevage et la culture sélectifs
Les débuts du phénomène urbain remon¬
première fois dans l'histoire de l'humanité,
les divers groupes qui composent une so¬
ciété connurent des conditions de vie fort
différentes. La division du travail a renforcé
la tendance des sociétés humaines à créer
tent à 500 000 ans environ, avec la création
non plus par un consentement fondé sur les
capacités ou la personnalité.
pratiqués pour améliorer la production ali¬
des premières cités en Mésopotamie et, peu
de temps après, en Chine et en Inde. Ces
mentaire ont donné naissance à des modes
premières villes
de vie qui ne seraient 'jamais apparues sans
phase écologique qu'a connue l'humanité,
cela.
marquée par une série de changements fon¬
damentaux qui touchèrent l'organisation de
annoncent
la troisième
L'urbanisation a créé de nouvelles no¬
tout au long de cette deuxième phase écolo¬
la société et les modes d'existence de ses
gique. Et cet élément a joué un rôle fonda¬
membres. Parmi ces changements, quel¬
tions en matière de propriété. A l'époque
primitive, l'individu n'était« propriétaire »
que des seuls objets qu'il fabriquait luimême et qu'il pouvait transporter lors de
ses déplacements d'un campement à un au¬
tre. Au stade de la proto-agriculture, ani¬
mental dans la fabrication d'outils en métal.
ques-uns ont persisté' et se retrouvent dans
nos villes modernes.
vinrent eux aussi objets de propriété, mais il
L'usage du feu s'est bien sûr maintenu
En effet, avec des inventions comme le
moulin à eau, le moulin à vent, le navire de
maux, cultures et réserves de céréales de¬
Le plus évident n'est autre que le très fort
accroissement du nombre de personnes re¬
s'agissait plutôt, du moins au début, de
haute mer, on pouvait utiliser l'énergie
extra-somatique
divers
groupées en un lieu, et le fait que la majo¬
les, la propriété individuelle et familiale
types de travail. Par rapport à ce qui allait se
passer ensuite, l'effet de ces machines res¬
rité des citadins ne se consacrent plus à des
acquit une importance qu'elle a gardée dans
de nombreuses régions du monde.
pour
accomplir
tait néanmoins minime, se bornant au rôle
joué par les navires dans les migrations de la
36
activités de subsistance : culture, pêche,
chasse. Les populations urbaines vivent en
effet des excédents produits par les agricul-
propriété collective. Dans les premières vil¬
Tout comme lors des phases précédentes,
les cycles biogéochimiques naturels res-
Echangeur d'autoroute
à
Villefranche,
près de Lyon (France), un type d'ouvrage
propre à la société industrielle moderne,
grande consommatrice d'énergie.
taient inchangés et le taux de consomma¬
tion d'énergie continuait de suivre l'évolu¬
tion démographique. Malgré quelques va¬
riations de brève durée, la biosphère et la
plupart des écosystèmes dans lesquels vi¬
vaient les hommes, se trouvait en état d'é¬
quilibre dynamique. L'existence de villes ne
signifiait nullement la fin des sociétés agri¬
coles pratiquant une économie de subsis¬
tance. D'ailleurs, il existe encore de ces
sociétés dans certaines parties du monde.
Pendant très longtemps, rares furent les
villes qui comptaient plus de 100 000 habi¬
tants. Avec sa population d'un million d'ha¬
bitants, Rome, à l'époque de Jésus-Christ,
faisait figure d'exception. Cependant, si les
villes n'ont, jusqu'à une date récente, re¬
présenté qu'une part infime de la popula¬
tion totale, elles ont eu des effets écologi¬
ques disproportionnés au nombre de leurs
la consommation d'énergie par habitant est
l'an 2050 se vérifient, l'humanité consom¬
habitants. C'est avec la révolution dite in¬
actuellement trente fois supérieure à celle
mera alors autant d'énergie que toutes les
dustrielle que sont nés les temps modernes,
d'avant la transition industrielle.
autres espèces "animales et végétales réu¬
l'ère de la technique. Cette transition indus¬
Contrairement, donc, à ce qui se passait
aux époques antérieures, le taux d'accrois¬
sement de la consommation d'énergie ne
correspond plus actuellement à la crois¬
nies. Inutile d'être un spécialiste pour
comprendre que ce type de croissance et la
progression concomitante de l'épuisement
des ressources et de la création de déchets,
encore dans de nombreuses régions. Elle ne
sance démographique et le taux d'énergie
ne peut se poursuivre indéfiniment.
date que de sept ou huit générations, mais
ses répercussions sur la planète et son fonc¬
extra-somatique progresse régulièrement.
La consommation d'énergie, en effet,
tionnement
augmente environ deux fois plus vite que ne
le fait la population.
Pendant combien de temps encore la
biosphère pourra-t-elle supporter la charge
que lui imposent les sociétés humaines ?
trielle, comme nous préférons l'appeler, a
commencé en Europe et en Amérique du
Nord voici 150 ou 200 ans et se poursuit
sont
sans
commune
mesure
avec cette durée. Par rapport aux phases
précédentes de la présence humaine sur
Les réponses à cette question diffèrent.
D'aucuns estiment que l'humanité est inca¬
prouve de façon frappante la situation ac¬
Dans de nombreuses régions, les cycles
biogéochimiques ne sont plus intacts. La
perturbation des cycles du carbone et du
tuelle de la démographie, de l'énergie ou
phosphore
de
tion. Dans cette hypothèse, l'effondrement
des cycles biogéochimiques.
Avec la proto-agriculture et les débuts de
l'urbanisation, les populations ont pu se
prémunir contre certaines des causes de
graves problèmes dans l'avenir. Quant au
sera total et signifiera l'extinction de l'es¬
cycle de l'azote, d'énormes quantités de
déchets azotés qui retournaient autrefois au
pensent que l'homme, fort de son ingéniosi¬
mortalité » propres à l'époque primitive,
ment la malnutrition et la peste. Les temps
et les océans, et l'industrie en rejette dans
l'atmosphère.
Un changement qualitatif est intervenu :
modernes se caractérisent par une meil¬
la synthèse, souvent en très importantes
leure connaissance des besoins nutrition-
quantités,
nels de l'espèce et par de nouvelles prati¬
composés chimiques dont un grand nombre
ont un effet très puissant sur les systèmes
terre, elle tranche tout à fait, comme le
mais elles en ont rencontré d'autres, notam¬
ques en matière de santé publique et de
médecine, comme l'illustre la révolution
pharmaceutique. D'où l'immense change¬
ment qui s'est produit dans la dynamique
démographique. En effet, la population
pourrait
fort
bien
créer
sol sont désormais déversés dans les fleuves
de
milliers
de
pable de maîtriser le processus accéléré qui
menace la biosphère et, partant, la civilisa¬
pèce humaine. D'autres, plus optimistes,
té, réussira à trouver un nouvel équilibre
avant qu'il ne soit trop tard.
nouveaux
biotiques. Ces substances chimiques
synthétiques s'infiltrent dans les océans, les
sols, l'atmosphère, mais aussi dans les orga¬
nismes vivants.
mondiale double actuellement tous les 35 à
La phase actuelle que vit l'humanité se
40 ans, alors qu'à l'époque de la proto-
caractérise en outre par sa complexité et sa
agriculture ou des débuts de l'urbanisation,
nature imprévisible. La technique moderne
ce doublement prenait 1 500 ans.
Un autre trait des temps modernes, qui
et l'interdépendance des pays compliquent
singulièrement les problèmes d'utilisation
STEPHEN BOYDEN, d'Australie, est un spécia¬
en détermine d'ailleurs d'autres, est l'intro¬
et de gestion des terres et des autres res¬
l'environnement à l'Université nationale austra¬
duction massive de machines et de techni¬
sources, phénomène déjà sensible en l'es¬
pace d'une génération. Aujourd'hui, par
lienne (Canberra) et le responsable de l'étude de
recherche intégrée sur l'écologie de Hong Kong
entreprise dans le cadre du Programme de
l'Unesco, L'homme et la biosphère (MAB). Le
ques de fabrication utilisant pour leur fonc¬
tionnement de l'énergie extra-somatique.
Celle-ci provient essentiellement des
exemple, on peut défricher des forêts en¬
tières en un temps très court avec des ma¬
liste du Centre d'études des ressources et de
thème de cet article est traité d'une manière
combustibles fossiles : le charbon, dans un
chines. Grâce aux techniques modernes de
premier temps, puis, de façon croissante, le
pétrole et le gaz naturel. Dans certaines
régions, l'hydro-électricité représente une
part importante des ressources énergéti¬
ques et l'énergie d'origine nucléaire est en
rapide progression. Dans les pays forte¬
communication, une décision prise dans un
centre financier d'une zone tempérée peut
entraîner, dans la semaine, l'abattage d'une
forêt tropicale située à dix mille kilomètres
de là et qui avait mis un siècle à pousser.
Si certaines prévisions sur l'accroisse¬
MALCOLM HADLEY appartient à la Division
des sciences écologiques de ¡'Unesco. Zoolo¬
gue, il est responsable de la coordination des
activités dans les régions tropicales humides du
monde dans le cadre du Programme MAB
ment industrialisés comme les Etats-Unis,
ment de la consommation d'énergie d'ici à
(L'homme et la biosphère).
approfondie dans un livre qui doit paraître cette
année.
37
1986 : Année de la Paix / 7
fê>\
Plus de 400 représentants de 115 organi¬
sations
internationales
non
gouverne¬
mentales et 71 organisations nationales
satisfaction des besoins de base de l'huma¬
nité tels que l'alimentation, le logement, la
santé, l'éducation, le travail et l'environne¬
\ J
de 36 pays ont participé à la Conférence
« Ensemble pour la Paix » qui s'est tenue à
ment. Tout en nous félicitant de récentes ac¬
Genève du 20 au 24 janvier 1 986 pour mar¬
quer l'Année internationale de la Paix.
Réunie sous les auspices du Bureau de la
l'humanité et la préparation des sociétés à
vivre dans la paix. L'appel qui suit a été
pas un monde d'où la guerre serait simple¬
ment absente, où les êtres humains pour¬
raient tout juste survivre, mais un monde où la
justice prévaudrait et où la dignité humaine
serait respectée.
Nous répétons que la course aux arme¬
ments constitue le plus grand danger pour la
paix et la survie. Notre appel revêt à cet égard
un caractère d'urgence particulier...
Alors que nous nous engageons à travailler
ensemble pour le désarmement, nous vous
appelons tous à apporter votre concours et
adopté à la conclusion de ses travaux par
votre soutien aux efforts visant à l'arrêt immé¬
acclamation.
diat des
Conférence des Organisations non gou¬
vernementales dotées du statut consulta¬
tif auprès du Conseil économique et social
des Nations Unies, la Conférence s'est
penchée sur des questions comme le dé¬
sarmement, le développement, le progrès
social, la justice, les droits de l'homme, la
satisfaction
des
besoins
essentiels
de
essais
conclusion
Nous lançons un appel à tous les hommes
de la terre en leur demandant de s'unir dans
une recherche commune de la paix.
A quinze ans seulement de la fin du ving¬
tième siècle, nous sommes persuadés que
tous les êtres humains ont le devoir et l'obliga¬
tion d'unir leurs forces en uñ effort concerté
pour que le vingt et unième siècle s'ouvre sur
un monde de paix. Nous sommes convaincus
que cela est possible et que les tendances
dangereuses que l'on observe actuellement
dans les affaires mondiales peuvent être arrê¬
tées et inversées. Nous percevons des signes
d'espoir dans le nouvel esprit de dialogue et
d'ouverture qui règne parmi les chefs d'Etat et
dans la détermination des hommes à réaliser
la paix.
Nous n'avons pas besoin de rappeler tout
ce qui menace la paix. La course vers une
catastrophe nucléaire se poursuit. Comme si
la terre et les océans ne pouvaient plus sup¬
porter le poids des armes, on explore l'espace
pour les y déposer. Des centaines de per¬
sonnes sont tuées chaque jour par des armes
non nucléaires. La faim fait quotidiennement
d'un
d'armes
traité
nucléaires,
sur
à
la
l'interdiction
complète de ces essais, à la prévention de la
course aux armements dans l'espace extra¬
atmosphérique, à l'élimination des armes chi¬
miques et de toutes les autres armes de des¬
truction massive et à la réduction substantielle
des arsenaux classiques. Nous estimons qu'il
est possible d'ici à la fin de ce siècle de mettre
en application un programme systématique et
fiable d'élimination des armes nucléaires.
,' Nous pensons que la paix est indissociablement liée au développement et au progrès
social et que sa base est la justice. Les priva¬
tions et les inégalités sont des menaces pour
la paix. Nous demandons donc qu'une initia¬
tive de développement stratégique soit prise
pour instaurer un nouvel ordre économique
international qui assure des relations écono¬
miques équitables entre et dans les nations.
Nous demandons en outre le respect sincère
du droit des hommes à décider de leur propre
destin, ainsi que de leurs droits à l'autodéter¬
mination et à un développement interdépen¬
dant, à la non-ingérence dans leurs affaires
intérieures et à des conditions de sécurité et
tions conjointes à travers les continents visant
à répondre aux besoins alimentaires urgents,
nous demandons que des efforts plus systé¬
matiques et plus concertés soient entrepris
pour prévenir les morts dues à la famine et
pour que des politiques à long terme soient
adoptées sur le plan national et international
afin de nourrir tout le monde.
Nous demandons des actions conjuguées
pour favoriser une réduction sensible des dé¬
penses militaires afin de corriger le déséqui¬
libre actuel dans l'utilisation des ressources.
Nous sommes d'accord pour dire que chaque
canon fabriqué, chaque navire de guerre lan¬
cé, chaque fusée tirée est en fin de compte un
vol envers ceux qui ont faim et ne sont pas
nourris, envers ceux qui ont froid et ne sont
pas vêtus.
Conscients de l'importance de la prépara¬
tion des sociétés à vivre dans la paix, nous
préconisons une nouvelle orientation de
l'éducation, des sciences, de la culture, de la
religion et des médias dans un sens qui soit
propice à l'établissement de la paix.
Les ressources disponibles dans ces do¬
maines peuvent être utilisées de manière plus
constructive pour la paix. Nous appelons de
nos v la promotion des contacts entre les
personnes à travers les frontières nationales
et des démarche novatrices propres à engen¬
drer la confiance.
Les nations doivent chercher la paix en¬
semble. Nous ne pouvons créer un avenir
commun que si nous maîtrisons la crise
commune à laquelle nous sommes
confrontés et si nous construisons la paix sur
la base du concept de sécurité commune.
Nous appelons à une participation accrue à la
coopération internationale dont l'instrument
universel est -l'Organisation des Nations
Unies. Nous nous engageons à continuer de
soutenir cette Organisation et ses institu¬
tions...
des milliers de victimes. Des millions d'êtres
de progrès social.
Nous soulignons que la jouissance des
sont privés de ce qui devrait satisfaire leurs
droits et des libertés de l'homme est un élé¬
cultés sont immenses, mais nous sommes
besoins essentiels et leurs droits humains
ment essentiel de la paix. Leurs violations
sont une cause majeure des conflits armés.
Plus chacun jouira pleinement de ses droits
dans une société, plus stable sera cette socié¬
té; plus les droits de l'homme seront globale¬
ment respectés, plus stables seront les rela¬
sûrs que la volonté des hommes d'établir la
paix permettra de les surmonter. Nous
sommes optimistes et pleins d'espoir, car
nous sommes « ensemble pour la paix ».
C'est dans cet esprit que nous renouvelons
notre engagement envers la paix et vous invi¬
tions internationales...
tons tous, habitants de la terre, à vous unir
fondamentaux, et c'est aussi par milliers qu'ils
ploient encore sous le joug de la domination et
de l'exploitation. L'apartheid se maintient, au
mépris de toute justice, tuant des hommes et
déstabilisant des nations.
Nous vous demandons donc d'oeuvrer en¬
semble pour édifier un monde de paix, non
Vente et distribution :
Unesco, PUB/C, 7, place de Fontenoy, 75700 Paris.
Belgique : Jean de Lannoy, 202, avenue du Roi
- Nous savons que la paix est essentielle à la
sont de la Rédaction. Enfin, les fontières qui figurent sur les
cartes que nous publions n'impliquent pas reconnaissance offi¬
cielle par l'Unesco ou les Nations Unies.
Bruxelles 6.
Rédaction au Siège :
Abonnement :
1 an : 78 francs français. 2 ans (valable uniquement en
France) : 144 francs français. Reliure pour une année :
56 francs. Reproduction sous forme de microfiches :
150 francs (1 an).
Paiement par chèque bancaire, mandat ou CCP à
Rédacteur en chef adjoint : Olga Rodel
Secrétaire de rédaction : Gillian Whitcomb
Edition française : Alain Lévêque
Neda el Khazen
Edition anglaise : Roy Malkin
Edition espagnole : Francisco Fernandez Santos
l'ordre de l'Unesco.
Jorge Enrique Adoum
Edition russe : Nikolai Kouznetsov
Bureau de la Rédaction :
Unesco, 7, place de Fontenoy, 75700, Pans, France
Les articles et photos non copynght peuvent être reproduits à
condition d'être accompagnés du nom de l'auteur et de la men¬
tion « Reproduits du Courrier de l'Unesco », en précisant la
date du numéro. Trois justificatifs devront "être envoyés à la
direction du Courrier. Les photos non copyright seront fournies
aux publications qui en feront la demande Les manuscrits non
sollicités par la Rédaction ne seront renvoyés que s'ils sont
accompagnés d'un coupon réponse international Les articles
paraissant dans le Courrier de l'Unesco expriment l'opinion de
leurs auteurs et non pas nécessairement celle de l'Unesco ou de
la Rédaction. Les titres des articles et les légendes des photos
Edition arabe : Abdelrashid Elsadek Mahmoudi
Edition braille : Frederick H. Potter
Documentation : Violette Ringelstein
Illustration : Ariane Bailey
Maquettes, fabrication : Georges Servat, George Ducret
Promotion-diffusion : Fernando Ainsa
Projets spéciaux : Peggy Julien
Toute correspondance doit être adressée au Rédacteur en
chef.
Nous savons parfaitement que les diffi¬
pour relever ce défi.
Rédacteurs hors siège :
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
allemande : Werner Merkli (Berne)
japonaise : Seiichiro Kojima (Tokyo)
italienne : Mario Guidotti (Rome)
hindie : Rajmani Tiwari (Delhi)
tamoule : M. Mohammed Mustafa (Madras)
hébraïque : Alexander Broido (Tel Aviv)
persane :
néerlandaise : Paul Morren (Anvers)
portugaise : Benedicto Silva (Rio de Janeiro)
turque : Mefra llgazer (Istanbul)
ourdoue : Hakim Mohammed Said (Karachi)
catalane : Joan Carreras i Marti (Barcelone)
malaise : Azizah Hamzah (Kuala Lumpur)
coréenne : Paik Syeung-Gil (Séoul)
kiswahili : Domino Rutayebesibwa (Dar-es-Salaam)
Editions croato-serbe, macédonienne, serbo-croate,
Slovène : Bozidar Perkovic (Belgrade)
Edition
Edition
Edition
Edition
Edition
chinoise : Shen Guofen (Beijing)
bulgare : Goran Gotev (Sofia)
grecque : Nicolas Papageorgiou (Athènes)
cinghalaise : S J. Sumanasekera Banda (Colombo)
finnoise : Marjatta Oksanen (Helsinki)
Edition suédoise : Lina Svenzén (Stockholm)
- Edition basque : Gurutz Larrañaga (San Sebastian)
Edition thai : Savitri Suwansathit (Bangkok)
IMPRIMÉ EN FRANCE (Printed in France) - Dépôt légal : C 1 - Juillet 1986 - Commission paritaire N° 27.253 - Diffusé par les N.M P P.
38
PHOTOCOMPOSITION : Ateliers de l'UNESCO - PHOTOGRAVURE-IMPRESSION : MAURY-IMPRIMEUR S.A, Z.I. route dÉtampes. 45330 MALESHERBES.
t r\es femmes ^
des
D,0Udes^¿1«u,Ss^ia|.
\*nw c
Is observer .¿^«nejo^ tfimpase a£
^àCceco^Wede^
I tiere-
< ^vsco
PtOCHf
puNM^I
Comment obtenir les publications Unesco
Les publications de l'Unesco peuvent être commandées par l'intermédiaire de toute librairie.
Dans chaque pays il existe un ou plusieurs libraires qui assurent le rôle de distributeurs nationaux
(voir liste ci-dessous). A défaut, elles peuvent être obtenues par correspondance
au Siège de l'Organisation avec règlement joint par chèque libellé en une monnaie convertible
ou sous forme de mandat poste international ainsi que de bons internationaux Unesco.
ALGERIE. ENAMEP. 20, rue de la Liberté. Alger
ETATS-UNIS Unipub, 11 80 Avenue of the Americas, New York. NY 10036
REP.FED.D'ALLEMAGNE
FINLANDE Akateeminen Knrjakauppa, Keskuskalu 1, 00100 Helsinki, Suo-
Universitets Bokhandelen, Universitetssentret, Postboks 307 Blindem, Oslo
malamen Kirjakauppa Oy. Koivuvaraan Kuja 2, 01640 Vantaa 64
3
ARGENTINE. Librería El Correo de la Unesco EDILYR S R L . Tucumán
FRANCE Librairie Unesco, 7, place de Fontenoy, 75700 Pans, et grandes
NOUVELLE-CALEDONIE. Reprex SARL, B P
1685, 1050 BuenosAires
librairies universitaires
PAYS-BAS. Keesing Boeken B V, Joan Muyskenweg. 22. Postbus 1118,
AUTRICHE. Gerold and Co , Graben 31 , A-101 1 Wien
GABON Librairie Sogalivre, à Libreville, Franceville, Librairie Hachette. B P
1000 B C Amsterdam
BELGIQUE. Jean de Lannoy, 202, avenue du Roi, 1060 Bruxelles, CCP
3923. Libreville
POLOGNE. ORPAN-Import, Palac Kultury, 00-901 Varsovie, Ars-Polona-
000-0070823-13,
GRECE Librairie H Kauffmann, 28. rue du Stade. Athènes. Librairie Eletthe-
Mr
Herbert Baum Deutscher, Unesko- Kurier
Vertrieb, Besaitstrasse 57 5300 BONN 3
NV
Handelmaatschappij
Keesing,
Keesinglaan
2-
roudakis, Nikkis 4, Athènes. John Mihalopoulos and Son, 75, Hermou Street,
18,21000 Deurne-Antwerpen
A/S Subscription and Trade Book Service 3, P O B 6125 Etterstad. Oslo 6,
1572, Nouméa
Ruch, Krakowski-Przedmiescie N° 7, 00-068. Varsovie
PORTUGAL. Dias & Andrade Ltda, Livrana Portugal, rua do Carmo, 70,
" üsbonne
BENIN, übraine nationale, B P 294, Porto Novo, Ets Koudjo G Joseph, B P.
P O Box 73, Thessalonique, Commission nationale hellénique pour I Unesco.
1530, Cotonou
3 rue Akadimias, Athènes
ROUMANIE. ARTEXIM. Export/Import, Piata Scienten n° 1, P O Box 33-16,
BRESIL. Fundaçao Getulio Vargas, Editora-Dlvisao de Vendas, Caixa Postal
GUINEE Commission nationale guméenne pour l'Unesco, B P 964, Conakry
70005 Bucarest
9 052-ZC-02, Praia de Botafogo, 1 88 Rio de Janiero RJ
HAITI. Librairie A la Caravelle, 26 rue Roux, B P 1 1 1 , Port-au-Pnnce
ROYAUME-UNI. H M Stationery Office, P O Box 276, London S W 8 5 DT,
HONGRIE. Kurtura-Buchimport-Abt , P O Box 149-H-1389, Budapest 62
Third World Publications, 151 Stratford Road, Birmingham B II IRD
REP. ISLAMIQUE D'IRAN Commission nationale iranienne pour l'Unesco,
SENEGAL. Librairie Clairafnque, B P
1188Enghlab Av. Rostam Give Building, Zip Code 13158. PO Box 11365-
Vents, 91, rue Blanchot-avenue Georges Pompidou, B P 1820, Dakar
4498, Teheran
SUEDE. Svenska FN-Forbundet, Skolgrand 2, Box 150-50, S-10465 Stock¬
holm. Wennergren-Williams AB Box 30004-S-104 25 Stockholm, Esselte
BULGARIE. Hemus, Kantora Literatura, bd Rousky 6, Sofia
Librairie de
L'Unesco, Palais populaire de la culture, 1000 Sofia
BURKINA FASO. Lib Attie, B P 64, Ouagadougou
Librairie Catholique
Jeunesse d'Afnque », Ouagadougou
CAMEROUN, übraine des Editions Clé, B P
2005 Dakar, Librairie des Quatre-
1501, Yaounde, üöraine St-
IRLANDE. The Educational Co of Ir Ltd , Ballymount Road Walkmstown,
Paul, B P 763, Yaounde, Commission nationale de la République-Unie du
Dublin 12 Tycooly International Publ Ltd , 6 Crofton Terrace, Dun L? " 'haire
Tidsknftscentrale Gamla Brogatan 26 Box 62, 101 20 Stockholm
Cameroun pour l'Unesco, B P. 1600, Yaounde, Librairie «Aux Message-
Co , Dublin
SUISSE Europa Verlag, 5, Ramistrasse, Zurich, CH 8024, Librairie Payot, 6,
nes ». avenue de la Liberté, B P 5921, Douala, Librairie « Aux Frères Réu¬
ISRAEL ABC. Bookstore Ltd , P O Box 1283. 71 Allenby Road. Tel Aviv
rueGrenus, 1211 Genève 11, CC P 12236 Librairie Payot aussi à Lausan¬
nis », B P 5346, Douala, Buma Kor and Co , Bilingual Bookshop, Mvog-ada,
61000
ne, Bale, Berne, Vevey, Montreux, Neuchâtel et Zurich
ITALIE. Licosa (Librería Commissionaria Sanson, S p A ), via Lamarmora,
REP. ARABE SYRIENNE, Librairie Sayegh, Immeuble Diab. rue du Parle¬
Douala
45, Casella Postale 552, 50121 Florence
ment, B P. 704, Damas
CANADA. Editions Renouf Limitée, 21 82, rue Ste-Cathenne Ouest, Montréal,
JAPON. Eastern Book Service, Inc., 37-3 Hongo 3-chome Bunkyo-Ku, Tokyo
TCHAD. Librairie Abssounout, 24 av Charles de Gaulle, B P 388, N'Djame¬
Que H3H IM7, Renouf Publishing Co Ltd , 61 Sparks Street. Ottawa, Ontario
113.
na
K1P5A6
LIBAN. Librairie Antoine, A Naufal et frères, B P 656, Beyrouth.
B P
727, Yaounde, Centre de diffusion du livre camerounais, B P
338,
TCHECOSLOVAQUIE. S N T L , Spalena 51 , Prague 1 , Artia Ve Smekach
CHINE. China National Publications Import and Export Corporation, P O Box
LUXEMBOURG, übraine Paul Brück, 22, Grande-Rue, Luxembourg, Service
88, Beijing
du Courner de l'Unesco, 202, avenue du Roi, 1060 Bruxelles
COMORES. übraine Masrwa 4, rue Ahmed D|Oumoi, B P. 124, Moroni
26430-46
CCP
30, P O Box 790. III-27 Prague 1
Pour la Slovaquie seulement
Alfa Verlag
Publishers, Hurbanovo nam 6, 893 31 Bratislava
TOGO, übraine Evangélique. 8 P. 378, Lomé, Librairie du Bon Pasteur, B P
CONGO. Librairie Maison de la presse, B P 2150, Brazzaville, Commission
MADAGASCAR. Toutes les publications
nationale congolaise pour l'Unesco, B P 493, Brazzaville
dém. de Madagascar pour l'Unesco, B P. 331, Antananarivo
Commission nationale de la Rép
1164, Lomé, Librairie universitaire, B P 3481, Lomé
TRIN1TE-ET-TOBAGO. Commission nationale pour l'Unesco, 18, Alexandra
REP. DE COREE. Korean National Commission for Unesco, P O Box central
MAU. Librairie populaire du Mali, B P 28, Bamako
Street, St Clair, Trinidad, W I.
64, Séoul
MAROC, übraine « Aux belles images ». 282, avenue Mohammed-V, Rabat,
TUNISIE. Société tunisienne de diffusion, 5, avenue de Carthage, Tunis,
COTE D'IVOIRE, übraine des Presses Unesco, Commission nationale ivoi-
übraine des Ecoles, 12, avenue Hassan II, Casablanca, Commission natio¬
nenne pour l'Unesco, B P. 2871, Abidjan
CUBA. Ediciones Cubanas O'Reilly N° 407, La Habana
nale marocaine pour l'Unesco, 19, rue Oqba, B P. 420, Rabat Agdal
Dînant & St-Saens, B P 683. Casablanca 05
MAURICE. Nalanda Co Ltd , 30 Bourbon Street, Port-Louis
TURQUIE. Haset Kitapevi A.S Istiklâl Caddesi, N° 469, Posta Kutusu 219,
DANEMARK. Munksgaard Export, OG Tidssknftservice, 35 Norre Sogade,
MAURITANIE. Gralicoma, 1, rue du Souk X, avenue Kennedy, Nouakchott
Beyoglu, Istambul
DK-1970 Kobenhavn K
MEXIQUE, übrería El Correo de la Unesco, Actipán 66, Colonia del Valle,
U.R S.S. v/o Mejhdunarodnaya kniga, Ul Dimitrova 39, Moscou 113095
EGYPTE. National Centre for Unesco Publications, N° 1 , Talaat Harb Street,
Mexico 12 DF
URUGUAY. Edilyr Uruguaya, S A Maldonado, 10992, Montevideo
Tahnr Square, Le Caire
MONACO. British übrary, 30. bd des Moulins. Monte-Carlo
ESPAGNE. MUNDI-PRENSA übros S A , Castelló 37, Madrid 1 , Ediciones
MOZAMBIQUE. Instituto Nacional do üvro e do Disco (INLD), Avenida 24 de
Zopitarjeva 2, Lubljana, Nolit. Terazije 13/VIII, 11000 Belgrade
LIBER, Apartado 17. Magdalena 8, Ondárroa (Viscaya). DONAIRE, Aptdo de
Correos 341, La Corufta, Librería Al-Andalus, Roldana, 1 y 3, Sevilla 4,
Julho, 1921 r/c e 1° andar, Maputo.
ZAIRE. La líbrame, Institut national d'études politiques, B P 2307, Kinshasa,
NIGER, übraine Mauclert, B P 868, Niamey
Commission nationale de la Rép
übrena CASTELLS, Ronda Universidad 13, Barcelona 7
NORVEGE. Johan Grundt Tanum, POB 1177Sentrum, Oslo 1: Narvesen
l'éducation nationale, B P 32, Kinshasa
Société chénfienne de distribution et de presse, Sochepress, angle rues de
YOUGOSLAVIE. Mladost. Mica 30/1 1 , Zagreb, Cankaneva Zalozba,
du Zaïre pour l'Unesco, Ministère de
f*
¿5*
La Terre enfeu
Des torrents de late incandescente s 'écoulent
du Mauna Loa. lors d' une éruption de ce volcan hawaïen en 1984
( voir article page 27).
Photo Krafft ,ç- Explorer. Pans
Téléchargement