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L’affiche conçue en 1925 pour L’Intransigeant par Adolphe
Mouron, plus connu sous le nom de Cassandre, est à la
Affiche L’Intransigeant, A. M. Cassandre, 1925
Analyse
L’affiche est construite à partir d’une grille d’élements
carrés répartis en six rangées de huit colonnes pour un
total de 48 modules. Tous les éléments de l’affiche entrent
dans cette grille, que ce soit en terme d’emplacement ou
de proportions. Le centre de l’oreille et le centre de la
bouche se trouvent à des intersections de ces modules.
L’angle du « L » occupe le centre géométrique exact de
l’affiche. Le menton du personnage occupe un module
complet en largeur, comme le poteau télégraphique. La
ligne oblique du cou correspond à la diagonale d’un carré
de 4 x 4 modules. Les fils télégraphiques partent du centre
de l’oreille et sont placés chacun à 15° d’intervalle,
formant au final deux angles de 45° au-dessus et en
dessous de l’horizontale.
fois un triomphe de par sa conception et un cas d’école
sur la composition géométrique. Cette affiche pour un quo-
tidien parisien est un triomphe en matière de conception,
car elle est la traduction d’un profil de femme stylisé en
un symbole visuel, celui de Marianne, la voix de la France.
Cassandre a reçu une formation d’artiste et a étudié la
peinture dans divers ateliers parisiens. En fait, il avait pris
le pseudonyme de Cassandre pour les travaux
commerciaux, dans l’espoir de revenir à la peinture sous
son véritable nom : Adolphe Mouron. Pourtant, il allait être
rapidement fasciné par l’art de l’affiche, dans lequel, il
voyait un plus grand potentiel d’expérimentation dyna-
mique que dans la peinture. L’idée de communication de
masse était séduisante, comme l’était celle d’un art tra-
versant les frontières traditionnelles et solidement éta-
blies de la distinction en fonction de la classe sociale.
En raison de son intérêt pour la peinture et de ses études,
Cassandre a été profondément influencé par le cubisme.
« Le module exprimé mathématiquement peut seule-
ment servir à confirmer une idée spontanée. Le nombre
d’or ne fait que définir la proportion idéale ressentie
intuitivement par l’artiste au préalable, c’est un moyen
de vérification, pas un système (il serait condamné si
c’en était un), comme tout système. »
Adolphe Mouron (A. M. Cassandre), Journal, 1960.
Dans une interview de 1926, il décrit le cubisme en ces
termes : « […] sa logique incessante ainsi que les efforts
de l’artiste pour construire géométriquement son œuvre
font ressortir l’élément éternel, l’élément impersonnel
au-delà de toutes les contraintes et de toutes les com-
plexités individuelles. » Il admettait que son œuvre était
« essentiellement géométrique et monumentale », et
que l’on pouvait trouver des éléments de construction
géométrique pratiquement dans toutes ses affiches.
Cassandre était particulièrement conscient de l’impact