Les fluides naturels Les inclusions fluides Michel Dubois Université de Lille 1 Laboratoire Génie Civil et géo-Environnement Plan du cours 1. 2. 3. 4. Les fluides naturels Les inclusions fluides Principales méthodes d’étude Relations de phases dans les systèmes fluides 1. 2. 3. 4. Systèmes unaires Systèmes eau-sels Systèmes eau-gaz Systèmes eau-hydrocarbures 5. Approche thermodynamique 6. Applications aux problèmes 1 1. FLUIDES NATURELS 1.1. Les grands réservoirs de fluides naturels Les grands types de fluides Robb (2005) 2 Eau de mer Océans = le plus grand réservoir (98 %) Issus du dégazage du manteau Forte charge en sels : 35 g sels/litre d’eau Na+, K+, Ca2+, Mg2+, Cl-, HCO3-, SO42- Eaux météoriques Eaux de pluie (+lacs+rivières) infiltrées dans les roches Porosité des roches + fractures Salinité basse (~ 0) 3 Eaux de formation (Formation waters) Origines multiples : eau intégrée au sédiment eau météorique ayant interagi avec roches eau issue de la déshydratation ↑ salinité, densité et température avec z Fluides métamorphiques Vers ~200°C, passage au métamophisme Trajet prograde : déshydratation, décarbonatations H2O, CO2, N2, CH4, H2S salinité faible Zonation de la composition chimique 4 Fluides magmatiques Présence de volatils dans les magmas : H2O, CO2, S Exsolution des fluides hors du magma ébullition primaire ébullition secondaire Salinités variables, riche en SiO2 1. FLUIDES NATURELS 1.2. Signature isotopique de fluides naturels 5 Les isotopes de l’hydrogène L'hydrogène : •élément omniprésent (H2 O, CH4 , manteau, …) •possède 3 isotopes : •1 H = 99,98% 2 • H (deutérium) = 0,01% •3H (tritium) est radioactif (12,5 ans) •le plus léger des éléments et celui dont le contraste de masse entre deux isotopes est le plus grand •Variations : entre -350 et +50 ‰ Les isotopes des roches Eaux météoriques Eau océanique Roches sédimentaires Roches ignées et métamorphiques δD (‰) 6 Les isotopes de l'oxygène L'oxygène : •élément le plus abondant sur la Terre •possède 3 isotopes : •16O = 99,763 % •17O = 0,037 % 18 • O = 0,199% •On utilise le δ18O •Variations : entre -40 et +40 ‰ Les isotopes de l'oxygène 7 Le rapport isotopique Le rapport isotopique d’un échantillon est le rapport de la concentration de l’isotope lourd sur celle de l’isotope léger R= [isotope lourd] [isotope léger] •Rapport [2H]/[1H] dans l’eau de mer : 16.10-5 •Rapport [18O]/[16O] dans l’eau de mer : 0,002 aux hautes latitudes : 0,0194 ! ⇒ Les variations sont très faibles !!! Notation δ et standards internationaux •notation δ %R $ Rs tan dard ( " = 1000 # ' échantillon * Rs tan dard & ) Elt O H Couple 18O - δ 16O L'unité est le "pour mille" (‰) Standard international δ18O SMOW ("Standard Mean Ocean Water") δD=δ2H SMOW 12C δ 13C PDB (Pee Dee Belemnite, formation de Caroline du Sud) !2H - 1H* C 13C - N 14N / 13N δ14N atmosphère S 34S / 32S δ 34S troïlite (FeS) du Cañon Diablo (Meteorite Crater, Arizona) * appelé deutérium 8 Eaux souterraines Les eaux souterraines et hydrothermales sont marquées par la signature isotopique des roches qu'elles traversent +50 SMOW Eaux de bassin 0 δD -50 (‰) -100 -150 -20 Eaux métamorphiques Droite des minéraux argileux Interactions fluide-roche -10 0 +10 δ18O (‰) Eau magmatique primaire +20 Les fluides sur Terre 9 2. LES INCLUSIONS FLUIDES Principes généraux et processus de formation a. Principaux généraux 10 Les fluides géologiques Principaux constituants : eau : solvant principal sels : NaCl, KCl, CaCl2… hydrocarbures ± lourds gaz : N2, CO2, H2S (réservoirs de gaz) Origine : fluides de formation déshydratation, dégradation de la M.O. fluides hydrothermaux fluides magmatiques et métamorphiques Inclusion fluide : définition Vapeur Liquide Inclusion fluide : microcavité d’un minéral ayant piégé un micro-volume homogène de fluide présent dans le milieu à un moment de son existence 11 Les postulats La composition de la cavité est inchangée depuis sa formation Le volume de la cavité est inchangé depuis sa formation Le micro-volume de fluide piégé était homogène au moment de la formation des inclusions (une seule phase) Signification thermodynamique Une inclusion est : un système fermé : pas d'échange de matière avec l'extérieur un système à volume constant (densité constante) 12 2. Processus de formation Les inclusions primaires Minéral en cours de cristallisation Défaut cristallin Phase fluide 13 Les inclusions secondaires Roedder (1984) Inclusions fluides secondaires 14 postérieures Chronologie relative antérieures Photo Goldstein (2003) 15 Formation des inclusions (1) Formation des inclusions (2) 16 Formation des inclusions (3) Formation des inclusions (4) 17 Formation des inclusions (5) Formation des inclusions (6) S P 18 Formation des inclusions (7) Contraction vapour bubbles « Fluid inclusion assemblage » (FIA) un « FIA » est défini comme la plus petite association possible d’inclusions représentant le plus petit intervalle de temps de formation Etabli à partir de l’observation pétrographique Chaque inclusion d’une « FIA » devrait présenter les mêmes propriétés (P, T, composition, t) 19 3. METHODES D’ETUDE Préparation des échantillons Echantillon Lame mince •Observation pétrographique •Potentialités en inclusions Inclusion fluide dans l’émeraude (Photo Giuliani, Nancy) Lame épaisse 150-200 µm •Repérage des inclusions •Typologie Fragments de qques mm2 Minéraux étudiables : •Tous minéraux transparents •Pas les phyllosilicates •Quelques minéraux « opaques » 20 Groupe Méthode Informations Pétrographie Composition Densité Optique Microscopie Paragénèses Typologie Présence de CO2 Rv Cathodoluminescence Surcroissances Chronologies Fluorescence UV Hydrocarbures Densité des huiles Microthermométrie Concentrations des éléments majeurs Densités partielles et totale M.E.B. Minéraux inclus Global Ecrasement Concentrations espèces dissoutes Spectroscop. Raman Gaz, minéraux, hydrates Infra-rouge Molécules org. PIXE-PIGE Concentrations Synchrotron Concentrations Spectroscop. LA ICP-MS Concentrations + ablation LA OES Analogique Inclusions fluides synthétiques Concentrations Etat conservation Simulations des équilibres de phases 3. METHODES D’ETUDE 3.1. Microscopies 21 Groupe Méthode Informations Pétrographie Composition Densité Optique Microscopie Paragénèses Typologie Présence de CO2 Rv Cathodoluminescence Surcroissances Chronologies Fluorescence UV Hydrocarbures Densité des huiles Microthermométrie Concentrations des éléments majeurs Densités partielles et totale M.E.B. Minéraux inclus Global Ecrasement Concentrations espèces dissoutes Spectroscop. Raman Gaz, minéraux, hydrates Infra-rouge Molécules org. PIXE-PIGE Concentrations Synchrotron Concentrations Spectroscop. LA ICP-MS Concentrations + ablation LA OES Analogique Inclusions fluides synthétiques Concentrations Etat conservation Simulations des équilibres de phases Typologie des inclusions •Description des inclusions observées à température ambiante : •Forme •Taille •Nombre de phases : •vapeur •liquide (1 ou 2) •solide (nombre illimité) 22 Le remplissage vapeur (Rv) L’existence de la bulle est liée à la différence de compressibilité entre minéral-hôte et fluide Volume de la cavité (VT) Volume de la bulle (VB) RV = V RV = B VT ! ! Liquide Vapeur Typologie MONOPHASÉES Rv = 0% Rv = 100% TRIPHASÉES VB VT BIPHASÉES Rv faible Rv fort CAS PARTICULIER (Fluide en ébullition) L1+L2+V (CO2) S+L+V (saturées en sel) POLYPHASÉES : L1+L2+S+V L+V+S1+S2 etc. 23 Biphasée (L+V) Des images !!! Triphasée (L1+L2+V) (inclusion riche en CO2) Monophasée (V) (cristal négatif) Polyphasées (L+V+nS) Association polyphasée (L+S+V) et monophasée (V) (Ebullition) Monophasée (V) 2D versus 3D Toutes ces inclusions ont un Rv de 10 % !!! 24 Cathodoluminescence Cathodoluminescence 25 3. METHODES D’ETUDE 3.2. Microthermométrie Groupe Optique Méthode Informations Pétrographie Composition Densité Microscopie Paragénèses Typologie Présence de CO2 Rv Cathodoluminescence Surcroissances Chronologies Fluorescence UV Hydrocarbures Densité des huiles Microthermométrie Concentrations des éléments majeurs Densités partielles et totale M.E.B. Minéraux inclus Global Ecrasement Concentrations espèces dissoutes Spectroscop. Raman Gaz, minéraux, hydrates Infra-rouge Molécules org. PIXE-PIGE Concentrations Synchrotron Concentrations Spectroscop. LA ICP-MS Concentrations + ablation LA OES Analogique Inclusions fluides synthétiques Concentrations Etat conservation Simulations des équilibres de phases 26 Microthermométrie •Observations des transitions de phases entre -200°C et +700°C •Deux étapes : •cryométrie : <25°C •thermométrie : >25°C •Interpréter les températures de changements de phases en composition et/ou densité Microthermétrie (principe) Observation des transitions de phases sous le microscope entre -200 et +700oC 50x 150.5°C N2 gaz N2 liquide air comprimé Schéma d ’appareillage Condenseur 27 Microthermométrie Mesure des températures de changements de phases sous le microscope (-200 à +700°C) Laboratoire Université de Lille 3. METHODES D’ETUDE 3.3. Microspectrométrie Raman 28 Groupe Méthode Informations Pétrographie Composition Densité Optique Microscopie Paragénèses Typologie Présence de CO2 Rv Cathodoluminescence Surcroissances Chronologies Fluorescence UV Hydrocarbures Densité des huiles Microthermométrie Concentrations des éléments majeurs Densités partielles et totale M.E.B. Minéraux inclus Global Ecrasement Concentrations espèces dissoutes Spectroscop. Raman Gaz, minéraux, hydrates Infra-rouge Molécules org. PIXE-PIGE Concentrations Synchrotron Concentrations Spectroscop. LA ICP-MS Concentrations + ablation LA OES Analogique Inclusions fluides synthétiques Concentrations Etat conservation Simulations des équilibres de phases Raman Lumière monochromatique Source Lumière transmise Echantillon Fréquence ν0 Intensité I0 Lumière diffusée Spectromètre Diffusion de Rayleigh Fréquence ν0 Intensité 10-3 I0 Diffusion Raman Fréquence ν0+Δ0 Intensité 10-6 I0 29 Composants détectés Constituants détectés par le Raman : •espèces moléculaires : •H2O, CO2, CH4, N2, … •ions polyatomiques •CO32-, SO42-, … •hydrates : •hydrates de sel •hydrates de gaz (clathrates) •tout minéral inclus (sauf sels) Avantages et désavantages •Spectres étroits ⇒ bonne identitication •Spectre caractéristique par espèce •Analyse quantitative (dans certains cas) •Spots de 2 µm •Aucune préparation spécifique •Faible intensité de l'effet Raman •Fluorescence •Décomposition des espèces lors des analyses •Pénétration réduite •Pas de détection des espèces ioniques 30 Exemples de spectres Raman Methodology Blank (host mineral) Laser beam (green, 532 nm) Host mineral Liquid (Vapor) Vapor Host mineral (thin section) The spectrum obtained is a combination of peaks of all phases 31 Exemple d’analyse Raman Exemple (1) Minéral-hôte = quartz 32 Exemple (2) Minéral-hôte + liquide (eau) Exemple (3) Minéral-hôte + vapeur (CO2+CH4 ) CH4 CON2 2 33 3. METHODES D’ETUDE 3.4. Méthodes d’analyse ponctuelle Photo of laser ablation experiments 34 Laser ablation : limits Effect of temperature Effect of matrix Element partitioning Detection limits : require large inclusions Main problem : the geometry of the inclusion and the beam are not known Impossible to give absolute compositions Concentrations ratios (relative to e.g. Na+) can be determined Requires an absolute parameter to calculate the absolute concentration of Na+ 3. METHODES D’ETUDE 3.5. Vers une approche intégrée 35 Vers une analyse intégrée (1) Raman Ecrasement PIXE-PIGE LA + ICP-MS/OES Microthermométrie Composition de la phase vapeur Paramètres microthermométriques TfG / Tfcl Rapport volumique Rv Contenu en gaz Densité phase vap. Rapports cationiques : Na/K, Na/Ca, Na/Li Choix des systèmes eau-sel Salinités Densité phase aq. Composition totale de l'inclusion (eau ,sels, gaz) Densité totale 36